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Les désirs (combat entre matérialité et spiritualité)

+ Les désirs (combat entre matérialité et spiritualité) :

-> Le Ramban (Kédochim 19,2) explique le commandement de la Torah de "kédochim tiyou" (soyez saints). La façon dont nous atteignons la sainteté est de nous abstenir des plaisirs de ce monde. Il nous est ordonné de ne pas être glouton dans nos désirs. Même si la Torah nous autorise à manger tout ce qui est casher, elle attend davantage de nous.
Il est possible pour une personne de courir après ses désirs, qui peuvent même être permis, et d'être engloutie par eux ...

Nous pouvons expliquer ce Ramban (de Kédochim) en nous basant sur un autre Ramban (Nitsavim 29,18), qui explique le fonctionnement des désirs. Plus on les nourrit, plus ils grossissent. C'est le contraire de ce que nous imaginons.
Nous pourrions penser que si nous cédons à nos désirs, nous les apaiserons.
Par exemple, nous pensons que si nous voulons manger un certain aliment, il suffit d'en manger un peu pour que nos désirs disparaissent. C'est le contraire : plus nous y cédons, plus ils deviennent importants et exigeants. Imaginez que vous soyez au régime et que vous ayez devant vous une boîte de biscuits. Vous vous dites : "Je n'en prendrai qu'un seul." Quel que soit le niveau de désir que vous aviez avant de commencer à manger les biscuits, il ne sera rien comparé au désir que vous aurez après en avoir mangé "juste un". En général, ce biscuit se transforme en plusieurs biscuits.

Le Ramban explique qu'il s'agit d'un cycle continu, et que finalement, il deviendra incontrôlable au point que nous devrons étendre nos désirs à des produits non cachers, puisque nous aurons atteint le maximum de nos désirs d'une manière permise.
Plus nous suivons nos désirs, plus nous risquons de transgresser les interdictions.

Cependant, le Ramban ne semble pas dire que c'est là le problème. Il semble, d'après ses mots, qu'il y a un problème à être indiscipliné dans nos désirs. Mais pourquoi?

Nous pouvons peut-être expliquer cette idée en nous basant sur une explication du Ibn Ezra (Nasso 6,7).
Le Ibn Ezra écrit que le plus grand esclave est une personne qui est esclave de ses propres désirs. Lorsque nous suivons nos désirs, nous sommes entre leurs mains, à leur disposition. Lorsque notre yétser ara nous appelle, nous nous mettons au garde-à-vous et répondons : "Hinéni" (me voici!). C'est un véritable esclave.

Le rav Yérou'ham Lévovitz (dans son introduction à Daat 'Hokhma ouMoussar 1,9) écrit qu'il se rend compte qu'il n'est pas sous son propre contrôle ; il est plutôt contrôlé par "les autres" : le yetzer hara.
C'est ainsi que nous pouvons comprendre l'explication du Ramban.
Même si nous ne prenons part qu'à des désirs 100% cachères selon la halakha stricte, nous sommes des esclaves. Chaque fois que le yétser ara nous appelle, nous répondons par l'affirmative, nous avons perdu le contrôle de nous-mêmes.

Le verset nous (Béhar 25,55) dit que nous sommes des serviteurs d'Hachem (éved Hachem). Si c'est vrai, nous ne pouvons pas être esclaves du yétser ara. Soit nous servons Hachem, soit nous servons le yétser ara, nous ne pouvons jamais avoir les deux.
Imaginez un esclave à qui son maître demande de se lever tôt et de lui préparer une tasse de café, et qui résiste parce qu'il a besoin de dormir. Est-il possible qu'il puisse servir son maître s'il a ses propres désirs? Jamais!

Nous devons faire preuve de maîtrise de soi. Ce n'est qu'à cette condition que nous pourrons servir Hachem comme il se doit. La michna écrit : "Annule ta volonté afin de faire la volonté d'Hachem" (batél rétson'ha mipné rétsono - Pirké Avot 2,4).
La clé pour servir correctement Hachem est de contrôler nos désirs.
[au-delà d'une question de halakha, à chaque instant, on a le choix entre soit être au service d'Hachem, soit au service de nos désirs/yétser ara. (la différence peut être très fine, on peut facilement se mentir à soi-même en servant notre propre dieu : notre égo.
Par ailleurs, souvent on peut avoir une intention préalable qui va transformer un acte anodin pour en acte pour Hachem, comme dormir/manger pour mieux le servir.)]

Selon le Or'hot Tsadikim (chaar ahava), notre amour pour quelque chose est parfois préjudiciable. Par exemple, notre amour pour nos enfants peut nous empêcher de les réprimander correctement. Il donne sept exemples de cette idée. Il écrit que le pire de tous est notre amour du luxe.
Une personne qui aime le luxe et qui poursuit constamment ses désirs oubliera Hachem.
C'est l'un ou l'autre!
[Hachem vient là où on Le laisse venir en nous, et si on est déjà rempli par nos "moi je veux", "moi je suis", alors il ne reste plus beaucoup de place pour Hachem.
En ce sens, Hachem dit au sujet d’un orgueilleux : "Moi et Lui, nous ne pouvons pas demeurer ensemble!" (guémara Sotah 5a). ]

De même, le Ohr ha'Haïm haKadoch (Béhar 25,35) écrit que le corps et l'âme sont comme une balançoire à bascule : lorsque nous accordons de l'attention à nos désirs physiques, notre désir de spiritualité diminue, et vice versa.

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-> [chacun doit reconnaître les désirs qui lui sont vraiment nécessaires, de ceux qui sont superflus.
On a vu que plus on nourrit nos désirs, plus on en a envie, et donc plus on s'expose à de la frustration si on n'arrive pas à combler ce manque toujours plus conséquent. ]

-> Le Ohr ha'Haïm haKadoch (Kédochim 19,2) écrit que si notre intention principale dans tous nos désirs est d'accomplir la mitsva et de servir Hachem, et non notre bénéfice personnel, cela n'aura pas d'effet négatif sur nous. Même si, logiquement, la relation devrait attiser nos désirs, Hachem nous protégera si nous avons les bonnes intentions.

