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Don de la Torah – Israël & les nations

+ Don de la Torah - Israël & les nations :

-> Lorsqu'Hachem a créé le monde, il a stipulé que si ses créations n'acceptaient pas la Torah, le monde retournerait au chaos primordial et au néant. Avant d'offrir la Torah aux Bné Israël, Hachem l'a d'abord proposée aux autres nations, qui l'ont toutes refusée, comme le dit le midrach (Sifré - Vézot haBéra'ha) :
"Lorsque Hachem s'est révélé pour donner la Torah, Il s'est révélé non seulement aux Bné Israël, mais à toutes les nations.
Il s'adressa d'abord aux descendants d'Essav et leur demanda : "Accepterez-vous la Torah?"
"Qu'est-il écrit dans la Torah?" demandèrent-ils.
"Ne commettez pas de meurtre"(Yitro 20,13) Hachem répondit.
Ils répondirent : "Le meurtre est notre essence même et celle de nos ancêtres, comme il est écrit : "Les mains sont les mains d'Essav" (Toldot 27,22) et "Tu vivras à la pointe de ton épée" (Toldot 27,40)

Hachem se rendit alors auprès des descendants d'Ammon et de Moav et leur demanda : "Accepterez-vous la Torah?"
"Qu'y est-il dit?" demandèrent-ils.
"Ne commettez pas d'adultère", répondit Hachem.
Ils répondirent : "Les relations illicites sont notre essence même, comme il est écrit : "Les 2 filles de Lot ont conçu de leur père" (Vayéra 19,36).

Hachem se rendit ensuite chez les descendants de Yichmaël et leur demanda : "Acceptez-vous la Torah?"
"Qu'est-il écrit?" demandèrent-ils.
"Ne volez pas", répondit Hachem.
Ils dirent : "Le vol est l'essence même de notre ancêtre, comme il est écrit : "Il sera un homme sauvage" (Lé'h Lé'ha 16,2).

Hachem est allé vers chaque nation et leur a offert la Torah, comme il est écrit : "Tous les rois du monde Te reconnaîtront, puisqu'ils ont entendu les paroles de Ta bouche" (Téhilim 138,4).
Pour que l'on ne croie pas qu'ils ont entendu et accepté, le verset précise : "J'agirai envers eux avec colère et fureur, en me vengeant des nations qui n'ont pas écouté" (Mi'ha 5,14).

Non seulement ils refusèrent la Torah, mais les nations ne respectèrent même pas les 7 mitsvot qui avaient été données à tous les descendants de Noa'h. Quand Hachem a vu cela, Il a donné ces mitsvot aux Bné Israël.
On peut comparer cela à une personne qui a amené son âne et son chien pour rapporter des grains de son aire de battage. Il chargea l'âne d'un lourd fardeau de céréales et le chien de 3 petits sacs. L'âne se mit à marcher avec sa charge, tandis que le chien trébuchait. Ensuite, il prit un sac du chien et le mit sur l'âne. Puis la deuxième. Puis le troisième.
De même, les Bné Israël reçurent la Torah avec tous ses commentaires et tous les détails de la loi, et ils reçurent également les 7 mitsvot que les nations n'avaient pas respectées."

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Le Zohar (III,192b) explique cela par la parabole suivante :
"Il était une fois un médecin qui avait un pot contenant une potion de vie qu'il voulait léguer à son fils.
Le médecin avait aussi de méchants esclaves dans sa maison, et il savait que s'ils découvraient la potion, ils seraient jaloux et tueraient son fils. Que fit le médecin? Il prit du poison et le mit dans l'ouverture de la jarre. Il appela ses esclaves et leur dit : "Puisque vous m'avez été si fidèles, j'aimerais vous offrir cette potion. En veux-tu?"
Ils lui dirent : "Voyons ce que c'est. Dès qu'ils ont senti le poison, ils ont eu l'impression qu'ils allaient mourir à cause de l'odeur nauséabonde."
Ils se dirent : "Si le médecin donne cette potion à son fils, il mourra certainement. Nous hériterons alors de toutes ses richesses."
Ils se tournèrent vers le médecin et lui dirent : "Maître, cette potion est si merveilleuse qu'elle ne convient qu'à votre fils. Prends la récompense que tu nous aurais donnée pour notre travail et donne-la à ton fils pour qu'il accepte la potion."

De même, Hachem savait que s'Il donnait la Torah aux Bné Israël sans d'abord l'offrir aux nations, celles-ci traqueraient les Bné Israël à ce sujet chaque jour et essaieraient de nous tuer.
Au lieu de cela, puisqu'Il l'a d'abord offerte aux nations, elles ont offert des cadeaux au Bné Israël pour nous convaincre de l'accepter. Moché prit tous ces cadeaux et les offrit aux Bné Israel.
C'est de lui qu'il est écrit : "Tu es monté sur les hauteurs et tu as emmené des captifs" (Téhilim 68,19)."

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-> Rabbi Yaakov Abou'hatséra (Dorech Tov - 3e discours sur matan Torah) explique les niveaux élevés atteints par les Bné Israël lorsque nous avons accepté la Torah, en se basant sur la Michna des Pirké Avot (3,14) : "Bien-aimé est le peuple d’Israël, car il lui a été accordé un objet précieux ; c’est un plus grande expression d’amour que de lui avoir fait savoir qu’il lui a été donné un outil précieux, car il est dit : Car c’est un enseignement de valeur que Je vous ai donné ; Ma Torah, ne la délaissez pas."

La Torah est chère à Hachem comme la fille unique d'un roi. C'est Sa joie chaque jour. C'est avec elle qu'Il a créé le monde et posé les fondements de l'existence. C'est la racine, l'éclat et la splendeur du monde.

-> Lorsque Hachem donna la Torah aux Bné Israël, les autres nations étaient jalouses. Le midrach (Yalkout Chimoni Bamidbar 684) rapporte que Hachem a dit aux nations qu'ils méritaient la Torah plus qu'eux, en raison de la lignée pure des Bné Israël.
[après la sortie d'Egypte Hachem a attesté que malgré leur séjour dans la capital mondiale de la débauche, tous les juifs sont restés purs (le livre de notre lignée étant parfait!). ]

-> De son côté, selon le Zohar (III,192b), il semble qu'Hachem n'ait pas offert la Torah aux membres mortels de chaque nation. Au contraire, il l'a offert à l'Ange Gardien/Tutélaire désigné sur elles.
De plus, le Zohar souligne que lorsqu'Il a offert la Torah aux autres nations, Hachem a passé sous silence toutes les mitsvot qu'elles étaient susceptibles d'accepter, et leur a parlé spécifiquement de la mitsva qui était la plus difficile pour elles.

Comme le raconte le Zohar, Hachem a d'abord appelé Samaël, l'Ange d'Essav, et lui a demandé s'il voulait la Torah. "Que dit la Torah?" demanda Samaël. Hachem passe alors au verset "Ne commets pas de meurtre".
Samaël fut choqué. "Je (c'est-à-dire Essav) ai reçu la bénédiction de mon père Its'hak : "Tu vivras à la pointe de ton épée" (Toldot 27,40). Veux-tu m'enlever mon royaume?"
Samaël supplia alors Hachem de donner la Torah aux descendants de Yaakov à la place, pensant que la Torah nous ferait un mal terrible. Samaël proposa alors à Hachem des suggestions pour convaincre les Bné Israël de l'accepter.

La même chose s'est produite lorsque Hachem a offert la Torah à Rahav, l'Ange Gardien désigné sur les descendants de Yichmaël. "Que dit la Torah?" demanda Rahav. Hachem passa alors au verset "Ne commettez pas d'adultère".
"La bénédiction que j'ai reçue dans la Torah était : "Il sera un homme sauvage, sa main sera contre tous et la main de tous sera contre lui". Si je reçois la Torah, je perdrai la bénédiction d'être fécond et de se multiplier au-delà de toute limite".
Il suggéra plutôt à Hachem de donner la Torah aux descendants d'Its'hak, et de les laisser être les premiers-nés à la place de Yichmaël.

L'intérêt de cette histoire est qu'Hachem voulait vraiment donner la Torah à Ses enfants bien-aimés, les Bné Israël. Cependant, afin que les autres nations ne convoitent pas ce cadeau et ne créent pas d'ennuis aux Bné Israël, Hachem leur indiqua les mitsvot qui correspondaient le moins à leur nature.
Ils convinrent alors de tout cœur que la Torah n'était pas pour eux et qu'il valait mieux la donner aux Bné Israël.

=> En quoi était-ce juste de la part d'Hachem de donner aux autres nations une description incomplète de la Torah lorsqu'Il la leur a offerte? Hachem ne leur a pas parlé de la grande récompense pour les mitsvot. Il ne leur a même pas dit en quoi consistaient toutes les mitsvot. Il s'est concentré uniquement sur les mitsvot qu'Il savait être les plus difficiles à accepter pour elles.
De plus, la guémara (Avoda Zara 2b) nous dit que dans le futur, Hachem punira les nations pour avoir refusé d'accepter la Torah.
Pourquoi ne peuvent-ils pas se plaindre que si Hachem la leur avait offerte d'une manière plus attrayante, elles l'auraient acceptée?

-> Il est certain que toutes les voies d'Hachem sont parfaitement justes.
"Lui, notre rocher, Son œuvre est parfaite, toutes Ses voies sont la justice même ; D. de vérité, jamais inique, constamment équitable et droit" (Haazinou 32,4)
Il n'y a eu aucune tromperie dans les relations d'Hachem avec les nations et leurs Anges Gardiens.
Les nations avaient déjà reçu des ordres concernant les 7 mitsvot de Noa'h, qu'elles ont acceptées pour elles-mêmes et pour leurs descendants. Ces mitsvot comprennent l'interdiction de tuer, de voler et de commettre l'adultère. [guémara Sanhédrin 56b]
Cependant, les nations n'ont même pas respecté ces quelques mitsvot qu'elles avaient déjà acceptées. Le meurtre, le vol et l'adultère sont monnaie courante parmi elles.

C'est pourquoi, lorsque Hachem leur a offert la Torah et qu'ils ont demandé ce que dit la Torah, Il a choisi spécifiquement les mitsvot qu'elles avaient déjà acceptées mais qu'elles n'avaient pas respectées : ne pas tuer, ne pas voler, ne pas commettre d'adultère.
Il s'agit d'une réprimande et d'un ultimatum.
"Je vous ai déjà ordonné par le passé de ne pas commettre ces fautes, mais vous avez ignoré les obligations que vous aviez acceptées. Comment pourrais-je vous offrir des mitsvot supplémentaires si vous ne respectez pas les mitsvot que vous avez déjà? Je vous propose ce test. Si vous vous engagez fermement à observer les 7 premières mitsvot, je vous en donnerai d'autres. Mais si vous ne vous engagez pas à respecter les mitsvot que vous avez déjà acceptées, alors vous n'êtes pas dignes de recevoir la Torah, et vous ne pouvez vous en prendre qu'à vous-mêmes."

Les Anges Gardiens des nations entendirent ce défi et virent qu'il était en effet juste et équitable. Les nations ne pouvaient pas respecter les mitsvot qu'elles avaient déjà acceptées, comme ne pas tuer ou ne pas commettre d'adultère, car cela les aurait obligées à rompre avec leurs désirs les plus profonds.
Par conséquent, elles ne pouvaient pas accepter la Torah, mais suggéraient qu'elle soit donnée aux Bné Israël, qui en sont vraiment dignes.

Nous voyons donc qu'Hachem a été plus qu'équitable avec eux. Même après avoir manqué à leurs mitsvot, Hachem leur a donné une seconde chance de corriger leurs actes et de devenir ainsi dignes de la Torah. C'est leur mauvais cœur qui les a empêchés de changer leur nature et d'accepter les commandements d'Hachem.

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+ La surprise des nations :

-> Nous pouvons ainsi comprendre la jalousie des nations et la raison pour laquelle Hachem leur a répondu en comparant leur lignée ancestrale à celle des Bné Israël.
Elles ont présumé que si elles sont incapables de contrôler leurs pulsions (ex: débauche), il en va de même pour tout le monde, y compris pour les Bné Israel. De même qu'elles s'étaient montrés indignes de la Torah, tous les autres devaient en faire autant. Quelle ne fut pas leur surprise lorsque les Bné Israël acceptèrent la Torah sans hésitation.

Incapables de comprendre comment cela était possible, elles supposèrent qu'Hachem avait donné aux Bné Israël la Torah sans les interdictions qui les avaient tant irritées, telles que les relations interdites.
Elles ne pouvaient pas croire qu'une nation entière puisse accepter une telle interdiction.
Par conséquent, elles ont affirmé qu'il devait y avoir une certaine partialité en faveur des Bné Israël, qui permettait aux Bné Israël d'être amenés sous les ailes de la Présence Divine (Chékhina), sans aucune condition.

