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La rencontre avec Pharaon

+ La rencontre avec Pharaon :

"Moché et Aharon se rendirent auprès de Pharaon" (Vaéra 7,10)

-> Nos sages décrivent comment Hachem a embarrassé et fait honte à Pharaon.
Le midrach (Yalkout - remez 181) raconte que le palais de Pharaon avait 400 portes. Près de chaque porte se trouvaient des lions, des ours et d'autres animaux vicieux. Aucun homme ou créature ne pouvait franchir l'une de ces portes sans être dévoré à mort par les animaux sauvages, à moins que de la viande ne soit placée devant les animaux pour les calmer. Mais lorsque Moché et Aharon arrivèrent au palais, tous les animaux les entourèrent et leur léchèrent les pieds, les accompagnant jusqu'à ce qu'ils atteignent Pharaon.

À ce moment-là, de nombreux rois de l'est et de l'ouest, sujets de l'empire de Pharaon, se réunissaient avec lui. Lorsqu'ils virent Moché et Aharon à la tête du cortège d'animaux sauvages, ils furent saisis d'effroi. Pharaon fut lui aussi saisi d'effroi. Tous les rois enlevèrent leur couronne de leur tête et se prosternèrent devant Moché et Aharon.

À ce moment-là, Pharaon a besoin d'utiliser les toilettes et il entre dans la salle de bains. Douze souris se précipitèrent sur lui et commencèrent à le mordre de tous les côtés. Il poussa un cri amer et tous ses ministres et conseillers l'entendirent hurler de douleur.

Pharaon revint alors sur son trône et reprit confiance en lui. Il demanda à Moché et Aharon : "Qui êtes-vous et d'où venez-vous? Qui vous a envoyés vers moi?"

Ils répondirent : "Le D. des juifs nous a envoyés vers toi pour te dire d'envoyer ma nation afin qu'elle me serve".
Il leur dit aussitôt : "Je ne sais pas qui est ce D.. Je n'ai jamais entendu parler de lui. Il ne m'a jamais envoyé de lettre ni de cadeau".

-> Le séfer Mégalé Tsafona demande pourquoi Pharaon avait 400 portes dans son palais. Il explique que Pharaon était la racine de la "sitra a'hra" (la force de l'impureté). Or, le pouvoir de la sitra a'hra est divisé en 400 parties (c'est pour cette raison qu'Essav avait 400 partisans - Vayichla'h 33,1).
Toutes sortes d'animaux sauvages ont été placés devant les 400 portes, qui représentaient les 400 parties de la sitra a'hra, afin de renforcer la force de l'impureté et d'ajouter au pouvoir de la magie noire utilisée par Edsav.
[nos Sages (Moed Katan 18a) disent qu'Essav était adepte de la magie noire (amgouchi). ]

Lorsque Moché et Aharon arrivèrent, la force de leur sainteté l'emporta sur la force de l'impureté ; ainsi, tous les animaux sauvages se couchèrent devant eux et ne purent leur faire aucun mal. Ils leur léchaient les pattes en signe de soumission et les accompagnaient en signe d'obéissance.
Tous les rois qui en furent témoins puisèrent également leur force dans la puissance de l'impureté. Ils furent eux aussi contraints de se soumettre à la sainteté de Moché et d'Aharon, et ils retirèrent leurs couronnes et se prosternèrent devant eux.

Hachem fit alors en sorte que Pharaon lui-même soit pris de peur.
Pharaon prétendait être un dieu et disait qu'il n'avait jamais besoin d'aller aux toilettes. Il se rendait secrètement chaque matin dans un endroit caché pour faire ses besoins afin de tromper les gens.
Mais Hachem l'effraya tellement qu'il ne put contrôler son corps et qu'il eut besoin d'aller aux toilettes sur-le-champ. Il dut se lever de son trône et se rendre dans une pièce privée pour utiliser la salle de bain en secret.

Que fit alors Hachem? Il envoya 12 souris le mordre pendant qu'il allait aux toilettes, ce qui le fit crier de douleur. Ses serviteurs ont dû courir pour voir s'il allait bien, et ils ont vu qu'il utilisait la salle de bain comme une personne normale.

Il est humilié publiquement. Tout le monde voyait maintenant clairement qu'il était un menteur et qu'il n'était pas du tout un dieu. Les principaux ministres et les simples employés du palais connaissaient tous la vérité. Et Pharaon fut couvert de honte.

