Pâtisserie spirituelle depuis 5771 - b'h
 

Les bons jours comme préparation aux mauvais

+ Les bons jours comme préparation aux mauvais :

-> "Lors d'un bon jour, sois avec la bonté, et lors d'un mauvais jour, voit" (Kohélet 7,14)

-> Le Sfat Emet (Mikets 5631) explique ce verset :
Lorsqu'une personne fait l'expérience de la bonté, elle doit fixer cette illumination en elle-même, afin de pouvoir "voir" comment se comporter pendant le "mauvais jour" qui suivra, car avant chaque épreuve, il y a une illumination qui sert de leçon pour ce qui va arriver.

On peut apprendre cela de Yossef, qui a ordonné aux égyptiens de remplir les greniers de céréales pendant les années d'abondance afin de subvenir à leurs besoins pendant les années de famine qui allaient suivre.
De la même manière, pendant les bons moments, lorsque la sainteté se révèle clairement, chaque personne doit se préparer en "stockant" l'illumination spirituelle dans son cœur afin de pouvoir puiser dans cette illumination même pendant les moments difficiles, lorsque la sainteté est cachée.

Le Sfat Emet (Likoutim - Mikets) ajoute ensuite :
"La leçon des rêves des années d'abondance et de famine était un indice pour Yossef qu'il devait se préparer dès maintenant, alors qu'il était vice-roi d'Égypte, représenté par les années d'abondance, pour les jours d'exil qui allaient suivre.
C'est un indice pour chaque juif ; on sait que les épreuves et l'éloignement sont précédés par la proximité, donc lorsqu'on connaît des périodes de succès, il faut fixer la bonté en soi afin de savoir comment agir également dans les périodes de dissimulation."

<--->

-> Le Maguid de Kozhnitz (Avodat Israël - Vayichla'h) enseigne :
Il n'y a pas de tsadik qui connaisse une sainteté immuable tout au long de sa vie dans ce monde inférieur.
Nous pouvons le voir clairement : il est impossible de passer toute la journée avec le même niveau d'attachement (dvékout) et de perception de la divinité que nous ressentons lorsque nous récitons le Shéma, ou de ressentir la même sainteté les jours de semaine que nous ressentons le Shabbat et les jours de Yom Tov.
Il en va de même pour chaque personne, à son propre niveau ; elle ressent davantage de sainteté à des moments propices, comme lorsqu'elle prie et récite le Shema, et pendant les jours saints, et cette expérience de la sainteté s'estompe jusqu'à ce qu'elle fasse à nouveau l'effort de s'élever à ses hauteurs spirituelles antérieures.
La volonté de Hachem est que nous, mortels, ne devions pas jouir en permanence de Sa proximité dans ce monde physique, car alors nous ne la ressentirions pas vraiment, comme chacun sait.
[à l'image d'un électrocardiogramme qui s'il a des hauts et des bas est signes de vie. De même, le fait qu'on a des variations dans notre liaison avec Hachem donne de la vie, non atone. ]

-> Ailleurs, le Le Maguid de Kozhnitz (Maamaré Pessa'h Yom Shéni Shel Pessa'h) aborde le verset susmentionné du Kohelet : "Un jour où tout va bien, sois bon, et un jour où tout va mal, voit".
Il explique qu'une personne possède un "intellect supérieur" et qu'il y a des moments où elle peut servir Hachem avec clarté et ferveur, mais qu'il y a aussi des moments où cet intellect supérieur lui est retiré et où elle se retrouve avec une perception diminuée.
Il faut se préparer pendant les moments de clarté, en laissant des traces indélébiles en soi afin que, même lorsque la ferveur disparaît, on ne perde pas entièrement sa position spirituelle, mais qu'on remporte la bataille, en se renforçant pour s'appuyer sur Hachem.

