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Lachon ara : s’élever en rabaissant autrui

+ Le Lachon ara : s'élever en rabaissant autrui (par le Sifté 'Haïm) [Métsora]

-> Le Maguid qui s’est révélé à notre maître rabbi Yossef Caro lui a dit : "Celui qui dit du lachon ara sur autrui, on lui enlève ses mérites et on les donne à la personne dont il a parlé, et c’est absolument vrai. Si les hommes savaient cela, ils se réjouiraient en entendant qu’on dit du lachon ara sur eux, comme si on leur faisait un cadeau d’argent et d’or."

Il faut comprendre la signification de ce châtiment. Quelle justice y a-t-il dans le fait que les mérites de celui qui parle passent à celui dont il parle? Nous ne trouvons pas à propos des autres fautes qu’à cause de la faute, d’autres mérites soient perdus.
Quelle est donc la raison de ce châtiment spécial de la faute du lachon ara?

Le rav Dessler a expliqué que l’attirance que l’on éprouve à dire du lachon ara vient d’un défaut qui existe en l’homme, à savoir sa tendance à se mesurer non pas selon sa valeur intrinsèque réelle, mais en se comparant aux autres.
Quand on se trouve en compagnie, on évalue les mouvements, les paroles et l’habillement en se demandant comment l’autre va y réagir. Comment est-ce que je vais lui apparaître, qu’est-ce qui ne va pas lui plaire?
C’est un sentiment qui appauvrit les mouvements de l’homme, consciemment ou inconsciemment.
Cette dépendance provient d’une attitude erronée. En effet, on estime qu’une qualité n’est à considérer comme telle que lorsque l’autre la reconnaît, si bien que celui qu’on méprise devient méprisable.
A cause de ce sentiment erroné, l’homme risque de prendre plaisir aux compliments dont on l’abreuve, alors qu’il sait au fond de lui même qu’il ne possède pas les qualités dont il est question. Ce critère est faux!

A partir de là se développe le goût de dire du lachon ara.
En racontant ce que l’autre a fait de mal, celui qui parle met en valeur sa propre supériorité par rapport à lui, puisqu’aucun homme ne parle d’un défaut qui existe également chez lui.
Quand il raconte, c’est comme s’il disait : "Voici le défaut qui s’attache à Untel, alors que moi j’en suis exempt".
Celui qui dit du lachon ara veut s’élever, se mettre en valeur, non au moyen de ses propres qualités, mais en rabaissant l’autre.
Même si ce n’est pas dit explicitement, cela existe dans l’inconscient. On tire de l’honneur de la honte de l’autre!

Comme le but du locuteur était de se construire en détruisant l’autre, de s’élever sur les ruines de l’autre, il est puni par un châtiment mesure pour mesure : C’est l’autre qui sera construit à ses frais!
Ses mérites passeront à celui dont il a dit du lachon ara, et le passif de l’autre passera à celui qui a parlé. Ainsi, il sera racheté de ses fautes en étant puni mesure pour mesure.
Ce qu’il voulait faire à autrui, c’est à lui qu’on l’a fait.

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+ "On le mènera au Cohen, et le Cohen sortira" (Métsora 14,2-3)

=> Si le Cohen sort vers le lépreux à l’extérieur du camp, que signifie donc "on le mènera au Cohen"?

Le Ktav Sofer répond :
On sait que celui qui dit du mal de son prochain lui donne toute sa Torah et ses mitsvot.
C’est ce qui se trouve ici en allusion dans le verset : "Ceci sera la loi (Torah) du lépreux", c’est la fin de la Torah du lépreux, qui a dit du lachon ara, "on le mènera au Cohen" = on amènera cette Torah au mérite du Cohen, à savoir du tsadik dont il a dit du mal.
En effet, de façon générale, on dit du lachon ara sur les tsadikim. Ceux qui dirigent la génération sont appelés du nom de "Cohen".

