Pâtisserie spirituelle depuis 5771 - b'h
 

"Pour leur donner le pays de Canaan (érets Canaan), le pays de leur habitation où ils habitaient (érets mégouré'ém)" (Vaéra 6,4)

=> Pourquoi la Torah utilise 2 fois le terme : "le pays" (érets), alors que le verset aurait pu dit : "leur donner le pays de Canaan où ils habitaient"?

Le Yichma'h Israël répond par un enseignement des Sages selon lequel celui qui habite en terre d'Israël doit faire de plus en plus attention à ses actes et à tout ce qui le concerne.
Il doit aussi se conduire avec plus d’humilité et de piété que celui qui habite ailleurs. Parce qu’il ressemble à quelqu’un qui est installé dans le palais du roi, et celui qui irrite le roi dans son palais n’est pas semblable à celui qui l’irrite en dehors.
De plus, le service du roi pour celui qui est en sa présence dans son palais n’est pas semblable au service de celui qui est à l’extérieur, car il est évident que le service du roi repose davantage sur ceux qui se trouvent avec lui dans son palais ...

C’est pourquoi le verset emploie une expression double : "le pays de leur habitation où ils habitaient" = c’est-à-dire que la terre d'Israël, le pays de leur habitation (mégouré'ém), représente une "crainte" (magour), car là l’homme doit se trouver dans la demeure de Hachem avec sainteté et piété, et craindre sans cesse devant Lui.
De cette façon, ils mériteront d’habiter toujours en terre d'Israël.

"Moché s'adresse à Hachem en disant : les Bné Israël ne m'ont pas écouté, comment Pharaon m'écouterait, alors que mes lèvres sont incirconcises" (Vaéra 6,12)

-> Rachi commente : C'est l’un des 10 raisonnements à fortiori qui sont cités dans la Torah.
Or, la Torah, elle-même réfute apparemment ce raisonnement puisqu'il y est écrit : "Les Bné Israël n'écoutèrent pas Moché à cause du souffle coupé et du travail difficile" (Vaéra 6,9).
=> Ainsi en quoi consiste le : ''à fortiori Pharaon ne m'écoutera pas'', puisque Pharaon lui-même n'était pas soumis à l'esclavage (au contraire il était dans le luxe et le confort de son palais royal!)?

-> Tout d'abord, il convient de rapporter au préalable les paroles du Béer Mayim 'Haïm (paracha Noa'h) :
Celui qui sert son Créateur selon les lois naturelles, c'est-à-dire qu’il ne Le sert que lorsque cela lui est facile, se voit également rétribuer par le Ciel une récompense au niveau des lois naturelles.
Par exemple, quelqu'un qui ne fait l'effort de se lever le matin que lorsqu'il fait beau dehors, mais qui, dès que les jours d'automne et le froid arrivent, reste dans son lit, ou encore qui n'étudie que lorsqu'il en a envie, recevra certes une récompense, mais qui ne lui parviendra que tant que le Créateur répand l'abondance céleste sur le monde entier.
On lui ajoutera alors une part supplémentaire de profusion en tant que salaire des mitsvot qu'il a accomplies.

En revanche, celui qui va à l'encontre de son yétser ara et surmonte ses tendances naturelles en faisant don de lui-même, physiquement et moralement, afin d'accomplir la volonté Divine se verra rétribué au-delà des contingences de la nature, et lorsqu'il aura besoin d'une délivrance, on modifiera pour lui toutes les lois naturelles afin de satisfaire sa volonté.

-> D'après ce qui précède, le rav Elimélé'h Biderman répond ainsi :
Moché dit à Hachem : "Si les Bné Israël s'efforcent au-delà de leur nature de m'écouter, malgré le souffle coupé dû à l'esclavage, je suis certain que, mesure pour mesure, Tu accompliras Toi aussi un miracle en faisant que Pharaon m'écoute malgré mon défaut d'élocution.
Mais puisque les Bné Israël ne m'écoutent pas et se conduisent selon l'ordre naturel des choses qui veut qu'un homme écrasé par le travail ne prête pas oreille à ce qu'on lui dit, Pharaon lui non plus ne m'écoutera pas en raison de mes difficultés d’élocution."

Hachem accepte les prières de tout le monde

+ Hachem accepte les prières de tout le monde :

"Hachem dit à Moché : Demain, de bon matin, présente-toi devant Pharaon" (Vaéra 8,16)

-> Le midrach (Chémot rabba 11,1) explique que Hachem dit à Moché : "Va tout d'abord vers Pharaon [tôt le matin], avant qu'il ne sorte pour prier", car une fois que Pharaon aura prié pour être sauvé, la plaie ne pourra pas venir.

Le rav Elimélé'h Biderman commente que nous pouvons apprendre de là notre pouvoir de prière, et que personne ne doit prétendre qu'il est quelqu'un de trop simple ou bien qu'il a commis trop de fautes pour que Hachem écoute ses prières.
En effet, Pharaon a réduit en esclavage des milliers de milliers de juifs, il tué des enfants juifs chaque jour pour se baigner dans leur sang, ...
Or, bien qu'il soit un terrible racha, néanmoins Hachem aurait écouté ses prières et retenu les plaies de venir s'abattre sur les égyptiens.

=> Nous pouvons donc être certains que nos prières sont acceptées par notre papa Hachem.

<--->

-> Le Zéra Kodech enseigne :
Un juif ne doit jamais perdre espoir. Il ne doit jamais se dire que : "... je suis incapable de prier avec des pensées pures, et ... que mes prières ne peuvent pas aller jusqu'à Hachem"
Car même lorsqu'une personne est à un niveau très très bas, et qu'elle est incapable de prier comme il le faudrait, néanmoins ... Hachem voit qu'elle aspire à prier convenablement, et cette aspiration est précieuse pour Hachem ...

C'est comme cela que nous avons été délivrés d'Egypte.
[même si nous étions au 49e niveau d'impureté sur 50, que nous n'avions pas les forces de prier à cause de l'esclavage très dur, néanmoins, Hachem a vu que nous aspirions à sa compassion pour prier, pour être proche de Lui. Ce cri du cœur a été la forme de prière qui nous a permis de sortir d'Egypte.
Il en est de même pour chacun d'entre nous qui peut obtenir sa libération de sa situation personnelle, et ce même s'il est descendu dans les bassesses de ce monde.]

<--->

b'h, on peut également rapporter :
-> Hachem dit : "Je suis miséricordieux et J’écoute les demandes de chaque personne, même si elle n’est pas méritante".
[Ramban – Michpatim 22,26]

-> Le Séfer ha’Hinoukh (533) écrit :
"Le Créateur désire donner des bontés aux gens … ainsi, Il leur a appris le moyen par lequel ils peuvent recevoir toutes formes de bontés.
Ce moyen consiste à prier à Hachem, car Il a les capacités, et Il répond aux prières de tous ceux qui l’appellent avec sincérité [qu’ils soient méritants ou pas]."

[par exemple : nos Sages enseignent qu’un voleur qui demande de tout cœur à Hachem de l’aider à réussir son cambriolage, et bien Hachem va l’aider!
En effet, c’est une loi de la nature : si nous prions à Hachem de tout notre cœur, alors forcément nous avons de forte probabilité de l’obtenir!]

==> Nous devons donc tous prier sans modération, pour que Hachem nous comble sans modération de cadeaux gratuits (indépendamment de nos mérites, juste par amour pour nous!).

<--->

-> b'h, voir également : http://todahm.com/2022/04/20/hachem-entend-la-priere-de-chacun

"Je ferai une distinction entre Mon peuple et ton peuple" (Vaéra 8,19)

-> Le Ohev Chalom interprète ainsi les propos de Hachem :
"Je libérerai Mon peuple "qu’il soit Mon peuple" (ben ami), c’est-à-dire qu'il se conduise en tant que tel, ou "ton peuple" (ben amé'ha), c’est-à-dire qu'il adopte le comportement des égyptiens.
Dans tous les cas, Je le libérerai."

<--->

=> En quoi le peuple juif et le peuple égyptien sont-ils différents?

Dans la suite de ce verset, il est écrit : "[c'est] demain qu'aura lieu ce signe" (léma'har yiyé aot azé).

