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"Celui qui a des épreuves ou des peurs et qui se renforcent, qui espère en Hachem et ne tombe pas dans les mains de ses angoisses verra des prodiges.
Par le mérite de la confiance en Hachem, toutes les rigueurs sont adoucies, tous les décrets sont annulés, l'homme n'a pas à craindre quoi que ce soit ou qui que ce soi"
[Chomer Emounim - chap.1]

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Le Néfech Yéhoudi fait remarquer : celui qui a surmonté l'épreuve du "voile" qui existe dans ce monde-ci, qui s'est rappelé que "Hachem ou haElokim" (c'est la Bonté d'Hachem qui dirige tout), et qui a surmonté sa propre nature (qui le pousse à la peur), ne mériterait-il pas de grands sauvetages surnaturels dans tous les domaines?

+ Dans la Amida, nous disons : "Celui qui est notre délivrance, et qui est notre soutien" (haEl yéchouaténou véézraténou chéla haEl hatov)

Le Gaon de Vilna commente :
"Celui qui place sa confiance en Hachem et qui s'abrite sous Ses ailes ressemble à celui qui vient s'abriter sous un arbre contre un soleil qui frappe (à l'ombre d'Hachem - bétsel Chadaï).
Il n'est pas nécessaire que l'arbre agisse en notre faveur pour que nous soyons protégés du soleil, c'est l'effet naturel de l'arbre que de produire de l'ombre et de parer aux rayons pour tous ceux qui se trouvent en-dessous de lui.
Il en est de même pour celui qui se place sous les ailes de la Présence Divine.
Il n'est pas nécessaire de demander qu'Hachem nous délivre ou nous soutienne.
Hachem est naturellement une délivrance et une aide (yéchouaténou véézraténou) autant que les branches ont de l'ombre, ainsi celui qui se place entre les mains d'Hachem est protégé et délivré naturellement."

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-> Le Gaon de Vilna (Séfer Na'houm 1,7) explique également que :
"les souffrances ne sont pas un but en soi, la Rigueur n'est qu'un moyen qui est mis en place dans ce monde-ci pour que l'homme reste proche d'Hachem.
C'est pourquoi celui qui s'abrite à l'ombre d'Hachem et reste proche de Lui n'a aucune souffrance à subir."

+ "Chaque action d'Hachem a une intériorité et une extériorité.
L'extériorité des actions d'Hachem c'est une conduite juste, c'est-à-dire : récompenses et punitions, mesure pour mesure. Comme un homme se comporte, ainsi il reçoit.

Cependant, c'est seulement la facette extérieure des choses mais en réalité chaque action d'Hachem intérieurement est divinement profonde et a pour but d'amener le monde à sa perfection.
Sache qu'il n'y a pas une action légère chez Hachem ou une action avec peu d'intériorité. Chaque action d'Hachem a comme intention d'amener tous les éléments du monde à leur perfection, et c'est ce que signifie : "gam zou létova"
(cela aussi est pour le bien).
A la fin des temps Hachem nous montrera la profondeur de Ses actions et alors nous verrons comment les épreuves et les souffrances étaient des préparations à la bonté et à la bénédiction, car Hachem ne veut que le Bien et que la perfection de Sa bonté.
Il ne repousse pas les réchaïm, et au contraire Il s'efforce de les aider à se réparer et à se rapprocher.

Le roi David dit dans les Téhilim (92) : "combien sont grandes Tes actions, combien sont profondes Tes pensées" (ma gadlou maasé'ha Hachem ...), cela signifie qu'il y a une Bonté Divine infinie et une sagesse profonde derrière chacune des actions d'Hachem.
Pour l'instant, les actions d'Hachem ne nous sont pas compréhensibles du tout, si ce n'est que leur partie la plus extérieure, mais leur contenu est bien caché de nous, car l'intériorité des actions d'Hachem est entièrement bonne et il n'y a pas de mal ; mais cela nous ne le comprenons pas pour l'instant seulement à la fin des temps.
Lorsque l'homme comprend un peu une action d'Hachem, cela ne constitue qu'une goutte dans l'océan.
"

[Ram'hal - Daat Tévounot]

Remercier Hachem de la délivrance avant d’être délivré

+ Avoir confiance en Hachem, c'est Le remercier de la délivrance avant d'être délivré :

"Dès que le mois d'Adar débute, on augmente la joie" (guémara Taanit 29a)

=> Pourquoi redoubler de joie lorsque débute Adar?
En effet, à ce moment-là, les juifs étaient encore dans la détresse. On aurait plutôt dû préconiser de redoubler de joie lorsque le mois s'achève car ils avaient alors été délivrés.

-> Le rabbi Chaoul Yédidya de Modzitz répond que c'est précisément au temps de l'épreuve qu'il est nécessaire d'être joyeux, car cela constitue l'arme du peuple juif.

Il est écrit : "Il les a vus dans la détresse en entendant leur allégresse" (Téhilim 106,44).
N'aurait-il pas plutôt été convenu de dire : "Il les a vus dans la détresse en entendant leurs plaintes".
N'y a-t-il pas un meilleur moment pour exprimer sa joie que celui de la détresse?

Le rabbi de Modzitz explique qu'au sujet de Myriam après la traversée de la Mer Rouge, il est écrit : "Toutes les femmes sortirent après elle en rondes avec des tambourins" (Béchala'h 15,20).
A ce propos, le midrach demande d'où elles avaient des tambourins.
Et de répondre : "C'est que les femmes de cette génération étaient des tsadékettes (des femmes justes), et elles étaient certaines qu'Hachem leur ferait des miracles. Elles avaient donc emporté avec elles des tambourins."

"Il les a vus dans la détresse en entendant leur allégresse" = Hachem vit que les femmes juives manifestaient déjà leur joie, qu'elles s'étaient déjà préparées à chanter et à danser alors qu'elles étaient encore dans l'épreuve de l'asservissement d'Egypte.
Et c'est par ce mérite qu'Il délivra le peuple d'Israël de ses oppresseurs.

=> Le rabbi de Modzitz dit que cela constitue un enseignement pour Israël dans toutes les générations : lorsque surviennent des épreuves et que les juifs sont capables de chanter et louer la délivrance future, alors qu'ils se trouvent dans la détresse, alors Hachem leur vient en aide et les délivre.

["Lorsque le mois d'Adar débute, on redoublera de joie" = en augmentant notre joie, déjà avant Pourim, dans une période terrible où un décret de mort plane sur nous, nous prenons conscience que nous possédons une arme surpuissance : celle d'être joyeux.
En effet, notre joie qui provient d'une confiance totale en Hachem, attire sur nous l'aide Divine, dans Sa miséricorde totale.
A l'inverse, l'arme du yétser ara est les doutes, qui peuvent conduire à la tristesse.
Il n'y a pas de plus grande joie que l'absence de doute. Or, à Pourim nous réalisons d'à quel point derrière tout élément naturel, il y a un décret précis d'Hachem, pour notre bien, et cela conduit à avoir une confiance à 100% en Hachem, à en douter à 0%. La joie est donc forte!
=> Pourim témoigne du fait que par le fait de se forcer à sourire dans l'obscurité, Hachem va nous permettre de sourire dans la lumière, dans la joie réelle et totale.]