Rabbi Yo'hanan ben Zakaï dit : "Ne pleurez pas sur le Temple, j'ai une meilleure réparation (kappara) que les sacrifices, c'est de faire de la bonté (guémilout 'hassadim), comme il est écrit : "C'est que Je prends plaisir à la bonté et non au sacrifice" (ki 'hessed 'hafatsti - Ochéa 6,6).
[Avot déRabbi Nathan (chap.4)]

Faire des bontés à son prochain = faire la guerre contre Amalek

+ Faire des bontés à son prochain = faire la guerre contre Amalek :

-> Rabbi Moché Cordovéro (Tomer Dévora - chap.1) enseigne :
"L’homme doit s’efforcer de ressembler à son Créateur dans toutes ses actions et dans toutes ses midot ; car voici que son corps et son âme ont été forgés par Hachem de telle manière qu’il soit à l’exacte image d’Hachem.
Ainsi, lorsque l’homme n’accomplit pas des actes de bonté à l’image d’Hachem, il trahit son apparence et son essence à tel point qu’on pourra dire sur lui (les anges en particulier) : cet être humain est très beau, exactement à l’image d’Hachem, mais toutes ses actions sont l’exact contraire de son apparence ...
C’est pourquoi l’homme doit s’efforcer de ressembler à Hachem dans toutes Ses midot de bonté, de compassion, de patience et en particulier dans les 13 midot de bonté d’Hachem qui sont appelées : Kéter (la couronne d’Hachem)."

-> Il en ressort qu’à chaque fois que nous renforçons la bonté entre les Bné Israël et rehaussons l’importance de chaque juif nous participons à un combat direct contre Amalek.
En effet, lui veut effacer la présence d’Hachem de sur la terre et mépriser toutes les valeurs Divines qui existent en bas, et nous par notre bonté ('hessed), nous nous attachons à renforcer l’image d’Hachem présente en chaque juif et développons les midot de bonté Divine sur terre.

Lorsque nous faisons de la bonté, nous devons nous efforcer de ne pas nous limiter à l’aide matérielle que nous apportons à l’autre mais de rehausser son honneur et par là même : l’image Divine de notre prochain.
A l’inverse Amalek s’efforce de mépriser l’importance Divine du peuple d'Israël et par la moquerie et l’impureté il refroidit chaque juif dans sa spiritualité.
D’autre part, grâce à la mida de bonté, nous renforçons également la présence des d’Hachem en nous-mêmes puisque nous nous efforçons de nous attacher à Ses midot Divine, jusqu’à lui ressembler le plus possible, ce qui sera également un grand kiddouch Hachem.
[d'après le rav Chmouël Hagege (sur Pourim)]

-> Le Rambam, à ce sujet, écrit qu’il n’y a pas de plus grande mitsva que celle de réjouir les veuves, les orphelins, et les malheureux car celui qui agit ainsi ressemble à la Présence Divine.
Il a donc effacé Amalek sur terre en faisant apparaître l’image et les midot d’Hachem en lui-même et en rehaussant la valeur Divine de son prochain.

Le lachon ara

+ Le lachon ara :

-> Le 'Hafets 'Haïm (Chmirat Halachon - chaar hazekhira, chap.2) rapporte :
- au nom du Zohar (Paracha Emor) : "chaque action qu’un homme fait en bas, il réveille une action identique dans le Ciel. Par exemple, lorsqu’un homme fait du 'hessed en bas, dans le ciel on fera également du 'hessed dans le monde."

- par ailleurs, le Zohar (Paracha Pekoudé) ajoute : "il y a un esprit d’impureté qui se réveille lorsqu’un homme dit du lachon ara.
Cet esprit monte dans le ciel et entraîne dans le monde des destructions. Malheur à celui qui réveille cet esprit et qui ne fait pas attention à sa bouche. Il ne sait pas que son réveil d’en bas a provoqué dans le Ciel un réveil d’accusation.
Lorsque les esprits s’accumulent ils réveillent alors un grand accusateur qui s’appelle : "nah’ach gadol" (le grand serpent) qui accuse le monde entier ; tout cela à cause du lachon ara qui a été dit en bas!"