Le rav de Branov ('Hamra Tava) explique : lorsqu'un problème arrive à un juif, il pense que "demain" sera meilleur.
Il a confiance en Hachem, et il est persuadé que D. peut lui retirer tous ses soucis en un clin d'œil.
De son côté, un non-juif n'a nulle part où se mettre, où se réfugier dans de la confiance, et c'est pourquoi il reste constamment avec ses problèmes.
[chez un juif : "Décharge-toi sur D. de ton fardeau, Il prendra soin de toi" (Téhilim 55,23)]

Une autre différence entre un juif et un non-juif est dans la façon dont ils perçoivent le présent.
Un juif pense que son présent est bon, car tout ce qui lui arrive est ultimement pour le meilleur.
Un non-juif n'a pas un tel soutien, une telle lumière de positivité.

-> Le 'Hamra Tava enseigne :
La séparation "entre mon peuple et le tien", entre un juif et un non-juif, c'est "demain".
Le non-juif n'a pas de lendemain, le juif : oui!

Lorsqu'un non-juif réussit, il devient ivre de fierté et de gloire, et quand il échoue, il est déprimé et inconsolable.
Chez le juif confiant, ces 2 réactions n'existent pas, car il a un "demain".
Lorsqu'il réussit, il remercie Hachem et se souvient qu'il y a un lendemain, que la roue peut tourner, et qu'il est donc inutile de se pavaner.
Et lorsqu'il échoue, il n'est pas brisé, car il sait que demain, Hachem pourra faire tourner la roue en sa faveur.

Les non-juifs ne s'intéressent donc pas au lendemain, alors que les juifs l'ont toujours à l'esprit.

[on peut ajouter qu'un juif voit ce monde comme un bref passage éphémère, afin d'arriver "demain" (tellement la vie passe vite!) dans le monde éternel de Vérité. En ce sens, d'un côté ce monde est vital car il nous permet de construire le monde à venir, d'un autre côté toutes les souffrances, les richesses, honneurs, ... n'ont que peu de valeur car ça va passer vite (ce n'est qu'un aujourd'hui, par rapport à l'éternité du monde à venir, donc pourquoi y accorder beaucoup d'attention, pourquoi se prendre la tête et le prendre trop au sérieux!). Un juif doit avoir sa tête déjà aujourd'hui, dans son demain!
A l'inverse, les non-juifs (sauf ceux respectant les lois noa'hides), n'ont qu'un aujourd'hui, et pas de demain, et donc ils pensent qu'à profiter à fond avant la fin de la journée!]

-> gam zé yaavor = cela passera également = un juif dans chaque situation où il se trouve doit se rappeler : il y a un lendemain, la situation actuelle ne durera pas éternellement. Elle passera!

<--->

-> Une autre différence entre un juif et un non-juif, est que lorsqu'un juif prie pour être sauvé, alors Hachem répond à ses prières et il est délivré de tous ses soucis.
Comme il est écrit : "Quelle est la grande nation qui a un D. proche d’elle comme Hachem, notre D., à chaque fois que nous L’appelons" (Vaét’hanan 4,7).

Le rav Elimélé'h Biderman commente : "Bien que les non-juifs peuvent aussi prier, ils n'ont pas une telle relation de proximité avec Hachem".

Le Baal Chem Tov enseigne : "Lorsque quelqu'un essaie de fuir les souffrances, les souffrances le pourchassent ... Le conseil est de prier à Hachem, et alors il sera sauvé de ses difficultés".

<--->

-> "Je vous ferai sortir de sous les souffrances de l’Egypte et vous délivrerai de sa servitude" (Vaéra 6,6)

=> Pourquoi la Torah utilise-t-elle le terme : "Sivlot" (סבלות) pour désigner "les souffrances", et non pas le terme plus courant : "avoda kassa" (un travail difficile)?

Le terme : "Sivlot" (סבלות), que l’on traduit par : "les souffrances", peut aussi être rapproché du terme "Sovel" (סובל) qui signifie “supporter, tolérer”, mais également de : savlanout (סבלנות - patience).

Le Tiférét Shlomo explique :
La Torah nous enseigne la raison principale pour laquelle les juifs ont été libérés d'Egypte.
C'est parce que les juifs, même réduits à l'esclavage et sous la douleur, ils n'ont jamais remis en question l'intervention d'Hachem.
Ils n'ont jamais questionné : "Pourquoi souffrons-nous plus que les autres nations du monde?" ...
Pendant toute la durée de leur séjour en Egypte, les juifs ont accepté le décret d'Hachem avec amour, car si c'est bon à Ses yeux, alors c'est bon à nos yeux.

C'est le sens du verset : "Moché alla parmi ses frères et fut témoin de leurs souffrances (בְּסִבְלֹתָם - bésivlotam)" (Chémot 2,11).
Moché a vu par son esprit saint (roua'h akodech) que les juifs avaient la qualité de : savlanout (סבלנות - patience), le fait d'accepter le décret d'Hachem.
Ils acceptaient tout avec amour.
Grâce au fait de ne pas remettre en question Hachem (même sous d'atroces souffrances), ils ont mérité d'être libérés d'Egypte.

=> C'est cette émouna en Hachem quelques soient les situations qui amènera notre guéoula.
Vivre en tant que juif c'est avoir le bon regard sur notre présent, et notre demain.
C'est être confiant et joyeux car tout est sous contrôle pour notre bien par papa Hachem.

<-->

-> La guémara (Taanit 25a) rapporte que rabbi 'Hanina ben Dossa était dans une pauvreté extrême.
Sa femme lui a demandé : "Pendant combien de temps allons-nous souffrir dans ce monde?"
Il a demandé : "Que pouvons-nous faire?"
Elle lui a répondu : "Prie le Ciel de nous donner quelque chose!"
Rabbi 'Hanina ben Dossa a prié et une main est apparue et lui a donné un pied en or d'une table en or.
Il a dit à sa femme : "j'ai vu dans mes rêves que dans le futur les tsadikim auront 4 pieds à leur table, mais notre table n'en aura que 3" [en raison du fait qu'un des pieds de leur récompense future leur a déjà été donné dans ce monde].
Sa femme lui a demandé : "Est-ce que tu veux que tout le monde aura un table complète, tandis que nous mangerons à une table manquante [d'un pied]?"
Il a répondu : "Que pouvons-nous faire?"
Elle lui a dit : "Prie Hachem pour qu'il reprenne le pied".
Il pria, et le Ciel reprit le pied en or.
[la reprise du pied est un miracle plus grand que son don]

Le 'Hatam Sofer explique que les 4 pieds de la table en or du monde à venir font allusion à la récompense pour les 4 actions principales que les juifs font pendant leur vie.
Il s'agit de : la Torah, la prière, la bonté ('hessed) et de la "savlanout" (le fait d'accepter les difficultés de la vie avec la croyance que tout est pour le bien).

Puisqu'ils voulaient être libérés de la pauvreté, c'est qu'ils n'acceptaient pas les difficultés de la vie, ils ont alors perdu un pied : celui qui symbolise la "savlanout".
Lorsqu'ils ont réalisé cela, ils sont revenus à un état de "sovél", d'acceptation du décret d'Hachem et ils ont rendu le pied pour leur monde à venir.

-> Le 'Hatam Sofer enseigne également qu'à l'époque de Mordé'haï et Esther, Mordé'haï a cherché à sauver le peuple juif par la prière, et Esther a cherché à le sauver par un optimisme joyeux : par la croyance que tout ce que fait Hachem est pour le bien.
Et il s'est avéré que l'approche d'Esther a été le facteur principal du sauvetage des juifs, car : "une acceptation de sa situation vaut plus que de nombreuses prières".

=> L'acceptation des difficultés de notre vie est la clé pour en obtenir une libération personnelle par Hachem, mais c'est également un pied en or qui nous accompagnera éternellement dans notre monde à venir.
[si nous souhaitons l'avoir en bon état, nous devons y accorder autant d'importance, d'attentions, que les 3 autres "connus" : la Torah, la prière, la bonté.]

<---------------------->

-> "Je ferai une distinction (pédout - פדת) entre Mon peuple et ton peuple" (Vaéra 8,19)

-> Le Ben Ich 'Haï enseigne :
Le mot "pédout" (פְדֻת - distinction, séparation), aurait du s’écrire פדות avec un Vav. Il est composé de 4 lettres qui forment quatre mot qui marquent la différence entre le Peuple d’Israel et les nations :
- Pé, la bouche, seul Israel qui a reçu la Torah peut sanctifier sa bouche grâce aux Divrei Torah,
- Dalet, c’est le Dalet de E’had, seul Israel est appelé "Goy E’had" (le peuple unique) tandis que les nations sont appelées "Goy A’her" (le peuple autre), car les âmes d’Israel viennent du monde de l’Atsilout qui est le monde de l’unité. Tandis que celle des nations viennent du monde de la séparation où elles sont "autre" l’une à l’autre.
- le Vav, c’est l’arbre de la vie (la Tiféret), source de la Torah et de la pluie de la résurrection des morts,
- enfin le Tav, comme le dit le Zohar, qui est la Torah. C’est pour ça qu’on dessine sur le front des Tsadikim un Vav avant le jugement céleste.
On comprend ainsi pourquoi le Vav est lu mais non écrit, c’est parce qu’il ne sera visible qu’à la résurrection des morts.