-> Hachem témoigne pour les Bné Israel :
Pour faire taire cette fausse affirmation, Hachem leur montra que l'interdiction des relations interdites n'était pas une nouvelle mitsva, donnée pour la première fois au don de la Torah.
Au contraire, la Torah avait été donnée à Adam, puis reconfirmée par les fils de Noa'h. Par conséquent, les nations étaient stupides de penser que les Bné Israel ne pouvaient pas respecter cette mitsva. Il s'agissait déjà d'une pratique ancienne que les Bné Israel ont poursuivie, mais que les autres nations ont abandonnée.

La preuve en est la lignée des Bné Israel en Egypte. D'une famille de 70 personnes, descendues en Egypte avec Yaakov, ils sont devenus une grande nation de 600 000 âmes.
Parmi eux, il y avait qu'un seul est né d'une union interdite, et il a été distingué par la Torah pour montrer sa rareté. Hachem lui-même a témoigné de la pureté de leur lignée dans le verset "Les tribus de D., un témoignage pour Yisraël" (Téhilim 122,4).

C'est le sens de la réponse d'Hachem aux nations. "Apportez devant moi le livre de votre lignée, comme l'ont fait mes enfants. Les Bné Israel avaient une ligne de descendance claire entre père et fils, sans qu'il soit question d'adultère. Ils avaient soigneusement préservé leurs valeurs familiales avant même que la Torah ne soit donnée. Par conséquent, lorsque les interdictions concernant les relations interdites ont été données à nouveau au mont Sinaï, il n'a pas été difficile pour les Bné Israel d'accepter les nouvelles interdictions en même temps que les anciennes.
En revanche, les nations qui avaient transgressé l'interdiction de l'adultère donnée à Adam eurent du mal à se défaire de leurs habitudes.

-> Les nations se plaignaient également de la manière dont Hachem offrait la Torah aux Bné Israel.
Avant de leur donner la Torah au mont Sinaï, Il les a d'abord rapprochés avec amour, comme un père miséricordieux qui s'occupe de tous les besoins de son fils. Tout d'abord, Il les a fait sortir d'Égypte avec de grands miracles. Il fendit la mer en leur faveur, leur fournit de la manne et accomplit de nombreux autres prodiges et miracles pour eux. Lorsqu'ils campèrent à Mara, Hachem commença à leur enseigner certaines des mitsvot (ex: le Shabbath), jusqu'à ce que, petit à petit, ils soient préparés au don de la Torah.
Ainsi, lorsque la Torah leur a finalement été offerte, elle ne leur a pas semblé être un si grand fardeau.

Les autres nations n'ont pas eu ce privilège. Hachem ne les a pas d'abord rapprochés par l'amour et les miracles, afin de les préparer à recevoir la Torah. Mais Il leur est pas apparu soudainement avec une offre rapide de tout ou rien.

C'est pourquoi ils étaient si jaloux. Pourquoi les Bné Israel ont-ils mérité que la Torah leur soit offerte avec tant de patience et d'amour, afin qu'il nous soit plus facile de l'accepter, alors qu'on leur a offert la Torah d'une manière totalement différente?
Ils affirmaient que si on leur avait offert la Torah de la même manière, ils l'auraient également acceptée.

Hachem a fait taire cette plainte avec la même réponse. Comment avez-vous traité les mitsvot que vous aviez déjà (les 7 lois noa'hiques), et comment les Bné Israel ont-ils traité ces mitsvot?
Même avant le don de la Torah, il existait une interdiction de l'adultère qui s'imposait à toute l'humanité.
Les Bné Israel ont respecté cette interdiction. Ils ont veillé à la sainteté de leur brit, ce dont Hachem a témoigné en plaçant Son nom (YA) sur eux.

Hachem dit aux autres nations : "Apportez devant moi le livre de votre lignée, comme l'ont fait Mes enfants". Puisque vous et vos ancêtres avez été adultères, votre lignée est impure. Par conséquent, vous n'êtes pas dignes d'être attirés vers la Torah d'une manière aussi aimante.

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+ Les dons des nations :

-> Les nations ont refusé la Torah car elle contient des lois qui leur seraient difficiles. Seul le peuple juif a répondu : "nous ferons et nous écouterons" (naassé vénichma), s'engageant d'abord à obéir à toute la Torah et demandant ensuite seulement ce que dit la Torah. Nous étions convaincus qu'Hachem ne nous donnerait rien qui ne soit pas bon pour nous.

Nos Sages nous disent que dans le futur, Hachem tiendra un Séfer Torah (pour ainsi dire) et dira : "Tous ceux qui ont fait des efforts pour cette Torah, qu'ils viennent et prennent leur récompense."
Les nations, qui n'ont pas étudié ou observé la Torah, essaieront alors de prétendre qu'elles méritent elles aussi une récompense pour avoir construit l'infrastructure nécessaire à l'étude des Bné Israel. Cependant, Hachem rejettera toutes ces demandes, comme le décrit longuement la guémara (Avoda Zara 2a-3a).
Ensuite, les nations se plaindront que si la Torah leur avait été offerte comme elle l'a été aux Bné Israel, elles l'auraient également acceptée.
Cependant, Hachem leur répondra que puisqu'elles n'ont même pas respecté leurs 7 mitsvot (noa'hiques), elles ne peuvent pas s'attendre à recevoir toute la Torah.
... Finalement, Hachem acceptera de leur donner une dernière chance. Il les mettra à l'épreuve avec la mitsva de la souccah, mais là encore, elles échoueront.

Notre acceptation de la Torah, comparée au refus des autres nations, est restée un mérite pour nous, même lorsque nos fautes ont entraîné la destruction du Temple. C'est grâce à ce mérite que nous serons délivrés de notre exil.

-> La Torah était destinée aux Bné Israël :
On a pu voir qu'au moment de leur proposer la Torah, Hachem a parlé à chaque nation de la mitsva qui était directement opposée à leur nature. Il semble qu'Il leur ait délibérément dit des choses pour les décourager d'accepter la Torah.

Cependant, Rabbi Yaakov Abou'hatséra (Dorech Tov - 3e discours sur matan Torah) s'interroge sur l'implication de cette guémara, à savoir que si les nations avaient promis de cesser de tuer, de voler et de commettre l'adultère, Hachem leur aurait effectivement donné la Torah, et non aux Bnei Israël.
Comment cela peut-il être vrai?
Le midrach (Béréchit rabba 8,2) nous apprend que 2 000 ans avant la création du monde, Hachem se réjouissait déjà de la Torah. Les Bné Israël sont mentionnés à d'innombrables reprises dans la Torah : "Parlez aux Bné Israël", "Commandez aux Bné Israël", ...
=> Ainsi, avant même la création du monde, la Torah était clairement destinée aux Bnei Yisraël. Comment aurait-elle pu être donnée aux autres nations?

Pour répondre à cette question, Rabbi Yaakov Abou'hatséra propose une nouvelle interprétation, selon laquelle Hachem n'avait pas vraiment l'intention de donner la Torah entière aux autres nations. La Torah, dans son intégralité, n'était destinée qu'aux Bnei Yisrael avant la création du monde.
Au contraire, Hachem est allé de nation en nation pour leur offrir les 7 mitsvot de Noa'h, qu'elles avaient rejetées et qu'elles avaient maintenant la possibilité d'accepter à nouveau.
Si elles acceptaient, elles seraient récompensées dans ce monde et dans l'autre, comme si elles avaient accompli toute la Torah.

Selon cette explication, on comprend parfaitement pourquoi, lorsque les nations lui demandent ce que dit la Torah, Hachem répond : "Ne tue pas", "Ne vole pas", "Ne pas commet pas d'adultère".
Il a cité des exemples tirés des 7 mitsvot de Noa'h, car c'est tout ce qui leur a été proposé.

-> Mitsvot volontaires et obligatoires :
Selon la guémara (Avoda Zara 2b) :
"Il s'est tenu debout et a mesuré la terre. Il a vu et a libéré les nations" ('Habakouk 3,6).
Rav Yossef explique qu'Hachem a vu que les nations n'ont pas respecté les 7 mitsvot qui leur avaient été imposées. Il les a donc libérés de leur obligation.
Si c'est le cas, il semble qu'ils aient bénéficié de leurs fautes. Mar, fils de Ravina, explique plutôt qu'elles sont toujours obligées (de ces 7 lois), mais que même si elles accomplissent ces mitsvot, elles ne reçoivent aucune récompense.
... en fait, elles ne reçoivent pas de récompense comme ceux qui réalisent les mitsvot par obligation, mais comme ceux qui les accomplissent volontairement.
C'est ce qu'a enseigné Rabbi 'Hanina, à savoir que ceux qui accomplissent les mitsvot par obligation sont plus grands que ceux qui les accomplissent volontairement.

=> En refusant de reprendre les 7 mitsvot (au moment du don de la Torah), les nations ont perdu ce privilège. Ellles y restent toujours contraintes, mais même si elles remplissent cette obligation, elles ne sont récompensées que comme si elles l'avaient fait volontairement (donc à un niveau beaucoup moindre. Car à partir du moment où il y a une obligation, il y a une résistance du yétser pour ne pas le faire [je fais ce que JE veux, on ne me dis pas quoi faire, ...] ).

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=> Pourquoi Hachem a-t-il dû faire cette proposition aux nations avant d'offrir toute la Torah aux Bné Israel? Si Hachem voulait donner la Torah aux Bné Israel (comme Il l'avait prévu avant même de créer le monde), qu'Il le fasse dès le début. Par les miracles de la sortie d'Egypte, Il avait déjà montré au monde entier que les Bné Israel étaient Ses enfants bien-aimés, qu'Il avait choisis parmi toutes les autres nations pour Le servir. Est-il vraiment concevable qu'Il élève maintenant une autre nation à leur niveau?

Nous pouvons mieux comprendre cela en nous basant sur l'enseignement de Rabbi Shimon bar Yo'haï dans le Zohar (III,192b). Nous y apprenons qu'Hachem a demandé à Samaël, l'Ange Gardien/Tutélaire d'Essav, s'il voulait accepter la Torah au nom de sa nation. Samaël entendit que la Torah inclut l'interdiction de tuer, alors que la bénédiction d'Essav : "Tu vivras à la pointe de ton épée", était la source de son pouvoir. C'est pourquoi Samaël refusa et suggéra à Hachem de donner la Torah aux Bné Israel à la place.
Samaël souhaitait tellement que les Bné Israel acceptent la Torah à leur place, qu'il était prêt à "soudoyer" les Bné Israel en leur offrant une partie de son pouvoir de tuer.

La même chose s'est produite lorsque Hachem a offert la Torah à Rahav, l'ange gardien de Yichmael. Lui non plus ne pouvait pas respecter l'interdiction des relations interdites, puisque la bénédiction de Yichmael devait être sauvage, ce qui inclut un désir de relations interdites.
Pour convaincre les Bné Israel d'accepter la Torah à leur place, Rahav offrit une partie de son pouvoir de fécondité au-delà des frontières.

Par conséquent, lorsque les Bné Israel ont accepté la Torah, nous avons reçu en même temps les pouvoirs de ces nations. Nous avons alors pu réorienter le pouvoir d'Essav vers la sainteté, en instituant les peines capitales du Beit Din. Nous avons réorienté le pouvoir d'Yichmael en étant féconds et en se multipliant d'une manière sainte.

Ainsi, nous avons tiré un grand bénéfice du fait que la Torah ait été offerte aux autres nations en premier. Nous avons reçu les pouvoirs d'Essav et de Yichmael, de tuer si nécessaire et d'être féconds et de se multiplier au service d'Hachem.
Nous avons également mérité de prendre la terre de Canaan et de nous débarrasser de tout motif de plainte de la part des Cananéens. [puisque les autres nations ont refusé la Torah, c'est comme si le monde avait été détruit et reconstruit par le mérite de son acceptation par les juifs. La terre d'Israël devenant alors propriété des juifs. ]

Les nations non juives, pour leur part, ont eu une chance équitable et complète d'accepter la Torah. Non seulement cela, mais on la leur a offerte en premier.
Leur refus n'était imputable à personne d'autre qu'à elles-mêmes, en raison de leur incapacité à s'engager dans les mitsvot auxquelles elles étaient de toute façon tenues.
Seuls les Bnei Yisrael ont accepté la Torah et ont donc revendiqué le mérite de la continuité de l'existence du monde. Par conséquent, nous étions pleinement dignes de toutes ces bénédictions, que les nations auraient pu avoir mais qu'elles ont rejetées.

-> Les autres anges ont également offert des cadeaux à Moché lorsqu'il leur a prouvé que les Bné Israel étaient dignes de recevoir la Torah. Même l'ange de la mort lui a fait un cadeau en lui révélant le pouvoir et secret des kétoret pour arrêter une épidémie.
Alors qu'il a l'habitude de porter des accusations contre nous, même l'ange de la mort par le mérite de la Torah, il a plaidé en notre faveur.

