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Autrui & se lier pour l’éternité avec Hachem

+ Autrui & se lier pour l'éternité avec Hachem :

-> "L'homme a été créé uniquement pour se réjouir d'Hachem et pour se réjouir de l'éclat de la Chékhina, car il s'agit là du plaisir le plus vrai et le plus grand qui puisse exister.
Le lieu de ce plaisir, en vérité, est le monde à Venir car il a été créé exclusivement dans ce but.
Mais le chemin pour arriver à cette "destination choisie" se trouve dans ce monde."
[Ram'hal - Messilat Yécharim chap.1]

-> Le 'Hafets 'Haïm (Ahavat 'Hesed - partie 2, chap.2) précise la condition pour que cela puisse se réaliser :
"Le fait que l'homme mérite ou non de se prélasser de la Gloire d'Hachem dans le monde à Venir dépend de son attachement à Hachem de toutes ses forces pendant qu'il est encore en vie, ce qui signifie qu'il doit s'attacher à Ses Attributs.
Tout au long de sa vie, l'homme doit s'efforcer d'acquérir les Attributs Divins, qui sont uniquement orientés vers la bonté et la bienveillance. Il méritera alors de rester pour l'éternité devant Hachem et d'assouvir le désir de son âme.
Cela n'arrivera pas à quelqu'un qui n'a pas vécu sa vie en essayant d'aider les autres. S'il agit à l'encontre des voies d'Hachem, comment est-il possible qu'il puisse enfin s'attacher à Hachem dans le monde à Venir?"

Avoir un lev tov = la meilleure des midot

+ Avoir un lev tov = la meilleure des midot :

-> Rabbi Yo'hanan bar Zakaï dit [à ses éminents élèves] : "Allez et identifiez le bon chemin auquel l’homme doit s’attacher". Rabbi Eliézer dit : "un bon œil". Rabbi Yéhochoua dit : "un bon ami". Rabbi Yossé dit : "un bon voisin". Rabbi Chimone dit : "entrevoir les conséquences de ses actes".
Rabbi Eléazar dit : "un bon cœur" (lev tov). Il [Rabbi Yo'hanan bar Zakaï] leur dit : "Les paroles d’Eléazar ben Ara’h m’apparaissent préférables aux vôtres, car les vôtres sont incluses dans les siennes".
[Pirké Avot 2,10]

-> Rabbénu Yona définit : "lev tov" comme ratzon.
Il explique que "ratzon", c'est savlanout, que l'on traduit approximativement par "patience", mais qui, dans notre contexte, est mieux compris comme l'acceptation des autres.
[ le rav Wolbe (Alé Shour - vol.2) explique : la traduction littérale de savlanout est "porter un lourd fardeau" (sovèl). Avoir de la savlanout signifie que vous "portez" le fardeau que l'autre personne vous impose par un comportement ou des manières qui ne sont pas à votre goût, et que vous ne le "laissez pas tomber" même lorsque cela devient extrêmement difficile et désagréable. ]

Il dit qu'une personne qui possède ce trait de caractère : "n'est pas colérique, reste loin de la colère et répond calmement. Même lorsque quelqu'un lui fait du mal, il supporte le mal sans se venger et ne se plaint jamais ; il ne dit que des choses douces et agréables".

Rabbénou Yona explique que la mida (qualité) du "lev tov" est celle qui mène à la perfection dans toutes les autres middos.
Nous pouvons comprendre pourquoi une personne ayant un lev tov sera un bon ami et un bon voisin. Cependant, pourquoi cela devrait-il en faire une personne généreuse?
Rabbénou Yona écrit : "S'il a renoncé à son corps et à son âme pour le bien d'autres personnes, pour désirer ce qu'elles désirent et faire tout ce qu'elles souhaitent, il est certain qu'il sera prêt à renoncer à son argent pour elles".

Il y a plusieurs raisons pour lesquelles une personne insultée ou blessée peut ne pas riposter. Il se peut qu'elle ne veuille pas que la tension persiste. Elle peut avoir peur que l'agresseur se venge. Ou peut-être est-ce pour une raison plus noble, elle ne veut pas s'abaisser au niveau de son adversaire.
Bien que chacune de ces raisons soit très louable, elle ne constitue pas le niveau élevé du savlanout.
La raison pour laquelle le savlan ne réagit pas lorsqu'il est insulté est qu' "il a renoncé à son corps et à son âme pour le bien des autres, pour vouloir ce qu'ils désirent et pour faire tout ce qu'ils souhaitent". Le savlan est un maître du 'hesed.
Son intérêt dans la vie est de se soucier des autres et de faire tout ce qu'il peut pour leur bien. Il a perfectionné cette mida à tel point qu'il est même prêt à avaler une insulte parce qu'il sait qu'en ce moment, le désir de l'offenseur est de s'en prendre à lui. Si cela peut aider à soulager l'offenseur de son stress et de sa colère, le savlan est heureux de l'aider.

[ cela ne signifie pas que l'on doive se laisser piétiner ou céder à quiconque n'est pas d'accord avec soi ou nous blesse, mais plutôt que l'on dispose d'une base solide à partir de laquelle on peut réagir de manière sensée et réfléchie à une situation, au lieu de s'emporter comme on le fait habituellement après un commentaire ou une action offensante. [voir Alé Shour - vol.2 ]

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+ Hachem en tant que Savlan :

-> Hachem agit également avec la mida du savlanout.
Le Tomer Dévorah (ch.1) écrit que le savlan est le premier des 13 Attributs de miséricorde d'Hachem :
"Rien n'est caché à Hachem et il ne se passe pas un instant sans qu'une personne ne soit soutenue et maintenue en vie par Hachem. Ainsi, au moment même où une personne commet une faute contre D., Hachem Lui-même lui donne la vie et la capacité d'accomplir cet acte.
Alors qu'elle faute en utilisant la force qu'Hachem lui donne, Hachem ne s'abstient pas de lui en donner davantage. Au contraire, Hachem est sovel, Il agit avec savlanout, pour continuer à lui donner la vie et la force ... C'est pour cette raison qu'Hachem a mérité le titre de "Kel eré'h apayim" (roi qui est très patient)."
[Hachem nous donne la vie (malgré que selon la Rigueur stricte nous pourrions mériter la mort), et va même nourrir les anges Accusateurs que nous avons créés par nos fautes, dans l'attente que nous fassions éventuellement téchouva.
Nous devons prendre exemple du "comportement" d'Hachem, pour agir de même. La nature humaine est opposée à la savlanout (lorsque nous égo est atteint), ainsi tout effort pour davantage supporter un "affront" d'autrui est une victoire! ]

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+ Les disciples de Rabbi Akiva

-> L'une des périodes les plus sombres de l'histoire juive fut celle où les 24 000 disciples de Rabbi Akiva périrent pendant le compte du Omer. Chaque année, jusqu'à aujourd'hui, les juifs observent de nombreuses halakhot de deuil pendant le Omer, en souvenir de cette tragédie.
Quelle est la cause de cette punition sans précédent infligée à tant de grands érudits?

La guémara (Yebamot 62b) explique qu'ils sont morts parce que "ils ne s'accordaient pas d'honneur" (chélo nahagou kavod zé lazé).
Cependant, le midrach (Béréchit rabba 61:3) propose une raison différente pour leur mort, à savoir "ils avaient tsarout ayin (étroitesse de l'oeil) l'un pour l'autre".
Le midrach poursuit en disant que lorsque Rabbi Akiva a formé un 2e groupe de disciples pour reconstruire la Torah, il les a avertis de ne pas suivre l'exemple du premier groupe qui était affligé de tsarout ayin.