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+ Tout commence dans l'esprit :

-> Il est très important de comprendre que le moteur de nos désirs se trouve dans l'esprit.
Rachi (guémara Béra'hot 61a) écrit que le yétser ara nous attaque dans notre processus de pensée.
Même si les yeux alimentent le yétser ara, sans l'esprit, les yeux n'enregistreraient pas ce qu'ils voient. Ce sont nos désirs qui nous poussent à regarder. C'est pourquoi, lorsque la Torah (Chéla'h Lé'ha 15,39) nous met en garde contre les mauvaises pensées, elle dit d'abord : "Ne suivez pas vos cœurs et vos yeux." Si les yeux étaient le déclencheur, la Torah ne commencerait-elle pas par dire "Surveillez vos yeux" avant de parler du cœur?
Les yeux ne sont guidés que par notre esprit. Si nous voulons prendre le contrôle de nos désirs, cela doit commencer par l'esprit, et non par les yeux.

C'est également pour cette raison qu'il nous est enseigné dans Avor déRabbi Nathan (20,1) que quelqu'un qui a des pensées de Torah à l'esprit n'aura pas de pensées pour d'autres désirs.
La seule façon de combattre nos esprits est de les remplir de Torah. [qui d'un côté purifie notre intériorité, mais surtout occupe notre esprit ne le laissant pas disponible à de mauvaises pensées. ]
C'est pourquoi le Rosh (Or'hot 'Haïm 76) écrit qu'une personne ne doit pas séparer son esprit de la Torah ou des pensées de moussar. C'est la seule façon de contrôler nos pensées.
Le Rambam (Issouré Bia 22,21) écrit que seul un esprit vide de Torah verra d'autres pensées y résider. Plus nous remplissons notre esprit de pensées adéquates, plus les pensées inappropriées seront repoussées.

-> Nous disons à la fin du Amida : "A'haré mitsvoté'ha tirdof nafchi" (que mon âme poursuivre Tes mitsvot). Pourquoi ne faisons-nous pas simplement une prière pour pouvoir accomplir les mitsvot? Quel est le but de courrir, de poursuivre les mitsvot?
Courir pour faire les mitsvot montre où se trouve notre cœur (ce qu'on souhaite réellement), et nous prions pour qu'Hachem instille dans nos cœurs le désir de faire les mitsvot, et pas seulement de les accomplir (par obligation/forcé, par habitude).

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-> Selon le rav El'hanan Wasserman, la véritable raison pour laquelle les gens nient la présence d'Hachem est parce qu'ils sont aveuglés par la volonté de suivre leurs désirs et que, pour le faire sans mauvaise conscience, ils "enlèvent Hachem de l'image".

-> Le rav Eliyahou Desser explique que la racine de tout désir est le trait de caractère d'être un preneur (JE veux pour MOI), intéressé par ses propres plaisirs et désirs.
[en ce sens, plus on court après nos désirs matériels, plus on développe notre caractère d'être un preneur. ]

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-> Nos Sages nous enseignent que la source de la méchanceté de la génération était leurs yeux corrompus.

La guémara (Sanhédrin 108a) dit : "La génération du Déluge est devenue hautaine à cause de son globe oculaire".
Rachi explique qu'en raison de leur immense prospérité, ils sont devenus hautains et ont commencé à courir après toutes les convoitises et tous les désirs sur lesquels ils posaient les yeux.

Le Maharcha ajoute que si quelqu'un regarde vers le bas ou loin de choses inappropriées, ses globes oculaires ne peuvent pas être vus par les autres.
Cependant, s'il veut assouvir ses désirs, il relève la tête et ouvre grand les yeux pour regarder autour de lui. De cette manière, ses globes oculaires deviennent visibles par tout le monde.
L'ayin ra qui était grand ouvert et à la recherche de plaisirs et de complaisance les a conduits sur le chemin de la destruction spirituelle.

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+ Le premier péché du monde

Quelle était la source de l'ayin ra dans le monde?

-> Le Chlah haKadoch écrit que la raison pour laquelle Avraham a voulu descendre en Egypte était de purifier et de nettoyer le léger soupçon d'impureté qui subsistait de la faute d'Adam HaRishon.

Hachem avait interdit à Adam et à sa femme, 'Hava, de manger de l'arbre de la Connaissance (éts hadaat). Pourtant, le verset nous dit : "La femme vit que l'arbre était bon à manger et qu'il était un plaisir pour les yeux" (Béréchit 3,6).

Le Kli Yakar explique cela comme suit :
Chaque fois qu'une personne est confrontée à la tentation de fauter, elle subit une lutte entre son yétser ara et son yétser tov. Son yétser tov lui garantit une félicité et un bonheur sans fin dans le monde à venir en récompense de sa résistance à la faute, tandis que le yétser ara le persuade de participer aux plaisirs immédiats de ce monde.
Le yétser ara aveugle la personne avec l'éclat des plaisirs qu'elle peut voir devant elle, lui promettant qu'elle en jouira bien plus que la récompense dans le monde à venir, à propos duquel le pasouk écrit : "L'œil ne les a jamais vus",

Les mots du verset : "Et la femme vit" signifient que 'Hava a accepté l'affirmation du yétser ara selon laquelle les désirs de ce monde, que l'on peut voir avec les yeux, l'emportent sur la récompense inconnue et non encore vue offerte dans le monde à venir.

Le tout premier péché de l'histoire du monde tournait autour de l'ayin ra de l'homme qui suivait ses yeux pour s'adonner à aux désirs.
Et tout acte de désirer nécessite de fermer les yeux sur la présence d'Hachem, car on ne peut pas fauter si l'on sait qu'Hachem nous regarde et qu'il nous punira si nous Lui désobéissons.
C'est ainsi qu'à un degré infiniment petit, Adam est qualifié d'hérétique par nos Sages. À son niveau élevé, il y avait un certain déni de la Présence et du contrôle d'Hachem sur le monde qui a permis à Adam d'ignorer le commandement d'Hachem et de se livrer à la convoitise/désir de ses yeux.

Ce petit défaut est devenu inhérent à l'humanité et s'est manifesté dans les générations du Maboul et de la Tour de Bavél.
C'est ce défaut que le peuple juif a cherché à éradiquer lorsqu'il est entré dans Egypte, la terre de tsarout ayin.

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-> Le rav 'Haïm Friedlander explique que quelqu'un qui est en proie à une taava (un fort désir), alors son désir est si puissant qu'il chasse de son esprit tout sentiment sain de crainte du Ciel.
Il est vrai qu'il aurait peur de fauter dans des circonstances normales, mais dans les tourmentes de son fort désir, il oublie toutes les autres préoccupations, aussi terrifiantes soient-elles.