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-> Les Richonim proposent d'autres raisons pour lesquelles Hachem a d'abord offert la Torah aux autres nations. Certains suggèrent que c'était pour le bénéfice des convertis qui allaient éventuellement naître de ces nations.
Puisque leurs ancêtres avaient entendu au moins une partie de la Torah, même si ces ancêtres l'avaient refusée, le parfum de la Torah demeurait profondément ancré dans leur identité nationale.
Ainsi, ces convertis disposaient d'un point de départ à partir duquel ils pouvaient se développer. Sans cette offre, il n'y aurait jamais eu de convertis parmi les nations.

Une autre suggestion est qu'Hachem savait que le peuple juif finirait par fauter et serait exilé parmi les nations. Hachem voulait que les nations soient exposées à la Torah, de sorte qu'à un certain niveau (même inconsciemment), elles puissent respecter l'étude de la Torah par le peuple juif, et nous permettre de continuer à étudier la Torah pendant que nous vivons sur leurs terres.

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+ Grâce à Avraham :

-> Hachem a créé la Torah 974 générations avant de créer le monde.
Après la création du monde, de nombreuses générations s'écoulèrent jusqu'au jour tant attendu où la Torah fut donnée à la nation élue.
Au début, il était possible pour n'importe quel individu de revendiquer la couronne de la Torah. Quiconque le souhaitait pouvait servir Hachem fidèlement et s'approprier cette couronne.
Cependant, dans les 10 générations d'Adam à Noa'h, et dans les 10 générations suivantes de Noa'h à Avraham, aucune personne de ce type n'est apparue. Ils continuèrent à irriter Hachem par leurs fautes, jusqu'à ce que finalement Avraham se lève et réclame la récompense qui avait été préparée pour eux tous, s'ils en avaient été dignes.
Ainsi, Avraham mérita que ses descendants soient ceux qui recevraient la Torah. Ses descendants, les Bné Israël, ont accompli leur destin lorsqu'ils ont accepté la Torah sans réserve, en disant : "Naassé vénichma" (nous ferons et nous écouterons). Il y eut alors une grande joie dans le monde entier, et la louange des Bné Israël fut connue dans toutes les nations.
[rabbi Yaakov Abou'hatséra - Dorech Tov]

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+ Its'hak décida qui de Yaakov ou d'Essav recevra la Torah :

-> voir : https://todahm.com/2024/06/04/itshak-decida-qui-de-yaakov-ou-dessav-recevra-la-torah

Shavouot – Moché a reçu toutes les explications de la Torah

+ Shavouot - Moché a reçu toutes les explications de la Torah :

-> Le Zohar (Raya Mehemna III,116a) nous dit que chaque mot de la Torah a 600 000 explications, toutes ont été révélées à Moché Rabbénou, dont l'âme englobait les 600 000 âmes des Bné Israel.

-> Le Arizal (chaar haGuilgoulim - intro 17) explique cela de la manière suivante :
"Il y a précisément 600 000 âmes générales (de Bné Israel), et pas plus. Toutes ces âmes sont enracinées dans la Torah, qui compte 600 000 explications selon pschat (l'explication simple), 600 000 explications selon rémez (allusions), 600 000 selon drouch, et 600 000 selon sod (les secrets de la kabbale).
De chaque explication de la Torah, une âme d'Israël est née. Dans le futur, chaque juif comprendra la Torah entière selon l'explication qui correspond à la source de son âme, et par laquelle il a été créé et amené à l'existence.

Certaines âmes peuvent comprendre 2 explications, voire plus. L'âme de Moché a compris les 600 000 explications. C'est pour cette raison que nos Sages nous dit que Moché connaissait même les nouvelles idées que les étudiants en Torah développeraient de nombreuses années plus tard. C'est parce que son âme englobait les 600 000 âmes des Bné Israel.
De même, les autres Sages connaissaient de multiples explications, en fonction du nombre d'âmes que leur propre âme englobait."

-> Le Chlah haKadoch (masse'het Shevouot - Torah Ohr 213) explique :
"L'âme de Moché était (une réincarnation de) l'âme d'Adam, qui comprend toutes les autres âmes ...
Il y a 600 000 âmes de Bné Israël, correspondant aux 600 000 lettres de la Torah.
Moché était l'âme générale, dont chaque juif individuel est un détail. A ce propos, Moché dit : "Il y a 600 000 personnes dans cette nation, dont je suis parmi eux (acher ano'hi békirbo - Béaaloté'ha 11,21), ce qui signifie que Moché est à l'intérieur de chaque juif.
Il a utilisé le mot "ano'hi", plutôt que le mot plus courant "ani", pour désigner le premier mot des 10 Commandements, car les âmes des Bné Israel sont l'esprit de la Torah.
Le Zohar (Tikouné Zohar 69,112a) déclare à ce sujet : "Moché continue à chaque génération", faisant référence aux 600 000 branches qui continuent constamment à partir de chacune des 600 000 racines."

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-> Rabbi Yaakov Abou'hatséra (Dorech Tov - 1er discours matan Torah) cite le Arizal qui affirme qu'il existe 600 000 explications de la Torah, correspondant aux 600 000 âmes des Bné Israel. Toutes ces explications ont été révélées à Moché, car son âme englobait toutes les âmes des Bné Israel.
Moché a permis à chaque juif de recevoir sa part de la Torah, chacun selon son niveau.

-> Selon le midrach (Chir haChirim rabba 1:65) :
Rabbi enseignait et il vit que son auditoire s'endormait. Pour les réveiller, il dit : "En Egypte, une femme a donné naissance à 600 000 enfants d'un seul coup.
"Qui était cette femme?" demanda Rabbi Yichmael, fils de Rabbi Yosse.
"Yocheved. Elle donna naissance à Moché, qui était l'équivalent des 600 000 Bné Israel"."

Les Bné Israël comptent 600 000 âmes, ce qui correspond aux 600 000 explications de la Torah.
Moshé reçut à lui seul l'ensemble des 600 000 explications, puisqu'il était l'équivalent de toute la nation juive.
Lorsque Rabbi dit que Yo'héved a donné naissance à 600 000 personnes à la fois, il fait référence à l'âme de Moché, qui a atteint la compréhension totale de la Torah, équivalente à l'ensemble des 600 000 âmes juives.

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-> Moché connaissait toutes les explications de la Torah. Alors que les autres prophètes recevaient leurs visions sous forme d'allusions qu'ils devaient déchiffrer, Moché se voyait expliquer tout cela avec une clarté parfaite (midrach Aggada - Béaaloté'ha, Bamidbar 12,8).
A ce sujet, le Rambam (intro à son commentaire sur la michna) écrit : "Hachem a donné à Moché chaque mitsva avec ses explications. D'abord, Hachem lui disait le verset ; ensuite, Il lui disait la signification et l'explication du verset, et toute la sagesse qu'il contient ...
Le verset lui-même était écrit, et les explications étaient transmises par tradition orale."

L'importance de cette tradition d'explication est soulignée par le Rambam (Hilkhot Téchouva 3:8), qui écrit que même si une personne croit que la Torah en général a été donnée par Hachem, si elle prétend qu'un seul verset ou un seul mot a été dit par Moché de son propre chef, ou si elle nie les explications qui ont été transmises dans la tradition orale, elle a le statut d'un apikorét (hérétique) qui nie la Torah.

[rabbi Yaakov Abou'hatséra - Dorech Tov - 1er discours matan Torah]

La lumière des chaloch régalim

+ La lumière des chaloch régalim :

-> Les 3 fêtes (chaloch régalim) : Pessa'h, Shavouot et Souccot sont le moyen par lequel la lumière de D. illumine l'année entière dans les trois dimensions de l'espace, du temps et de l'âme. [voir Séfer Yétsira 3,5]
Pessa'h accomplit cela dans la dimension du temps, puisque la distinction entre le levain ('hamets) et la matsa dépend du bref temps qu'il faut pour parcourir l'unité de distance connue sous le nom de mil.
Shavouot réalise cela dans la dimension de l'âme, puisque Shavouot commémore notre réception de la Torah.
Souccot accomplit cette transmission dans la dimension de l'espace grâce à la mitsva d'habiter dans la soucca.
Ces fêtes influencent toute l'année entière.

Il est possible d'attirer l'éclat divin qui brille pendant ces fêtes dans les jours de semaine ordinaires de l'année. Comment?
- en renforçant notre foi dans les miracles, nous étendons l'influence de Pessa'h ;
- en acceptant la Torah, nous attirons la luminosité de Shavouot ;
- et lorsque nous nous repentons et que nos fautes sont pardonnées, nous répandons la lumière de Souccot, qui est le point culminant des jours de crainte, lorsque nous recevons l'expiation de nos fautes.

[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev - Kédouchat Lévi - Bo 13,10]

Seul les juifs possèdent les traits de caractère pour recevoir la Torah

+++ Seul les juifs possèdent les traits de caractère pour recevoir la Torah :

Et il dit : "Hachem est venu du (mont) Sinaï, il a rayonné de Séir pour eux, Il est apparu du mont Paran, et s'est approché avec une partie des saintes myriades, de Sa droite Il leur [a donné] la Torah de feu. (Vézot haBéra'ha 33,2)

-> Rachi commente que "il a rayonné de Séir" fait référence à l'offre de la Torah aux fils d'Essav, et que "Il est apparu du mont Paran" est l'offre faite aux fils de Yichmaël. Tous deux refusèrent (la proposition d'Hachem de recevoir la Torah).

-> Le Maharal (Gour Aryé) enseigne :
La guémara (Avoda Zara 2b) affirme que lorsque Essav s'est vu offrir la Torah, il a demandé ce qui y était écrit. Lorsqu'on lui dit que l'interdiction du meurtre y figurait, il répondit : "Toute la bénédiction que j'ai reçue [de la part de Its'hak] était : "Tu vivras par l'épée". Nous ne voulons pas l'accepter."
De même, lorsqu'on offrit la Torah à Yichmael, il demanda ce qu'elle contenait. Lorsqu'on lui dit qu'elle contient l'interdiction de voler, il répondit : "Toute la bénédiction que j'ai reçue (d'Hachem) était 'il sera un homme sauvage qui aura la main sur tout'. Nous ne voulons pas l'accepter".

=> Pourtant, qu'ont-ils gagné à rejeter la Torah? Les interdictions de meurtre et de vol sont incluses dans les 7 lois noa'hides qui s'appliquent à toute l'humanité. En tant que tels, Essav et Yichmael étaient déjà obligés de respecter ces interdictions.

La réponse est que ce ne sont pas ces interdictions qui les ont poussés à rejeter la Torah. Au contraire, les bénédictions qu'ils ont reçues : "tu vivras par l'épée" (Béréchit 27,40) et "tu seras un homme sauvage" (Béréchit 16,12), ont démontré leur agressivité inhérente et leur inadaptation à la Torah.
Les voies de la Torah sont l'amabilité et la paix, contrairement à leur nature.
Bien que les autres nations non juives n'aient pas les traits agressifs d'Essav et de Yishmael, elles manquent toutes des qualités qui les rendraient aptes à recevoir la Torah.

En revanche, le peuple juif est éminemment apte à recevoir la Torah.
La guémara (Bétsa 25b) affirme que c'est parce qu'il est "effronté" (azim).
L'effronterie nous rend aptes à recevoir la Torah en raison de la difficulté inhérente à l'observation de la multitude de mitsvot de la Torah. Nous avons la ténacité et la persévérance nécessaires pour réaliser les 613 mitsvot de la Torah.

Cependant, l'effronterie a aussi un inconvénient, car la Torah qualifie le peuple juif "d'un peuple à la nuque dure" (am kéchei oréf - Ki Tissa 33,3). Ceux qui ont l'effronterie sont audacieux et tenaces, mais ils ne se repentent pas facilement de leurs transgressions.
Vers la fin de l'époque du premier Temple, les prophètes ont réprimandé le peuple juif pour s'être éloigné des voies de la Torah. Cependant, le peuple juif refusa catégoriquement d'écouter les prophètes par effronterie, ce qui l'empêcha d'admettre ses torts et de se repentir.

Les nations non juives qui n'ont pas cette caractéristique se repentent plus facilement. Cela explique la déclaration de nos Sages, qui ont dit que les nations non juives sont toujours "proches du repentir" (Rachi - Yona 1,1).
En effet, le prophète Yona était réticent à réprimander Ninive parce qu'il avait peur qu'ils se repentent et que la nation juive soit mal vue pour son refus de faire la même chose (Rachi - Yona 1,3).
En fait, c'est ce qui s'est finalement produit. (le repentir de Ninive fut cependant de courte durée et la ville fut finalement détruite).