Le Mégalé Tsafona ajoute que la raison pour laquelle Hachem a envoyé exactement 12 souris est que Pharaon a causé de la souffrance aux 12 tribus du peuple juif.

Etre dégoûter de notre exil, condition préalable à la guéoula

+ Etre dégoûter de notre exil, condition préalable à la guéoula :

"C'est pourquoi tu diras aux Bné Israël : "Je suis Hachem, et Je vous ferai sortir du fardeau des égyptiens"" (Vaéra 6,6)

-> Le séfer Kol Mévasser rapporte que le rav Bounim de Peshischa demande pourquoi Hachem dit qu'il sortira les juifs "du fardeau" (sivlot) de l'Egypte. Pourquoi ne dit-Il pas simplement qu'Il les sortira de l'esclavage en Egypte?
Il répond en disant que "le plus grand malheur, c'est quand on ne sent plus la douleur".

Il explique qu'au début de la servitude, l'esclavage était très dur pour le peuple juif. Mais au bout d'un certain temps, ils se sont habitués à la douleur et à la souffrance, qui sont devenues leur nature. Ils ont commencé à tolérer leur vie difficile et n'ont plus été dérangés par elle.
[au début c'est dur, mais après cela devient notre train-train quotidien]

Lorsque Hachem vit que les juifs commençaient à tolérer ce que les égyptiens leur faisaient subir et qu'ils étaient devenus tellement prisonniers de la dépravation et de l'immoralité de l'Egypte qu'ils commençaient à ne plus s'en préoccuper, Il dit qu'Il devait les sauver immédiatement. Cela ne pouvait plus attendre.
Hachem déclara : "S'ils sont déjà capables de tolérer les égyptiens, il n'y a pas d'autre choix que de les délivrer maintenant! "

[ le mot "sivlot" peut être traduit par "sovel", qui signifie tolérer. Le mot "sivlot" peut être traduit par "sovel", qui signifie tolérer. Ainsi, le verset peut être compris comme disant qu'Hachem a vu qu'Il devait sauver la nation de leur situation de tolérance des égyptiens. ]

-> De même, il est dit au nom du 'Hidouché haRim que la première étape de la délivrance consiste à se dégoûter de l'exil. Tant que nous sommes capables de tolérer d'être dans l'exil, la guéoula ne peut arriver.
C'est dans cet esprit qu'il explique qu'Hachem a d'abord dû sortir la nation des "sivlot" d'Egypte. Il a d'abord dû leur faire cesser de tolérer l'exil et les dégoûter des égyptiens. Ce n'est qu'ensuite qu'Il a pu les délivrer.

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[pour provoquer la venue du machia'h, nous devons être dégoûter de cet exil, au point d'exiger de tout cœur à Hachem de nous en sortir.
Cependant, à nous de décider : est-ce que cela viendra par nous-même (en travaillant pour que notre intériorité crie à Hachem, malgré qu'en apparence tout va relativement bien dans notre vie), ou bien est-ce que Hachem devra la provoquer en nous envoyant des galères extérieures, nous poussant à vouloir échapper à cet exil?
Dans Sa bonté, Hachem fait que le confort de notre exil est plutôt bon, et dans la routine quotidienne, il peut être facile de ne pas être tant que cela dégoûté par notre vie. On s'habitue et on apprécie globalement notre situation.
Pourtant, pour provoquer la guéoula, on doit certes remercier Hachem pour ce que l'on a, mais une condition préalable est de développer un dégoût de notre état actuel en tant que juif, car on veut qu'Hachem se dévoile, on veut vivre dans une réalité d'un amour et d'une proximité sans limite avec papa Hachem! (on en a marre qu'Il soit aussi dissimulé!) ]

Tout juif, même le plus bas spirituellement, peut s’élever à de grandes hauteurs

+++ Tout juif, même le plus bas spirituellement, peut s'élever à de grandes hauteurs :

"L'Egypte (mitsrayim) saura que Je suis Hachem lorsque J'étendrai Ma main sur l'Egypte" (Vaéra 7,5)

-> Le Baal Shem Tov (cité dans le Déguel Ma'hané Efraïm - paracha Vaéra) demande pourquoi Hachem accomplirait tous ces grands miracles et merveilles simplement pour que l'Egypte sache qu'Il est Hachem. Était-ce suffisamment important pour devoir en arriver à changer la nature et accomplir de telles merveilles?