<--->

-> De même, le rav Elimélé'h de Lizhensk voit l'idée ci-dessus reflétée dans les paroles de Rachi (Emor 21,1) : "émor ... vé'amarta" (dis ... et tu diras), pour instruire les guédolim (les grands [adultes]) au sujet des kétanim (les petits [les enfants])".
Rabbi Elimélé'h explique :
Toute personne qui se consacre à l'étude de la Torah, à la prière ou à une affaire sacrée se trouve dans un état d'intelligence supérieure. La pratique des tsadikim, avant de prier, consiste à se calmer et à apaiser leur esprit, puis à contempler Celui devant qui ils prient, élevant ainsi leur esprit à travers ce service sacré.
Cependant, une fois la prière ou l'avoda (service divin) terminée, la personne retombe dans un état d'intellect moindre, car elle se livre à des futilités temporelles.
Ce n'est toutefois pas l'avoda ultime. Au contraire, il faut rester constamment dans un état de sainteté et de pureté, sans interruption, même momentanée. C'est pourquoi il faut s'attacher si fortement à Hachem pendant les moments de grandeur que ses pensées restent liées à Lui même lorsqu'il passe à autre chose.

C'est le sens de "instruire les guédolim", en référence aux moments où ils sont dans un état de grandeur (gadol), "en ce qui concerne les kétanim", afin qu'ils restent dans leur sainteté même lorsqu'ils sont dans un état moindre.

<--->

+ Chaque personne connaît des moments d'illumination :

-> Cela s'applique à chaque juif : il connaît des moments d'illumination accrue, voire certains moments auxquels nous pouvons appliquer la déclaration de nos Sages : "Il n'y a personne qui n'ait son moment" (Pirké Avot 4,3).

Le Sfat Emet (Vayétsé 5653) explique que cela signifie que chaque individu connaît des périodes de proximité avec Hachem et des moments où il perçoit Sa révélation.
Son avoda pendant ces moments consiste à s'accrocher à cette révélation afin qu'elle reste avec lui.
Le verset dit : "C'est pourquoi tout homme pieux doit Te prier au moment où Tu peux être trouvé" (Téhilim 32,6), et le 'Hidouché Harim explique que lorsqu'on mérite une révélation, on doit s'assurer qu'elle s'enracine profondément dans son cœur afin qu'elle perdure.
C'est le sens du verset : "Un jour où tout va bien, sois avec le bien" (Kohélet 7,14), imprègne toute ton existence du bien que tu vis ce jour-là, plonge-toi dans le bien et ne te laisse pas distraire, afin qu'il perdure même lorsque ses manifestations extérieures auront disparu.

<--->

-> Même un juif se trouve dans une période sombre, où la sainteté lui est cachée, il doit comprendre que Hachem a créé le monde de telle manière qu'il y ait des jours joyeux, où tout est clair et lumineux, et des jours difficiles, où la sainteté est dissimulée.
Les bons jours, où la sainteté brille clairement, ne sont pas le but ; le but est plutôt que la personne puise son énergie dans les jours de lumière et l'instille dans son cœur jusqu'à ce qu'elle soit si fermement enracinée qu'elle devienne inébranlable.
Ainsi, lorsque les temps de dissimulation arriveront, elle se fortifiera en sachant qu'elle n'est pas intrinsèquement éloignée de la sainteté, mais que la volonté de Hachem est qu'elle Le serve au milieu de la dissimulation et des ténèbres.
[rabbi David Abou'hatséra - maamaré Emouna ouBita'hon]

Parler à la mézouza

+ Parler à la mézouza :

"Ils s'approchèrent de l'homme qui gouvernait la maison de Yossef et lui parlèrent, à l'entrée de la maison" (Mikets 43,19)

-> Le rav Pin'has de Koritz (séfer Imré Pin'has) demande pourquoi les tribus (shévatim) se sont adressés spécifiquement à l'homme qui était en charge de la maison de Yossef à côté de la porte.
Il cite le séfer Sifté Cohen (écrit par un élève du Arizal) qui donne la réponse suivante :
Yossef a accompli toutes les mitsvot de la Torah et il avait certainement une mézouza sur la porte de sa maison. Lorsque les shévatim, les frères de Yossef, se tenaient près de la porte, ils ne parlaient pas du tout à l'homme qui se tenait là. Ils se sont plutôt adressés à la mézouza, sur laquelle figure le nom divin "Shadaï", car c'est ce nom qui a été utilisé par leur père lorsqu'il les a bénis et a dit que "Kél Shadaï" subviendrait à leurs besoins (Mikets 43,14).

Le rav Pin'has ajoute : "Chaque fois qu'une personne se trouve près d'une mezouza, elle doit se concentrer sur ce nom d'Hachem et lui demander de dire 'daï' (assez, ça suffit), et de mettre fin à nos souffrances".

