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+ Akédat Its'hak = Penser aux pauvres, même au comble de notre joie :

-> Selon le Méam Loez (Vayéra 22,1), une des raisons de l'énorme épreuve d'Avraham de la Akédat Its'hak est la suivante :

A la naissance d'Its'hak, Avraham fit un grand festin et invita 32 rois.
Au cours de ce festin, le Satan vint devant Hachem et accusa Avraham en disant : "Maître de l'univers, Tu as donné à Avraham un fils alors qu'il était âgé de 100 ans. Il a dressé un immense banquet, mais ne t'a pas même offert un pigeon (en sacrifice). J'ai donc raison quand j'affirme qu'il n'y a pas un seul homme de bon sur terre."

Rabbi Chimon bar Yo'haï (dans le Zohar), explique que le Satan vint chez Avraham déguisé en mendiant, en quête d'une aumône (tsédaka) et d'un peu de nourriture du festin.
Comme Avraham était très occupé aux préparatifs de la fête et à accueillir ses invités royaux, il ne prêta aucune attention à ce "mendiant".
Sarah, de son côté, surveillait les enfants.
C'est pourquoi le Satan dénonça Avraham.

=> Lorsque l'on fait un festin, (au comble de notre joie), il ne suffit pas de donner la charité aux pauvres (c'est bon, partez!), on doit également leur faire partager le repas de fête, car c'est cela qu'ils attendent avec impatience.
[la Akédat Its'hak nous apprend qu'une terrible épreuve peut être décrétée sur nous, si nous ne prenons pas garde à cela!]

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-> Le Kav HaYachar (chap 7) écrit :
L’homme doit veiller, lorsqu’il fait une séoudat mitsva comme un repas pour une circoncision, des fiançailles, un mariage ou une bar mitsva, à faire partie de ceux qui invitent des pauvres et des indigents. Il doit être attentif à leur donner des choses agréables, car celui qui fait une fête pour son fils ou sa fille et n’invite pas de pauvres au repas éveille une accusation de Lilith la mauvaise et du Satan, jusqu’à ce qu’ils provoquent des malheurs et des épreuves pour celui qui fait cette fête.

C’est ce qui est arrivé au repas donné par Avraham, ainsi qu’il est dit dans le midrach Raba : "Il arriva après ces choses", après l’accusation du Satan contre Avraham le jour où il a sevré Its'hak.
Avraham a fait un grand festin avec tous les grands de la génération et il n’y avait là aucun pauvre, si bien qu’en fin de compte Hachem a dit à Avraham : "Prends Je te prie ton fils, ton unique, que tu aimes, Its'hak" ...

Nous trouvons la même chose chez Iyov, qui a fait avec ses enfants un festin où il n’y avait pas là de pauvres, et le Satan a accusé jusqu’à finir par tuer les fils et les filles d’Iyov, à lui prendre sa richesse et son bétail, et il ne s’est pas apaisé avant d’amener des souffrances sur Iyov lui-même.

C’est pourquoi celui qui fait une séouda doit prendre garde à inviter des pauvres pour que l’accusateur ne plaide pas contre lui, et de plus, comme il aura cherché des pauvres pour le repas, l’accusateur deviendra un défenseur.

"La guémara (Nédarim 32a) affirme qu'Avraham reconnut son Créateur à l'âge de 3 ans, tandis que moi, je L'ai connu dès le ventre maternel."
[rabbi Israël de Rozin - sur paracha Vayéra]

-> Le rabbi David 'Hanania Pinto commente :
Tout enfant né de parents craignant D., Le reconnaissant et observant Sa Torah, a l'immense mérite de reconnaître Hachem, par leur biais, avant même sa venue au monde, alors qu'il se trouve encore dans le ventre de sa mère.

En effet, tout acte empreint de sainteté accompli par les parents transmet au fœtus une influence positive.
Par exemple, lorsqu'une maman enceinte, allume les bougies de Shabbath, l'âme du fœtus jouit elle aussi de cet éclairage spirituel.
Quand, avant de manger un aliment cashère, elle prononce la bénédiction avec ferveur, elle amplifie la reconnaissance du Créateur de son fœtus.

Par contre, Avraham ne jouit pas d'un tel avantage. Conçu dans une atmosphère d'impureté, entouré par une population d'idolâtres réchaïm, il ne put reconnaître D. que suite à un long travail personnel, à l'âge de 3 ans.

[=> Il en découle de cela l'importance d'être très vigilant aux influences sur notre enfant, avant même sa naissance.
En effet, nous avons tous tendance à tout minimiser/relativiser (c'est bon, ce n'est qu'un bébé!), alors qu'en réalité il absorbe tout,pour le bien comme pour le mal.]

"Avraham aperçut 3 hommes se tenant face à lui. Il aperçut et courut à leur rencontre" (Vayéra 18,1-2)

=> Que vient nous apprendre la répétition du mot : "aperçut"?

-> Selon le rav Chakh, elle vient nous apprendre, que pour accéder au niveau de bonté et de solidarité requis par la Torah, il faut s'efforcer d'apercevoir, de percevoir les besoins de l'autre.

1°/ Il faut regarder une personne afin de lui témoigner de la considération et du respect (ex: en lui adressant un regard bienveillant).
Cela va réveiller en nous des sentiments positifs à son égard, et autrui reçoit notre message : "Je suis regardé par autrui, c'est donc que j'existe, que je suis une personne de valeur."
C'est gratuit, et combien cela peut faire du bien, réchauffer notre prochain.

2°/ Il faut également regarder une personne afin de pouvoir déceler ses véritables besoins du moment (une écoute, de la considération, à manger, ...).
Je regarde autrui car j'ai envie de sortir de mon système de penser, pour venir prendre celui de mon prochain.
Je n'agis pas pour me donner bonne conscience, mais afin d'être utile, d'agir pleinement pour le bien d'autrui.

=> La Torah souligne par 2 fois le mot "aperçut" pour mettre l'accent sur le sens profond de la bonté, trait qu'Avraham a particulièrement développé.

[Contrairement à Rabbénou Bé'hayé, le Maharal (Gour Aryé) est d'avis que Avraham n'était pas au courant que ses visiteurs étaient des anges.
Cependant, il traitait chacun de ses visiteurs comme s'ils étaient importants comme des anges!]