Le H’afets H’aïm explique qu’Hachem aime trop les Bné Israël pour voir leurs fautes ; comme il est écrit : "Il ne scrute pas les fautes de Yaakov, Il ne voit pas combien L’énerve et le dérange Israël" (’lo ibit aven béYaakov lo raa amal béIsraël - Balak 23-21).
Tout cela est vrai tant que les juifs ne s’accusent pas les uns les autres, qu’ils vivent en paix et dans la fraternité et qu’il y a de l’amour entre eux.
Comme à l’époque d’A'hav où les juifs étaient idolâtres, certes, mais ne disaient pas de mal les uns des autres et vivaient en paix. Il n’y avait pas un mort dans cette génération lorsqu’ils partaient en guerre.
Inversement à la génération du roi David où les Bné Israël étaient plus érudits mais se dénonçaient et s’accusaient, il y avait de nombreuses pertes, à la guerre.
Lorsqu’un Juif, qui est tellement important aux yeux d’Hachem, se met à accuser un autre, alors là Hachem est d’accord d’écouter l’accusation et de se comporter avec rigueur sur celui qui est accusé. Cependant, la guémara dit que celui qui accuse est également passé au crible puisqu’il réveille lui-même l'Attribu de Rigueur.

=> En ce sens, le lachon ara n’est qu’un déclencheur et un accusateur d’autres fautes plus graves qui provoquent également de graves conséquences.
[ex: imaginons que dans notre passé nous avons été jugé avec une extrême miséricorde, compassion, d'Hachem, et en disant du lachon ara, alors on donne la possibilité au Ciel de nous rejuger mais cette fois avec l'Attribut de Rigueur extrême. Imaginons les dégâts! Il vaut mieux se faire violence et se taire, car le prix à payer pour quelques mots de lachon ara est phénoménal! ]

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-> "Le serpent mord sans faire de bruit et il n’y a pas d’intérêt pour celui qui dit du lachon ara" (Kohélét 10,11)

La guémara (Taanit 8a) demande que signifie ce verset?
Reich Lakich explique : "Dans les temps futurs viendront tous les animaux voir le serpent et lui diront : certes, le lion tue de sang-froid ses proies, mais c’est pour les manger vivantes qu’il le fait ; certes, le loup tue et met de côté ses proies, mais c’est pour les manger après-coup qu’il agit ainsi. Mais toi, pourquoi tu piques et pourquoi tu manges (il n’y a pas d’intérêt de piquer et il n’y a pas d’intérêt de manger puisque tout a le goût de la terre pour le serpent depuis la 1er malédiction).
Le serpent répondra alors : certes, mais expliquez-moi pourquoi celui qui fait du lachon ara, en fait?
[Aucune personne qui a dit du lachon ara en est ressortie gagnante! Souvent on en est tellement habitué qu'on en tire même pas de plaisir à en dire, c'est à nos yeux des mots comme d'autres ... ]

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-> Rabbi David Pinto (la voie à suivre n°831) rapporte :
"Les Sages (guémara Sanhédrin 106b) ont dit à propos de Doeg : il était un héros en Torah, savait en examiner tous les raisonnements a fortiori, et avait compté 300 halakhot dans le sujet de la tour qui vole dans les airs, mais parce qu’il aimait dire du lachon hara, il n’est pas sorti du monde avant d’avoir oublié toute son étude.
Au moment de sa mort, trois anges destructeurs sont venus à sa rencontre, l’un lui a fait oublier son étude, l’autre a brûlé son âme et le troisième a dispersé ses cendres dans les synagogues et les maisons d’étude."

"Celui qui fait honte à son prochain en public et méprise ainsi l’honneur de son prochain ... même s’il possède dans ses mains l’étude de la Torah et des bonnes actions, il ne pourra pas rentrer au monde futur."
[guémara Sanhédrin 99a]

Si l'homme dit du bien du prochain, même les anges disent du bien de celui qui parle, et s'il dit du mal, même les anges disent de lui du mal.
[Pélé Yoets - Orot Eilim]

Hachem agit mesure pour mesure.
Si tu pardonnes à ton prochain et que tu agis avec bonté à son égard, alors Hachem va te pardonner et agir avec bonté avec toi.

Il est écrit dans les Téhilim (18,26) :
- "im 'hassid" = à celui qui fait de la bonté à autrui ;
- "tit'hassad" = alors Hachem lui fera de la bonté.
[Brit Ménou'ha - Michpatim 23,5]

[le fait de pardonner à autrui, va faire que Hachem va nous pardonner.
Or, nos Sages (guémara Shabbath 55) affirment : "Il n’y a pas de souffrance sans faute" (én yissourim bélo avon). Ainsi, pardonner à autrui, c'est faire que Hachem va nous retirer des souffrances.
De plus, de même que tu as dispensé autrui de souffrances (en te retenant de lui porter atteinte), de même Je te dispense de souffrances.
Et également, de même que tu as fait du bien à autrui, de même Je te comblerai de biens.]