Une autre raison pour laquelle le mot Pédout est écrit sans son Vav (juste פדת), est pour montrer que la Guéoula d’Egypte ne peut être complète tant que le décret des autres exils perdure.
Comme Hashem l’a dit à Moché : "Je suis qui je suis" = Je suis avec eux dans cet exil comme je suis avec eux dans les exils à venir. Et c’est seulement avec Machia’h quand Hachem nous délivrera définitivement que la délivrance, Pédout sera complète.

<------>

-> "Je ferai une distinction entre Mon peuple et ton peuple, [c'est] demain (לְמָחָר - léma'har) qu'aura lieu ce signe" (Vaéra 8,19)

-> Le Ben Ich 'Haï commente :
Le mot "ma'har" (demain - מָחָר) a les même lettres que réma’h (valeur numérique 248 des mitsvot positives) et que Ra’hem (miséricorde en hébreu et amour en araméen, voir Dévarim 10:18). C’est parce que les Béné Israel ont l’obligation d’accomplir ces 248 mitsvot mais ne peuvent pas toutes les faire chacun séparément, et c’est grâce à l’amour qu’ils ont les uns pour les autres qu’ils peuvent profiter les uns des mitsvot des autres pour se parfaire.
C’est ce que Moché voulait dire, la guéoula viendra des mitsvot qu’ils allaient bientôt recevoir au mont Sinai et de l’amour qu’ils avaient entre eux.

Le mot "ma'har" (demain - מָחָר) a les même lettres que réma’h qui est valeur numérique 248 des mitsvot positives, mais qui veut aussi dire "une lance", c’est la lance que Pin’has a pris dans sa main pour tuer Zimri et Kozbi.
Le Zohar nous enseigne que c’est justement le mérite de ces 248 mots du Shéma Israël qu’il a pris avec lui pour sanctifier le nom d’Hachem.
L’importance des mots du Shéma nous est aussi enseigné à propos du Kriat Shéma Al Hamita (le Shéma Israël d’avant d’aller dormir), au moment ou l’âme va connaitre 1/60e de la mort est s’exploser aux forces du mal, ce Kriat Shéma est appelé un glaive pour les tuer.
C’est encore un aspect de ce Moshé veut dire aux Béné Israel, qu’ils doivent avoir ce mérite des 248 mots du Shéma pour mériter la Guéoula.

-> Le Ben Ich 'Haï (Halakhot - chana 1) écrit également sur le Shéma Israël :
Même si de par la Torah la mitsva du Kriat Shéma est d’une fois le matin et une fois le soir. Nos Sages en ont instaurées 2 autres. Celle d’avant d’aller dormir et celle du début de la Téfila du matin pendant les korbanot.
Et leur ordre d’importance croissante est celui-ci : d’abord le Shéma d’avant aller dormir, puis celui du soir, puis celui des korbanot et le plus important celui du matin.

Ils sont liés tous les quatre et servent tous au même but qui est l’union des sphères supérieures.
Et n’allez pas croire que celui avant d’aller dormir ne sert qu’à se protéger des forces du mal. Il permet d’entretenir la lumière pendant la 2e partie de la nuit (c’est pour cela qu’il faut le faire avant ‘Hatsot, même si on va dormir plus tard).
Celui des korbanot sert à préparer la descente des lumières si grandes que le Shéma du matin ne peut les descendre en une seule fois.
Il faut donc faire attention à bien faire les quatre, en prononçant très clairement chacun des 248 mots.

<------>

-> A propos de la Plaie des «Bêtes Sauvages» (Arov עָרבֹ ), Hachem s’adressa à Pharaon, par l’intermédiaire de Moché, dans les termes suivants : "Je ferai une séparation salutaire פְדֻת (Pédout) entre Mon Peuple et le tien; c’est à demain לְמָחָר qu’est réservé ce prodige הָאֹת הַזהֶּ " (Vaéra 8,19).
=> Quel est le sens du terme פְדֻת (Pédout)?

D’après Rachi, il a le sens de séparation : "Qui opérera une distinction שֶׁיבַּדְ יִּל ‘entre Mon Peuple et ton peuple’".

[Outre la séparation qu’opéra Hachem entre la terre de Gochen et le reste de l’Egypte, Hachem fit une seconde distinction en dehors de la terre de Gochen : lorsqu’un Hébreu et un égyptien se tenaient côte à côte, les bêtes sauvages s’attaquaient au non Juif et épargnaient le Juif - Ohr ha'Haïm haKadoch].

Plusieurs allusions sont contenues dans le terme פְדֻת (Pédout). On peut en citer deux :
1°/ Chaque Plaie avait un double effet : celui de frapper les égyptiens et celui de soigner les
souffrances des Béné Israël.
Ainsi, le terme פְדֻת (Pédout) signifie-t-il "délivrance" pour les Juifs, mais lu de gauche à droite תדף (Tadaf), il signifie "chasser" pour les Egyptiens, comme il ressort du verset : "Lorsqu’Il chassera (לַהֲדֹף - lahadof) tous tes ennemis de devant toi" (Vaét'hanan 6,19).
C’est là le sens de la distinction : "Je ferai une séparation (פְדֻת - Pédout) entre Mon Peuple (une délivrance) et le tien (une désintégration)".
[Déguel Ma’hané Efraïm]

2°/ Le terme פְדֻת (Pédout), écrit tel qu’on le lit פְּדוּת, se décompose en : פת דו (Do Pat – deux "Pains"), en allusion à la Torah Ecrite et à la Torah Orale, comparées toutes deux au "pain", car elles rassasient les âmes de ceux qui les étudient.
C’est la distinction qu’opéra Hachem entre Israël et les Nations, au lendemain de la Sortie d’Egypte, lors du don de la Torah : "C’est à demain (léma'har - לְמָחָר) qu’est réservé ce prodige (aot azé - הָאֹת הַזהֶּ)".
[Ben Ich 'Haï]

-> Le Baal Hatourim relève que le terme פְדֻת (Pédout) n’est employé que 3 fois dans le Tana'h : une première fois dans notre verset, une seconde fois dans le Téhilim (111,9) : "Il envoya une Délivrance (פְּדוּת) à Son Peuple, promulgua pour toujours Son Alliance ; Son Nom est Saint et Redoutable" et une troisième fois dans le Téhilim (130,7) : "Qu’Israël mette Son attente en Hachem, car chez Hachem domine la Bonté et abonde la Délivrance (véarbé imo pédout - וְהַרְבֵּה עִמּוֹ פְדוּת)".
Ainsi, note-t-il que le terme פְדֻת (Pédout) de notre verset est écrit sans la lettre "Vav" (ו), car la délivrance qu’il désigne n’est relative qu’à la Plaie des "Bêtes Sauvages" [cette "séparation salutaire" n’ayant pas conduit à mettre fin à l’Exil d’Egypte, est imparfaite à l’image de l’imperfection du mot פְדֻת ].

Le terme פְּדוּת du premier verset de Téhilim cité fait référence à la Délivrance d’Egypte qui fut une Délivrance parfaite (d’où la présence du "Vav" - ו), car elle permit aux Bné Israël de quitter franchement leur Terre d’Exil et de se libérer du joug de leurs ennemis.
Cependant, étant une Délivrance non définitive, car elle fut suivie d’autres Exils (Babel, Perse, Grèce et Edom), ce n’est que le troisième terme פְדֻת , du second verset de Téhilim cité, qui fait allusion à la Délivrance finale.
C’est pour cela que celui-ci est précédé du terme הַרְבֵּה (arbé - beaucoup) pour indiquer une supériorité de la Délivrance messianique sur la Délivrance d’Egypte.

-> Rabbénou Bé’hayé élabore un commentaire similaire à celui du Baal Hatourim, mais quelque peu différent :
Le terme פְדֻת (Pédout) de notre verset désigne la Délivrance d’Egypte qui fut incomplète car suivie d’autres Exils (d’où l’absence de la lettre "Vav" - ו), tandis que le terme פְּדוּת du premier verset de Téhilim cité ("Il enverra une Délivrance פְּדוּת à Son Peuple") fait référence à la Délivrance finale qui ne sera suivant d’aucun autre Exil (d’où la présence du "Vav" - ו).
=> Pourquoi la présence de la lettre "Vav" (ו) indique-t-elle la Délivrance messianique?