Le rav Friedlander note que tout comme la taava (fort désir) repousse la crainte du Ciel, l'inverse est également vrai. La crainte du Ciel éloigne la taava.
Par conséquent, il faut essayer d'accroître sa crainte du Ciel pour éloigner la taava. Aussi souvent que possible, il faut se rappeler que ce monde n'est pas libre (il y a un Maître du monde, il faudra rendre des comptes de tout, ...).
Il ne fait aucun doute que chacun est tenu responsable de sa mauvaise conduite et puni pour cela, que ce soit dans ce monde ou dans l'autre. Ce mode de pensée développe la crainte du Ciel.

[ainsi nous sommes responsable d'avoir en nous de la crainte du Ciel, comme barrière/espace de sécurité pour ne pas en venir à être soumis à nos désirs interdits.
En l'absence, nous sommes responsables d'y être tombés, car nous ne nous en sommes pas prémunis. ]

"L'homme a 2 sortes de yeux : les yeux qui lui permettent d'observer et de définir la matérialité.
Tout celui qui ouvre ses "yeux matériels" ferme automatiquement ses "yeux spirituels" qui donnent accès à la sagesse.
Inversement, tout celui qui ferme ses yeux sur la matérialité, ouvre les yeux de la sagesse."
['Hatam Sofer - drachot חב דף שז]
ainsi, il nous apprend que la vue matérielle fait écran à la vue spirituelle qui provient de la pureté de l'intellect.

-> Le Torat Moché (Bamidbar 8) explique la raison pour laquelle nous avons l'habitude de fermer nos yeux lorsque nous récitons le premier verset du Shéma Israël :
"Si l'homme souhaite unir sa pensée avec le Ciel lors de la récitation du premier verset du Shéma Israël, il doit fermer ses yeux car chaque homme possède dans son cerveau des yeux spirituels qui lui permettent d'accéder à des visions élevées, spirituelles et saintes.
Cependant nos yeux conçus de matière font séparation et empêchent l'accès à la sainteté.
J'ai déjà évoqué une allusion qui va dans ce sens d'après le verset : "La nuit est lumineuse comme le jour, l'obscurité est clarté" (Téhilim 139,12) = c'est-à-dire qu'à chaque fois que l'homme ferme ses yeux matériels pour être dans l'obscurité, il ajoute de la vision à ses yeux spirituels car les yeux matériels font écran à l'attachement de l'homme à son Créateur."

-> Le Réchit 'Hokhma (chaar hakédoucha 8,46) enseigne au nom de son maître rabbi Moché Kordovéro le concept que nous venons de soulever et précise que la fermeture des yeux physiques permet d'augmenter notre kavana grâce (intention) à nos yeux spirituels :
"Mon maître a écrit au sujet du verset : "Vous ne vous égarerez pas à la suite de votre cœur et de vos yeux" (Chéla'h Lé'ha 15,39) = tout ce qui pénètre notre regard est matériel. Ainsi, l'homme devra fermer ses yeux au moment de la prière car lorsque la vue ferme l'accès à la matérialité, l'homme visualise par sa pensée et accède ainsi à la spiritualité.
Ce verset parle donc du cœur et des yeux spirituels.

Nous comprenons mieux dès lors le passage de la prière du matin de Shabbat, Nichmat kol 'Haï : "vé'hol ayin lé'ha titspé" = "tout oeil doit espérer en Toi".
L'œil n'a pas été créé pour espérer dans des choses matérielles mais pour être comme l'œil des prophètes qui espéraient toujours avoir une vision du Char Céleste et accéder à des visions des mondes supérieurs.
Et ceci ne peut être accessible seulement lorsque nous fermons nos yeux à la matérialité. Ainsi, nous protégeons nos yeux de toute chose qui pourrait les endommager et c'est la raison pour laquelle on surnommait les premiers 'hassidim: "פקיחי עיינין" que je pourrais traduire par "les visionnaires".
Nous les retrouvons désignés à plusieurs reprises dans le Zohar car ils purifiaient leur regard convenablement au point il n'y avait plus aucun écran entre eux et la sainteté."

Notre relation avec la matérialité & impact sur notre mort

+ Notre relation avec la matérialité & impact sur notre mort :

-> Le roi Shlomo dit au sujet de la mort de l'homme : "La poussière retourne à la terre, redevenant ce qu'elle était, et l'esprit [l'âme] retourne auprès de D. qui l'a donné." (Kohélet 12,7)

-> Le Akédat Its'hak commente :
La finalité de la venue de l'homme sur terre est atteinte lorsque ses deux entités (âme et corps) se séparent complètement sans qu'il ne reste la moindre partie de l'un chez l'autre ...
C'est le sens des paroles du roi Shlomo : la séparation doit s'opérer sans qu'aucune partie de matérialité ne soit rattachée à l'âme ... Il pourra alors retourner à la poussière de la terre lorsque le corps ne détiendra plus de partie du néfech. "Et l'esprit retourne auprès de D. Qui l'a donné"
Comme nous l'ont expliqué les Sages, nous devons rendre l'âme comme elle nous a été donnée, c'est-à dire en état de pureté. (guémara Shabbath 152b)

Parfois, la séparation est particulièrement difficile pour certains hommes car leur néfech a un grand penchant pour la matérialité.
En effet, après s'être affairé durant toute une vie dans la recherche d'une matérialité grandissante, le néfech s'y attache au point qu'il ressent un amour ardent pour cette dernière durant son passage sur terre, et cet attachement ne disparaît pas après la mort.
La force du corps provient du Satan qui est le mauvais penchant qui l'accompagne et le domine. Ainsi, un esprit d'impureté se trouve chez les morts et c'est le sens des paroles de nos Sages (guémara Béra'hot 8a) qui nous enseignent qu'il est aussi difficile pour le néfech des réchaïm de sortir du corps que de retirer une pelote de laine enchevêtrée dans des ronces.
Car le retour à la terre ne peut s'achever s'il reste encore des forces d'impureté dans le corps, et c'est la raison pour laquelle l'âme monte et redescend vers le corps durant 12 mois.

