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=> Quel est le mérite de Yitro pour lequel une paracha entière porte son nom? [qui plus est, celle décrivant le don de la Torah au mont Sinaï ]

-> Il faut dire que D. veut montrer par cela aux enfants d'Israël de cette génération et de toutes celles à venir, qu'il y a toujours parmi elles de grands hommes, intelligents et instruits, comme Yitro par exemple. Les conseils qu'il a donnés à Moché pour choisir les chefs du peuple et suivant quel ordre.

Il y a comme cela, des personnes dotées de valeurs morales, afin de nous faire comprendre que notre privilège d'être le "peuple élu" par D. ne résulte pas de notre intelligence ou pas même de nos connaissances plus vastes que celles d'autres peuples (comme celles d'Yitro), mais simplement par bonté suprême et par amour de nos Patriarches.

Hachem nous le fait comprendre avant le don de la Torah, pour nous dire que, bien qu'il y ait parmi les nations des hommes plus savants que les Bné Israël, c'est nous qu'il a rapprochés de son service et qu'il a choisis parmi toutes les nations. Combien nous devons le louer pour cela.
[Ohr ha'Haïm haKadoch - Yitro 18,19-20]

Se réjouir d’autrui, c’est amener sur soi les bénédictions

+ Yitro - Se réjouir d'autrui, c'est amener sur soi les bénédictions :

-> Lorsque les gens entendent des histoires sur le fait qu'Hachem a apporté le salut à des personnes, qu'il s'agisse d'avoir un enfant après de nombreuses années de mariage, de se marier après une longue attente, ou de se rétablir d'une grave maladie, ... leurs réactions varient.
Certains pensent : "Comment se fait-il que tous les autres obtiennent toujours ce dont ils ont besoin et que je sois toujours coincé avec mon problème? Quand est-ce que ce sera déjà mon tour d'être aidé?"
[inconsciemment cela installe en nous du doute et des idées du type : Hachem ne m'aime pas vraiment (vu qu'Il ne répond pas à mes besoins contrairement aux autres), je quelqu'un de nul pour ne pas être exaucé (pourtant j'essaie de faire sa volonté, je prie) il doit y avoir de l'injustice divine, ... ]
Dans ce cas, le récit de bonheur qu'on a entendu à propos d'une autre personne a eu un impact négatif. Cela la fait se sentir plus mal à propos de sa propre situation, au lieu de lui donner du 'hizouk (un renforcement).

D'autres réagissent ainsi : "Quelle histoire incroyable! Hachem est grand. Il peut tout faire. S'Il a aidé cette personne après si longtemps, cela me donne l'espoir que moi, ou mon proche, pouvons aussi être aidés!"
Dans ce cas, le récit d'autrui a donné à la personne un 'hizouk pour prier plus fort et placer encore plus d'espoir en Hachem pour le salut (délivré de sa situation difficile).

Les réactions dépendent de nous ; nous pouvons choisir le message que nous voulons entendre. Et bien que la 2e réaction soit meilleure que la première, elle n'est toujours pas optimale.
La meilleure réaction serait du type suivant : "Barou'h Hachem, un autre juif vient d'être aidé. Je suis si heureux qu'il soit sorti de l'agonie qu'il traversait. Qu'il y ait plus de yéchouot (délivrance) dans le peuple d'Israël comme cela, avec l'aide de D.!"
Tout d'abord, l'auditeur de la bonne nouvelle doit être heureux pour le bénéficiaire de la bénédiction d'Hachem, et ce n'est qu'ensuite qu'il doit appliquer le message à sa propre vie et avoir davantage d'espoir qu'il puisse également être aidé.
Il s'agit d'une avoda très difficile, surtout si celui qui entend l'histoire a besoin de la même yéchoua pour lui-même.

Le rav Yérou'ham Lévovitz (dans Daas Torah - Michpatim) décrit combien il est difficile pour une personne de partager la joie de quelqu'un d'autre. Il est plus facile pour une personne de partager la douleur de quelqu'un d'autre que de partager sa joie. Mais si nous pouvons travailler sur nous-mêmes pour être vraiment heureux de la réussite des autres, cela nous rendrait également plus heureux.
Nous accomplirons une grande avodat Hachem, et nous aurons la garantie de recevoir des 'hizouk des histoires que nous entendons, plutôt que de nous sentir mal à propos d'elles.