Rachi enseigne sur le verset : "Et Je me souviendrai de Mon Alliance avec Yaakov (יעֲַקובֹ)" (Bé'houkotaï 26,42) : "[Le nom Yaakov] est écrit [dans tout le Tanakh] cinq fois avec un ‘Vav’ et Eliyahou (אֵלִיָּהוּ) [est écrit cinq fois] sans cette Lettre [soit Eliya אֵלִיָּה ].
Yaakov a reçu en gage d’Eliyahou une des Lettres de son nom, comme garantie qu’il viendra annoncer la Délivrance de ses enfants». Ainsi, la "Vav" (ו) est bien celle qui désigne la Délivrance finale (à noter que "cinq Vav" fait allusion aux dernières lettres ו־ה du Nom de D. (יהוה), qui seront élevées au rang des premières lettres י־ה, lors de la guéoula).
[selon la guémara (Ména'hot 29b) : "Avec le nom [Youd-Hé], Hachem fonda le monde" = avec ces 2 lettres notre monde fut créé" => les 2 autres (ו־ה) renvoient au monde à Venir. ]

=> La lettre "Vav" (ו) sera donc dévoilée à la venue du machia’h, comme semble l’indiquer notre verset : "Je ferai [pour l’instant] une Délivrance (פְדֻת) ; [mais] c’est demain (léma'har - לְמָחָר) [lors de la Guéoula] qu’est réservée cette lettre [aot azé - הָאֹת הַזהֶּ] (la lettre Vav)".
[Chla haKadoch]

<------>

-> "Je placerai une distinction entre Mon peuple et ton peuple. Demain il y aura ce signe" (Vaéra 8,19)

Le terme Pédout (distinction - פדות) signifie aussi "délivrance". Dans ce verset, il est écrit פדת ,en écriture manquante, sans la lettre Vav (ו).
Les lettres פת qui se trouvent aux extrémités de ce mot et font la valeur numérique de 480, évoquent l'aspect des forces du mal qui se nomme (Li-lit - לילית) de valeur numérique 480.
Mais la lettre ד de פדת vient les disloquer . En effet, tant que le mal est présent, la Royauté Divine est voilée. Mais lorsque la Royauté Divine se dévoile, le mal disparaît. Or, la Royauté Divine est indiquée par la lettre ה, dernière lettre du Nom Divin. Cette lettre est formée d'un ד et d'un petit ו. A présent, la Royauté Divine ne s'était pas encore manifestée en Egypte et ne pouvait être représentée qu'en partie, uniquement par le ד.
Mais par la délivrance finale d'Egypte (qui se dit פדות), la Royauté Divine sera alors complète. La lettre ו pourra alors s'ajouter au ד pour former la totalité du ה. Alors, les forces du mal (פת) pourront être totalement disloquées.
Même si à présent, "Je placerai une distinction (פדת)", est écrit sans ו ,car la Royauté Divine n'est pas encore complète. Malgré tout, "demain il y aura ce signe (ot - אות)", qui peut aussi se traduire par "cette lettre (אות)".

=> Cette lettre ו qui manque encore pour compléter la lettre ה apparaîtra demain, c'est à dire prochainement, quand la délivrance (פדות) sera complète. Seulement alors, la Royauté Divine (la lettre ה) se révélera de façon complète (composée du ד et du ו de פדות),ce qui mènera à la dislocation totale du mal (en allusion par les lettres פת aux extrémités de פדות).
[Dvach Lefi]

"Pharaon parla à Moché et à Aharon afin qu'ils ordonnent aux Bné Israël et à Pharaon, roi d'Egypte" (Vaéra 6,13)

-> Rachi explique : "Il leur ordonna de s'adresser à lui (Pharaon) avec respect".

-> Le 'Hatam Sofer commente :
"Il semble que Hachem voulait les mettre en garde (Moché et Aharon), afin qu'ils ne fassent pas un affront à Pharaon qui aurait permis à ses fautes d'être expiées, ce qui aurait compromis l'accomplissement des plaies qu'il méritait."

La rav Elimélé'h Biderman enseigne :
On peut déduire des paroles du 'Hatam Sofer que si Pharaon, qui était responsable de l'asservissement de 600 000 juifs, leur faisant subir des souffrances incommensurables, et qui méritait de fait d'être châtié comme il se doit, aurait pu être exempté de toutes les plaies grâce à un léger manque de respect à son égard, combien bien plus peut-il en être nous concernant.

En effet, il est certain que même le plus misérable des juifs est loin d'être aussi racha que Pharaon.
Il est dès lors, certain que même un tel homme peut être sûr que les affronts, les humiliations, qu'il subit le dispensent des très nombreuses épreuves qu'il aurait dû traverser.

C'est d'ailleurs pour cela que la guémara (Baba Batra 9a) enseigne au sujet de la tsédaka que celui incite les autres à donner a plus de mérite que celui qui donne
Le Yaavets en explique la raison du fait qu'il s'astreint davantage parce qu'il subit les affronts de ceux qui lui donnent.

<--->

-> "Ce sont Aharon et Moché ... ce sont eux qui parlèrent à Pharaon, le roi d'Egypte, pour faire sortir les Bné Israël d'Egypte. Ce sont Moché et Aharon." (Vaéra 6,26-28)

Rachi explique : "dans certains endroits, on fait passer Aharon avant Moché et dans d'autres, on fait passer Moché avant Aharon pour te dire qu'ils se valent."

=> Cela est étonnant car la Torah affirme explicitement : "Il ne se leva pas d'autre Prophète comme Moché", et qu'Hachem dit à Aharon lui-même : "Il n'en est pas de même comme Moché mon serviteur"? Comment dès lors peut-on dire qu'ils se valaient?

Le Ktav Sofer répond ainsi :
Certes, Moché était plus grand que son frère Aharon. Néanmoins, au moment où ils se tinrent tous deux devant Pharaon, Aharon s'éleva au même niveau que Moché.
Il le mérita grâce à ce que la Torah témoigne à son sujet : "Il (Aharon) te verra (toi, Moché) et il sera joyeux dans son cœur."
Ce qui signifie qu'Aharon n'éprouva aucune jalousie envers son frère bien que celui-ci fût plus jeune que lui.
De plus, il l'accompagna pour être son porte-parole devant Pharaon avec tout ce que cela avait d'humiliant pour lui, puisque Pharaon les connaissait et savait qui était l'aîné des deux.
Et du fait qu'Aharon sacrifia alors de sa propre personne, il mérita ainsi d'être élevé à ce moment au même niveau que Moché. Car la valeur de celui qui brise ses tendances naturelles en faveur d'autrui ne cesse ensuite d'augmenter sans limite."

[de plus Aharon se focalisait sur une joie totale de voir la réussite de son frère, plutôt que de se morfondre négativement (c'est moi l'aîné! c'est moi qui m'occupait des juifs en Egypte avant le retour de Moché, il me prend ma place! ...).]

<--->

-> Le rabbi Ména'hem de Prémichlan organisa un jour un repas en guise de reconnaissance.
Lorsqu'on lui en demanda la raison sachant qu'il n'avait bénéficié d'aucun miracle particulier, ni d'aucune guérison.
Il expliqua selon un enseignement familial qu'une humiliation et un affront ont le pouvoir de se substituer à une maladie grave d'une personne possédant des mérites (personnels ou de ses ancêtres).

Il raconta : "Aujourd'hui quelqu'un m'a humilié d'une manière terrible ce qui m'a touché jusqu'au plus profond de mon âme.
Il s'avère dès lors, que grâce à cela, j'ai été épargné des affres de la maladie.
Je suis donc tenu de rendre grâce par ce festin au même titre que l'aurait fait un malade qui aurait guéri, et bien plus encore que lui. Car je n'ai pas seulement été guéri, mais j'ai été épargné de tomber malade."
[imaginez de combien d'inquiétudes et de souffrances cela m'a dispensé pendant peut-être des mois. J'aurai dû voir des médecins, ... Ne dois-je pas faire un repas de remerciement à D.]

<--->

-> Le 'Hafets 'Haïm dit que si quelqu'un savait d'avance qu'il allait être humilié plus tard dans la journée, il devrait aller au mikvé le matin, comme préparation pour ce moment si spécial où il se ferai humilié, et où cette honte aura pour conséquence de le purifier énormément.