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-> Le rabbi de Piotrków explique d'après la même idée ce que le Baal haTourim rapporte à propos du 1er verset de Chémot (1,1) : "Voici les noms des Bné Israël qui vinrent en Egypte" (וְאֵלֶּה שְׁמוֹת בְּנֵי יִשְׂרָאֵל הַבָּאִים) ; les dernières lettres de ces mots forment : Téhilim.
De même, le midrach (Béréchit rabba 64,11) enseigne : "Pendant ses 22 ans chez Lavan, Yaakov était occupé à lire des Téhilim".
Cela s'explique ainsi : lorsque Yaakov était dans la détresse dans la maison de Lavan qui ne cherchait qu'à déraciner la souche d'Israël, il ne cessait de se renforcer dans sa confiance en D. qui finirait par le délivrer.
Plutôt que de se désespérer de sa situation, il chantait des Louanges comme s'il avait déjà échappé à son oppresseur.
Il en est de même à propos des Bné Israël qui dès le début de l'exil lorsqu'ils descendirent en Egypte étaient déjà confiants dans leur délivrance future. Ils entonnèrent dès ce moment des Téhilim, et c'est pourquoi le mot Téhilim est contenu en allusions 1er verset de Chémot.
[il en est de même dans notre exil actuel ...]

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-> Le rabbi David Dov de Maïzlich (dans son Ohr David - Méguilat Esther §1), rapporte la même idée lorsqu’il explique pourquoi les prières du roi David portent le nom de "Téhilim" (mot suggérant le cantique, comme le mot 'Téhila') alors qu’elles ont été prononcées à l'occasion de toutes les épreuves qu'il traversa.
Il aurait mieux convenu de les appeler 'Téfilotes' (prières), puisqu'elles sont des requêtes, et non 'Téhilim', terme qui suggère le chant et la louange, comme quelqu'un qui entonne un air sur un bienfait dont il a bénéficié.
L'explication en est que, même au temps de l'épreuve, le roi David avait confiance dans sa délivrance et c'était un cantique qui lui venait à l'esprit comme s'il était déjà délivré.

C'est d'ailleurs ce qu'il exprima lui-même lorsqu’il dit : "C'est en Lui que mon cœur a placé sa confiance, et j'ai été secouru ; ainsi mon cœur est-il en joie ; par mon cantique, je vais Lui rendre grâce."
Sa émouna était tellement ancrée dans son cœur qu'il était certain d'être délivré de ses épreuves.

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-> Rabbi David Dov de Maïzlich rapporte également l’explication donnée par son père, le Av Beth-Din de Pieterkov, au sujet du verset : "A moi, Ô Elokim, d'acquitter mes vœux envers Toi ; je Te paierai des sacrifices de reconnaissance" (Téhilim 56,13), de la manière suivante :
On sait a priori, qu'il n'est pas recommandé de faire des voeux, comme nous l’enseigne explicitement Kohélet (5,4) : "Mieux vaut ne pas faire de voeu", hormis lorsque celui-ci est formulé en situation de détresse (Cf. Tossefote 'Houlin 2b).
Dès lors, c'est ce que vient exprimer le verset :
- "A moi Ô Elokim" = ce qui vient suggérer la Midat Hadine (la mesure de rigueur) qui s'abat sur moi [le nom Divin Elokim était lié à l'Attribut Divin de Rigueur] ;
- "mes voeux envers Toi" = car il est alors permis de formuler un voeu ;
- je suis cependant certain que "je Te paierai des sacrifices de reconnaissance" = car Tu me sauveras et je Te remercierai de Ta délivrance.

Cette explication permet également de comprendre ce qui est dit dans un autre verset : "Avec reconnaissance, j'invoquerai Hachem, et de mes ennemis je serai délivré" (Téhilim 18,4) = lorsque j'aurai besoin d'être délivré, je L'invoquerai dès à présent et, grâce à cela, je serai délivré de mes ennemis.

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-> Sous le régime nazi (en 1938), les réchaïm obligèrent le rabbi Yaakov de Sadigura à nettoyer quotidiennement les rues de Vienne.
En nettoyant, le rabbi de Sadigura se répétait sans cesse en s'adressant à Hachem : "Je suis à Toi, et même ce racha qui est sur mon dos est à Toi, le balai que je tiens en main est aussi à Toi et même le sol que je suis en train de nettoyer est à Toi.
Il s'ensuit que cet homme qui est à Toi m'a ordonné à moi qui suis à Toi de prendre ce balai qui est à Toi pour nettoyer le monde qui est à Toi.
C'est pourquoi je l'accomplirai avec une joie immense."

=> Cela vient nous apprendre à nous efforcer d'acquérir cette vertu : voir Hachem à chaque pas et à chaque étape de notre existence.
De la sorte, nous pourrons mériter une vie remplie de bénédictions.

Par exemple, le Baal Chem Tov disait : "Celui qui vit en ayant confiance en Hachem, qui sait que rien ne survient par hasard et que toute la Nature est le fruit de la Providence Divine, mérite de voir se réaliser sur lui-même des miracles hors du commun".

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+ Avoir confiance en D., c'est anticiper notre délivrance même pendant nos difficultés :

-> "C'est en Toi que nos pères ont placé leur confiance, ils ont eu confiance et Tu les as délivrés" (Téhilim 22,5).

Le Shévet Sofer l'explique de la manière suivante :
"Ils eurent entièrement confiance qu'Hachem allait, à coup sûr, les délivrer et leur confiance était tellement forte qu'ils se sentaient déjà délivrés.
Car là est l'essence-même du Bita'hon (la confiance en D.), comme son nom l'indique (Bita'hon est de la même racine que le mot Béta'h qui signifie 'sûr, certain') : être convaincu qu'Hachem le sauvera et lui viendra en aide, et ne pas être comme celui pas qui recherche la protection Divine tout en étant habité par la crainte et le doute que "peut-être Hachem n'exaucera pas sa volonté", car cela ne constitue pas un Bita'hone intègre.
Il me semble que l'on peut, grâce à cela, expliquer le verset : "C'est en Toi que nos pères ont placé leur confiance, ils ont eu confiance et Tu les as délivrés", car, à priori, on peut se demander pourquoi la confiance des Bné Israël est mentionnée deux fois. C’est pour nous indiquer combien leur Bita'hone était fort, à tel point qu'ils ressentaient déjà qu'Hachem les avaient délivrés. C'est la raison pour laquelle le verset mentionne leur confiance une deuxième fois en l'associant, alors, à leur délivrance".

