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"Israël campa là face à la montagne" (Yitro 19,2)

Rachi : Comme un seul homme, d’un seul cœur.

-> Rabbi Moché de Kobrin commente : "Ce n'est que par la force de l'unité que les juifs sont capables de se tenir debout "face à la montagne" : face à la montagne de haine qui les entoure à toute époque."

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-> Rabbi Yéhouda dit : Un jour viendra où Hachem fera venir le yétser ara et l’égorgera en présence des tsadikim et des réchaïm.
Le yétser ara apparaîtra aux tsadikim comme une haute montagne, et aux réchaïm comme un cheveu.
[guémara Soucca 52a]
[ => ainsi la montagne peut représenter le yétser ara]

Rabbi Akiva Eiger et rabbi Moché de Kobrin expliquent :
- "Israël campa là" (comme un seul homme, d’un seul cœur) = lorsqu'il y a de l'unité parmi les juifs
- "face à la montagne" (kénégued aar) = alors ils ont la force de faire face au yétser ara.
Le yétser ara ne peut pas tromper les juifs à fauter lorsque la nation est pleinement unie.
C'est pourquoi le yétser ara désire les divisions, il aime lorsque les juifs sont divisés.

-> Le rav Elimélé'h Biderman dit : lorsqu'une personne fait partie d'un lieu d'étude où il y a de l'unité, alors il y a une protection puissante contre le yétser ara.
Le yétser ara ne peut pas le tirer loin de cette forteresse.

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-> A chaque fois qu'il y a une opposition (négued), c'est le signe que tu es sur le bon chemin.
[rabbi Mendel de Kotzk]

-> Si un homme te dit : "J’ai fourni des efforts [pour mon étude] mais je n’ai pas trouvé, ne le crois pas! [S’il te dit : ] "Je n’ai pas fourni d’efforts et je l’ai trouvée", ne le crois pas! "J’ai fourni des effets et je l’ai trouvé", crois-le
[guémara Méguila 6b]

=> kénégued aar = Si tu veux atteindre la Torah (sur la montagne Sinaï), alors tu dois faire des efforts, être en opposition par rapport à ta nature humaine (néguéd), ton yétser ara (allusion à la montagne).

Le rav Yé'hia Benchétrit dit que si tu ne fais pas d'efforts contre l'opposition de ton mauvais penchant, alors cela signifie que c'est ton yétser ara qui est le pilote, qui est aux commandes, de ta vie.

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-> Comme prérequis pour le don de la Torah, il a fallu une unité parmi le peuple juif.
Ainsi, au mont Sinaï, nous avons appris la Torah et la valeur de chaque lettre, mais avant cela, nous nous sommes tenus sur la montagne et avons appris la valeur de chaque juif.

[voir Yitro 19,2 : "le peuple campa près de la montagne" = tous étaient unis avec un seul coeur.
Et la Massékhèt Dérèkh Erèts Zouta (Shalom) enseigne : "Hachem dit : 'Comme les Bné Israël ont méprisé la discorde, aimé la paix, et sont devenus un seul camp, Je vais à présent leur donner Ma Torah". ]

-> Le Avné Nezer, citent le rav Its'hak de Vorka, qui suggère que la façon dont peuple juif a atteint l'unité avant le don de la Torah était par : "vayi'han [וַיִּחַן] Israël" = chaque juif a trouvé de la grâce ('hen - חן) dans les yeux de son frère juif, chacun a pu apprécier les chemins de ceux qui l'entouraient.

Le Avné Nezer ajoutait un commentaire de son cru. Il disait que, bien qu'il s'agisse d'un niveau élevé, puisque les gens ne voient généralement pas les choses de la même manière que leurs amis, il y a un niveau encore plus élevé auquel il faut aspirer.
Il s'agit d'aimer chaque juif même si son chemin ne trouve pas grâce à vos yeux, d'être capable de l'apprécier même si vous ne le comprenez pas.

Parcha Yitro – compilation de divré Torah

+ Parcha Yitro - compilation de divré Torah :

"Moché sortit à la rencontre de son beau-père, il se prosterna et il l'embrassa, et ils s'enquirent chacun du bien être de son prochain" (Yitro 18,7)

-> Pourquoi est-il précisé : "à la rencontre de son beau-père"?

Pour Moché, le simple fait que Yitro soit son beau-père, suffisait largement pour qu'il doive lui témoigner son respect.
Ainsi, nous sommes obligés de respecter nos beaux-parents, à l'image de ses propres parents.
[Sifté Cohen]

En effet, Moché rabbénou qui avait le statut de roi d'Israël, n'aurait pas eu le droit de se rabaisser pour honorer Yitro, si ce n'est pas une obligation juive d'honorer ses beaux-parents.