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1°/ Chez ceux accordant beaucoup d'importance à la matérialité :

-> Le Akédat Its'hak explique en d'autres termes, que les hommes qui ne se sont pas affairés à la spiritualité [pendant leur temps disponible] à travers l'étude de la Torah et le service divin, mais qui se sont seulement préoccupés de la matérialité en poursuivant les futilités de ce monde, lorsqu'arrive le jour de la mort, ils voient leur âme se séparer de leur corps avec difficulté et ce processus est comparable à une pelote de laine qui est enchevêtrée dans des ronces où il est extrêmement difficile de l'en extraire. (Béra'hot 8a)
Cela nécessite forcément de déchirer une partie de la laine jusqu'à en retirer toutes les ronces. Il en est de même pour l'âme qui se sépare du corps et c'est le sens des souffrances endurées jusqu'à ce que la séparation soit intégrale dans la mort.

La source de cet enseignement se trouve dans le guémara (Shabbath 152a), comme il est écrit : "Durant les 12 premiers mois après la mort de l'homme, son corps est encore existant et sa néchama (âme) monte et descend. Cependant après 12 mois, le corps de l'homme se désintègre ... Sa néchama monte et ne redescend plus".
Ainsi le Akédat Its'hak explique que l'âme qui est encore attachée à la matérialité du corps, connaît de grandes difficultés à s'en séparer complètement. Elle monte et descend pour tenter de s'unir de nouveau avec le corps durant une période de 12 mois.

Nous pouvons également y ajouter les paroles du Zohar (Vayé'hi 217b) qui y voit la punition du kaf hakéla (douleur suivant la mort) : "Malheur à cette âme qui va être propulsée comme la pierre d'une fronde, comme il est écrit : "Et l'âme de ton ennemi, il la lancera avec la fronde" (Chmouël I 25,29)."

[ainsi, à travers ces paroles, nous pouvons expliquer que l'âme ne trouve pas de repos à cause de son enchevêtrement dans la matérialité. Ainsi, durant 12 mois, elle monte et elle descend étant catapultée d'un monde à l'autre.]

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2°/

-> Le Ohr ha'Haïm (Bé'houkotaï) enseigne :
"Hachem n'a pas créé Adam pour qu'il s'installe dans le monde et en jouisse tant qu'il ne faute pas, car s'il en était ainsi, il n'y aurait pas d'élévation possible pour l'homme. Au contraire, il chuterait spirituellement puisque le but à atteindre est le monde à venir.
Ce n'est qu'à cause de la faute qu'il dut se munir d'une enveloppe corporelle recouverte de peau dans ce monde-ci.
Lorsqu'un homme s'affaire à la Torah, il peut atteindre une telle force spirituelle qu'il ne ressent pas la douleur de la mort mais l'appréhende comme s'il devait juste passer d'un endroit à un autre.
Ainsi, de nombreux Justes (tsadikim) n'ont pas ressenti la souffrance de cette séparation, et c'est d'ailleurs le sens du verset : "Doux est le sommeil du travailleur" (Kohélet 5,11), car celui qui sert Hachem s'endormira par une mort douce.
Nous pouvons constater qu'Eliyahou Hanavi, par le mérite de sa Torah, atteignit un tel niveau spirituel qu'il n'a pas connu la mort."

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3°/ L'exemple exceptionnel d'Eliyahou haNavi :

-> Il ressort des explications du Ohr ha'haïm haKadoch qu'Eliyahou haNavi eut le mérite de vivre dans les deux mondes comme un homme qui monte à l'étage de sa demeure.

-> Rabbi Chimon Bar Yo'haï dans le Zohar (Vayakel 197a) enseigne :
Il est écrit : "Eliyahou monta au Ciel dans un tourbillon"(Méla'him II 2,11).
Comment Eliyahou haNavi a-t-il pu monter au Ciel avec son corps? Les mondes supérieurs ne supportent pas la matérialité, même si cette dernière est seulement de la taille d'un grain de moutarde.
Rabbi Chimon Bar Yo'haï répond que lorsqu'Eliyahou haNavi est monté dans le Ciel, il s'est démuni de son enveloppe corporelle conçue de matière et l'entreposa dans un endroit spécial qui se trouve entre la terre et le Ciel. Puis, il s'est revêtu d'une enveloppe spirituelle qui lui permit de monter dans le Ciel avec les anges.
Et lorsqu'il redescendait dans le monde ici-bas, étant l'émissaire du Maître de l'univers, il enlevait son enveloppe spirituelle et mettait de nouveau son enveloppe corporelle qui était complètement épurée, puis redescendait parmi les hommes.

=> Il ressort clairement qu'Eliyahou haNavi avait la capacité de vivre dans les deux mondes et si ce n'était à cause de la faute commise avec l'arbre de la connaissance, Adam Harichon aurait également vécu dans les deux mondes, comme un homme qui vit dans une demeure à deux étages.
Il ressort de cet enseignement que si Adam Harichon n'avait pas fauté, l'âme aurait eu la capacité de se séparer très facilement de son corps, même durant son vivant, comme on enlève un cheveu d'un bol de lait. (guémara Béra'hot 8a)
Lorsque l'homme s'attache à la Torah fermement durant son vivant, son âme quitte son corps au moment de la mort sans souffrance.

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-> b'h, également sur ce sujet : https://todahm.com/2021/09/09/32648

+ "béréchit bara Elokim ét hachamayim vé'éts haarets" = si la première chose que nous faisons dans notre journée est de penser qu'Hachem a créé le monde (qu'à chaque instant tout est recréé et n'existe que parce que D. le permet), alors "vé'haarets hayéta tohou vavohou" = nous n'accorderons pas trop d'importance aux vanités de ce monde.
[rabbi Henoch Alexander]

D'après la loi de la gravité, nous sommes tirés vers la terre, le monde physique. Pour nous élever, nous devons combattre la force d’attraction.
De même, pour nous hisser spirituellement, nous devons combattre le monde matériel et nos désirs qui nous tirent [naturellement] vers le bas.
[Pné Ména'hem]

Si vous ne recherchez pas la joie de la sainteté, vous vous tournerez naturellement vers les plaisirs physiques/matériels.
[rav Moché de Kobrin]

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-> "Lorsque la vie est axée sur des objectifs spirituels, une personne réduit automatiquement ses investissements matériels et le temps qu'elle y consacre.
Son indifférence à l'égard de la réussite matérielle se mesure à l'aune de son aspiration à la spiritualité".
[ rav Eliyahou Dessler (Mikhtav méEliyahou - vol.1) ]

