Pâtisserie spirituelle depuis 5771 - b'h
 

+ Il est écrit (Vayéra 18,6) : "de farine", puis il est écrit : "de pur froment".

Rabbi Its'hak déduit (de cette contradiction) que la femme a l'"oeil étroit" envers les invités, plus que l'homme ...
"Les anges lui dirent : Où est Sarah ta femme? Avraham répondit : Elle est évidemment dans la tente" (Vayéra 18,9).
Ce verset veut nous faire savoir combien Sarah (notre Matriarche) était une femme pudique et discrète.
Rav Yéhouda a dit au nom de Rav, ou selon d'autres, c'est rabbi Its'hak qui a dit : Les Anges savaient très bien que notre mère Sarah était dans sa tente, mais (ils ont posé la question) afin de la rendre encore plus chère aux yeux de son époux.
Rabbi Yossi fils de Rabbi 'Hanina a dit que c'était pour envoyer à Sarah la coupe (de vin) qui avait accompagné la bénédiction (après le repas).
[guémara Baba Métsia 87a]

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-> Avraham aurait demandé à Sarah de prendre 3 Séa de farine ordinaire, car il savait que la nature des femmes est de se conduire généralement envers les invités avec un "œil étroit".
Avraham préférait que Sarah pétrisse de la farine ordinaire en quantité suffisante pour rassasier ses visiteurs plutôt qu'elle pétrisse du pur froment en petite quantité qui ne rassasierait pas ses visiteurs.
Mais Sarah comprit que le pétrissage de la farine ordinaire n'était pas la volonté de son époux, et finalement elle a pétri 3 Séa de pur froment.
C'est le fait qu'Avraham ait demandé à son épouse de pétrir de la farine et non pur froment qui est la preuve de "œil étroit" de la femme par rapport aux invités.
[Ktav Sofer]

-> Le Maharcha explique ainsi :
Sarah a amené de la farine ordinaire (kéma'h) à la place du pur froment (solet) qu'aurait souhaité Avraham, connu pour sa générosité et son œil bienveillant du fait que dans le verset (Vayéra 18,7), Avraham parle peu ("J'irai prendre un morceau de pain") et fait beaucoup ("Il courut prendre 3 veaux").
On en déduit que Sarah avait "l'œil étroit" envers les invités.

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-> Selon Rabbénou Efraïm, les lettres finales des 3 mots de l'expression : chloch séïm kéma'h (3 séa de farine - שְׁלֹשׁ סְאִים קֶמַח) forment : saméa'h (joyeux - שמח)
Il y a ici une allusion au fait qu'Avraham a voulu effectuer cette mitsva d'hospitalité malgré les difficultés pour lui ce jour-là, avec joie, selon le verset : "Servez Hachem avec joie" (ivdou ét Hachem béSim'ha - Téhilim 100).

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=> Pourquoi les Anges ont-ils demandé : "Où est Sarah?", et comment expliquer la réponse d'Avraham?

-> Le Divré David enseigne :
Le but des Anges, en demandant à Avraham où se trouvait Sarah, qui était absente au repas, était de souligner sa pudeur afin de la rendre plus chère dans le cœur de son époux.
Avraham, étonné par leur question, a répondu : "hiné baOhel" (elle est dans sa tente, évidemment), car je sais que mon épouse est discrète et réservée.

-> Le Pardess Yossef écrit :
lorsque les Anges ont constaté la générosité d'Avraham, qui les a reçus avec largesse et d'un œil bienveillant, ils ont été étonnés : du fait qu'une femme a "l'œil étroit" avec les invités, comment l'épouse d'Avraham ne l'a-t-elle pas empêché de les servir copieusement?
Ils ont donc pensé qu'elle était absente à ce moment, ce qui a suscité leur question : "Où est Sarah ton épouse?"
Avraham, qui avait compris le sens de leur question, répondit : "Elle est dans la tente", c'est-à-dire Sarah n'est pas comme la plupart des autres femmes qui ferment leur main à la tsédaka et à l'hospitalité, car elle sait que ce monde-ci est provisoire, comme un Ohel (tente) qui est une demeure provisoire.

-> Nos A'haronim commentent :
Les 3 Anges avaient souvent entendu dans le Ciel des compliments sur la grandeur d'Avraham.
Quand ils descendirent sur terre pour lui rendre visite, ils virent un homme simple et discret, peu enclin à publier ses bonnes actions.
C'est pourquoi ils lui ont demandé : "Où est Sarah ton épouse?", afin de la rencontrer, espérant qu'elle soit plus bavarde et les informe des bonnes actions de son époux et de sa grandeur.
Avraham leur répondit : "Elle est dans sa tente", c'est-à-dire selon Rachi : elle est discrète et réservée, donc ne comptez pas sur elle pour vous raconter mes bonnes actions.

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=> Était-il nécessaire que les Anges cherchent à rapprocher Avraham de Sarah, alors qu'il s'agissait d'un couple uni?

-> Le rav 'Haïm Chmoulévitch (Si'hot Moussar 10) enseigne :
Selon rabbi Its'hak, les 3 Anges savaient que Sarah était dans sa tente en raison de son caractère pudique et discret.
Leur demande à Avraham : "Où est Sarah?" avait pour seul but de souligner à Avraham la pudeur de Sarah, afin de la rendre plus chère à ses yeux.
Ainsi, les Anges ont tenu, au nom de la recherche du Shalom (paix), à rapprocher encore davantage Avraham et Sarah en vantant la discrétion de Sarah.
Pourtant, Avraham et Sarah formaient un couple uni et soudé, et avaient un âge avancé et un niveau angélique.
Cette enseignement de la guémara veut donc nous apprendre qu'il n'y a pas de limite dans la recherche du Shalom dans un couple, même uni.

De plus, lorsque Sarah, sceptique, réagit ainsi à la nouvelle d'un futur enfantement : "Et (pourtant) mon mari est un vieillard" (Vayéra 18,12), Hachem rapporta différemment à Avraham les propos de Sarah : "Vais-je vraiment enfanter, alors que je suis si vieille" (Vayéra 18,13), même si Avraham s'était lui-même posé auparavant la question : "Quoi! Un (vieillard) centenaire engendrerait-il encore?" (Lé'h Lé'ha 17,17).

Pourquoi Hachem a-t-il modifié les propos de Sarah?
C'est parce que si Avraham avait pris connaissance de l'affirmation de Sarah : "Et mon mari est un vieillard!", il aurait pu être un tant soit peu froissé et cela aurait légèrement troublé le Shalom de ce couple, pourtant soudé.
Hachem veut nous enseigner l'importance d'éviter la moindre division et l'importance du Shalom dans un couple même uni.

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-> "Ils lui dirent : "Où est Sarah ta femme"? Il[Avraham] dit : "Elle est dans la tente"." (Vayéra 18,9)

-> Rachi rapporte la guémara (Baba Métsia 87a) affirmant que les anges savaient très bien où était Sarah, mais c’était pour mettre sa décence en valeur et pour la rendre encore plus chère aux yeux de son mari.