-> "Mon D., en Toi j'ai confiance, je n'ai pas honte" (Elo'aï békha batakhti, al évocha - Téhilim 25,2)
Le Ben Ich 'Haï commente :
"En effet, il existe des personnes qui, certes, ont confiance qu'Hachem peut accomplir pour elles un miracle, mais qui, néanmoins, ont honte d'en faire part aux autres, de peur de ne pas mériter ce miracle. Cela révèle que leur Bita'hon n'est pas intègre.
Un homme doit avoir une entière confiance en Hachem, de tout son coeur et de toute son âme, au point de ne pas hésiter à publier qu'Hachem accomplira pour lui le miracle qu'il attend.
C'est ce que le verset vient nous enseigner en disant [l'idée que] : "Placez en Lui votre confiance et n'ayez pas honte".

-> De son côté, le rav Elimélé'h Biderman enseigne :
En vérité, le Bita'hon lui-même attire la délivrance.
Considérons la formule que les Sages de la Grande Assemblée instituèrent dans la prière de la Amida : "vélo névoch kibé'ha bata'hnou" (Nous n'aurons pas honte parce que c'est en Toi que nous plaçons notre confiance - ולא נבוש כי בך בטחנו) : elle suggère que la confiance en Hachem est une raison de ne pas avoir honte.
Et elle est à mettre en parallèle avec la bénédiction de la guérison : "réfaénou Hahcem vénérafé ochiénou vénivachéa" (Guéris-nous et nous serons guéris, sauve-nous et nous serons sauvés ... car Tu es un D., un Roi, un médecin, fidèle et miséricordieux - רפאנו ה' ונרפא הושיענו ונושעה), ce qui suggère là aussi que la raison de notre guérison est que Hachem est un médecin fidèle et miséricordieux.
Et il en est de même également pour la bénédiction concernant la délivrance : "végaolénou géoula chéléma, ki El gadol ata" (Délivre-nous d'une délivrance complète car Tu es un D. libérateur et puissant - וגאלנו גאולה שלמה כי א-ל גואל חזק אתה).
Et c'est aussi ce que signifie la bénédiction du Téhilim : "en Toi j'ai confiance, je n'ai pas honte" (je n'ai pas honte car j'ai placé par confiance en Toi).

Sachons que toute marque de Bita'hon de notre part est acceptée et agréée par Hachem.
Le Déguel Ma'hané Efraïm (sur Pourim) explique ainsi le chant (de Pourim) : "léodia ki kol kivikha lo yévochou"
(Pour proclamer que tout celui qui espère en Toi ne subira pas la honte - להודיע כי כל קויך לא יבושו).
Il dit : "On peut comprendre "tout" dans le sens de "même un peu", ce qui suggère que même celui qui espère un peu [en Hachem], verra s'appliquer à son égard "il ne subira pas la honte" (lo yévochou) et ne sera pas déçu.

[on peut des fois se dire ça sert à rien de témoigner un petit peu de confiance en D., qu'est-ce que ça peut bien Lui faire, cela a de la valeur que si je fais une grande proclamation de bita'hon ...
Mais en réalité, même une marque de confiance minuscule (surtout dans nos moments difficiles) est acceptée et a une importance énorme auprès d'Hachem, qui va s'en saisir pour rendre plus agréable notre vie.
(l'idée que dans nos moments obscurs même une petite lumière de confiance en Hachem, est visible et importante. Ainsi, c'est précisément dans ces moments que l'on doit s'efforcer de faire briller notre espérance en la délivrance très prochaine de papa Hachem)]

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-> Le rav Chlomké de Zwil avait coutume de dire que le véritable "test" pour savoir si quelqu’un est doté de émouna est lorsqu'il est confronté aux difficultés et plongé dans l'obscurité.
Si l’on s’aperçoit alors qu'il est en colère contre lui-même et contre le monde entier, cela prouve que sa émouna est défaillante.
Car le croyant véritable crie de tout son coeur : "C'est ce qu'Hachem a décrété, et je crois d'une foi parfaite que tout ce qui m'arrive provient de mon Père Céleste, et que ce n'est que bénéfique, source de bénédiction, de joie, de délivrance et de consolation".

Cette attitude le préservera de la colère, qui est un très mauvais trait de caractère, au sujet duquel le rav Chlomké Zwil disait : "Celui qui se met en colère est un apostat fini, car s'il croyait réellement, il n'aurait rien ni personne contre qui s'irriter, puisque l’autre ne lui a rien fait, et que c’est Hachem Lui-même qui est à l’origine de ce qu’il subit. Et dans le fond, sa colère ne fait que trahir sa pensée profonde selon laquelle quelqu’un d’autre existerait en dehors d’Hachem, qui serait en mesure d’agir également.
C’est ce que nos Sages enseignent : "Celui qui se met en colère ressemble à un idolâtre"(Rambam Déot
2,3 d’après guémara Shabbat 105b)."

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"Dès que le mois d'Adar débute, on augmente la joie" (guémara Taanit 29a)

-> Rachi explique : "Des jours de miracle pour Israël : Pourim et Pessa'h."

-> Le 'Hatam Sofer (Drachot 1ere partie, 162b) écrit :
Il existe une grande différence entre le mois de Nissan et celui d’Adar.
- Car en Nissan, le miracle se produisit en dehors des limites naturelles par la sortie d'Egypte et la mer Rouge qui se fendit. Un tel miracle fait plus de bruit au moment où il se produit.
Cependant, ce ne fut pas une publication de l’action permanente de la Providence Divine.
- Tandis que lors des miracles d’Adar, rien ne fut modifié dans le cours naturel du monde et aucun homme n'intervint à leur sujet.
Malgré tout, celui qui réfléchit au cours des évènements depuis le festin d'A'hachvéroh jusqu'à la fin de la Méguila y verra se manifester la Providence Divine de manière extraordinaire et y décèlera également une conduite dirigée dans tous les évènements du monde.
Hachem modifia alors le cours des astres de la même manière qu'il agit avec nous chaque jour, sans que le bénéficiaire du miracle ne s'en aperçoive ...
C'est parce que la Providence Divine particulière qui s'exerce sur nous [sans que nous n'en ayons conscience, dissimulée dans la naturalité des choses] se remarqua davantage que l’on redouble de joie.