Le don de la Torah

+++ Le don de la Torah (par le Sfat Emet) :

+ "Tout le peuple a vu le tonnerre [les voix] et les flammes, le son du shofar et la montagne fumante ; le peuple a vu et a tremblé et s'est tenu de loin" (Yitro 20,15)

-> Ce verset décrit le tremblement du peuple après avoir vu les voix du mont Sinaï.
Chaque mot de ce verset a une signification. Tout d'abord, la Torah souligne que le peuple tout entier a vu la voix, ce qui implique que chaque membre et chaque nerf de chaque individu a vu la lumière de la Torah. Il est bien connu que chaque membre du corps correspond à l'un des 248 commandements positifs, qui sont comparés à des étincelles émanant d'une source de lumière, la Torah.
Ainsi, à l'époque où la Torah a été donnée, chaque membre et chaque nerf du corps juif dans son ensemble a non seulement ressenti l'aura des mitsvot, mais a également été imprégné de la lumière de la Torah.

L'expression "les voix" (ét akolot), fait également allusion au même phénomène. Le mot "ét" (את) indique généralement la présence d'une dimension supplémentaire au-delà de la signification superficielle des mots. Ici aussi, nous pouvons déduire que l'expression "ét akolot" (אֶת הַקּוֹלֹת - les voix), fait allusion à la pénétration de la lumière de la Torah et des mitsvot dans chaque fibre de la personnalité juive.
[Sfat Emet - Shavouot 5640]

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-> Il est intéressant de noter que, malgré l'élément supplémentaire de l'audition, notre verset décrit cette expérience comme une expérience de la vue. Cela peut s'expliquer par le fait que, lorsque la Torah a été donnée, le peuple tout entier a atteint le même niveau de communication avec Hachem que celui dont les Patriarches avaient bénéficié, comme le dit Hachem (Vaéra 6,3) : "Je suis apparu à Avraham, à Its'hak et à Yaakov.
[Sfat Emet - Shavouot 5636]

-> Un autre objectif du miracle de la double perception (entendre, voir) peut avoir été de souligner le fait que la Torah est bien au-delà de tout un phénomène physique, y compris les sens.
Dans le cours normal de la nature, les sons sont perçus par les oreilles et la vue par les yeux ; dans le domaine de la Torah, cependant, cela peut être inversé.
[Sfat Emet - Shavouot 5631]

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-> Lorsque Hachem a commencé à prononcer les 10 Commandements. Les mots : "Je suis Hachem, ton D.", que le peuple a non seulement entendus mais aussi ressentis avec tous ses sens, pénétrant dans chaque fibre de son corps, ont laissé une marque indélébile dans la psyché juive.
... cette impression éternelle que Son nom a laissée sur le peuple dans son ensemble [ne pourra jamais être effacé].

Ainsi, l'expression "voir les sons" (ro'im ét akolot), fait référence à ce moment où un lien émotionnel inséparable a été forgé avec le Créateur, un lien qui ne permettra jamais à l'une des parties d'abandonner l'autre.
À ce moment-là, les juifs ont compris qu'Hachem était la source de leur âme, et donc de leur existence même.
La plupart du temps, la nature matérielle de notre existence obscurcit ce fait, mais ceux qui ont eu le privilège de se tenir au mont Sinaï ont pu voir que leur âme était enracinée dans Hachem.

Le 2e commandement : "Tu n'auras pas d'autres dieux en Ma présence" (lo yiyé lé'ha élokim a'hérim al panaï), n'est pas seulement une interdiction, mais aussi une promesse que rien ne mettra jamais en péril cette relation unique entre Hachem et Son peuple.
[...]

L'ambiance dramatique (éclairs, tonnerres, ...) entourant le don de la Torah était plus nécessaire au reste de l'humanité qu'aux juifs. C'est eux qui avaient besoin d'une preuve irréfutable qu'Hachem dominait le monde. Les juifs, cependant, ont une propension innée à voir la présence d'Hachem dans le monde, et une fois que D. leur a annoncé Sa volonté, ils l'ont acceptée immédiatement.

Il était normal que les juifs soient choisis pour témoigner de l'existence d'Hachem, comme le dit le prophète Yéchayahou : "vous êtes Mes témoins, dit Hachem" (atèm édaï néoum Hachem - v.43,10).
En tant que nation, nous avons une conviction innée de l'existence d'Hachem qui nous rend dignes d'en témoigner.
Une croyance qui repose sur des miracles spectaculaires peut être facilement érodée par les doutes et les épreuves ; chaque miracle a ses détracteurs. La croyance intuitive en Hachem, en revanche, ne peut jamais être réfutée.

Cette conviction innée, bien qu'elle existe en permanence, est particulièrement convaincante le Shabbath. La néchama yétéra (le "supplément d'âme" donné à tout juif à Shabbath) perçoit la Présence d'Hachem avec plus d'acuité que pendant la semaine.

Il convient de noter que la Torah dit que le peuple voit (kol a'am ro'im), au présent, plutôt qu'ils ont vu, au passé. Cela suggère que non seulement ceux qui étaient présents à ce moment-là, mais aussi toutes les générations futures ont cette capacité de "voir" une partie de la lumière du Sinaï.
En particulier, les prophètes de toutes les générations tirent leur inspiration des sources de la Torah qui ont jailli pour la première fois à ce moment spectaculaire.

L'utilisation au présent de 'voir' (ro'im), fait également allusion à la néchama (l'âme), une "partie" d'Hachem qui réside en chaque juif.
De la même manière qu'Hachem perçoit le passé et l'avenir aussi clairement que le présent, nos âmes résident à un niveau spirituel si élevé qu'elles peuvent "voir" des choses qui, normalement, ne sont qu'entendues.

Que voient donc nos âmes au quotidien?
Elles voient la même chose que ce qu'elles ont vu au mont Sinaï, les mots "ano'hi Hachem Eloké'ha" (Je suis Hachem, ton D.), aussi clairement qu'elles les ont vus la première fois.
Nous disons chaque jour dans le Shéma : "que je vous ordonne aujourd'hui" (achèr ano'hi métsavé'ha ayom), chaque jour Hachem nous ordonne de croire en Lui aussi clairement qu'Il l'a fait au mont Sinaï.
[et de cela notre âme en a clairement conscience au quotidien! ]
[Sfat Emet - Shavouot 5661 ; paracha Yitro 5661]

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-> "Tout le peuple a vu le tonnerre [les voix] et les flammes, le son du shofar et la montagne fumante ; le peuple a vu et a tremblé et s'est tenu de loin" (Yitro 20,14)

-> Pourquoi ce verset nous dit-il 2 fois que le peuple a vu ?
Peut-être que la 2e utilisation du mot "voir" indique une autre vision ; ils ont vu les générations futures qui seraient également censées accepter et observer la Torah.
Si c'est le cas, leur tremblement peut être dû à la crainte pour leurs descendants, qui devraient respecter la Torah sans avoir reçu le même esprit que celui qu'ils avaient reçu au mont Sinaï.
[Sfat Emet - Shavouot 5640]

-> Il est également possible qu'ils aient vu leur propre potentiel de croissance dans la Torah et qu'ils aient tremblé de peur de ne pas être assez forts pour réaliser leur potentiel.
Le début de notre verset fait également allusion à cette reconnaissance du potentiel : le peuple tout entier a vu les voix (kolot signifie voix et son, c'est-à-dire ici le tonnerre).
Le peuple ne s'est pas contenté de croire, il a vu la voix d'Hachem qui disait "Je suis Hachem, ton D." (ano'hi Hachem Eloké'ha) ; à ce moment-là, comme nous l'avons dit plus haut, il a pu voir et sentir les racines de son âme, c'est-à-dire son potentiel à servir Hachem.

Moché décrivit plus tard le don de la Torah par la phrase : "face à face, Hachem t'a parlé" (panim bépanim dibér Hachem ima'hem - Vaét'hnan 5,4).
Cette image (face à face) fait également allusion à la capacité de la Torah à montrer à chaque individu son potentiel. Cela repose sur l'idée que [la Torah est comme] un miroir dans lequel chaque personne se voit.
De la même manière qu'une personne regarde la Torah, la Torah lui renvoie son image. Plus une personne est disposée à exposer son moi intérieur à la Torah et à se laisser emporter par le désir de comprendre les profondeurs de la Torah, plus elle méritera de comprendre sa part unique dans la Torah, cette partie de la Torah qui parle à la racine de son âme.

Comme on le sait, nos Sages Sages ont souvent comparé la Torah à de l'eau : "les mots de la Torah sont comparés à de l'eau" (nimchélou divré Torah lamayim - guémara Taanis 7a). [de même : "l’eau ne fait référence qu’à la Torah" - guémara Avoda Zara 5b - én mayim ella Torah]
Peut-être nos Sages font référence à ces qualités de miroir de la Torah, à sa capacité à montrer à quelqu'un son véritable potentiel.
En outre, plus on s'efforce d'atteindre ses capacités en matière de Torah, plus la Torah reflète sa lumière sur ceux qui l'étudient.
[Sfat Emet - Shavouot 5639]

-> Notre verset se conclut par : "vayaamédou méra'hok" (ils se sont tenus [debout] à distance).
Dans son sens simple, ce verset suggère que le peuple s'est éloigné de la montagne, peut-être par crainte de l'obligation que sa proximité imposait sur eux ou imposera sur les générations futures.
D'un point de vue homilétique, cette phrase peut également être interprétée à la lumière du dicton de nos Sages (guémara Béra'hot 26b) : "én amida éla téfila" = le mot "debout" dans la Torah fait toujours référence à la prière.
Peut-être étaient-ils "debout" pour prier afin que leurs générations futures (évoquées dans le mot "ra'hot" - loin) soient dignes de la Torah donnée au mont Sinaï.
[Sfat Emet]

+ Le 'Hidouché haRim fait remarquer que les juifs se réfèrent à l'expérience au mont Sinaï comme du don de la Torah, en se concentrant sur le fait que la Torah a été donnée, et pas seulement sur le fait qu'elle a été reçue.
Il explique que ceci est parce que si nous nous souvenons qu'elle nous a été donnée, alors nous nous souviendrons également de celui qui l'a donnée, et c'est une partie intrinsèque de l'étude de la Torah : le privilège d'être connecté au à celui qui donne [constamment] la Torah.

Le 'Hidouché haRim explique que c'est ce que signifie le verset : "Torati al taazovou" (Ma Torah, ne l'abandonne pas - Michlé 4,2) = lorsque vous étudiez la Torah, n'oubliez pas qu'il s'agit de "Ma" Torah, le Donneur se partageant dans chaque mot.

Sinaï & Torah – la sincérité spirituelle

+ Sinaï & Torah - la sincérité spirituelle :

-> "Rava a enseigné que tout érudit dont l'intériorité ne ressemble pas à l'extériorité n'est pas un érudit en Torah" (guémara Yoma 72b).

Ceci provient d'un raisonnement à fortiori : si déjà l'Arche n'entend pas, ne parle pas et ne sait pas ce qu'elle contient en son sein (il est écrit à son propos : "Tu la recouvriras d'or pur à l'intérieur et à l'extérieur" (Térouma 25,11), afin qu'elle soit identique à l'intérieur comme à l'extérieur).
A plus forte raison, l'érudit qui voit, entend et sait ce qu'il y a en son for intérieur, devra être à l'intérieur comme à l'extérieur (to'ho kébaro - תוכו כברו). Il devra être sincère en spiritualité.

-> "Tout élève dont l'intérieur ne correspond pas à l'extérieur (to'ho kébaro - תּוֹכוֹ כְּבָרוֹ), qu'il ne mette pas les pieds dans la maison d'étude"
[Rabban Gamliel le jour où il a été nommé Nassi - guémara Béra'hot 28a]

On peut noter que :
- les 2 lettres internes (coeur) du mot : "to'ho" (intérieur - תוכו) sont וכ, de valeur 26 comme le Nom Divin (יהוה), ce qui représente la spiritualité que nous devons mettre sur notre coeur, comme il est écrit : "tu mettras sur ton coeur" (והשבת אל לבבך - Vaét'hanan 4,39).
- les 2 lettres extérieures de "kébaro" (כברו) sont les mêmes : כו.
Nous devons intégrer la spiritualité que nous connaissons à l'intérieur et à l'extérieur.

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-> On voit également cela dans les lettres cachées et révélées du mot סיני (Sinaï - qui représente la spiritualité puisque la Torah y a été donnée).
Les lettres cachées sont : סמך , יוד , נן , יוד ont une valeur numérique identique à celle des lettres extérieures.
En effet : ס a une guématria de 60, qui est la même que מ,ך.
De même, י est égal à 10, comme ו,ד.
Le נ est composé de 2 fois נ.

=> On voit également dans le terme Sinaï, symbole de la Torah, que notre spiritualité doit être autant présente dans notre intériorité que dans notre extériorité.