Pourquoi le midrach ne mentionne-t-il pas le fait de ne pas s'honorer les uns les autres, raison invoquée par la guémara pour expliquer leur mort?

Le rav de Ponevitch répond que la guémara mentionne la faute visible à l'œil nu, ils ne se sont pas suffisamment honorés les uns les autres. Comment était-il possible que des érudits de la Torah aussi remarquables ne se traitent pas avec le plus grand respect?
Dans le midrash, Rabbi Akiva révèle la source d'un tel comportement. Il leur montre qu'au plus profond de leur personnalité, ils étaient affligés d'un léger défaut de tsarout ayin (étroitesse de l'œil) qui s'est développé au fil du temps jusqu'à s'exprimer par un manque de respect pour les autres.

[ il est important de se rappeler que chaque fois que nous trouvons dans le Tana'h ou chez nos Sages des critiques à l'égard de grands personnages, elles correspondent à leur niveau élevé et ne doivent pas être comprises à notre niveau de compréhension limité. Nos Sages nous disent qu'Hachem est plus exigeant avec les grands tsadikim et qu'il attend d'eux une perfection totale. Même s'ils ont fait quelque chose qui ne contenait qu'une faible trace de faute (ce qui, pour une personne ordinaire, serait considéré comme si elle n'avait rien fait de mal), le tsadik est sévèrement fustigé.
Rabbénou Yona donne l'exemple d'une femme qui utilise un miroir grossissant pour voir et enlever toute petite trace de saleté sur son visage, même si elle est à peine visible à l'œil nu. ]

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+ Tsarout ayin (l'étroitesse de l'œil) :

=> A quoi ressemble la mida de tsarout ayin?
Le rav 'Haïm Friedlander la définit comme suit : "On ne peut tolérer qu'une autre personne ait des choses qui nous réussissent. On a l'impression que tout ce que l'autre personne a, a été pris sur ce qui nous revenait de droit. Comme on se sent constamment menacé par l'autre personne et que celle-ci nous prend ce qui nous est dû, on est incapable de l'honorer".

-> La Tsarout ayin est l'exact opposé de la savlanout.
La personne atteinte de savlanout cherche à s'assurer que l'autrui, même celui qui l'a insultée, a tout ce dont il a besoin, et elle est prête à sacrifier du temps, de la force et de l'argent pour y parvenir.

Le tsar ayin, quant à lui, est contrarié par le fait que quelqu'un d'autre ait quelque chose de bien parce qu'il a l'impression d'avoir perdu ce qu'il méritait. Cela l'irrite et le met en colère, à tel point qu'il ne peut physiquement se résoudre à traiter l'autre personne avec la décence et le respect les plus élémentaires, même si cette personne ne lui a absolument rien fait.

Rabbénou Yona enseigne que la mida de savlanout mène à la grandeur dans toutes les midot.
Le rav 'Haïm Vital déclare que de bonnes midot permettent d'accomplir facilement toutes les mitsvot.
Il s'ensuit qu'une personne ayant la mida de tsarout ayin s'éloigne de la grandeur. Elle n'atteindra jamais la perfection en matière de midot et de Torah ; au contraire, ses midot se détérioreront jusqu'à la disparition de la Torah dans sa vie.

Pour reconstruire la Torah au sein du peuple juif, Rabbi Akiva devait s'assurer que les fondations sur lesquelles il allait construire étaient parfaitement saines.
C'est pourquoi il avertit le nouveau groupe d'éradiquer toute trace de tsarout ayin, faute de quoi il ne serait jamais en mesure de redonner à la Torah toute sa grandeur.
[d'où ses paroles : "Tu aimeras ton prochain comme toi-même, la règle fondamentale de la Torah". Il a exhorté ses nouveaux disciples à exceller dans leur mitsvot avec autrui afin d'assurer la résurgence et la survie de la Torah.]

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-> Il est interessant de constater que Rabbi Akiva possédait ce trait d'excellence dans le bén adam la'havéro dès son plus jeune âge et qu'il est ainsi devenu le chef du peuple juif.
La guémara (Kétoubot 62b) rapporte qu'Akiva était un simple berger travaillant pour le très riche Kalba Savoua.
Ra'hel, la fille de Kalba Savoua, remarqua qu'Akiva possédait une tsniout (modestie) extraordinaire et qu'il était "ma'ali", ce qui, selon le Maharcha, signifie qu'il était agréable et serviable avec tous ceux à qui il avait affaire.
Ra'hel lui proposa de l'épouser à condition qu'il aille à la yéchiva pour étudier la Torah, même si elle savait que cela lui vaudrait la colère de son père.

En effet, Kalba Savoua était tellement contrarié qu'elle ait choisi d'épouser un ignorant plutôt qu'un illustre talmid 'hakham, comme lui, un homme puissant et influent, s'attendait à avoir comme gendre, qu'il fit le serment que le nouveau couple ne bénéficierait d'aucune de ses richesses.
C'est ainsi qu'Akiva et Ra'hel vécurent dans une grande pauvreté. Cependant, il alla à la yéchiva et revint des années plus tard comme l'un des plus grands leaders de la Torah que le peuple juif ait jamais eu.

D'où vient tout cela?
Ce n'est pas son génie de la Torah qui en est à l'origine. C'est plutôt Ra'hel qui a remarqué ses extraordinaire midot tovot et bén adam la'havéro (attitude avec autrui).
Elle vit qu'il possédait les matériaux bruts qui cachaient une grandeur infinie dans la Torah et fut tellement convaincue qu'une telle personnalité pouvait devenir un géant de la Torah qu'elle renonça à la vie de luxe et de célébrité qui lui était destinée.
En effet, elle connaissait le principe fondamental selon lequel les midot tovot sont la clé du succès dans le judaïsme, et à ce jour, le peuple juif récolte les fruits de sa sagesse.
[nous avons vu que : la mida de savlanout mène à la grandeur dans toutes les midot. ]

[rav Avraham Tabor]

Un acte de bonté que nous accomplissons aujourd'hui est comme une graine qui fleurira au moment le plus bénéfique, soit pour nous, soit pour un futur descendant.
[rav Shimshon Raphael Hirsch]

L’unicité de chaque juif

+ L'unicité de chaque juif :

-> La Torah nous dit que dans le désert au don de la Torah, le peuple juif se composait de 600 000 hommes adultes âgés de 20 à 60 ans.
Chaque individu était important et constituait un élément essentiel de la nation, car la nation juive doit compter au moins 600 000 personnes. Le nombre de 600 000 englobe tout l'éventail des personnalités uniques du peuple juif. C'est pourquoi celui qui voit 600 000 juifs en même temps récite la bénédiction de barou'h 'hakham ha'razim. Cette bénédiction exalte la grandeur d'Hachem qui a créé des millions d'êtres humains, mais dont chaque individu est unique et différent.
Si l'on voit moins de 600 000 personnes en même temps, on ne récite pas la bénédiction, car on n'a pas été témoin de toute la gamme des personnes juives uniques.
[Maharal - Gour Aryé]