-> Le rav Shlomo Wolbe pose une question sur cet épisode. Quand on discourt devant de jeunes mariés, lors de leurs Chéva Bérakhot (repas de fête durant la semaine qui suit leur mariage), il est normal de chanter les louanges du ’Hatan et de décrire longuement les qualités de la Kalla. Ceci, pour cimenter les liens du nouveau couple. Mais Avraham et Sarah avaient respectivement 100 et 90 ans à cette époque.
On ne sait pas exactement à quel âge ils se sont mariés, mais cela faisait certainement plusieurs décennies. Après une telle période de vie commune, si la femme n’est pas appréciée par son mari, un tel compliment n’aidera pas à rétablir l’harmonie ...
=> Ainsi quel but y avait-il à rendre Sarah encore plus chère aux yeux de son mari en soulignant sa pudeur? De plus, Avraham était un grand tsadik, le pilier du monde. On n’exalte généralement pas son côté romantique. Comment comprendre l’intention des anges : à savoir de rendre Sarah chère à ses yeux?

D’après le rav Wolbe, ce passage nous enseigne que le fait de "rendre l’un des conjoints plus cher aux yeux de l’autre" est nécessaire durant toute la vie commune des époux.
Cette guémara nous enseigne que l’on peut être marié depuis 30, 50, 60 ans ou plus, avoir souvent été chéri par son conjoint, les liens des mariés doivent tout de même constamment être renforcés, intensifiés. Il est donc essentiel que les conjoints se chérissent toujours davantage.
En l’occurrence, ce sont les anges qui entrainèrent ce renforcement des liens entre Avraham et Sarah, mais nous déduisons de ces versets qu’il incombe au mari et à la femme de toujours s’efforcer de voir l’autre de manière positive, de lui vouer toujours plus de respect et de s’en soucier toujours plus.

-> L’histoire suivante sert de parfait exemple quant à l’attitude à avoir envers son conjoint.
Rav David Hirschovitz était un fervent disciple du célèbre roch Yéchiva de Mir, le rav ’Haïm Chmoulevitz. Lors d’un voyage en Erets Israël, il lui rendit visite et le rav Chmoulevitz l’invita à déjeuner chez lui. Lors du repas, l’attitude du Rav Chmoulevitz troubla son élève, car elle ne semblait pas adaptée au statut du rav.
Dès qu’il entra chez lui, ce dernier demanda à sa femme ce qu’elle comptait leur servir à manger. Puis, il s’attabla et mangea tout son plat, ne laissant aucun reste. Son assiette était redevenue toute propre. Il demanda à sa femme ce qu’elle avait mis comme épice pour que le repas soit si bon. Quand celle-ci lui répondit, il demanda à être resservi et il termina à nouveau son assiette. "Vraiment délicieux!"

Rav Hirschovitz n’en croyait pas ses yeux! Une fois la rabbanite sortie de la pièce, il demanda à son rav : "Que se passe-t-il? À Mir, vous n’étiez concentré que sur votre étude ; c’était votre seule occupation, jour et nuit, au point qu’il fallait parfois vous rappeler de manger! Et quand vous finissiez de manger, il fallait parfois vous rappeler de réciter la bénédiction qui suit le repas, parce que vous aviez oublié que vous aviez mangé ..."

Et là, 40 ans plus tard, le rav Chmoulevitz demandait la recette du plat et dévorait sa part! L’élève ne comprenait pas.
Le rav Chmoulevitz répondit :
"Sache que je suis un grand Maguid Chiour [conférencier] en Erets Israël. Je ne te raconte pas ceci par orgueil. J’ai travaillé sur ces cours pendant 40 ans, je les ai dispensés à Mir, en Europe et à Shanghai. Je les ai retravaillés, améliorés, lus et relus. Ces cours sont des mines d’or! Sache que quand un jeune élève de 17 ans vient me complimenter à la fin d’un cours en me disant qu’il l’a apprécié, cela me réjouit énormément, ma journée est complètement différente! Pourtant quels sont le niveau et les connaissances de ce jeune homme? Il ne saisit pas la profondeur de la question posée, sans parler de la clarté de l’interprétation du passage de guémara ... Malgré tout, son compliment me réjouit, il me fait du bien, car telle est la nature humaine ...

Ce repas est comme l’un de ces cours pour ma femme. C’est toute son occupation et sa préoccupation : elle se soucie de moi et prépare tout ce dont j’ai besoin. Donc, pour lui faire plaisir, je mange ce qu’elle me sert avec appétit et plaisir. Je termine toute mon assiette. Mais je ne suis pas devenu glouton ; c’est son Chiour et je veux lui montrer que je l’apprécie."

Rav Chmoulevitz était alors marié depuis plus de 50 ans, mais il savait que tout individu a besoin d’être complimenté, peu importe le nombre d’années de mariages déjà célébrées.
Les Anges nous enseignent que la relation de couple se tisse et se développe sans cesse.

"Hachem se révéla à lui (Avraham) dans les plaines de Mamré, tandis qu'il était assis à la porte de sa tente, pendant la chaleur du jour" (Vayéra 18,1)

Quelle est l'intention de l'expression "pendant la chaleur du jour"?
Rabbi 'Hama bar 'Hanina répond : ce jour-là était le 3e jour après la circoncision d'Avraham (âgée de 99 ans) et Hachem vint prendre de ses nouvelles ; Il fit sortir le soleil de son écrin afin que ce tsadik ne soit pas dérangé par des invités.
[selon Tossefot Yom Tov (Shabbath 9), le 3e jour après la circoncision est le jour où celui qui est circoncis souffre le plus et est en danger, car il est dans un état de faiblesse. Cela justifie le choix de ce 3e jour par Hachem pour rendre visite à Avraham.
Ce jour-là était le jour de Kippour selon les Pirké déRabbi Eliézer ou était le 15 Nissan (le jour de Pessa'h) selon l'avis de rabbi Yéhochoua (dans guémara Roch Hachana 10a)]

Avraham envoya Eliézer (son serviteur) à l'extérieur, à la recherche de visiteurs, mais il n'en trouva pas .
Avraham lui dit : "Je ne te crois pas", selon le proverbe : un serviteur n'est pas crédible.
Avraham sortit alors lui-même et il vit Hachem devant la porte, selon le verset : "Ne te retire pas, je Te prie, d'auprès Ton serviteur" (Vayéra 18,3).
Cependant, Hachem vit qu'Avraham faisait et défaisait son pansement et Il pensa qu'il n'était pas convenable de rester.
De même, à propos du verset : "Il leva les yeux et vit, et voici 3 hommes étaient debout auprès de lui ; dès qu'il les vit, il courut à leur rencontre" (Vayéra 18,2) : au début, ils s'approchèrent d'Avraham, mais lorsqu'ils virent ses souffrances, ils se dirent qu'il n'est pas convenable de rester ici (ils repartirent et Avraham courut pour les ramener).
Qui étaient ces 3 personnages?
Il s'agit de (3 Anges) : Mikhaël, Gavriel et Raphaël : Mikhaël est venu pour annoncer à Sarah (la futur naissance d'un fils) ; Raphaël est venu pour guérir Avraham ; Gavriel est venu pour détruire Sodome.
Pourtant il est écrit : "Les 2 Anges arrivèrent à Sodome le soir" (Vayéra 19,1).
En fait Mikhaël accompagna Gavriel afin de sauver Loth, mais Gavriel détruisit seul Sodome, car il est écrit : "Il détruisit (au singulier) ces villes" (Vayéra 19,25), et non pas : "ils détruisirent (au pluriel) ces villes".
[guémara Baba Métsia 86b]

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=> Pourquoi Hachem se révéla-t-Il à Avraham? Pourquoi Avraham restait-il assis devant sa tente? Comment comprendre l'expression "dans la chaleur du jour"?