C'est à ce sujet qu'il est écrit dans la Méguilat Esther (9, 5) : "Ces jours de Pourim ne disparaîtront pas du sein du peuple juif et leur souvenir ne sera pas effacé du sein de leurs descendants."
Et cela concerne 2 aspects :
- d'abord, le fait que l'homme prend conscience à Pourim des merveilles de la Providence,
- et ensuite, suivant le sens littéral du verset, le fait que ces jours de Pourim ne disparaîtront jamais. Car il en est de même à chaque génération, puisque ce miracle n'est pas seulement une histoire qui se déroula jadis, mais (comme il est écrit) "ces jours de Pourim ne disparaîtront pas du sein du peuple juif".
Jusqu'à présent, tout ce qui est arrivé dans le monde et qui semblait naturel a toujours fait l'objet d'un calcul bien précis dans le Ciel pour le bien des juifs.
Cette vérité constitue l'essentiel de notre émouna comme l'affirme le Rambam (fin de Paracha Bo) : "Celui qui n’y croit pas n'a pas de part dans la Torah d'Hachem."

=> On redouble de joie pendant le mois d'Adar car lorsqu'un homme croit sincèrement qu'Hachem l’accompagne (au cours de son existence) à chaque instant, pour son bien, et qu'Il dirige chacun de ses pas, alors son cœur se remplit d'allégresse et sa bouche de louanges.

[le but de Pourim est d'enraciner dans le cœur de chaque juif la émouna dans la Providence Divine lorsque celle-ci est dissimulée, et que les ténèbres l'enveloppent.
Cela provoque de la joie, et de la joie provoque cela.]

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-> "Celui qui désire voir ses biens se maintenir, qu'il plante parmi eux un Adar [selon Rachi, il s'agit d'un arbre important]", comme il est dit : "Adir bamarom Hachem" (Hachem est puissant dans les hauteurs - Téhilim 93,4).
[guémara Beitsa 15b]

Rachi d'expliquer : "Adar traduit l'idée de force."

Le Sfat Emet (sur Roch 'Hodech Adar) commente cette guémara ainsi : celui qui désire que ses biens spirituels et matériels se maintiennent "plantera un Adar", à savoir qu'il pensera en permanence que "hachem est puissant dans les hauteurs".
De cette manière, il comprendra que tout ce qui lui arrive ici-bas provient d'Hachem.
Grâce à cela, il réussira dans toutes ses entreprises.
Il devra néanmoins veiller à ce que cette vérité ne reste pas superficielle mais pénètre également son cœur afin de vivre cette émouna.

[nous devons intérioriser notre confiance en Hachem dans notre cœur (à l'image des racines profondes d'un haut arbre) de manière à ne pas tout oublier lorsque se présentera la moindre épreuve.
Lorsqu'un homme réalise qu'il n'existe rien en dehors de D. et que rien de bon ou de mauvais ne peut lui arriver sans qu'Hachem ne l'ait décidé, il ne sera jamais triste.
Ainsi, lorsque Adar est là, qu'on voit la grandeur (adir) et la magnificence de Hachem, alors on ne peut qu'augmenter la joie.]

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-> "Celui qui lit la Méguila à rebours n'est pas acquitté" (michna Méguila 17a)

Selon nos Sages, cela nous apprend que celui qui étudie la Méguila depuis la fin en remontant jusqu'au début, après avoir vu l'ampleur du miracle, et qui est alors impressionné par l 'enchaînement extraordinaire des évènements passés, n'est pas quitte de son obligation.
Car le but de la émouna est de reconnaître, même au moment où la Présence Divine est voilée, que tout est pour le bien.
C'est ce qui est suggéré par l'obligation de lire la Méguila suivant l'ordre (chronologique) : avant même que le miracle se révèle au grand jour, l'homme est déjà convaincu d’une issue favorable.

-> Le rabbi de Berditchev (Kédouchat Lévi) explique l'absence du Nom d'Hachem dans toute la Méguila, car Hachem dirigea alors tous les évènements de manière dissimulée.
Il écrit : "Néanmoins, lorsque l'on associe tous les mots (qui représentent les évènements), on décèlera entre les lignes que le Maître du monde dirige tout à Lui seul avec une Providence extraordinaire."

-> Certains commentateurs (comme le Yossef Léka'h) font remarquer que le Nom d'Hachem apparaît néanmoins en filigrane à 2 reprises dans la Méguila :
- dans les premières lettres de : "yavo amélé'h véHaman ayom" (que viennent le roi et Haman aujourd'hui - יבא המלך והמן היום - Méguilat Esther 5,4) ;
- et également dans les lettres finales de : "ki kalété élav ara'a" (Haman vit que sa fin était arrivée - כי כלתה אליו הרעה - Méguilat Esther 7,7).
Cette présence évoque le fait qu'aussi bien lorsqu'Haman se trouva au somment de la gloire, que lorsqu'il arriva au moment de sa chute, rien n'était le fruit de sa force, mais tout était dirigé à chaque instant par la Providence Divine.
Ceci nous enseigne que Hachem se trouve constamment présent dans l'existence d'une personne et que tout ce qu'elle traverse ne constitue que des moyens utilisés par Hachem.

[le nom d'Hachem n'apparaît pas clairement dans la Méguila, mais en prenant plusieurs mots successifs nous nous rendons compte que rien ne peut se passer sans un décret de Sa part.
(2 fois dans la Méguila : lettres du début, lettres de la fin => tout du début à la fin n'existe, ne peut se produire indépendamment de D.).]

"Si un homme possède la foi et a une confiance en D. comme il se doit, il sait alors que tout ce qui lui arrive vient de Hachem.
Tout ce qui le concerne se déroule alors en fonction de ses besoins de la meilleure manière qu'il soit."
[Sfat Emet - A'haré Mot 5654]

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-> "Qui est l'homme riche? Celui qui est content de sa part" (Pirké Avot 4,1)
Rachi explique : "sa part, la part que Hachem lui réserve, qu'elle soit bonne ou mauvaise, grande ou petite, il prend tout du bon côté".

-> Dans nos moments difficiles, on est tenté de soupirer : "Maître du monde, quand finiront enfin toutes ces difficultés qui m'accablent?"
Le rabbi Avraham Elimélé'h dit : "Un juif n'attend pas que les épreuves se passent, mais au contraire il les acceptent avec amour et joie".

Lorsque quelqu'un sait que tout provient [uniquement] d'Hachem, alors il va réussir.
Mais s'il pense que c'est la nature qui règne, alors il va échouer.
[Bné Yissa'har - Adar 1,8]

[Il explique : "Pourim est composé de miracles qui sont entièrement dans les règles de la nature, et pourtant tout le monde a vu l'intervention merveilleuse d'Hachem"]

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-> La reconnaissance que nous sommes dans les Mains d'Hachem, totalement dépendant de Lui, est propice pour qu'Il accepte nos prières.
[Méor Enayim]

[il dit que c'est pourquoi la prière est si puissante au mois d'Adar, car avec la proximité de Pourim, nous prenons conscience d'à quel point il n'y a que Hachem qui gère les moindres détails du monde, y compris ce que l'on prend pour acquis car dans la naturalité des choses.
Plus nous faisons dépendre notre vie des "Mains" d'Hachem, plus nous donnons du pouvoir aux "Mains" Divines d'agir pour nous, et notre vie n'est alors plus uniquement au "mains" des lois de la nature.]