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-> En raison de la grande abondance avec laquelle Hachem a béni ce pays [les États-Unis], il existe un puissant désir de plaisir et de délectation mondains, que les gens aiment appeler "un bon moment".
Ce désir est très destructeur pour la personne qui devient dépendante de plaisirs inutiles et peut détruire son caractère, la transformant en une sorte de prédateur humain.
Au début, il ne recherche que les plaisirs autorisés, mais lorsque ceux-ci ne sont pas disponibles, il recherche ce qui est interdit.
[rav Moché Feinstein - Igrot Moché - Yoré Déa 3,71]

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-> L'argent est une bonne chose, à condition qu'il soit utilisé à bon escient et que l'on ne s'y attache pas trop.
[l'Alter de Novaradok]

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-> Le 'Hafets 'Haïm disait que le yétser ara enveloppe le désir de matérialisme dans les atours du hidour mitsva (embellir une mitsva au-delà du minimum requis).
ex: De l'argent en l'honneur du Shabbath. Des mets raffinés et des vins coûteux en l'honneur de Yom Tov. Un appartement luxueux pour que les invités se sentent à l'aise. La richesse pour être en mesure de soutenir un étudiant en Torah à long terme.

[sous couvert de servir encore mieux Hachem, en réalité c'est notre égo (divinité intérieure) que nous servons. Même si l'on suit la halakha à la perfection, il y manque l'esprit, et nous rendons principal ce qui est secondaire (le matériel n'est pas une finalité, mais un moyen).
Notre yétser ara sait que plus investissons dans la matérialité, moins nous avons d'attachement avec le spirituel. ]

Les désirs de ce monde

+ Les désirs de ce monde (selon le Baal Chem Tov) :

-> Il faut savoir que tout, que ce soit dans le monde céleste (le monde des Anges) ou dans le monde du Trône Divin, est insignifiant par rapport à D., qu'Il soit béni. Tout existe dans le vide produit par la constriction de la Lumière Infinie, lorsque D. s'est resserré [pour ainsi dire, au début de la création], et tout a été amené à l'existence par une parole divine. [voir Ramban pérouch al haTorah Béréchit 1,1]
Par conséquent, pourquoi devrions-nous être attirés par un quelconque désir pour tout ce qui existe dans ces mondes, alors que tout n'est qu'une partie d'une parole prononcée par Lui?
Il serait préférable de s'attacher avant tout au monde surnaturel, au Créateur, qui est la réalité essentielle, et non à ce qui est secondaire.

C'est ce que le Zohar (II, 134b) veut dire [lorsqu'il déclare] : "Méritoires sont les tsadikim qui savent ce qui a une vraie valeur. Le désir de leur cœur est dirigé vers le Roi Surnaturel et non vers ce monde et ses passions sans valeur."
Car le destin de tous les mondes est la destruction. [Au lieu de cela], on devrait toujours s'attacher au Créateur, avec un amour absolu. On doit l'aimer plus que tout ce qui existe dans le monde, car toute bonne chose qui existe est incluse dans sa Source, qui est D.
[Tsavaat haRivach 84, section 3]

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-> Il faut s'abstenir de regarder avec désir les choses matérielles et les belles femmes en particulier.
Ce type de regard est égoïste et s'apparente à l'adoration d'une idole.
Au contraire, si l'on voit soudainement une belle femme, il faut se dire : "Qu'est-ce qui la rend belle si ce n'est la force Divine de vie qui l'habite? Et si cette force vitale Divine est la source de la beauté, pourquoi serais-je attiré par une petite partie de cette force? Au lieu de cela, je m'attache à la Source et à l'Essence de tous les mondes, où se trouve toute la beauté."

De même, lorsque l'on contemple un objet matériel, tel qu'un vase, on doit se demander : "D'où vient la beauté de ce vase (si ce n'est du Créateur)?"
L'aspect physique de l'objet n'est pas important. Sa beauté et son design, cependant, reflètent sa spiritualité et sa force vitale. [Cet aspect intérieur de l'objet] est aussi une partie de D.

De même, lorsque l'on mange, il faut se rendre compte que le goût et l'agrément de la nourriture proviennent de sa force vitale intérieure et des délices du monde surnaturel.
Même les objets inanimés sont imprégnés de force vitale, ce qui peut être déduit du fait même de leur existence. Ainsi, la force vitale Divine est partout. [sans D. aucune chose ne pourrait exister, même une seule seconde supplémentaire]

Si quelqu'un regarde de cette manière, et si son regard est pour l'amour de l'Infini (Hachem), cela l'aidera grandement à surmonter les pensées impures.
[Tsavaat haRivach 90 , section 1]

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-> "Détournez-vous du mal et faites le bien, cherchez la paix et poursuivez-la" (Téhilim 34,15).

Le Baal Chem Tov enseigne : Dans chaque chose physique autorisée par la Torah, il y a le bien et le mal. L'aspect matériel est mauvais, et la force vitale Divine qui anime l'objet est bonne.
La personne qui utilise un objet physique doit "se détourner du mal" et ne pas désirer le plaisir qu'il procure. Elle doit plutôt "faire le bien" en tirant sa subsistance et son aide de la force de vie Divine qui se trouve à l'intérieur de l'objet.

"Cherchez la paix et poursuivez-la". Celui qui "se détourne du mal et fait le bien" doit s'efforcer de faire la paix entre l'aspect physique et la force de vie Divine qui l'anime.
[Pour ce faire, il faut l'utiliser d'une manière sacrée et non pour le plaisir physique].
En effet, c'est le but ultime de la création de l'homme et de sa descente dans ce monde physique : il doit élever le physique/matériel vers le spirituel.
[Séfer haMaamarim - Yiddich p.76]

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-> Prenons un exemple : une petite pièce de monnaie, si elle est tenue devant nos yeux, elle nous empêchera de voir une grande montagne.
Même si la montagne est des milliers de fois plus grande que l'objet, pourtant, parce que la pièce se trouve devant nos yeux, elle bloque la vision de sorte qu'un objet beaucoup plus grand ne peut pas être vu.