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-> Le midrach (Béréchit rabba 48,9) justifie cette répétition de "aperçut" à 2 reprises :

"Avraham s'est dit : 'Si je vois la présence divine posée sur eux, je saurai qu'ils sont des hommes importants. Et si je vois (aussi) qu'ils se portent du respect mutuellement, je saurai que ce sont des hommes convenables'.
Lorsqu'il a vu qu'ils se respectaient, il a su qu'ils étaient effectivement des gens bien"

-> Le rav 'Haïm Chmoulevitch (Si'ha 10) fait remarquer qu'un homme peut ainsi être si grand qu'il est entouré par la présence Divine, cependant un doute subsiste si c'est un homme digne, convenable, c'est-à-dire qui honore son prochain.
Par le 1er regard, Avraham fut convaincu que la présence Divine réside parmi eux, mais il ne court à leur rencontre qu'après avoir vérifié, par le 2e regard, qu'ils se portent mutuellement du respect et de la considération.

=> Le rav Chmoulévitch de conclure : Il est plus important d'honorer son prochain que d'attirer la présence Divine sur soi.

Il est intéressant de noter que l'honneur ou le respect se dit : kavod (כבוד), qui provient de l'adjectif : kavèd (lourd - כבד).
En effet, honorer une personne, c'est donner du poids et de la considération à ce qu'il fait et à ce qu'il est.

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[le double emploi de "aperçut" enseigne que nous devons avoir un regard qui se focalise sur le positif d'autrui (même quand cela n'est pas évident), et également que nous devons faire en sorte qu'autrui s'aperçoive qu'il a de l'importance à nos yeux.
=> Lorsque autrui est "lourd" (important) à nos yeux, alors nous le remplissons de respect (kavod), d'estime de lui-même, ce qui est encore plus vital à un bon épanouissement que la nourriture.

Ainsi, Avraham voyait chacun de ses visiteurs comme des anges, et alors la nourriture principale qu'il leur donnait n'était pas celle physique, mais émotionnelle. (de façon indirecte, il leur signifiait : je t'apprécie et tu es quelqu’un de bien, donc agis en fonction de cela, en faisant la volonté du maître du monde!)]

"Il (Avraham) leva les yeux et vit 3 personnages debout près de lui. En les voyant, il courut vers eux" (Vayéra 18,2)

-> Le rabbi Its'hak de Berditchev (Kédouchat Lévi) explique :
Lorsqu'il voit quelqu'un, un tsadik peut discerner si la personne est droite (bonne/juste) ou non.
Cela signifie que lorsqu'un tsadik regarde quelqu'un et qu'il éprouve un état accru de clarté mentale et une grande lumière spirituelle, il sait alors que la personne qu'il voit est droite.
Dans le cas contraire, c'est-à-dire s'il n'éprouve aucune clarté mentale supplémentaire, il sait que la personne n'est pas droite.

C'est le sens allégorique du verset "il leva les yeux et vit" = en voyant les 3 hommes qui attendaient à l'extérieur de sa tente, Avraham fit l'expérience d'une clarté mentale accrue et d'une grande lumière spirituelle. Par conséquent, il fut immédiatement attiré par eux ; "il courut vers eux".

"[Avraham] fit un grand festin le jour où il sevra Its'hak" (Vayéra 21,8)

-> La guémara (Sanhédrin 89b) enseigne :
"Il arriva, après ces paroles, que D. mit Avraham à l'épreuve" (Vayéra 22,1). Après quelles paroles?
Après les paroles du Satan, selon Rabbi Yo'hanan au nom de Rabi Yossi ben Zimra ; en effet, il est écrit : "L'enfant grandit et fut sevré ; Avraham apprêta un grand festin" (Vayéra 21,8).
Satan dit à Hachem : "Maître de l'Univers, Tu as favorisé ce vieillard (Avraham) en lui accordant un enfant (Its'hak) à l'âge de 100 ans. De tous les festins qu'Avraham a apprêtés, il ne T'a pas offert une tourterelle ou une colombe!".
Hachem répondit : "Tout cela, il ne l'a fait qu'en l'honneur de son fils; si je lui demande : Offre-Moi ton fils en sacrifice, il le fera immédiatement". Aussitôt, D. mit Avraham à l'épreuve et lui dit : "Prends donc ton fils, ton unique, que tu aimes, Its'hak (et offre-le en sacrifice)" (Vayéra 22,2) ...
Quand D. lui dit "(Prends) ton fils", Avraham répondit : J'ai deux fils. Puis D. dit "(Prends) ton unique" ; il répondit : chacun d'eux est le fils unique de sa mère. Puis D. dit : "(Prends) celui que tu aimes" ; il répondit : je les aime tous deux. Enfin D. dit : "Its'hak".
Pourquoi toute cette discussion? Pour éviter de lui faire perdre la raison (par une annonce brutale)."

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=> Est-ce immédiatement après l'accusation du Satan qu'Avraham a été éprouvé ou longtemps après?

-> Le festin organisé par Avraham en l'honneur d'Its'hak a eu lieu le jour Où Its'hak avait deux ans, comme le dit Rachi a propos du verset : "L'enfant fut sevré et Avraham apprêta un festin" (Vayéra 21,8), tandis que l'épreuve d'Avraham (et d'Its'hak) a eu lieu lorsqu'Its'hak eut l'âge de 37 ans, donc 35 années après le festin.
=> Quand le Satan est-il venu accuser Avraham?

On peut citer les avis suivants :
-> Le Maharcha écrit :
Dans le verset (Lé'h Lé'ha 15,1), Rachi dit que le mot "a'har" (après) signifie immédiatement après, tandis que le mot "a'haré" signifie après un certain délai, après plusieurs jours ou plusieurs années.
Ce commentaire soulève une difficulté : le verset (Vayéra 22,1) a écrit "a'har hadévarim" (juste après les paroles du Satan - וַיְהִי אַחַר הַדְּבָרִים הָאֵלֶּה), alors que l'épreuve d'Avraham s'est produite 35 ans après l'accusation du Satan.
Pour lever cette contradiction, il faut admettre que le terme "a'har" prend ici le sens de "mipné" (en raison de), c'est-à-dire à cause des paroles du Satan qui avait accusé Avraham juste après le festin offert, D. éprouva Avraham

-> Le Arou'h Laner enseigne :
Le mot : "a'har" prouve que Satan a accusé Avraham immédiatement après le festin. Mais Hachem a attendu qu'Its'hak soit âgé de 37 ans pour éprouver Avraham et Its'hak. Pourquoi ce retard?
C'est parce qu'Hachem a voulu aider Avraham à surmonter cette dernière épreuve, la plus difficile. En effet, selon Rabi Yo'hanan dans la guémara (Yoma 38b), lorsqu'un homme a passé la plus grande partie de sa vie sans fauter, il ne fautera plus. Or, selon le midrach (Tan'houma Vayéra, 6), la véritable vie d'un homme commence au jour de la mila ; celle d'Avraham a donc commencé à l'âge de 99 ans. Comme il est décédé à l'âge de 175 ans, sa durée de vie à prendre en compte est 175-99 = 76 années. Ainsi, Hachem a attendu qu'Avraham ait dépassé la moitié de sa "vie", c'est-à-dire 38 années et un jour pour l'éprouver avec succès. Ce jour-là, Avraham avait donc 99+38 = 137 ans et
son fils Its'hak, né lorsqu'Avraham avait 100 ans, avait donc 37 ans.
Hachem a alors éprouvé Avraham ce jour-là, 35 ans après l'accusation du Satan.