-> Le midrach (Béréchit rabba chap.47) dit :
La lettre vav du mot : vayéra (וירא - Il se révéla), du 1er verset (Vayéra 18,1), relie cette révélation Divine à la circoncision d'Avraham signalée dans le verset précédent (le dernier verset de Lé'h Lé'ha).
En effet, après la circoncision, Avraham craignait que ce signe distinctif dresse une barrière séparatrice entre lui et les autres gens et le confine dans un isolement social qui l'empêcherait d'exercer son 'hessed (sa bienveillance envers autrui).
C'est pourquoi Hachem se révèle à Avraham, pour lui faire comprendre que même si la circoncision le sépare des autres hommes, elle le rapproche de Lui et le rend digne de recevoir la visite d'Hachem qui vient demander de ses nouvelles.

-> Le midrach (Béréchit rabba chap.48) écrit :
Avraham était assis à la porte de sa tente, car bien que souffrant, il était à la recherche d'invités pour les rapprocher d'Hachem, en leur offrant l'hospitalité.
Rabbi Bérékhia fait remarquer que le mot : "yochev" (il était assis - יושב) est écrit sans le vav et se lit "yachav" (il s'assit - ישב) pour nous enseigner qu'Avraham allait se lever dès qu'il aperçut la présence Divine, mais Hachem lui demanda de rester assis et il se rassit.
Hachem lui dit : tu seras un signe pour tes descendants qui seront assis pour réciter le Shéma devant Ma Majesté, mais Moi, présent, Je resterai debout.

->Le Chaaré Sim'ha enseigne :
L'expression : Il était assis (yochev - יושב) est à prendre au sens figuré, c'est-à-dire qu'Avraham, malgré ses souffrances et la chaleur, conservait sa ligne de conduite habituelle, à la recherche de passants qu'il désirait faire entrer sous les ailes de la Présence Divine, aidé par l'hospitalité désintéressée qu'il offrait à tous.
Il agissait ainsi à la manière de la "chaleur du jour".
En effet, comme les rayons ardents du soleil, Avraham dispersait ses bienfaits à tous, sans discrimination.
De plus, il vit que la Présence Divine avait consenti à quitter les hautes sphères Célestes pour lui rendre visite à lui, simple mortel, et il l'imita en descendant lui-même de son haut niveau pour s'abaisser au niveau de ceux qui avaient besoin de son hospitalité sur les 2 plans : matériel et spirituel.

-> Le rav Chimchon Raphaël Hirsch explique :
La chaleur du jour vient souligner qu'Avraham, malgré la douleur de la circoncision récente, ne recherche pas l'ombre, mais guette des voyageurs de passage qui souffriraient de l'ardente chaleur du soleil ce jour-là, afin de les inviter à l'ombre de sa tente.

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=> Pourquoi Avraham n'a-t-il pas cru à l'échec de la mission de son serviteur Eliézer?

-> Le Ben Ich 'Haï répond :
Lorsque Eliézer, le serviteur d'Avraham, revint bredouille de sa mission d'aller chercher des visiteurs, Avraham n'y a pas cru et l'a soupçonné de mentir.
Pourquoi ce soupçon?
Pourtant Eliézer était un tsadik, un 'hakham et puisait la Torah de son maître.
En fat, Avraham soupçonnait Eliézer de mentir avec une bonne intention, pour le bien de son maître : il voulait lui épargner tout dérangement lié à l'hospitalité de visiteurs en ce jour de chaleur ardente qui coïncidait avec le 3e jour de la circoncision de son maître, souffrant et faible.

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=> Pourquoi Hachem a-t-Il envoyé 3 invités alors qu'Il avait fait sortir le soleil de son écrin, afin de ne pas déranger Avraham?

-> Le Divré David enseigne :
Rachi dit, à propos du verset : "Hachem a sorti le soleil de son écrin, afin de ne pas fatiguer Avraham par la présence de visiteurs. Mais, voyant qu'Avraham avait de la peine, car aucun invité ne se présentait, Hachem lui envoya 3 Anges à forme humaine" (Vayéra 18,1).
Si Hachem ne voulait pas déranger Avraham en ce 3e jour après sa circoncision, en créant une chaleur excessive qui découragerait tout passant, pourquoi a-t-il finalement envoyé 3 invités à Avraham?
Il est impensable qu'Hachem ait modifié Sa volonté initiale.
En fait, Hachem a envoyé finalement les 3 personnages pour mettre en valeur le niveau élevé d'Avraham.
En effet, malgré son désir de faire du 'hessed et d'offrir l'hospitalité, Avraham était ce jour-là dans un état de cas de force majeure (oness) et était donc dispensé d'offrir l'hospitalité.
Or, quiconque a l'intention sincère de pratiquer une mitsva, mais en est empêché par un cas de force majeure, est considéré dans le Ciel comme s'il l'avait réalisée.
Cependant, Hachem vit qu'Avraham n'avait pas l'esprit apaisé, car sa volonté était de réaliser la mitsva d'hospitalité concrètement.
C'est pourquoi, Avraham s'assit à la porte de sa tente, sous un soleil ardent.
Hachem a alors fait venir auprès d'Avraham 3 Anges à figure humaine pour qu'il soit satisfait de réaliser concrètement l'hospitalité, sinon Il aurait envoyé des invités à l'apparence d'Anges.

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=> Pourquoi l'ordre de citation des 3 Anges : Mikhaël, Gavriel et Raphaël a-t-il été modifié lorsque la guémara (ci-dessus) explicite leur mission?

-> Le Ben Ich 'Haï écrit :
Au début la guémara cite les 3 Anges venus visiter Avraham dans l'ordre de niveau hiérarchique décroissant : Mikhaël, puis Gavriel et enfin Raphaël.
Par contre, lorsque la guémara cite les missions confiées à chacun d'eux, elle cite les 3 Anges dans l'ordre chronologique des missions à effectuer : Mikhaël, Raphaël et Gavriel.
En effet, Mikhaël est venu d'abord annoncer à Sarah la prochaine naissance de son fils unique Its'hak, puis Raphaël est venu guérir Avraham, ces 2 missions ont été réalisées le même jour, le jour de leur arrivée.
Ce n'est que le lendemain que l'Ange Gavriel détruisit la région de Sodome, c'est pourquoi la mission de Gavriel a été citée en dernier.