De même, lorsque le moment est venu pour une personne d'entrer dans ce monde, elle s'enfonce dans ses vanités et pense que rien ne pourrait être mieux. Ce monde, bien que petit et insignifiant, l'empêche de voir la grande lumière de la Torah ...
Cependant, si l'on pouvait enlever le petit obstacle devant ses yeux, si l'on pouvait détourner son regard (de la matérialité), et au lieu de cela, lever la tête, lever les yeux et regarder au-dessus des occupations mondaines qui interviennent, on mériterait de voir la grande lumière de la Torah et des tsadikim.
En vérité, leur lumière est des milliers et des myriades de fois plus grande que ce monde et ses futilités ...

C'est ainsi que le Baal Chem Tov s'est exclamé : "Hélas! Le monde est plein de lumières et de mystères merveilleux et impressionnants, mais une petite main se tient devant les yeux, les empêchant de voir ces grandes lumières".
[Likouté Moharan 1:133 , abrégé]

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-> Il faut attacher ses pensées au-dessus (au Ciel) et ne jamais manger ou boire à l'excès, mais uniquement dans le but de préserver sa santé.
On ne devrait prêter aucune attention [aux flatteries de] ce monde [matériel], et les considérer comme totalement sans valeur.
De cette façon, on peut se détacher de la matérialité.
[Cependant,] en fixant son attention sur les choses du monde, on se rend [d'autant plus] corporel.
[à la différence des non-juifs, ce monde est un moyen au service de notre vie juive, et non une finalité, sur laquelle on va se focaliser, mettre toute notre attention]
Nos Sages (guémara Ména'hot 43b) ont enseigné que le fait de voir amène à notre esprit [notre nature inférieure] et des désirs matériels.
C'est ainsi qu'il est dit que l'Arbre de la Connaissance était "désirable à voir et bon à manger" (Béréchit 3,6). En d'autres termes, le simple fait de contempler l'Arbre de la Connaissance suscite le désir.
[ainsi plus on prête "œil", notre attention, à ce monde, plus on permet aux désirs de ce monde de s'installer en nous. Nous devons nous plutôt s'en protéger et développer un "œil" juif sur ce qui nous entoure. ]
[Tsava'at haRivach 5]

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-> Le Baal Chem Tov a dit un jour : Pourquoi la sexualité est-elle une si grande passion? En effet, on éprouve aussi du plaisir en mangeant et en faisant d'autres choses physiques.

[Cependant,] l'homme est né en conséquence d'un désir sexuel. [C'est pourquoi] tous les plaisirs sont secondaires et inclus dans ce désir. C'est pourquoi il s'agit de la plus grande passion.
Cela étant, [tous les désirs physiques] sont tous enracinés dans quelque chose d'insignifiant. Il faut au contraire s'attacher à Hachem.
[Likouté Amarim de Rabbi Ména'hem Mendel de Vitebsk 40 ; Tsavaat haRivach 101]

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-> Une personne ne doit pas se sentir le moins du monde déprimée parce qu'elle n'a pas satisfait ses désirs. Au contraire, il doit se réjouir d'avoir mérité de les maîtriser pour la gloire de D.
Ainsi, nos Sages déclarent : "Il est écrit, à propos de ceux qui se réjouissent de leurs afflictions : "Que ceux qui L'aiment soient comme le soleil qui se lève dans sa force"" (guémara Shabbath 88b). Puisque l'on ne suit pas ses désirs, même en pensée, mais qu'on les méprise, on est capable de maîtriser les klippos (enveloppes du mal).

"Qui peut monter sur la montagne de Dieu? Celui qui a les mains propres et le cœur pur" (Téhilim 24,3-4).
Le Zohar (I, Béréchit 10a) explique : "Un cœur pur" se réfère à quelqu'un qui ne permet pas à sa volonté et à son cœur d'être attirés par l'Autre Côté (les forces du mal, son yétser ara)."
[Une personne ne peut faire l'expérience de la Divinité que dans la mesure où elle a surmonté ses passions physiques. ]
[Tsavaat haRivach 9]

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-> Imaginons qu'une fantaisie vous vienne à l'esprit, une envie de quelque chose de ce monde.
Éloignez votre esprit de cette fantaisie. Méprisez cette envie jusqu'à ce qu'elle vous soit odieuse et répugnante. Réveillez votre envie de bien contre l'envie de mal et contre cette envie, et vainquez-la de cette manière.

Mais ne laissez pas cette envie insatisfaite vous déprimer. Au contraire, réjouissez-vous d'avoir le privilège de soumettre vos désirs pour l'honneur du Créateur, béni soit-il !

C'est une façon de comprendre ce que nos rabbins voulaient dire lorsqu'ils parlaient de "ceux qui se réjouissent de leur souffrance".
[Tsavaat haRivach 9 ]

+ [ Le jour de Roch ‘Hodech Elloul, Moché est à nouveau monté sur le mont Sinaï pour prier en tant qu’émissaire d’Israël, demandant à D. d’avoir pitié d’eux et de les pardonner. Le jour de Yom Kippour, leur repentir a été pleinement accepté. Moché est descendu pour donner aux juifs le 2e ensemble de Tables de la Loi et pour les informer qu’ils étaient pardonnés de la faute du Veau d'or. ]

La montée de Moché sur le mont Sinaï pour recevoir la Torah (les Lou'hot) une seconde fois, maintenant à la tête d'une nation de pénitents (chacun ayant fait téchouva sur le Veau d'or), met en lumière un objectif central d'Elloul : le retour à la Torah.
Chaque juif a une contribution unique à apporter à notre mission nationale d'étude et de diffusion de la Torah, comme nous le demandons trois fois par jour dans nos prières : "Accorde-nous notre part de Ta Torah" (véten 'helkénou béToratékha).

Les origines de ce concept remontent même avant la Création du monde, puisque les Sages enseignent (Yalkout Chimoni - Béréchit 2) qu'Hachem a utilisé la Torah comme plan pour construire l'univers. Ainsi, le monde est apparu et continue d'exister uniquement pour la Torah ; il s'ensuit que chaque être individuel n'est soutenu que grâce à sa part unique dans la Torah.
Bien qu'un juif puisse s'éloigner de ses racines dans la Torah au cours de l'année, lorsque Elloul arrive, il retrouve toujours le chemin de ses racines.