<--->

-> Rabbi Avraham haLévi dit qu'il a appris l'humilité à partir de la terre.
Il est impossible de faire un ustensile en terre cuite avec de la terre brute.
Il faut d'abord broyer la terre, et le plus elle sera broyée, écrasée, le mieux cela sera.
Il en est de même avec un individu : le plus de déshonneur et d'humiliation il reçoit, le mieux c'est pour lui.
[Réchit 'Hokhma - Chaar haAnava 3,39]

-> A la fin de la Amida, nous disons : "vénafchi kéafar tiyé" (que mon âme soit comme la terre).
Cette grande humilité est atteinte lorsqu'après avoir été humilié, qu'on nous a fait honte, nous ne répondons pas.

<--->

-> "Le meilleur des médecins est digne du guéhinam" (tov chébérofim léGuéhinam - guémara Kidouchin 82a)

Le rav Elimélé'h Biderman explique :
Lorsque quelqu'un humilie et fait honte à son prochain, alors c'est le meilleur des médecins, car il sauve son prochain de maladies, de souffrances futures tellement plus graves, douloureuses.
Néanmoins, il ira au guéhinam, car il a fait honte à autrui, même si cela était nécessaire et dans un but de le guérir.
En ce sens, nous devenons tous le meilleur médecin lorsque nous humilions autrui, et pour cela on va au guéhinam.

<--->

-> Lorsqu'une personne nous dérange, nous insulte, ... il ne faut pas se mettre en colère.
Nous devons reconnaître l'origine d'où tout vient (un décret Divin).
Certes nous devons nous protéger de mauvaises personnes, environnements, ... mais nous devons savoir que personne ne peut nous nuire sans que Hachem lui en donne la permission, et qu'une fois que nous avons subi une humiliation en l'acceptant nous gagnons énormément.

<--->

-> "Quiconque fait honte à son prochain en présence de tiers n’a pas de part au monde à venir."
[guémara Baba Métsia 59a]

=> Pour un sentiment d'égo très bref, nous risquons d'en venir à perdre notre éternité.
Bien que la téchouva existe, cela témoigne d'à quel point "l'autre c'est du feu", dans le sens où à chaque moment on peur risquer beaucoup de dégâts, de se brûler avec le guéhinam si on en vient à l'humilier.
Est-on prêt à payer pour l'éternité le prix d'avoir pris le dessus l'espace d'un court instant sur notre prochain?
Humilier autrui : bien qu'amusant sur le moment, celui qui en souffrira le plus au final, c'est nous!

<--->

-> Si quelque honte vient à saisir un homme, qu'il s'attende à une délivrance.
[rabbi Na'hman de Breslev - Séfer haMidot - Honte (boucha)]

-> Si un homme t'insulte et te fait honte, bien qu'il ne soit pas ton ennemi, tolère et supporte cette honte, car ce sera du Ciel [qu'on a voulu] qu'il t'insulte.
Et, par cette humiliation, tu seras dissimulé et soustrait aux yeux du Satan, qui te hait et s'élève constamment contre toi, te poursuivant de ses accusations.
Ainsi, grâce à cette honte que tu supportes, provenant de quelqu'un qui ne te hait pas, ton ennemi le Satan ne se dressera pas contre toi.

[Séfer haMidot - Honte (boucha)]

<--->

-> Parfois, grâce au rabaissement qu'un homme s'impose ou que d'autre lui infligent, on annulera un décret de mort qui pesait sur lui.
[rabbi Na'hman de Breslev - Séfer haMidot - anava]

<--->

-> La honte surgira, si tu te réjouis du malheur d'autrui.
[Séfer haMidot - Honte (boucha)]

-> Il vaudra mieux négliger une étude de Torah, plutôt que de faire honte à un juif.
[Séfer haMidot - Honte (boucha)]

-> Si quelque honte vient saisir un homme, ce sera de toute évidence parce qu'il n'a pas confiance en D.
[Séfer haMidot - Honte (boucha)]

-> Grâce à la confiance qu'un individu éprouve envers D., nulle honte ne viendra le saisir.
[Séfer haMidot - Honte (boucha)]

-> Lorsqu'on t'humilie, donne la charité (tsédaka).
[Séfer haMidot - Honte (boucha)]

-> Si une honte te saisit, ce ne sera que pour t'amener au repentir sur les fautes que tu négliges de réparer [littéralement : que tu foules du talon].
[Séfer haMidot - Honte (boucha)]

<--->

-> [Depuis la destruction du Temple,] toutes les portes du Ciel ont été verrouillées, exceptées de celles [recevant les plaintes] contre un préjudice par la parole.
[Séfer haMidot - Honte (boucha)]

-> Tout châtiment céleste sera exécuté par un émissaire, hormis pour un préjudice par la parole [péché que D. punit Lui-même] ; et le rideau céleste ne se refermera pas devant le coupable [car D. l'observe sans cesse, jusqu'à sa punition].
[Séfer haMidot - Honte (boucha)]

-> Il est préférable pour l'homme de se jeter dans une fournaise ardente, plutôt que d'humilier son prochain en public.
[Séfer haMidot - Honte (boucha)]

-> Celui qui humilie son prochain publiquement, sera considéré comme un assassin, il descendra en enfer et n'en remontera pas.
[Séfer haMidot - Honte (boucha)]

<--->

b'h, également :
-> faire honte à autrui : http://todahm.com/2014/05/18/faire-honte-a-autrui
-> L'importance de ne pas répondre aux disputes : http://todahm.com/2018/12/25/limportance-de-ne-pas-repondre-aux-disputes

"Et vous saurez que c'est Moi Hachem votre D. qui vous ait fait sortir du joug de l'Egypte" (Vaéra 6,7)

-> Le Sfat Emet (Vaéra 5634) rapporte que la connaissance de "c'est Moi Hachem" est précisément celle qui "fait sortir" l'homme du joug de son esclavage personnel et de ses épreuves.
En effet, grâce à cette foi, il sait que Hachem le dirige à chaque instant et qu'Il est l'auteur de tout ce qui lui arrive.
Et dès lors, tout ce qui lui apparaît comme souffrance et comme épreuve n'est en réalité que bienfait et bénédiction, joie et délectation.

<--->

-> Hachem dit : "Je suis le premier, je suis le dernier, hors moi point de D.!" (Yéchayahou 44,6)

Le rabbi Hershel de Ziditchov fait remarquer que l'acronyme de : "ani richon vaani a'haron" (Je suis le premier, je suis le dernier - אֲנִי רִאשׁוֹן וַאֲנִי אַחֲרוֹן) est : וארא (Vaéra).
La raison est que la paracha Vaéra doit nous faire prendre conscience que : "Je suis le premier, je suis le dernier", que rien ne peut se passer sans un décret d'Hachem.

[normalement un miracle a pour but de sauver un individu ou un groupe de personnes, mais les miracles de la sortie d'Egypte avaient pour objectif de faire connaître Hachem, et en ce sens plus il y avait de miracles manifestes, le mieux c'était.]

<--->

-> Sortie d'Egypte & émouna : http://todahm.com/2021/01/21/30348

"Intercédez pour moi" (Vaéra 8,24)

-> Pharaon incarne l’égoïsme propre à tous les rois du monde, qui ne sont préoccupés que par leur intérêt personnel.
Pharaon ne demanda à Moché et Aharon que d’intercéder en sa faveur. Le sort de son peuple lui importait peu.
A l’inverse, les rois d’Israël et ses grands Rabbanim sont toujours à l’écoute des membres du peuple.

[rav Moché Sternbuch - Taam véDaat]

"Les grenouilles se retireront de toi et de tes demeures" (Vaéra 8,7)

La prière de Moché a permis de renvoyer les grenouilles des maisons de Pharaon et de ses serviteurs.
Ce ne sera pas le cas lorsque les serpents seront envoyés par Hachem contre les bnei Israel dans le désert, faisant de nombreuses victimes parmi le peuple.
Lors de cet épisode, la prière de Moché n’a pas eu d’effet, mais Hachem lui a conseillé : "Fais toi-même un serpent et place le au haut d’une perche : quiconque aura été mordu, qu'il le regarde et il vivra!" ('Houkat 21,8).

Le 'Hafets 'Haïm explique cette différence : il existe une réparation pour toutes les fautes, sauf pour la médisance. En effet, L’ange accusateur créé par la faute de la médisance accuse sans cesse, et il est impossible de l’écarter.
De plus, tout comme le calomniateur a utilisé sa bouche à une mauvaise fin, l’ange accusateur généré par cette faute parle, et on ne peut pas le faire taire.