En hébreu, un problème se dit : "béaya" (בעיה).
Le rav Zamir Cohen fait remarquer que c'est l'acronyme de : "boré olam yiftor akol" (le Créateur du monde [Hachem] résoudra tout - בורא עולם יפתור הכל).

Le but de toute la Torah est d'amener l'homme à la émouna et à la connaissance du Créateur du monde, à comprendre qu'Il est le Maître de tout, et qu'Il est le Seul et Unique qui accomplit tout ce qui arrive ...

Avec la Torah, une personne peut s'attacher avec Hachem.
Comme il est dit [au tout début des 10 Commandements] : "D. prononça toutes ces paroles en disant : "Je suis Hachem (אָנֹכִי יְהוָה) ton D." = l'objectif de la Torah est qu'une personne ait de l'attachement à Hachem et de la émouna.
Avec la Torah, on peut proclamer : "Tu es notre D.!"
[Noam Elimélé'h]

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-> Dans le moussaf de Roch Hachana, nous disons : "ouvToraté'ha katouv lémor : Shéma Israël Hachem Elokénou Hachem é'had".

Le rabbi Yé'hezkel de Kozmir explique :
- "ouvToraté'ha katouv" = Tout ce qui est écrit dans la Torah
- "lémor = l'est afin que les juifs puissent dirent
- "Shéma Israël Hachem Elokénou Hachem é'had" = que Hachem est Un (l'Unique).

-> Le Zohar appelle les misvot : "les 613 conseils" (tary'ag itin - תרי"ג עיטין), car elles sont des conseils pour atteindre une pleine émouna.

-> "Il n'y a pas de limite à la prise de conscience de la Présence Divine.
Le plus nous connaissons Hachem, le plus nous réalisons que nous ne savons rien [à Son sujet].
Chaque jour, nous cherchons alors à augmenter cette conscience, de plus en plus."
[Maor vaChéméch - Ki Tavo]

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-> Le rabbi Tsadok haCohen (Tsidkat haTsadik 156) enseigne :
"L'homme doit avoir confiance qu'il n'y a pas de hasard dans le monde, et que tout est conduit par la Providence Divine, de croire d'une foi parfaite qu'il n'y a absolument rien qui vient par hasard, et que tout ce qui lui arrive est dirigé par Hachem.
Cette vérité est le fondement de tout, et les 613 mitsvot de la Torah ne sont que des moyens de parvenir à cette connaissance intime que tout ne dépend que d'Hachem.

Toutes les fautes sont définies dans les malédictions : "Si vous vous comportez avec Moi hostilement" (Bé'houkotaï 26,27).
[le terme employé pour désigner : hostilement, est le mot "kéri" (קֶרִי), qui s'apparente à la racine du mot "mikré" (מקרה) qui signifie : par hasard]
Car les transgressions constituent une dérogation à l'ordre, et elles-mêmes ne suivent aucun ordre.
De même, les châtiments sont appelés : "la colère de [Mon] hostilité" (Bé'houkotaï 26,28).
[là aussi est employé pour désigner l'hostilité le terme : "kéri" (קֶרִי)]
=> Dès lors, en ayant une foi parfaite qu'il n'y a aucun hasard (le contraire de l'ordre), on peut adoucir tous les mauvais décrets et réparer toutes les fautes."

"Le but principal de la émouna, pour lequel le monde a été créé, est de croire que Hachem est partout ... et ainsi la joie est partout, et tout est pour le bien.

C'est pourquoi la première étape est qu'une personne soit toujours joyeuse, et elle doit s'attacher à cette émouna en Hachem qui lui donne la vie et les bontés à chaque instant.
Lorsqu'une personne est triste ou qu'elle se plaint, elle témoigne qu'il lui manque du bien, et c'est similaire à de l'hérésie.
C'est pourquoi, la kabbala nous met très sérieusement en garde d'être triste.
Quelqu'un qui a de la émouna ne ressent pas de souffrance. Tout dans le monde [qui cela semble positif ou négatif] lui est égal.
[Tanya - Igrot haKodech 11]

[rien ne peut m'arriver sans un décret d'Hachem. Puisque je ne suis pas D., que je ne comprends pas ce qui se passe dans le monde, pourquoi alors me pourrir le moral, m'attrister, en donnant de l'importance à mon interprétation des choses, qui est très sûrement faussée.
Plutôt que de reconnaître notre ignorance sur ce monde, nous préférons donner de l'importance à notre tristesse, se réfugier dans l'idée d'une injustice latente (pourquoi m'arrive-t-il cela!).
La tristesse est une des armes favorites du yétser ara.
Sourire à la vie, même quand les apparences nous semblent négatives, c'est proclamer à Hachem : "C'est toi le boss! J'ai confiance dans le fait que Tu gères tout au top du top!"]

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-> "Tu es supposé être [toujours] satisfait de ton lot, car seul Hachem sait ce qui est véritablement bien pour toi.
Par conséquence, il n'y a aucune raison d'être jaloux de notre prochain."
[Agra déKalla]

Ouverture de la mer Rouge & émouna

+ Ouverture de la mer Rouge & émouna :

-> Au moment où les Bné Israël se trouvaient face à la mer, poursuivis par les égyptiens, Hachem dit à Moché : "Pourquoi cries-tu vers Moi?" (Béchala'h 14,15) .

=> Comment comprendre cela, car vers qui peut-on crier sinon vers Hachem, en particulier dans un tel instant de détresse?

-> Le Ohr ha'Haïm haKadoch répond :
A cet instant, les Bné Israël étaient soumis à un jugement céleste (''tant ceux-là (les égyptiens) que ceux-là (les Bné Israël) servent les idoles'' - midrach, Chémot Rabba 21).
Ils avaient donc besoin de beaucoup de miséricorde Divine.
Cependant, même si Hachem voulait leur accorder un jugement favorable et accomplir un miracle en leur faveur, ils ne possédaient aucun mérite ni mitsva pour éveiller cette miséricorde.

C'est pourquoi Hachem demanda à Moché : "Pourquoi cries-tu vers Moi?" = Il voulut lui suggérer ainsi que cela ne dépendait pas de Lui, étant donné que la ''midat haDin'' (la mesure de rigueur) s'opposait à l'accomplissement d'un miracle, faute de mérites.

Hachem dit à Moché, qu'il ne reste qu'une solution : "Parle aux Bné Israël, qu'ils se renforcent dans leur émouna de tout leur cœur, et qu'ils avancent dans la mer avant qu'elle se fende, en ayant confiance qu'un miracle se produira.
Grâce à cela, la mesure de miséricorde aura le dessus, car la émouna et le bita'hon sont suffisants pour faire à eux seuls pencher la balance du bon côté!""
Et il en fut ainsi!