-> Le Imré Emet (cité dans Likouté Yéhouda) répond que "Mitsrayim" (Egypte) symbolise les juifs qui ont un niveau spirituel bas, connues sous le nom de "métsarim" (personnes enfermées dans des limites étroites). Hachem voulait dire que ces personnes sauront qu'Il est Hachem et qu'Il peut même les élever à de grandes hauteurs.

Cela se produira également lors de la Délivrance finale (guéoula), comme l'indique le verset : "Ce jour-là, un grand shofar retentira et les perdus viendront du pays d'Achour et les dispersés du pays de Mitsrayim (c'est-à-dire les personnes prises dans les "métsarim") et ils se prosterneront devant Hachem sur la montagne sacrée de Jérusalem" (Yéchayahou 26,13).
C'est également ce que dit le verset : "Béni soit Ma nation Mitsrayim, Mon œuvre Achour et Ma portion Israël" (Yéchayahou 19:25). Le Targoum explique que cela fait référence à la nation d'Hachem qu'Il a fait sortir d'Egypte (Mitsrayim).

Le verset se poursuit avec Hachem qui dit qu'Il étendra Sa main. Cela signifie qu'Il ouvrira Sa main pour accepter la téchouva même des juifs qui sont le plus bas spirituellement.

Rachi explique cela comme suit : "Sa main au sens littéral" (yad mamach). Cela peut être compris avec les mots de Rachi (Nitsavim 30,3) : "le jour du rassemblement des exilés (suite à la venue du machia'h) sera si grandiose et si difficile [à réaliser] qu’il en sera comme si Hachem devait tenir chacun par la main pour l’emporter de là où il se trouve, ainsi qu’il est écrit : "Et vous, vous serez rassemblés un à un, enfants d’Israël" (Yéchayahou 27,12)."

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[ainsi, nous ne devons jamais se sentir nul dans notre spiritualité, loin et pas important aux yeux de D., ... car à chaque seconde le machia'h peut se dévoiler et Hachem nous prendra par la main pour nous ramener vers Lui, et ce peu importe d'où nous pouvons être (même très très bas spirituellement).

En tant que juif nous aurons une éternité à venir auprès de papa Hachem, mais chaque centimètre, chaque goutte d'effort, que nous pouvons faire dans ce monde en allant vers Lui (ex: en faisant Sa volonté, en Lui parlant), améliora toujours davantage notre relation épanouissante et joyeuse avec l'Infini (Hachem). A nous d'en profiter, b'h! ]

"Je vous prendrai pour Moi comme peuple ... vous saurez que Je suis Hachem, votre D." (Vaéra 6,7)

-> Aucune pensée ne peut saisir Hachem (Tikouné Zohar - intro 17a), c'est-à-dire que Son essence est insondable, mais nous, le peuple juif, pouvons comprendre la lumière de la Chékhina (présence Divine) en étudiant la Torah et en accomplissant les mitsvot que D. nous a données.

C'est ce que signifient les mots "Je vous prendrai pour Moi comme peuple" et vous donnerai la Torah.
Grâce à la Torah, "vous saurez que Je suis Hachem, votre D.", car vous aurez alors connaissance de la lumière de la Chékhina.
[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev - Kédouchat Lévi ]

La raison du défaut d’élocution de Moché (selon le Maharal)

+++ La raison du défaut d'élocution de Moché (selon le Maharal) :

Moché parla à Hachem et dit : "Les Bné Israël ne m'ont pas écouté, et comment Pharaon m'écoutera-t-il alors que j'ai les lèvres scellées?" (Vaéra 6,12)

=> Rien n'est le fruit du hasard, et chaque détail de la vie des dirigeants de la nation juive s'est produit pour une raison précise. Pourquoi Moshé avait-il un défaut d'élocution?