Il est écrit : "celui qui a un bon œil sera béni" (tov ayin ou yévora'h - Michlé 22,9) = une personne qui est heureuse pour les autres est celle qui reçoit la bénédiction.
Le séfer Maayan Ganim (paracha Choftim) demande : Pourquoi Yitro a-t-il mérité que Moché épouse sa fille et que El'azar haCohen ait épousé sa petite-fille?
En signe d'honneur, Yitro a une paracha à son nom dans la Torah, et ses arrière-petits-enfants ont siégé dans le grand Sanhedrin du Temple dans le Lichkat HaGuazit.
=> Qu'a fait Yitro?

Le séfer Maayan Ganim répond que le verset (Yitro 18,9) rapporte que lorsque Yitro a entendu parler de la façon dont Hachem a délivré le peuple juif d'Egypte : "Yitro s'est réjoui", même si, comme le rapporte Rachi, Yitro était proche de l'Egypte et se sentait mal à propos de leur chute.
Néanmoins, il a mis ses propres sentiments de côté pour se réjouir avec Israël de leur salut. Non seulement cela, mais il continue et dit (Yitro 18,10) : "Béni soit Hachem, qui vous a sauvé des mains des égyptiens" = c'est comme si une personne apprenait que son ami a reçu une certaine bénédiction et qu'en réponse elle disait : "Hachem, merci beaucoup d'avoir aidé mon ami. Je l'apprécie énormément!"

C'est un grand niveau, être tellement heureux pour une autre personne que nous ressentons le besoin de remercier Hachem pour sa joie. C'est une belle qualité que possédait Yitro.
La Torah la décrit ici, mais il doit l'avoir eue pendant toute sa vie. Et, en effet, il a été béni à bien des égards.

=> Ainsi , si nous introduisons davantage cette qualité (mida) dans nos vies, cela fera de nous des personnes meilleures, des personnes plus heureuses, et grâce à D. des personnes bénies (on a l'assure que : "tov ayin ou yévora'h = en faisant l'effort de me réjouir du bien d'autrui, alors par cela Hachem me bénit (c'est comme un père qui voit un enfant qui est content qu'un de ses frères a reçu des cadeaux. Son père est tellement content de l'amour entre eux, qu'Il dit : "allez je te donne à toi aussi davantage!")).

[d'après un cours du rav David Ashear]

Shabbath = le jour de la foi en Hachem

+++ Shabbath = le jour de la foi en Hachem :

"Souviens-toi du Shabbat pour le sanctifier ... car en 6 jours, Hachem fit les cieux et la terre, la mer, et tout ce qu'ils contiennent" (Yitro 20,8-11)

-> Le Shabbat, qui est une évocation de l'œuvre de la création, a pour but de rappeler à l'homme que le monde a un Créateur qui le dirige. La sainteté du Shabbat aide l'homme à parvenir à cette foi.
Certains tsadikim expliquent ainsi allusivement le verset : "Voyez qu'Hachem vous a donné le Shabbat" : en ce jour empreint de sainteté, l'homme peut parvenir à niveau de foi tel que c’est comme s’il voyait véritablement les choses de ses propres yeux.

-> Le rav 'Haïm (dans son Séfer Ha'haïm), qui est le frère du Maharal de Prague, nous révèle à ce sujet la chose suivante :
"Les gens de la génération du désert méritèrent le dévoilement de la Divinité sur le mont Sinaï, comme nous l'enseignent nos Sages (rapporté par Rachi sur Vaét'hanan 4,35) : "Hachem ouvrit tous les cieux supérieurs et inférieurs au moment du don de la Torah'', et Il désira que, dans toutes les générations, on puisse mériter une révélation semblable.
C'est pourquoi Il leur donna le Shabbat qui possède un aspect de cette révélation."

Il ajoute également :
"La joie particulière qui nous enveloppe sans que l'on s'en rende compte, dès l'entrée du Shabbat et dans la soirée du Shabbat, ... est sans aucun doute une étincelle de la lumière et de la joie qui émanent de là d’où provient la prophétie. Et bien que nous n'ayons ni prophète ni voyant et que nous résidions sur une terre impure (en exil), la bonté et la vérité Divines ne nous ont pas abandonnés.
Hachem nous les prodigue chaque Shabbat, et, à plus forte raison à nous, qui sommes tellement las de cet exil amer."

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-> Le Shabbat est donc un temps propice pour enraciner en nous cette émouna en Hachem, comme il est dit (Téhilim 92) : "Psaume, chant pour le jour du Shabbat. Qu'il est bon de louer Hachem et d’entonner un air en Ton Nom élevé, d'exprimer Ta bonté et la foi en Toi dans les nuits. Car Tu m'as réjoui Hachem par Tes actions et ce sont Tes œuvres que je chanterai. Comme elles sont grandes Tes œuvres, Hachem, et que Tes pensées sont profondes".
=> A priori, on peut, en effet, se demander en quoi ce psaume est-il lié au Shabbat?