Il y a plus d'un demi-siècle, six millions de juifs ont sacrifié leur vie (sont morts) pour sanctifier le nom d'Hachem. Aujourd'hui, des centaines de milliers de juifs portent le nom de ces kédochim (saints).
Si ces saintes personnes ont sacrifié leur vie pour le kidouch Hachem, notre tâche consiste à vivre une vie de kidouch Hachem. En agissant avec courtoisie et honnêteté, en parlant d'une manière aimable et agréable, une personne favorisera le kidouch Hachem dans ses interactions personnelles.
Cela contribuera à la réalisation de la belle prophétie de Yéchayahou, qui prévoyait le jour où "tous ceux qui les verront reconnaîtront qu'ils sont la semence qu'Hachem a bénie".
[rav Avraham Pam - Atara léMélé'h]

+ Hachem dit : "Si le peuple juif, qui dépend du 'hessed, s'engage dans le 'hessed les uns avec les autres, alors Moi, qui suis pur 'hessed, je dois certainement faire du 'hessed pour eux".
[midrach Béréchit rabba 33,3]

-> Le 'Hafets 'Haïm (Ahavat 'Hessed 2,5) explique ce midrach. Lorsque nous faisons du 'hessed, cela permet aux 'hassadim (bontés) d'Hachem d'être introduits dans le monde.
Le 'Hafets 'Haïm ajoute que cela est particulièrement vrai à une époque comme aujourd'hui, où une midat hadin intense (Attribut de rigueur) est présent et où notre nation a désespérément besoin de salut (à la fois sur le plan individuel et sur le plan national). Aujourd'hui, le 'hessed est certainement la clé pour mériter la miséricorde d'Hachem.
Cette idée fait écho à la guémara (Yérouchalmi Sanhédrin 10) : "Si vous voyez que le mérite des Patriarches a disparu et que celui des Matriarches s'est effrité, allez vous accrocher au 'hessed."

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-> Le Chlah haKadoch [à la fin de son commentaire sur masse'hét Pessa'him] écrit que le 'hessed est extrêmement vital. Sur la base du verset (Téhilim 52,3), "Le 'hessed d'Hachem dure toute la journée", il affirme que l'on ne devrait pas laisser passer un seul jour sans trouver un moyen de s'engager dans du 'hessed.

Interagir avec autrui

+++ Interagir avec autrui :

-> La guémara (Baba Métsia 58b) prévient que le fait d'offenser ou de blesser une autre personne par des mots (onaat dévarim) est pire que de lui nuire financièrement.
Quelqu'un qui embarrasse publiquement une autre personne ou l'appelle par un surnom désobligeant n'a pas sa place dans le monde à Venir.
Même si la personne a déjà l'habitude d'être appelée par ce nom et n'en est pas gênée, la personne qui a donné ce nom n'a toujours pas sa place dans le monde à Venir.

-> Par ailleurs, la guémara (Méguilla 27b) rapporte que Rabbi Zakaï a dit à ses disciples qu'il méritait la vieillesse comme récompense pour n'avoir jamais appelé quelqu'un par un surnom.
Les Tossafot expliquent qu'il se référait même à un nom non péjoratif.
Tout nom qui n'est pas flatteur ou qui est utilisé avec affection doit être évité.

C'est pourquoi il faut bien réfléchir à la manière de saluer les gens.
Il est évident que l'on ne doit jamais s'adresser à un parent, à un rav ou à un enseignant par son prénom. Ce serait un manque de respect flagrant. Leur position exige qu'on les appelle par leur titre.
En revanche, entre amis ou collègues, il semble approprié de saluer les autres par leur prénom. S'adresser à eux par leur nom de famille donne une impression de froideur et de distance. Cela peut être considéré comme un élément d'irrespect de la personne.

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+ Leçon de comment écrire une lettre :

-> Le rav Yérou'ham Lévovitz a répondu un jour à quelqu'un qui lui avait écrit une lettre hâtive et bâclée. Dans sa réponse, il a énuméré 3 règles pour rédiger correctement une lettre.
Nous pouvons en apprendre beaucoup sur la manière correcte de communiquer et de traiter avec les autres.
Notre retation avec autrui (ben adam la'havéro) n'est pas moins une mitsva que la mitsva de l'esrog, qu'il nous est ordonné d'embellir. Si tel est le cas, il est tout à fait possible d'embellir une lettre adressée à un ami. Écrivez sur du papier propre avec un stylo de qualité, écrivez clairement et proprement, et bien sûr, le contenu doit être pur et agréable. Surtout, n'écrivez pas à la hâte, afin que le lecteur prenne beaucoup de plaisir à lire la lettre.

L'idée essentielle qui doit être soulignée est que tout ce qui a trait au "ben adam la'havéro" doit être fait avec un maximum de bonté et de gentillesse.
Tout doit être fait avec les bonnes intentions. A savoir, penser à ce qui est le mieux pour l'autre personne et pas seulement pour nous acquitter de votre obligation et en finir au plus vite. Une telle attitude est extrêmement éloignée du 'hessed (ressentir, se mettre à la place de l'autre).
[ rav Yérou'ham Lévovitz - Daat 'Hokhma ouMoussar - vol.3, p.263]

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+ Sourire :

-> Imaginez que vous êtes dehors par une journée caniculaire, assoiffé, lorsque vous voyez soudain quelqu'un marcher dans la rue et distribuer des gobelets de lait glacé à tous les passants. Vous seriez impressionné par sa générosité et sa sollicitude à l'égard de ceux qui souffrent de la chaleur.
Pourtant, la guémara (Kétoubot 111b) affirme que sourire à quelqu'un est encore plus important que de lui donner une tasse de lait.
[à notre génération, nous sommes tous assoiffés de sourire, de reconnaissance et d'appréciation d'autrui.
A l'image des plantes qui ont besoin du soleil pour bien se développer, nous avons besoin de la chaleur d'autrui pour pouvoir pleinement nous épanouir.]
Le sourire revigore la personne qui le reçoit et lui donne le sentiment que sa présence a été remarquée, qu'elle est la bienvenue et qu'elle mérite de l'attention.

-> Le rav Yé'hezkel Sarna avait l'habitude d'avertir ses étudiants : "Votre visage est un réchout harabim (un domaine public). Lorsque vous marchez dans la rue, les gens voient votre visage. Si vous êtes triste, vous transmettez la tristesse aux autres. Si vous êtes heureux, vous rendrez les autres heureux."

Le rav Israel Salanter a croisé quelqu'un sur le chemin de la synagogue le jour de Yom Kippour. L'homme, plongé dans ses pensées dans les derniers instants avant le début du jour saint, avait une expression très sérieuse sur le visage, et il passa à côté du rav Salanter sans le reconnaître.
Le rav Salanter remarqua : "Pourquoi dois-je souffrir de sa peur du jour du jugement?"
Même au plus fort de la gravité de Yom Kippour, un sourire amical est de mise.

-> La michna (Pirké Avot 1,15) nous dit : "Il faut saluer tout le monde avec un visage amical" (véévé mékabel et kol haadam bé'sever panim yafot).
Le rav Avigdor Miller explique que nos Sages nous enseignent que le fait de sourire à quelqu'un comporte trois éléments : "Premièrement, le panim, le visage. Vous devez lui montrer tout votre visage, et pas seulement une vue de côté (à la va-vite).
Deuxièmement, séver, du mot sévara, une pensée, une attention. Entrez en contact avec lui en lui montrant un visage attentionné et en pensant vraiment à lui. [on a tendance à être pris par nos pensées/soucis, et sourire machinalement, mais ce qui vient du coeur va au coeur, ainsi on doit se connecter à l'autre, lui témoignant notre sincère appréciation. ]
Et enfin, yafot, beau/belle. Veillez à vous rendre beau/belle en arborant un large sourire joyeux.c"

-> Le Meiri ajoute un quatrième point, à savoir que la michna exige que nous agissions de la sorte avec kol haadam, avec tout le monde. Non seulement nous devons être amicaux et joyeux avec nos bons amis et notre famille, mais aussi avec tout le monde
Même une personne que nous n'aimons pas particulièrement n'est pas exclue et mérite d'être accueillie avec un sourire.