<--->

[ on a tendance à voir la mézouza comme faisant partie du décors, mais on doit davantage en profiter pour s'éveiller à la Tout-Puissance d'Hachem, et Lui demander de mettre fait à toutes nos souffrances, problèmes, ennemis, ... ]

"Pharaon envoya quérir Yossef et on le pressa hors du cachot" (Mikets 41,14)

-> La guémara (Roch Hachana 10b) dit que Yossef a été libéré le jour de Roch Hachana (de l'année 2230 de la Création).

-> Le 'Hidouché haRim (cité dans Yalkout Yéhouda) demande pourquoi il est important de nous dire quel jour c'était.
Il répond qu'il s'agit d'une leçon pour toutes les générations futures. Il explique que "Yossef" symbolise le "juif intérieur" qui se trouve en chacun de nous, et c'est ce qui se libère à Roch Hachana.

En d'autres termes, certains juifs sont emprisonnés en eux-mêmes. Ils sont piégés par leur yétser ara et ne peuvent s'échapper de cette prison.
Malgré tout, à Roch Hachana, ils peuvent se libérer. C'est pourquoi ce mois s'appelle "Tichri", dont la racine est "chari" (libre). Pendant ce mois, chacun peut se libérer [plus facilement] de sa prison personnelle.

Les vaches pâturaient avec fraternité

+++ Les vaches pâturaient avec fraternité :

"Voici que du fleuve sont montées 7 vaches, bien en chair et belles d'aspect, et elles ses sont mises à paître dans l'herbage" (Mikets 41,18)

-> Le séfer miZékénim Et'bonen, cite le tsadik rav Hirsch Michel, qui explique le mot "baa'hou" (dans l'herbage - בָּאָחוּ) comme signifiant "a'hva" (la fraternité).
Ainsi, le verset dit que les vaches ont brouté avec a'hdout (unité).
Il ajoute que c'est pour cette raison qu'il est dit qu'elles étaient "bien en chair et belles d'aspect", parce que lorsqu'il y a de l'amour et de l'unité, toutes les bénédictions sont présentes.

Etre satisfait de ce que l’on a, permet d’être traiter par Hachem avec davantage de miséricorde

+ Etre satisfait de ce que l'on a, permet d'être traiter par Hachem avec davantage de miséricorde :

"Quand ils eurent achevé de manger les provisions qu'ils avaient approtées d'Egypte, leur père leur dit : "Retournez, achetez-nous un peu de nourriture"." (Mikets 43,2)

-> Rachi affirme que Yéhouda leur a dit : "Prenez patience avec notre vieux père jusqu’à ce que nous n’ayons plus de pain à la maison" (parce que Yaakov leur avait interdit de retourner en Egypte avec Binyamin).

=> Que voulait dire Yéhouda? Quel conseil donne-t-il? Bien sûr qu'ils auraient besoin d'aller acheter de la nourriture lorsqu'ils en manqueraient.
Deuxièmement, pourquoi a-t-il appelé Yaakov "le vieil homme" (zaken)? Pourquoi ne l'a-t-il pas simplement appelé "notre père"?

-> Le séfer Divré Israël répond que le mot "zaken" (le vieil homme) fait référence à l'attribut (mida) Divin de la miséricorde (ra'hamim). Lorsqu'une personne est satisfaite de ce qu'elle a et ne cherche pas à en obtenir davantage, elle suscite la mida de la miséricorde d'Hachem.

Tel était le conseil de Yéhouda. Il a dit d' "avoir patience, d'attendre le vieil homme". Attendre patiemment et ne pas essayer de le pousser, forcer. Si nous faisons cela, dit-il, nous mériterons de recevoir l'aide de la mida de miséricorde d'Hachem.

C'est pourquoi Yaakov leur a dit plus tard : "Et Kel Shadaï vous donnera de la miséricode" (véEl Shadaï yiten la'hem ra'hamim - Mikets 43,14). Le nom d'Hachem "Shadaï" représente la mida d'être satisfait de ce que l'on a, car il symbolise la façon dont Il a dit au monde "daï", assez (guémara 'Haguiga 12a).
Ainsi, Yaakov disait que s'ils étaient satisfaits et ne demandaient pas plus, ils mériteraient la mida de la miséricorde d'Hachem.