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=> La mission des 3 Anges auprès d'Avraham était-elle nécessaire?

-> C'est l'ange Mikhaël qui viendra sauver Loth et ses filles, grâce au mérite d'Avraham, avant que l'Ange Gavriel ne détruise la région de Sodome.
[Rambam - Vayéra 18,2]

-> Le rav Dessler (Mikhtav méEliyahou - tome.4) enseigne :
Nous comprenons la présence chez Avraham des 2 Anges de miséricorde : l'Anges Mikhaël pour annoncer la naissance d'Its'hak et sauver Loth, ainsi que l'Ange Raphaël pour guérir Avraham, afin de souligner le niveau de bonté ('hessed) et de miséricorde d'Avraham.
Mais la présence de l'Ange Gavriel, l'Ange de la rigueur chargé de détruire Sodome, n'était pas nécessaire chez Avraham dont la qualité de bonté est à l'opposé de la rigueur (midat hadine).
Cependant, sa présence chez Avraham vient enseigner que la rigueur n'est pas étrangère à la notion de bonté, comme le prouve Its'hak, caractérisé par la midat hadine, qui a pourtant fait preuve de 'hessed en priant pour le sauvetage des Bné Israël (cf. guémara Shabbath 89b).

"Avraham courut vers le bétail ; il prit un veau, tendre et bon" (Vayéra 18,7)

Rav Yéhouda a dit au nom de Rav : un veau (une unité), tendre (un second veau) et bon (un 3e veau) ...
"Ensuite, il prit de la crème et du lait puis le veau qui avait été apprêté et le mit devant eux" (Vayéra 18,8).
C'est pour enseigner qu'Avraham présentait les plats (aux 3 invités) au fur et à mesure de leur préparation.
Pourquoi fallait-il 3 veaux? Un seul aurait suffi!
Rav 'Hanane bar Rava répond : c'est parce qu'Avraham tenait à ce que chaque invité mange une langue (de veau) à la moutarde.
Rabbi Tan'houm ben 'Hanilaï a dit : Un homme ne doit jamais modifier les coutumes du lieu où il se trouve ; c'est ainsi que Moché est monté au Ciel (durant 40 jours) et ne mangea pas ; de même les 3 invités d'Avraham (3 anges descendus sur terre) ont mangé.
Ont-ils vraiment mangé?
En fait, ils firent semblant de manger et boire.
Rav Yéhouda dit encore au nom de Rav : Tout ce qu'Avraham a fait lui-même (de ses propres mains) pour les Anges, Hachem le fit Lui-même pour ses enfants ; tout ce qu'Avraham fit faire par un délégué, Hachem le fit faire aussi par un délégué ...
On enseigne à l'école de Rabbi Yichmaël que 3 actes (d'hospitalité) d'Avraham ont valu à ses descendants 3 bienfaits :
- en récompense de la crème et du lait offerts, ses descendants ont bénéficié de la manne ;
- en récompense du fait qu'Avraham se tenait auprès d'eux sous l'arbre, ses descendants bénéficièrent des nuées protectrices ;
- en récompense de l'eau qu'Avraham fit apporter (à ses invités), ses enfants ont bénéficié de la source (puits) de Myriam.
[guémara Baba métsia 86b]

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=> Pourquoi Avraham a-t-il servi des langues de veau à la moutarde et d'où rav 'Hana le déduit-il?

-> Selon Rachi, Avraham a voulu recevoir royalement ses 3 invités. C'est pourquoi, il leur a servi à chacun une langue de veau à la moutarde qui est un plat de délices réservé aux rois et aux princes.
De plus, ce plat aiguise l'appétit et donne envie à l'invité de manger davantage, ce qui prouve l'œil bienveillant d'Avraham.
[Ben Ich 'Haï]

-> Bien que la Torah n'ait pas dit explicitement qu'Avraham leur a servi des langues de veau, il y a cependant une allusion dans ce verset de la paracha : "Je vais apporter une tranche de pain afin de restaurer votre cœur, ensuite vous poursuivrez votre chemin" (Vayéra 18,5).
Ainsi Avraham leur a permis de ne pas rester longtemps auprès de lui ; c'est pourquoi, il ne leur a pas donné à manger de la viande de veau qui aurait nécessité le dépeçage et le découpage en morceaux, mais il leur a servi la langue qui ne nécessitait pas ces opérations, afin de les servir plus rapidement.
[Rachbatz - Pirké Avot 1,15]

-> Le Maharcha écrit :
Il y a une allusion, dans l'expression : "ra'h vétov" (tendre et bon - רך טוב) qui qualifie le veau, au fait que la moutarde ('hardal - חרדל) a accompagné les langues de veau servies.
En effet, la guématria de : ra'h tov (רך טוב) est de 243, et c'est la même que le mot : 'hardal (חרדל) : 242 à qui on ajoute 1 (pour le mot lui-même - le kollel).

-> Le Kol Eliyahou enseigne :
Avraham a ajouté la moutarde aux 3 langues de veau afin d'adresser le message allusif suivant à ses invités : 3 qualités (midot) permettent de reconnaître si un homme (ou un invité) est convenable, et ces 3 midot se retrouvent dans les lettres du mot : bé'hardal (avec de la moutarde - בחרדל) :
1°/ Aimer les pauvres, car le mot בחרדל peut se lire : bo'her dal (il choisit et il aime le pauvre - בחר דל).
2°/ Se contenter de peu, car les lettres du mot בחרדל peuvent se réécrire : 'hadal rov (חדל רב), c'est-à-dire qu'il s'abstient de courir après la multitude de richesse.
3°/ Se soucier d'accomplir la Parole Divine, car les lettres du mot בחרדל peuvent se réécrire : 'harad lev (חרד לב), c'est-à-dire son cœur se soucie (tremble de bien accomplir les Commandements Divins (mitsvot).

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-> "Je prendrai une miche de pain et vous rassasierez votre coeur, ensuite vous passerez" (Vayéra 18,5)

-> Lorsqu'Avraham vit les anges, il pensa qu'il s'agissait d'Arabes venus se moquer de lui pour s'être fait à lui même la circoncision et ainsi avoir changé la création du Créateur.

Aussi Avraham leur dit : "Je prendrai une miche de pain", je veux vous répondre à l'aide d'une miche de pain. Celle-ci ne permet de rassasier le coeur qu'après avoir subi une transformation de son état initial qui était d'être sous forme de grains de blé et d'orge.
"Ensuite vous passerez" - vous changerez votre avis et votre façon de penser qui était la vôtre jusqu'à présent, car vous comprendrez que le sujet de la brit mila fait qu'il incombe à l'homme de se parfaire et de parfaire ce qui a été créé, et que cela est concrètement et vraiment la volonté d'Hachem.
[Tsor ha'Haïm]

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=> Les preuves apportées par rabbi Tan'houm pour justifier qu'un homme doit s'adapter aux coutumes du lieu où il se trouve sont-elles contestables?

