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S’enivrer à Pourim

+ S'enivrer à Pourim (selon le Sfat Emet) :

-> Une personne est obligée de s'enivrer à Pourim jusqu'à ne pas connaître la différence entre "maudit soit Haman" et "béni soit Mordé'haï" (guémara Meguila 7b).

-> Sur la seule base d'un raisonnement rationnel et logique, Israël n'aurait pas été sauvé du décret d'Haman. [on avait un manque total de mérite! ]
Pourtant, Hachem nous a [finalement] épargnés parce que nous sommes son peuple (cf. Haazinou 32,9 : "car la portion de Hachem est son peuple" - ki 'hélek Hachem amo), et en raison de son amour intrinsèque pour nous.

En utilisant les termes de la Meguila (qui semblent se référer à A'hachvéroch mais qui, d'un point de vue homilétique, peuvent se référer à Hachem) : "que le roi désire honorer (acher amélé'h 'hafets bikaro - Esther 6,9), nous interprétons cette phrase comme suit : Hachem veut qu'Israël survive et réussisse en dépit de notre manque de mérite.
Pour démontrer que le miracle de Pourim s'est produit dans une atmosphère d'amour "irrationnel", nous affaiblissons notre capacité de raisonnement en devenant ivres, et nous nous laissons aller à une réalité au-dessus et au-delà de la raison.
[Sfat Emet - Pourim 5661]

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-> Le terme "libassoumé" (לבסומי), bien que traditionnellement traduit par "s'enivrer " (cf. Rachi Méguila 7), peut en fait être lié au concept plus familier de בשמים (béssamim - les épices).
Pourim est un jour de sanctification si rare que même ce monde, avec tous ses plaisirs matériels, se nie lui-même et se rapproche le plus possible du monde à venir. Ce jour-là, le juif peut respirer ce sens éthéré de la sainteté qui descend du ciel et imprègne la terre. À Pourim, même ce monde obtient une "bouffée", une teinte distincte, de la sainteté du monde à venir.

Sur la base de cette nouvelle interprétation de לבסומי, nous pouvons comprendre l'exigence d'inclure une épice nauséabonde dans l'encens du Temple (kétorét). Lorsque le mal, symbolisé par le parfum nauséabond (ou le côté matériel de ce monde), est subsumé par le bien (les autres parfums), une odeur sacrée émerge.
[Sfat Emet - Pourim 5644]

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-> Le 'Hidouché haRim note que l'intention de nos Sages (de nous enivrer à Pourim) est afin d'atteindre un niveau plus élevé que celui de l'"arbre de vie".

Le 'Hidouché haRim a peut-être voulu dire ce qui suit :
En mangeant de l'arbre de la connaissance du bien et du mal (éts adaat), Adam a condamné l'homme à un mode de vie dans lequel les paramètres entre le bien et le mal sont souvent flous. Cette confusion des valeurs est démontrée de la manière la plus frappante par l'existence des 49 portes d'impureté côtoient les 49 portes de la sainteté.
C'est comme si le mal, l'impact d'Amalek et de tous ceux qui génèrent le mal, avait infiltré tous les aspects de ce monde.
Il n'y a qu'un seul bastion de bien pur et immaculé, la 50e porte, pour lequel il n'existe pas d'équivalent.

Tel est notre objectif chaque fois que nous nous battons contre Amalek. Plutôt que de l'affronter sur son terrain, quelque part le long des 49 portes où le mal cherche à coexister avec le bien, nous sautons jusqu'à la 50e porte de pureté, dans une zone où Amalek et son idéologie n'ont pas leur place.

Lorsque Moché se bat contre Amalek, il lève la main (cf. Béchala'h 17,11, kaacher yarim Moché yado), tendant la main vers le ciel, jusqu'à ce qu'il atteigne le niveau ultime de pureté, la 50e porte.
Cet objectif élevé a été atteint une fois, lors du don de la Torah. À ce moment-là, le mal s'était totalement dissipé et l'arbre de vie (auquel la Torah est comparée - éts 'haïm), et non l'arbre de la connaissance, constituait la norme, et il n'existait alors que le bien béni.
À Pourim, le moment où le peuple juif a accepté à nouveau la Torah, nous nous permettons de "sauter" de ce monde et de ses 49 portes vers le monde de la bonté parfaite, vers l'Arbre de vie.
[...]
Ainsi, à Pourim, nous "revisitons" (atteignons le niveau spirituel du Sinaï - nous sentons les épices (בשמים lié à בסומי) qui remplissaient l'univers lors du don de la Torah (cf. guémara Shabbath 88b).
Par conséquence, [à Pourim] nous entrons dans un univers raréfié dans lequel nous ne pouvons plus discerner entre Haman et Morde'haï, simplement parce que Haman, et toutes les forces du mal, n'existent pas à côté de la 50e porte, à côté de l'Arbre de Vie.
[Sfat Emet - Pourim 5640]

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-> Il est dit au nom du Maharal que la raison pour laquelle on s'enivre à Pourim (voir Méguila 7b) est de montrer que l'amour de Hachem pour le peuple juif ne concerne pas seulement son âme, mais aussi son corps. L'ivresse inhibe l'âme et l'esprit d'une personne, ne laissant que son corps fonctionner.

Pourim – un Yom Tov éternel

+ Pourim - un Yom Tov éternel : (selon le Sfat Emet)

-> Le midrach (Yalkout Michlé 944) note que toutes les fêtes seront abolies (c'est-à-dire qu'elles deviendront insignifiantes par rapport aux miracles associés à l'arrivée de Machia'h) à l'exception de Pourim et, selon une version, de Yom Kippour.
=> Quelle est la nature éternelle de Pourim (et peut-être de Yom Kippour), et en particulier, quel est le parallèle entre Pourim et la Rédemption finale?

-> Alors que toutes les autres fêtes juives célèbrent la libération méritée d'Israël, Pourim est un hommage à son repentir.
Dans l'esprit de : "à l'endroit où se tiennent les baalé téchouva, [même] les totalement justes ne se tiennent pas" (guémara Béra'hot 34b), la fête associée à la téchouva (Yom Kippour) et le jour célébrant la téchouva (Pourim) resteront, tandis que ceux liés aux justes auront été diminués [tellement quelles seront comme si elles étaient abolies en comparaison.
Ce message de Pourim vient nous enseigner que plutôt que de désespérer de nos fautes, on doit se renforcer et avoir confiance qu'en faisant téchouva et en allant de l'avant vers Hachem, alors on atteint par cela un très haut niveau! ].
[Sfat Emet - Pourim 5636]

-> Confronté au décret d'Haman, le peuple juif est sans aucun doute revenu à Hachem, atteignant peut-être même le statut de "tsadikil guémourim, du juif totalement juste. Cependant, une telle téchouva, motivée par la peur d'une mort imminente, n'est rien en comparaison de la phase suivante, le retour à Hachem par pur amour (téchouva méaava), qui a été atteint par le peuple juif lorsqu'il s'est réjoui après le miracle de Pourim. À ce moment-là, en tant que baalé téchouva, ils ont atteint un niveau d'intimité avec Hachem hors de portée même des parfaits justes.