Or, du fait que les serpents ont été envoyés en punition de la médisance proférée par le peuple contre Hachem et Moché, la prière ne pouvait suffire à les neutraliser.
Il fallait que D. donne le moyen de guérir les hommes touchés par les morsures de ces serpents, comme il est écrit : "Fais toi-même un serpent et place-le au haut d’une perche : quiconque aura été mordu, qu'il le regarde et il vivra".

[toute faute peut être expiée par notre téchouva, mais pour certaines cela est plus difficile, comme par exemple avec le lachon ara qui créé un ange Accusateur très bavard contre nous!
De plus, l'idée que nos paroles de lachon ara donnent de la force aux anges Accusateurs de pouvoir parler contre nous, et diminuent le pouvoir de nos prières, doit nous faire réfléchir à la nécessité de les dire. Le prix final à payer est quand même vachement élevé!
D'une certaine façon, c'est ça une vraie téchouva sur le lachon ara : avoir le serpent en haut d'une perche qui attend que l'on parle du lachon ara pour avoir le droit de nous attaquer. Conscients de cela on n'en viendra plus facilement à fauter par la suite.]

"J'endurcirai le cœur de Pharaon ... et Pharaon ne vous écoutera pas" (Vaéra 7,3-4)

=> Est-ce que cela signifie qu'il n'avait plus de libre arbitre?

-> Le Rambam (Hilkhot Téchouva 6,3) et le rav 'Haïm de Volozhin écrivent que parfois les fautes d'une personne sont si importantes qu'elle reçoit la pire de toutes les punitions : être empêché de faire téchouva afin qu'elle meurt coupable sans parvenir à expier ses fautes.

Comme exemple, ils citent Pharaon, car il a d'abord fauté intentionnellement par cruauté mettant en esclavage toute la nation juive, et refusant de les libérer.
Une partie de sa punition, a été que Hachem a endurci son cœur et lui a refusé la capacité de changer d'avis afin qu'il puisse être puni jusque qu'il soit contraint de libérer les juifs.

-> Le 'Hafets 'Haïm et le rav 'Haïm de Berlin maintiennent que Hachem ne retire jamais le libre arbitre d'une personne.
Ils expliquent que Hachem a retiré de Pharaon l'aide Divine qui est disponible à toute personne qui souhaite se repentir.
Néanmoins, le libre arbitre de Pharaon était intact, et bien que cela lui soit plus difficile car sans assistance Divine, s'il le voulait vraiment, il avait toujours la capacité de changer son esprit.

-> Le Radak (Chmouel 1 2,25) écrit que si les fautes de quelqu'un sont trop importantes, Hachem va lui retirer sa capacité à se repentir, pour le punir et qu'il serve de dissuasion pour les autres afin qu'ils évitent de suivre ses mauvaises conduites.
Cependant, il ajoute que s'il fait une téchouva de tout son cœur, et qu'il manifeste publiquement qu'il s'est repenti de ses mauvaises voies, alors sa téchouva sera acceptée.

<---------->

-> Le cœur de Pharaon a été endurci et les portes de la téchouva scellées devant lui.
Néanmoins, j'envie Pharaon pour l'incroyable kidouch Hachem qu'il a entraîné (indirectement) par son obstination.
[le Kédouchat Lévi - Rabbi Lévi Its'hak de Berditchev]

-> Pharaon favorisa le repentir des juifs davantage que de nombreux jeûnes.
La Torah dit donc littéralement : "Pharaon rapprocha (ik'riv)" (Béchala'h 14,10) = il rapprocha Israël de son Père céleste.
[Méam Loez - Béchala'h 14,13-14]

-> Dans la méguilat Esther, il est écrit : "Le roi ôta son anneau de sa main et le remit à Haman" (v.3,10)

Nos Sages (guémara Méguila 14a) commente :
"Plus grande fut la cession de l’anneau royale [à Haman] que les 48 prophètes et 7 prophétesses qui livrèrent leurs messages aux enfants d’Israël sans parvenir à les remettre sur le droit chemin, alors que le fait d’avoir ôté l’anneau royal les ramena sur la bonne voie."

<---------->

+ "Jusqu’à quand vas-tu refuser de te soumettre devant Moi?" (Bo 10,3)

-> Le verset ne dit pas : "Jusqu'à quand ne vas-tu pas te soumettre", mais plutôt : "vas-tu refuser de te soumettre".

En effet, Hachem ne reproche pas à Pharaon de ne pas se plier, d'autant qu'Il a Lui-Même endurci son cœur l'empêchant par-là de se soumettre. Mais malgré tout, Pharaon aurait pu et aurait dû néanmoins vouloir obéir à Hachem.

C’est là où se situait toute la faute de Pharaon : il a refusé de se soumettre, il ne témoigna d’aucune volonté positive. Hachem lui a certes endurci le cœur, mais lui, au lieu de regretter cette situation et d’espérer s’attendrir, au contraire il se réjouit d’avoir ce cœur dur, en en devenant même arrogant!

=> Même si un homme n’arrive pas à vaincre son mauvais penchant, il doit tout au moins désirer y arriver, avoir honte de cette situation puisque désirant tout au fond de son cœur s'annuler devant le Maître du monde [Hachem].
[Sfat Emet]

<---------->

+ "Le cœur de Paro est endurci, il refuse de renvoyer le peuple" (Vaéra 7,14)

Le Alcheikh haKadoch (dans son Torat Moché) explique ainsi cette dureté du cœur :
Les Sages ont dit sur les tsadikim que leur cœur est sous leur contrôle.
Cela signifie que les tsadikim dominent leur cœur, qui est à la source de tous les désirs et de toutes les pulsions.
Mais les réchaïm sont soumis à leur cœur, ils sont sous la domination de leurs instincts et de leurs désirs à chaque instant.

C’est ce que D. a dit à Moché : "Le cœur de Paro est endurci" vis-à-vis de lui-même = il est sous la domination de son cœur et il est livré à ses instincts, c’est pourquoi "il refuse de renvoyer le peuple."

<------------------>

-> "Hachem endurcit le cœur de Pharaon" (Vaéra 9,12)

-> Les commentateurs s'intéressent à savoir comment Hachem a-t-Il pu endurcir le cœur de Pharaon, entraînant son refus de libérer le peuple. Mais cela ne s'oppose-t-il pas au libre arbitre? Hachem a pour démarche de préserver le libre-arbitre.
Rachi explique qu'Hachem a endurci le cœur de Pharaon dans le but de multiplier Ses merveilles et ainsi, montrer au peuple juif Sa Grandeur. Mais cette explication est étonnante. En effet, comment Hachem peut-Il priver un homme de son libre arbitre dans le seul but de réaliser de grands miracles et ainsi permettre à d'autres personnes, ici les Hébreux, de connaître Sa Grandeur? Cela ne semble pas juste!

En fait, le midrach explique que chaque plaie venait apporter une punition aux égyptiens relative aux souffrances infligées aux Hébreux. Ainsi, les plaies ne venaient pas uniquement pour convaincre les égyptiens de libérer les Hébreux, mais aussi pour les punir de tout le mal qu'ils leur assenaient. Ainsi, Hachem ne voulait pas libérer les Hébreux tant que les égyptiens ne furent pas punis pour toutes les atrocités qu'ils ont commises. C'est ainsi que quand Pharaon a risqué de libérer le peuple du fait de la pression des plaies, Hachem a dû lui endurcir le cœur pour ne pas qu'il les libère.

Ainsi, l'Egypte a pu être punie jusqu'au bout pour tout le mal infligé aux Hébreux. Aussi, les égyptiens méritaient bien qu'Hachem les prive de leur libre arbitre, pour les punir de tout le mal qu'ils avaient déjà commis. Néanmoins, nos Sages enseignent que Hachem a créé le monde pour la Torah et les enfants d'Israël, c'est-à-dire pour que les juifs puissent y accomplir la Torah. Cela implique que tous les événements qui s'y déroulent doivent avoir également un lien avec ce but d'aider le peuple juif à mieux servir Hachem. Même si Hachem a endurci le cœur de Pharaon pour punir l'Egypte du mal commis, il est nécessaire que ces punitions aient aussi le but d'aider le peuple juif à mieux servir Hachem.
C'est cela que Rachi vient expliquer. Hachem voulait réaliser de grandes merveilles pour montrer encore plus Sa Grandeur à Israël.
Bien sûr que le but premier était de punir l'Egypte. Mais cet événement doit aussi pouvoir servir de leçon aux juifs pour leur service d'Hachem. C'est dans cet esprit qu'un juif doit vivre au quotidien. Tout ce qu'il entend dans le monde, que ce soit des guerres, des famines ou autres catastrophes, même ce qui semble ne concerner que les nations et paraît complètement indépendant du peuple juif, doit aussi nous éveiller à réfléchir sur notre Service d'Hachem et l'améliorer.
[rapporté par le rav Mikaël Mouyal]

-> "Moché dit devant Hachem : Voici, J'ai les lèvres obstruées et comment Pharaon m'écoutera-t-il?" (Vaéra 6,30)

-> "Moché dit à Hachem : ... je ne suis pas homme de paroles ... car j'ai la bouche pesante et l'élocution embarrassée" (Chémot 4,10)

-> Yossef a donné un signe pour reconnaître celui qui sera le sauveur d'Israël.
Lorsqu'une personne viendra et dira : pakod pakadti (je me suis bien souvenu de vous - פקד פקדתי), les juifs sauront qu'elle va les sauver.