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+ Etre le premier à dire bonjour :

-> La michna (Pirké Avot 4,1) dit : "Il faut être le premier à dire shalom à tout le monde".
La guémara (Béra'hot 17a) rapporte que l'Amora, Abbayé, avait l'habitude de dire : "Il faut augmenter le shalom avec ses frères, ses proches et avec tout le monde, même avec un non-juif au marché, afin d'être aimé par Hachem, chéri par les gens et accepté par tout le monde".
[ ceci est basé sur la michna (Pirké Avot 3,10) qui enseigne que quiconque est apprécié par les gens est également apprécié par Hachem (Maharcha). ]

=> Cette guémara soulève plusieurs difficultés. Pourquoi est-ce que c'est spécifiquement Abbayé qui avait l'habitude de dire cette idée? Pourquoi a-t-il dit "ses frères, ses proches et tout le monde" alors qu'il aurait pu être beaucoup plus concis et dire simplement qu'il faut dire shalom à tout le monde? Qu'est-ce que l'ajout "afin qu'il soit aimé par Hachem et chéri par les gens", cela est certainement vrai pour de nombreuses mitsvot?
Ce qui est encore plus déconcertant, c'est qu'il s'agit là de la raison pour laquelle il faut augmenter le shalom, afin d'être aimé d'Hachem et des gens.
Cependant, le Rambam (Hilkhot Déot 5,7) cite cela comme une exigence halakhique pour un talmid 'hakham, à savoir qu'il doit saluer les gens avec shalom "afin qu'ils soient satisfaits de lui".
Puisque nous savons que le Rambam n'apporte qu'une halakha stricte, et non des idéaux de moussar inspirants, cela suggère qu'une partie intrinsèque de l'accueil des gens est qu'ils l'apprécient. Quelle est l'idée sous-jacente?

-> Le 'Hidouché haGuéonim (sur Ein Yaakov - Béra'hot 17a) explique comme suit :
Abbayé était un descendant d'Eli haCohen, dont la famille avait été maudite pour mourir jeune. Cependant, Abbayé a mérité de vivre beaucoup plus longtemps que ses contemporains parce qu'il a appris la Torah et s'est impliqué dans le 'hessed. La vie d'Abbayé a été consacrée au 'hessed, et il a enseigné à plusieurs reprises cette phrase qui incarne l'essence du 'hessed.

Le 'Hidouché haGuéonim poursuit en expliquant que la base du 'hessed est de "s'assurer que son ami ne reçoive de lui que du bonheur".
Le 'hessed signifie faire tout ce que je peux pour le bien de l'autre personne, afin qu'elle sente que je l'aime, que je l'apprécie et que je veux faire tout ce que je peux pour elle.

Le meilleur moyen d'y parvenir est de sourire sincèrement à quelqu'un.
Le Rambam apprend que la guémara nous enseigne l'essence de base de ce qu'est le 'hessed, et la manière dont nous devons nous y prendre. Nous devons saluer une personne de manière à ce qu'elle nous respecte et nous apprécie parce qu'elle voit et ressent l'amour et l'intérêt sincères exprimés dans notre salutation.

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+ C'est en pratiquant qu'on se perfectionne :

-> Il est souvent difficile de saluer tout le monde avec un sourire sincère et chaleureux. [surtout au début car c'est pas une attitude naturelle d'être un donneur, au contraire on préfère recevoir des marques d'honneur, d'appréciation (avant d'éventuellement répondre en retour). ]
La Barténoura écrit que celui qui y parvient est la personne forte à laquelle la michna (Pirké Avot 4,1) fait référence : "Qui est fort? Celui qui maîtrise son yétzer".
C'est un signe de grande force de caractère que d'agir toujours de manière amicale et de sourire, quels que soient nos sentiments et notre opinion sur l'autre personne.
Celui qui peut faire cela a déjà atteint un niveau de vraie grandeur dans le bén adam la'havéro.

=> Comment peut-on atteindre ce niveau élevé ?

La réponse se trouve dans la déclaration d'Abbayé : "Il faut accroître le shalom pour ses frères, ses proches et tout le monde, même avec un non-juif au marché".
Commencer par nous ordonner de sourire à tout le monde est trop difficile. Il faut plutôt commencer par quelque chose de facile. Abbayé nous conseille de commencez par saluer nos frères. Une fois que l'on a maîtrisé cela, on peut passer à des proches plus éloignés. Une fois cette étape franchie, nous sommes prêts à saluer tout le monde au marché.
[on a une tendance inverse à prendre pour acquis nos proches, comme notre femme et nos enfants, mais en réalité on doit exceller dans notre façon de les fréquenter avec joie, avec chaleur, avec agréabilité, car alors on pourra davantage le faire pour les autres.
Hachem attend de nous qu'on ait une base solide (la priorité doit être le shalom avec ses frères (femme, enfants, parents, frères/soeurs), puis les moins proches, puis tous les juifs, puis les non-juifs, et ce bon ordre des choses nous permet d'être pleinement un générateur de joie, quelqu'un qui rayonne le shalom. ]

Le Ben Ich 'Haï (Ben Yéhoyada) ajoute qu'Abbayé dit de saluer tout le monde, même un non-juif sur le marché. Le marché est un endroit très fréquenté, où les gens vont et viennent à toute allure, occupés à leurs propres achats.
La déclaration d'Abayei enseigne que nous pouvons devenir un tel expert en matière de salutations que même au marché, où vous êtes occupé à vos propres affaires/achats, vous serez capable de saluer les centaines de personnes présentes avec la même expression joyeuse et amicale.

-> "Sois le premier à saluer tout homme" (Pirké Avot 4,15).
Selon la guémara (Béra’hot 17a), personne n’a devancé le salut de Rabbi Yochanan ben Zakaï, même un non juif (vendeur) au marché.

-> C'est un art de sourire sincèrement à quelqu'un.
On raconte que le rav Eliyahou Dessler a passé une année entière à s'entraîner à sourire devant un miroir afin de perfectionner cette technique.

Le rav Avraham Grodzinski était réputé pour le sourire joyeux qui ne quittait jamais son visage, même pendant les cauchemars les plus sombres du ghetto de Varsovie.
Le rav Shlomo Wolbe (Alei Shur - vol.2) écrit que le rav Grodzinski a acquis cette qualité après avoir passé deux ans à maîtriser l'art de saluer joyeusement les gens. C'est en pratiquant que l'on devient parfait. Avec le temps, nous deviendrons quelqu'un qui sourit naturellement.

-> Un autre niveau de salutation est mentionné dans une autre mishna : "Saluez chaque personne avec joie" (Pirké Avot 3,12).
Dans son commentaire, le Rambam écrit qu'il s'agit d'un niveau encore plus élevé que l'exigence précédente de saluer les autres avec une disposition agréable.