-> Le Malbim (sur le premier verset) explique que le Shabbat est un témoignage qu'Hachem conduit son monde selon une providence particulière à chaque créature (hachga'ha pratit), et que le monde n'est pas livré à la nature ni au hasard. C'est donc pour cela que ce psaume est entièrement fondé sur le
Shabbat.

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-> Le Beit Yaakov explique également pourquoi on récite le kidouch sur du vin, comme nous l'enseignent nos Sages (Pessa'him 106a) : ''Souviens-toi du jour du Shabbat pour le sanctifier = ‘Souviens-toi' de lui sur du vin''.
Il explique : "Car tout ce qui est dans ce monde tend à faire oublier à l'homme et à lui dissimuler le fait qu'il existe un Créateur qui dirige tout, qui a tout accompli, qui continue à accomplir, et qui accomplira tout ce qui s'y déroule (comme les commentateurs le font remarquer, ''monde'' en hébreu se dit ''olam'' qui est de la même racine que ''élem'' qui signifie "dissimuler'').
Lorsqu'un homme travaille durant tous les jours de la semaine pour sa subsistance ou pour ses autres besoins, il peut en effet se fourvoyer en pensant que c'est grâce à la ''force de son poignet'' qu'il a réussi dans ses entreprises. Shabbat, il est donc tenu de se rappeler et de proclamer que ce n'est qu'un leurre qui lui brouille l'esprit, car tout n'est que le fruit de la volonté Divine.

Pour cette raison, il a été institué de réciter le kidouch sur du vin, car celui-ci n'a pas son pareil pour brouiller l'esprit de l'homme en le rendant ivre et confus dans ses idées. En l’utilisant pour le kidouch, il suggère ainsi que toutes les pensées qu'il entretient durant la semaine ne sont qu'un vain mirage, à l'instar du vin qui trouble son esprit.
Ainsi est-on tenu de fixer son regard sur le vin au moment du kidouch (Réma - 271,10), afin de faire pénétrer dans son cœur la émouna que, au-delà de toute cette confusion, c'est Hachem qui dirige les cieux et la terre. Grâce à cela, on pourra y puiser cette force également pour tous les jours de la semaine.

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-> La guémara (Béra'hot 14a) enseigne au nom de Rabbi Zéra : "Celui qui ne rêve pas, sept nuits durant, est qualifié de méchant (ra - רַע)"

Le Gaon de Vilna explique que dans un rêve, il semble à l'homme que tout ce qui se déroule devant lui est vrai. Cependant, lorsqu'il se réveille le matin et qu'il ouvre les yeux, il se rend compte que tout n'était qu’une chimère sans consistance.
Il en est exactement de même de tout ce qui se passe dans ce monde : à l'avenir, s'accompliront les paroles : "Nous étions comme dans un rêve" (Téhilim 126,1), à la différence près, que le rêve de la nuit s'achève avec le matin, alors que celui de ce monde se poursuit pendant 120 ans. Mais en vérité, les deux sont identiques et tout ce qui concerne ce monde n'est qu'un simple rêve.
C'est ce que nos Sages ont suggéré en parlant d'un homme ''qui ne rêve pas 7 nuits durant'' = cela signifie qu'il a pu passer 7 jours, le Shabbat inclus, sans éveiller en lui la pensée que tout n'est qu'un rêve et un vain mirage. Il est donc qualifié de méchant (de mauvais - רַע), car il incombe à un homme, lorsqu'arrive le Shabbat, de se réveiller de ce rêve et de ne pas sombrer dans l'œuvre de ses mains.
Au contraire, il doit se souvenir que c'est Hachem qui a créé le Ciel et la terre et que c'est Lui qui dirige le monde à chaque instant.

Une acceptation de la Torah contre nature

+ Une acceptation de la Torah contre nature :

-> L’offre de la Torah par Hachem aux nations a été refusée.
Les descendant d’Essav (עשו) demandèrent ce que contenait la Torah et se virent répondre : "ne tuez pas" (לא תרצח). C’était là un défi insurmontable pour eux car Essav était un chasseur (איש יודע ציד) et sa bénédiction était : sur ton épée, tu vivras ( על חרבך תחיה).
En fait, Essav est appelé un homme des champs (ich sadé - איש שדה), "sadé" étant l’acronyme pour : שופך דם האדם (chofé'h dam aadam) = celui versant le sang de l’homme (c’est-à-dire le meurtre ). [Rabbénou Efraïm - Toldot 25,27]
De leur côté, les descendants d’Ichmaël refusèrent à cause de l’interdit de l’adultère (לא תנאף).