-> Selon Ben Ich 'Haï, il faut donner au mot "a'har" son sens classique : "juste après", et ainsi le Satan aurait accusé Avraham longtemps après le festin, lorsqu'Its'hak a atteint l'âge de 37 ans (donc 35 ans après le festin) et, aussitôt, D. éprouva Avraham. Pourquoi le Satan a-t-il attendu tant d'années avant d'accuser Avraham?
C'est parce que le Satan savait qu'Hachem éprouverait Avraham aussitôt après son accusation et il savait qu'Avraham, très attaché à Hachem, aurait accepté d'offrir Its'haq. Cependant, le Satan a attendu qu'Its'hak grandisse et atteigne l'âge mûr de 37 ans, car il était persuadé qu'Its'hak refuserait alors de se soumettre à son père, à cet âge où ses forces sont maximales et le désir de vivre est le plus intense.
Ainsi, selon les plan du Satan, cette épreuve serait un échec, car si elle réussissait le mérite de la 'Akédat Its'hak rejaillirait sur tous leurs descendants.
Contrairement au plan prévu par le Satan, Its'hak était prêt à se soumettre et à donner sa vie, et l'épreuve a donc réussi.

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=> Pourquoi Avraham n'a-t-il pas offert à Hachem un sacrifice de remerciement à la naissance d'Its'hak?

-> Selon le Ben Ich 'Haï :
Satan a accusé Avraham d'ingratitude puisqu'il n'a même pas remercié Hachem par un sacrifice (gorbane) peu onéreux, comme la tourterelle ou la colombe qui sont habituellement amenées par les pauvres. Pourquoi Avraham n'a-t-il pas offert un sacrifice de remerciement après la naissance d'Its'hak?
Avraham n'a pas jugé utile d'offrir un korban (animal ou oiseau) à Hachem, car il a sanctifié totalement ce fils et l'a consacré à Hachem et il ne le considérait pas comme lui appartenant ; c'est donc son fils qu'il a offert à Hachem ; l'offrande d'un oiseau n'avait donc plus de sens.
C'est d'ailleurs la réponse d'Hachem aux accusations du Satan : Avraham ne voit pas Its'hak comme un cadeau du Ciel, mais comme un homme consacré à Hachem depuis sa naissance.

-> Le Sanhédré Kétana nous enseigne :
Lorsqu'Avraham reçut, quelques années avant la naissance d'Its'hak, la promesse de cette naissance, il offrit un sacrifice. A fortiori aurait-il dû offrir un korban de remerciement à Hachem à la naissance d'Its'hak!
S'il ne l'a pas fait, c'est qu'il s'est dit : aucun korban ne sera suffisant pour remercier Hachem qui a réalisé pour moi un bienfait aussi grand, en accord avec ces propos du roi David dans ce verset : "Que répondrai-je à Hachem en retour de tous Ses bienfaits pour moi?" (Téhilim 116,12).
C'est pourquoi Hachem répond au Satan : Rien ne compte pour Avraham devant sa gratitude envers Moi et l'amour qu'il Me porte ; si Je lui demandais de M'offrir son fils en sacrifice, il le ferait aussitôt.

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=> En quoi le sacrifice d'Its'hak fut-il l'épreuve d'Avraham la plus difficile des 10 épreuves subies?

-> Le rav Eliyahou Dessler (Mikkhtav méEliyahou - tome 2 - pages 190-191) écrit :
La 'aquéda fut l'épreuve la plus difficile réussie par Avraham , car elle se situait sur 3 plans :
- sur le plan affectif, il s'agissait de renoncer à son fils bien aimé, unique de Sarah, qu'il avait eu tardivement à l'âge de 100 ans ;
- sur le plan spirituel, car il avait rapproché de D. de très nombreux idolâtres qui avaient renoncé à la pratique des sacrifices d'enfants sur le conseil d'Avraham; si Avraham avait sacrifié Its'hak, ils se seraient tous détournés de leur maître Avraham, réduisant à néant ce travail de zikouï harabim depuis plusieurs décennies ;
- sur le plan de l'avenir de la Nation d'Israël, puisque Hachem avait promis à Avraham qu'il serait le père d'un grand Peuple à travers son fils Its'hak.

Bien que l'ordre de la Akédat Its'hak soit en contradiction avec les promesses d'Hachem à Avraham, ce dernier se soumit totalement à la Volonté d'Hachem, sans poser aucune question, car toute explication demandée à Hachem aurait pu être interprétée comme un soupçon d'opposition à Sa Volonté.

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=> Pourquoi Hachem a-t-il ajouté : "ton unique" et "que tu aimes"?

-> Selon le midrach (Béréchit rabba ch. 14), l'expression "yé hidékha" (ton unique) fait allusion au mot "yé'hida" qui est un des 5 noms de l'âme humaine.
Pour Avraham, offrir son fils à Hachem équivalait à offrir son âme, car ce fils était son unique espoir pour l'avenir de sa mission (Sifré, Dévarim 313).

-> Le 'Hidouché haRim nous explique :
En ajoutant l'expression "acher ahavta" (que tu aimes), Hachem a voulu signifier à Avraham qu'en offrant Its'hak, il ne doit pas annuler l'amour qu'il porte à son fils devant l'amour de D. : la 'aquédat Its'haq ne doit pas être réalisée dans un état de cruauté et de dureté de cœur, mais avec un sentiment paternel d'amour envers son fils aussi intense que celui qu'il ressentait jusque-là.

-> Selon le Messé'h 'Hohkma :
Pourquoi l'Ange, qui a interrompu la Akédat Its'hak, félicite-t-il Avraham par les termes (Vayéra 22,12 et 22,16) : "Tu ne m'as pas refusé ton fils, ton unique" sans ajouter "que tu aimes" comme dans les propos d'Hachem (Vayéra 22,1)?
C'est parce que seul Hachem sait scruter nos cœurs et nos sentiments d'amour, contrairement aux Anges qui ignorent les pensées dans nos cœurs.

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=> Pourquoi Avraham a-t-il surmonté l'épreuve de la Akédat Its'hak, contrairement à son épouse Sarah qui en est morte?