-> Le Maharal (Guévourat Hachem 28) donne l'explication suivante :
La raison du défaut d'élocution de Moché était sa spiritualité transcendante.
Cela peut se comprendre comme suit : un fœtus humain dans le ventre de sa mère est un être totalement spirituel. La néchama (âme) d'un fœtus est détachée du corps physique pendant les 9 mois de gestation. Ce détachement, exempt d'obstacles matériels, permet à l'âme d'apprendre toute la Torah dans le ventre de sa mère. Cependant, avant la naissance, un ange frappe le fœtus dans la bouche, fusionnant ainsi l'âme (néchama) avec le corps physique.
Une fois que la néchama est encombrée d'un corps physique, la spiritualité de l'enfant est diminuée et la Torah qu'il a apprise dans le ventre de sa mère est oubliée. C'est ainsi que la guémara (Nidda 30b) déclare : "Lorsqu'un enfant naît, un ange ... le frappe à la bouche, ce qui lui fait oublier toute la Torah".

Le coup final de l'ange (le maké bépatich) est ce qui donne la capacité de parler.
La parole n'est possible que si le matériel et le spirituel fonctionnent parfaitement en tandem. Le corps physique donne à la personne la capacité de prononcer des mots, mais sans l'esprit (l'intellect), la personne n'aurait pas la capacité de formuler une déclaration cohérente.

La spiritualité transcendante de Moché était le produit dérivé de l'absence de ce coup final de l'ange.
Ainsi, la fusion entre sa âme et son corps physique était incomplète. Ainsi, même après sa naissance, Moché conserva une partie de la spiritualité élevée d'un enfant à naître, ce qui lui permit d'atteindre une sagesse inégalée en matière de Torah, comme l'indique la guémara (Roch Hachana 21b) : " Moché connaissait 49 des 50 niveaux de sagesse dans le monde".
Cependant, cette spiritualité transcendante a un prix : la capacité de Moché à parler n'était pas développée parce que son esprit ne fonctionnait pas en tandem parfait avec son corps physique.

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-> En résumé :
La capacité de parler est le résultat de la fusion de la néchama (âme) avec le corps.
L'âme de Moché est restée quelque peu détachée de son corps, même après la naissance, parce que l'ange n'a pas réussi à donner le coup final qui attache l'âme au corps. C'est ainsi que son élocution fut entravée.

Pharaon & libre arbitre

"J'endurcirai le cœur de Pharaon, et je multiplierai mes signes et mes prodiges dans le pays d'Égypte" (Vaéra 7,3)

=> Pourquoi Hachem a-t-il dû endurcir le cœur de Pharaon afin d'accomplir des miracles sur l'Égypte?
Après tout, il semble que Pharaon aurait accédé à la demande de Moché si son cœur n'avait pas été endurci.

-> Le Maharal (Guévourat Hachem 31) explique :
La réponse est qu'Hachem a endurci le cœur de Pharaon pour lui donner l'occasion d'obtenir l'expiation de ses mauvaises actions.
Pharaon a renié Hachem et profané Son nom en disant : "Qui est Hachem pour que j'écoute sa voix?" (Chémot 5,2). Celui qui a profané le nom d'Hachem ne peut se repentir qu'en sanctifiant Son grand nom, en amenant les autres à reconnaître Hachem. Si un fauteur n'y parvient pas de lui-même, Hachem le punit d'une manière qui sanctifie Son nom. C'est ainsi que le fauteur peut se repentir.
Lorsque Hachem punit les pécheurs, Son nom est sanctifié, car cela donne aux spectateurs l'occasion de voir la providence divine dans le monde.

Pharaon n'était pas prêt à sanctifier le nom d'Hachem. Au lieu de cela, Hachem l'a puni avec les 10 plaies, faisant ainsi connaître le nom d'Hachem dans le monde et expiant la faute de Pharaon.

Une autre raison pour laquelle Hachem a endurci le cœur de Pharaon était de préserver son libre arbitre.
Les 5 dernières plaies étaient si puissantes que Pharaon aurait été contraint de céder à Moché, non pas par libre arbitre, mais par réflexe face à la force des plaies.
Les 5 dernières plaies sont descendues des sphères supérieures et contenaient une telle force qu'il aurait été impossible pour Pharaon de les tolérer.
En revanche, les 5 premières plaies provenaient des sphères inférieures et n'étaient pas suffisamment puissantes pour contraindre Pharaon à se plier à la volonté d'Hachem.
Lorsque Hachem a endurci le cœur de Pharaon pour les 5 dernières plaies, cela a suffi à contrebalancer la force coercitive des plaies , restaurant ainsi son libre arbitre.