=> Comment se fait-il que lorsque l’on offrit la Torah aux juifs, on ne leur donna pas ce qui constituait pour eux un défi (à l'image de ne pas tuer pour Essav, et de ne pas commettre d'adultère pour Yichmaël)?

-> Le Avné Nézer explique pourquoi la première mitsva commandée aux juifs au mont Sinaï était la mitsva de la Hagbala, le fait de fixer des limites autour de la montagne de Sinaï.
C’était pour ne pas donner d’argument aux nations du monde qui prétendraient avoir refusé la Torah car certaines mitsvot heurteraient leur nature, et non celle des juifs. Ils pourraient prétendre : si Hachem avait donné aux juifs une mitsva qui était contre leur nature, ces derniers non plus n’auraient pas accepté la Torah. Par conséquent, la mitsva de la Hagbala fut la première mitsva parce qu’elle heurtait la nature des juifs qui aspirent tant à la proximité avec Hachem, or en l’espèce, on leur ordonna de garder une distance.

Rachi (Yitro 19,9) cite l’expression : "notre volonté est de voir notre Roi" (מלכנו את לראות רצוננו). C’est pourquoi des limites ont été fixées, afin que nous ne montions pas sur la montagne, ni n’en touchions le bord (Yitro 19,12), car nous avons comme une sorte d’attraction magnétique vers Hachem.
Et nous savons qu’un homme ne peut voir D.ieu et survivre (Ki Tissa 33,20).

Ceci est comparable à celui qui place un aimant près du métal qui est alors attiré. De même, si Hachem se révélait à nous, notre âme nous quitterait à cause de l’attraction "magnétique".
Il est écrit : "Tu maintiendras le peuple tout autour, en disant (lémor - לֵאמֹר)" (Yitro 19,12), et on peut noter que ce terme לאמר est l’acronyme de : "rétsonénou lir'ot ét mal'houto" (מלכנו את לראות רצוננו).

=> ainsi comme avec chaque autre nation du monde on a proposé la Torah au peuple juif, avec la condition d'accepter quelque chose de contre nature.
Pour certaine il s'agissait du meurtre, pour d'autre de l'adultère, ... et pour le peuple juif il s'agissait de renoncer à son désir très intense de proximité avec Hachem, en acceptant de rester à distance lors du don de la Torah.
Cela implique que l'essentiel d'un juif est de faire la volonté d'Hachem sienne.

Lorsque D. a créé l'homme, il lui a insufflé un esprit de vie.
Il en sera de même lorsqu'arrivera le moment de ranimer les morts, tout le monde mourra d'abord, puis vivra [de nouveau].
Au mont Sinaï aussi, à chaque mot leur âme s'envolait, et au mot suivant elle revenait. Ils étaient élevés de niveau en niveau et pouvaient atteindre le niveau des anges.
[Sfat Emet]

Je suis Hachem, ton D.

+ "Je suis Hachem, ton D." :

-> Le premier Commandement : "ano'hi Hachem Eloké'ha" (Je suis Hachem, ton D. - Yitro 20,2) est au singulier : "Eloké'ha", plutôt que "Eloké'hem" (votre D.). Pourquoi cela?

Une explication est que la Présence d'Hachem est plus prononcée lorsque la nation juive est une entité unie, et non pas divisée en des clans "rivaux".
[il est écrit : "donner de la force à D." (ténou oz l'Elokim - Téhilim 68,35) = d'une certaine façon plus les juifs s'unissent, plus ils permettent à Hachem de se dévoiler et d'être présents à leurs côtés. ]

La forme au singulier "ton D.", peut également faire allusion au fait qu'Hachem se révèle de différentes manières, en fonction des besoins et du statut spirituel de chaque juif, ou de la situation du peuple juif à un moment donné ...
Si Hachem avait dit : "ano'hi Hachem Eloké'hem", cela aurait impliqué qu'Il se révèle toujours sous la même forme, quelles que soient les circonstances. En utilisant le singulier, Hachem a voulu signifier que, quelles que soient les formes qu'Il peut prendre, Il est toujours votre D., le D. qui s'applique à chaque individu.
[Sfat Emet - Shavouot 5635, 5646, 5653, 5657]

-> Une autre implication de la forme singulière ("ton D.") est que tous les juifs ont une âme unique et unie.
Même si certains juifs sont capables de mettre [davantage] en avant la Présence divine, alors que chez d'autres elle reste cachée, la source de leurs âmes est la même.
De même que toute la lumière du monde a émané du moment où Hachem a déclaré : "que la lumière soit" (yéhi ohr - Béréchit 1,2), et qu'elle a continué depuis lors, de même l'âme collective juive a pris naissance au moment où Hachem a proclamé : "Je suis Hachem ton D."
[Sfat Emet - Shavouot 5633 , 5637]