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-> Le Gaon de Vilna écrit que toute personne qui a de la compassion envers son prochain, alors au Ciel on a de la compassion pour elle.
Il dit que lorsque l'on agit en se préoccupant d'autrui, alors par cela on ouvre une porte en bas qui va automatiquement provoquer l'ouverture d'une porte au Ciel, et la compassion Divine peut alors se déverser sur nous.

[Hachem a envie de nous combler de bénédictions, mais pour cela nous devons ouvrir la porte en bas.
Plus nous nous soucions de notre prochain, plus le flux de bénédictions peut continuellement se déverser sur nous!
Faisons preuve de compassion envers autrui, car en retour on bénéficie de la compassion de Son papa, de notre papa : Hachem.]
[Source : Gaon de Vilna - dans le Sidour sur la bénédiction harotsé biTéchouva)]

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-> Des gens parlaient sur quelqu'un qui venait de décéder, qu'il était un tsadik nistar (un tsadik caché).
Rabbi Israël Salanter a alors dit : "Peut-être qu'il était "nistar" (caché), qu'il dissimulé ses bonnes actions, mais alors il n'était pas un tsadik. Dans notre génération, la notion de tsadik caché ne s'applique plus, car si quelqu'un est un tsadik, alors il doit se révéler et aider les autres. Les gens ont besoin de lui."

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-> Dans la guémara (Yérouchalmi Dmaï 1,3), il est relaté que rabbi Pin'has ben Yaïr était en train d'aller au beit midrach pour étudier la Torah.
Il devait traverser la rivière de Gina'i, mais la rivière était alors très haute.
Rabbi Pin'has ben Yaïr a dit : "Gina'i! Pourquoi est-ce que tu m'empêches d'aller au beit midrach?", et alors la rivière s'est ouverte pour lui.
Ses élèves lui ont demandé : "Est-ce que nous pouvons venir?"
Rabbi Pin'has ben Yaïr a répondu : "Si vous savez que vous n'avez jamais fait de mal ou manqué de respect à un autre juif, alors vous pouvez traverser le lit de la rivière, et il ne vous arrivera rien de mal."

Le rav Elimélé'h Biderman commente : on apprend de là que celui qui ne fait pas de mal à un autre juif est méritant d'avoir la mer qui s'ouvre pour lui!

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-> Rabbi Yé'hezkel de Kozmir donne 2 exemples :
1°/ C'est le moment de l'entrée de Yom Kippour, tu te dépêches d'aller à la synagogue pour ce jour si important, et sur le chemin un juif te voit et t'arrête.
Tout ce qu'il désire c'est de l'attention de ta part et pouvoir entendre un mot agréable.
=> On serait tenté de se dire : un autre jour, là c'est Kippour! Hachem m'attend!

Le rabbi de Kozmir dit : Arrêtes-toi et écoutes-le, car le fait d'aider et d'être gentil avec son prochain juif est la forme la plus élevée de téchouva.
Même si ton cœur est rempli de crainte du jour du jugement (Kippour), cela ne doit pas t'empêcher de faire de la bonté à un juif.
[lorsque l'on fait du bien à autrui, non seulement on fait la mitsva d'aimer notre prochain, mais au final nous recevons tellement plus. En effet, parfois un mot, un sourire, ... peut provoquer qu'Hachem nous comble d'une énorme bénédiction, nous dispense d'une grosse souffrance en expiation d'une faute, ...]

2°/ C'est le jour du 9 Av, et on est assis par terre sur le sol à pleurer sur la destruction du Temple.
A un moment, quelqu'un qui est amer avec la vie, désire nous parler.
=> Est-ce qu'on se dit : Fais-vite, c'est le 9 Av! C'est bon tes problèmes futiles, là on pleure pour le Temple!

Le rabbi de Kozmir dit : Tu dois l'écouter. Cela s'appelle : "un amour gratuit" (ahavat 'hinam), et c'est cela qui nous permettra de reconstruire le Temple.