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-> En résumé :
Hachem a endurci le cœur de Pharaon pour lui apporter l'expiation de ses fautes, et en tant que tel, c'était pour le bénéfice de Pharaon.
De plus, Hachem n'a endurci le cœur de Pharaon que pour les 5 dernières plaies, car ces plaies étaient si puissantes que Pharaon aurait dû céder à Moché en raison de son incapacité à les supporter.
En fait, Hachem n'a endurci son cœur que suffisamment pour lui laisser le libre arbitre de choisir de maintenir le peuple juif en esclavage, ce qu'il a ensuite choisi de faire.

Vaéra – Nécessité de contempler sa vie

+ Vaéra - Nécessité de contempler sa vie :

-> Au début de la paracha Vaéra, Moshé informe les Bné Israël qu'Hachem va les faire sortir de d'Egypte et les amener en terre d'Israël. La Torah raconte que les Bné Israël sont alors incapables d'entendre ce que Moché leur dit "à cause d'un manque d'esprit et d'un dur labeur" (mikotser roua'h oumé'avoda kacha - Vaéra 6,9).
Pourquoi le travail acharné empêcherait-il les Bné Israël d'entendre parler de leur Délivrance à venir?

Selon le Rachbam et le 'Hizkouni, étant donné que la première tentative de Moché de libérer les Bné Israël de l'oppression des égyptiens s'est traduite par des conditions de travail encore plus dures, ils n'ont même pas cru aux paroles de Moché cette fois-ci.
Le Ramban et le Sforno, en revanche, expliquent que les Bné Israël croyaient en ce que Moché disait, mais qu'ils étaient tellement surchargés de travail qu'ils étaient incapables de se concentrer sur ses paroles ou de les contempler.

Le Ram'hal (Mesillat Yécharim - chap.2) enseigne que l'objectif de Pharaon en asservissant les Bné Israël était de les empêcher de penser à se révolter contre lui. Parce qu'ils étaient tellement occupés par leur travail, ils n'avaient pas l'énergie nécessaire pour penser ou faire des plans.
Cela s'applique pour chacun d'entre nous, car [à l'image de Pharaon] c'est aussi l'objectif de notre yétser ara. En nous donnant constamment de quoi nous occuper, il tente de nous empêcher de réfléchir à nos actions et d'analyser si elles en valent la peine.
Le yétser ara se rend compte que si nous avions le temps de réfléchir à nos actions, nous nous concentrerions sur elles et essaierions de nous améliorer.
Le Ram'hal nous demande donc de réserver du temps chaque jour pour réfléchir à nos actions, afin de ne pas tomber dans ce piège. C'est ainsi que nous perfectionnerons notre avodat Hachem et que nous nous rapprocherons de notre Créateur.

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[nos Sages disent qu'on doit étudier la Torah en se considérant comme si on était mort. Une explication est que rien ne doit nous déconcentrer (tu es comme mort!), mais d'autres expliquent qu'on doit s'imaginer comme étant déjà dans le monde à Venir et qu'on doit avoir conscience des valeurs qui y prévalent (on se rend compte d'à quel point on a besoin de la monnaie locale : la Torah, les mitsvot, et à l'inverse à quel point nos biens matériels nous serons d'aucune utilité!).
De même, nous devons prendre un moment chaque jour pour s'extraire du train-train quotidien, de la façon non juive d'aborder le monde, et en profiter pour repartir avec de nouvelles priorités dans la Vérité. ]

Quand Hachem s'adresse à Moché, il lui dit : "Moi aussi, J'ai entendu le cri des Bné Israël" (Vaéra 6,5)

=> Pourquoi Hachem a-t-il dit qu'Il avait "aussi" entendu les cris de Son peuple? Qui d'autre que Lui a entendu ces cris?

-> Le 'Hatam Sofer dit que cela signifie que chaque juif a entendu les cris de son prochain, et que leur cœur est devenu tellement lourd de la douleur qu'avaient les autres aussi, et pas seulement pour eux-mêmes.
C'est alors qu'Hachem dit : "Moi aussi, J'ai entendu" = Je veux entendre, Moi aussi, les souffrances que chacun d'entre vous a entendues de son prochain, et ce sera le levier de votre délivrance.
Cette compassion a abouti à la fin de ce verset, à la promesse d'Hachem : "vaézkor ét bériti" (Je me souviendrais de Mon alliance [avec eux]).