["Je suis Hachem ton D." = on utilise le singulier car en réalité tous les juifs ne sont qu'une seule et même racine d'âme, dont seule la matérialité nous laisse faussement croire que nous sommes divisés en notre essence.
C'est pour cela par exemple que chacune de mes actions va impacter en bien ou en mal les autres juifs. De même, lorsque je bénis un autre juif, par ricochet je me bénis aussi moi-même (et inversement) ... ]

La sainteté des actes préparatifs au Shabbath

+++ La sainteté des actes préparatifs au Shabbath :

+ "Souviens-toi du jour du Shabbat pour le sanctifier" (Yitro 20,7)

-> Le Ramban explique ce commandement ainsi :
"Après nous avoir ordonné de croire en le Nom unique de D. ... Il nous a ordonné de faire un signe et un souvenir permanent montrant qu'Il a tout créé. Ce [signe] est la mitsva de Shabbat.
A un niveau simple, il est dit que c'est une mitsva de nous souvenir du Shabbat chaque jour afin que nous ne l'oublions pas ou ne le confondions pas avec les autres jours, car, en nous souvenant de lui constamment, nous nous souviendrons sans cesse de la création du monde et reconnaitrons en permanence que le monde a un Créateur."

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-> "Souviens-toi du jour du Shabbat pour le sanctifier" (zakhor léyom haShabbath lékadécho)

-> Rachi commente : le mot zakhor signifie : Appliquez-vous à vous souvenir toujours du jour du Shabbath, de telle manière que s’il vous advient un bel objet, vous le mettrez de côté pour Shabbath.

-> Rabbi Dovid Hofstedter (Darach David - Moadim) explique :
Selon Rachi, il semble que le mot "lékadécho" (pour sanctifier le Shabbat) évoque le but de ce précepte. Nous devons "nous souvenir" de Shabbat pendant la semaine afin de le "sanctifier" et de l'honorer. En réservant des aliments de choix pour le Shabbat, nous montrons que le Shabbat est un jour saint au statut et au sens particuliers.
[l'univers physique tout entier devait être créé avant le Shabbath ; car sans l'existence d'un monde physique, Shabbath n'aurait rien eu à élever et à sanctifier. ]
[...]
Lorsqu'un homme fait de la préparation de tous ses besoins physiques un acte de préparation au Shabbat, il démontre qu'il accomplit ses activités physiques dans le but de créer de la sainteté.
Il élève ainsi ces activités et les imprègne de sainteté.
Lorsque les pensées d'un homme sont constamment dirigées vers la sainteté du Shabbat, il introduit la force spirituelle du Shabbat dans le reste des jours de la semaine. Il peut ainsi réaliser l'essence même du Shabbat, son statut en tant que but de toute la création, même pendant la semaine.

Le Maor vaChémèch (Vayélé'h 35,1) dit que la sainteté du Shabbat repose sur la personne pendant qu'elle prépare le Shabbat.
Superficiellement, cela semble difficile à comprendre, car ces préparations ne semblent être pas plus qu'un acte constituant une condition préalable à la mitsva sans signification intrinsèque (un hekhchèr mitsva). Pourquoi la sainteté de Shabbat serait-elle présente quand un acte profane est accompli?
D'après nos propos, la réponse est très claire. Le but de Shabbat est de sanctifier le monde physique. Telle est l'essence du Shabbat, et c'est ce qui fait du Shabbat "le but de la création du ciel et de la terre".
Les préparatifs matériels du Shabbat représentent la réalisation de ce but, car ils sont empreints de sainteté du fait de leur but. Il est tout à fait logique qu'eux aussi s'imprègnent de la sainteté du Shabbat.

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-> "Za'hor ét yom haShabbath lékadécho" (Pense au jour du Shabbath pour le sanctifier - Yitro 20,7).
Selon le Baal haTourim, les 5 mots de ce verset suggère que l'observation du Shabbath est équivalente aux 5 livres de la Torah.

-> "souvenez-vous du jour de chabbat pour le sanctifier" = cela peut être compris en conjonction avec les actions de Shamaï. Si Shamaï rencontrait un animal supérieur à tout moment de la semaine, il dirait que cela devrait être mis de côté pour Shabbat. S’il rencontrait plus tard un meilleur animal, il désignait alors celui-ci plutôt pour chabbat (guémara Bétsa 16a ; voir Michna Broura 250:2).
=> Ainsi, לקדשו (lékadécho - pour le sanctifier) est une contraction de לקדש ו (lékadéch vav) = pour sanctifier Shabbat avec les 6 jours de la semaine, car ו a une guématria de 6.