Impacter le monde en gardant sa bouche

+ "Tu seras responsable de mon palais et tout mon peuple sera nourri par ta bouche" (Mikets 41,40)

+ Un juif par sa prière apporte de l'abondance dans le monde :

-> Le Targoum Onkelos traduit le verset comme suit : [Pharaon dit à Yossef: ] "Grâce aux paroles de ta bouche, toute ma nation mangera".

Cela indique que c'est par la prière qui sort de la bouche d'un juif, qu'est créée une abondance de moyens de subsistance dans le monde.

<--->

+ Celui qui garde sa bouche soutient le monde :

-> Le rav Moché Stein (dans son Béer Moché) explique ce verset en citant l'explication des commentateurs du verset : "Il ne violera pas sa parole ; tout ce qu'a proféré sa bouche, il doit l'accomplir" (Matot 30,3). Ils expliquent que si une personne ne "viole" pas ses paroles et n'utilise pas sa bouche pour prononcer des mots inappropriés (ex: lachon ara), alors tout ce qu'elle dit s'accomplira.
En n'utilisant sa bouche que pour de bonnes choses, il aura le pouvoir de voir ses paroles s'accomplir d'en-Haut.

En conséquence, le verset dit que grâce aux paroles de Yossef, la nation entière sera soutenue. Ses paroles auront un fort impact au Ciel et apporteront une abondance de bonté dans ce monde.

C'est dans cet esprit qu'il explique le verset : "Les lèvres doivent embrasser celui qui dit les mots justes" (chéfatayim yissak, méchiv dévarim né'hokhim - Michlé 24,26).
Le mot "yissak" signifie littéralement "embrasser", mais il peut également signifier "soutenir", comme c'est le cas dans le verset ci-dessus (41,40) concernant Yossef (véal pi'ha yissak kol ami - tout mon peuple sera nourri par ta bouche).
Ainsi, le verset peut être lu comme disant que les lèvres d'une personne peuvent être utilisées pour soutenir le monde lorsqu'elle dit des choses appropriées et s'assure de ne pas utiliser ses mots pour quelque chose de mauvais (selon la volonté d'Hachem, la halakha).

<---->

+ Faire attention à ses paroles apporte de la parnassa :

-> Le 'Hozé de Lublin voit également une allusion au concept selon lequel la parnassa est fournie par le mérite de garder ses mots, dans la guémara (Ména'hot 86a) qui dit que "les hommes riches sont des avares".
Le 'Hozé de Lublin demande comment peut-on dire cela comme une règle générale alors qu'en fait, tous les hommes riches ne sont pas avares. Il répond que la guémara veut dire qu'ils sont avares de leurs paroles. Ils sont devenus riches parce qu'ils ne parlent pas trop (ne disant pas de paroles interdites, voir inutiles, ...). En effet, le fait de veiller à ne rien dire de mal crée la richesse.

[ainsi, Pharaon affirmait que par le mérite de Yossef qui faisait très attention à ses paroles, il y aurait de la parnassa aussi pour son peuple. ]

<--->

=> Yossef représente tout juif qui est présent dans l'obscurité de l'exil, au sein d'une société avec des valeurs non juives. Le verset (rapportant la parole du leader de l'époque : Pharaon) témoigne que la vraie réalité est que même le juif le plus simple, par ses prières et le fait de contrôler ses paroles, c'est ce qui impacte l'économie même du pays!
En apparence un juif semble un lambda comme les autres (si ce n'est détestable), mais en réalité tout juif impacte tous les mondes par ses actions! Tout juif est énorme!!

"Il (Yossef) leur dit : "Vous êtes des espions!" " (Mikets 42,9)

=> De toutes les tactiques que Yossef aurait pu utiliser pour manipuler ses frères, pourquoi a-t-il choisi de les accuser d'espionnage?

-> Le Imré Emet suggère une idée que l'on retrouve dans des sources antérieures, à savoir que Yossef craignait à juste titre qu'ils ne découvrent son identité.
Après tout, le récit des origines ignominieuses du vice-roi n'était-elle pas connue de tous en Egypte ?
En les accusant d'espionnage, les frères seraient désormais extrêmement prudents et ne feraient aucune enquête parmi la population égyptienne, de peur de donner l'impression qu'ils recueillent des informations.

