+ La colère : c'est détruire notre "moi" le plus intime :
-> La colère est pour le yétser ara, ce qu'est une brèche dans un mur pour un voleur.
[Séfer haMéchalim 76]
-> La colère rend l'homme impur de l'intérieur et de l'extérieur : elle éradique son âme, au point qu'il ne lui reste pas même un ligament dans la sainteté.
[midrach Pin'has]
-> Une personne qui se met en colère déracine et détruit tout ce qui est saint en elle.
Quoiqu'elle ait pu atteindre [en spiritualité], la colère le détruira.
[Rav 'Haïm Vital - Chaaré Kédoucha - Roua'h haKadech 3]
-> Qui ne protège pas son âme de la colère supprime la Sainteté suprême et instaure à la place les forces du mal (sitra a'hra).
Assurément, un individu en colère se rebelle contre Hachem (qui est en lui) ... il Le met en pièces sous l'effet de sa colère et y fait régner un "dieu étranger".
[Zohar - Tétsavé 182a]
-> La colère a pour effet d'éveiller le grand Accusateur : Essav, c'est-à-dire Edom, à partir duquel s'anime en chaîne [des multitudes] d'Accusateurs qui oppriment et dominent celui qui se met en colère.
Son image divine l'abandonne et il perd son visage d'homme.
[Rabbi Na'hman de Breslev - Likoutei Etsot p.47]
-> Une personne en colère déracine et détruit tout ce qui est saint en elle, et la passion enflamme le corps.
Elle perd son âme la plus élevée et sainte, qui est alors remplacée par les forces de l'impureté ...
Son âme (néfech) lui est arrachée et remplacée par un dieu étranger.
[Zohar 2:182]
-> En ce qui concerne la colère, mon maître [le Arizal] était extrêmement prudent, plus que pour toute autre faute, car aucune autre faute n'impacte de la sorte l'âme d'une personne.
En effet, lorsqu'une personne se met en colère, l'âme qui est en elle la quitte, et est remplacée par une âme provenant du côté impur ('hits'onim).
[Rav Haïm Vital - rapporté dans le Naguid ouMétsavé - Chaar haYi'houdim]
-> Selon le rav Haïm Vital :
"Mon maître [le Arizal] faisait très attention à la colère, plus qu’à toutes les autres fautes, même quand il se mettait en colère pour une mitsva.
Et quand j’enseignais à mon frère, qu’il ne savait pas aussi bien que je l’aurais voulu et que je me mettais en colère contre lui, même dans ce cas mon maître me le reprochait beaucoup.
Toutes les autres fautes produisent un défaut dans un seul membre [du corps], mais la colère porte atteinte à toute l’âme et la rend impure."
-> "Dans la colère, tu te déchires toi-même" (Iyov 18,4)
Lorsqu'une personne est en colère, elle déchire en morceaux sa sainte âme et la détruit.
Et puisqu'il ne peut pas y avoir de vide, alors l'espace laissé libre est pris par "le côté obscur".
Le Maor vaCémech (paracha Tazria) conclut : "Lorsque les forces de vie d'une personne partent, un esprit d'impureté y entre [à la place]".
<------------------>
-> Rabbénou Yona note que dans la colère, il y a la rage qui est une tendance animale, faisant perdre toute raison, et causant des dégâts qu'on n'aurait jamais imaginés à tête reposée.
C'est ainsi que le Ram'hal (Messilat Yécharim chap.11) enseigne :
"Celui qui est en colère pourrait détruire le monde entier si il le pouvait.
Il est hors de contrôle comme une bête sauvage, et prêt à commettre toutes les fautes du monde si sa colère le mènerait à cela, car il est totalement dominé par sa colère.
Le Séfer haMéchalim dit : "la colère est à l'intelligence, ce qu'est un nuage au soleil".
Une personne a beau être rayonnante de sagesse, la colère va tout recouvrir, ne laissant s'exprimer que sa partie/face sombre, sa folie.
Un tout petit peu de colère suffit à faire perdre la clarté de jugement, d'une quantité considérable de sagesse!
-> "le sot donne libre cours à sa folie" (Michlé 13,16)
-> "Tout celui qui se met en colère ... développe sa sottise"
[Rav Yirmiya de Difti - guémara Nédarim 22b]
-> "La colère est à demeure au sein des fous" (Kohélet 7,9)
-> Le Ram'hal ajoute également : "derrière toute expression de colère se cache le désir inconscient de tuer quiconque contredit notre volonté."
-> Le Sifté 'Haïm enseigne qu'en se mettant en colère, on donne le contrôle de soi-même à notre mauvais penchant, qui en profite alors pour exploiter librement nos mauvaises tendances.
[Durant notre colère, c'est comme donner les clés de son être au yétser ara, et lui dire : "Fais ce que tu veux avec!" Bien évidemment, au final ce sera à nous d'en régler la note, au combien salée! ]
<------------------>
-> Une personne a beau avoir de très nombreuses mitsvot importantes à son crédit, mais elles sont toutes perdues lorsqu'une âme impure vient remplacer l'âme sainte qui est à l'origine de ces bonnes actions.
Ce processus se reproduit à chaque fois qu'une personne se met en colère.