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-> Au moment où les Bné Israël se trouvaient face à la mer, poursuivis par les égyptiens, Hachem dit à Moché : "Pourquoi cries-tu vers Moi?"
Le rav 'Haïm de Volozhin (Néfech ha'Haïm 1,9) commente :
Cela signifie que si les Bné Israël ont une émouna et un bita'hon forts, et s'ils se déplacent dans la mer [car ils ont confiance en Son sauvetage] ... alors cela va entraîner un éveil d'en-Haut afin qu'un miracle se produise pour eux, et la mer Rouge va alors s'ouvrir.

[les actions d'Hachem reflètent les actions des juifs.
En faisant preuve d'émouna et de bita'hon, nous pouvons entraîner une action Divine aussi miraculeuse que la traversée de la mer Rouge.
A l'image des kérouvim, plus nous faisons face à Hachem par de l'étude de la Torah et des prières, plus Hachem va nous faire face et nous combler de Ses bontés.
Par contre si nous comptons sur d'autres forces que Lui, alors Il laisse la nature s'occuper de nous.]

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-> Le midrach rabba (Chémot 22,3) écrit :
"Quelle différence y a- t-il entre les miracles de la sortie d’Egypte et celui de l’ouverture de la mer Rouge?
La différence est que les miracles relatifs à la sortie d’Egypte étaient plus durs (kachim) que celui de la mer Rouge.
C’est pour cette raison que lorsqu'Hachem parle de la sortie d’Egypte Il mentionne son Nom : "Anokhi Hachem" = Je suis Hachem qui t’ai fait sortir du pays d’Egypte, alors que Son Nom n’est pas mentionné lorsque la Torah parle de l’ouverture de la Mer rouge."

Hachem a mis de côté la rigueur et la droiture, dans tous les miracles qu’Il leur a réalisés dans cette libération, en comptant sur le fait que dans le futur ils se mettront au niveau et ils recevront la Torah.
Hachem a agit ainsi, en Egypte, dans la mesure où cela était indispensable vue leur situation (arrivés au 49e niveau d'impureté, ils ne pouvaient pas y rester un instant supplémentaire).
C’est pourquoi le midrach précise que les miracles faits en Egypte étaient durs à réaliser car ils n’étaient pas justifiés et vont à l’encontre de la droiture et de la rigueur.

Le Sfat Emet ajoute : "C’est pourquoi la paracha Béchala’h commence par Vayéhi qui est un langage de malheur (vaye) car il est vraiment difficile et malheureux de libérer des gens qui ne sont pas du tout aptes à cette libération (vayéhi béchala'h Par'o ét aam - Ce fut, lorsque Pharaon eut renvoyé le peuple) ...
La mesure de rigueur a été patiente et a attendu ; mais les accusations se sont renforcées et accumulées, et il devenait indispensable que les Bné Israël vivent une épreuve telle que celle de l'ouverture de la mer Rouge où ils allaient eux-mêmes être actifs dans la libération et la mériter d’un point de vue strict."

-> Le Sfat Emet dit que les Bné Israël avaient une émouna en Hachem pour l’instant superficielle avec une connaissance générale du principe de émouna mais sans avoir fait rentrer dans leur cœur la grandeur du Roi des rois.
Ils ont donc tous paniqué lors de cette épreuve de l'ouverture de la mer Rouge.
Moché leur a dit : "Juste taisez-vous, tenez-vous prêts à la délivrance (yéchouva)" ; les Bné Israël ont donc commencé ce travail à faire rentrer dans leur cœur toute la connaissance de ce qu’ils avaient vécu en Egypte, des miracles extraordinaires, afin qu’ils arrivent à comprendre que dans les détails présents de leur épreuve il y avait aussi cette main d’Hachem, qui pourrait subitement devenir salvatrice dès qu’Il l’ordonnerait.

-> Le rav 'Haïm Chmoulévitz (Si'hot Moussar) explique que la difficulté pour les Bné Israël dans cette épreuve est qu’Hachem a ordonné : "Parle aux Bné Israël et qu’ils voyagent (dans l’eau)" (daber el bné Israël vé'issaou) = c'est-à-dire qu’ils devaient arriver à un niveau de confiance en Hachem où la sensation effrayante de l’eau serait moins intense que le sentiment de confiance en Hachem qui remplirait leur cœur, à tel point qu’ils aient l’impression de ‘’voyager’’ à pied sec.

Leur acte était donc plus issu d’abnégation que de émouna et là n’était pas le but.
Il est certain que tous les Bné Israël auraient le cran de se sacrifier pour Hachem, mais ce qu’Il leur demandait c’était de se renforcer en Confiance en Lui : que chacun travaille sur son cœur pour que la émouna découverte en Egypte soit maintenant assimilée, ressentie et mise en pratique ...

Rabbi Yéhouda bar Ilaï (guémara (Sota 37a) est d'avis que chaque juif disait : je ne veux pas rentrer, je ne veux pas rentrer, jusqu’à que Na'hchon ben Aminadav avance dans l’eau.
Le rav Chmoulévitz explique que nous parlons pas de "gens petits" qui ne sont pas prêts à écouter la parole d’Hachem ou à se sacrifier pour Lui (et qui préfèrent attendre que les égyptiens les rattrapent!), mais plutôt à des personnes conscientes qu’elles n’ont pas le niveau d’avancer dans l’eau avec assez d’émouna pour avoir l’impression qu’elles voyagent tout simplement vers l’autre rive.

C'est pour cela que le miracle de l'ouverture de la mer Rouge était particulièrement difficile, car cette fois-ci il ne s’agissait pas d’une difficulté pour Hachem (si l’on peut dire) comme ce fut le cas des miracles en Egypte, mais d’une difficulté pour les Bné Israël qui devaient se mettre au niveau et mériter leur libération.

C’est pourquoi selon le Ohr ha'Haïm haKadoch (cf. ci-dessus), Hachem a dit à Moché : "J’ai envie de leur faire un Miracle et les sauver mais je ne peux pas intervenir car la midat haDin l’empêche".
Non pas qu’Hachem ait un quelconque empêchement de réaliser Sa volonté, mais pour le coup il fallait maintenant que les Bné Israël s’affirment et méritent une libération d’un point de la stricte rigueur ; car tous les miracles dont ils avaient profité en Egypte, étaient en réalité comme "un crédit" qu’ils n’avaient même pas mérité (chélo kéDin).