-> Le rav 'Haïm Chmoulévitch (Si'hot Moussar - si'ha 11) enseigne :
Au cours de l'annonce progressive, en 4 étapes : ton fils, ton unique, celui que tu aimes, Its'hak, Avraham a eu un certain temps pour s'adapter à l'idée qu'il fallait offrir un de ses fils à Hachem, sans savoir, au début, de quel fils il s'agissait. Cette capacité d'adaptation, imprimée dans l'âme de tout être humain, a permis à Avraham d'accepter sereinement cette grande épreuve et de maîtriser ses sentiments, malgré son grand amour pour Its'hak.
Par contre, pour Sarah qui a été informée brutalement par le Satan de la Akédat de son fils, sans aucun temps d'adaptation, son cœur n'a pas résisté à ce choc émotionnel et son âme l'a quittée.

Citons une deuxième raison à la différence de réaction d'Avraham et de Sarah à la Akédat d'Its'hak. Arvaham mis à l'épreuve par Hachem, a reçu du Ciel les moyens de la surmonter, si difficile soit-elle, et il a ainsi réussi à la surmonter. Par contre, Sarah, que D. n'a pas mise à l'épreuve, n'a pas reçu du Ciel les moyens de résister à cette épreuve, et c'est pourquoi elle n'y a pas résisté.
=> Ainsi, une personne ne doit jamais se placer d'elle-même en situation d'épreuve (voir guémara Sanhédrine 107a), car dans ce cas, elle ne reçoit pas d'aide du Ciel pour la surmonter.
[et à l'inverse lorsque nous sommes dans une épreuve nous ne devons pas désespérer, et rester toujours convaincus que puisque Hachem nous y a mis, c'est qu'on peut la surmonter, qu'on a les capacités et Son aide pour cela. ]

"Ils (les anges) lui dirent : Où est Sarah ta femme?" (Vayéra 18,9)

On peut expliquer cette question de la façon suivante.
Les anges savaient qu’Avraham était un grand homme. En effet, dans le Ciel, on parlait beaucoup de ses mérites et de ses actions extraordinaires. Ainsi, quand ces 3 anges descendirent sur terre pour se rendre chez Avraham, ils tentèrent d’analyser ses actes pour se rendre compte de par eux-mêmes de sa grandeur.
Mais Avraham, qui était humble, dissimulait ses bonnes actions et ne les exposait pas. De la sorte, les anges ne se rendirent pas tellement compte de sa grandeur.

C’est ainsi qu’ils lui demandèrent où est Sarah. En effet, puisque Avraham ne laissait rien apparaître, ils voulaient voir si tout au moins, ils pourraient discerner chez Sarah des attitudes élevées qui expliqueraient la grandeur de ce couple.
Et là Avraham leur répondit : "Elle est dans la tente", que Rachi explique comme voulant dire : "Elle est discrète". Ainsi, Avraham répondit que même de Sarah, ils allaient rien discerner de grand, car elle aussi, elle est discrète et ne montre pas sa véritable valeur.

[rabbi Yé'hiel Mi'hal de Zlotchov]

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-> Selon certains commentateurs, les anges sont incapables de lire dans les pensées de l'homme, à moins que D. ne les leur révèle.
C'est la raison pour laquelle l'ange a demandé : "Où est Sarah ta femme?"
L'ange ignorait où elle se trouvait.
[Méam Loez - Vayéra 22,11-12]

"Hachem lui apparut dans les plaines de Mamré" (Vayéra 18,1)

-> Selon Rachi : C’est Mamré qui l’avait conseillé à propos de la circoncision. Ainsi est-ce sur ses terres que Dieu S’est révélé à Avraham.

-> Dans le Parpéraot léParachat haChavoua, il est enseigné que Mamré (מַמְרֵא) est l'acronyme de différentes difficultés que Avraham a pu endurer :
- le מ (mitsrayim) = lorsque Pharaon a pris Sarah ;
- le מ (méla'him) = les rois que Avraham a dû combattre ;
- le ר (ra'av) = la famine dans le pays ;
- le א (ésh) = Avraham a été jeté dans le feu de la fournaise à Hour Kasdim.

=> C'est ce à quoi Mamré faisait allusion à Avraham : il convient que tu fasses la volonté de D. en te circoncisant, Lui qui t'a sauvé de toutes ces épreuves.

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-> "Avraham n’est appelé parfait qu’après s’être circoncis"
[guémara Nédarim 31b]

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-> "Hachem lui apparut dans les plaines de Mamré" (Vayéra 18,1)

-> Les Sages du midrach nous expliquent pourquoi Hachem Se dévoila à Avraham, précisément dans les plaines de Mamré : "C'est Mamré qui lui a donné le conseil de faire la mila, c'est pour cela que Dieu apparut à Avraham dans les plaines de Mamré".

Le Ktav Sofer pose la question suivante : "Est-il possible qu'un juste de l'envergure d'Avraham, pilier du monde, puisse prendre conseil auprès d'un idolâtre comme Mamré, afin de savoir s'il fallait accomplir l'ordre de D. et comment procéder si ce dernier lui conseillait de ne pas accomplir la mitsva du Créateur, serait-il venu à l'esprit d'Avraham de suivre son conseil et de ne pas accomplir la volonté de Hachem"?

Le Ktav Sofer répond qu'Avraham souhaitait augmenter la puissance de la valeur de l'épreuve de la brit mila. Pour cela il se dit dans son coeur, que même si ses amis et ses proches lui conseillaient de ne pas faire la mila, il ne prendrait pas leurs paroles en considération et se remplirait de joie d'accomplir la mitsva d'Hachem.
Dans ce cas, la mitsva serait d'autant plus grande et revêtue d'importance.
C'est ainsi qu'Avraham se tourna vers ses deux amis : Avner et Echkol, qui lui conseillèrent de ne pas faire la mila. Pourtant, Avraham se détourna du conseil de la majorité de ses proches, et accomplit la parole de D., et ainsi il éleva son épreuve à un niveau supérieur.

4 Questions/Réponses – Paracha Vayéra

+ 4 Questions/Réponses – Paracha Vayéra :

1°/ Après avoir sacrifié un bélier sur l'autel qui était initialement destiné à Its'hak, la Torah relate (v.22,19) que Avraham est retourné auprès de Eliézer et Yichmaël, qui l'attendaient à distance, et ensemble ils allèrent vers Béer Chéva.
On peut constater qu'aucune mention n'est faite concernant Its'hak.
Où est-il allé après la Akéda?

-> Le Targoum Yonathan ben Ouziel écrit que les anges ont amené Its'hak dans la yéchiva de Chèm, où il a étudié pendant 3 ans, jusqu'à ce que Rivka soit assez âgée pour se marier avec lui.