-> Un fois le 'Hatam Sofer dit sur " Moi aussi, J'ai entendu la plainte des Bné Israël" = celui qui cherche un bon conseil, afin de solliciter l'aide de D., doit aider les autres précisément à ce moment-là, quand il est en difficulté. C'est alors qu'il méritera que D. lui vienne en aide et le délivre de ses maux.

-> Le Pné Ména'hem voyait parfois des tsadikim décédés dans ses rêves. Une nuit, alors qu'il dormait, il rencontra en rêve son oncle, le rav Ména'hem Mendel de Pabinetz, qui avait été tué par les nazis.
Le Pné Ména'hem demanda : "Mon oncle, comment se fait-il qu'il y ait aujourd'hui, tant de maladies, de souffrances et d'épreuves, comme il n'y en a jamais eu auparavant. Comment cela se fait-il?"

Dans son rêve, le rav Pabinetzer répondit à la question de son neveu : "Il fut un temps où à une tragédie personnelle, qu'un juif qui souffrait, cela signifiait que tout le village (shtiebel) le ressentait aussi, les voisins portant le fardeau avec celui qui souffrait. Les gens étaient liés les uns aux autres d'une manière très profonde, chacun ressentant les coups portés par ses amis.
Et lorsqu'un décret amer était décrété contre quelqu'un, il était épargné, car même s'il méritait ce coup, les autres, ceux qui pleuraient avec lui, ne le méritaient pas.

Mais aujourd'hui, conclut le Rav Pabinetzer, les gens ne se sentent plus concernés par le souffrances des autres comme ils l'étaient autrefois, et ce mérite a donc été supprimé.

D. (Elokim - אֱלֹהִים) adressa la parole à Moché, en disant : "Je suis Hachem (יְהוָה)!" (Vaéra 6,2)

-> Moché demandant à D. pourquoi m'as-tu envoyé?
D. lui a répondu je suis D. (de miséricorde), cela veut dire que je suis Miséricorde, Je ne pouvais plus supporter le mal enduré par les Bné Israël, et c'est pour cela que Je t'ai envoyé avant le temps de la délivrance afin de soulager les Bné Israël de leurs souffrances endurées dans cet exil.
[...]
En ce qui concerne le jugement des égyptiens (les 10 plaies amenées sur eux), D. [de justice] s'adresse à Moché. Par contre, par rapport au bien que D. a décrété pour les Bné Israël, Il s'est adressé en disant "je suis le D. [de miséricorde]", le D. de rigueur [Elokim] qui va frapper les égyptiens, et qui s'inversera en miséricorde pour faire le bien aux Bné Israël.

Ainsi, en accord avec ce que disent nos sages, les réchaïm inversent la miséricorde en rigueur. C'est-à-dire que même la vertu de miséricorde de D. s'est transformée en rigueur et en justice envers les égyptiens.
Ou encore de même pour ce qui concerne les Bné d'Israël, les tsadikim inversent la rigueur divine en miséricorde, la justice que tu crois voir, devient miséricorde celle-ci dévoilée dans le nom de Dieu Avaya [יהוה].
Par cela, D. veut renforcer et encourager Moché afin d'accomplir sa mission.

Par rapport à l'étonnement de Moché envers D. : pourquoi ne venge-t-il pas Son honneur?
D. lui répond, qu'Il est Hachem, D. de justice, et tout sera pris en compte le jour du jugement, et Pharaon sera jugé pour chaque parole prononcée.
La raison pour laquelle il ne l'a pas puni tout de suite pour son arrogance et son mépris, est que D. ne s'empresse jamais de faire payer aux réchaïm leurs mauvaises actions.
[Ohr ha'Haïm haKadoch]

La émouna permet d’adoucir la Rigueur

+ La émouna permet d'adoucir la Rigueur :

"Elokim parla à Moché et lui dit : Je suis Hachem" (Vaéra 6,2)

-> Rachi : "Il lui parla (sur un ton de) jugement."