=> Accueillir autrui avec une disposition agréable et un sourire amical est la base absolue exigée par la Torah. On doit tendre vers le fait de saluer les autres avec joie. Cela est possible pour une personne qui voit le bien chez tous ceux qu'elle rencontre (ex: il y a une partie d'Hachem en Lui qui reste toujours pure, c'est un enfant adoré d'Hachem (en l'honorant j'honore D.), nous partageons la même racine d'âme et si il va bien alors j'irai encore mieux!), qui les respecte sincèrement et qui est heureuse de les voir et de leur parler.
Ce sentiment qu'il éprouve pour les gens s'exprimera dans sa façon de saluer avec enthousiasme tous ceux qu'il rencontre, avec un sourire qui témoigne d'une attention et d'un plaisir authentiques, comme si le fait d'avoir rencontré cette personne avait fait de sa journée une réussite.
[l'idée est importante : on doit faire sentir autrui que c'est tellement un honneur que d'avoir pu le voir, le saluer, qu'en réalité c'est nous qui lui sommes redevable d'avoir pu lui sourire, lui parler, ...
Nos maîtres du moussar était content de voir un nouveau juif, car ils se disaient : encore un nouveau juif (un ben chél Mélé'h) à pouvoir honorer! ]

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-> "Que Hachem éclaire Sa face pour toi" (Nasso 6,25)

-> Le rav Avigdor Miller commente : Etant donné que D. agit mesure pour mesure (guémara Sota 8b), D. éclaire Sa face pour ceux qui éclairent, illuminent leur face, visage, à leur prochain.

-> Le rav Yé'hezkel Sarna dit : Si on apprécie le fait que l’homme est créé à l’image de D., on considérait comme un privilège de pouvoir saluer ses semblables.

-> b'h, également à ce sujet : http://todahm.com/2016/06/30/4630-2

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+ Les compliments :

-> Si un sourire a la capacité de revigorer et de donner du pouvoir à celui qui le reçoit, un compliment n'en a que plus d'effet. Les gens ont soif d'être remarqués, appréciés et validés. Un compliment bien pensé montre que vous avez remarqué ce que la personne a fait, que vous y avez pensé et que vous l'appréciez.

Un compliment peut remonter le moral d'une personne déprimée, rendre un travailleur enthousiaste à l'idée de faire son travail, unir un groupe pour qu'il donne tout ce qu'il a l'un pour l'autre et inspirer l'amour et le dévouement entre conjoints.
Un compliment est si puissant que vous insufflez une nouvelle vie à l'autre personne, la transformant d'une personne nulle en quelqu'un d'autre important.

La femme de l'Alter de Kelm jonglait à elle seule avec un nombre énorme de responsabilités pour permettre à son saint mari de consacrer tout son temps et son énergie aux étudiants de la yéchiva.
En plus de s'occuper de la maison et de la famille, elle était fortement impliquée dans l'administration de la yéchiva et dans le bien-être des étudiants.
L'un des talmidim a déclaré qu'il se demandait souvent comment elle avait la force et l'énergie de s'occuper de tant de responsabilités. Jusqu'à ce qu'il rejoigne un jour l'Alter de Kelm pour un repas et entende, depuis leur entrée dans la maison jusqu'à leur départ, comment le Alter de Kelm couvrait sa femme de remerciements et de compliments sincères pour tout ce qu'elle faisait.
Il lui apportait un tel soutien émotionnel qu'elle avait la force de consacrer toute son énergie et ses capacités au rêve de son mari de construire la yéchiva de Kelm.

-> Le Zohar (Tazria 46b) écrit que de la même manière qu'Hachem punit quelqu'un qui parle de manière désobligeante d'une autre personne (lachon ara), il y a aussi une punition pour quelqu'un qui a quelque chose de gentil à dire à autrui mais qui se retient et ne le dit pas.
Nous apprenons ici que complimenter quelqu'un n'est pas simplement une chose agréable à faire, mais une obligation.
[on parle beaucoup et on s'inquiète de dire du lachon ara, qui selon la guémara (Ara'hin 15b) est équivalent aux 3 fautes cardinales réunies : l’idolâtrie, l'immoralité et le meurtre. Mais est-ce qu'on a la même inquiétude sur le fait de ne pas assez dire de belles et agréables paroles à notre prochain?
Or, nous sommes une génération "faible" où chaque juif a besoin comme jamais de paroles positives qui réchauffent le coeur et remontent le moral. Combien cela est vital, et combien il sera dur de répondre à Hachem lorsqu'on devra rendre des comptes sur la non utilisation en bien de notre langue! ]

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+ Les encouragements :

-> Encourager les gens est un autre trait de caractère de celui qui donne.
Il montre que vous avez remarqué la personne, que vous avez compris ses difficultés et que vous voulez l'aider à les surmonter.
Les mots d'encouragement assurent aux autres qu'ils peuvent réussir, leur donnent une lueur d'espoir dans une situation difficile et leur rappellent leurs capacités et leur désir de bien faire.
De même qu'un coureur de marathon trouve un regain d'énergie lorsque la foule l'encourage, de même, une parole amicale d'encouragement insuffle de la vie et de l'énergie aux gens et leur permet de se relever et de continuer à avancer dans les circonstances les plus difficiles.
[rav Avraham Tabor]

-> Selon le Shomer Emunim (Tsahali véRoni - ch. 9) :
"c'est une mitsva d'une hauteur et d'une grandeur incommensurables que de réconforter quelqu'un qui souffre.
Il n'y a pas de mitsva plus grande ou mieux récompensée que d'encourager et de renforcer quelqu'un qui souffre d'une difficulté quelconque.
Si nécessaire, il vaut même la peine d'interrompre son propre étude [de Torah] et sa propre prière pour le faire, en particulier pour le renforcer dans sa avodat Hachem."

-> Toutefois, il convient de souligner un conseil. Les experts enseignent que pour qu'un encouragement soit efficace, il doit s'agir de quelque chose que la personne croit pouvoir devenir réalité.
Dire à une personne très malade de ne pas s'inquiéter parce qu'elle sera complètement guérie demain n'est pas de nature à l'inspirer.

L'encouragement est efficace lorsqu'il oriente la personne vers de petites réussites qui sont réalistement à sa portée. Le fait de goûter au succès et de se rendre compte que de telles réalisations sont effectivement à sa portée lui donnera l'élan, la dynamique nécessaire pour se rapprocher de l'objectif final.
[rav Avraham Tabor]

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+ Les remerciements :

-> La gratitude est essentielle dans tous les domaines du judaïsme.
Le 'Hovot haLévavot enseigne que toute notre avodat Hachem est fondée sur la gratitude envers Hachem pour tout ce qu'Il fait pour nous. En effet, les juifs sont connus sous le nom de Yéhoudim, qui provient de la racine hodaa, remerciement. Si quelqu'un ne remercie pas les personnes qui l'ont aidé, il ne peut pas non plus remercier Hachem.
[l'essence qui nous définie comme juif est le fait de savoir témigner de la gratitude, de la reconnaissance à autrui, à Hachem, à soi-même. ]

[ il faut s'entraîner à remarquer le bien qu'on lui a fait, à l'apprécier et à exprimer sa gratitude. Cela s'applique à tout ce qui est fait pour vous, y compris les choses les plus insignifiantes, comme quelqu'un qui vous ouvre la porte, et ce que la personne était obligée de faire pour vous, comme le pharmacien ou le chauffeur de bus qui vous sert. ]

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-> Le 'hessed accompli régulièrement est souvent considéré comme allant de soi.
En réalité, les personnes qui aident souventles autres méritent encore plus de gratitude, car elles s'engagent totalement à accomplir leurs actes de 'hessed au quotidien. Il s'agit notamment des épouses et des mères dévouées qui cuisinent, font le ménage et les courses pour leur mari et leur famille, ainsi que des enseignants qui s'occupent de l'éducation de leurs élèves. [en s'en dédouane un peu trop facilement en disant que c'est normal, que c'est leur métier, ... plutôt que d'apprécier et les remercier]

-> Nos Sages disent (guémara Béra'hot 58a) = "Un bon invité, que dit-il?
Combien d'efforts le maître de maison a investi pour moi, quelle quantité de viande, de vin et de pâtisseries m'a-t-il proposé?
Et toute cette peine qu'il s'est donné, elle n'était qu'en mon honneur.