Selon le rav Chloma Margolis (Darké Hachlémout), on peut tirer d'ici une importante leçon de vie.
En effet, même après avoir atteint les plus hauts niveaux, on ne doit pas devenir indulgent avec soi-même, et l'on doit toujours s'efforcer de devenir encore plus grand.
[tant qu'il y a de la vie, c'est qu'il y a encore moyen de grandir, de devenir plus proche de Hachem]

Selon le Sifté Cohen, il était important que Its'hak parte précisément à ce moment, car Avraham avait alors davantage d'amour pour son fils, et il aurait semblé comme s'il regrettait sa décision de vouloir le sacrifier.
En montrant qu'il était prêt à se séparer de son fils (le quittant au loin pour la yéchiva), il montrait alors clairement que sa décision n'a pas été prise dans un instant de folie, sur un coup de tête.

-> Le Daat Zékénim enseigne que Avraham a fait partir Its'hak, en cachette pendant la nuit, afin de le protéger du mauvais œil (ayin ara).   [les gens pouvaient le lui porter en disant : "comment a-t-il pu réussir à passer une telle épreuve, et dans un si grande joie!" ]
Il fait remarquer que suite au sauvetage miraculeux de la fournaise de 'Hanania, Michaël et Azaria, il n'est plus fait aucune mention d'eux. Une opinion de la guémara (Sanhédrin 93a) est qu'ils moururent à cause du mauvais œil.

-> Le Panéa'h Raza est d'avis que Avraham a blessé Its'hak pendant la Akéda, et que suite à cela des anges l'ont pris au Gan Eden pour qu'il récupère et guérisse.

-> A ce sujet, le mékoubal rav Yissa'har Chmouëli Beniahou (rapporté dans le Tsor ha'Haïm - 'Hayé Sarah) enseigne :
il est écrit dans le Zohar Hakadoch que puisque la trachée d'Its'hak fut en grande partie sectionnée, il risquait de perdre la vie. Aussi, Les anges de service vinrent le récupérer après la Akéda et l'amenèrent au Gan Éden afin de le guérir. Il y resta 3 années consécutives.
Ainsi, lorsque Yaakov se présenta devant Its'hak son père afin de recevoir les bénédictions, Its'hak lui dit : "vois l'odeur de mon fils est comme l'odeur du champ que Hachem a béni" (Toldot 27,27), en effet Its'hak notre Patriarche connaissait déjà parfaitement l'odeur du Gan Eden, et c'est le sens du verset : "et Its'hak revenait du puits (du nom de) "vivant de ma vision"" (וְיִצְחָק בָּא מִבּוֹא, בְּאֵר לַחַי רֹאִי - 'Hayé Sarah 24,62), qui a la même valeur numérique que les mots "היה בא מגן עדן" = "il revenait du Gan Eden" (aya ba miGan Eden).
[Toutefois, d'après le sens littéral du verset, il ne ressort pas de l'écriture que la gorge d'Its'hak fut réellement sectionnée puisque l'ange dit à Avraham : "ne lui fait aucun défaut" (Vayéra 22,12). ]

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2°/ "[Avaham] vit 3 hommes debout près de lui" (Vayéra 18,2)
Selon Rachi : L’un pour annoncer la bonne nouvelle à Sarah, un autre pour détruire Sodome, et un troisième pour guérir Avraham (de sa circoncision).

La guémara (Baba Batra 16b) nous enseigne que Avraham portait un pierre précieuse autour du cou, qui avait le pouvoir de guérir toute personne qui la regardait.

Ainsi, pourquoi Hachem avait-Il besoin d'envoyer un ange pour guérir Avraham, alors qu'il pouvait le faire lui même en regarder sa pierre?

-> Selon le Maharcha, certes Avraham pouvait se guérir tout seul, mais il ressentait que pour être vraiment entier avec Hachem (tmimout), il devait laisser son rétablissement dans les mains de D.

-> Le 'Hida, le rav Moché Feinstein et le rav 'Haïm Kanievsky expliquent que puisque sa douleur provenait d'une mitsva, alors elle lui était précieuse.
En effet, il ne voulait rien faire qui puisse être interprété comme un regret d'avoir réalisé cette mitsva, en raison de ses conséquences.

-> Selon la guémara (Taanit 20b), les miracles qui sont réalisés pour une personne réduisent sa part dans le monde à venir.
Cet enseignement nous permet de comprendre le désir de Avraham de ne pas avoir recours à un remède miraculeux (sa pierre précieuse).

-> Le Panéa'h Raza a un avis différent des précédents.
Il cite la guémara (Béra'hot 5b), rapportant que Rabbi Yo'hanan avait la capacité de guérir les autres, mais pas lui même, car : "une personne emprisonnée ne peut pas se libérer elle-même de prison".
Ainsi, tout comme Rabbi Yo'hanan, Avraham ne pouvait pas se guérir tout seul, il avait besoin de l'aide de quelqu'un d'autre (ici l'ange).

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-> Le Maor vaChéméch apporte l'explication suivante sur la nécessité de Avraham, malgré sa douleur, de se mettre à l'entrée de la tente : "en plein soleil ardent" et que 3 anges vinrent à sa rencontre.

Avraham après avoir fait l'énorme mitsva de la brit mila, est parvenu à un niveau d'attachement avec Hachem inimaginable.
Tout de suite, Avraham chercha quelqu'un qui lui permettrait de descendre de ce niveau d'attachement extrême, et ainsi lui permettre de redescendre vivre dans ce monde.
Et "ce soleil ardent" = c'est en réalité le rayonnement resplendissant d'Avraham qui était vraiment très proche/lié à D.

Si Hachem avait envoyé des hommes, Avraham par son niveau tellement élevé les aurait tous brûlés, et c'est pourquoi D. a envoyé des anges d'apparence humaine qui eux pourront le faire descendre un peu de cet attachement extrêmement élevé avec Hachem.

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-> Nos Sages nous disent : "Le but de la visite des anges à Avraham était, en fait, de préparer le futur don de la Torah au mont Sinaï, afin que les anges ne puissent accuser les Bnei Israël de ne pas être aptes à recevoir la Torah."

Le midrach (Chémot rabba 28,1) explique : "Et Moché monta vers Hachem", Comme il est écrit : "Tu es monté dans les hauteurs après avoir fait des prises, Tu as reçu des dons parmi les hommes" (Téhilim 68,19) ... (Moché reçut la Torah).
A ce moment, les anges de service voulurent attaquer Moché. Hachem transforma le visage de Moché et le fit ressembler à Avraham. Hachem dit aux anges : "N'avez-vous pas honte ... c'est celui chez qui vous êtes descendus, vous avez mangé dans sa maison."

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3°/ "Ne porte pas ta main sur le jeune homme" (Vayéra 22,12)

Le midrach Plia dit que ces paroles de l'ange de Hachem à Avraham, servent de preuve à la résurrection des morts.
Ce même midrach ajoute que juste après ces mots, Its'hak a prononcé la bénédiction : "barou'h mé'hayé amétim" (Bénis soit Celui qui fait revivre les morts).