-> Le Ohev Israël d'Apta explique que Rachi base son commentaire sur le terme employé dans le verset pour désigner le verbe ‘parler’, וידבר (vaydaber), et la présence du Nom de D., "Elokim", qui, tous deux, suggèrent un ton sévère et la rigueur Divine.
Dès lors, demande-t-il, il y a lieu de s’interroger sur la fin du même verset : "et lui dit Je suis Hachem", dans laquelle le verbe ‘dire’ (vayomer - ויאמר) évoque un ton de douceur et le Nom "Hachem" désigne l’attribut Divin de miséricorde, ce qui semble contredire le début.

Il explique qu’il est écrit dans Eikha (3,38) : "De la bouche du Très-Haut ne sort ni mal ni bien", ce qui signifie que lorsqu’un homme vit un événement malheureux, subit une épreuve ou une situation de détresse (à D. ne plaise), il doit savoir que cela est pour son bien mais que ce bien est dissimulé dans son épreuve et n’est pas révélé au grand jour.

Le Ohev Israël écrit :
"Chaque membre du peuple d’Israël doit posséder la foi que tout provient d’Hachem, est pour son bien et qu’Hachem se conduit avec bienveillance envers Ses créatures et tout particulièrement avec les Bné Israël, Son peuple de prédilection. Même si, pour l’heure, ce bien et cette bonté ne sont pas encore dévoilés, mais voilés et dissimulés, car cet homme n’en est pas encore digne.
Lorsqu’il atteindra cette compréhension et cette émouna intègre, la rigueur qui pèse sur lui s’en verra adoucie.
Et il ne verra alors que le bien et la bonté que le Créateur lui a prodigué à travers ces difficultés."

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-> "Elokim parla à Moché en disant : Je suis Hachem" (Vaéra 6,2)

=> Que veulent dire les mots "Je suis Hachem" et que vinrent-ils apprendre à Moché?

-> Le rav de Liska en apporte une explication en se basant sur ce qu’écrit le Chakh dans son commentaire sur la Torah :
Le Nom Elokim (אֱלֹהִים) a une valeur numérique de 86, tandis que les mots "Je suis Hachem" (אני יהוה) ont, eux, une valeur de 87.
A savoir que Hachem ajoute la lettre א (Aleph qui a pour valeur numérique un) au Nom ‘Elokim’ qui représente la "Midat Hadin" (l’attribut de rigueur), ce qui le transforme en celui d’Hachem (יהוה) qui évoque l’attribut de miséricorde. «

Le rav de Liska dit :
"Le sens profond (de cet enseignement du Chakh), est à mon avis le suivant : lorsque survient une épreuve dans la vie d’un homme (à D. ne plaise), on doit présumer qu’elle est le fait de la rigueur Divine qui s’est abattue sur lui.
Cependant, cet homme devra savoir que rien n’est livré au hasard (à D. ne plaise) mais que tout est l’objet de la Providence du Créateur. Grâce à cette prise de conscience, il adoucira la rigueur qui pèse sur lui et le Nom Elokim (attribut de rigueur) se transformera en "Je suis Hachem" (attribut de miséricorde).
C’est ce que signifie le verset "Je réside avec lui dans l’épreuve, Je le sauverai et Je le comblerai d’honneurs" (Téhilim 91,15), à savoir : lors de toute épreuve, l’homme devra dire que "c’est Hachem qui en a fait ainsi, et non le hasard, à D. ne plaise" (et il dira avec une foi entière qu’Hachem est avec lui dans cette épreuve, parce que celle-ci provient de Lui), et de la sorte, (Hachem assure que : ) "Je le sauverai et Je le comblerai d’honneurs" et son sort se changera en bien.
C’est le sens profond des paroles du Chakh (qu’en ajoutant un à la valeur numérique de Elokim, on obtient celle de "Je suis Hachem") : dans toute épreuve (suggérée par le Nom ‘Elokim’), on prend en compte le ‘Un’, Hachem, en se souvenant que tout vient de Lui (et ainsi, on obtient la valeur numérique de "Je suis Hachem", évocation de la miséricorde Divine)."

D’après ce qui précède, le rav de Liska explique ce que la guémara (Taanit 21a) rapporte à propos de Na’houm Ich Gamzou.
Celui-ci fut surnommé ainsi parce qu’il avait coutume de dire sur tout ce qui lui arrivait : gamzou lé tova (gamzou : ‘même cela’; lé tova : ‘c’est pour le bien).
A priori, on ne peut que s’étonner : parmi les 2 parties de cette phrase, la plus significative de la valeur de ce tsadik n’est pas Gamzou, ‘même cela’, mais plutôt Lé Tova (‘c’est pour le bien’). Dès lors, pourquoi fut-il surnommé : gamzou, si cette expression n’a pas de signification en soi? Il aurait davantage convenu de le surnommer : na’houm ich lé tova.