En effet, c'est précisément ce processus de reconnexion aux racines de la Torah qui constitue l'essence de la téchouva : s'extraire du marasme du matérialisme qui engloutit le monde et s'attacher à nouveau à Hachem et à Sa Torah.
Dans cette optique, nous pouvons constater que la téchouva n'est en aucun cas réservée exclusivement aux fauteurs, puisqu'il s'agit ni plus ni moins que de se détourner de notre préoccupation excessive pour les modalités du monde matériel et de revenir à Hachem.
C'est ainsi que nous prions 3 fois chaque jour de la semaine : "Ramène-nous, notre Père, à Ta Torah" (achivénou avinou léToratékha).
[Sfat Emet - Likoutim]

La matérialité au service de la spiritualité

+ La matérialité comme moyen au service de la spiritualité :

-> Dans les Pirké Avot, on nous enseigne que lorsqu'un homme s'assoit pour prendre un repas, il s'agit d'une expérience qui peut être soit édifiante, soit avilissante. Lorsque trois personnes mangent ensemble et ne prononcent pas de paroles de Torah à table, c'est comme si elles avaient mangé une offrande idolâtre. Mais si elles prononcent des paroles de Torah, c'est comme si elles avaient mangé à la table même d'Hachem.
Il n'y a apparemment pas de juste milieu ; c'est soit comme si l'on avait mangé à la table d'Hachem, soit de la avoda zara (idolâtrie).
Il existe une différence fondamentale entre les juifs et les non juifs quant à la manière dont ils perçoivent ce monde.
Les non juifs croient que le monde physique (matériel) et le monde spirituel sont deux mondes complètement séparés. Ils croient qu'ils peuvent se connecter au monde spirituel en priant, mais dès qu'ils cessent de prier et s'engagent dans le monde physique, comme manger, il n'y a plus de connexion avec le monde spirituel.
Cependant, nous croyons que notre travail dans ce monde est d'infuser des étincelles de sainteté dans toutes nos actions physiques et d'élever chaque partie de notre vie.

Un juif est autorisé à apporter un Korban Shélamim, qui est mangé par celui qui l'apporte, alors qu'un non-juif n'est autorisé à apporter qu'un Korban Ola, qui est complètement brûlé.
Ils ne peuvent pas apporter un Korban Shélamim parce que nous ne voulons pas qu'ils en mangent, car ils ne reconnaissent pas que le fait d'en manger peut être transformé dans le monde spirituel.
Le peuple juif prend part aux Shélamim et les élève au rang de spiritualité.

Manger est une nécessité de la vie, et si l'on n'insuffle pas de spiritualité dans son alimentation, on est comme les non-juifs, et d'ailleurs comme toutes les créatures de la terre qui mangent de la nourriture pour vivre. Il faut manger, boire, dormir et accomplir toutes les actions physiques et banales en pensant qu'on le fait pour que son corps fonctionne correctement et qu'on puisse servir Hachem.
Celui qui dit des divré Torah lors d'une séouda (repas) élève toute sa séouda de telle sorte qu'il a l'impression d'être assis à la table de Hachem et d'y prendre part.
[le Emet léYaakov ]

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-> Selon le Avodat Israël :
Le fait de manger peut être fait d'une façon spirituelle et peut être une expérience spirituellement édifiante, ou, D. préserve, cela peut être une chute spirituelle.
Une table devient comme une sainte Mizbéa'h lorsque l'on est méticuleux et que l'on imprègne son repas de sainteté, par exemple en se lavant les mains, en récitant des bénédictions et en prononçant des divré Torah.
C'est ce que nous appelons un "choul'han".

Cependant, si une personne n'élève pas sa séouda au rang de spiritualité, mais qu'au contraire elle se concentre sur la satisfaction physique, matérielle, par la consommation de nourriture, alors les lettres de "שולחן" (choul'han - table) sont réarrangées pour épeler "לנחש" (léna'hach - le serpent [originel] ), qui symbolise Satan, c'est-à-dire que le repas va au serpent, ce qui signifie que la table est occupée par Satan et qu'il cherche à inculper la personne pour ses fautes.

En ce sens le moment du repas du séder de Pessa'h s'appelle "Choul'han Orékh" (la table dressée), afin d'appuyer sur notre nécessité de se comporter pour que les lettres de choul'han sont dressées et doivent le rester, de sorte que notre séouda doit participer à la sainte avoda du Mizbéa'h.

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-> Selon le 'Hatam Sofer :
La table d'une personne est comme une Mizbéa'h, comme il est dit, à propos du Mizbéa'h : "zé achoul'han acher lifné Hachem" (Yé'hezkel 41,22).
Etant donné que la Choul'han (la table) est comme un Mizbéa'h, la maison est comme un Temple (Beit Hamikdach).
"zé Eli véan'véou" (voici mon D., je Lui construirai un Sanctuaire" (Béchala'h 15,2). (Rachi dit que
"véan'véou" (וְאַנְוֵהוּ) peut également être traduit par "embellir").
"zé Eli" (זֶה אֵלִי) est l'acronyme pour les mots : "zé haChoul'han acher lifné Hachem".
Si l'on fait de notre table un mizbéa'h, alors "וְאַנְוֵהוּ" - je ferai [pour Hachem] que ma maison soit un lieu magnifique pour la demeure de la Chékhina.

Les mitsvot = le plaisir de passer d’une réalité matérielle à spirituelle

+ Les mitsvot = le plaisir de passer d'une réalité matérielle à spirituelle :

-> Le plaisir que nous procure ce monde physique ne provient pas de la matérialité elle-même, mais de l'étincelle de spiritualité qui l'habite.
Alors que les gens ont tendance à avoir l'impression que la matérialité est agréable, c'est le contraire qui est vrai. La matérialité interfère avec le plaisir. Moins il y a de matérialité, plus il y a de plaisir.
Si c'est le cas, la façon d'obtenir plus de plaisir de tout ce qui est physique/matériel est d'élever la matérialité et de la transformer en quelque chose de spirituel.
Lorsque l'on fait cela, la matérialité n'interfère pas avec le plaisir, mais devient plutôt un canal pour celui-ci. Tel est le secret du plaisir.
Hachem est le plaisir [ultime], et plus Il est présent, plus l'expérience sera agréable.

Comment transformer la matérialité en spiritualité?
La Torah est le livre d'instructions pour transformer ce monde physique en quelque chose de spirituel.