Mais un invité ingrat, que dit-il?
Quel effort a fait mon hôte pour me faire plaisir?
Je n'ai mangé qu'une seule tranche de pain, n'ai bu qu'un seul verre.
Tous les efforts qu'il a fait n'étaient destinés qu'à sa femme et ses enfants."

Ainsi, il y a 2 visions du monde :
-> celle du reconnaissant :
= prise de conscience du bien que l'on m'a fait.
=> Il en découle automatique le sentiment d'être redevable, de ressentir de l'obligation et de l'estime pour son bienfaiteur.

-> celle de l'ingrat :
= reniement et absence de reconnaissance du bien que l'on m'a fait.
=> affranchissement de tout sentiment d'être redevable.
==> L'ingratitude est l'arme permettant de libérer son orgueil du sentiment lié au fait de recevoir un bienfait.

Entre ces 2 attitudes diamétralement opposées, il y a, bien entendu, des niveaux moyens, dans lesquels, généralement, la majorité des personnes se situe.
[un juif doit passer sa vie pour ne rien prendre pour acquis, et tendre vers l'excellence d'être pleinement reconnaissant, même des choses qui semblent petites, normales, récurrentes, ...
Par exemple, le rav 'Haïm Sitruk, chaque jour saluer chaleureusement et remercier l'homme de sécurité en bas de son bureau. (à plus forte raison pour notre femme, ...) ]

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-> Le rav Yérou'ham Lévovitz dit :
"Ce serait une bien meilleure forme de don si, tout en apportant son aide, le donateur demandait au bénéficiaire de faire quelque chose pour lui ou de lui donner quelque chose de petit en retour. [même s'il n'en a pas vraiment besoin]
De cette façon, le bénéficiaire a le sentiment d'avoir rendu l'aide dans une certaine mesure, et il ne repart pas avec une lourde dette de gratitude."
[on agit alors à l'image d'Hachem qui nous donne tellement à chaque instant, et nous demande un peu pour nous enlever tout "pain de la honte" lié au fait d'être tellement aidé.]

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+ Mettre les gens à l'aise :

-> Nous sommes censés et tenus de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour ne pas mettre les autres mal à l'aise. Nous avons déjà évoqué le fait d'éviter les mots désobligeants ou douloureux et de veiller à ne rien faire qui puisse embarrasser quelqu'un.
Le Or'hot Tsadikim (chaar haBoucha) dit que si nous apprenons avec quelqu'un et qu'il fait une erreur, nous ne devons pas lui dire "Tu as fait une erreur!" ou "Tu ne comprends pas!". Cela le mettrait dans l'embarras et le ferait se sentir stupide.
Nous devrions plutôt dire quelque chose comme : "Je ne comprends pas ce que vous voulez dire", acceptant ainsi de porter le blâme sur nous-même.

-> Le rav Aryeh Rottman définit le déré'h érets comme la sensibilité aux sentiments d'autrui.
Il n'existe pas de définition plus détaillée, car chacun est sensible à des choses différentes et nous devons traiter chaque personne en fonction de ses sentiments et de ses besoins individuels.
Nous trouvons dans les nos Sages que le déré'h érets exige que l'on ne fasse rien qui puisse dégoûter ou gêner une autre personne.
La guémara ('Haguiga 5tra) nous enseigne qu'une personne est tenue responsable d'avoir fait quelque chose qui dégoûte une autre personne, même si elle n'en avait pas l'intention, par exemple si elle a craché des glaires et que quelqu'un qui se trouvait à proximité en a été dégoûté.
[ex: de même, on fera attention de laisser un endroit propre par respect pour ceux qui viennent après, ...]

Le Choulkhan Arou'h (Ora'h 'Haïm 241) écrit que même en privé, on ne doit pas agir de manière basse et méprisable.
La michna Beroura explique : "Hachem veut qu'une personne se comporte avec propreté et sainteté.
Mais cette personne agit de manière méprisante et dégradante, ce qui empêche Hachem de faire reposer Sa Ché'hina sur elle."
[d'une certaine façon si quelqu'un est seul et qu'il ne s'habille pas avec pudeur, qu'il mange d'une manière animale, ou bien qu'il met son doigt dans le nez, ... en réalité, il doit s'imaginer que Hachem est là en face de lui ... Et oui, un juif(ve) n'est jamais seul, son papa est toujours là avec lui/elle!! ]

Le peuple juif a pu quitter l'Egypte grâce au mérite qu'il a acquis en concluant un pacte entre eux pour pratiquer le 'hessed les uns envers les autres.
[midrach Tana déBé Eliyahou rabba chap.23]

[sachant que la guéoula finale ressemblera à celle d'Egypte, il en découle l'importance à accorder à faire du 'hessed à autrui. ]

Penser aux autres

+++ Penser aux autres :

+ Prier pour autrui :

-> Rachi (guémara Shabbath 127b) écrit que prier pour les autres est une forme de guémilout 'hassadim (un acte de bonté).
Nous devrions toujours prier pour aider les autres si nous savons qu'ils ont besoin d'un certain type de salut, que ce soit en matière de santé, de parnassa, de shalom bayit, de réussite avec leurs enfants, ...

-> En effet, le Arizal (cité par Maguen Avraham 46) écrit qu'avant de prier, il faut avoir à l'esprit d'aimer chacun des membres du peuple juif et d'accomplir la mitsva d'aimer son prochain comme soi-même, qui est la source du 'hessed dans la Torah.

Le Arizal écrit qu'agir ainsi est un mérite qui va faire qu'Hachem acceptera notre prière.

-> Rabbi Moché Cordovéro (Tomer Dévorah - chap.3) ajoute qu'il faut prier pour les autres "comme s'il s'agissait de ses propres enfants".
Le roi David est un exemple d'un tel dévouement. Il dit : "Quant à moi, lorsqu'ils étaient malades, mon vêtement était un sac et je m'affligeais en jeûnant" (Téhilim 35,13).

-> La guémara (Shabbath 67a) nous dit qu'une personne frappée de tsaraat devait crier "Tamé, tamé" (je suis spirituellement impur" chaque fois que quelqu'un s'approchait d'elle.
La raison en est que lorsque les gens entendaient parler de sa détresse, ils ne manquaient pas de prier pour que sa tsaraat (sorte de lèpre) disparaisse.