Puisque Its'hak n'a finalement pas été sacrifié, en quoi est-ce une preuve de la résurrection des morts?
Pourquoi a-t-il prononcé la bénédiction?

Nous allons voir (b'h) la réponse du Imré Shéfer.

Selon le midrach Aggada (mentionné dans le Shibalé haLékét Téfila - Siman 18), Avraham a réellement sacrifié Its'hak et il l'a brûlé en haut de l'autel jusqu'à ce qu'il soit réduit en cendres.
C'est seulement après cela, que Hachem l'a fait revivre.

=> Ainsi, il y a bien eu une résurrection des morts, et c'est pour cela que Its'hak a dit la bénédiction : "mé'hayé hamétim".

Pourtant cela semble contredire le verset : "Ne porte pas ta main sur le jeune homme et ne lui fais rien", qui semble indiquer que Hachem a stoppé Avraham avant qu'il ne lui fasse quoique ce soit.

Le Imré Shéfer explique que ces paroles ont été dites une fois que Its'hak avait déjà été sacrifié et que Hachem lui avait redonné la vie, et ce afin d'éviter que Avraham ne porte sa main afin de tuer Its'hak une 2e fois.

Ce midrach permet également de comprendre pourquoi la 2e bénédiction de la amida, celle de la résurrection des morts (té'hiyat hamétim), est appelée : "birkat Its'hak".
[la 1ere bénédiction se terminant par : "magen Avraham" (bouclier d'Avraham)]

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-> Le Chla haKadoch explique au nom du Zohar qu'au moment de la Akéda, l'âme de Its'hak l'a quitté, et elle a alors été remplacée par une nouvelle âme, qui lui a permis d'avoir des enfants.
[Its'hak était âgé de 37 ans lors de la Akéda. N'ayant pas reçu de d'âme masculine jusqu'à cette épreuve, Rivka son âme sœur ne pouvait pas venir au monde. Elle naquit juste après la Akéda. C'est lorsqu'elle atteignit l'âge de 3 ans qu'elle accepta de suivre Eliezer pour se marier avec Its'hak alors âgé de 40 ans.]
Selon le Ohr ha'Haïm haKadoch, c'est la raison pour laquelle la naissance de Rivka est mentionnée juste après la Akéda : puisque Its'hak pouvait avoir des enfants, alors sa future femme est née.

Le Ohr Guédaliyahou dit que l'on peut tirer d'ici une leçon de vie importante.
Avraham est parti plein d'enthousiasme pour sacrifier son fils, en pensant que cela allait conduire à anéantir tout futur du peuple juif.
Et cependant, c'est spécifiquement cet événement qui a été le moyen permettant la naissance du peuple juif.
Ainsi, pour celui qui a confiance en Hachem, ce qui ressemble à un échec, à une perte assurée, n'est en réalité qu'un catalyseur de notre succès futur.

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=> Comment est-il possible que Avraham ait offert le bélier à "la place de son fils"? Est-ce que le sacrifice du bélier venu par hasard, peut être considéré comme un remplacement de son fils?

-> Rabbi Nissim Yaguen (Nétivé Or) explique :
Hachem a ordonné à Avraham de sacrifier son fils comme holocauste, Avraham avait le potentiel de satisfaire la volonté d'Hachem. Mais Avraham savait que ce potentiel ne valait rien tant qu'il ne le mettait pas en action. Parfois, on voit des gens qui ont été créés à l'image de D. avec du potentiel [sublime], mais en pratique, ils ressemblent à des animaux ...

C'est la raison pour laquelle Avraham a demandé à Hachem l'autorisation de faire une toute petite blessure à Its'hak. Ce n'était pas une cruauté de sa part, mais Avraham avait l'intention de réaliser son potentiel, de lui donner un sens, et de mettre en avant ce mérite pour ses enfants, qui en auraient besoin dans les temps troublés, lorsqu'il leur manquerait des mérites pour être sauvés de nombreux malheurs.

Mais Hachem n'accepta pas cela non plus ... Hachem ordonna à Avraham de ne rien faire à Its'hak, et à sa place, Il lui envoya un bélier, celui qu'Avraham offrit en holocauste. Lorsque Avraham sacrifia le bélier, il ne l'a pas fait simplement, il a mis en action son potentiel à sacrifier son fils comme holocauste.

Lorsque Avraham a égorgé le bélier, il pensait qu'il était prêt à agir ainsi avec son fils, comme si Hachem lui avait ordonné d'agir de cette façon. C'est la raison pour laquelle la chose lui a été comptée comme s'il avait égorgé son fils. En conséquence, le mérite de cette énorme épreuve reste pour ses enfants et leurs descendants jusqu'à la fin des temps.

[cela nous enseigne l'importance de mettre nos capacités en action, d'employer notre vie à passer du potentiel au réel. ]

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-> Its'hak est né à Pessa'h (cf.Rachi 18,10), et c'est exactement 400 années plus tard, jour pour jour, le 15 Nissan 2448, que le peuple juif va naître en sortant d'Egypte.

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-> Hachem dit à Avraham "Prends s'il te plaît ton fils" (קַח נָא אֶת בִּנְךָ - Vayéra 22,2)
Le Ran (Drachot - 6) écrit que le mot : "na" (s'il te plaît - נָא) implique que ce n'était pas une obligation, mais une requête, comme si D. lui disait : "Tu n'es pas obligé de le faire, mais c'est Mon souhait".
Le Ran ajoute que Avraham n'aurait ainsi jamais été puni s'il avait refusé d'aller sacrifier son fils.

Avraham avait de nombreuses raisons pour justifier de ne pas réaliser la demande de D., prouvant même qu'en refusant il pourrait mieux servir Hachem.

Par exemple : Sans fils, qui assurera la succession pour diffuser son message?
De plus, le rav Eliyahou Lopian (Lev Eliyahou - Lé'h Lé'ha) dit que Avraham causerait un énorme 'hilloul Hachem en égorgeant son fils. En effet, ayant dévoué sa vie entière à enseigner la bonté et la miséricorde de D., critiquant les sacrifices humains des religions païennes, ... en offrant lui-même son fils en sacrifice il serait la moquerie du monde entier.
Les dizaines de milliers de ses fidèles retourneraient alors à leur vie/croyance d'avant.

=> Cependant, pour Avraham l'essentiel était d'être fidèle, de mettre au-dessus de tout la Volonté de Hachem.
Et même si ce n'est qu'un souhait (et non un ordre), et même si c'est très douloureux (la plus dure des 10 épreuves!), Avraham s'empressa avec zèle d'aller sacrifier son fils (Its'hak).
Peu importe les conséquences, le prix à payer, tant que c'est le désir de D., alors c'est forcément ce qu'il y a de mieux à faire!!