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-> "Elazar, fils de 'Hanania, fils de Hizkiya, fils de 'Hanania, fils de Garon, dit : 'Souviens-toi du jour du Shabbat pour le sanctifier' [signifie que] tu dois t'en souvenir depuis le premier jour de la semaine : si tu trouves un aliment de choix, tu dois le préparer pour Shabbat.
Rabbi Its'hak dit : il ne faut pas compter [les jours de la semaine] comme les autres comptent, mais compter d'après le Shabbat."
[Mékhilta - Yitro - Massèkhta déBa'hodèch ch.7].

-> Selon la guémara (Beitsa 16a) :
"On dit que Chamaï l'Ancien a mangé toute sa vie en l'honneur du Shabbat. S'il trouvait un animal de choix, il disait : 'C'est pour Shabbat'. S'il en trouvait ensuite un meilleur, il mettait le deuxième de côté et mangeait le premier [qui avait été réservé pour Shabbat]".
Rachi (Beitsa 16a) explique : "Ainsi, il mangeait [le premier] afin de pouvoir manger le meilleur le Shabbat, et de ce fait, la consommation du premier était [considérée] en l'honneur du Shabbat".

D'après ce qu'on a vu précédemment, une autre explication est possible de cette guémara : comme Chamaï l'Ancien réservait chaque mets de choix pour Shabbat, et allait jusqu'à mettre de côté toute chose qu'il considérait meilleure que celle qu'il avait déjà réservée, il sanctifiait chaque consommation d'aliments même pendant la semaine. Sa conduite montrait que toutes ses activités étaient guidées par des considérations spirituelles dans le but d'atteindre la sainteté.

+ Le faux serment :

-> On prévient l'accusé (avant son serment au Tribunal) en ces termes :
Le monde entier a tremblé quand Hachem a dit au mont Sinaï : "Tu n'invoqueras point le Nom d'Hachem ton D. en vain" (Yitro 20,7).
Pour toutes les transgressions mentionnées dans la Torah, il est dit : "Il pardonnera", mais ici (pour le faux serment), il est dit : "Il ne pardonnera pas" (Yitro 20,7).
De plus, toutes les transgressions mentionnées dans la Torah attirent une sanction sur le fautif seulement, mais le faux serment attire une sanction non seulement sur le pécheur, mais aussi sur les membres de sa famille, selon ce verset : "Ne permets pas à ta bouche de charger ta "chair" d'un péché" (Kohélet 5,5), où la "chair" désigne les proches parents d'après le verset : "Ne te dérobe pas à ceux qui sont comme ta propre chair" (Yéchayahou 58,7).
Pour toutes les transgressions, seul le fautif est puni, mais le faux serment fait tomber le châtiment sur le monde entier selon ce verset : "Par suite des parjures, le pays est en deuil" (Yirmiyahou 23,10) ...
La sanction de toutes les transgressions mentionnées dans la Torah peut être retardée de 2 ou 3 générations si le fautif a du mérite ; mais pour le faux serment, la sanction est immédiate (même si le fautif a des mérites).
[guémara Chvou'ot 38b-39a]

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=> Pourquoi le monde entier a-t-il tremblé lorsque le 3e Commandement sur le faux serment a été prononcé?

-> Le Iyoun Yaakov explique :
D'après cette michna : "Le monde repose sur 3 bases : sur la justice, sur la Vérité et sur la Paix (Pirké Avot 1,18), tout homme qui jure mensongèrement à son prochain ébranle ces 3 bases.
En effet, il déforme la Justice, il ment, donc il déforme la Vérité (le émet) et il se maintient un conflit avec son prochain, donc provoque l'absence de Paix (Chalom).
C'est pourquoi le monde a tremblé, car les 3 piliers du maintien du monde ont été ébranlés par ce faux serment.

-> Le Maharcha enseigne :
Ce sont les lettres du Nom d'Hachem qui maintiennent le monde, d'après ce verset : "Car en Hachem vous avez un roc immuable" (Yéchayahou 26,4).
Ainsi, celui qui prononce un serment inutile ou mensonger affaiblit la force de la "famille du Ciel" qui est le fondement (yéssod) du monde. C'est pourquoi, la Terre a tremblé dès que Hachem a dit : "Tu n'invoqueras point le Nom d'Hachem ton D. en vain" (Yitro 20,7).
De plus, du fait que la fin de ce verset précise que "Hachem ne laissera pas impuni celui qui invoque Son Nom en vain (dans un serment)", même s'il regrette et se repent (fait téchouva). Or, ce monde ne peut pas se maintenir sans téchouva, et puisque la téchouva n'a pas d'effet dans un faux serment, le monde a tressailli au moment du 3e Commandement.