-> Le Maharcha explique :
La preuve du principe énoncé par rabbi Tan'houm, qui a cité l'exemple de Moché qui n'a pas mangé durant 40 jours, peut être contestée. En effet, Eliyahou haNavi aussi n'a pas mangé durant 40 jours dans le désert, sur terre!
Cette objection peut être levée par le fait que Moché est monté au Ciel à 3 reprises durant 40 jours à chaque séjour sans manger : lorsqu'au premier séjour, il a constaté le miracle qui lui a permis de tenir durant 40 jours sans rien consommer, il n'aurait pas dû compter sur des miracles au second séjour et au 3e séjour et il aurait dû amener du pain et de l'eau.
Du fait qu'il n'a amené aucune provision ni à la seconde montée ni à la troisième, cela prouve qu'un homme ne doit pas changer les coutumes du lieu où il se trouve.

-> Le Ben Ich 'Haï enseigne :
L'objection à partir de l'abstinence d'Eliyahou mentionnée dans ce verset : "Eliyahou mangea et but ; réconforté par ce repas, il marcha 40 jours" (Méla'him I 19,8), peut être ainsi levée : pour pouvoir traverser le désert de 'Horev sans provisions, Eliyahou a bénéficié miraculeusement d'une bénédiction dans ses intestins qui ne digéraient chaque jour qu'une partie du repas, tout en étant rassasié.
Par contre, pour Moché, c'était le contraire : le repas qu'il avait consommé avant sa montée au Ciel était déjà digéré avant les 40 jours de son séjour Céleste.

-> Selon le Maharal (Gour Ariyé), peut-être que les anges ont agi par respect pour Avraham, et non pas par obligation de suivre les coutumes du lieu.
[Il est écrit : "vayokhlou" (et ils mangèrent - ויאכלו - Vayéra 18,8), et Rachi explique : ils firent semblant de manger car les Anges comme les être Célestes, n'ont pas la possibilité de manger. Rachi s'est basé sur le fait que les lettres du mot ויאכלו réarrangées forment le mot וכאילו (oukéilou - comme si).
Ils plaçaient la nourriture dans leur bouche et elle était brûlée, car les Anges sont eux-mêmes du feu.]

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=> Les 3 bienfaits accordés aux Bné Israël dans le désert sont-ils dus au mérite d'Avraham ou aux mérites de Moché, Myriam et Aharon?

-> Notre guémara (ci-dessus), qui attribue à Avraham le mérite des 3 bienfaits (manne, puits d'eau et nuées protectrices) pour son hospitalité exemplaire, est en contradiction avec la guémara (Taanit 9a) qui attribue ces 3 bienfaits aux mérites respectifs de Moché, Myriam et Aharon.
=> Comment comprendre cette contradiction apparente?

[selon rabbi 'Haïm Chmoulévitch, pourquoi Avraham en offrant à ses invités de l'eau, de la crème et du lait, a-t-il eu un tel mérite dont ses descendants ont bénéficié dans le désert durant 40 ans? Qu'y a-t-il d'exceptionnel? Tout juif aurait servi à son invité de l'eau et même de la crème et du lait!
C'est vrai, cependant Avraham a donné à travers cette eau et ce lait toute son âme et tout son cœur ; et c'est cela qui lui a donné un tel mérite.]

-> Le Maharcha enseigne :
C'est bien par le mérite d'Avraham que l'on a bénéficié dans le désert de la manne, de l'eau et des nuées de gloire, mais durant une période courte. Cependant, par le mérite de Moché, de Myriam et d'Aharon, la récompense de ces 3 bienfaits s'est prolongée durant 40 années : c'est pourquoi, à la mort d'Aharon, les nuées protectrices ont disparu ; à la mort de la prophétesse Myriam, l'eau a manqué et à la mort de Moché, la manne cessa de tomber.

-> Le Ben Ich 'Haï écrit :
Initialement, Hachem a décrété ces 3 bienfaits aux descendants d'Avraham pour son mérite d'hospitalité, réalisables dans le désert à la sortie d'Egypte.
Mais les Bné Israël sont sortis d'Egypte "béyad rama" (avec un esprit hautain, selon le Targoum), et de ce fait, ils ont perdu le bienfait des nuées protectrices promises à Avraham.
Mais ces nuées les ont quand même enveloppés par le mérite d'Aharon.
De même, après épuisement des provisions de nourriture, la manne devait tomber du Ciel par le mérite d'Avraham en récompense de la crème et du lait amenés à ses invités ; mais du fait qu'ils se sont plaints à Moché : "Tu nous a fait sortir d'Egypte pour nous faire mourir de faim", ils ont perdu ce bienfait (la manne) promis à Avraham, mais la manne leur a quand même été donnée par le mérite de Moché.
Enfin, après épuisement de leur eau, ils ont perdu le mérite de l'eau promise à Avraham pour avoir dit : "Tu nous as fait sortir d'Egypte pour nous faire mourir", et c'est par le mérite de Myriam qu'ils ont obtenu le puits d'eau de Myriam.

-> Le rav 'Haïm Chmoulévitch (Si'hot Moussar 9) explique :
La différence apparente entre la guémara (Taanit 9a) et la guémara (Baba Métsia 86b) peut être levée grâce à cet exemple : un noyau est à l'origine de la croissance d'un arbre fruitier, mais sans terre, sans pluie et sans soleil, le noyau (la potentialité) ne pourra pas se développer pour produire l'arbre.
De même, l'acte d'hospitalité d'Avraham dans des conditions difficiles (chaleur, âge avancé, le 3e jour de sa circoncision).
Mais il a fallu attendre la génération de Moché, Myriam et Aharon qui ont apporté par leurs mérites la "terre", la "pluie" et le "soleil" et ont ainsi transformé en réalité la potentialité créée par Avraham.

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=> Pourquoi mentionner le nombre "trois" de bienfaits?