Comment pouvaient-ils être certain que Moché n'avait pas entendu ces mots d'autres personnes?

C'est pour cette raison que Hachem a fait en sorte que Moché avait un défaut de langage, faisant entre autre qu'il ne pouvait pas prononcer la lettre פ (pé).
Néanmoins, il pouvait miraculeusement prononcer parfaitement bien les mots : פקד פקדתי, ce qui confirma qu'il était le véritable sauveur.
[Adérét Eliyahou]

Le Ramban et le Steïpler suggèrent que dans la promesse de Yossef (cf. Vayé'hi 50,25 : "D. Se souviendra assurément de vous" - pakod yifkod Elohim ét'hem) était inclus l'assurance qu'aucun charlatan ne viendrait utiliser cette expression, et que la 1ere personne l'invoquant sera la bonne désignée par Hachem.

<--->

"pakod pakadti" : il s’agit de la formule secrète, transmise par Yaakov à son fils Yossef et que celui-ci révéla à ses frères (voir Ramban sur Chémot 3,16), que le Libérateur d’Israël devait prononcer pour s’identifier. Précisément, c’est Séra’h la fille d’Acher, encore vivante au moment de la sortie d’Egypte et connaissant cette formule, qui permit d’authentifier Moché comme l’envoyé de D-ieu (voir Tossafot – Sotta 13).
=> Pourquoi cette expression est-elle doublée?

-> Le Baal HaTourim (sur Vayé'hi 50, 24) fait remarquer que le précurseur de la délivrance d’Egypte – Yossef HaTsadik – régna 80 années en terre d’Egypte (valeur numérique de la lettre Pé). Par ailleurs, observe-t-il également que le Libérateur de l’Exil d’Egypte – Moché Rabbénou – était âgé de 80 ans quand il libéra le Peuple juif de son premier Exil.
On retrouve ainsi, à travers la valeur numérique, le double caractère de la lettre "Pé" attestant du symbole de la délivrance d’Egypte. [פָּקֹד פָּקַדְתִּי]

-> En relation avec deux libérateurs opéreront en Egypte : Moché et Aaron. (voir Targoum Yonathan Ben Ouziel - Vayé'hi 50,25).

-> La Délivrance d’Israël s’est faite en 2 étapes : la sortie d’Egypte et l’ouverture de la mer Rouge.
Egalement : c’est une allusion à la Délivrance passée et à la Délivrance future. (midrach Chémot rabba 3,11)

-> La Délivrance eut un double effet : sauver Israël et frapper l’Egypte.
La partie cachée (Milouï) du mot פקד (Pakod) : פא קוף דלת fait allusion à la durée de l’asservissement des hébreux : א (une année = l’année meurtrière qui précéda la fin de l’exil), וף (soit : 86 ans = la durée de l’esclavage) et לת (soit : 430 ans = la durée de l’exil). [Maharal]

<---------->

-> L'homme est la synthèse d'une partie physique et d'une partie spirituelle.

Le pouvoir de parler est le résultant de cette fusion entre le corps et l'âme.
Dans la majorité des êtres humains, la relation entre les éléments matériels et spirituels est plus ou moins équilibré, et le résultat est une capacité de parler qui est normale.
Cependant, chez Moché, la relation entre le corps et l'âme n'était pas du tout équilibrée, puisqu'il était principalement une âme. La résultante était qu'il avait des défauts de prononciation.
[Maharal - Guévourot Hachem 28]

<--->

-> Pourquoi est-ce que Moché exprime 2 fois sont inquiétudes concernant son défaut de prononciation : paracha Chémot (v.4,10) et Vaéra (v.6,30) [cf. ci-dessus]?

Le rav Yossef Sorotzkin explique que Moché avait 2 préoccupations principales :
1°/ il avait peur qu'on ne le comprenne pas et d'être un agent inefficace pour transmettre le message de Hachem.

2°/ le Rambam (Hilkhot Yessodé haTorah 7,1) écrit que pour recevoir la prophétie, une personne doit être physiquement parfaite et entière, sans défaut. Moché avait peur que les gens soient septiques de l'accepter comme une prophète légitime, puisque pensant à tord que son défaut de prononciation l'invalide à recevoir la prophétie.
[le fait que Aharon sera son interprète lève ces doutes]

<--->

-> Autre explication :
Le Assoufat Maara'hot explique que l'Egypte était le pays le plus matérialiste et qui cultivait le plus les plaisirs du corps.
La sortie d'Egypte consistait à ce que le peuple juif puisse, après être descendu dans la matérialité de l'Egypte, en sortir et en remonter.
L'objectif était de réussir à élever et éclairer le matériel par le spirituel. C'est pourquoi, la sortie d'Egypte devait déboucher sur le don de la Torah et l'acceptation de ses mitsvot. Car par l'accomplissement des mitsvot, qui exigent des supports matériels, les juifs permettent justement d'attirer la lumière Divine sur la matérialité, pour l'élever.

La préparation à cela était la sortie d'Egypte, qui devait introduire cette dimension de raffinement de la matière.
Or, quand un homme descend dans la matérialité, même si le but est de l'élever, cela comporte malgré tout le risque de s'enfoncer dans la matérialité et d'y sombrer, au lieu de l'élever.
=> Pour éviter un tel risque, il faut recevoir la force d'un homme qui est complètement séparé de la matière, et qui est épuré de toute trace de matérialité.
Seul Moché, qui correspondait à cette description, pouvait donc être le libérateur.
En effet, puisqu'il transcendait complètement la matérialité,
il pouvait donner la force au peuple de sortir d'Egypte en élevant la matérialité, tout en étant protégé du risque de s'y enfoncer.

<------------------------------------------------->

-> "Comment Pharaon m'écoutera-t-il?" (Vaéra 6,30)

Ce verset révèle l'énorme humilité de Moché.
Si l'immense Moché rabbénou était si humble, alors il est certain que toute autre personne qui n'a pas sa grandeur, se doit d'être humble.
[midrach haGadol]

-> Il est écrit : "Les enfants d'Israël n'écoutèrent pas Moché, à cause du souffle court et du travail pénible" (v.6,9)

Le Sfat Emet enseigne : "Moché pensait cependant qu'ils ne l'ont pas écouté à cause de son défaut de prononciation.
L'humilité de Moché était telle qu'il pensait qu'il était à blâmer du fait qu'ils n'avaient pas écouté, et c'est pour cela qu'il a déclaré : "les enfants d'Israël ne m'ont pas écouté, et comment Pharaon m'écouterait-il?"."

-> Le Maayan Bét haChoéva rapporte l'idée que Moché s'est encouragé en se disant : même si à priori Pharaon ne m'écoutera pas en raison de mes défauts de prononciation, néanmoins j'accomplirai la mitsva (volonté de D.) d'aller parler à Pharaon, et cela sera un bénéfice au profit du peuple juif.

[ainsi, même à son très haut niveau, Moché se travaillait constamment : Hachem contrôle absolument tout, et je dois suivre Sa volonté.]

<--->

-> Pourquoi est-ce que Moché n’a pas prié Hachem pour qu’Il le guérisse de son fort défaut de prononciation?

Le Ramban (Chémot 4,10) explique qu’il préférait garder son handicap afin de pouvoir se rappeler toute sa vie des miracles que D. a fait pour lui dans sa jeunesse.

[par exemple : Hachem a envoyé l'ange Gavriel pour qu'il lui bouge sa main vers les braises ardentes qui lui ont brûlé la langue entraînant son défaut de prononciation, plutôt que vers le tas d'or, signifiant une mort certaine par Pharaon.
=> On peut comparer cela à quelqu'un qui a miraculeusement survécu à un terrible accident, et qui souhaite garder un signe lui rappelant pour toujours la bonté de D.]