Sur la base de cette idée, la guémara rapporte la coutume qui est née que si quelqu'un avait un arbre malade, il le peignait, sachant que toute personne voyant un tel arbre prierait certainement pour qu'il retrouve la santé afin que son propriétaire ne subisse pas de perte financière.
[par exemple, à l'époque du Temple lorsque tous les juifs montaient à Jérusalem, et sur le chemin lorsqu'il voyait un arbre marqué d'une couleur, ils priaient tous pour son rétablissement, pour le bien de son propriétaire. (à plus forte raison, on doit le faire pour un prochain juif)]

-> Le rav Avraham Tabor enseigne :
Chaque fois que nous voyons quelqu'un de malade ou en détresse, la réaction naturelle d'un juif devrait être d'offrir une courte prière ou de dire un verset de Téhilim.
Cela est particulièrement vrai si vous voyez un avis dans la synagogue demandant de prier pour quelqu'un que vous ne connaissez pas, ou si vous voyez une ambulance passer à toute allure, sirène hurlante et gyrophares allumés. Dans de telles circonstances, puisque la personne ne saura jamais que vous avez prié pour elle, il s'agit d'un 'hessed du plus haut niveau, car il est fait purement pour le 'hessed, sans arrière-pensée de recevoir quoi que ce soit en retour, pas même un remerciement.
Il s'agit d'un 'hessed lichma à l'état pur, qui a beaucoup plus de chances d'être exaucé par Hachem.
[de plus, en prenant quelques secondes pour imaginer et ressentir la douleur d'une personne et de ses proches (ex: quelqu'un de malade), on peut en arriver à rajouter de la force, du coeur, à notre prière. ]

Il est important d'ajouter que lorsque nous voyons quelqu'un souffrir et que nous prions pour lui, nous devrions également exprimer notre gratitude à Hachem pour ne pas souffrir de la même manière.
Nous oublions souvent les bénédictions et le bonheur infinis dont nous bénéficions et nous les considérons comme acquis.
La conscience de la myriade de bénédictions dont nous bénéficions, devrait nous amener à éprouver une extrême gratitude envers Hachem. Cela doit s'accompagner d'un engagement à utiliser correctement toutes nos bénédictions dans le but de servir Hachem de notre mieux.
[cette gratitude et cette engagement à s'améliorer (même très légèrement), constituent de sublimes mérites pour venir en aide à ceux qui nous ont provoqué de tels sentiments par leur situation difficile.]

Il y a un avantage secondaire à prier pour les autres, même si ce n'est pas la raison pour laquelle nous le faisons. La guémara (Baba Kama 92a) nous dit : "Si quelqu'un prie pour la miséricorde de quelqu'un d'autre et qu'il a lui-même besoin de la même chose, il sera exaucé en premier".
Le rav Pinkous (Chéarim beTéfila - p.90) ajoute que les Tossafot (Roch Hachana 16a) expliquent que la prière de quelqu'un qui prie régulièrement pour les autres a le statut de téfila bétsibour, la prière dite en communauté, par opposition à une prière individuelle, et nos Sages nous disent que la téfila bétsibour (en minyan) est indescriptiblement plus puissante que la prière d'un individu, et qu'elle n'est jamais rejetée par Hachem.

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-> Dans le même ordre d'idées, le rav Avigdor Miller avait l'habitude d'exhorter ses étudiants à "se creuser la tête" pour essayer d'aider les autres.
Si vous savez que quelqu'un a des difficultés, c'est merveilleux de prier pour lui, mais vous devez aussi essayer de trouver des moyens pratiques de l'aider.

-> Nos Sages mettent en avant qu'après notre mort on prendra conscience de l'impact incroyable que nos mots de prière on pu avoir : combien de personnes nous avons pu guérir, combien de parnassa nous avons amené, combien de mariage nous avons permis, ... et nous aurons des récompenses éternelles pour cela. [libre arbitre oblige, on ne voit pas concrètement l'impact de nos prières, mais tous les juifs étant liés, on profite du flux des prières des autres.]
A l'inverse, combien nous souffrirons éternellement en se disant que si j'avais plus pensé aux autres en priant pour eux, combien j'aurais pu leur être utile, combien j'aurais pu m'amener par ricochet des mérites et des bénédictions (celui qui bénit est béni), ...

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+ Donner des bénédictions :

-> La guémara (Sotah 38b) cite le verset (Michlé 22,9) : "Celui qui a une disposition généreuse doit être béni [yévora'h]" et dit qu'il peut également être lu : "La personne qui a une disposition généreuse doit bénir les autres [yévaré'h]".

Le contexte auquel se réfère la Guemara est qu'un invité devrait diriger le Birkat haMazon afin qu'il puisse dire la bénédiction pour le bien-être de l'hôte.
Cependant, le Pélé Yoets (Béra'hot) apprend d'ici que chacun devrait toujours chercher à accorder des bénédictions aux autres. Peut-être la bénédiction sera-t-elle prononcée à un moment favorable dans le Ciel, et Hachem la fera alors fructifier.
La Michna Béroura (347:7) ajoute que c'est du déré'h érets de souhaiter à quelqu'un de réussir dans quelque chose qu'il entreprend.

-> Il ne faut jamais sous-estimer le pouvoir de ses bénédictions et penser que seuls les grands tsadikim peuvent donner des bénédictions, comme l'affirme la guémara (Méguilla 15a) : "Une bénédiction donnée par une personne ordinaire ne doit jamais être sans importance à vos yeux".
La guémara donne des exemples où les bénédictions de personnes simples ont été exaucées.
[tout juif est un enfant adoré d'Hachem, et toute prière venant du coeur a forcément un impact. Ainsi, on ne doit pas faire preuve de fausse humilité en ne priant pas pour autrui, mais au contraire on doit implorer notre papa Hachem d'aider notre frère juif. ]

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-> Le Pélé Yoets écrit qu'une bénédiction donnée de tout cœur et pleine de conviction est beaucoup plus puissante et a plus de chances d'être accomplie qu'une bénédiction dépourvue d'intention.
C'est pourquoi il exhorte les gens à faire tout leur possible pour que leurs parents les bénissent, car ils béniront certainement leurs enfants de tout leur cœur et de toute leur âme. [le Maharcha (Sota 38b) écrit une idée similaire. ]
Le Sforno (Vayétsé 32,1) écrit que cela est vrai même pour un père racha comme Lavan, le père de Ra'hel et Léa.

Le rav Avigdor Miller enseigne qu'à Slabodka, on suggérait qu'après avoir donné une bénédiction à quelqu'un, il fallait la répéter à voix basse pour soi-même. La première fois, on a probablement manqué de sincérité parce qu'on y a mêlé de la gentillesse sociale (du paraître extérieur). Le fait de répéter la bénédiction permet de s'assurer qu'elle est prononcée avec l'intention intérieure la plus complète et la plus pure.
[de même, dans la routine quotidienne on va dire : "bonjour/bonne journée!", mais est-ce qu'on le fait par habitude ou bien est-ce qu'on pense profondément le bénir d'une bonne journée?]

Le rav Miller dit aussi qu'on ne doit pas être radin en bénissant autrui. Cela ne coûte rien (à part quelques secondes), alors autant lui souhaitant le meilleur du meilleur!
Le Yessod véChorech haAvoda (chaar 1, chap.6), citant le Zohar, écrit qu'il faut être généreux lorsqu'on donne des bénédictions. [on témoigne de notre générosité de cœur, de notre amour d'autrui, et du fait que Hachem peut tout sans limitation! ]

-> Le rav Its'hak Sher se promenait avec un groupe d'élèves et ils passèrent devant la maison d'un membre du personnel de la yéchiva. Le rav Sher commença à lui accorder d'énormes bénédictions, expliquant à ses étudiants perplexes qu'il n'y a aucune raison pour que le destinataire doive entendre la bénédiction.
De même, lorsque le rav Avigdor Miller (un des géants de sa génération) passait devant une maison avec une mézouza, il couvrait les occupants de chaleureuses bénédictions.
Il disait : "Tous les habitants de cette maison devraient être en bonne santé pour de nombreuses années heureuses, ils devraient avoir des moyens de subsistance confortables, du plaisir et de la satisfaction avec leurs enfants, les meilleurs chidou'him pour leurs enfants, uniquement des joies et des occasions heureuses dans leurs maisons, et rien d'autre que de la joie".