-> Le Sfat Emet (Roch Hachana en 1880) a dit : "Etant donné que le Temple a été détruit par la haine gratuite, il sera donc certainement reconstruit par l’amour pour nos frères juifs."

-> "Faire preuve d’amour gratuit pour un autre juif, c’est un avant-goût de l’époque du machia’h."
[rabbi de Loubavitch]

"C'est uniquement lorsque nous renforçons notre prochain par des mots agréables, de la valorisation et des encouragements, que nous pouvons sortir victorieux de nos batailles internes et exploiter notre potentiel au maximum.

En effet, il est écrit (Matot 31,49) :
- "avadé'ha" (tes serviteurs) = il s'agit des juifs qui réussissent à servir Hachem comme il le faut ;
- "nas'ou ét roch" = ils ont élevé la tête [et l'esprit par des mots d'encouragement] ;
- "anché hamil'hama acher béyadénou" = des gens de guerre (anché hamil'hama) parmi le peuple juif [qui sont en lutte avec l'obscurité de la vie] ;
- "vélo nifkad miménou ich" = et alors personne n'a été manquant. Cet état d'esprit d'amitié, de responsabilité et d'assistance permet que tous nos frères et sœurs juifs puissent suivre au mieux leur mission dans la vie.

[rabbi Velvel]

"Lorsque 2 juifs se rapprochent dans un amour et une attention réciproques, alors la Présence Divine descend sur eux.
Lorsque "Tu aimeras ton prochain comme toi-même ..." alors "... Je suis Hachem [Je me joins à eux]" (Kédochim 19,18)"
[rabbi Ména’hem Mendel de Kossov]

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-> Si un juif aime l’autre, alors Hachem dit : "Je suis le 3e!"
[rabbi Avraham de Slonim - Kédochim 19,18]

L’essentiel de la Torah : aime ton prochain!

+ L'essentiel de la Torah : aime ton prochain! (paracha Yitro)

-> Le Mabit (Beit Elokim - Chaar haYessodot, 12) fait remarquer que les 5 premiers commandements gravés sur la première des 2 Tables de la Loi (lou'hot) concernent les mitsvot entre l’homme et D. ("Je suis Hachem", ”Tu n’auras pas d’autre D.“, le Shabbat, ...), tandis que ceux de la 2e table sont consacrés aux devoirs entre l’homme et son prochain (Tu ne tueras pas, Tu ne voleras pas, ...).

En comparant les 2 Tables de la Loi, on s’aperçoit que les mitsvot entre l’homme et D. sont énoncées longuement, alors que celles entre l’homme et son prochain sont très succinctes : Ne tue pas (לא תרצח), Ne vole pas (לא תגנוב), ...
Du fait que les 2 Tables de la Loi étaient de la même dimension, on est forcé d’en conclure que les lettres des 5 derniers Commandements étaient écrites en beaucoup plus grosses que celles des cinq premiers.

Le Mabit explique que c’est afin de mettre en avant l’obligation des devoirs envers autrui par rapport à celle des devoirs envers Hachem. Car le fondement de tous les principes consiste à veiller à nos obligations envers notre prochain.

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-> Nos Sages (guémara Sota 14a) enseigne : "La Torah débute par un acte de bonté (lorsque Hachem donna des peaux à Adam et ‘Hava pour se couvrir) et se termine par un acte de bonté (lorsqu’Hachem Lui-même procéda à l’enterrement de Moché).

Le Gaon de Vilna explique que lorsque nous voulons savoir de quoi parle un livre, nous lisons le début et la fin, et alors on a une idée du thème de base du livre.
La Torah commence par du 'hessed et se finit par du 'hessed. Ainsi, nous savons que le 'hesséd (bonté) est le thème principal de la Torah.

En ce sens, dans une lettre à sa femme, le Gaon de Vilna écrit : "car c'est l'essentiel de la Torah : rendre autrui joyeux [de façon cashère]" (ouvazé rov aTorah léchaméa'h aadam).

-> Dans la Torah, il n'y a pas une lettre en trop. Or, le mot : 'hessed (bonté) apparaît 245 fois dans la Torah, ce qui témoigne de son importance.