Le statut atteint par nos ancêtres après le miracle de Pourim est mieux décrit dans le verset : "nik'alou véamod al nafchan" ([les juifs] s'étaient rassemblés pour se défendre - נִקְהֲלוּ וְעָמֹד עַל נַפְשָׁם - Esther 9,16).
Les juifs se sont élevés (עָמֹד) à un niveau supérieur (עַל) auquel toute âme (נַפְשָׁם) pourrait jamais aspirer.
[Sfat Emet - cf.Pourim 5646]

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-> Pour comprendre l'association entre Pourim et la rédemption finale, il faut considérer une distinction majeure entre Shabbat et Yom Tov.
Alors que le Shabbath est immuable (sa détermination n'implique pas la participation d'Israël. La date de chaque Shabbath étant fonction du premier Shabbath suivant la Création), le calendrier des fêtes est déterminé par les représentants d'Israël, réunis au sein du Sanhédrin [en fonction de 2 témoins affirmant avoir vus la lune, le mois est déclaré et les fêtes tombent en fonction de cela. Ainsi, par exemple pour Kippour s'il y a une erreur sur terre sur la date du début du mois, et bien au Ciel on devra suivre le jour fixé par le Sanhédrin en bas. ]
Les fêtes sont un véritable hommage au pouvoir d'Israël de maîtriser et de sanctifier le temps, de déterminer lui-même le calendrier des fêtes.
Pendant la période du monde à venir, qui est comparée à un jour entièrement Shabbatique (yom chékoulo Shabbath - Tamid 7,4), un monde qui est au-dessus des contraintes naturelles du temps, nos fêtes perdront une partie de leur signification.
Cependant, le Yom Tov de Pourim, qui n'implique en aucun cas la contribution d'Israël (puisque le miracle de Pourim s'est produit malgré notre manque total de mérite), sera toujours pertinent dans ce monde intemporel.
[Sfat Emet - Pourim5656]

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-> Toutes les autres fêtes juives célèbrent le sommet de la compréhension humaine [rationnelle d'Hachem] (daat Hachem) atteint par le peuple juif. La guémara (Roch Hachana 21b) note que Moché a atteint une compréhension presque totale de la Torah, un niveau comparable à la 49e des 50 portes de la compréhension.
Le peuple juif lui-même, nourri par les 48 prophètes, bien qu'il ne soit pas tout à fait au niveau de Moché, a atteint 48 niveaux de compréhension (cf. Zohar 'Hayé Sarah établissant un parallèle entre les 48 prophètes et les 48 sources de sagesse émanant du gan Eden).

Nous pouvons comprendre pourquoi Israël est limité à 48 niveaux de compréhension en considérant la similitude structurelle entre מ"ח (valeur = 48) et מח (moa'h - le cerveau, l'intelligence).
Le מוח (moa'h), le noyau de l'intellect humain, ne peut saisir que מ"ח (soit 48) niveaux de compréhension d'Hachem.

Cependant, le crâne, qui protège et enveloppe le cerveau, renferme le מוח (moa'h), mais ne possède en lui-même aucune fonction cognitive. [cette limitation de notre compréhension d'Hachem s'appelle : kéter mélou'ha (la couronne d'Hachem). ]

Au moment du miracle de Pourim, toutes les raisons rationnelles de sauver Israël avaient été rejetées.
Le מוח moa'h, l'intellect, le pouvoir de compréhension avaient scellé le destin d'Israël. Mais au-dessus du מוח (le cerveau), dans le domaine qui dépasse l'entendement humain, l'espoir subsistait.
Toutes les 48 portes de compréhension ont conduit à la perte d'Israël, mais la 50e porte, qui dépasse l'entendement humain et n'est connue que d'Hachem, a épargné Israël.
[Haman aussi, sentant la nature unique des juifs par rapport aux paramètres naturels, a érigé une potence de 50 coudées de haut. ]

De ce point de vue, nous pouvons apprécier la permanence de Pourim.
Tous les autres Yamim Tovim célèbrent la libération d'Israël de la souillure de l'Égypte (où nous avons failli sombrer jusqu'à la 50e porte d'impureté), et au final notre croissance spirituelle, culminant avec l'atteinte du plus haut niveau possible de "daat Hachem", de compréhension rationnelle d'Hachem.
Cependant, cette réalisation pâlira en comparaison de notre "daat Hachem" qui sera atteint à l'arrivée de machia'h.

Le Yom Tov de Pourim, rendu possible par un renversement de ce que la rationalité aurait ordonné, émanant de la 50e porte au-delà de la compréhension rationnelle, sera toujours pertinent, même à l'ère messianique, lorsqu'Israël atteindra des niveaux inégalés d'intimité avec Hachem.
Pourim et la Rédemption finale sont des Yamim Tovim qui sont "lémala min adaat", basés sur l'incompréhensible, provenant de zones de proximité et d'intimité avec Hachem que l'esprit rationnel ne pourra jamais atteindre.
[Sfat Emet - Pourim5661]

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-> Alors que toutes les autres fêtes juives impliquent un changement radical de l'ordre du monde, comme les 10 plaies, et sont au-dessus du temps (lémaala min azman), au-dessus des limites naturelles fixées par un monde limité, aucun bouleversement physique de ce type ne s'est produit au cours du miracle de Pourim.
Hachem a plutôt transformé le cœur d'un roi mortel (et de son peuple) d'ennemi en ami.

Alors que la transformation radicale de l'ordre mondial des fêtes pâlira en comparaison des miracles associés à l'arrivée du machia'h (et seront donc comme annulée en comparaison), l'histoire de Pourim - dans laquelle l'opinion de l'humanité sur le peuple juif et sur Hachem a été radicalement transformée, se reproduira à l'époque du machia'h.
De même que le mois d'Adar, à l'époque du miracle de Pourim, a été associé à des changements naturels, de même les temps de machia'h seront une ère dans laquelle Hachem transformera les cœurs et les esprits de l'humanité loin de leurs dieux païenspour appeler en Son Nom.
Tséfania (3,9) décrit cette époque en ces termes : "Car alors je donnerai aux peuples une langue pure, afin que tous puissent invoquer le nom d'Hachem".
Tout comme de nombreux non-juifs se sont convertis à l'époque des miracles de Pourim (cf. Esther 8,17), de même [avec l'arrivée du machia'h] l'humanité affluera vers Hachem.
A Yom Kippour également, l'accent est mis sur le changement. Le verset de Yéchayahou (1,18) décrit la transmutation de nos péchés de : "rougis comme le cramoisi" à un blanc pur "comme la laine", fait le parallèle avec le changement qui s'est produit au moment du miracle de Pourim et qui se produira à l'époque de machia'h.
[...]
Une autre similitude peut être établie entre le miracle de Pourim et les événements entourant l'arrivée de machia'h. Tout comme au moment du miracle de Pourim, nous avons réalisé que tout ce qui s'était produit : la chute de Vachti, l'ascension d'Esther au pouvoir et même le décret d'Haman, était le prélude à la libération, et que même ce qui semblait mauvais était en réalité une bonne chose.
De même, lorsque machia'h arrivera, nous comprendrons que toutes les morts qui se sont produites au cours du long et amer exil étaient toutes des facteurs menant à notre guéoula.
[Sfat Emet - Pourim 5662]

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-> Au mont Sinaï, Israël n'a pas seulement reçu la Torah, mais il a senti que la Torah était son essence, qu'elle faisait intrinsèquement partie de lui.
Comme nous le récitons dans la bénédiction après avoir lu la Torah : "vé'hayé olam nata béto'hénou" (et a implanté la vie éternelle en nous). La vie éternelle, la vie de la Torah, a été implantée parmi nous.
Malheureusement, à cause de la présence d'Amalek, nous avons perdu ce sentiment d'attachement à la Torah (dvekout). Après la chute d'Haman, nous sommes revenus à cet attachement atteint au mont Sinaï.
[Sfat Emet - Pourim 5661]

Les événements de Pourim ont considérablement remonté le moral du peuple juif, lui donnant l'inspiration et la force morale de construire le 2e Temple.
Peut-être qu'un miracle similaire se produira et inspirera Israël avant la Rédemption finale et l'arrivée de machia'h.
Comme le disent nos Sages, Hachem permettra à Israël de vaincre un roi aussi difficile que Haman à cette époque.