-> La guémara a cité les bienfaits et nous savons donc qu'ils sont au nombre de trois.
Pourquoi alors notre aggada précise-t-elle que les descendants d'Avraham ont bénéficié de trois bienfaits (le nombre "trois" est inutile)?
En fait la précision du nombre "trois" vient nous enseigner un 'hidouch (élément nouveau) du fait que les 3 mérites d'Avraham ont été réalisés de façon groupée, une action rattachée à l'autre, sans interruption, de même, par le principe de réciprocité (mida kénégued mida), nous bénéficierons des 3 bienfaits ensemble dans le désert.
C'est ainsi que lorsque l'eau s'est tarie dans le désert au décès de Myriam, aussitôt elle est revenue, afin que l'eau, la manne et les nuées protectrices se maintiennent ensemble (sinon, on aurait terminé le séjour dans le désert avec 2 bienfaits seulement).
De même, au décès d'Aharon, lorsque les nuées protectrices ont disparu, aussitôt elles ont réapparu afin que les 3 bienfaits demeurent ensemble et qu'il ne reste pas 2 bienfaits seulement.
C'est pourquoi le texte a précisé "trois" bienfaits.
[Ben Ich 'Haï]

"Elle (Hagar) dit : Je ne veux pas voir la mort de l'enfant" (Vayéra 21,16)

-> Hagar s'éloigna de son fils Yichmaël pour ne pas voir sa mort.
En fait, on peut expliquer qu'elle craignait que l'enfant ne meurt à cause d'elle, parce qu'elle se trouve près de lui, c'est-à-dire du fait de ses fautes qui risquaient d'être une accusation pour son fils.
C'est pourquoi, elle choisit de s'éloigner de lui pour ne pas voir sa mort, et ainsi, elle cherchait à ne pas entraîner sa mort, voire même à le sauver. Car loin de lui, elle pensait que ses fautes n'allaient plus être une accusation pour lui.
[Tiféret Yonathan]

"Comme il levait les yeux et regardait, il vit 3 personnages debout près de lui. En les voyants, il courut à eux du seuil de la tente et se prosterna à terre" (Vayéra 18,2)

-> Le Ohr ha'Haïm commente :
"Il a levé ses yeux et il a vu 3 hommes" : l'intention du verset est de nous dire, que ce qu'il a vu en vérité, c'était des anges venus sous forme humaine afin d'être invités par Avraham pour les raisons qui sont connues.
C'est pour cela que le verset dit : "et il vit et voici" (pourquoi cette répétition) l'explication étant : ce qu'il a vu, en vérité, c'était des anges. Et si la Torah avait dit : et il a vu 3 hommes, alors ça aurait été comme si la Torah avait employé un langage mensonger que D. préserve.

Le verset dit "se tenaient sur lui" pour nous dire qu'Avraham a reconnu qu'ils étaient des envoyés venus pour lui, pour son besoin.
Donc il était la raison d'être de leur présence (c'est pour ça que le verset dit "qu'ils se tenaient sur lui", parce qu'ils venaient pour lui).

Ainsi, le verset continue et nous dit : "sur lui", et en voici l'explication "pour lui" pour permettre à Avraham de réaliser la mitsva d'hospitalité. Avraham reconnut que c'était des anges divins, car il était habitué à voir des anges dans le passé.

"Il vit 3 personnages debout près de lui" = Pourquoi la Torah se répète-t-elle en disant "il vit ... et il vit ..."?
C'est pour nous apprendre que le simple fait d'avoir vu les anges lui a amené la guérison de ses souffrances. Et de suite, il a pu courir vers eux, car une ange voit de loin, et il n'a pas besoin de se rapprocher du malade pour le guérir.
Ainsi, à peine l'ange Raphaël a-t-il vu Avraham de loin qu'il réalisa sa mission et le guérit.

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-> "Qu'on aille quérir un peu d'eau ; lavez vos pieds et reposez sous cet arbre. Je vais apporter une tranche de pain, vous réparerez vos forces, puis vous poursuivrez votre chemin, puisqu'aussi bien vous êtes passés près de votre serviteur.
Ils répondirent : Fais ainsi que tu as dit" (Vayéra 18,4-5)

-> Le Ohr ha'Haïm commente :
Lorsqu'Avraham propose un peu d'eau aux anges, cela fait allusion au fait qu'Avraham leur a proposé d'étudier la Torah avec eux, la Torah est comparée à l'eau.
Il faut également savoir que la Torah a 2 sens : un sens simple et un sens profond mystique.
C'est pour cela qu'Avraham leur a dit : "prenez un peu d'eau" c'est-à-dire venez étudier le sens simple de la Torah et "purifiez vos jambes", qui sont les parties basses du corps qui sont dévoilées.

Ensuite il leur dit : "reposez-vous sous l'arbre", qui symbolise aussi la Torah comme il est écrit "la Torah est un arbre de vie pour celui qui s'y attache", et il leur dit aussi : "prenez un morceau de pain" le pain étant comparé ici au secret de Torah et rassasiez votre spiritualité de ses profondeurs, car les profondeurs de la Torah rassasient le cœur d'un homme, comme le pain rassasie un homme.

"Un morceau de pain" : en hébreu, un morceau de pain se dit : "pat lé'hem" (פת לחם), où לחם (pain) a une valeur numérique de 78, soit 3 fois 26, qui est la valeur numérique du Nom Divin.
Cela veut dire qu'Avraham les a invités à manger de ce pain qui a cette valeur symbolique et ce pouvoir de faire vivre tous les mondes (spirituels et matériels).

Le verset et nous dit : "car c'est la raison pour laquelle vous êtes passés chez votre serviteur", bien que nous ayons expliqué précédemment que dans les paroles d'Avraham se sont cachées les profondeurs de la Torah, malgré cela, l'interprétation simple du verset ne change pas.
Egalement dans la nourriture elle-même, il y a des secrets merveilleux [comportant le raffinement d'un homme], comme il est écrit : "Un tsadik mange pour rassasier son âme" (Michlé 13,25) [c'est-à-dire pour renforcer son côté spirituel], c'est pour cela qu'Avraham dit aux anges : "ainsi vous êtes passés chez moi sous forme humaine", pour nous enseigner que la nourriture qui en apparence est matérielle a également un côté spirituel.

Alors les anges ont répondu, "oui", comme tu nous l'as dit nous ferons, ils ont donc accepté ce qu'Avraham leur a proposé.
Cela fait également allusion à ce que Avraham leur a proposé de manger des plats spirituels [qui sont les secrets de la Torah] qui conviennent à leur niveau.

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-> "L'un deux reprit : Venir, je reviendrai vers toi à pareille époque, et voici un fils sera né à Sarah ton épouse.
Or, Sarah l'entendait à l'entrée de la tente qui se trouvait derrière lui." (Vayéra 18,10)

-> Le Ohr ha'Haïm commente :
L'ange dit à Avraham : " Venir, je reviendrai vers toi", l'homme (l'ange Mikhaël) avait pour mission d'annoncer la naissance d'Its'hak l'année suivante à cette même date. On doit essayer de comprendre la raison pour laquelle la Torah se répète-t-elle en disant : " Venir, je reviendrai".

En vérité, l'ange est venu faire une allusion à Avraham, en lui disant : "venir je reviendrai vers toi à la même époque que maintenant et voici que Sarah aura un fils".
Pourquoi la Torah nous précise-t-elle "pour Sarah"?
C'est pour nous apprendre que l'âme (néchama) de cet enfant descend d'un monde supérieur féminin. C'est la raison pour laquelle Its'hak n'a pas pu avoir d'enfants jusqu'à l'âge de 37 ans.