Le Lev Sim'ha suggère que Yossef était impatient de glaner des nouvelles de sa famille séparée depuis longtemps, mais comment pouvait-il se les procurer sans éveiller les soupçons de ses frères? En les présentant comme des espions, il était libre de les interroger à sa guise.

Le Sfat Emet apporte un éclairage métaphysique sur cette question. À leur insu, les frères agissaient en effet en qualité d'espions : tout comme les espions fournissent une reconnaissance pour une invasion étrangère, ils préparaient le terrain pour la prise de contrôle de l'Egypte par les juifs.
Cela éclaire la réponse apparemment incohérente des frères, qui affirment qu'ils "n'ont jamais été espions", parce qu'ils "sont 12 frères, fils d'un seul homme". Ils ont eu l'intuition que pour agir correctement à ce titre, ils auraient besoin de la participation de Binyamin, car ses descendants seraient également présents en Egypte.

La yachrout = le chemin vers le monde futur

+++ La yachrout = le chemin vers le monde futur :

"Si je ne te l'amène pas et ne le présente pas devant toi, j'aurai fauté envers toi tous les jours" (Mikets 43,9)

-> Rachi commente que la promesse de Yéhouda à Yaakov : "J'aurai fauté envers toi tous les jours" (selon Rachi = y compris dans le monde à Venir), était une promesse de renoncer à sa part dans l'autre monde s'il ne parvenait pas à délivrer Binyamin sain et sauf.

=> Pourquoi l'expression "tous les jours" fait-elle référence au monde futur?
La réponse est que l'autre monde est la continuation naturelle de ce monde pour ceux qui suivent le chemin correct qui y mène. Ce chemin est connu sous le nom de chemin de yachrout (littéralement, le chemin droit), qui est le chemin de la Torah.
Celui qui suit ce chemin passera dans l'autre monde après sa mort, comme une progression naturelle de la vie dans ce monde. Ainsi, lorsque la Torah affirme qu'une personne méritera une longue vie, elle sous-entend qu'elle continuera à vivre dans l'autre monde après sa mort.

Cela nous permet de mieux comprendre l'affirmation de la guémara (Taanit 5b) : "Yaakov n'est pas mort ", qui ne peut être comprise littéralement, car la Torah décrit comment Yaakov a été embaumé et enterré.
Il faut plutôt comprendre que sa vie s'est poursuivie dans l'autre monde après avoir été enlevé de ce monde. Contrairement à la plupart des gens, qui ont besoin d'une transition longue et souvent douloureuse, Yaakov a poursuivi sa vie dans l'autre monde après sa mort, aussi facilement que l'on passe d'une pièce à l'autre.

Si tous les justes (tsadikim) poursuivent leur vie dans l'autre monde, qu'y a-t-il de particulier dans le cas de Yaakov?
La réponse est que Yaakov n'a même pas goûté à la mort. La plupart des gens, même les justes (tsadikim), s'éloignent un peu du chemin de la yachrout (chacun selon son niveau, peut faire de petits écarts).
Même en s'adonnant un peu plus que nécessaire aux plaisirs de ce monde, le corps est souillé jusqu'à un certain point, ce qui l'oblige à subir un processus de purification au moment de la mort.
Cependant, Yaakov n'a pas été entaché par la faute dans ce monde. C'est ce qui ressort du titre que lui a donné la Torah : yéchouroun (le droit), qui fait allusion à son yachrout parfait. [Zohar - Vayichla'h]
Puisque Yaakov ne s'est pas écarté, même légèrement, du chemin de la yachrout, son corps est resté entièrement intact et aucune partie de lui n'est morte.