[Sfat Emet - Pourim 5634]

Si Pourim est le moment le plus propice pour se réjouir et apprécier l'impact du miracle, ce n'est en aucun cas le seul. Au contraire, se réjouir comme il se doit à Pourim nous permet d'avoir une grande joie tout au long de l'année.
C'est peut-être là l'allusion que fait la guémara (Méguila 5b) en affirmant que Rabbi (Rabbi Yéhouda haNassi) a planté "une plante de réjouissance" (néti'a chél sim'ha).
En se réjouissant à Pourim, on implante la capacité de se réjouir tout en accomplissant le service divin (avodat Hachem) en toute occasion [durant l'année].
[Sfat Emet - Pourim 5646]

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-> La lecture de la Méguila nous inspire par le récit annuel du miracle. Ainsi inspirés, nous pouvons maintenant célébrer des jours de réjouissance.
[Sfat Emet - Pourim 5635]

[nous apprécions ce qu'Hachem fait constamment pour nous, sachant que cela nous est majoritairement dissimulé. A Pourim, on lève un peu le voile, pour renforcer notre émouna que rien n'est laissé au hasard, que papa Hachem nous chouchoute à tout moment. ]

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-> "De commémorer (nizkarim) et de célébrer (naassim) ces jours de génération en génération" (Esther 9,28)

En accomplissant les mitsvot de Pourim (nizkarim), on fait à nouveau l'expérience du miracle (naassim = l'histoire de Pourim est créée à nouveau).
[Sfat Emet - Pourim 5652]

-> Chaque année, en lisant la Méguila (nizkarim), Israël (les juifs) mérite que le miracle de Pourim soit vécu (créé) à nouveau (naassim).
[Pourim 5657]

-> Par ailleurs, [à chaque fois] Pourim n'est pas seulement célébré sur terre (naassim) par Israël, il est également commémoré dans les hauteurs par Hachem (nizkarim).
[Pourim 5652]

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-> Tout comme Haman a cherché à éradiquer la future génération de juifs, à détruire notre présence éternelle, de même nous célébrons éternellement sa disparition.
[Pourim 5646]

Le Arizal (chaar haKavanot - daf 109) nous enseigne que la Méguila renferme un concentré de lumières d'une élévation unique provenant des mondes supérieurs et qui se dévoile au moment de la lecture.
C'est la raison pour laquelle elle est appelée Méguila (מגילה) qui provient du terme "guilouï" (גילוי) qui signifie dévoilement.
C'est pourquoi nous devons la dérouler pour que toute la lumière qui y est renfermée puisse se dévoiler pleinement. Cette lumière incarne la bonté [d'Hachem].

[nous avons en effet la coutume de dérouler entièrement le parchemin de la Méguila avant de la lire.]

Fille d’Haman – Impact d’une mitsva involontaire

"Haman se hâta de rentrer chez lui en état de deuil, la tête couverte" (Esther 6,12)

-> La guémara (Méguila 15a) commente :
"Comme [Haman] conduisait [Morde'haï à cheval] dans la rue où il habitait, la fille d'Haman, qui se tenait sur le toit, l'aperçut. Elle pensa que l'homme sur le cheval était son père et que l'homme qui marchait devant lui était Morde'haï. Elle prit un pot de chambre et le vida sur la tête de son père.
Il leva les yeux vers elle et elle comprit que c'était son père. Elle sauta du toit, se suicidant.
Le verset dit donc ... "Haman se hâta de rentrer dans sa maison, en deuil, la tête couverte" = "en deuil" de sa fille, et "la tête couverte" = parce que sa fille avait répandu de l'ordure sur lui."

Quant à la fille d'Haman, qui leva les yeux et vit que c'était son père, elle tomba du toit sur le sol et mourut, comme il est écrit : "Haman rentra précipitamment dans sa maison, en état de deuil, la tête couverte."
Or, il y a un point particulier dans ce passage de la guémara. Si la fille d'Haman se tenait sur le toit, pourquoi la guémara dit-il qu'elle a "leva les yeux"? Il aurait fallu dire "elle baissa les yeux et vit que c'était son père".
[ en effet, notre texte de la guémara affirme qu'Haman a levé les yeux [pour voir qui avait jeté de la saleté sur lui], et non sa fille. Dans le midrach Léka'h Tov sur ce verset, le récit dit : "Elle leva la tête et réalisa que c'était son père ..." ]

L'explication est la suivante :
Lorsque la fille d'Haman a jeté des ordures sur son père, elle avait l'intention fauteuse de s'en prendre à Mordé'haï. Cependant, elle découvrit bientôt qu'elle avait en fait jeté la saleté sur Haman et qu'elle avait involontairement accompli une action vertueuse. (voir Tossefot Kidouchin 32b)
[en humillant son père Haman, elle réalisa une mitsva ]
Lorsqu'une personne réalise une action et qu'elle n'est pas sûre qu'elle soit méritoire, elle doit vérifier si sa conscience s'est élevée spirituellement grâce à cette action.
Si c'est le cas, alors elle peut être assurée que son action était louable.

Comme la fille d'Haman avait accompli une mitsva en humiliant son père en lui jetant des ordures, cette mitsva a fait que ses yeux, métaphore de sa conscience, ont été "élevés", car après avoir accompli une mitsva, la conscience spirituelle d'une personne s'élève.

C'est donc ce que la guémara veut dire lorsqu'elle affirme qu'elle a levé les yeux, est tombée du toit et est morte.
Cela signifie, que par sa bonne action, elle s'est détachée de la Sitra A'hara (force d'impureté/mal), le conduit par lequel sa force vitale est arrivée, et qu'elle a ainsi précipité sa propre mort.
Sinon, c'est parce qu'elle regrettait d'avoir accompli cette mitsva qu'elle est morte.

[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev - Kédouchat Lévi - Pourim n°8 ]

La lumière spirituelle latente de la méguilat Esther est en réalité plus grande et plus honorable que celle de la Torah elle-même.

['Hatam Sofer - drouch 37 Adar
- chéOr kadoch akaloul baméguila ou mamach yotèr gadol vénikhbad miToraténou aKédocha bé'atsma]

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-> Le midrach (Béréchit rabba 17,5) enseigne qu'il y a des choses dans ce monde qui sont des semblants d'éléments complets : le sommeil est un semblant de la mort, le rêve est un semblant de la prophétie, le Shabbath est un semblant du monde à Venir (méen olam aba).

-> En ce sens, la guémara (Béra'hot 57b) rapporte : "Le feu correspond à 1/60e de l'enfer, le miel à 1/60e de la manne, le Shabbath à 1/60e du monde à venir, le sommeil à 1/60e de la mort, et un rêve à 1/60e de la prophétie".

Le Rambam (dans son livre des égarés 2,36) explique que bien qu'il soit inapproprié de faire un lien entre 2 concepts totalement différents, métaphoriquement cela ressemble à un bourgeon qui correspond au fruit à un état non développé.
Comme dans la cacherout, la quantité de 1/60e, est la mesure minimale permettant de ressentir quelque chose.

-> Ce midrach (Béréchit rabba 17,5) conclut par l'exemple suivant : la Torah est un semblant de la sagesse d'en-Haut ('hokhma chél ma'la).

-> Le rav Daniel Glatstein commente :
Cela est une déclaration révolutionnaire! En effet, on pourrait penser que la Torah est la forme la plus élevée de la sagesse ('hokhma), et cependant le midrach nous enseigne qu'elle n'est qu'un semblant de la sagesse d'en-Haut.
Bien qu'il s'agisse de concepts mystiques qui dépassent nos capacités limitées, néanmoins on peut simplifier ainsi ce concept.
La Torah que nous apprenons a été filtrée pour pouvoir être assimilée par l'esprit humain. Mais dans sa forme originale, la sagesse d'Hachem est beaucoup plus élevée et sanctifiée.

=> Est-ce qu'il y a un moyen pour que nous, simples mortels, puissions accéder et profiter de la sagesse d'Hachem dans sa forme originale (sans cette énorme déperdition en raison du filtrage)?

Le rav Aryié haCohen (dans son Tour Bérékes), qui est un des élèves du Arizal, révèle que la méguilat Esther provient de la sagesse d'en-Haut ('hokhmat haEliyona). [sans filtrage]
La lecture de la méguila repousse l'étude de la Torah et des autres mitsvot, car elle a une source plus sublime et a la dimension rare de la sagesse d'en-Haut.

-> Le rav Daniel Glatstein ajoute que c'est la raison mystique qu'à Pourim selon la guémara (Méguila 3a) même si on est en train de faire la plus grande de toutes les mitsvot : étudier la Torah, on a l'obligation d'arrêter d'étudier pour aller écouter la lecture de la Méguila.
[la guémara ajoute que la mitsva de la lecture de la méguila supplante le service Divin (Avoda) dans le Temple.]