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-> Les lettres de Pharaon (פרעה) réarrangées forment הערף (aoref - la nuque). Le cou sépare les מח et לב , l'esprit (moa'h) et le cœur (lev). Cela symbolise celui qui n'intériorise pas ce qu'il sait.
Moché, quant à lui, était tout le contraire. Le midrach raconte que lorsque Pharaon a cherché à tuer Moché, le cou de Moché est devenu une colonne de marbre (en allusion dans Yitro 18,14).
A un niveau plus profond, cela signifie que les מח et לב de Moché ne peuvent être séparés. C'est le niveau auquel se trouvait Moché.

Une acceptation de la Torah contre nature

+ Une acceptation de la Torah contre nature :

-> L’offre de la Torah par Hachem aux nations a été refusée.
Les descendant d’Essav (עשו) demandèrent ce que contenait la Torah et se virent répondre : "ne tuez pas" (לא תרצח). C’était là un défi insurmontable pour eux car Essav était un chasseur (איש יודע ציד) et sa bénédiction était : sur ton épée, tu vivras ( על חרבך תחיה).
En fait, Essav est appelé un homme des champs (ich sadé - איש שדה), "sadé" étant l’acronyme pour : שופך דם האדם (chofé'h dam aadam) = celui versant le sang de l’homme (c’est-à-dire le meurtre ). [Rabbénou Efraïm - Toldot 25,27]
De leur côté, les descendants d’Ichmaël refusèrent à cause de l’interdit de l’adultère (לא תנאף).

=> Comment se fait-il que lorsque l’on offrit la Torah aux juifs, on ne leur donna pas ce qui constituait pour eux un défi (à l'image de ne pas tuer pour Essav, et de ne pas commettre d'adultère pour Yichmaël)?

-> Le Avné Nézer explique pourquoi la première mitsva commandée aux juifs au mont Sinaï était la mitsva de la Hagbala, le fait de fixer des limites autour de la montagne de Sinaï.
C’était pour ne pas donner d’argument aux nations du monde qui prétendraient avoir refusé la Torah car certaines mitsvot heurteraient leur nature, et non celle des juifs. Ils pourraient prétendre : si Hachem avait donné aux juifs une mitsva qui était contre leur nature, ces derniers non plus n’auraient pas accepté la Torah. Par conséquent, la mitsva de la Hagbala fut la première mitsva parce qu’elle heurtait la nature des juifs qui aspirent tant à la proximité avec Hachem, or en l’espèce, on leur ordonna de garder une distance.

Rachi (Yitro 19,9) cite l’expression : "notre volonté est de voir notre Roi" (מלכנו את לראות רצוננו). C’est pourquoi des limites ont été fixées, afin que nous ne montions pas sur la montagne, ni n’en touchions le bord (Yitro 19,12), car nous avons comme une sorte d’attraction magnétique vers Hachem.
Et nous savons qu’un homme ne peut voir D.ieu et survivre (Ki Tissa 33,20).

Ceci est comparable à celui qui place un aimant près du métal qui est alors attiré. De même, si Hachem se révélait à nous, notre âme nous quitterait à cause de l’attraction "magnétique".
Il est écrit : "Tu maintiendras le peuple tout autour, en disant (lémor - לֵאמֹר)" (Yitro 19,12), et on peut noter que ce terme לאמר est l’acronyme de : "rétsonénou lir'ot ét mal'houto" (מלכנו את לראות רצוננו).

=> ainsi comme avec chaque autre nation du monde on a proposé la Torah au peuple juif, avec la condition d'accepter quelque chose de contre nature.
Pour certaine il s'agissait du meurtre, pour d'autre de l'adultère, ... et pour le peuple juif il s'agissait de renoncer à son désir très intense de proximité avec Hachem, en acceptant de rester à distance lors du don de la Torah.
Cela implique que l'essentiel d'un juif est de faire la volonté d'Hachem sienne.

Recevoir la Torah – Quelques enseignements

+ Recevoir la Torah - Quelques enseignements :

=> Pourquoi est-ce que la Torah n'a-t-elle pas été donnée en Israël, la terre la plus propice à atteindre la sainteté?

-> c’est afin que les nations du monde n'aient pas une excuse, clamant que si la Torah aurait été donnée dans un lieu sans propriétaire, ils auraient également eu une part en elle.
Si la Torah aurait été transmise sur la terre des juifs, les nations du monde auraient pris cela comme un signe que la Torah est exclusivement du domaine de la nation juive. [alors que D. l'a proposée aux autres nations, et ils n'auront ainsi pas d'excuse lors de la venue du machia'h]
[midrach, cité dans le Tiféret haGuerchouni - Bamidbar]

-> Ce même midrach, rapporte que c'est afin que les tribus d’Israël ne se disputent pas le fait que la Torah soit donnée sur leur territoire.
De plus, le midrach (Bamidbar rabba 19,26) rapporte que la tribu d'où sera donné la Torah affirmera alors que sa tribu a un attachement plus fort avec la Torah.

-> si la Torah aurait été donnée en Israël, chaque tribu aurait ensuite été préoccupée par le fait de s'occuper de leurs champs et de leurs vignes, négligeant du coup l'étude de la Torah.
C'est pourquoi Hachem a transmis la Torah aux juifs dans le désert, et Il leur a fourni la manne du Ciel afin qu'ils soient libérés des poursuites matérielles, et qu'ils puissent se focaliser exclusivement sur l'étude de la Torah.
[Panéa'h Raza - Chémot 19,1]

-> si la Torah avait été donnée en terre d'Israël, les gens auraient cru à tord que son accomplissement dépendait du fait de vivre sur cette terre.
[rabbi Binyamin Wurzburger]

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-> La guémara (Shabbath 88b-89a) rapporte que "Quand Moché est monté au ciel pour recevoir la Torah de D.", les anges ont protesté devant D. : "Que fait un être humain parmi nous?"
Il leur a dit : "Il est venu pour recevoir la Torah".
Ils lui dirent : "Ce trésor ésotérique, qui est demeuré caché auprès de Toi pendant 974 générations avant la création du monde, Tu veux le donner à un être de chair et de sang? ... Place Ta gloire sur les cieux!"
Dit D. à Moché : "Réponds-leur".
[Moïse] dit : "Maître de l’Univers! Cette Torah que Tu me donnes, qu’est-ce qui y est écrit? “Je suis Hachem, ton D., qui t’ai fait sortir du pays d’Égypte.” Êtes-vous descendus en Égypte? Avez-vous été asservis à Pharaon? Pourquoi la Torah vous reviendrait-elle? Que dit-elle d’autre? “Vous n’aurez pas de dieux étrangers.” Habitez-vous parmi les nations adoratrices d’idoles? Que dit-elle d’autre? “Souviens-toi du jour du Chabbat.” Travaillez-vous? ... Que dit-elle d’autre? “Ne fais pas de faux serment.” Faites-vous des affaires? Que dit-elle d’autre? “Honore ton père et ta mère.” Avez-vous des parents? Que dit-elle d’autre? “Tu ne tueras pas, tu ne commettras pas d’adultère, tu ne voleras pas.” Y a-t-il de la jalousie parmi vous? Avez-vous un mauvais penchant?"

=> A quoi les anges pensaient-ils en premier lieu? Est-ce que l'argument de Moché n'était-il pas évident : que la Torah est légitimement destinée à l'homme et non aux anges?

-> Les commentateurs expliquent que la Torah est entièrement composée de Noms d'Hachem et elle contient les secrets les plus profonds de la Création.
[pour cette raison la Torah n'a pas été donnée avec les voyelles et la ponctuation, puisqu'il y a plusieurs alternatives de lire la Torah qui sont au-delà de la compréhension humaine.
Selon le Radbaz (3,643), les lettres de la Torah sont comme un corps, tandis que les voyelles et la ponctuation en sont son âme.
C'est pourquoi il y a des enseignements plus profonds dans les voyelles de la Torah que dans ses lettres et mots en eux-mêmes. ]

Puisque l'homme est incapable d'apprécier la lumière cachée de la Torah, les anges ont argumenté qu'elle doit donc rester au Ciel.
Moché a répondu que les juifs ont un droit supérieur à la Torah : alors que les anges ne peuvent compter que sur leur facette purement spirituelle, les êtres humains ne sont pas uniquement capables d'étudier la Torah (bien qu'à un niveau inférieur aux anges), mais en plus ils peuvent l'accomplir d'une manière tangible.

-> Rabbi Yé'hezkel Abramsky ('Hazon Yé'hezkel - Kovets Maamarim) répond que certainement les anges savaient que la Torah n'était capable d'être mise en pratique que par les êtres humains.
Ils voulaient simplement que la sagesse de la Torah et la capacité de trancher les points douteux de la halakha reste au Ciel.
Moché a répondu que seul quelqu'un qui pratique la Torah est en position de convenablement la comprendre et de statuer sur ses décisions.
C'est la base du principe : "Torah lo bachamaïm hi" (la Torah n'est pas au Ciel), puisque la Torah suit l'interprétation des êtres humains qui pratiquent activement la Torah.
[quelque soit l'avis au Ciel, si nos Sages sur terre en décident autrement, c'est leur décision qui est adoptée.
En ce sens, voir le pouvoir de nos Sages : https://todahm.com/2018/10/10/7187-2 (dont les exemples de la guémara Baba Métsia où Hachem proclame : "Mes fils M'ont vaincu")]

-> Le rav Yonathan Eibschutz (Yaarot Dvach - vol.1 drouch 15) suggère une autre approche.
Certainement, les anges ont réalisé que c'est l'homme, et non les anges, qui étaient les destinataires de la Torah. Néanmoins, puisque le rôle des anges et de porter la volonté d'Hachem sur terre, ils voulaient être les agents qui allaient transmettre la Torah aux juifs.
C'est pourquoi, ils ont argumenté que puisque la Torah est un trésor spirituel convoité, sa transmission via les anges allait conférer un plus grand honneur à la Torah que si cela était transmis par le biais de simple mortel, comme Moché.
Moché a été d'accord qu'il convenait à la sainte Torah d'être transmise par l'agent le plus spirituellement élevé. Mais Moché a rétorqué que c'est l'homme, et non les anges, qui sont spirituellement supérieurs.
Moché a apporté une preuve des juifs qui ont été capables de surmonter un environnement si impur en Egypte.
Au moment de la sortie d'Egypte, il est écrit : "Je traverserai le pays d'Egypte cette nuit-là" (Chémot 12,12). Nos Sages déduisent que D. a Lui-même frappé les premiers-nés, sans envoyer un ange ou un émissaire pour le faire.
Le Zohar (I,117a) explique que l'impureté de l'Egypte était tellement forte, que même les anges pourraient en être impactés (spirituellement) s'ils venaient à y entrer, et c'est pour cela que D. Lui-même devait passer en Egypte afin d'y amener la dernière plaie.
Alors que tout ange aurait été incapable de survivre spirituellement à l'impureté très forte de l'Egypte, les juifs y ont survécu pendant toute leur période d'esclavage sans tomber au fin fond des profondeurs de l'impureté spirituelle.

[On peut également citer :
- Le midrach (Pirké déRabbi Eliezer - chap.22) rapporte que les anges ont été mis dans le monde à l'époque de Caïn, et ils ont tellement été attirés par la matérialité, qu'ils en sont venus à commettre les pires abominations.
[ces anges qui sont venus sur terre avant le Déluge, transformés en être humain, sont devenus de très grands fauteurs. Quelques soient les époques les juifs se battent continuellement contre leurs envies interdites, et parviennent au final à rester des personnes pieuses. (à l'image du tsadik qui tombe 7 fois, mais qui repart toujours de l'avant capitalisant sur sa téchouva)]
- Le rav Yaakov Galinsky enseigne que les anges qui sont venus détruire la ville de Sodome, ont développé un certain niveau de matérialité.
En effet, ils ont dit : "nous sommes sur le point de détruire ce lieu" (Béréchit 19,13), comme si c'était, par eux-mêmes, qu'ils possédaient le pouvoir de détruire.
En punition, ils ont été chassés de la présence divine pendant une durée de 138 ans (midrach Béréchit 50,9). ]

Le rav Yonathan Eibschutz conclut : tout cela démontre que les humains sont plus importants que les anges, et c'est pourquoi il convient davantage que les êtres humains qui soient les intermédiaires recevant la Torah pour l'homme. [ainsi à l'image de Moché, la Torah nous est transmise par nos Sages, et non par le biais des anges]

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-> La guémara (Shabbah 88b) rapporte que lorsque Hachem a dit aux anges qu'Il allait donner la Torah aux juifs sur le mont Sinaï, ils sont devenus jaloux et ont dit : "Maître du monde, la convoitée et précieuse Torah que Tu as au Ciel, as-Tu l'intention de la donner aux humains impurs et fauteurs?"

=> Cette guémara, ainsi que d'autres sources (ex: Rachi Béréchit 1,26 ; Tossafot Béra'hot 3a ; Zohar I intro 5a&9b), nous montre clairement que les anges possède un trait de jalousie.
Cependant d'autres sources explicites (ex: guémara Shabbath 89a ; midrach Vayikra rabba 9,9) affirment que les anges n'ont aucune jalousie.
Comment comprendre cette contradiction?