-> Hachem a dit aux juifs : Qu'est-ce que Je vous demande? Si ce n'est que vous vous aimez les uns les autres et que vous vous honorez les uns les autres".
[Tana déBé Eliyahou rabba 28]

-> Comme toute créature de ce monde, l’homme a été créé pour l’honneur d’Hachem et pour servir son Créateur (barou'h Elokénou chébéranou li'hvodo).
Dans l’introduction du Nefech Ha'Haïm, le fils du rav 'Haïm de Volozhin rapporte au nom de son père (le Néfech ha'Haïm) que : l’homme a également, comme ultime but, dans sa création de servir aux autres : "l’homme n’a été créé que pour aider les autres" (lo nivra adam éla léohil léA'hariné).

-> Nos Sages (midrach Béréchit rabba 8,8) rapporte que les anges de vérité étaient contre la création de l’homme car il ment [il est koulo chéker]. Les anges du Shalom (paix) étaient contre la création de l’homme car il se dispute, [il est koulo Ktata].
Mais les anges de bonté (mala'hé 'hessed) ont plaidé en faveur de l’homme. [ils doivent être créés car ils vont faire des actes de bonté!]
Ils ont donc su percevoir que la création de l’homme le prédispose à se tourner vers les autres.
En d’autres termes, l’homme n’a été créé que pour l’autre : que ce soit pour Hachem ou pour son prochain et la chose est ancrée dans sa nature.
[le monde n'existe que pour que nous puissions témoigner de la bonté!]

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-> Le commandement d’honorer ses parents (Yitro 20,12), se termine par les mots "afin que tes jours se prolongent".
D’après le Sforno, cette promesse ne concerne pas seulement ce commandement mais tous les 5 premiers Commandements, dont ceux qui le précèdent (qui sont écrits sur la première table de la Loi et qui concernent les obligations envers Hachem).
Ainsi, c’est à leur sujet qu’est écrite la récompense : "afin que tes jours se prolongent", à savoir dans le monde futur (qui se prolonge éternellement - guémara Kidouchine 39b).

Et le Sforno conclut : "Toutefois, pour ce qui est des 5 derniers commandements, qui nous ordonnent de veiller à ne pas nuire physiquement à une personne, à ne pas porter atteinte à son honneur ou à ses biens, ils sont destinés à nous garder du châtiment dans le monde futur et dans ce monde."

=> Il en ressort explicitement que si la récompense et le châtiment des mitsvot de l’homme envers D. concernent le monde futur, en revanche pour les mitsvot de l’homme envers son prochain, l’homme est puni (et à plus forte raison récompensé) déjà même dans ce monde.
Cela est d’ailleurs enseigné par nos Sages (Tossefta Péa 1, 2) : "Sur les fautes envers son prochain, l’homme est puni dans ce monde."

-> Le rabbi Shlomo de Zvhil avait coutume de dire à ce sujet que l’homme reçoit le châtiment des fautes graves commises envers autrui dans ce monde, et ce sont d’elles que proviennent la plupart des épreuves, des souffrances et des maladies graves, tandis que le Guéhinam ne concerne que les fautes de l’homme envers D.

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-> La Michna de Péa (1,1) que nous récitons tous les matins dit :
"Voici les choses dont un homme mange les fruits dans ce monde-ci et profite du capital dans le monde futur : le respect des parents, visiter les malades, recevoir des invités ... faire la paix entre un homme et son prochain, entre un mari et sa femme et l’étude de la Torah par-dessus tout."

La guémara (Kidouchin - fin du pérek richon) explique qu’il s’agit des mitsvot ben adam la'havéro pour lesquelles un homme est payé ici-bas tout de suite.
[Dans la mesure où l’étude de la Torah envoie au monde toutes sortes de bénédictions et permet son maintien, cette mitsva fait aussi partie des mitsvot ben adam lah’avéro).

Le Roch écrit sur cette Michna : et pourquoi n’a-t-on pas trouvé la même segoula pour les mitsvot ben adam laMakom?
De là, Je vois qu’Hachem désire plus les mitsvot ben adam lah’avéro (envers l’autre) que celles ben adam laMakom (envers Lui).

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-> Les 10 Commandements se terminent par : "de ce qui est à ton prochain" (vé'hol acher léréé'ha - אֲשֶׁר לְרֵעֶךָ - Yitro 20,14).