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-> Le Arizal (Pri Ets 'Haïm - chaar aPourim chap.5) enseigne que la lumière avec laquelle Hachem a gracieusement illuminée les juifs à Pourim était sans précédent et inégalée.
Elle a même surpassé la lumière du Shabbath et des Yom Tov.
Mais Hachem a voulu que cette lumière incomparable brille pour toujours pour les juifs le jour de Pourim, et c'est pourquoi : "Ces jours de Pourim ne quitteront jamais le peuple juif" (Méguilat Esther 9,28).
Chaque année le jour de Pourim, cette lumière [spirituelle] incomparable et inégalée brille de nouveau pour les juifs.
C'est une lumière éternelle, qui ne s'affaiblit jamais.
D'ailleurs, le Arizal conclut : "car c'est une lumière comme il n'en a jamais existée" (ki hi aora acher méolam lo niyé kamohou).

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-> Le rabbi de Radomsk (Tiféret Shlomo - Moadim - Ramozé Pourim) explique que la lumière que nous recevons à chaque Pourim provient du monde à Venir, et elle est remplie d'une sainteté si puissante qu'elle ne sera jamais annulée.
Chaque année, Pourim est un jour d'élévation pour tout juif, peu importe le niveau auquel il se trouve.

-> Rabbi Lévi Its'hak de Berditchev (Kédouchat Lévi - Pourim - Kédoucha richona) enseigne que le mot "méguila" montre qu'à Pourim on nous a dévoilés (mégalé) une révélation du don de la Torah d'une ampleur supérieure à celle qui a eu lieu au mont Sinaï.

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-> Selon le Zohar (Tikouné Zohar 21,57b), Yom haKippourim (Kippour) peut se comprendre : "yom kéPourim (un jour semblable à Pourim [dans le sens où Pourim lui est supérieur]), car c'est à Pourim que nous pouvons atteindre des niveaux plus élevés de sainteté.
Le rav 'Haïm Chmoulévitz explique que cela est atteint par les mitsvot d'unité qui embellissent ce jour.
[la méguila doit être lue en public avec le plus de monde possible, les échanges de michloa'h manot, la tsédaka aux pauvres, un repas de fête tous ensemble, des costumes unissant les jeunes, ... ]
Le rav Chmoulévitz dit que pour que les juifs atteignent le niveau de recevoir la Torah, ils doivent être unis (au niveau du cœur et de l'âme).
Grâce à l'unité de Pourim, les juifs ont mérité un niveau de don de la Torah plus élevé que celui initial au mont Sinaï.

[Hachem est tellement heureux de voir Ses enfants qui sont unis, qui se retrouvent ensemble, qu'Il donne avec largesse des bienfaits. ]

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-> b'h, voir également : https://todahm.com/2021/01/12/32050

 Le livre d'Esther contient 166 versets. Cela représente le nombre de mots des sections de la Torah traitant d'Amalek (Chémot 17,8-16 ; Dévarim 25,17-19).
Le "Grand Hallel" (Téhilim 136), louange à D. pour nous avoir sauvés de tous nos ennemis, contient également 166 mots.

Le Livre d'Esther commence par le terme Vayéhi et se termine par : zar'o. La valeur numérique de ces deux mots est 314, la même que le nom de D. "Sha-daï".
La méguilat Esther est une prière que D. mette fin à tous les problèmes des juifs.
[Méam Loez - Méguilat Esther 10,3 ]

Quelques éléments sur le récit de Pourim (1ere partie)

+ Quelques éléments sur le récit de Pourim (1ere partie) :

-> A'hachvéroch haïssait les juifs plus encore qu'Haman ...
Bien que les juifs fussent de bons citoyens, A'hachvéroch pensait avoir une bonne raison de les haïr. Ses astrologues lui avaient prédit qu'un juif s'emparerait de sa couronne et régnerait à saplace.
Leur prédiction concernait Darius II, fils d'Esther (et d'A'hachvéroch, qui est né 1 an après qu'Esther devienne reine.).
[La mère de Darius étant juive, il était juif lui aussi.] Toutefois, A'hachvéroch ne le savait pas. Il était encore marié (à ce moment) avec Vachti et n'aurait jamais pu imaginer engendrer un héritier juif.
[ Darius II va succéder à son père A'hachvéroch, et il va ordonner la consturction du 2e Temple, 70 ans après la destruction du 2e.]

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-> Suite la mort de Vachti, on organisa un "concours de beauté" pour trouver la nouvelle reine.
Chaque jolie jeune fille ne pouvait pas se présenter à Chouchan. Il fallut envoyer des administrateurs dans chacun des 127 états chargés de choisir la jeune fille la plus belle et la plus convenable de chaque état. Elles seraient jugées à la fois sur la beauté physique et sur leur personnalité.
La meilleure de chaque état serait ensuite amenée à Chouchan pour que le roi choisisse celle qu'il préférait.
127 jeunes filles seraient rassemblées : une pour chaque état.
Elles seraient toutes placées sous la direction de Hégaï, le maître du harem royal.

Bien entendu, Haman savait ce qu'il se passait et il s'arrangea pour pousser sa fille devant l'émissaire du roi.
Hachem fit qu'elle eut soudain une forte diarrhée et se souilla ; l'odeur répugnante la fit rejeter immédiatement par l'émissaire royal.

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+ L'élévation sociale d'Haman :

-> "Après ces événements (du complot de Bigtan et Térech), le roi A'hachvéroch promut Haman, fils d'Amdata, l'agaguéen, et l'éleva. Il plaça son siège au-dessus de tous ceux des princes qui étaient avec lui" (Esther 3,1)

-> Haman va être promu à une faute fonction afin d'inciter les juifs au repentir ; ensuite, il fut très rapidement détruit et les juifs sauvés.
D'ailleurs, 'Harbona va raconter au roi qu'Haman avait fait partie du complot de Bigtan et Téréch pour tuer le roi (Eshter 7,9), et le roi le fit pendre immédiatement.

Haman ne demeura au zénith de son pouvoir que pendant 70 jours.
De son envoi des lettres demandant l'extermination des juifs (le 13 Nissan 3404 - Esther 3,12) au jour où Mordé'haï envoya des missives pour abolir ce décret (le 23 Sivan - Esyher 8,9).

Les Méam Loez fait remarquer que du verset : "Après ces événements, le roi A'hachvéroch promut Haman" (Esther 3,1) jusqu'au verset : "on pendit Haman" (Esther 7,10), on compte exactement 70 versets, qui correspondent aux 70 jours durant lesquels Haman reçut les pleins pouvoirs.

Le Alchikh haKadoch dit que chaque jour, A'hachvéroch accordait à Haman de nouveaux pouvoirs, et ce ne fut que lorsque Haman atteignit le sommet de sa puissance qu'il s'effondra.

Selon le midrach, Haman reçut également un char spécial. Lorsqu'il circulait dans les rues, un crieur annonçait qu'il était le favori du roi.
A ce moment-là, l'Attribut de Justice prit la parole devant D. : "Maître de l'univers! Haman a fait le voyage de Chouchan à Jérusalem dans le but de faire cesser la construction du Saint Temple. C'est un descendant du racha Amalek. Comment supportes-Tu de le voir accéder à une si haute position?"
D. répondit : "Jusqu'à présent, personne ne connaissait Haman. Je vais l'élever et le rendre si célèbre que, lorsqu'il tombera, le monde entier connaîtra Ma vengeance".[midrach Esther rabba 3,1]

-> Le midrach (Yalkout Chimoni Esther 1053) à propos du verset : "Il
plaça son trône au-dessus de celui de tous les princes qui étaient avec lui" = il se fit une estrade plus haute (que celle d'A'hachvéroch), et il fut ainsi placé au-dessus de tous les princes qui étaient avec lui. De ce fait, il fut en mesure d'ordonner au roi de pendre Mordé'haï.
[v.6,4 : "Haman se rendit au palais royal pour dire au roi de pendre Haman sur la potence" ]

La guémara (Méguila 15a) enseigne explicitement : "Hamane s'éleva au-dessus d'A'hachvéroch".