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4°/ Cette épreuve de la Akédat est attribuée à Avraham, comme il est écrit : "Et Hachem éprouva Avraham" (Béréchit 22,1).
=> Mais pourquoi ne pas attribuer cette épreuve plutôt à Its'hak? En effet, ce dernier avait 37 ans ce jour-là, et malgré le fait qu'il aurait pu s'opposer, il accepta de plein gré d'être sacrifié, ce qui est un très grand mérite. Ainsi, pourquoi ne pas parler de cette épreuve comme celle de Its'hak?

-> Le Ets haDaat Tov rapporte un enseignement de nos Sages (guémara Kidouchin 31a-b) selon lequel celui qui fait une bonne action parce qu’il en a reçu l’ordre, recevra une récompense plus grande que s’il la faisait sans ordre.
Les Tossefot en explique la raison. En effet, accomplir un acte suite à un ordre est encore plus difficile, car le yétser ara se renforce et tente d'empêcher l'homme de se plier à cet ordre. En revanche, quand on fait une bonne action de par soi-même, sans ordre, cela est plus facile car on a l'impression de faire ce qu'on veut soi-même et on n'est pas confronté aux attaques du penchant.
Ainsi, la Akéda est l'épreuve d'Avraham, car il en reçut l'ordre d'Hachem, ce qui lui a rendu l'épreuve plus difficile qu'à Its'hak qui s'est livré au sacrifice de plein gré, faisant donc cet acte de sa propre et unique volonté.

-> Le 'Hatam Sofer se base sur les propos de Rachi qui explique que le trajet vers la Akéda dura 3 jours, pour qu'Avraham aie le temps de réfléchir et de réaliser ce qu'il allait faire. Ainsi, son acte n'allait pas être pulsionnel et irréfléchi. En effet, il aura eu le temps de prendre la pleine conscience de cet acte et aura pensé à tout ce que cela représente, et malgré tout, il sacrifiera son fils. Cela est une véritable épreuve!
Si le sacrifice avait eu lieu dans la précipitation, on aurait pu dire qu'Avraham a été troublé et a agi sans mesurer son acte. Mais, ces 3 jours de réflexion lui ont permis d'agir avec tout son esprit.
En revanche, Its'hak, qui fut informé qu'il allait être sacrifié au dernier moment, cela n'était donc pas pour lui une réelle épreuve comme pour Avraham, car il a accepté d'être sacrifié sans avoir eu le temps de réfléchir et de peser les choses. Il a donc pu agir aussi par impulsion et précipitation.

[Nos Sages disent : "Il n'y a pas de récompense pour les mitsvot en ce monde" (guémara Kidouchin 39b).
Comment pouvons-nous bénéficier d'une récompense pour la Akéda?
Le Gaon de Vilna répond que nous n'avons pas de récompense pour la Akéda en elle-même, mais nous bénéficions de la récompense pour toutes les préparations d'Avraham pour la Akédat.
En effet, nous pouvons recevoir dans ce monde une récompense pour la préparation faite pour les mitsvot.
C'est ainsi que nous profitons de très nombreuses bénédictions dans ce monde, grâce à ces 2 journées intenses de préparation qui ont précédées la Akédat.]

-> Le Apiryon explique que quand une épreuve a déjà été surmontée une 1ere fois, elle devient plus facile les fois
suivantes, comme si la porte de cette épreuve a déjà été ouverte. Mais quand c'est la 1ere fois qu'elle doit être réalisée, l'épreuve a toute sa difficulté.
Certes Its'hak devait se sacrifier selon la Parole d'Hachem, mais un tel acte a eu son précédant. En effet, Avraham a déjà été prêt, dans le passé, à donner sa vie à Hachem, quand il a été jeté dans la fournaise par Nimrod, pour avoir refusé de faire de l'idolâtrie. Ainsi, le chemin pour Yitshak a déjà été tracé par Avraham.
Certes il allait se sacrifier pour Hachem, mais Avraham a déjà donné la force à ses descendants de faire une telle chose.
En revanche, l'épreuve d'Avraham consistait à sacrifier son fils bien-aimé. Or, une telle épreuve n'a jamais encore été réalisée. Jamais un père n'a encore sacrifié son fils pour réaliser la Volonté d'Hachem. Et même si des idolâtres ont déjà tué leurs enfants pour leurs idoles, malgré tout jamais une telle épreuve de tuer pour
Hachem ne s'est encore présentée.
D'ailleurs au contraire, Avraham luttait corps et âme contre ce culte idolâtre qui prônait le sacrifice humain. Et à présent, il devait aller à l'encontre de tous ses enseignements et convictions, en sacrifiant son fils pour Hachem.
Évidemment, tout cela n'a fait qu'augmenter la difficulté de cette épreuve, qui peut être qualifié pour cela d'épreuve d'Avraham, car Its'hak de son côté, ne faisait que reproduire une épreuve déjà surmontée par son père : se sacrifier soi-même pour Hachem.

-> Le Beit haLévi explique que Its'hak devait certes se sacrifier et mourir pour Hachem, mais son épreuve allait durer quelques instants, le moment d'être abattu. Mais Avraham, quant à lui, devra ensuite vivre et passer tout le restant de ses jours avec la conscience et la peine de ne plus avoir son fils bien-aimé. Son épreuve n'allait pas durer que le moment de l'abattage (comme ce fut pour Yits'hak), mais son épreuve allait se poursuivre les dizaines d'années qui lui restaient à vivre. Il allait devoir vivre sans Its'hak, son héritier spirituel.
L'essentiel de l'épreuve d'Avraham allait venir après le sacrifice. Comment allait-il continuer son existence sans Its'hak?
Telle était la grande difficulté de cette épreuve qui en fit l'épreuve d'Avraham, et non celle d'Its'hak.

-> Par ailleurs, la difficulté de cette épreuve se trouve aussi dans la pensée. En effet, un midrash dit que le Satan est venu troubler Avraham et lui révéla qu'en vérité Hachem cherche simplement à tester s'il était prêt à sacrifier son fils. Mais qu'en vérité, Il ne veut pas qu'il le sacrifie.
D'après cela, la difficulté de l'épreuve était qu'Avraham devait s'apprêter à abattre son fils, comme si le Satan ne lui avait rien dit, alors qu'il savait que ce n'était qu'un test. Cette lutte intérieure ne concernait bien qu'Avraham.