Ces derniers mots impliquent le fait que la totalité des 10 Commandements ont pour objectif : prendre soin de notre prochain, de réfléchir à ce dont ils peuvent avoir besoin (ex: matériellement, psychologiquement) et de les aider autant que nous le pouvons.

Les Richonim disent que les 10 Commandement sont une version abrégée de toute la Torah.
Ainsi, les derniers mots impliquent que : le but de toute la Torah est d'aider notre prochain.
[rav Elimélé'h Biderman]

-> Le Smag écrit qu'il y a 613 lettres dans les 10 Commandements (sans compter les 2 derniers mots : אֲשֶׁר לְרֵעֶךָ).
Chaque lettre des 10 Commandements représente une des 613 mitsvot.
Ainsi, les 2 derniers mots (à ton prochain - אֲשֶׁר לְרֵעֶךָ) semblent dire que toute la Torah avec ses 613 mitsvot consiste à prendre soin de son prochain.
[l'aboutissement de ces 613 mitsvot, c'est de prendre soin de son prochain!]

[ces 2 mots "אֲשֶׁר לְרֵעֶךָ" (à ton prochain) ont 7 lettres, et ils font allusion aux 7 mitsvot instituées par nos rabbanim (dérabbanan).
[il s'agit : des bénédictions, des bougies de Shabbath, du érouv, du nétilat yadayim, de 'Hanouca, de Pourim et du Hallel.]
On arrive alors à 620 mitsvot (613+7), qui est la guématria de : "kéter" (une couronne - כתר).
D'une certaine façon, le "à ton prochain" vient donner toute sa couronne, tout son éclat, à la Torah.]

-> En ce sens, la guémara (Shabbath 31a) rapporte :
Un jour, un non-juif vint trouver Chamaï et lui dit : "J’accepte de me convertir à condition que tu m’enseignes toute la Torah pendant que je me tiens sur un seul pied".
Chamaï le repoussa avec sa règle de mesure.

Cet homme alla trouver Hillel, qui accepta de le convertir.
Il lui enseigna : "Ce que tu hais, ne le fais pas à ton prochain : c’est là toute la Torah! Le reste est commentaire. Va étudier"

=> Ainsi, Hillel lui a enseigné la Torah en une seule phrase : la Torah toute entière a pour objectif d'aider notre prochain, d'être vigilant à ne pas lui causer le moindre mal.

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-> "Il est écrit : "Israël campa (vayi'han) là face à la montagne [de Sinaï]" (Yitro 19,2) au singulier, car les Bné Israël sont devenus comme une personne, et ce n'est qu'alors qu'ils ont mérité de recevoir la Torah."
[Ohr ha’Haïm haKadoch]

-> Par exemple le rabbi Its’hak de Vork dit à ce sujet :
"Le mot vayi’han (campa) vient de la racine ‘hen (trouver grâce).
La véritable unité n’est possible que lorsque chaque juif trouve grâce aux yeux de son prochain."

=> Il en découle que la Torah n'a pu être donnée que grâce à cette amour envers notre prochain.
Lorsque nous aimons autrui comme soi-même, alors il y a une unité, condition préalable pour recevoir la Torah, et toutes les bénédictions de papa Hachem.

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-> "La montagne de Sinaï était toute fumante, parce que le Seigneur y était descendu au sein de la flamme ; sa fumée montait comme la fumée d'une fournaise" (Yitro 19,18)

-> Le rav ‘Haïm Chmoulévitch (Michpatim 22,22) enseigne : "Celui qui met sa main dans le feu, fût-il contraint de le faire par un véritable cas de force majeur, ne pourra se soustraire aux conséquences de son acte en arguant qu’il y était forcé. Il subira la même brûlure, même s’il avait une intention Léchem Chamaïm (100% motivé pour Hachem).
Il en est de même à ce sujet : la souffrance d’un juif est un feu, et même si celui qui la provoque y est forcé, même s’il le fait Léchem Chamaïm, il manipule alors un feu dévorant."

=> au mont Sinaï, Hachem nous explique qu'autrui c'est du feu.
On peut être tout feu tout flemme de faire la volonté de D., mais si par cela on porte attente même légèrement à un juif, alors on se brûlera. Nous devons donc toujours être très vigilant à l'honneur et au respect d'autrui.