[Hachem fit en sorte qu'Haman s'élève très haut du fait de son opposition aux juifs, pour mieux tomber d'encore plus haut lorsque les juifs ont fait téchouva. ]

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+ La relation Mordé'haï & Haman :

-> Après la promotion d'Haman, les gens lui témoignèrent du respect (dans l'Orient d'autrefois, il était accepté de s'agenouiller et de se prosterner devant les ministres).
Cependant, tout le monde connaissait les modestes origines d'Haman, qui avant de devenir politicien, avait été un employé dans un établissement de bains et coiffeur.
Certains à Chouchan, s'étaient fait coiffer par lui.
Pour que tout le monde se soumette au premier ministre du roi (Haman), le roi A'hachvéroch ordonna qu'on fasse à Haman le même signe de soumission qu'envers le roi lui-même.

-> Lorsqu'il paradait dans la ville, Haman portait son idole sur sa poitrine. (Pirké déRabbi Eliézer 50)
Il avait foi en ce fétiche, auquel il attribuait sa victoire sur Vachti et son ascension à une haute fonction.
Haman ayant fait en sorte que tout signe de soumission envers lui s'adressât également à son idole, Mordé'haï n'eut pas le droit de s'incliner devant Haman, fût-ce au prix de sa vie.
Le Yossef Lékéa'h rapporte que Mordé'haï ne prétendait pas ne pas le voir, au contraire il regardait Haman bien en face à son passage et publiquement refusait de faire le moindre geste. Ainsi, il sanctifiait le nom de D. et servait d'exemple à tout son peuple.

-> Mordé'haï avait une autre raison de ne pas respecter Haman.
En l'an 3393 (soit -368 avant l'ère vulgaire) [pendant la 2e année du règne d'A'hachvéroch], une province d'Inde se rebella contre l'empire perse. Le roi envoya 12 000 soldats pour écraser la révolte.
Les 2 généraux à la tête de l'armée étaient Mordé'haï et Haman. Chacun d'eux, responsable de 6 000 soldats, reçut des provisions pour 3 ans. Mordé'haï et ses soldats firent demi-tour et attaquèrent par l'est tandis qu'Haman attaqua directement de l'ouest.
Haman gaspilla ses provisions, et après une année de campagne, il les avait déjà épuisées. Il vint trouver Morde'haï pour lui demander son aide. Morde'haï lui expliqua que, s'il donnait de ses vivres, lui et ses soldats viendraient à manquer.
Lorsque les soldats d'Haman commencèrent à souffrir de la faim et menacèrent de se mutiner, Haman retourna chez Mordé'haï et le supplia de l'aider.
Finalement, Morde'haï accepta, à condition qu'Haman devienne son esclave un jour par semaine. N'ayant pas le choix, Haman accepta. Etant donné qu'il n'y avait pas de papier sur le champ de bataille, Mordé'haï écrivit sur sa jambière le contrat scellant leur accord.

Dès lors, Mordé'haï ne se sentit nullement contraint de se prosterner devant Haman. Il faisait exprès de porter sa jambière, qu'il observait d'un air significatif lorsqu'Haman passait devant lui.
Haman comprenait son allusion et bouillonnait de frustration.
[Pessikta Rabbati]

-> Haman savait aussi que Mordé'haï ne se prosternait pas devant lui parce qu'il était amalécite.
En tant que juif, Mordé'haï considérait tout amalécite comme maudit.
La colère d'Haman était donc dirigée contre Mordé'haï précisément parce qu'il était juif.
[Alchikh haKadoch]

-> Haman demanda à des agents de suivre Mordé'haï et d'établir un rapport sur lui.
Il apprit ainsi que Mordé'haï était un homme amical qui saluait chaque homme qu'il rencontrait et inclinait la tête devant l'homme le plus ordinaire.
Lorsqu'Haman se rendit compte que Mordé'haï refusait de s'incliner devant lui seul, sa fureur ne connut plus de bornes.
[Yad haMélé'h]

-> Mordé'haï avait une raison importante de refuser obstinément de s'agenouiller, quitte à mettre tout le peuple juif en danger. Ils avait que les juifs avaient commis un péché très grave en se prosternant devant la statue de Névou'hadnezar. Par son abnégation, Mordé'haï tentait d'expier cette faute.
Mordé'haï était un descendant de Benjamin, le plus jeune fils de Ra'hél. Il connaissait la tradition selon laquelle les descendants d'Essav seraient vaincus par ceux de Ra'hél.
S'il sanctifiait le nom de D. en public, il pouvait être assuré de l'intervention divine.
[Ibn Ezra]

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+ Le tirage au sort :

-> "Le 1er mois (Nissan), durant la 12e année du roi A'hachvéroch, le "pour" (loterie, tirage au sort) fut tiré devant Haman, pour examiner chaque jour et chaque mois. Il tomba sur le 12e mois, le mois d'Adar" (Esther 3,7)

-> Déterminé à exterminer les juifs, Haman chercha le moment propice. Utilisant la méthode du tirage au sort, Haman tenta de déterminer quel serait le jour le plus favorable.
Il fit ce tirage le 1er Nissan [3404] ; qui est le mois de la sortie d'Egypte, représente une période où les juifs sont capables de vaincre leurs ennemis. [Alchikh haKadoch]

-> Le premier tirage au sort ressemblait à des dés. Sur ces cubes, des chiffres de 1 à 6 étaient inscrits sur les 6 faces de façon à ce que les chiffres opposés fassent un total de 7.
Ainsi, les faces opposées portaient respectivement les paires : 1-6, 2-5 et 3-4.
Les dès qu'Haman choisit utilisaient pour chiffres des lettres hébraïques si bien que les paires ainsi formées étaient : aléf-vav, bét-hé et guimel-dalét.

Haman utilisa 3 dès.
La première fois, les chiffres tirés furent : 1-3-3. c'est-à-dire : aleph-guimel-guimel. Ces lettres formaient, à coup sûr "Agag" (אגג), nom de l'ancêtre d'Haman. Quel mauvais augure!
Puis Haman retourna les dés pour voir quelles lettres se trouvaient au-dessous. En face du aleph se trouvait un vav alors que sous chaque guimel se trouvait un dalet.
Les 3 lettres du dessous étaient dalet-dalet-vav qui, réarrangées, formaient le nom "David" (דוד).
Haman pensa qu'il s'agissait d'un signe évident qu'Agag terminerait en haut et le peuple de David, en bas.
Hachem dirigea le tirage au sort de façon a induire Haman en erreur et le conduire dans le piège. Haman, quant a lui, était ravi de ce résultat. [midrach Talpiot]

Ensuite, Haman tira au sort les jours et les mois. La façon habituelle de tirer au sort est, par exemple, d'inscrire les 12 mois de l'année sur 12 morceaux de papier puis d'en lier un. Cependant, cela ne pouvait lui garantir la réussite car, quelque soit le papier tiré, un mois serait inévitablement choisi.
Haman voulait une preuve supplémentaire que la chance lui souriait, Il prépare donc une série de papiers contenant les noms des 12 mois lunaires. Dans une autre série, les papiers portaient les numéros de 1 à 354, soit un pour chaque jour de l'année lunaire
Puis Haman fit 2 tirages indépendants, 1 un pour les mois et l'un pour les jours. Si tous 2 coïncidaient c'était que le tirage était vraiment de bon augure. Sinon, il saurait qu'il était peu propice.
Ainsi par exemple, si le tirage des mois désignait Adar et celui des jours, le chiffre 100, il serait clair que le tirage était peu propice. En effet, le 100e jour de l'année tombe en Tamouz. non en Adar.

Finalement, le tirage des mois désigna le mois d'Adar et celui des jours donna le chiffre 337, dix-sept jours avant la fin de l'année. Mais, plus important, puisque Adar était le dernier mois de l'année, le 337e jour coïncidait exactement avec Adar.
Le jour choisi fut donc le 13 Adar. [Yaarot Dvach]

Selon le midrach, celui qui procéda au tirage au sort, sur l'ordre d'Haman et en sa présence, était le scribe Chimchi, fils d'Haman.
Ils leur sembla que le mois d'Adar était parfait, car le 7 Adar correspondant à la mort de Moché, ce mois était donc de fort mauvais augure pour Israël.
Ce qu'ils ne savaient pas, c'est que Moché était né également en cette date d'Adar (car cachée 3 mois, il fut découvert par la fille de Pharaon en Sivan, mois où sera donné la Torah).