Et le pire, est que les suppléments d'âmes de tsadikim reçus, lorsque nous avons réalisé une mitsva avec un grand dévouement, sont également perdus.
[Réchit 'Hokhma - Chaar Roua'h haKodech 7]
-> L'ensemble des fautes ne portent atteinte qu'à un seul membre, à l'exception de la colère qui porte atteinte à l'âme toute entière, en la bouleversant intégralement.
En effet, lorsqu'il se met en colère, l'homme voit son âme sainte l'abandonner pour être remplacée par une essence émanent de son écorce [matérielle].
[...]
L'homme colérique ne réussit rien aussi longtemps qu'il détient cette tendance, même s'il est un véritable tsadik dans toutes ses voies. Car par sa colère, un tel individu détruit tout ce qu'il a édifié. Il chasse son âme pure ...
[...]
Tous les efforts qu'un homme aura fournis pour atteindre la sainteté s'évanouissent dès lors qu'il se met en colère, comme si tout ce qu'il a entrepris n'était d'aucune utilité ...
Toutes les fautes (à l'exception de la colère) ne font que porter une atteinte que la téchouva est à même d'effacer, tandis que la colère déchire et supprime notre âme, ce qui entraîne que son préjudice requiert de nombreuses réparations, afin de restaurer sa sainte âme qui lui avait été arrachée.
C'est pour cela qu'on doit être très vigilant à ne pas se mettre en colère, et ce même pour une mitsva."
[Rabbi 'Haïm Vittal - Chaaré Kédoucha - Roua'h haKadech]
<----->
-> Une âme qui a été détruite est tellement difficile à récupérer.
Une personne colérique est constamment en train de détruire ce qu'elle construit, et entraîne le fait que son âme (néchama) la quitte encore et encore.
[Réchit 'Hokhma]
-> Qu'est-ce qui peut être pire que d'être obligé de recommencer de nouveau à partir de zéro, pour récupérer toutes nos mitsvot perdues [par notre colère], a de maintes et maintes reprises?!
La seule façon d'éviter de constamment régresser est de contrôle sa colère.
[le 'Hida - Moreh BeEtzba]
-> Nous nous donnons tellement de mal à être un réceptacle pour la présence divine.
Comment peut-on activement s'engager dans des actions qui entraînent l'exact contraire?
[Rabbi David de Lida]
[d'une certaine façon, ce que l'on pense gagner grâce à notre colère, sera toujours infiniment trop cher payé, par rapporte à ce que nous allons y perdre!
Le Steïpler rapporte que la plaie des grenouilles est appelée au singulier : tséfardéa (Chémot 8,2). Pourquoi cela?
En réalité au début, une seule grenouille est venue, mais à chaque fois qu'un égyptien frappait une grenouille, celle-ci se divisait en 2, entraînant un gain de la colère chez cet égyptien qui continuait à frapper.
L'idée est que la colère aveugle toute logique la plus évidente, et nous conduit à agir de telle façon à aggraver notre situation, en étant prêt à tout perdre!
Notre égo : Plutôt mourir, tout perdre, que de ne pas avoir le dernier mot! => Est-ce que cela en vaut vraiment la peine?]
<------------------>
-> "Une personne colérique n'acquiert rien dans sa main, si ce n'est sa colère" [guémara Kidouchin 40b]
Rachi commente : il ne gagne rien, mais ne fait que se détruire.
Le Méor Enayim commente : Chaque nuit [après s'être endormi], lorsque l'âme monte en Haut, la Main [Divine] écrit toutes les fautes que cette personne a pu faire durant sa journée.
Cependant, si elle s'est mise en colère pendant ce jour, alors uniquement cette faute est écrite, et rien d'autre n'a besoin alors d'être noté.
En effet, tout est inclut dans la colère, car la colère est ce qui précède et annonce toutes les autres fautes.
C'est pourquoi, la guémara dit qu'elle : "n'acquiert rien dans sa main, si ce n'est sa colère", car cela est tout ce qui sera finalement mis par écrit. C'est l'unique faute pour laquelle Sa Main [Divine] y appose une signature.
<----->
-> Lorsqu'on se met en colère, des anges du mal vont collecter nos remarques et les apporter en-Haut.
Ils disent alors : "Ceci est l'offrande qu'Un-tel nous a offerte!"
Les voix Célestes puissent des cris dans tous les cieux : "Malheur à un-tel, qui a servi des dieux étrangers! Malheur à la personne qui s'est égarée! Bénie est la personne qui arrive à se maîtriser!"
[Zohar Tétsavé 182:1 - rapporté par le 'Hida]
-> Lorsqu'un homme jette un objet sous le feu de sa colère, tous ces préposés du côté du mal s'en emparent.
Ils le hissent et le rapprochent vers ce côté, puis ils s'écrient : "Voici l'offrande d'un tel!"
Cet appel se répand dans tous les firmaments, et l'on proclame : "Malheur à un tel, qui sous l'effet de la colère, a suivi une divinité étrangère et a servi un autre dieu!" [...]
Heureux l'homme qui prend garde ... qui ne chute pas par sa colère dans le gouffre profond dont il ne peut plus remonter.
[Zohar - Pékoudé 263,2]