-> De son côté, le Torat 'Haïm explique :
Selon le Zohar (Yitro), lorsqu'un homme prête un serment mensonger, les eaux du grand abîme (téhom) montent et menacent d'inonder le monde. Hachem invite alors un Ange à rétablir les lettres de Son Nom sur le caillou qui bouche les eaux de l'abîme (téhom).
C'est pourquoi, le monde a tremble lorsque Hachem a déclaré que le faux serment ne serait pas pardonné, et par la peur que le monde retrouve son état initial informe et désordonné (tohou vavo'ou).

L’importance de ne pas être jaloux d’autrui

+ L'importance de ne pas être jaloux d'autrui :

-> Le Agra déKala écrit :
"Il est connu que les 10 Commandements sont un synopsis de toute la Torah, et que le dernier des 10 Commandements : "Tu ne convoiteras pas" (lo ta'hmod) est un résumé de tous les 10 Commandements.
[Ainsi, "Tu ne convoiteras pas" est l'essence de toute la Torah.]
"Tu ne convoiteras pas" signifie que nous devons être satisfait de ce qu'Hachem nous a donné, même s'Il se retient de nous accorder quelque chose de bien qu'Il a donné à d'autres.
Nous devons être satisfaits du fait que seulement Hachem sait ce qui est véritablement bien pour chaque personne. Et par conséquence, il n'y a aucune raison d'être jaloux de notre prochain."
[et cela constitue le résumé de toute la Torah!]

-> Le rabbi Méïr de Prémichlan disait que l'essence de toute la Torah est de faire du 'hessed, d'aimer les autres juifs (ahavat Israël), et d'avoir de bonnes midot. Etre jaloux d'autrui est l'exact opposé de ce qu'est la Torah.

Tout juif a une part dans la Torah

+ Tout juif a une part dans la Torah :

-> Les 10 Commandements commencent par "Je suis Hachem, ton D., qui t'ai fait sortir du pays d'Égypte, d'une maison d'esclavage" (Yitro 20,2).
=> Pourquoi n'est-il pas plutôt écrit : "Je suis Hachem qui a créé le monde"?

-> Le 'Hatam Sofer (Drachot Shavouot 5562) écrit :
"La Torah n'a pas été donnée à des individus en particulier, elle a été donnée à tout le peuple juif, à la fois la 'helbéna (les personnes les plus bas) ensemble avec les béssamim (les tsadikim).
Cela a été fait de façon intentionnelle pour permettre à chaque juif d'obtenir une part dans la Torah ...
C'est la raison pour laquelle nous avons reçu la Torah peu après la sortie d'Egypte, bien que nous n'étions pas encore méritant du don de la Torah.
Cela nous enseigne qu'on ne doit jamais perdre espoir d'acquérir une part dans la Torah.
Et même si nous sommes à un niveau très bas, nous sommes équivalent au plus grand".

-> A la sortie d'Egypte, les juifs étaient arrivés au 49e niveau d'impureté (sur 50), les anges ont même dit à la mer Rouge : "Pourquoi les juifs doivent-ils être sauvés alors que les égyptiens se noient? Les juifs ont également vénéré des idoles!"
Si la Torah a pu leur être donnée, il est évident que la Torah peut également nous être donnée. Chaque juif a un droit à l'étude et à l'observation de la Torah.
[rav Elimélé'h Biderman]
[c'est notre yétser ara qui nous pousse à penser que Hachem ne nous désire pas tant que ça, qu'Il n'accorde pas d'importance à notre étude de la Torah, comme cela on ne s'y investit pas pleinement. Or, la réalité est totalement opposé à cela!
On peut l'illustrer avec les paroles du Steïpler : https://todahm.com/2018/10/10/agir-au-maximum-de-ses-capacites ]

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-> "Ils se tinrent debout au bas de la montagne" (Yitro 19,17)
Le Beit Aharon (roch 'hodech Sivan) dit que ce verset fait allusion au faible niveau de la nation juive lorsqu'ils ont reçu la Torah.
Il écrit : "Tout le monde peut recevoir la Torah, peut importe ce qu'il est. Même ceux au niveau le plus bas peuvent recevoir la Torah.
C'est le sens du fait que la Torah a été donné aux juifs alors que "ils se tinrent debout au bas de la montagne".