C’est qu’en fait, explique-t-il, le mot : gam (‘même’) suggère à chaque fois l’ajout de quelque chose. Du fait que Na’houm disait en toute circonstance, ‘Même cela, c’est pour le bien’, et qu’il voyait la Présence Divine dans chaque chose, il ajoutait (suggéré par le mot ‘Gam’) à chaque occasion, le ‘’Un’’ (Hachem) et de la sorte, transformait la valeur numérique de Elokim (qui représente la rigueur) en celle de "Je suis Hachem" (évoquant la miséricorde).

D’après tout ce qui précède, conclut-il, on pourra comprendre le verset de notre paracha ("Elokim parla à Moché en disant Je suis Hachem") : A la fin de la paracha précédente, il est écrit que Moché se plaignit à Hachem en ces termes : "Mon D., pourquoi as-tu rendu ce peuple misérable?" (Chémot 5,22).
=> C’est pourquoi Hachem lui répondit en lui enseignant la manière d’adoucir les décrets rigoureux : grâce à la émouna que cela provient d’Hachem ("Je suis Hachem").

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-> Rabbi Eizik de Kamarna (Zohar 'Haï - Vaéra) écrit :
"Lorsqu’un homme croit sincèrement qu’il n’existe rien au monde en dehors d'Hachem, tous les décrets rigoureux sont adoucis grâce à la lumière de la émouna, et il n’a même plus besoin de crier vers Lui.
Car par le mérite de la confiance en D. et de la foi, la bonté d’Hachem se dévoile sur le champ."

-> D’après cette explication, Rabbi Eizik donne une nouvelle lecture du verset : "Moché retourna vers Hachem et dit : Mon D. pourquoi as-Tu rendu ce peuple misérable ? Dans quel but m’avais-Tu envoyé?" (Chémot 5,22).
En effet, Moché demanda à Hachem: "pourquoi as-Tu rendu ce peuple misérable" parce qu’il savait que l’aggravation de la servitude provoquait un affaiblissement de leur émouna. Or, un manque d’émouna leur ferait perdre leur mérite d’être délivrés.
Dans ces conditions (où leur émouna faisait défaut), "dans quel but m’avais-Tu envoyé", dans celui de me faire faire des efforts en vain, car sans émouna, la délivrance tant attendue ne pourrait survenir.

-> "Et vous saurez que c’est Moi Hachem votre D. qui vous ai fait sortir de la servitude d’Egypte" (Vaéra 6,7)
Le Sfat Emet (année 5634) explique : cette connaissance (la émouna), "vous saurez que c’est Moi Hachem", est celle qui libère l’homme de sa peine, de ses asservissements et de ses épreuves.
[quelques soit les rigueurs qui sont prévus, grâce à notre émouna on peut les adoucir, au point d'en être finalement délivrés. ]

-> "Moi aussi, j’ai entendu la plainte des Bné Israël qui sont asservis par les égyptiens. C’est pourquoi parle ainsi aux Bné Israël : Je suis Hachem" (Vaéra 6,5-6)
L'Admour de Kalov enseigne :
Hachem dit à Moché : "J’entends qu’ils crient que les égyptiens les asservissent, néanmoins, Je ne les entends pas dire que leur souffrance et leur peine proviennent de la main d’Hachem, et telle n’est pas la voie qui peut conduire à la délivrance. Par conséquent, "parle aux Bné Israël" afin qu’ils disent : "Je suis Hachem". Car, comme on le sait, parler de la émouna constitue un moyen extraordinaire de l’enraciner dans le coeur, et grâce à elle, les Bné Israël méritèrent d’être délivrés de leur servitude."

[ ainsi, l’essentiel du travail de l’homme dans ce domaine est de ne pas perdre ses moyens lorsque surgissent les difficultés et que la Présence divine se voile. Car faire preuve de bita'hon est la meilleure 'arme' pour détruire la Rigueur qui plane sur nous. ]

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-> également sur ce verset (Vaéra 6,2) : https://todahm.com/2018/03/04/6246-2