On peut citer comme explications :
1°/ les anges ne sont pas jaloux des autres anges, même de ceux qui sont à des niveaux plus élevés (dont proches d'Hachem).
Cependant, les anges sont jaloux des êtres humains, qui proviennent de la terre, possédant de grandes qualités spirituelles à égalité avec les anges eux-mêmes.
[Divré David (l'auteur du Touré Zahav) - Béréchit 1,26 ; Zohar 'Hadach (Chir haChirim 69b)]

2°/ Rabbénou Bé'hayé (Vaéra 6,3) n'est pas d'accord.
Selon lui, il est certain que les anges ne possèdent pas le trait de la jalousie.
D'abord, la jalousie est le résultat du yétser ara (mauvais penchant), et les anges ne possèdent pas de yétser ara.
Un paysan ne sera pas jaloux du roi, ni un fou d'un sage, puisque leur position dans la vie est si totalement différente l'une de l'autre.
[la guémara (Avoda Zara 55a) explique cette idée que l'on est vraiment jaloux que de ce qui est dans la même sphère atteignable que nous. (en général, je ne jalouse pas ce que je sais inatteignable pour moi)]
C'est pourquoi, lorsque l'on parle de "jalousie" en allusion aux anges, cela est une expression empruntée et signifie simplement qu'ils n'ont aucune idée de pourquoi un simple être matériel doit recevoir un trésor spirituel si énorme : la Torah.

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+ Honneur à la Torah & étude :

-> La guémara (Méguila 21a) analyse une apparente contradiction entre 2 versets au sujet de la position de Moché lorsqu'il étudie la Torah avec Hachem.
Un verset dit : "je me suis assis sur la montagne" (Ekev 9,9), tandis qu'un autre dit : "je me suis tenu debout sur la montagne" (Ekev 10,10).
Une réponse donnée par la guémara est que Moché étudiait les passages faciles debout, et les parties difficiles [de la Torah] assis.

-> Rabbi 'Haïm de Volozhin (Peninim méChoul'han Gavoa - Ekev 9,9) explique qu'idéalement on devrait toujours être debout lorsque l'on étudie la Torah afin d'accorder à la Torah l'honneur qui lui revient.
Cependant, lorsque l'on étudie un passage difficile de la Torah, une personne n'est pas capable de pleinement se concentrer sur le sujet à moins qu'il ne soit assis.
Pour lui, lorsque nous sommes confrontés à ces 2 idéaux : témoigner de l'honneur à la Torah versus l'étude à proprement dite de la Torah, cette guémara démontre que l'étude de la Torah a la priorité.

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+ Une transmission joyeuse :

-> La guémara (Nédarim 38a) dit que : "le pilpoul (art de la dialectique) de la Torah a été donné à l'origine uniquement à Moché et à ses descendants, mais Moché a agi avec magnanimité, et il l'a donné à tout Israël".

Il est certain que cette affirmation ne peut pas être comprise telle quelle, puisque la Torah ne peut être correctement comprise que par le biais du pilpoul, et il n'y a pas de doute que dès le début Hachem avait l'intention que cet aspect de la Torah soit transmis à tout Israël.
=> Comment comprendre cela?

-> Le rav Avraham Pam répond que la Torah ne peut être transmise que par quelqu'un qui désire joyeuse la partager à d'autres.
Moché a été choisi pour recevoir la Torah précisément parce qu'Hachem savait qu'il avait un esprit magnanime.
A tel point que le 'Hatam Sofer (début de 'Houkat) écrit que lorsque Hachem a enseigné à Moché les secrets des lois de la vache rousse et lui a donné l'instruction qu'il n'avait pas le droit de les révéler, alors cela a causé énormément de peine à Moché, et il ressentait que cela aurait été mieux s'il n'avait jamais appris ces secrets plutôt que de les avoir appris et être incapable de les partager avec autrui.

Les Sages (midrach Tan'houma Chémot 16) comparent un sage en Torah aux nombreux ornements que porte une mariée.
De même qu'il est de coutume pour une mariée de montrer joyeusement ses bijoux à tous ses amis et connaissances, de même un sage en Torah aime la Torah tellement qu'il ne peut pas la garder à l'intérieur de lui, mais plutôt la partager avec tous ceux qui souhaitent l'entendre.
Le rav Avraham Pam rapporte qu'il a été de nombreuses fois témoins d'à quel point lorsque de grands sages en Torah découvraient une nouvelle idée de Torah, ils étaient joyeux de pouvoir la partager avec la première personne qu'il rencontrait, même à un jeune étudiant en Torah, d'une façon similaire à une personne qui gagnerait à la loterie ou qui trouverait un trésor cher et qui le montrerait avec excitation avec tout ceux qui sont autour de lui.

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+ Un cadeau aux humbles :

-> Dans la fameuse lettre du Ramban à son fils, il exalte la qualité de l'humilité : "l'humilité est le trait de caractère le plus positif, comme nous trouvons que c'est la seule qualité pour laquelle la Torah va louer Moché. En conséquence de son humilité, Moché a mérité de devenir celui qui va transmettre la Torah [à Israël] et devenir le maître de tous les prophètes".

-> Rabbi Moché Yé'hiel Epstein (Ech Dat vol.11) explique que même Moché n'était pas digne d'apprendre la Torah directement d'Hachem.
Pour cette raison, Moché n'arrêtait pas d'oublier la Torah que Hachem lui enseignée pendant la durée qu'il a passé au Ciel, jusqu'à ce qu'Hachem lui donne la Torah comme un cadeau. [guémara Nédarim 38a ; midrach Chémot rabba 41]
Moché a mérité de recevoir la Torah comme un cadeau car il a trouvé grâce ('hen - חֵן) aux yeux d'Hachem en résultat de son humilité, comme il est écrit : "aux humbles Il donne la grâce" (laanavim yiten 'hen - Michlé 3,34).

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-> Le rav Yérou'ham Lévovitz (Daat Torah - Chémot) commente qu'avant que quelqu'un ne commence à étudier la Torah, il doit maîtriser l'alphabet hébraïque.
La nation juive a étudié le "alef-beit" au mont Sinaï en préparation de la réception de la Torah.
Le "aléf-beit" pour accepter la Torah consiste principalement à internaliser humblement l'attitude qu'on est redevable d'obligations envers Hachem, sans fanfare ni grandiosité pieuse.

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-> "Lorsqu'Israël s'est tenu au mont Sinaï, leur impureté a été retirée" (guémara Shabbath 146a).
=> Pourquoi la guémara attribue l'élimination de leur impureté à leur position au mont Sinaï, plutôt qu'en raison de leur acceptation de la Torah?

-> Le Ben Ich 'Haï (Benayahou - Shabbath 146a) explique que leur retour à l'état original de non contamination par la faute (pur comme Adam avant la faute), a été le résultat de leur humilité.
Puisque Hachem fait reposer Sa présence sur celui qui est humble, le feu de la Présence Divine (Chékhina) s'est posé sur eux et a brûlé toutes les traces d'impureté qu'ils possédaient.
C'est pourquoi nous attribuons l'élimination de leur impureté au fait qu'ils se sont tenus au mont Sinaï, puisque le mont Sinaï s'est distingué par son humilité.
[tous les juifs s'y sont tenus comme un seul = sous-entendant que chacun était à sa place (sans orgueil) formant par cela une unité parfaite]

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-> Rabbi Yérou'ham Lévovitz (Daat 'Hokhma ouMoussar - vol.2 chap.30) explique comment tout le monde a 2 composants : le niglé (l'extérieur visible) et le nistar (l'essence cachée).
Prenons le feu par exemple. La flamme que nous sommes capables de voir est le "niglé", tandis que les forces qui donnent au feu le pouvoir d'illuminer et de consumer sont invisibles.
L'objectif de la Torah est d'arriver au "nistar", la partie qui est au-delà de la compréhension humaine mais est suivie d'une simple foi.
C'est pourquoi les Bné Israël ont déclaré tout d'abord : "nous ferons" (naassé) sans comprendre, qui est l'essence (nistar) de la Torah.
[ le terme "nistar" dans ce contexte ne fait pas référence aux enseignements mystiques de la Torah, mais plutôt à l'essence cachée de la Torah qui est accessible à tous.]
Par le mérite d'atteindre l'essence de la Torah, en ce qu'on se considère comme un complet ignorant totalement dépourvu de sagesse par rapport à l'infinie profondeur de la Torah, alors on se voit révéler de plus en plus une compréhension du révélé de la Torah (niglé).

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La Torah Orale (au sens des 6 traités de michna) :
- commence par la michna Béra'hot et avec un "mém ouvert" (מאימתיי).
En effet, les premiers mots sont : "méémataï korim ét Shéma" (מאימתיי קורין את שמע - A partir de quelle heure peut-on réciter le Shéma?) ;
- et se termine par la michna (Ouktsin), dont la dernière lettre est un "mém fermé" (בַשָּׁלוֹם).
En effet, elle se finit par le Téhilim (29,11) : "Que Hachem donne de la force à Son peuple! Que Hachem bénisse Son peuple par la paix!" (ה' עֹז לְעַמּוֹ יִתֵּן ה' יְבָרֵךְ אֶת עַמּוֹ בַשָּׁלוֹם).

La guémara (Shabbath 104a) rapporte que la lettre ouverte "mém" (מ) signifie : "ouvert" ou "un enseignement bien compris", tandis que la lettre fermée "mém" (ם) signifie : "fermé" ou "enseignement caché".
De façon imagée cela nous transmet qu'avant qu'on commence à étudier, nous devons nous imaginer que la totalité de la sagesse de la Torah est facilement accessible et ouverte devant nous. Ce n'est qu'après qu'on a fini d'étudier qu'on deviendra humble, conscient que notre intellect est en fait extrêmement limité.
[rav M.Munk]

L’expérience au mont Sinaï – Quelques enseignements

+ L'expérience au mont Sinaï - Quelques enseignements :

=> Par quels noms la Torah appelle-t-elle le mont Sinaï?

1°/ midbar Tsin = le désert de Tsin = car les juifs y ont reçu l'ordre (nitstavou) d'observer la Torah.
Egalement, "tsin" est relié à "zanah" (faire défaut). A Tsin, le érev rav a mal parlé de la manne.

2°/ midbar kadech = car les juifs s'y sont sanctifiés (niskadchou).

3°/ midbar kédmot = car ce qui est primordial (kédouma) : la Torah y a été donnée.

4°/ midbar Paran = car les juifs s'y sont fructifiés et multipliés.
En effet, Rachi (guémara Shabbath 89b) explique qu'après le don de la Torah, chaque femme mariée est tombée enceinte d'un garçon.

5°/ midbar Sinaï = car le don de la Torah a créé de la haine (sin'a) chez les idolâtres envers les juifs.

6°/ har 'horev = parce que la ruine/destruction ('hourba) est venue sur les idolâtres pour avoir rejetés l'opportunité qui leur avait été faite d'accepter eux-mêmes la Torah.
[guémara Shabbath 89a-b ; Otzer haMidrachim 'Houkat 20,1]

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-> Dans la Haggada de Pessa'h, il est écrit : "même s'Il nous avait amené au mont Sinaï mais qu'il nous aurait pas donné la Torah, cela aurait été suffisant" (im lo natan lanou ét haTorah, dayénou).
=> Quel bénéfice aurions-nous acquit par le fait d'être au mont Sinaï si nous n'y avions pas reçu la Torah?

On peut citer les réponses suivantes :
1°/ La guémara (Shabbath 146a) affirme que lorsque les juifs se sont tenus devant le mont Sinaï : "leur impureté a été retirée" (paska zouhamatam). [Kol Bo ; Aboudraham]

2°/ pendant les jours de séparation avant de recevoir la Torah, on a enseigné aux juifs les secrets mystiques de la Torah. [Michtam (p.138)]

3°/ "s'Il ne nous avait pas donné la Torah" = cela fait référence aux 2 premiers Commandements des Tables de la Loi, qui nous ont été donné directement par Hachem. Ils auraient sinon pu venir par Moché, comme le restant de la Torah. [Kol Bo ; Or'hot 'Haïm]

4°/ par le fait de se rapprocher du mont Sinaï, les juifs ont mérité d'avoir de la crainte d'Hachem, comme il est écrit au sujet de l'expérience au Sinaï : "c'est pour que Sa crainte vous soit toujours présente, afin que vous ne péchiez point" (Yitro 20,16)
Ainsi, la guémara (Nédarim 20a) dit quelqu'un qui n'a pas un trait de caractère d'avoir honte/d'être embarrassé, alors c'est une preuve que ses ancêtres n'étaient pas présents au mont Sinaï (מִי שֶׁאֵין לוֹ בּוֹשֶׁת פָּנִים בְּיָדוּעַ שֶׁלֹּא עָמְדוּ אֲבוֹתָיו עַל הַר סִינַי).