[source : compilations personnelles issues du Méam Loez - Méguilat Esther ]

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+ Le trône d'A'hachvéroch :

-> "Lorsque le roi A'hachvéroch se fut établi sur son trône royal, à Chouchan la capitale, la 3e année de son règne, il donna un festin" (Esther 1,2-3)

-> Le Gaon de Vilna rapporte, dans son commentaire de la Méguila, les paroles du Targoum Chéni selon lesquelles le roi Chlomo possédait un trône à l'instar du Trône Céleste.
Lorsque Pharaon et Nabukodonosor voulurent s'y asseoir, ils reçurent un châtiment corporel (d’où le fait que Pharaon fut surnommé Nékho, "l’estropié", car lorsqu’il voulut monter sur ce trône, l’une des formes de lion qui y était gravée le mordit et il se retrouva alors boiteux pour le restant de ses jours).

[Le Méam Loez (1,2) écrit que :
A une époque, A'hachvéroch prit place sur le trône du roi Salomon. C'était un trône très rare, décoré de toutes sortes de pierres précieuses ainsi que d'animaux mécaniques mobiles. Lorsque Nevou'hadnezzar s'empara de Jérusalem, il fit emporter ce trône à Babylone. Lorsqu'il en monta les marches pour s'y asseoir, un des lions se désarticula, lui cassant le pied.]

Lorsque A’hachvéroch devint roi, brûla en lui le désir de s'asseoir sur un tel trône, mais il fut, en même temps, saisi de crainte à l'idée d'être puni comme ses prédécesseurs. Que fit-il?
Il se mit à la recherche d'artisans capables de lui en construire un semblable, et il n'en trouva que dans la ville de Chouchan ; c’étaient les seuls qui seraient en mesure de s'atteler à une tâche aussi difficile.
De fait, ils construisirent le trône tant convoité durant 3 années.
Lorsqu'ils eurent terminé, ils ne parvinrent pas à le déplacer pour le ramener chez le roi, et on fut obligé de le laisser à Chouchan.
Le roi y fixa donc son lieu de résidence et Suse devint alors la capitale de son royaume (puisqu'il convient au roi de ne résider que dans la capitale).
C'est ce qui est écrit : "Lorsque le roi A'hachvéroch se fut établi sur son trône royal, à Chouchan la capitale ; la 3e année de son règne", car c'est à ce moment que cette ville devint la capitale.
Et tout cela parce qu' : "Il y avait un homme juif, à Chouchan la capitale, du nom de Mordé'haï", et comme on voulait (dans le Ciel) élever son rang dans le royaume, afin qu'il siège à la porte du palais, toute la maison royale se déplaça ainsi à Chouchan, la ville de Mordé'haï.

=> Si l’on y réfléchit, cette histoire peut sembler très étonnante : pourquoi toutes ces tribulations? N'était-il pas plus logique, pour parvenir à ce but, que Mordé'haï déménage vers la capitale existante?

Selon le rav Elimélé'h Biderman, la réponse est que même ce désagrément, Hachem désirait l'éviter à Mordékhaï. C'est pour cela qu'il suscita chez A'hachvéroch le désir de se faire construire un trône à l'image de celui du roi Chlomo, et que faute d'artisans suffisamment expérimentés, ce dernier fut contraint de le bâtir à
Chouchan, pour découvrir finalement ... qu'il était impossible de déplacer un trône aussi imposant, et que Chouchan fut ainsi transformée en capitale du royaume.
Et tout cela afin qu'un seul juif ne soit pas tourmenté par le déménagement d'une ville à l'autre et par les désagréments du voyage.

==> Le rav Elimélé'h Biderman conclut :
Il en ressort que le monde entier n'a été créé que pour le peuple d'Israël, et est dirigé selon une providence minutieuse et calculée dans les moindres détails, en vue de prodiguer des bienfaits au peuple juif.
Et chacun peut également en retirer une leçon personnelle : lorsque l’on sera contraint de s'exiler d'un endroit à un autre, loin de s'en irriter, on devra penser que cela a fait assurément l'objet d'un grand "calcul" céleste, en considérant combien Hachem a bouleversé le cours des évènements afin d'éviter l'indisposition d'un déménagement à Mordé'haï.

-> Le Rambam (dans l'introduction à son commentaire des
michnayiotes) écrit : il se pourrait qu'un jour, Hachem mette dans l'esprit de quelqu'un l'idée de construire un véritable chef-d'œuvre de palais, "il se pourrait alors que ce magnifique palais soit, en fait, destiné à un homme attaché à D. à la seule fin qu'il vienne, une fois dans l'avenir, s'abriter à l'ombre de l'un de ses murs et échapper ainsi à la mort".
Plusieurs années auparavant, le Hachem aurait ainsi préparé la délivrance de cet homme.

[ cela doit nous renforcer dans notre fierté d'être juifs (à quel point Hachem fait en sorte que tout soit à notre avantage!), et nous pousser à agir de notre mieux en tant que juifs (rendre Hachem fier de nous!). ]

Quelques éléments sur le récit de Pourim (2e partie)

+ Quelques éléments sur le récit de Pourim (2e partie) :

-> "Dans chaque pays, partout où la parole et le décret du roi arrivaient, il y avait un grand deuil parmi les juifs avec jeûne, pleurs et lamentations. Toile de sac et cendres étaient portés par beaucoup" (Esther 4,3)

-> Bien que les Juifs de Chouchan aient appris qu'un décret de mort était issu contre eux, ils savaient au moins qu'il ne prendrait effet que le 13 Adar. Dans sa capitale, le roi pouvait préserver l'ordre.
Mais dans les provinces plus lointaines, l'antisémitisme montait et l'on craignait que les non-juifs ne tuent les juifs bien avant le moment prévu. Les persécutions croissaient. Dans plusieurs villes, des Juifs étaient déjà assassinés. De nombreux Juifs prenaient déjà le deuil de leurs proches parents.
[Yad haMélé'h]

-> D. les punissait mesure pour mesure : ils s'étaient réjouis au festin d'A'hachvéroch pendant 6 jours (et ne restèrent chez eux que le Shabbat). A présent, ils étaient accablés de 6 tourments : deuil, jeûne, pleurs, lamentations, toile de sac et cendres.
Généralement, une tragédie est plus facile à supporter lorsqu'on la partage ; une personne peut consoler l'autre. Mais là, toile de sac et cendres étaient portés par tous. Puisque personne n'allait survivre, il ne pouvait y avoir de consolation.

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+ Le sort de Daniel :

-> "Esther convoqua Hatakh, l'un des domestiques du roi désigné pour se tenir devant elle, et lui ordonna [d'aller interroger] Mordé'haï. Que se passait-il? Et pour quelle raison?" (Esther 4,5)

-> Hatakh n'était nul autre que Daniel. (guémara Méguila 15a)
La valeur numérique du nom Daniel étant de 95, la même que celle d'Haman, Daniel changea de nom. [Manot haLévi]

Selon la guémara (Méguila 15a), il fut appelé Hatakh parce qu'il avait été retranché ('hatakh) de sa haute fonction. [En tant que l'un des principaux conseillers de Belchazar, Darius et Cyrus] il avait accédé au pouvoir suprême dans le gouvernement.
Le Maamar Mordé'haï ajoute que sachant qu'il était juif et non indifférent au décret issu contre son peuple, le roi l'avait démis de sa fonction et l'avait mis à la disposition d'Esther.

-> "Ils dirent à Mordé'haï ce qu'Esther avait dit" (Esther 4,12)
[Le pluriel montre que d'autres que Hatakh transmirent le message d'Esther.]
Certains commentateurs disent qu'Haman remarque les fréquentes rencontres entre Haman et Mordé'haï. Il les soupçonna de conspirer pour l'abrogation du décret contre les juifs.
Haman ignorait qu'Esther était juive mais il savait qu'elle avait grandi dans la maison de Mordé'haï et qu'elle était probablement favorable aux juifs.
Même si elle ne pouvait tous les sauver, elle pourrait tenter d'épargner Mordé'haï, le pire ennemi d'Haman. [midrach Yalkout Chimoni]
Afin d'empêcher toute communication entre Esther et Mordé'haï, Haman fit exécuter Hatakh.