-> Le Zohar (vol.2, 68) écrit : "Yitro était un prêtre respecté de premier rang. [A l'époque, ] il était comme "le pape" pour tous les types de cultes d'idoles.
Lorsqu'il loua Hachem en disant : "maintenant je sais que Hachem est plus grand que tous les autres dieux" (ata yadati ki gadol Hachem mikol élokim), alors l'honneur d'Hachem a été augmenté dans tous les mondes, en-haut et en-bas".

Nos Sages rapportent que de nombreux prêtres d'idolâtries attendaient de voir la réaction de Yitro face aux miracles de la mer Rouge. En effet, Yitro était le responsable spirituel des non-juifs de cette époque, et ils agiraient en fonction de ce qu'il ferait.
C'est pourquoi lorsque Yitro loua Hachem pour les miracles de l'ouverture de la mer Rouge, ils ont suivi son exemple, et ils ont également loué Hachem.
Cela a créé un énorme kidouch Hachem.

=> Dans la Torah, le don de la Torah suit le récit de Yitro qui rejoint le peuple juif.
Quelle est la signification de cet enchaînement des choses?

Rabbi Leibele Eiger (Torat Emet - Yitro) explique que la Torah veut encourager chaque juif à accepter la Torah. Personne ne doit ressentir qu'il n'est pas assez méritant, car peu importe à quel point il a pu chuté [spirituellement], il n'est pas tombé plus bas que Yitro. [qui avait essayé toutes les adorations d'idoles possibles, et était la référence, le chef mondial des idolâtres]
Si Yitro a pu recevoir la Torah, alors nous aussi.
[quoiqu'il puisse faire, un juif sera toujours appelé : "fils adoré d'Hachem", et par ce lien (à l'inverse des non-juifs) nous avons toujours énormément de valeur aux yeux d'Hachem!]

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-> Le midrach (Tan'houma - Dévarim) écrit :
"Hachem a proposé la Torah à toutes les nations du monde, mais elles l'ont refusée.
Alors, Hachem a proposé la Torah aux Bné Israël, qui l'ont acceptée."

-> Le Imré Emet (5667) souligne que Hachem aurait véritablement donné la Torah aux non-juifs s'ils l'avaient acceptée.
Ainsi, si même un non-juif peut potentiellement étudier et observer la Torah, alors à combien plus forte raison un juif, qui a en lui une partie d'Hachem [beaucoup plus élevée que les non-juifs] et qui est un descendant des Patriarches [et Matriarches], peut lui étudier la Torah et observer les mitsvot.

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-> Il est écrit : "Je vous ai portés sur l'aile des aigles, Je vous ai rapprochés de Moi" (Yitro 19,4)

L'aigle est un animal non cashère, impur.
Le Sfat Emet (rapporté par son fils le Imré Emet - Yitro 5691) explique que Hachem nous a porté sur un oiseau non casher afin de nous enseigner que même celui qui a beaucoup fauté (et qui est à l'image d'un animal impur, non casher), s'il étudie la Torah alors il sera rapproché d'Hachem.
En effet, peu importe le niveau où l'on est, l'étude de la Torah a la faculté de nous élever à de très hauts niveaux.
C'est ce qui s'est passé en Egypte : les Bné Israël étaient au 49e niveau d'impureté, et Hachem les a amené très proche de Lui jusqu'à ce qu'ils soient aptes à recevoir la Torah, qu'Il leur parle directement.

De plus, la nature d'un aigle est de muer/renouveler ses plumes chaque année, et il devient alors comme un tout nouvel oiseau (voir Rachi - Téhilim 103,5).
Ainsi, Hachem nous a pris sur les ailes d'un aigle pour nous apprendre à être comme l'aigle, qui recommence toujours à nouveau.
[à l'image de l'aigle qui perd ses plumes pour de nouvelles, de même nous devons savoir se renouveler (avoir un regard neuf, frais), toujours s'améliorer, faire téchouva (en quittant nos mauvaises habitudes, comportements - à l'image de l'aigle qui perd ses plumes et devient comme un nouvel oiseau), ... ]

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-> Les 10 Commandements commencent par "Je suis Hachem, ton D., qui t'ai fait sortir du pays d'Égypte, d'une maison d'esclavage" (Yitro 20,2).
=> Pourquoi n'est-il pas plutôt écrit : "Je suis Hachem qui a créé le monde"?

Les Richonim expliquent que la sortie d'Egypte est en réalité une meilleure source pour renforcer notre émouna que la Création du monde, car en plus de la émouna, la sortie d'Egypte nous renforce dans la Providence divine (hachga'ha pratit) constante et également à quel point Hachem aime le peuple juif.