Cette idée nous permet également de comprendre la prière de Bilaam : "Mon âme mourra de la mort des yécharim, et ma fin sera comme eux" (Balak 23,10).
Bilaam, malgré ses mauvaises actions, était un prophète. Il comprenait que seuls les yécharim, les personnes qui suivent le chemin droit (yachrout), continuent dans l'autre monde.
Bilaam pria pour vivre lui aussi dans l'autre monde, comme les yécharim, nos saints ancêtres. Bien entendu, cette prière était vaine pour un homme aussi méchant que lui.
[d'après Maharal - Gour Aryé - Vayé'hi 50,33 ; Tiféret Israël 11]

<--->

-> En résumé :
La Torah décrit l'autre monde comme "ari'hout yamim" (des jours longs).
Cela s'explique par le fait que l'autre monde est une progression naturelle de ce monde pour celui qui reste sur le chemin de la yachrout.
[le nom Israël se décompose en "yachar El" : droit vers Hachem. Malgré toutes les tentations/visions de ce monde, les tendances naturelles négatives, ... un juif se droit de rester droit vers le but Véridique, vers Hachem. ]
Yaakov était l'exemple même de la yachrout, et c'est pourquoi il ne mourut pas, dans le sens où il passa naturellement de ce monde à l'autre, sans même avoir goûté à la mort.

"Yossef est descendu en Égypte et s'est préservé de l'immoralité, de même tout Israël [en Egypte], par son mérite, s'est préservé de l'immoralité.
Rabbi 'Hiya Bar Aba a enseigné : "Cela valait la peine qu'il se préserve de l'immoralité, car c'est par son mérite qu'Israël a été délivré"."
[midrach Vayikra rabba 32,5]

-> Le rav Pin'has Fridman commente :
Nous apprenons de ce midrach que Yossef traça la voie de la kédoucha (sainteté) pour toutes les générations d'Israël jusqu'à la fin des temps. Tous pourront maintenir leur kédoucha partout où ils se trouvent, même dans les situations les plus précaires, et pourront par ce mérite, être délivrés de leur exil.

"Non! Vous êtes venus voir la faiblesse du pays" (Mikets 42,12)

-> Rachi explique que pour renforcer son accusation que ses frères sont des espions, Yossef s'est appuyé sur le fait que les 10 frères sont entrés en Egypte par 10 portes différentes. En effet, des espions ne rentrent pas dans le pays tous ensemble, pour ne pas que cela paraisse suspect. Mais en réalité, ils ont suivi par là le conseil de leur père qui leur a enjoint d'entrer par 10 portes différentes pour éviter le mauvais oeil (ayin ara).

On peut remarquer que dans toutes les paroles de regrets ou de plaintes qu'ils ont émises sur leur situation dramatique, ils n'ont jamais regretté le fait d'être entrés par 10 portes différentes. Jamais ils n'ont suggéré que cela leur ait entraîné du mal. Et pourtant, l'essentiel de leur malheur venait en apparence de là. C'est à cause de cela qu'ils furent accusés d'être des espions, que Chimon fut emprisonné et que l'homme exigeait de faire venir Binyamin. Et malgré tout, pas une fois ils n'ont formulé le moindre regret d'être entré par 10 portes différentes.
Pourquoi cela?

C'est parce qu'ils savaient que de l'accomplissement d'une mitsva, il ne peut pas y arriver de mal. Or, ils n'ont fait là que respecter leur père qui leur avait donné cet instruction. Aussi, ils étaient convaincus que cela ne pourra pas leur causer du tort. Et cela, malgré le fait que d'après les apparences, tout leur malheur venait de là. Mais leur foi sur le fait que la mitsva ne peut pas provoquer de dommages était plus fort que tout. Ils émirent des regrets sur d'autres choses, mais pas sur cela.

Et effectivement, dans la réalité, ils ne se sont pas trompés. Car finalement, il s'avéra que toute cette accusation d'espionnage n'était qu'un coup monté par Yossef, qui aboutit sur les retrouvailles et Yossef les nourrit pendant la famine. Effectivement, rien de mal n'arriva.
Et même s'ils ne connaissaient pas l'aboutissement à l'avance, ils savaient néanmoins qu'ils ne perdraient pas du fait d'une Mitsva, car une mitsva ne peut aucunement causer de mal. Et même si en apparence ça peut en avoir l'air, on doit savoir qu'en réalité, il n'en ressortira que du positif.

<--->

-> [Hachem nous dit : ] "Personne n’a fait ma volonté et en a été perdant."
[midrach Dévarim rabba 4,5 – en adam shoméa li oumafssid]

-> "Une personne ne sera jamais perdante d’avoir réalisée une mitsva"
[Kohélét 8,5 – shomer mitsva lo yéda davar ra]