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-> Le Chem miChmouël rapporte qu'Ichmaël était la réincarnation guilgoul de Caïn tandis qu'Its'hak était le guilgoul d'Hével, comme cela est rapporté dans le Zohar. Hével fut assassiné et ne bénéficia pas de la protection d'Hachem Hou à cause d'un fait bien précis. (Tikouné Zohar 69,102a)
En effet, le Arizal explique que lorsque le feu divin descendit pour accepter le sacrifice d'Hével, ce dernier contempla la Chékhina et fut condamné à mort.

Le Arizal nous dévoile au sujet d'Its'hak, qui était la réincarnation d'Hével, qu'il ne put monter sur l'autel en sacrifice avant l'âge de 37 ans, qui correspond à la valeur numérique du nom de Hével (הבל soit 37) afin de réparer le dommage que ce dernier avait causé en contemplant la Présence divine.

C'est le sens des paroles d'Avraham à son fils Its'hak : "D. pourvoira à l'agneau pour l'holocauste mon fils" (אֱלֹהִים יִרְאֶה לּוֹ הַשֶּׂה לְעֹלָה בְּנִי - Vayéra 22,8)
Nous pouvons remarquer que les initiales des trois derniers mots du verset forment le nom d'Hével (הבל). Its'hak devait donc être ligoté sur l'autel pour expier la faute commise par Hével.

Parallèlement, Ichmaël était la réincarnation de Cain. Sarah dit à Avraham : "Renvoie cette servante et son fils car il ne restera pas avec mon fils, avec Its'hak" (Vayéra 21,10).
Rachi explique que Sarah ne voulait pas que le fils de cette servante hérite avec son fils. En effet, Ichmaël se disputait avec Its'hak au sujet de l'héritage et il disait : "Je suis l'aîné et je prendrai une double part".
Et lorsqu'ils sortirent dans le champ, Ichmaël prit son arc et tira sur Its'hak des flèches.
Le Chem miChmouël explique qu'Ichmaël avait un point commun avec Caïn, celui de vouloir tuer son frère.

[en ce sens : Pourquoi Avraham était-il si réticent à l'idée de renvoyer Ichmaël au point d'attendre l'injonction d'Hachem qui lui dit : "Ne t'oppose pas au renvoi du garçon et ta servante. Tout ce que te dira Sarah, écoute sa voix car c'est par Its'hak que tu auras une descendance" (Vayéra 21,12).
Avraham pensait qu'Ichmaël avait réussi à réparer l'âme de Caïn. Aussi, c'est une mitsva de l'unir avec Its'hak, comme nous l'apprenons de la mitsva des tsitsit qui ne sont pas soumis à l'interdiction du mélange de lin et de laine puisqu'ils sont conçus d'un mélange de lin et de laine.
Ainsi, le Créateur avertit Avraham qu'Ichmaël était un racha et qu'il ne répara pas l'âme de Caïn. Par conséquent, il ne devait pas préserver cette union fraternelle tout comme il est interdit d'unir le lin et la laine. ]

"Its'hak parla à Avraham son père, il lui dit : "Mon père". Il (Avraham) dit : "Me voici mon fils" ..." (Vayéra 22,7)

On peut expliquer cet échange de la façon suivante.
Avraham représente la bonté et Its'hak la rigueur.
Ainsi, Its'hak demande à Avraham : "Mon père" = toi qui représentes la bonté, comment t’apprêtes-tu donc à réaliser un acte d’une si grande dureté que de me sacrifier?
Alors, Avraham lui répondit : "Me voici mon fils " = à présent, me voici (que je suis) mon fils. J’ai saisi ton attribut, mon fils, qui est la rigueur, et c’est avec ton caractère de rigueur que je m’apprête à réaliser cet acte de dureté que de te sacrifier.

=> Lorsque cela est nécessaire pour réaliser le service de Hachem, un tsadik doit être prêt à agir d'une façon contraire à la noble qualité qui le caractérise (à l'image de Avraham qui a été prêt à faire un acte contredisant en apparence toute son essence et ses enseignements, qui n'étaient que bonté).

[le Beit Yits’hak]

-> "Avraham était un" (Yé'hezkiel 33,24 - é'had aya Avraham)
Avraham avait tellement soumis sa volonté à celle de Hachem, qu'il faisait "un" avec Hachem.
Une seule volonté était présente en lui : celle de D.
[le 'Hen Tov]

-> "Si Hachem avait demandé à Avraham de se creuser les yeux, il l'aurait fait.
Non seulement, il aurait donné ses yeux, mais il aurait renoncé à son bien le plus précieux : son âme."
[Yalkout Chimoni Dévarim 943]

-> Les 10 épreuves d'Avraham n'avaient pas pour but de déterminer si oui ou non il obéirait au commandement de D., puisqu'il est clair qu'Avraham n'a jamais désobéi à Hachem. Il n'y a rien d'extraordinaire à ce qu'il accomplisse son devoir.
Mais ce qu'il faut souligner, c'était la joie avec laquelle Avraham réalisait ces choses, même extrêmement difficiles.
Quant il partit sacrifier son fils aimé, il le fit avec autant de joie que s'il le menait sous le dais nuptial.
Il n'y a pas de plus grande joie que d'obéir aux commandements Divins.
[Méam Loez - Béréchit 2,7]

-> Selon nos Sages, Avraham et Its'hak avaient chacun autant de joie et d'enthousiasme d'aller accomplir un commandement de D.
Ils formaient ensemble "un" avec la volonté de Hachem : un devant tuer son fils, et l'autre devant se laisser égorger par son père.
[cf. Rachi sur la double apparition du mot : ya'hdav, avant la Akéda]
Après la Akéda, Avraham n'a eu aucun sentiment d'orgueil pour avoir surmonté une épreuve aussi difficile.
[le 'Hen Tov - 3e apparition de ya'hdav juste après la Akéda- v.22,19).

=> Ils ont réussi le test d'avant la Akéda, et celui d'après.

"Avraham courut vers le troupeau" (Vayéra 18,7)

-> Le Baal haTourim note que le mot : abakar (le troupeau - הַבָּקָר), a les mêmes lettres que : haKéver (la tombe - הקבר), faisant que le verset peut se lire également : "Avraham courut vers la tombe".

Vers quelle tombe?

Selon nos Sages, c'est de cette façon que Avraham a découvert la tombe de Machpéla.
Un des veaux de son troupeau, qu'il souhaitait égorger pour ses invités a couru, et il l'a suivi jusqu'à arriver à la Méarat haMachpéla.

-> Le Pirké déRabbi Eliézer ajoute que lorsque Avraham y est arrivé, il a vu Adam et 'Hava couchés, avec des bougies allumées et il a senti l'odeur des sacrifices du Temple.
Il a alors immédiatement compris que c'était un lieu extrêmement saint, au point de l'acquérir pour lui et sa famille.