[en apparence on a l'honneur d'Hachem qui est énorme de chez énorme, et celui d'une personne qui semble si simple, voir un racha.
Pourtant le respect d'autrui a le dessus.
Par exemple, en honorant l'image Divine qui est en l'autre, nous renforçons l'honneur d'Hachem dans le monde! En attestant à quel point nous sommes frères, nous poussons Hachem à nous combler de bénédictions en tant que Père heureux et fier de voir Ses enfants qui s'aiment ...]

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-> "Ne monte pas sur Mon autel par des marches afin que ta nudité n’y soit pas découverte" (Yitro 20,23)

Rachi commente : "Car des marches d’escalier t’obligeraient à allonger le pas. Il est vrai qu’il n’y aurait pas, dans ce cas, de véritable mise à nu puisqu’il est écrit : "Fais-leur des caleçons de lin pour couvrir la nudité de la chair" (Tétsavé 28,42). Cependant, l’allongement des pas correspond presque à une mise à nu, et ce serait un manque de respect envers les pierres.
On peut appliquer ici un raisonnement a fortiori : Si la Torah, à propos des pierres, objets inanimés insensibles à toute manifestation d’irrespect, recommande pourtant qu’on leur témoigne des égards à cause de leur utilité, à plus forte raison le devra-t-on envers son prochain, créé à l’image du Créateur, et sera-t-on attentif au respect qu’on lui doit."

-> Le Rambam (Hilkhot guénéva 7,12) et dans le Tour, il est écrit : "La punition des midot (poids et mesures faussées par le vendeur) est plus grave que la punition des arayot (fautes liées à la débauche) car les premières sont des fautes entre un homme et son prochain, alors que les dernières sont relatives à des fautes entre un homme et Hachem."

-> Un acte parfois anodin envers son prochain peut avoir des conséquences considérables : vexation, souffrance, perte d'argent, ...
A ce sujet, la guémara dit, pourquoi les fautes de midot (vol dans les poids et mesures) sont plus graves que les fautes de arayote?
Car la téchouva des fautes ben adam la'havéro est plus difficile.

Le rav El'hanan Wasserman explique (Kovets Chiourim 315) que dans les fautes ben adam lah’avéro : il est indispensable d’apaiser celui qui a été offensé et de s’excuser autant de fois qu’il le faut, jusqu’à ce que lui-même soit d’accord de pardonner d’un coeur entier. Tant qu’il est encore vexé ou blessé notre faute reste entière, et même si plusieurs Kipoour sont passés.
Par contre, dans le domaine ben adam laMakom (envers Hachem), il suffit de s’amender, de regretter et de décider de ne plus recommencer ; ce qui est beaucoup plus simple.

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-> N'oublions pas que Hachem Lui-même est dépendant des souffrances des hommes : "dans toutes leurs souffrances, Il souffre’’ (bé'hol tsaratam lo tsar - Yéchayahou 63,9) ou encore ‘’Je suis avec lui dans son souci’’ (imo ano’hi bétsara – Téhilim 91,15), ce qui déculpe la gravité des fautes entre un homme et son prochain dans la mesure où, à un certain niveau, elles entrainent de la souffrance même chez Hachem Lui-même, qu’Il partage avec l’Homme, dans Sa compassion infinie.

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-> "Œil pour œil, dent pour dent, main pour main, pied pour pied ; brûlure pour brûlure, plaie pour plaie, contusion pour contusion" (Michpatim 21,25)

Selon nos Sages la Torah voulait, à un certain niveau, que l’homme comprenne que l’œil de l’autre vaut bien notre propre œil, la dent de l’autre vaut bien notre dent et la blessure qui lui a été faite est équivalente à notre propre blessure éventuelle.
C’est seulement lorsque l’homme arrive à imaginer qu’il est dans la peau de celui qui est en face de lui et qu’il ressent presque avec ses propres sens la douleur de l’autre qu’il pourra comprendre la portée du michpat (loi sociale) et la respecter pleinement.
‘‘Œil pour œil’’ veut donc dire : fais attention à ce qui appartient à l’autre comme si ton propre oeil en dépendait, comme si le Beit Din pouvait te punir en t’infligeant la même peine que tu es en train de lui faire.

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-> b'h, voir également : https://todahm.com/2015/03/18/3014