Vient le verset et nous répète : "je reviendrai une 2e fois", afin de donner à cet enfant une âme qui provient du monde masculin et cela s'est passé au moment du sacrifice d'Its'hak (où il a reçu son âme masculine à l'âge de 37 ans) comme il est marqué : "il a rappelé l'ange de D. à Avraham", pour nous dire que l'ange est revenu une 2e fois chez Avraham.

Ce sont donc les 2 moments où D. a exaucé Avraham : une première fois qu'il y aura dans le monde Its'hak ; et une 2e fois pour lui donner une âme masculine afin qu'il puisse enfanter.

Hachem dit : "Si vous sentez que Essav vient contre vous, échappez-vous vers la Torah"

[midrach Dévarim rabba 1,19]

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-> "La voix est la voix de Yaakov et les mains sont les mains de Essav" (Toldot 27,22)

Le Gaon de Vilna interprète ainsi ce verset :
Quand la voix est celle de Yaakov (par l'étude de la Torah et la prière), alors les mains, sous-entendu ses mains, c'est-à-dire les mains du peuple juif, seront les mains de Essav.
Le peuple d'Israël aura alors le droit de ''subtiliser'' les mains de Essav pour les utiliser pour se défendre et se protéger.

Ainsi, cela revient à dire que "les mains ne seront plus les mains de Essav" = Tous les ennemis d'Israël n'auront plus leurs mains pour faire du mal au peuple juif, puisque leurs mains c'est-à-dire leurs forces seront neutralisées pour être transférées au profit d'Israël en vue de se défendre et de se protéger.

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-> Un conférencier disait : "la Torah est comme l'oxygène. De même que nous ne pouvons vivre sans oxygène, nous ne pouvons vivre sans Torah".
Le rabbi 'Haïm de Brisk n'est pas d'accord avec cela, car pour lui : "l'oxygène aide les gens à vivre, mais la Torah c'est la vie elle-même."

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-> Le Kédouchat Yom Tov dit que lorsque nous étudions la Torah nous nous éloignons des impuretés de ce monde, et ainsi nous nous sauvons de devenir impurs par les influences [mauvaises] de l'exil.

"Lot sortit pour parler à ses gendres, les époux de ses filles, et dit : "Venez, quittez ce lieu, car D. est sur le point de détruire la cité!" Mais il fut un objet de dérision pour ses gendres." (Vayéra 19,14)

-> Le Kli Yakar explique la conduite des gendres de Lot :
Lot dit à ses gendres : "car D. est sur le point de détruire la cité".
On note que le Nom Divin employé ici est celui de : havaya (יְהוָה), qui désigne Hachem sous Son attribut de miséricorde.
C'est la raison pour laquelle ils ne prient pas Lot au sérieux : ils ne pouvaient pas croire que D., alors qu'Il manifeste Sa miséricorde, pourrait détruire la ville.
Pourtant, c'est ce qui arriva, car les actes des réchaïm ont le pouvoir de transformer la miséricorde en rigueur.

-> Le Chem miChmouël (Vayéra 5672) commente :
Nous pouvons ainsi comprendre la relation qui unit D. et Sa création.
Hachem désire ardemment déverser sur le monde Ses bienfaits.
Ce flux se manifeste par le biais de la mesure de miséricorde.
Malheureusement, les actes des réchaïm vont freiner ce flux de bienfaits Divins.
Leurs péchés vont ériger une barrière entre Hachem et Son monde. Ainsi, plus D. a eu l'intention de faire le bien envers Ses créatures, plus terrible sera la frustration conséquente à l'annulation de Ses desseins, et plus grande sera Sa colère à l'encontre des auteurs de cette déviation.
[...]

Avraham était l'incarnation de la bonté ('hessed).
C'est par le mérite de sa bonté sans limites que la bonté de D. pouvait à son tour descendre vers le monde. Comme si Avraham avait, par le mérite de ses actions, ouvert la vanne de la bonté de D. envers Ses créateurs.

Mais l'opposé est également vrai : le mal, sous les diverses formes qu'il peut revêtir, a la particularité de réveiller la colère Divine.
Les gens de Sedom étaient mauvais au point qu'ils étaient capables d'annuler tout ce qu'Avraham avait accompli sur le plan spirituel. Leur méchanceté inégalable était en mesure de provoquer une colère Divine telle qu'elle aurait mis un terme à toute manifestation de bonté de la part d'Hachem ; arrêt qui aurait été un véritable désastre pour le monde.

"Il prit de la crème et du lait ainsi que le veau qu'on avait préparé et le leur servit ... et ils mangèrent" (Vayéra 18,8)

-> "Quiconque affirme que les anges ne mangèrent pas lorsqu'ils étaient en présence d'Avraham se trompe.
En réalité, c'est par le mérite du tsadik et en regard de tous les efforts qu'il accomplit que D. ouvrit leur bouche et qu'ils purent manger.
[midrach Tana déBé Eliyahou rabba 13,2]

Le Chem miChmouël dit que nous voyons donc qu'effectivement les anges mangèrent, mais ce ne fut qu'en tant qu'acte de reconnaissance envers Avraham.

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-> Après avoir quitté Avraham, 2 de ces 3 anges se dirigent vers Sedom afin de provoquer sa destruction.
Ils rencontrent alors Lot, le neveu d'Avraham, qui a choisi de faire paître son troupeau précisément à proximité de Sedom, en dépit de la perversité de ses habitants.
En effet, l'un de ces anges s'est vu confier la mission de sauver Lot de sa perte imminente.
C'est alors que Lot prie les anges de passer la nuit chez lui.
Ils finissent par accepter sa proposition et le Torah écrit : "Il leur prépara un repas, fit cuire des matsot, et ils mangèrent" (Vayéra 19,3)

=> Nous voyons que les anges mangèrent également chez Lot, bien que celui-ci soit considéré comme étant un racha. Comment comprendre que les anges ne purent manger chez Avraham que grâce à son mérite?

-> Les anges n'ont pas besoin de manger pour vivre, leurs besoins sont comblés directement par la Source Divine, s'il en viennent à manger, c'est pour permettre à l'étincelle de sainteté contenue dans les aliments qu'ils consomment d'instantanément s'élevées au rang d'anges.
De même, lorsque nous mangeons nous prenons le potentiel spirituel limité d'un végétal ou d'un animal, et nous le relions à notre forme plus développée et plus élevée d'existence humaine.

-> "Les tsadikim sont bien plus grands que les anges" (guémara Sanhédrin 93a).

Plus celui qui consomme un aliment est d'un niveau élevé, plus l'accomplissement spirituel le sera à son tour.
Ainsi, il aurait mieux valu qu'Avraham consomme lui-même le repas qu'il servit aux anges.
En effet, les anges n'avait aucune raison de manger ce repas : ni raison physique (car nourris pas D.), ni raison spirituelle, puisque l'élévation de la nourriture aurait été mieux accomplie par Avraham lui-même.

