+ La colère - Quelques citations de nos Sages (5e partie) :
+++ Réagir face à la colère :
-> Tu peux être en colère ou bien résoudre le problème, mais tu ne peux pas faire les deux.
[Rav Sim'ha Wasserman]
-> "Le coléreux se punit à cause de la sottise de son prochain.
[Rabbi Nathan Tsvi Finkel - le Saba de Slabodka]
-> De même que l'eau éteint le feu, de même le silence annule la force de la colère.
[Pélé Yoets]
-> Si l'on vient de gagner des millions au loto, alors il est difficile de nous mettre en colère, car nous avons un tel plaisir intérieur à l'idée d'avoir gagné une telle fortune que nous ne nous laissons pas perdre le moral.
Nous avons à chaque instant l'énorme cadeau de pouvoir être en vie, et cette joie d'être vivant doit être suffisante pour réduire au silence tous ce qui peut venir nous perturber.
[Hokhma ouMoussar]
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-> Le rabbi Naftali Amsterdam raconte : "Un jour, j’ai demandé au Admor (son maître : le rabbi Israël Salanter) quel était le remède à la colère. Il m’a répondu : Si on travaille à se montrer bienfaisant et à ne faire que du bien au prochain, la colère se trouvera éliminée automatiquement."
Rabbi Israël Salanter se montrait très sévère vis-à-vis de la rancune envers autrui, disant qu’il fallait absolument l’extirper totalement, car elle était la cause de nombreuses fautes. Il disait que presque toutes les fautes envers autrui avaient leur cause dans la rancune.
Il a également dit que l’homme doit réfléchir au fait que toutes les affaires de ce monde-ci sont des vanités, et que l’homme ne connaît pas le moment où il devra quitter ce monde. Par conséquent, de quoi peut-on tenir rigueur? D’un monde qui de toutes façons n’est pas à moi?
-> Rabbi Israël Salanter estimait qu’en fait, c’est une mitsva positive de la Torah, "tu marcheras dans Ses voies". L’homme a l’obligation de s’attacher aux voies du Hachem.
Quand on L’irrite, non seulement Il se montre longanime, mais en même temps Il donne également la vie à la personne en question, et par conséquent lui accorde tout ce dont il a besoin et tout ce qu’il demande.
Certes, il arrivait parfois, en particulier devant un public, que Rabbi Israël ait l’air de se mettre en colère, pour faire des reproches à un individu ou à une communauté, mais toute sa colère était uniquement simulée.
On sentait parfois que dans sa colère, il tournait le visage vers le mur et se murmurait à lui-même "la colère du visage et non celle du cœur".
Si quelqu’un lui avait causé quelque tort ou l’avait offensé, non seulement il se dominait et le lui pardonnait, mais en même temps il s’efforçait de lui rendre un service en compensation du mal qu’il lui avait fait.
[à l'image d'Hachem qui même si on l'irrite continue de nous prodiguer des bontés. De plus, en faisant une bonté à quelqu'un qui nous a irrité, on applique le principe que donner à autrui c'est développer de l'amour pour lui. Ainsi, puisque nous avons pu en perdre par son comportement, nous pouvons compenser cela par le fait de lui donner, et la colère (le fait de lui en vouloir) n'a alors plus sa raison d'être!]
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-> Rabbi Israël Salanter dit :
"Avant que je ne commence à apprendre le moussar, j'étais souvent en colère, mais uniquement contre les autres, jamais envers moi-même. Une fois que j'étudiais le moussar, j'étais également en colère contre moi-même.
Maintenant, après avoir étudié le moussar depuis longtemps, je ne suis en colère que contre moi-même. Tous les autres, je les juge favorablement."
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-> De même que le visage des gens est différent, de même en est-il de leurs opinions.
[guémara Béra'hot 58a]
Le rav Bounim Eiger enseigne : de même que nous ne nous mettons pas en colère parce qu'une autre personne a un visage différent du nôtre, de même, cela n'a pas de sens de se mettre en colère s'il pense différemment de nous.
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-> Dans le Lev Eliyahou, il est écrit que le rav Eliyahou Lopian pour s'assurer de ne pas réagir sous le coup de la colère avec ses enfants ou élèves, il attendait un instant, jusqu'à être certain de ne plus éprouver d'irritation à leur égard.
Un jour, comme l'un de ses enfants avait commis un écart de conduite particulièrement grave, il attendit 2 semaines avant de lui adresser des reproches, jusqu'à être parfaitement sûr de ne plus éprouver le moindre ressentiment à son égard.
-> Même pour la réalisation d'une mitsva, il est uniquement permis de feindre [extérieurement] la colère, mais pas de s'emporter intérieurement.