[Ceci ne dissuada pas Esther, qui trouva d'autres messagers de confiance.]
La mort de Daniel aux mains d'Haman constitua une expiation pour Israël. Quand un saint meurt et que le peuple prend convenablement le deuil, D. pardonne Son peuple.

Selon le Manot haLévi, lorsque Esther demanda aux juifs de jeûner pendant 3 jours pour expier les 3 fautes qu'elle aura à commettre : premièrement, lorsqu'elle entrera chez le roi, elle devra consommer volontairement sa nourriture non-cashère. Deuxièmement, elle devra se soumettre à lui de son plein gré, quoi qu'il lui demande. Auparavant elle était sa femme malgré elle, mais là elle devait s'y rendre de son plein gré.
Enfin, elle demanda aux juifs de prier principalement pour que D. pardonne sa responsabilité dans la mort de Hatakh.

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-> Esther jeûna et pria également de son côté pour que D. pardonne au peuple d'avoir mangé et bu au festin d'A'hachvéroch.
Elle retira ses robes royales et se revêtit de toile de sac et de cendres. Pendant 3 jours, elle jeûna et pria, se couchant à terre et supplia Hachem : "D. d'Israël! Tu as créé le monde et Tu le gouvernes. Aide-moi, je T'en prie! Je n'ai personne d'autre que Toi. Aide-nous, mon peuple et moi, à venir à bout de notre redoutable ennemi. Pardonne nos fautes et écoute-nous lorsque nous T'implorons dans le malheur. Fais que le roi me considère avec bienveillance lorsque j'irai à lui. Fais que j'entre en paix et que je sorte en paix".

Les 3 jours de jeûne, de prière et de méditation avaient amené Esther à un niveau très élevé de perception spirituelle (roua'h hakodech).

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-> "Mordé'haï partit et fit tout ce qu'Esther lui avait ordonné" (Esther 4,17)

-> Mordé'haï fut d'accord avec Esther et décréta un jeûne bien que ce fût Pessa'h.
Puisque des vies étaient en jeu ; même un jour de délai pouvait s'avérer dangereux.

Mordé'haï rassembla tous les juifs de Chouchan, parmi lesquels 12 000 Cohanim. Chacun prit un Shofar dans la main droite et un rouleau de la Torah dans la gauche.
Ils pleurèrent et prièrent : "Maître de l'univers! Tu nous as donné une Torah pour que nous l'étudiions et que nous l'accomplissions et que nous l'accomplissions. Si Ton peuple est annihilé, qui l'observera? Qui prononcera Ton Nom? Même le soleil et la lune cesseront de briller".

Mordé'haï envoya également des lettres disant aux juifs des provinces éloignées de jeûner pendant 3 jours.
Selon une opinion (Téchouvot Rivach), les juifs ne devaient pas jeûner 3 jours de suite car cela est pratiquement impossible. Ils reçurent pour instruction de jeûner 3 jours, le lundi, le jeudi et le lundi suivant, comme certaines personnes le font encore aujourd'hui.
Comme pour les jeûnes importants, ils jeûnèrent pendant 24h, nuit et jour.

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-> "Cette nuit-là, le sommeil du roi fut troublé. Il demanda qu'on lui apporte les Archives, les chroniques, qui furent lues en présence du roi" (Esther 6,1)

[contexte : Haman avait participé au 1er festin de la reine Esther avec le roi A'hachvéroch, puis il a construit la potence avec la volonté le lendemain matin de demander une petite faveur : se débarrasser de Mordé'haï. (la potence étant si haute qu'on la voyait du palais)]

-> Après avoir construit la potence, Haman alla voir Mordé'haï une dernière fois. Il le trouva vêtu de toile de sac en train de donner un cours à une foule d'enfants.
Haman ordonna à ses hommes d'enchaîner les enfants et de les jeter en prison afin de les tuer avant de s'occuper de Mordé'haï.
Apprenant que leurs enfants étaient en prison, les mères s'empressèrent de leur apporter à boire et à manger. Elles sanglotaient : "Mangez au moins avant de mourir!".
Les enfants fermèrent leurs livres, les placèrent sur leur cœur et jurèrent sur la vie de Mordé'haï qu'ils mourraient en gardant le jeûne.
Restés en prison, ils prièrent de tout cœur. Leurs prières sincères secouèrent les cieux.
[c'est la signification du verset : "Cette nuit-là, le sommeil du roi fut troublé" = ces enfants ont troublé le Roi de l'univers (Hachem)]

Ce furent ces prières qui annulèrent le décret divin contre les juifs.
Hachem perturba le sommeil d'A'hachvéroch. Dans ses rêves étranges, il vit Haman se diriger vers lui et lui enlever sa couronne et ses vêtements d'apparat avec, en main, une épée brandie pour le tuer. Le roi s'éveilla en sursaut et se rendit compte qu'il ne s'agissait pas là d'un rêve anodin. C'était le signe qu'Haman complotait contre lui.
La potence qu'Haman avait construite devait lui être destinée autant qu'à Mordé'haï. [Yaarot Dvach]

Cette nuit-là était le soir de Pessa'h, jour propice aux prodiges et aux miracles. Les juifs célébrèrent le Sédèr et louèrent D. pour le miracle de la sortie d'Egypte. Hachem se souvint de la foi avec laquelle les Bné Israël Le suivirent dans le désert lorsqu'ils quittèrent l'Egypte et décida d'intervenir en leur faveur,

Après son festin avec Esther, le roi, ivre et épuisé, tituba jusqu'à son lit, à peine capable de garder les yeux ouverts. Cependant, dès qu'il fut allongé, il se trouva brusquement tout à fait éveillé, comme si quelqu'un essayait de le tirer de son sommeil. [Alchikh haKadoch]
C'était comme si quelqu'un le secouait d'avant en arrière, puis le soulevait et le laissait tomber plusieurs fois de suite. Il entendit une voix lui dire : "Ingrat! Ingrat! Lève-toi et dédommage ton bienfaiteur!"
Le roi, ne comprenant pas à quoi il était fait allusion, en fut fort troublé.

Le roi A'hachvéroch demanda donc à voir les archives, un livre citant toutes les dettes d'honneur du roi.
Lorsque la dette était payée, on faisait une marque dans ce livre et le paiement était enregistré dans els chroniques du palais. Tous le faits devraient donc être passés en revue avant qu'Esther ne fasse sa requête (dans la journée lors du 2e festin). [Yossef Léka'h]
[il a alors pu voir que Mordé'haï avait sauvé la vie du roi, en rapportant à Esther le complot de Bigtan et Térech qui étaient en train de vouloir tuer le roi par empoisonnement. Or, Mordé'haï n'a reçu aucune récompense cela.]

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-> "Le roi dit à Haman : Hâte-toi! Prends les vêtements et le cheval comme tu l'as dit et accomplis cela pour Mordé'haï, le juif" (Esther 6,10)

-> Le roi A'hachvéroch était prêt à accorder tous les honneurs à Mordé'haï en dépit de sa haine contre les juifs car celle-ci n'était pas le résultat d'un préjugé mais de la crainte de les voir se rebeller et lui prendre la couronne. Les astrologues royaux avaient prédit qu'un juif porterait la couronne royale ; A'hachvéroch ne savait pas que leur prédiction portait sur Darius, le fils né de son mariage avec Esther.

A présent, A'hachvéroch entrevoyait à ce moment une solution simple : que Mordé'haï porte sa couronne durant le défilé. Cela sera suffisant que soit réalisée la prophétie et il n'aurait désormais plus rien à craindre à ce sujet (ses astrologues lui ayant prédit qu'un juif porterait la couronne royale).
Par conséquent, lorsqu'Haman fit tout son possible pour empêcher le roi d'accorder cet honneur à Mordé'haï, le roi insista sans relâche.
[Yaarot Dvach]

-> "Haman prit les vêtements et le cheval et habilla Mordé'haï. Il le fit chevaucher dans la rue principale de la ville et annonça devant lui : "Ainsi sera fait à l'homme que le roi désire honorer"" (Esther 6,11)

-> Esther avait appris que Mordé'haï allait être conduit à travers la ville de Chouchan et honoré pour avoir sauvé la vie du roi. Elle donna l'ordre que tous les magasins soient fermés afin que le peuple puisse assister au défilé.
Lorsqu'Haman tenta de trouver un établissement de bain et un coiffeur, il n'en trouva pas d'ouverts.
En fin de compte, Haman n'eut pas d'autre choix que de faire chauffer de l'eau et de faire couler un bain pour Mordé'haï. [guémara Méguila 16a]
Selon le Maharacha, comme cela n'étant pas inclus dans l'ordre du roi, Haman peina encore davantage en le faisant. Mais il avait vu la colère du roi et craignait que le roi ne le soupçonne de désobéissance. Il dut donc donner un bain à Mordé'haï de ses propres mains.