-> C’est pourquoi nous disons tous les jours dans les bénédictions de la lecture du Shéma : "Chira 'Hadacha chibé'hou guéoulim léchim'ha haGadol al séfat hayam" (Un chant nouveau, ont chanté les libérés pour Ton grand Nom, sur le bord de la mer).
En d’autres termes, c’est seulement lorsque les Bné Israël sont arrivés au bord de la mer qu’ils ont pu mériter leur statut de "libérés" ; car jusqu’à maintenant, il s’agissait d’une libération assez superficielle ; une sortie géographique de l’Egypte, accompagnée de miracles "non mérités" et une attache à l’impureté et aux Klipot encore très présente.

Le Maharal écrit également (Nétsa’h Israël) : "C’est seulement lorsque l’homme atteint un niveau de Chlémout (perfection) que peut sortir de lui tout naturellement une chira (chant) pour Hachem."
[d'après Néfech Yéhoudi - Béchala'h 5778]

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-> "Pharaon s'approcha, les Bné Israël levèrent leurs yeux et voici que les égyptiens les poursuivaient, ils eurent très peur et les Bné Israël crièrent vers Hachem" (Béchala'h 14,10)

-> Le Alcheikh haKadoch (v.14,5) enseigne :
"Hachem n'a d'autre désir que celui de voir les Bné Israël se soumettre à Lui et reconnaître qu'ils ont constamment besoin de Son immense bonté et de Sa miséricorde débordante.
Dès l'instant où ils l’oublièrent, d'emblée : "Voici que les Egyptiens les poursuivaient."
Ainsi puisque : "Les Bné Israël sortirent la main haute" (v.14,8), ce que le Targoum traduit : ''l'esprit orgueilleux'', alors par conséquence D. envoya sur le champ Pharaon, afin de les amener à se soumettre et à reconnaître leur impuissance en l’absence de l’aide Divine.
Dès qu'ils en prirent conscience, "les Bné Israël crièrent vers Hachem" et au même instant, Il vint les délivrer d'une manière exceptionnelle en bouleversant l’ordre de la nature. Il fendit la mer et la leur fit traverser à pieds secs."

-> "Les Bné Israël crièrent vers Hachem"
Rachi commente : Ils ont agi comme l’avaient fait leurs ancêtres. [qui se tournait toujours en prières à Hachem]
=> Le Barténoura interroge : que vient nous apprendre Rachi, puisque le verset signifie déjà qu'ils se sont tournés vers Hachem en prières?

Il explique que Rachi dit qu'ils étaient en train de copier les Patriarches, et qu'ils ne faisaient rien [des profondeurs] d'eux-mêmes.
Nous ne devons pas faire la prière parce nos Patriarches l'ont instituée, mais plutôt nous devons la faire avec une émouna totale que Hachem est au même moment en train de nous écouter, qu'Il est en face à face avec nous.
Cela ne doit pas être une routine ou le fait de copier autrui, même des tsadikim.
Nous devons prier parce que nous le désirons sincèrement, parce que nous en comprenons la nécessité vitale et son objectif (se soumettre totalement à D.).
Il manquait ces aspects dans leurs prières.

[il semble d'après le Barténoura qu'ils ont dû avancer dans la mer afin de prouver leur émouna authetique, ce qu'ils n'avaient pas pleinement fait par le biais d'une prière des profondeurs de leur cœur!]

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-> "Et ses mains furent (étendues avec) confiance" (Béchala'h 17,2)

Le Divré Chmouël commente :
"Celui qui possède une émouna authentique, celle-ci le sert comme il le ferait avec sa propre main.
De la même manière qu'un homme est en mesure d'agir grâce à ses mains selon sa volonté, il est en mesure d'agir également avec sa émouna."

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-> A la mer Rouge, tout le monde a atteint un haut niveau de prophétie (même les servantes voyaient D. et Le pointaient du doigt : "c'est mon D." [zé éli]).
Mais au don de la Torah, il y avait des limitations : certains pouvaient être plus proches du mont Sinaï, tandis que d'autres se tenaient plus loin. [chacun recevait la Torah en fonction de son niveau en Torah]
=> Pourquoi l'ouverture et la traversée de la mer Rouge étaient similaires pour tous les juifs, tandis que le don de la Torah dépendait du niveau de chacun?

Le rabbi de Tchortkov explique que le niveau en Torah dépend de la quantité qu'on a pu étudier.
Cependant, à la mer Rouge il s'agissait de la émouna, dans lequel il n'y a pas de différences.
En effet, quelqu'un peut avoir peu de connaissances, mais avoir une "émouna péchouta", et percevoir autant qu'un grand tsadik, sans aucune différence.

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-> "Ils se révoltèrent aux bords de la mer, de la mer Rouge" (Téhilim 106,7)

La guémara (Pessa'him 118b) explique que les Bné Israël s'apprêtant à quitter la mer Rouge après leur traversée, et voyant les égyptiens commençant à s'y engager à leur poursuite, ils avaient peur qu'ils les rattrapent.

=> Après tous les miracles que Hachem a fait pour eux lors de cet événement incroyable de la traversée de la mer Rouge, comment comprendre que les Bné Israël avaient encore peur des égyptiens?

Le rabbi Moché Mordé'haï de Lélov répond : "Ils croyaient en Hachem, mais ils ne croyaient pas en eux-mêmes".
Ils se demandaient : "Comment se peut-il que je sois si spécial pour Hachem? Je suis un simple être humain, avec beaucoup de fautes, de limitations et de faiblesses. Se peut-il que Hachem va réaliser des miracles que pour moi?"
Ils s'interrogeaient : "De même que j'ai été sauvé, peut-être que les égyptiens vont également être sauvés".

Lorsque la mer Rouge s'est ouverte, le peuple juif avait une émouna défaillante, puisqu'ils ne croyaient qu'en la grandeur d'Hachem.
Mais au moment de chanter le Cantique de la mer, leur émouna a grandi, et ils croyaient également en leur grandeur personnelle.

=> C'était cela la rébellion à la mer Rouge, et nous faisons également face à cette même épreuve au quotidien.
Certes nous devons renforcer notre émouna en Hachem, mais nous devons également travailler à développer notre fierté d'être juif, notre émouna en nous-même (l'âme d'un juif est une partie Divine beaucoup plus puissante que celle d'un non-juif).