[Choul'han Aroukh haRav - Ora'h ha'haïm 156]
-> "Pourquoi n’avez-vous pas mangé le sacrifice expiatoire dans le lieu saint" (Chémini 10,17)
Le Rabbi Israël Its'hak d’Alexander explique : les initiales des mots de ce verset forment le mot "malé ahava" (rempli d’amour).
Et auparavant, il est écrit "Moché se fâcha", pour nous enseigner la nature de cette colère : lorsqu’elle provient de Moché, elle est remplie d’amour [à 100%].
-> "Moché se mit en colère ... Moché leur dit" (Matot 31,14-15)
Pourquoi le nom de Moché est-il répété ici à 2 reprises?
Le rav Zalman Sorotskin (Oznaïm laTorah), commente que la répétition du nom de Moché fait allusion au fait qu'il laissa s'écouler un intervalle entre son accès de colère et les paroles qu'il leur adressa : c'est seulement après s'être calmé qu'il formula ses reproches.
=> Cela nous enseigne que lorsqu'une personne est en colère, elle doit attendre avant de parler que sa colère soit passée.
-> Le Rabbi Its'hak de Vorka disait qu'on ressent un énorme besoin de répondre lorsque nous sommes en colère, mais on a encore beaucoup d'occasions pour le faire par la suite [sans avoir à payer personnellement le prix de s'être mis en colère].
[sur le moment c’est souvent destructeur (combat d’égo plutôt que de raison), tandis qu’après coup on peut construire pour le bien de tous, de la Vérité.]
-> L'Alter de Kelm avait un manteau spécial, qu'il appelait : "l'habit de la colère".
En effet, à chaque fois qu'il ressentait de la colère, il devait aller le porter.
Le temps nécessaire pour le revêtir, lui suffisait pour complètement se calmer.
-> A l'époque du Ramak, une personne qui s'était mise en colère, donnait de l'argent à la tsédaka, recevait des coups, et s'abstenait de viande et de vin.
De plus, elle allait se tromper au mikvé pour retrouver sa néchama, et elle étudiait des parties ésotériques de la Torah. [selon le Ohr Tsadikim]
[cela ne nous concerne pas, mais permet de se rendre compte d'à quel point ils abordaient sérieusement la moindre colère]
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-> "La charité pratiquée discrètement protège de la colère" (Michlé 21,14)
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-> "Ne te lie pas d'amitié avec ceux qui se mettent en colère, tu pourrais copier leurs mœurs et t'engager toi-même dans un piège." (Michlé 22,24-25)
-> Ne sois pas en compagnie de quelqu'un qui se met facilement en colère. Une telle relation te sera forcément négative.
[Roch - Or'hot 'Haïm - lettre 122]
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-> Selon le 'Hazon Ich (Emouna ouBita'hon), il y a 2 forces en l'homme : aimer et haïr.
Elles ne peuvent pas fonctionner en même temps. Si tu détestes, tu n'aimes pas et si tu aimes, tu ne détestes pas.
Lorsque tu aimes quelqu'un, tu interprètes tout ce qu'il fait positivement, sans effort. A l'inverse lorsque tu détestes quelqu'un, tu le suspectes pour chacun de ses actes.
Par ailleurs, il faut prendre conscience que la majorité des gens n'a pas des traits de caractère parfaits, et qu'ainsi nous ne devons pas avoir des attentes d'autrui qui sont exagérées.
[De même que nous avons un visage différent, de même nous avons une façon de mener notre vie différente. De même que je ne suis pas parfait, autrui également a des défauts, et je dois vivre avec.
D'ailleurs, tout le mariage consiste à gérer des différences!
Vivre c'est accepter que tout ne va pas comme on le souhaite, car chacun est humain et unique!
[la Vérité de la Torah ne peut se percevoir que de différentes facettes!]]
-> Un jour, la femme du rav Moché Shmouël Shapiro s'est excusée d'être en retard, et elle lui a demandé d'attendre encore quelques minutes.
Le rav lui a répondu : "Tant que tu n'es pas prête, cela signifie que nous n'attendons pas, et que tu ne nous mets pas en retard.
C'est plutôt le contraire! Tant que tu n'es pas prête, cela signifie que le moment de quitter [la maison] n'est pas arrivé!"
[la colère est parfois une excuse pour évacuer de la frustration, de la culpabilité personnelle, ...
Plutôt que de se parler, il est plus facile de vider son sac par la colère.
Au-delà d'avoir une vision positive et juste sur la vie, nous devons également être prêt à parfois payer un prix nécessaire pour maintenir la paix, tellement cette dernière est précieuse.