5°/ Rabbi Avraham Pam compare cela à quelqu'un qui entre dans une parfumerie ou un fleuriste. Même s'il n'achète rien, ses vêtements vont absorber un parfum agréable.
De même, si nous avions été présents au mont Sinaï uniquement pour profiter de la présence d'Hachem, alors cela aurait été suffisant pour laisser une impression dans notre âme.

6°/ "s'Il ne nous avait pas donné la Torah" = cela signifie la Torah dans son entièreté avec tous ses détails et commandements spécifiques, mais plutôt qu'Il nous avait donné que quelques commandements. [Zéva'h Pessa'h (haggada)]

7°/ lorsque les juifs se sont tenus au mont Sinaï, Hachem sépara les cieux et la nation entière vit le Char Céleste Divin (merkava eliyona). [Zohar - Chémot 82a]
Cette perception a permis aux Bné Israël d'accomplir toutes les mitsvot, tout comme Avraham a été capable de garder toutes les mtisvot car il comprenait le Char Céleste Divin.
Si la Torah n'aurait pas été donnée à Israël, ils auraient pu accomplir la Torah dans la catégorie de ceux qui réalisent les mitsvot de façon volontaire, sans en avoir reçu l'ordre. (énam métsavim véossim).
Hachem, dans Sa bonté, nous a donné la Torah qui nous ordonne d'observer les mitsvot, car il est préférable de garder les mitsvot en étant obligés de les faire (métsavim véossim) [on a alors plus de valeur à le faire, car c'est plus dur de faire quelque chose lorsqu'on en a l'obligation].
['Hayé Adam (Haggada Toldot Adam)]

8°/ Même si nous n'avions pas reçu la Torah, nous aurions quand même dérivé une leçon d'humilité du choix d'Hachem de choisir le mont Sinaï la plus petite des montagnes.
[Haggddah Aish Dat (basé sur guémara Sota 5a)]

9°/ La guémara (Sanhédrin 59a) déclare que les non-juifs qui étudient la Torah sont passibles de mort car la Torah est un héritage exclusif des juifs.
Selon cela "s'Il ne nous avait pas donné la Torah" = cela signifie qu'Il n'aurait pas donné la Torah exclusivement aux juifs, mais qu'Il aurait également permis aux non-juifs de l'étudier.
[rav de Brisk - Haggada miBeit haLévi]

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-> La guémara (Nédarim 20a) dit quelqu'un qui n'a pas un trait de caractère d'avoir honte/d'être embarrassé, alors c'est une preuve que ses ancêtres n'étaient pas présents au mont Sinaï (מִי שֶׁאֵין לוֹ בּוֹשֶׁת פָּנִים בְּיָדוּעַ שֶׁלֹּא עָמְדוּ אֲבוֹתָיו עַל הַר סִינַי).
=> Comment est-ce ainsi?

-> Le Maharal (Nétivot Olam - Nétsiv Boucha) explique que l'objectif de ce phénomène sublime de la Révélation au mont Sinaï était "pour que Sa crainte vous soit toujours présente" (Yitro 20,16).
Cela peut être comparé à un roi qui se révèle personnellement à sa population lors de la publication de ses décrets. Ses sujets sont remplis d'une telle admiration pour la présence du roi qu'ils ont honte d'agir de manière déloyale avec lui.
La guémara transmet que l'expérience impressionnante du don de la Torah était si intense et profonde que cela n'a pas imprégné ceux qui étaient présents physiquement au mont Sinaï, mais cela a également été transmis dans les gènes de tous leurs futurs descendants.
Ainsi, une personne qui manque de honte et qui n'a aucune inhibition à fauter, il est certain que ses ancêtres n'étaient pas présents au mont Sinaï.

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+ L'appel du Sinaï est éternel :

-> "Chaque jour, une voix Céleste (bat kol) émane du mont Sinaï, proclamant ces mots : 'Malheur à l'humanité pour son mépris de la Torah'." (Pirké Avot 6,2)

=> Quel est l'intérêt de cette voix de D. sortant du Mont Sinaï si elle est inaudible?
Personne n'a jamais rapporté avoir entendu cette voix céleste.

-> Le Baal Chem Tov enseigne :
"La voix de D. ne peut être entendue par l'oreille, mais elle est perçue par la néchama, l'âme.
Chaque fois que le remord s'éveille en nous et nous incite à examiner notre conduite et à regretter les mauvaises actions que nous avons commises, cela vient de l'appel de D. perçu par la néchama."

-> Le Toldot Yaakov Yossef, l'élève principal du Baal Chem Tov rapporte au nom de son maître :
En-Haut, d'où proviennent les voix Céleste, il n'y a pas de mots, ni de paroles ; il n'y a qu'une réalité spirituelle connue comme : "olam haMakh'chava" (le monde de la pensée).
Ainsi, toute pensée de téchouva qu'a une personne, tout appel à revenir vers Hachem et à Son chemin, ces pensées et sentiments sont le son de la voix du Ciel.
Par le biais de nos pensées de téchouva (repentir), nous écoutons vraiment la voix de D. (bat kol).
[rapporté dans le Kéter Chem Tov]

-> Rabbi Yé'hezkel Abramsky ('Hazon Yé'hezkel - Yitro 19,6) enseigne qu'il y a un aspect de ce qu'on a vécu au mont Sinaï qui continue jusqu'à aujourd'hui. Les sons du Sinaï continuent de résonner profondément dans l'âme de chaque juif, et alors que quelqu'un peut tenter d'étouffer ce son son/bruit [intérieur], il ne pourra jamais l'éliminer complétement.
Quelle que soit la distance à laquelle une personne a pu s'éloigner de la Torah, ou de la quantité d'efforts elle a pu investir pour faire taire la voix d'Hachem, les sons du Sinaï continuent d'exercer une force infaillible sur son âme, l'invitant à se reconnecter à sa source.

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-> La nation juive s'est faite reprocher de s'être endormie la veille du don de la Torah.
=> Quelle était leur raison de choisir de dormir la nuit si propice avant de recevoir la Torah?

-> Certains expliquent qu'ils s'attendaient à recevoir la Torah par le biais de la prophétie. Or, la prophétie est reçue généralement lorsque l'on dort (à moins d'être à un niveau spirituel extrêmement élevé), ils sont donc allés dormir pour se préparer comme il le faut à la prophétie.
De plus, le Rokéa'h écrit que les 50 jours entre Pessa'h et Shavouot correspondent aux 50 niveaux d'illumination [spirituelle] (noun chaaré bina). Puisque le 50e niveau est extrêmement difficile à atteindre, ils ont pensé l'atteindre plus rapidement en dormant.
[rapporté par rabbi Shalom Kamenetsky]

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-> Lorsque les juifs ont entendu le premier Commandement provenant directement de la bouche d'Hachem, leur âme a quitté leur corps. Hachem les a alors ramenés à la vie avec la rosée qui sera utilisée au moment de la résurrection des morts (té'hiyat amétim). [guémara Shabbath 88b]

=> Pourquoi Hachem a-t-il procédé ainsi? Pourquoi ne les a-t-Il pas simplement maintenu en vie?

On peut citer :
1°/ Une personne a besoin d'un corps pur, sans faute, pour recevoir la Torah. Les nombreuses fautes que les juifs ont transgressées alors qu'ils étaient en Egypte ont souillé leur corps à tel point qu'ils n'étaient pas capables d'entendre la parole d'Hachem.
Hachem leur a alors soumis un processus de mort et de renaissance afin que leur corps soit recréé pur, comme une nouvelle entité physique, méritante de [pleinement] recevoir la Torah.
[rav Yonathan Eibschutz (Yaarot Dvach -vol.1)]

Le rav Eibschutz écrit ensuite qu'un événement similaire va se passer dans le futur avec la venue du machia'h. En exil, les juifs vont se lamenter : "Nos os sont desséchés, notre espoir est perdu" (Yé'hezkel 37,11), et étant donné qu'ils sont répugnants pour Hachem en raison de leurs nombreuses fautes, ils ne seront pas mériants pour la Délivrance.
Hachem a montré à Yé'hezkel la vision de la vallée des os desséchés qui vont miraculeusement revenir à la vie (voir Yé'hezkel 37,1-14) afin de démontrer que Hachem va également recréer la nation juive d'une manière au travers de laquelle toutes leurs impuretés seront retirées.
Comme le midrach (Vayikra rabba 30,3) l'affirme : " [il est écrit : ] 'le peuple à naître loue Hachem' (Téhilim 102,19). Dans le futur, Hachem va regénérer les juifs en tant qu'une entité nouvellement née (briya 'hadach)".

2°/ Lorsque les juifs se sont tenus au mont Sinaï, leur corps physique était une barrière qui a empêché leur âme de pouvoir directement se lier/connecter avec Hachem.
Il était donc nécessaire que leur âme quitte leur corps pour qu'ils puissent entendre la voix d'Hachem.
[rabbi Barou'h Ber Leibowitz]

3°/ Il y a une différence fondamentale entre les premières et les secondes Tables de la Loi (lou'hot) qui ont été données sur le mont Sinaï.
Les premières Tables de la Loi ont été données entièrement en tant que cadeau du Ciel d'En-Haut sans aucun effort de la part d'Israël. Pour souligner le fait qu'ils ont reçu la Torah au-delà de leurs capacités humaines et d'une manière totalement passive, leur âme les a quittés lorsqu'ils ont entendu les paroles d'Hachem.
En revanche, les 2e Tables de la Loi ont été données d'une manière qui nécessitait qu'Israël fasse des efforts assidus afin de parvenir à comprendre Ses mots.
[rabbi Eliézer Ginzberg - Vayomer laKotzrim]

4°/ L'âme des juifs les a quittés au don de la Torah pour démontrer qu'avec leur acceptation de la Torah, ils pourront survivre à l'avenir d'une manière complètement miraculeuse et surnaturelle.
[rabbi David Keviat - Souccat David (Moadi - Shavouot)]

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-> Au don de la Torah, le verset affirme : "Et la montagne [de Sinaï] était embrassée de feux, jusqu'au cœur des cieux, obscurité, nuée et nuage épais" (Vaét'hanan 4,11).
=> Pourquoi Hachem a-t-Il révélé la lumière de Sa sainte gloire aux juifs parmi des nuages d'obscurité?

-> La Mékhilta (Messekhta débé'hodech 9) enseigne que : "obscurité, nuée et nuage épais" ('hoché'h, anan, vaarafél) sont 3 formes de barrières qui servent de séparation entre les juifs et Hachem.
Alors que la nation juive était uniquement capable de se lier à Hachem à distance, Moché a pénétré ces 3 barrières lorsqu'il est monté au mont Sinaï.

-> Selon le Rambam (Moré Névou'him 3,9), l'obstacle qui empêche une personne de recevoir la prophétie Divine est la nature "grossière" de l'homme. Lorsque le verset décrit des "nuées obscures" qui entouraient le mont Sinaï, c'est une métaphore à la base physique/matérielle qui empêchait de recevoir pleinement la prophétie Divine donnée au Sinaï.
Rambam y commente également en ce sens le verset : "Il s’enveloppe de nuées et de brume épaisse" (anan vaarafél cévivav - Téhilim 97,2) = cela ne peut pas être compris littéralement, puisque Hachem ne peut pas être entouré physiquement par des nuées, puisque Hachem est incorporel. Mais plutôt cela signifie que la physicalité/matérialité de l'homme créée une barrière qui bloque la perception humaine de D.

Donc le Rambam (Moré Névou'him 2,3), ainsi que rabbénou Bé'hayé (Yitro 20,17) sont d'avis que puisque Moché a tellement affiné/purifié son corps physique, il n'avait plus ces barrières, et au mont Sinaï il a perçu une vision prophétique beaucoup plus claire que le restant du peuple juif.

-> En ce sens, une preuve qu'au mont Sinaï, tout le monde n'a pas reçu un niveau équivalent de prophétie, peut se trouver dans le midrach (Tan'houma - Térouma 25,5-7) :
"La voix d'Hachem est allée vers chaque juif selon sa capacité individuelle à la recevoir ...
Même Moché l'a entendue selon ses capacités, c'est-à-dire avec une voix [Divine] que Moché avait la capacité de comprendre.
Rabbi Yossi, fils de 'Hanina a dit : si vous êtes étonnés de cela, rappelez-vous que la manne descendait pour chaque juif avec un goût qui variait selon les besoin de chaque individu. Par exemple, les jeunes hommes la mangeaient comme du pain ; les personnes âgés la mangeaient comme des galettes de miel.
De même que la manne, qui n'était [extérieurement] qu'un même élément, pouvait avoir plusieurs sortes de [goût] en fonction des besoins de chacun, de même la voix [d'Hachem] qui est sortie [au mont Sinaï] changeait pour chacun, selon les capacités personnelles de l'entendre".