En se rapportant au monde matériel conformément aux instructions de la Torah, nous rendons le monde matériel spirituel.
Faire des bénédictions sur la nourriture, par exemple, transforme la nourriture d'un objet physique en un récipient de spiritualité et augmente par conséquent le plaisir que l'on éprouve à la manger.
Manger de la nourriture le Shabbat, ou conformément aux halakhot de casherout, élève la nourriture physique, la transformant en un objet de spiritualité et de plaisir.
Les mitsvot sont les moyens d'accroître le plaisir dans ce monde, et une vie de Torah est incroyablement agréable.

Que se passe-t-il si l'on n'éprouve pas de plaisir à accomplir les mitsvot? Comment expliquer cela?
Si l'on n'éprouve pas de plaisir à réaliser les mitsvot, la raison en est que notre propre réalité physique, notre corps, s'y oppose.

Il y a deux façons d'aborder la avodat Hachem : l'une est que la Torah est ce que nous gardons. L'autre est que la Torah est ce que nous sommes.

Lorsque la Torah est ce que nous gardons, nous la suivons parce qu'elle est importante pour nous, mais il s'agit essentiellement de règles, une succession d'obligations.
C'est un système extérieur à nous-mêmes autour duquel nous construisons notre vie.

Cependant, il existe une autre façon d'aborder la Torah, qui considère que la Torah n'est pas une question de règles, mais qu'elle permet d'établir un lien avec Hachem.
À ce niveau, la Torah n'est pas ce que nous faisons ou ce autour de quoi nous construisons notre vie, c'est ce que nous sommes.
Dans cette approche, la Torah est la vie elle-même, et non pas simplement une valeur dans notre vie.
Enfreindre la halakha, c'est nous enfreindre nous-mêmes, puisqu'elle est l'essence même de notre être. Et observer la Torah, c'est vivre vraiment la vie, puisque notre vie même est Torah.

La véritable avodat Hachem ne consiste pas à "garder" (observer) la Torah. Il s'agit d' "être" la Torah.
En fait, c'était exactement la mida de Moché Rabbénou. La Torah dit que Moché était un "anav mikol adam" (le plus humble des hommes - Béaaloté'ha 12,3).
C'est précisément parce qu'il n'était pas rempli de lui-même qu'il pouvait devenir saturé de Torah (de spiritualité).
Moché dit à Hachem : "Mi ano'hi" (qui suis-je?) et Hachem répond : "Eyé im'ha" (Je serai avec toi).
C'est précisément parce que Moché a dit " mi ano'hi " qu'Hachem a pu " être avec " lui.
Moché était le paradigme du serviteur d'Hachem, car il n'y avait rien d'autre pour lui que la Torah.
La véritable avodat Hachem ne consiste pas à "garder" la Torah, mais à "être" la Torah elle-même.

Pour ressentir le plaisir des mitsvot, nous ne pouvons pas nous contenter d'observer la Torah, notre corps nous en empêcherait. Si nous voulons ressentir le plaisir de la Torah, nous devons devenir la Torah, c'est-à-dire permettre à la Torah de nous changer et de nous modeler.
Plus nous devenons ce qu'est la Torah, plus nous ressentirons le plaisir des mitsvot que nous accomplissons.
Mais si la Torah reste seulement ce que nous faisons, et que ce que nous sommes reste essentiellement le même, nous n'éprouverons que peu de plaisir, car notre corps nous en empêchera.
Plus nous changeons en observant les mitsvot, plus les mitsvot nous procurent du plaisir.

Hachem est la source de tout plaisir. Si nous nous saturons de Torah (et de ses mitsvot), nous nous saturons de Son essence, et nous aurons du plaisir même si nous souffrons.
La vie est plus agréable lorsque notre vie est Hachem.

Dans ces conditions, les périodes difficiles de notre vie sont en fait celles qui offrent le plus de possibilités de plaisir. Puisque le plaisir vient du fait de modeler notre corps à la Torah, plus l'effort pour garder la Torah (et ses mitsvot) est grand, plus la Torah nous change, et plus nous éprouvons de plaisir.
[ Hachem nous a donnés des mitsvot par le biais desquelles nous façonnons une nouvelle réalité de nous-même plus spirituelle, les mitsvot nous permettent de faire ce lien entre le matériel et le spirituel, et d'ainsi se connecter le plus possible avec Hachem, ce qui provoque la plus grande joie possible. ]

[rav Kalonymos Kalman Shapira - le rabbi de Piaseczno - Aish Kodech - Chémot 5702 (1942) ]

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-> Par essence, tous les plaisirs de ce monde proviennent d'Hachem Lui-même, et par conséquent, s'engager dans le plaisir physique (de ce monde) à travers la ligne directrice de la Torah fournit le plus grand accès au plaisir et les plus hauts niveaux de plaisir dans ce monde.
[ rabbi de Piaseczno - dans son Déré'h haMélé'h - Shavouot 5685]

-> "Il est impossible d'obtenir le plaisir des plaisirs supérieurs (noam el'yon) sans monter de niveau (chéyél'hou mé'hayil el 'hayil) ... parce que le plaisir principal est de révéler la sainteté, et toute personne qui court après le plaisir et le désir dans ce monde est seulement [due au fait que] son âme n'a pas ressenti le plaisir de révéler la sainteté et qu'il (le plaisir) est vide".
[ rabbi de Piaseczno - dans son Déré'h haMélé'h - Shouva 5690]

-> L'idée est que l'observance idéale de la Torah ne consiste pas simplement à respecter les mitsvot (Hachem n'ayant besoin de rien!), mais plutôt à devenir après chaque mitsva une personne davantage élevée spirituellement.

"Vous serez pour Moi un royaume de prêtres (cohanim) et une nation sainte" (Yitro 19,6).
Le rabbi de Piaseczno fait référence au midrach (voir Tana déBé Eliyahou Zouta - chap.4), qui souligne que la directive d'Hachem "tiyou li" (litt. soyez pour moi) ne concerne pas l'action mais l'essence, dans le sens où la Torah n'est pas destinée à être un simple code de conduite, mais plutôt elle permet de développer une personne.

[Hachem nous a créé avec des ressources à notre naissance, mais durant toute notre vie, par le biais d'une vie selon la Torah, on devient un être totalement différent, on va tendre davantage vers la spiritualité (nous n'aurons pleinement conscience de ce que nous sommes devenus par une vie juive, qu'après notre mort, où le matériel ne limitera plus notre perception du spirituel). ]