En effet, il est écrit : "La paix est le récipient des bénédictions" - michna Ouktsin 3,12]
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-> L'homme doit penser : "Est-il possible qu'un homme qui a perdu un florin brise un vase qui vaut mille florins sous l'effet de la déception et de la colère?"
[Séfer 'Harédim]
-> Rabbi Shlomo Ze'ev Klein (Ma'hané Rach) nous conseille de redéfinir nos priorités.
Est-ce que ce sur quoi je m'énerve maintenant, je vais encore en être énervé dans 5 minutes, une heure, un jour...?
Ainsi, est-ce que cela vaut-il vraiment la peine de me mettre en colère (qu'est-ce que je peux y gagner, par rapport à l'énormité de ce que je peux perdre!).
[tout passe tellement vite dans la vie, pourquoi se prendre la tête pour des futilités éphémères.
Au contraire, nous devons nous réjouir qu'en nous contrôlons et en "subissant" la situation, nous avons la possibilité d'obtenir des expiations pour nos fautes, à un prix infiniment inférieur à celui que nous devrions sinon payer dans le monde à Venir.
b'h, quelle affaire Hachem Tu me permets de faire!!]
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-> "Si quelqu'un t'appelle : "un âne", mais une selle sur ton dos"
[guémara Baba Kama 92]
=> L'idée est que lorsque nous admettons avoir une erreur/faute, alors autrui va arrêter de parler.
[autrui te fait comprendre : tu n'es qu'un âne (abruti) => tu as raison regard ma selle! => parfois avec cette personne, situation, il faut couper court, plutôt que d'alimenter un feu de discorde dévastateur!]
-> Certains se lèvent le matin cherchant une raison de s'énerver ...
Ils passent leur journée à observer des choses qui vont les fâcher, généralement en faisant abstraction de tout ce qui est positif.
Lorsqu'une personne recherche des opportunités pour se mettre en colère, elle les trouvera.
[Rav Guershon Henoch de Radzin]
[Souvent nous nous mettons en colère contre quelqu'un, et ensuite nous nous rendons compte que ce n'est pas vraiment contre elle que nous sommes en colère, mais plutôt contre la personne que nous pensions qu'elle était.]
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-> "Si la personne dont les mots t'ont mis en colère est sage, dans une large mesure de jugement, reconnaît ses opinions comme étant valables d'être écoutés.
Si c'est un fou, alors considère ses mots comme les gazouillis des oiseaux ou le braiment de l'âne."
[Réchit 'Hokhma - chap.5]
-> Si tu es conscient de tes propres défaillances, tu seras moins exigeant envers les autres [et donc moins en colère à leur égard. De même que j'ai mes défauts, ils ont les leurs!]
[Rav Yé'hezkel Levenstein]
-> "Puisque je reconnais que je ne suis pas parfait, que j'ai encore tellement à corriger dans mes pensées, paroles, et actions, alors j'écoute les mots de ces personnes.
En effet, à l'opposé de mes amis, mes ennemis ne vont pas hésiter à exposer mes fautes, et je peux en profiter, même si leurs intentions peuvent ne pas être pures, et ce en extrayant la part de vérité et en l'utilisant pour mon propre bénéfice."
[l'Alter de Kelm]
[=> ainsi, au lieu de se mettre en colère, c'est la fête/joie, puisqu'on nous révèle des pistes d'amélioration personnelle!]
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-> "Attends aussi peu que possible des autres, et ainsi tes attentes seront rarement déçues [ce qui évitera la colère en résultant]"
['Hazon Ich]
-> La paix et tout ce qui est bon fleuriront dans ce monde, si seulement les gens portaient de l'attention au fait de juger autrui favorablement."
[le Migdal Oz]
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-> "Ne cède pas trop vite à ton humeur irascible, car la colère est à demeure au sein des fous"
[le roi Salomon - Kohélét 7,9]
Le 'Hafets 'Haïm (Chemirat haLachon) dit que toute personne sensée se doit de fuir la colère, comme elle le ferait s'il y avait un feu dévorant.
-> La guémara ('Houlin 58b) rapporte la colère entre 2 mouches, bien que leur espérance de vie soit uniquement d'une seule journée.
Le rav Yaakov Meïr Schechter dit que nos 70 à 80 années de vie dans ce monde, sont nulles devant l'éternité du monde à venir. Ainsi, combien est-il affreux/horrible de consacrer ce temps si limité dans de la colère et des conflits.
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[le Zohar enseigne que toute personne pense intérieurement qu'elle fait partie d'un groupe restreint de gens qui sont immortels.
Or, l'orgueil et la colère reposent sur ce sentiment que nous allons vivre pour l'éternité, car sinon pourquoi se prendre la tête, se prendre au sérieux, alors que nous ne sommes que de court passage sur la scène de ce monde!]