-> D'autres commentateurs ne sont pas d'accord avec cela. [ex: rabbi Nissim de Guérone (Drachot haRan drouch 9) ; rabbi Shimshon Pinkous (Tiféret Shimshon - Haggada chel Pessa'h)]
Pour eux, "obscurité, nuée et nuage épais" = ce n'est pas une barrière qui distance les juif d'Hachem, mais plutôt c'est une barrière qui les rapproche d'Hachem.
Cela peut se comparer à une personne qui veut voir une éclipse solaire. Si elle devait regarder le soleil de son oeil nu, les puissants rayon du soleil lui brûleraient la rétine. Alors que fait cette personne?
Elle va mettre des lunettes de soleil spécialement conçues pour cela, avec des verres extrêmement foncés.
De la même façon, au mont Sinaï il y avait : "obscurité, nuée et nuage épais", pour permettre au peuple juif d'entendre les paroles d'Hachem.

-> Abarbanel est également en désaccord avec le Rambam, qui maintient que Moché a atteint un niveau de prophétie plus élevé que le reste de la nation juive.
Selon Abarbanel (Yitro 20,1), l'ensemble du peuple juif a reçu exactement le même niveau de prophétie que Moché, lorsqu'ils ont entendu les paroles d'Hachem au mont Sinaï.
Abarbanel va écrire par la suite, qu'il était nécessaire que chaque juif ressente personnellement la même expérience du niveau de prophétie de Moché, afin qu'ils puissent accepter pleinement Moché en tant que prophète.
[ayant était l'espace d'un moment à la place de Moché, en ayant le même lien d'échange avec Hachem, cela va permettre aux juifs de ne jamais douter de ce que Moché va leur transmettre par la suite (à aucun moment quelqu'un pourra insinuer qu'il "délire", car ils ont pu se rendre compter personnellement de sa proximité de communcation avec Hachem)]
Abarbanel va rejeter ensuite la preuve basée sur le midrach (Tan'houma), cité précédemment. Pour lui, le midrach aborde les différents niveaux de prophétie qu'une personne peut atteindre après la révélation au Sinaï, mais lorsque Hachem a parlé aux juifs au mont Sinaï, le niveau de chacun était similaire à celui de Moché.

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-> La Torah rapporte que le niveau de prophétie de Moché a surpassé celui de tous les autres prophètes, dans le sens où Hachem parlait avec lui en "face à face" (Vézot haBéra'ha 34,10).
Cela semble se contredire avec le verset : "face à face, Hachem a parlé avec vous (toute la nation juive) sur la montagne du sein du feu" (Vaét'hanan 5,4).
=> Comment comprendre ce paradoxe?

On peut citer les explications suivantes :
-> Le Ramban (Vézot haBéra'ha 34,10) répond qu'au don de la Torah la prophétie du peuple juif était inférieure à celle de Moché, dans le sens où la perception d'Hachem par la nation juive était obscurcie par le "feu", comme il est écrit : "du milieu de ce feu tu as entendu ses paroles" (Vaét'hanan 4,36).
Il en était différemment de la prophétie de Moché, qui était transmise d'une manière similaire à une conversation directe entre 2 personnes.

-> Le Sforno (Chémot 3,2) commente que le niveau élevé de prophétie des juifs était limité pendant la brève durée du don de la Torah.
Le niveau de prophétie qu'a pu ressentir chaque juif à la révélation au mont Sinaï, Moché a pu le garder pendant toute la durée de sa vie.

-> Le Séfer haIkarim (3,11) présente un principe : "via un conduit parfait [pour la prophétie], même ceux qui ne sont pas méritants peuvent la recevoir à la perfection".
Ainsi, bien que la nation juive toute entière n'était pas méritante de la prophétie au mont Sinaï, ils ont reçu le haut niveau de prophétie de Moché en tant que bénéficiaires indirectes de la vision prophétique de Moché.

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-> Lorsque les Bné Israël ont vu le mont Sinaï sous d'épais nuages de fumée au milieu de tonnerres, de flammes et de sons perçants, ils ont tremblaient de peur.
Moché a apaisé leur peur en leur disant : "Soyez sans crainte! c'est pour vous mettre à l'épreuve que Hachem est intervenu [d'une manière si miraculeuse et impressionnante]" (Yitro 20,16).
=> Quelle est la nature du "test" dont ce verset fait allusion?

-> Le Rambam (cité par le Ramban sur ce verset) explique que le but de toutes les révélations et miracles qu'ils ont vécu au mont Sinaï étaient pour leur donner les forces dont ils auraient besoin pour surmonter les tests/épreuves qu'ils auraient à affronter dans le futur.

-> Rabbi Yérou'ham Lévovitz (Daat Torah - Bamidbar) en tire le principe suivant : nous sommes habitués à penser que les périodes où l'on atteint la clarté et l'illumination sont des points culminants de la vie. Cependant de notre verset, nous voyons qu'ils ne sont que des moyens pour atteindre une fin plus élevée. Le rôle des "jours lumineux" de notre vie est dans le seul but de nous donner la force pour pouvoir traverser les moments plus "obscurs" qui suivent.

[le rabbi de Loubavitch disait : semer dans les larmes pour récolter dans la joie.
En ce sens, le don de la Torah au mont Sinaï nous enseigne que dans les moments d'obscurité, de bruits effrayants, ... nous pouvons recevoir ce qu'il y a de plus précieux pour notre vie (à l'image de la Torah donnée à ce moment).
Ainsi nos moments heureux de "récoltes" du bonheur viennent nous donner les forces pour nos moments d'efforts plus éprouvants où l'on sème de belles choses. Sur le moment c'est dur, mais plus on investi d'efforts pour réussir notre vie, plus on récoltera dans la joie dans notre éternité à venir.
De plus, Hachem ressent nos souffrances et Il est encore plus proche de nous lorsque nous traversons des épreuves, à l'image du mont Sinaï où tétanisés par les éclairs, les tonners, l'obscurité, ... nous avons eu une révélation de papa Hachem en face à face!]

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+ Les Tables de la Loi :

-> Lorsque Hachem a donné la Torah au mont Sinaï, il a séparé les 7 cieux et tous les mondes physiques ci-dessous, afin de démontrer qu'il n'y a rien d'autre que Son existence. ['Hafets 'Haïm - Ahavat 'Hessed - chap.1]
Cette révélation miraculeuse de l'Unité d'Hachem s'est manifestée dans les propriétés physiques des Tables de la Loi.
En ce sens nos Sages nous rapportent :
1°/ les lettres étaient gravées d'un côté à l'autre, cependant les lettres : mém-sofit et samékh, étaient miraculeusement suspendues dans le vide.
2°/ Les mots des Tables de la Loi pouvaient être lus convenablement de chaque côté. [guémara Shabbath 104a]
Rabbi Ovadia miBarténoura (Pirké Avot 5,6) commente que ce miracle était double, dans le sens où les Lou'hot pouvaient être lues des 4 côtés.
3°/ bien que les Lou'hot étaient faites en pierre de saphir, on pouvait les enrouler comme un parchemin. [midrach Chir haChirim rabba 5,14]

=> Puisque les miraculeuses Lou'hot avaient pour but de témoigner de l'Unité d'Hachem, pourquoi Hachem a-t-Il ordonné qu'elles soient cachées en les plaçant à l'intérieur du Aron dans le Saint des Saints du Michkan?

-> Rabbi Eliézer Ginzberg (Na'hlé Mayim - Béra'hot) répond que l'intention première d'Hachem était que les Lou'hot soient ouvertement visibles en tant qu'expression affectueuse de "la lumière de son visage", et en tant que tel il n'y aurait en fait pas besoin d'un Aron.
Ce n'est que suite à la faute du Veau d'or, lorsque les juifs ont perdu cette relation spéciale, que Hachem a ordonné à Moché que les Lou'hot soient couvertes et cachées dans le Aron.

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-> Au don de la Torah, les juifs se sont mariés avec Hachem.
Par conséquent, selon le Tachbetz (Katan 466-67), de nombreuses coutumes du mariage juif proviennent de cette expérience :
- par exemple, la coutume d'avoir des jongleurs de feu à la fête, découle du tonnerre et de la foudre qui ont accompagné le don de la Torah au mont Sinaï.
- de plus, de même que le nom d'Hachem est mentionné 14 fois dans les 10 Commandements (Asséret haDibrot), de même le nom d'Hachem est mentionné à 14 reprises dans les Chéva Bra'hot qui sont récitées sous la 'houppa.

- selon le Pri Mégadim (Michbétsot Zahav), le fait que le 'hatan brise un verre sous la 'houppa, est afin de rappeler la faute du Veau d'or, dont la résultante a été que les 1eres Lou'hot ont été brisées.

=> Pourquoi souhaitons-nous gâcher le moment joyeux du mariage par cette pensée si sérieuse?

-> Rabbi Yoël Teitelbaum répond qu’un des effets secondaires de la brisure des Lou'hot a été que cela a provoqué que les juifs oublient la Torah qu'ils étudient (guémara Erouvin 54a). [sans cela on oublierait jamais aucune parole de Torah que nous apprendrions]
Nous cassons le verre sous la 'houppa pour fournir une leçon au 'hatan et à la kalla : le moyen de réussir à construire une maison de paix et d'amour est en acquérant le trait de l'oubli.
Lorsque chaque membre du couple choisit d'oublier les offenses que son conjoint peut lui faire, alors leur vie à tous les deux sera remplie de bonheur.

[on casse le verre au mariage pour rappeler que la faute du Veau d'or a brisé les Lou'hot et donc entraîné l'oubli de la Torah. Cela enseigne au couple que cette capacité d'oublier est une arme (évidemment si nécessaire on discute à froid de ce qu'il est important de changer dans le couple), mais à l'inverse on doit faire un travail à se focaliser sur les qualités, sur les choses positives de son conjoint, pour la/le rendre sublime à nos yeux.
Or la tendance naturelle est inverse, on se focalise, on garde en tête le négatif de l'autre, et on prend pour acquis/normal, ce qu'il peut faire de bien.
De même, on doit aller contre notre nature pour garder en mémoire la Torah que nous étudions. ]

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-> Pendant le règne du roi Chaoül, Goliath a défié avec arrogance les juifs de les combattre pendant 40 jours. [Chmouel I 17,16]
La guémara (Sotah 42b) dit que cette période de 40 jours correspond aux 40 jours que Moché a passé sur le mont Sinaï pour étudier la Torah, et qui a retardé le temps où les juifs ont fini par recevoir la Torah.
Puisque les juifs ont manqué la protection de la Torah pendant une durée de 40 jours, alors cela a donné les capacités à Goliath de se tenir contre les juifs pendant 40 jours.

=> En quoi les juifs ont-ils fauté pour le temps nécessaire à Moché pour étudier toute la Torah?
De plus, pourquoi considérer ces 40 jours d'étude de Moché comme un retard, plutôt que d'un prérequis vital à la réception de la Torah?

Rabbi Michel Feinstein (Ezéhou Mékoman) répond que si les juifs avaient voulu entendre toute la Torah directement d'Hachem, alors Hachem aurait transmis toute la Torah en un seul jour, et il n'aurait pas été nécessaire que Moché reste sur la montagne pendant 40 jours.
Puisque les juifs ont demandé de recevoir la Torah par le biais de Moché, alors ils sont responsables du retard conséquent résultant de la période nécessaire à Moché pour maîtriser toute la Torah.

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-> Le midrach (Yalkout Chimoni - Na'h 935) rapporte qu'au moment où les juifs ont accepté la Torah au mont Sinaï, 600 000 anges sont descendus du Ciel et ils ont paré chaque juif d'un couronne sur sa tête, d'un vêtement royal, et d'une arme sur laquelle était gravée le nom d'Hachem.

=> Quelle était la signification de ces 3 ornements?

-> Le Maharcha (guémara Shabbath 88a) commente que les Bné Israël ont mérité 3 couronnes au don de la Torah : la couronne de la Torah, la couronne de la royauté, et la couronne de la prêtrise (kéhouna).

-> Les 3 ornements mentionnés dans le midrach correspondent à ces 3 couronnes :
- la couronne sur leur tête = représentée la couronne de la Torah.
La Torah est la couronne ultime et surpasse les couronnes de la royauté et de la prêtrise.
- le vêtement royal = représente la couronne de la royauté.
Par le mérite d'accepter la Torah, ils sont devenus de véritables monarques, comme il est écrit : "Par moi [la Torah] les rois vont régner" (Michlé 8,15).
- l'arme sur laquelle était gravée le nom d'Hachem = correspond à la couronne de la prêtrise.
Le vêtement porté par les Cohanim est comparable à l'armure portée par les guerriers, et c'était par le mérite de l'habit des Cohanim que les juifs étaient victorieux dans la bataille.