-> Outre le fait que l'on s'entraîne à prendre soin des autres et à les aimer en leur donnant des bénédictions, il y a un énorme avantage secondaire pour soi-même.
La guémara (Yérouchalmi Béra'hot 8,8) raconte qu'un non-juif dit un jour "shalom" à Rabbi Yichmael. Celui-ci répondit : "Votre réponse a déjà été donnée", ce qui signifie que vous n'avez pas besoin que je vous bénisse en retour, car le verset (Lé'h Lé'ha 12,3) écrit qu'Hachem a dit à Avraham : "Je bénirai ceux qui vous béniront".
Quiconque accorde une bénédiction à un descendant d'Avraham (un juif) est assuré par Hachem lui-même de recevoir beaucoup de bénédictions en retour.
[l'idée est incroyable : en bénissant autrui, je suis bénis par Hachem Lui-même! Alors, profitons-en, bénissons autant que possible autrui! ]

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+ Les chaussures sacrées :

-> " 'Hanokh marchait avec Hachem" (Béréchit 5,22).
Nos Sages expliquent que 'Hanokh était un cordonnier et qu'à chaque couture, il faisait des yi'houdim à Hachem. Les yi'houdim sont généralement compris comme une notion kabbalistique obtenue par des pensées élevées. Cependant, le rav Israël Salanter explique que cela ne peut signifier que son esprit se trouvait dans des sphères supérieures, car il est interdit à un travailleur rémunéré de s'impliquer dans quoi que ce soit d'autre que le travail pour lequel il est payé.
Nos Sages veulent plutôt dire que 'Hanokh avait à l'esprit que chaque point devait être solide et bien fait afin de produire un produit de qualité dont le client pourrait profiter. Ainsi, même en exerçant sa profession banale, 'Hanokh a fait des yi'houdim, c'est-à-dire qu'il a imité les nobles caractéristiques d'Hachem, qui consistent à faire profiter les autres et à leur apporter du plaisir.

Ce concept peut être appliqué à un nombre infini de scénarios.
Un traiteur doit avoir à l'esprit de rendre sa nourriture délicieuse afin que les invités apprécient le repas.
Une couturière doit faire en sorte que la robe soit la plus belle possible pour que la personne qui la porte se sente bien dans sa peau. Un mécanicien doit avoir à l'esprit la satisfaction du conducteur qui roule en douceur/sécurité sur la route.

Nous voyons que même lorsqu'une personne est impliquée dans sa profession, qu'elle fait pour gagner sa vie, elle peut y insuffler les niveaux les plus élevés de sainteté. En ayant simplement à l'esprit le bénéfice de son client (amour d'autrui), il peut transformer son travail en une grande émulation d'Hachem et une forme élevée de avodat Hachem.
[rav Avraham Tabor]

Réflexions sur la jalousie

+ Réflexions sur la jalousie (par le rav Wachtfogel) :

-> Le Roch (Or'hot 'Haïm - Chap. 113) écrit : "La jalousie (Kina) est une maladie horrible qui n'a pas de remède."
C'est un fait ; nous pouvons voir que c'est vrai. La jalousie n'est pas seulement une maladie, c'est un poison. C'est la racine du mal.
Kayin a tué Hével à cause de la jalousie. Adam haRichon a mangé de l'Arbre de la Connaissance (éts hadaat) à cause de la jalousie.
Tous les problèmes du monde découlent de cette terrible maladie.
[...]

En ce qui concerne toute autre maladie, tout autre mauvais trait de caractère, il est possible de s'en occuper et de travailler dessus. On peut les affaiblir et les adoucir.
Mais la jalousie est un poison, elle est sans remède. Il faut la déraciner jusqu'à la dernière trace.
[...]

Nous devons déraciner complètement la jalaousie, mais comment?
En n'y pensant pas du tout. La jalousie est un poison si puissant qu'elle pénètre dans une personne et brûle profondément en elle jusqu'à la détruire totalement. C'est pourquoi il est tout à fait absurde de s'en préoccuper.
Chaque fois qu'une personne pense à la jalousie, même si elle réfléchit à la manière de la déraciner, elle est déjà en train de s'en occuper. Par conséquent, une personne ne doit pas y penser du tout, et c'est ainsi qu'elle la déracine complètement.

La façon de se débarrasser de la jalousie est de s'élever au-dessus de tous les jeux enfantins, du fait d'être si impliqué dans ce monde-ci (olam azé). Pensez à quel point tout cela est vide.
Soyez comme un adulte qui n'est pas jaloux des jouets d'un petit enfant. Il se préoccupe de choses bien plus précieuses et bien plus importantes.
C'est ainsi qu'une personne peut éviter de se laisser prendre par les sottises, qui poussent les gens à être jaloux les uns des autres, à se battre pour leur honneur et à se disputer.
Il doit se rendre compte que les questions qui semblent si importantes ne le sont pas vraiment.
[on doit remettre les choses en perspective : est-ce que cela vaut vraiment le coup de se gâcher ce monde si éphémère (la vie passe trop vite!), en comparaison du devoir de se préparer pour le monde éternel à Venir.
Ce monde est comme un vestibule menant à la salle des fête, alors c'est pas si important si le vestibule n'est pas parfait! ]

La jalousie entre sages en Torah [kinat sofrim] (c'est-à-dire être jaloux de quelqu'un qui connaît plus de Torah que nous, ou qui a de meilleures midot que nous), est très saine. Ce n'est pas un poison.
C'est une bonne chose de vouloir suivre l'exemple de quelqu'un et de s'améliorer.

"Et Ra'hél était jalouse de sa sœur" (Vayéchev 30,1).
Rachi commente : Ra'hél était jalouse des bonnes actions de sa sœur et se disait : "Elle doit être plus juste que moi, et c'est pourquoi c'est elle qui a des enfants".
Ra'hél considérait que sa sœur était plus grande qu'elle, elle était jalouse et voulait suivre son exemple. Ce type de jalousie est bon ; il pousse les gens à s'élever de plus en plus haut.
[on a tous des capacités différentes, ainsi il ne faut pas que cette jalousie nous amène de la tristesse, de la déprime, mais uniquement un boost, du positif. ]

Adam haRichon avait un autre type de jalousie : "Tu seras comme Elokim, tu connaîtras le bien et le mal" (Béréchit 3:5). Il voulait être comme Hachem, ce qui n'était pas du tout dans ses cordes.
Ce type de jalousie était un culte idolâtre, un poison.

Il existe un moyen de discerner le type de jalousie que vous avez, qu'il s'agisse de kinat sofrim ou d'une forme préjudiciable de jalousie.
Hachem dit à Kayin : "pourquoi ton visage est-il tombé?" (Béréchit 4,6). C'est le signe. Si une personne a de la kinat sofrim, cela la renforcera et la motivera. Elle aura plus de désir d'apprendre la Torah et plus d'énergie pour servir Hachem.
Mais le type de jalousie nuisible fait tomber le visage de la personne. Elle lui fait perdre l'intérêt pour les choses et la confiance en elle-même. C'est ainsi que l'on peut faire la différence.
[rav Nathan Wachtfogel - Léket Réchimot]