Haman alla ensuite chercher un coiffeur pour lui faire couper les cheveux mais n'en trouva guère. Tous avaient fermé leur échoppe en attente du grand défilé. [guémara Méguila 16a]
Haman voulut appeler l'un de ses esclaves pour le faire mais Mordé'haï s'y opposa. Un autre qu'Haman pourrait lui faire du mal et dire que c'était un accident. Haman, lui, savait que le roi le surveillait.
Sans autre alternative, Haman rentra chez lui prendre ses ciseaux et son équipement. Il soupirait et gémissait en coupant les cheveux de Mordé'haï.
Mordé'haï demanda : "Pourquoi gémis-tu?"
Haman lui répondit : "Te rends-tu compte? Un homme comme moi! L'homme que le roi a promu au-dessus de tous les gouverneurs et qui dirige le royaume entier. Et je suis réduit à faire office de coiffeur! Est-ce cela qui arrive à l'homme que le roi désire honorer?"
Mordé'haï dit : "Tu parles comme si cela était une chose que tu n'as jamais faite. Je sais très bien que toi et ton père étiez coiffeurs et employés dans un établissement de bain à Circésium (dans le Talmud : Kartzoum). C'est pour cela que tu possèdes ces ciseaux et cet équipement".
Lorsqu'il eut terminé de raser Mordé'haï, Haman l'habilla des somptueux vêtements de cérémonie et plaça la couronne sur sa tête.

Mordé'haï enfourcha le cheval du roi et se mit à louer Hachem : « Je te louerai, D., car Tu m'as élevé et que Tu n'as pas laissé mes ennemis se réjouir à mes dépens" (Téhilim 30,2).
Il y avait 27 000 hommes portant des verres en or et des coussins qui défilèrent devant Mordé'haï en chantant : "Ainsi sera fait à l'homme que le roi désire honorer".
Tous les hommes juifs suivirent Mordé'haï, débordants de joie. Les femmes juives qui ne pouvaient quitter leur demeure regardaient le défilé par la fenêtre et chantaient aussi : "Ainsi sera fait à l'homme que le roi désire honorer".

Esther s'avança pour saluer Mordé'haï. Le voyant chevaucher le cheval du roi et porter ses vêtements, elle offrit des remerciements à Hachem. Elle dit à Mordé'haï : "C'est la réalisation du verset : '[D.] relève les indigents de la poussière ; des ordures Il élève les désespérés" (Téhilim 113,7). Grâce à ta toile de sac et à tes cendres, Dieu t'a élevé". [Targoum ; Manot haLévi]

Le défilé passa bientôt devant la maison d'Haman. La fille d'Haman regardait, elle aussi, par la fenêtre. Elle vit un homme mener le cheval, totalement humilié et brisé. L'homme assis sur le cheval doit être père tandis que Mordé'haï conduit son cheval. Quelle occasion rêvée d'humilier Mordé'haï!
Elle attendit que l'homme à pied se trouvât juste sous sa fenêtre. Accompagnant son geste d'une insulte, elle vida son pot de chambre sur sa tête, pensant qu'il s'agissait de Mordé'haï.
Le contenu répugnant du pot atterrit sur la tête d'Haman. Il leva les yeux pour voir qui avait osé lui faire pareille offense. A ce moment-là, la jeune fille reconnut son père. Pris de panique, elle tomba de la fenêtre et mourut sous l'effet de sa chute. [guémara Méduila 16a ; Yéfé Enayim]

-> "Haman fut poussé chez lui, désespéré et le visage couvert" (Esther 6,12)
Une odeur repoussante émanait d'Haman à cause des saletés qui le couraient et les gens le repoussaient loin d'eux.
Au-delà de son humiliation personnelle, Haman perdait sa fille préférée, celle qu'il aurait tant voulu qu'elle devînt reine et voilà le résultat.
Il avait si honte qu'il ne voulait être reconnu par personne.
En une matinée, il était tombé des plus hauts sommets aux plus profonds abîmes. [Yad haMélé'h]

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-> "Mordé'haï retourna à la Porte du Roi" (Esther 6,12)

-> Mordé'haï retourna au Sanhédrin qui s'était rassemblé à la Porte du Roi. Il ôta ses vêtements royaux et poursuivi son jeûne. Il revêtit une toile de sac, répandit des cendres sur sa tête et pria jusqu'au soir.
II demanda aussi à tous les juifs d'aller à la synagogue et de prier pour une intervention divine. [Maamar Mordé'haï]

En fait, Mordé'haï était très inquiet de l'honneur qui lui avait été accordé.
Il dit aux juifs assemblés : "J'espérais obtenir une audience avec le roi et lui demander de rétracter le décret. Mais à présent qu'il m'a récompensé pour lui avoir sauvé la vie, j'ai perdu toute possibilité d'action. Notre seul espoir est en D., à présent".
[ensuite dans la journée va se tenir le 2e festin d'Esther, avec une issue positive pour le juif b'h.]

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-> "Le roi A'hachvéroch donna à la rein Esther la maison d'Hamn ...le roi ôta sa bague, qu'il avait reprise à Haman, et la remit à Mordé'haï. Esther mit Mordé'haï à la tête de la maison d'Haman" (Esther 8,2)

-> Le premier ministre détenait la chevalière du roi. Jusqu'alors, D. fit qu'elle se trouvât dans la main d'Haman afin que les juifs aient peur et se repentent. Dès qu'ils se furent repentis, D. les prit en pitié. [Manot haLévi]
Le roi A'hachvéroch décida de nommer Mordé'haï premier ministre et lui donna la bague royale.
La reine Esther, en nomma Mordé'haï comme exécuteur de la propriété d'Haman.
Esther recommanda à Mordé'haï de distribuer la richesse d'Haman aux juifs en compensation du tort qu'il leur avait causé par ses décrets.
Dès lors que le roi avait donné à Mordé'haï sa chevalière, il se rangea à toutes les décisions de Mordé'haï vis-à-vis des biens d'Haman.

[en donnant une énorme richesse à Haman, nous seulement Hachem lui assurait une chute de plus haut, mais également Il préparait de grandes richesses à venir pour les juifs.]

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-> "Dans chaque pays et chaque ville où la parole et la loi du roi arrivait, il y avait joie et bonheur pour les juifs, un festin et un jour de fête. Un grand nombre des gens du peuple acceptèrent le judaïsme car la crainte des juifs était tombée sur eux" (Esther 8,17)

-> Le roi envoya des copies de l'édit de Mordekhaï à toutes les provinces reculées. Partout où le décret était lu, joie et bonheur régnaient chez les juifs. Ils comprirent que c'étaient eux qui devaient être prêts pour le jour fatidique et ils se réjouirent comme pour un jour de fête. [guémara Méguila 16b]

-> Les membres de l'aristocratie prirent si fortement le parti des juifs que c'était comme s'ils s'étaient convertis. [Manot haLévi]
Selon le Yad haMélé'h, de nombreux ennemis des juifs se déguisèrent en juifs tant leur crainte était grande.

De nombreux juifs ignorants avaient abandonné les commandements, pensant que, lorsque leur vie était en danger, ils pouvaient renoncer totalement à l'observance de la Torah. Cependant, lorsqu'ils virent Mordé'haï et ses disciples pratiquer ouvertement leur judaïsme aux plus hauts échelons du gouvernement, ils renouèrent leur lien au judaïsme. Pour beaucoup, c'était presque comme s'ils apprenaient une nouvelle religion.

[source : compilations personnelles issues du Méam Loez - Méguilat Esther ]