Lot n'était pas un individu accompli tel qu'Avraham ; sa conduite laissait beaucoup à désirer.
Ainsi, en sa présence, malgré le fait qu'ils ne retirèrent aucun bienfait physique de cette nourriture, il valait mieux que ce soit eux qui la consomment plutôt que Lot.
D'ailleurs, nos Sages ne traitent pas de cette question, car cela devait certainement leur paraître tout à fait évident.

Même si Avraham avait compris qu'il n'avait pas affaire à de vrais hommes, mais bien à des anges, son humilité était telle qu'il ne se serait en aucun cas considéré comme quelqu'un de particulièrement élevé.
Cela signifie qu'il aurait considéré les anges comme supérieurs à sa personne, et qu'il valait donc mieux qu'ils consomment eux-mêmes la nourriture afin d'en optimiser la valeur spirituelle inhérente.

=> Il en ressort que consommer ce repas était en réalité un acte de grande bonté de la part des anges, accompli dans le but de préserver l'image qu'Avraham se faisait de lui-même.

[d'après le Chem miChmouël (Vayéra 5674)]

"Nos Sages (guémara Sanhédrin 109a) indiquent que les gens de Sedom possédaient toutes sortes de défauts, mais que c'est par leur refus obstiné de porter assistance aux pauvres qu'ils virent leur sort scellé ...

Et c'est en voyant la punition de Sedom que nous comprenons la grandeur de la terre d'Israël.
En effet, bien qu'il existât d'autres peuples corrompus de par le monde, aucun ne connut la destruction totale de Sedom.
C'est par rapport à la grandeur de la terre d'Israël, semblable au palais de Hachem, que tout ceci arriva."

[Ramban - Vayéra 19,5]

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-> "Les yeux de D. y [en terre d'Israël] sont constamment rivés, depuis le début de l'année jusqu'à la fin de l'année" (Ekev 11,12)

Le Chem miChmouël (Vayéra 5672) commente :
Tout ce qui a lieu en terre d'Israël a plus d'intensité que tout autre événement de par le monde, du fait de l'attention toute particulière que Hachem y porte.
Cela implique que si les bénédictions qui s'y manifestent y ont plus d'impact, l'emprise du mal y est également plus forte qu'ailleurs.

"Qu'on aille quérir un peu d'eau" (Vayéra 18,4)

-> Rachi commente : Le verbe est employé ici au passif, l’action étant faite par un messager. Hachem a rendu par la suite à Ses enfants, mesure pour mesure, cette fourniture d’eau par un messager, ainsi qu’il est écrit : "Moché leva la main, et il frappa le rocher de sa verge par deux fois. Il en sortit de l’eau en abondance" (Bamidbar 20, 11), [Moché ayant alors procuré de l’eau à tout Israël].

=> Pourquoi Avraham n'a-t-il pas amené lui-même de l'eau aux invités?

Le Baal Chem Tov explique qu'Avraham ne voulait pas embarrasser ses invités.
En effet, à cette époque, les gens adoraient la poussière de leur pied, et Avraham voulait laver cette idolâtrie avant qu'ils n'entrent chez lui.
Si Avraham leur avait amené lui-même de l'eau pour laver leurs pieds, c'était comme s'il leur disait ouvertement qu'il les suspectait de servir des idoles.
C'est pour cela qu'il leur a transmis l'eau par un envoyé. En effet, ils auront ainsi beaucoup moins de gêne si c'est un serviteur qui les suspecte d'idolâtrie, et non celui qui les reçoit.

On voit donc qu'en plus de réaliser de nombreux actes de bonté, Avraham était vigilant à ne jamais nuire ou humilier autrui.

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-> Le rav Elimélé'h Biderman fait remarquer que si Avraham avait servi directement ses invités, alors mesure pour mesure Hachem aurait fait venir l'eau directement par la pluie, plutôt que par l'intermédiaire de Moché.
Il en découle que Moché n'aurait pas dû demander au rocher de faire sortir de l'eau, et il n'aurait pas fauté en le frappant au lieu de lui parler.
Ainsi, Moché aurait eu le droit de rentrer en Israël
Or, nos Sages affirment que si Moché serait entré en terre d'Israël, alors le Temple n'aurait jamais été détruit.

Nous voyons à quel point l'histoire du monde aurait été différente si Avraham aurait donné lui-même de l'eau.
Mais [bien que conscient de cela,] Avraham n'a pas agit ainsi, car il ne voulait pas embarrasser ses invités.

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[dans le même ordre d'idée, Moché a préféré que des millions de juifs restent dans un très durs esclavage, le temps qu'il reçoive la garantie d'Hachem que sa désignation comme dirigeant du peuple n'entrainerait pas de gêne à son frère aîné Aharon.

Ainsi, de même à notre guéoula, le machia'h ne se dévoilera pas, si sa venue risque de causer de l'embarras.
La finalité, même la plus noble, ne justifie pas de causer la moindre miette de mal à autrui.]

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-> "Qu’on aille quérir un peu d’eau; lavez vos pieds et reposez-vous sous cet arbre. Je vais apporter une tranche de pain, vous réparerez vos forces" (Vayéra 18,4-5)

-> Le Ben Ich 'Haï (Od Yossef 'Haï - Vayéra) commente :
Pourquoi Avraham envoie un serviteur chercher de l’eau, alors que pour le pain, il se déplace et va l’amener lui-même?

Ce n’est évidement pas un hasard et il y a ici un secret caché qui le motive. La récompense de cette mitsva d’hospitalité, effectuée avec un grande sacrifice de soi (messirout nefech) car Avraham était souffrant au 3e jour de la Mila, sera de subvenir aux besoins des Bné Israël lorsqu’ils sortiront d’Egypte. Seulement, il est connu qu’Hachem se comporte avec nous mesure pour mesure, c’est-à-dire exactement de la même manière que nous nous comportons, envers lui ou les autres, de cette manière là il se comportera avec nous.
Et la mitsva de l’eau, ayant été accomplie par un envoyé, sera donc rendue par un envoyé, c’est en effet Myriam, puis Moshé qui vont donner de l’eau au peuple. Par contre la mitsva du pain, qui a été faite par Avraham lui-même, sera donc remboursée par Hachem Lui-même et la manne tombera du ciel sans aucun intermédiaire.
Alors, est-ce une erreur de la part d’Avraham?

Non au contraire, c’était prémédité, il savait par esprit divin (roua'h hakodech) que la génération du désert fauterai et serait interdite d’entrer en Israël. Et si l’eau était tombée du ciel, à l’instar de la manne, Moché n’aurait pas fauté au rocher, il serait donc entré en Israël avec le reste du peuple, et la génération du désert aurait été abandonnée. Mais maintenant que Moché a du donner l’eau et a fauté au rocher entraînant son interdiction d’entrée, il est solidaire et responsable de toute la génération du désert et à la venue de machia’h il pourra enfin entrer lui-même mais surtout faire entrer toute cette génération par son mérite.

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-> b'h, également en lien avec le thème du verset ci-dessus : https://todahm.com/2013/12/01/agir-selon-lordre-des-priorites-bh