<---------->

-> "Hachem dit à Moché : Vois, J'ai fait de toi un maître sur Pharaon et Aharon ton frère sera ton interprète" (Vaéra 7,1)

Lorsque des rois se rencontrent, celui qui est le plus important n'a pas besoin de parler la langue de l'autre, et il peut utiliser un interprète.
Hachem dit à Moché qu'étant le "maître" de Pharaon, il n'aura pas à lui parler directement, Aharon le faisant à sa place, et c'est cela qui démontrera sa supériorité sur Pharaon.
['Hatam Sofer]

<--->

-> "Souvenez-vous de la Torah de Moché (תּוֹרַת מֹשֶׁה), mon serviteur" (Mala'hi 3,22)
=> Pourquoi la Torah est appelée en son nom?

Généralement, une personne qui a la langue agréable, qui articule clairement, peut convaincre des masses de gens de suivre chacun de ses mots, et même si de façon inhérente ils ne sont pas bons, les gens vont le croire.
[c'est si joliment dit (la forme), alors c'est que c'est forcément vrai (le fond)!]
Moché avait des défauts de prononciation, et si la Torah qu'il transmettait était agréable, cela ne provenait pas de sa façon de la présenter, mais plutôt du fait qu'elle est intrinsèquement agréable et bonne.
[le Chla haKadoch]

-> Le Ran rapporte qu'au moment du don de la Torah tous les juifs ont été guéris de leurs handicaps (ex: les muets parlaient, les aveugles voyaient, ...).
=> Pourquoi Moché a-t-il gardé son handicap de parole?

Il l'a gardé afin de témoigner que le peule juif a accepté la Torah par amour pour Hachem et en reconnaissance de la Véracité de la Torah, et non pas parce qu'ils auraient été séduits par ses belles paroles.

Le Ran (dans ses drachot) explique que Moché devait diriger le peuple, le libérer d'Egypte et lui donner la Torah.
Or certains auraient pu dire que c'est par la force de sa parole et la beauté de son élocution, que Moché a réussi à autant influencer les foules. Les juifs ne l'ont pas suivi parce que ce qu'il disait est vrai et qu'ils se sentaient impliqués, mais parce qu'il a réussi à les convaincre par son talent.

Pour éviter une telle erreur, Hachem a occasionné que Moché ait justement de grandes difficultés à parler. Ainsi, il devenait évident que toute sa force lui venait de l'authenticité de son message et du fait qu'il était envoyé par Hachem pour transmettre Sa Parole.
Mais il devenait impossible de dire qu'il a réussi à les attirer par la force de sa parole. De cette façon, cela permettra aux autres générations d'accepter la Torah, car le peuple n'a pas accepté la Torah sous l'influence d'une quelconque manipulation de Moché, ce qui n'engagerait donc pas les générations futures.
=> C'était seulement la Vérité du message qui a contraint les juifs à accepter la Torah. Dès lors, l'engagement pourra être éternel, car la Vérité est absolue et ne change pas selon les périodes.

<--------------->

+ "Moché parla devant Hachem, en disant : Voici, les enfants d'Israël ne m'ont pas écouté, et comment Pharaon m'écouterait-il? Et j'ai les lèvres obturées! (aral séfataïm)" (Vaéra 6,12)

-> Lorsque Hachem a demandé au prophète Yona de se rendre à Ninvé pour les réprimander pour leurs fautes, Yona a désobéi.
En effet, il avait peur que les habitants de Ninvé écoutent ses réprimandes et fassent téchouva, ce qui aurait entraîné une terrible accusation contre le peuple juif qui ont ignoré les avertissements de plusieurs prophètes.

=> La remarque de Moché est identique.
Le peuple juif n'a pas écouté Moché, et il n'a pas cru qu'ils seraient libérés d'Egypte.
Moché avait peur que d'aller chez Pharaon, et qu'il l'écouterait, cela entraînant alors une accusation envers les juifs : [même] Pharaon a écouté, tandis que vous non!
['Hatam Sofer]

<--------------->

-> "Déjà les enfants d'Israël ne m'ont pas écouté, alors comment Par'o m'écouterait-il?" (Vaéra 6,12)

=> Quand Hachem envoya Moché parler à Par'o, il se permit d'argumenter et de mettre en avant un raisonnement qui démontre que cette mission ne pourrait pas réussir. Hachem ne lui en fait aucun reproche. Tout cela est étonnant.

En fait, il existe 13 méthodes d'interprétation de la Thora écrite pour déduire les lois de la Thora orale. La première est le raisonnement à fortiori. De plus, la Thora fait état de 13 Attributs de Miséricorde Divine. La première est exprimée par le Nom El (אל).
De plus, chaque méthode d'interprétation correspond à un attribut de Miséricorde et permet de le révéler.

Il en ressort que le raisonnement à fortiori révèle l'Attribut El. Or, cet attribut exprime la Bonté Divine, comme le dit le verset : "La Bonté de El (אל) toute la journée". La particularité de cet attribut par rapport aux autres est qu'elle exprime la Bonté Divine absolue, même en cas d'absence de tout mérite.
Or, quand Hachem envoya Moché chez Pharaon pour lui demander de libérer le peuple, il Lui fit valoir que les juifs ne méritaient pas la délivrance. Ainsi, Moché voulait attirer l'Attribut El, pour déclencher la libération des Hébreux, même sans mérite. Pour cela, il lui fallait formuler ce raisonnement à fortiori.
Hachem ne lui en fit donc aucun reproche, car cette démarche était nécessaire. Et effectivement, Moché atteignit son but et put attirer le Nom El qui permit la délivrance, comme il est dit : "El (אל) Qui les sortit d'Egypte".
[Imré Yossef]

<------------------------>

-> "Moché dit devant Hachem : Voici, J'ai les lèvres obstruées et comment Pharaon m'écoutera-t-il?" (Vaéra 6,30)

-> "Moché dit à Hachem : ... je ne suis pas homme de paroles ... car j'ai la bouche pesante et l'élocution embarrassée" (Chémot 4,10)

-> Le Zohar(Bo 125a) enseigne :
"A chaque fois que Moché s'exprimait, tant qu'il était en exil en Egypte, il le faisait en bégayant. Cette situation perdura jusqu'à ce qu'Israël se rapproche du mont Sinaï et reçoive la Torah".
C'est seulement lorsqu'il quitta l'exil d'Egypte, lors du don de la Torah, que Moché fut guéri et put retrouver l'usage complet de la parole. Ainsi la promesse d'Hachem : "Moi Je serai avec ta bouche" (véano'hi éyé im pi'ha).

-> Comment comprendre les paroles du "Tant que ta parole est en exil en Egypte"?
Les Bné Israël ne pouvaient pas étudier la Torah en Egypte puisqu'ils ne l'avaient pas encore reçue. Ils ne pouvaient pas non plus apprendre la Torah acquise par Avraham, Its'hak et Yaakov en raison de la difficulté de l'esclavage qui pesait sur eux. Ainsi, les égyptiens incarnaient également l'exil de la parole car quelle est l'utilité de la parole lorsqu'on ne peut pas la mettre au service de la Torah?
[ce qui nous différencie des animaux, c'est cette capacité à utiliser positivement la parole]

C'est le sens des paroles de Moché lorsqu'il dit : "Je suis incirconcis des lèvres.
Puisque la bouche des Bné Israël ne pouvaient pas s'affairer à la Torah à cause de la servitude, Moché prophétisa qu'il était incirconcis des lèvres puisqu'il était l'équivalent de tout Israël.

-> Le Zéra Kodech (le rav de Ropshitz - Moadim daf 11) explique que l'exil en Egypte n'était rien d'autre que l'exil de la parole, car là-bas, les Bné Israël ne pouvaient pas s'affairer aux paroles de Torah.
C'est la raison pour laquelle tous les rois d'Egypte sont mentionnés avec le titre de Pharaon (פרעה), dont les lettres sont les mêmes que : pé ra (la bouche mauvaise – פה רע).
Empêcher Israël de prononcer des paroles de kédoucha revenait à leur planter quelque chose dans la gorge.
Ils étaient incapables de sortir ne serait-ce qu'un seul son.

L'idée plus profondément est que les égyptiens n'ont pas laissé la possibilité à Israël d'émettre des paroles bénéfiques de leur bouche. Or aucun bénéfice ne peut être octroyé au monde sans paroles de Torah.
[c'est pourquoi le soir de Pessa'h, la fête de la liberté, nous disons : Péssa’h (פסח) qui signifie : "la bouche raconte" (pé sa’h - פה סח), afin de rappeler allusivement l'exil de la parole.
(Selon nos Sages, un homme libre est celui qui est esclave d'Hachem, esclave de la Torah).]