Par exemple, nous devons répondre au yétser ara : "Tu as tord, je suis une personne sainte, de grande valeur. Et mon papa Hachem a un amour infini inconditionnel pour moi . Il désire et se réjouit de me voir faire Sa volonté."
Au moment d'être testé par la femme de Potiphar, Yossef va dire : "Il n'y a [personne de] plus grand que moi dans cette maison ... et comment puis je commettre un si grand méfait et offenser Hachem?" (Vayéchev 39,9).
Selon nos Sages, nous devons suivre l'exemple de Yossef et proclamer : "je suis quelqu'un de grande valeur", et par conséquent comment en venir à fauter?
C'est grâce à cela que Yossef a réussi à surmonter l'épreuve.
[on doit avoir un orgueil de sainteté, qui nous pousse à donner le meilleur de nous même dans notre service d'Hachem]

-> "Bien-aimé est le peuple d’Israël pour être appelé "enfants de D." ; c’est un surcroît d’amour que de leur avoir fait savoir qu’ils sont les enfants de D., car il est dit : "Vous êtes les enfants de Hachem votre D." (Réé 14,1)" (Pirké Avot 3,14)

=> Pourquoi l'emploi de : "un surcroît d’amour ('hiba yétéra - חִבָּה יְתֵרָה) de leur avoir fait savoir qu’ils sont les enfants de D"?

Le rav Elimélé'h Biderman répond qu'en se basant sur le principe que l'on ne dit pas toutes les louanges d'une personne en sa présence, si Hachem nous a dit que nous sommes Ses enfants, ce n'est qu'une louange partielle.
La réelle étendue de Sa louange à notre égard ne nous a jamais été dite.
La michna emploie "un surcroît d’amour" pour nous signifier qu'en réalité l'amour d'Hachem à notre égard est beaucoup plus important que peut l'être l'amour d'un parent pour ses enfants.

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-> "C'est alors qu'il chantera" (az yachir - Béchala'h 15,1)
La guémara (Sanhédrine 91b) explique l'utilisation du futur : "A partir de là, on apprend de la Torah la résurrection des morts."

=> Pourquoi nos Sages ont-ils déduit précisément la résurrection des morts à partir de ce verset?

Rabbi Yé'hiel de Kozmir explique qu' à ce moment là (juste après la traversée de la mer Rouge), les Bné Israël méritèrent un tel dévoilement de la Présence Divine, qu'ils tendirent leur doigt en s'écriant : "Voici mon D." (zé Eli).
La plus simple des servantes vit sur la mer ce que le prophète Yé'hézkiel Ben Bouzi lui-même ne vit pas.
Il en résulta que leur émouna disparut complètement car la foi concerne les choses que l'on ne peut voir.
En revanche, pour quelque chose qui se trouve devant les yeux, il n’est pas question de croyance mais de l’utilisation du sens de la vision.
C'est pourquoi, il fallut à ce moment-là éveiller leur foi par celle de la résurrection des morts.
Celle-ci ne leur ayant pas encore été dévoilée, ils pouvaient ainsi accomplir cette mitsva de émouna à travers elle.

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-> "Qui a droit au monde futur?
C'est celui qui juxtapose la délivrance (du peuple d'Israël au moment de la sortie d'Egypte à la fin des bénédictions du Shéma) et la prière (la Amida)."
[guémara Béra'hot 4b - en pratique dès que nous disons "gaal Israël", nous enchaînons tout de suite avec "Adonaï chéfataï"]

-> Rabbénou Yona explique :
"C'est parce que lorsqu'un juif mentionne la délivrance de l'Egypte et qu'il prie juste après, il montre par là qu'il place sa confiance en Hachem en lui demandant de pourvoir à ses besoins, car celui qui n'a pas foi en Lui ne Lui demande rien ...

Cela semble être également l'explication du midrach (Chémot Rabba 23,2) selon lequel lorsque les Bné Israël virent la main puissante d'Hachem en Egypte, ils se mirent à craindre Hachem et eurent foi en Lui.
Et puisqu'un juif mentionne la même délivrance au cours de laquelle nos pères eurent confiance en Hachem et furent sauvés et il se met à prier immédiatement après, il montre qu’il est convaincu qu'Hachem lui répondra comme Il répondit alors aux Bné Israël ...
La confiance en D. est l'essentiel de la crainte et de la foi, c'est pourquoi il mérite grâce à elle le monde futur."

=> Ainsi grâce au rappel des miracles et des prodiges qui eurent lieu lors de la sortie d'Egypte, la émouna et le bita'hon d'un homme grandissent.
Dès lors, il aura également davantage confiance dans sa propre délivrance. Lorsqu’il priera, il sera certain qu'Hachem lui répondra et le comblera de tous les bienfaits du monde.

-> "Il a fait un souvenir à Ses merveilles, Hachem est miséricordieux et Il fait grâce" (Téhilim 111,4)

=> Quel rapport y a-t-il entre le souvenir qu'Il a fait à Ses merveilles et Sa miséricorde?

Le rav Elimélé'h Biderman explique :
Hachem dit à Ses enfants bien-aimés : "Souvenez-vous des merveilles que J'ai accomplies pour vous au moment où vous êtes sortis d'Egypte, et lorsque vous vous trouverez dans la détresse (à D. ne plaise), rappelez-vous l'adresse à laquelle il faut s'adresser dans de telles circonstances.
Adressez-Moi vos prières et vous réveillerez ainsi en Moi le désir d'accomplir pour vous des miracles et des merveilles."

C'est ce qui est dit : "Il a fait un souvenir à Ses merveilles", afin qu'on se souvienne des miracles qu'Il a accomplis, car "Hachem est miséricordieux et Il fait grâce", Il désire constamment nous prodiguer du bien, ce qu'Il fait en nous rappelant la sortie d'Egypte afin que nous disions Ses louanges.

=> En plaçant sincèrement et simplement notre confiance en Hachem, nous pouvons libérer une profusion de bienfaits et de grands miracles.

-> Rachi (Béchala'h 14,15) : Le mérite de leurs pères et la émouna qu’ils m’ont vouée en quittant l’Egypte suffiront à leur ouvrir la mer.
=> Ainsi, nous renforçons notre émouna dans la sortie d'Egypte, et ensuite dans le début de la amida nous rappelons le mérite de nos Patriarches (éloké Avraham, éloké Its'hak, éloké Yaakov).

[cela est très motivant : en effet, pour maximiser l'impact de nos prières, cela ne dépend pas de notre niveau actuel, mais à la fois de nos ancêtres (ex: nos Patriarches) et et surtout de notre projection dans le futur.
En rappelant la sortie d'Egypte, nous développons notre conscience en la toute-Puissance, en la bonté infinie de Hachem (qui a même libéré nos ancêtres qui étaient au 49e niveau d'impureté!).]

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-> Dans la paracha Béchala'h, il y a 116 verset, comme la guématria de : "yad émouna" (une main confiante - יד אמונה).
C'est une allusion à la foi des Bné Israël qui s'est affermie quand ils ont vu la main de D. punir les égyptiens au passage de la mer.
Ils se sont rendus compte d'à quel point tout ce produit selon main d'Hachem (yad Hachem).

[un juif se rappelle fréquemment de la sortie d'Egypte, car bien que Hachem soit le Créateur du monde, Il est impliqué dans toute chose, au point que rien ne peut se passer sans qu'Il en émette un décret en ce sens.]