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-> La principale raison pour laquelle Moché sortit à la rencontre de Yitro était pour témoigner du respect à son beau-père. De même, il faut honorer et respecter sa belle-mère.
La raison en est qu'un homme et sa femme sont considérés, chacun comme un "demi corps" (palga dégoufa). Ensemble, ils forment un être humain complet.
Par conséquent, de même qu'un homme doit honorer ses parents pour lui avoir donné naissance, il doit honorer ses beaux-parents pour avoir donné naissance à son épouse.
Tout comme ses propres parents ont contribué à la création de la moitié de son corps, ses beaux-parents ont contribué à la 2e moitié. Grâce à ses beaux-parents, son "demi corps" est devenu un être humain complet.
[Sifté Cohen]

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"Moché raconta à son beau-père tout ce que Hachem avait fait ... en faveur d'Israël ... et [comment] Hachem les avait sauvés" (Yitro 18,8)

-> Rachi : Pour attirer son cœur et le rapprocher de la Torah.

-> Moché voulait souligner à Yitro à quel point Hachem a pourvu à leurs nombreux besoins dans les moindres détails.

Yitro était au courant des miracles éclatants/majeurs, mais il ne pouvait pas avoir conscience des très nombreuses bontés avec lesquelles Hachem avait chouchouté Son peuple.
[Moché les lui a raconter] afin qu'il puisse pleinement apprécier l'implication [et l'amour permanent] de D. envers Son peuple.
[adapté du Sforno]

-> Moché a informé Yitro que c'est non seulement les égyptiens qui ont été vaincus, mais également leur Ange Céleste [chaque nation possède le sien] qui a été tué. Cela les rendait sans force pour de nouveau porter atteinte aux juifs.
Avec cette information, Yitro a alors compris que les juifs étaient véritablement libres et en sécurité des égyptiens.
[Ohr ha'Haïm haKadoch]

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-> Bien que Yitro connaissait l'histoire de la sortie d'Egypte, Moché la lui a racontée.
En effet, c'est une mitsva particulière que de se rappeler des événements liés à la libération d'Egypte, comme il est écrit dans la Haggada de Pessa'h : "Celui qui fait la narration de la sortie d’Égypte plus longuement est digne de louanges".

Bien que Yitro avait déjà entendu auparavant tous les faits, Moché le lui a raconté avec tellement d'émotion et d'impression, que Yitro s'est ressenti comme s'il voyait les événements de ses propres yeux. Moché a véritablement rendu vivant tout ce qui s'est passé, et Yitro n'a pu alors s'empêcher de louer Hachem.
[Rabbi Yaakov Neuman (Darké Moussar]

-> A ce sujet, Rabbi Yossef Yachar (Lévouch Yossef) enseigne : "L’élément principal de la mitsva de raconter la sortie d’Egypte est de faire savoir la grande puissance de D., et le salut miraculeux qu’Il nous a accordé lorsqu’Il nous a fait sortir d’Egypte.
Et l’intention principale de ce récit est d’implanter dans le cœur des membres de notre famille la foi en D. et en la grandeur de Sa puissance et de Ses prodiges, ainsi que d’expliquer les miracles et les prodiges qu’Il a accomplis, afin de renforcer leur foi."

-> b'h, Voir également : https://todahm.com/2017/04/26/quelques-merites-de-raconter-la-sortie-degypte

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"Yitro dit : "Béni soit Hachem (barou'h Hachem) Qui vous a sauvés de la main de l'Egypte et de la main de Pharaon ..." (Yitro 18,10)

-> Il a été enseigné au nom de rav Papéyas : c'est une honte pour Moché et les 600 000 [juifs qui étaient avec lui] de ne pas avoir dit : "barou'h", et Yitro est venu et il a proclamé : "barou'h Hachem" (Béni soit Hachem).
[guémara Sanhédrin 94a]

-> Comment comprendre cela sachant que Moché et tout le peuple ont chanté "az yachir" : des louanges de remerciements et de gratitude à Hachem?

Le rav Shlomo de Radomsk répond que Yitro, alors non-juif, a été le 1er à remercier D. pour des bontés qu'il n'a pas vécues/bénéficiées personnellement, mais que d'autres ont pu expérimenter.
L'expression d'une telle gratitude est quelque chose que Moché et le peuple juif n'avaient pas encore accompli.

-> Pourquoi est-il important de remercier Hachem pour les bontés qu'Il procure à d'autres?

Rabbi El'azar Meisels répond qu'en se réjouissant de la réussite, du bonheur d'autrui, on détruit activement notre tendance naturelle à être égoïste.

De plus, cela permet de multiplier les occasions de développer notre émouna en Hachem.
En effet, en appréciant les bontés qu'Il peut faire chez tout le monde, on élargit largement les possibilités de gratitude, de prise de conscience de Son implication bienveillante dans les moindres détails de la vie.

[Par ailleurs, à chaque pensée de ce genre, nous réalisons la mitsva de : tu aimeras ton prochain comme toi même]

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"Ils jugeront le peuple à tout moment et toute affaire importante ils [la] porteront devant toi, et toute affaire mineure, ils [la] jugeront eux-mêmes, et cela te soulagera et ils porteront [le fardeau] avec toi" (Yitro 18,22)

-> Ils peuvent juger tous les cas dans lesquels ils sont experts, te laissant traiter ceux qui sont au-delà de leur expertise.
De même, ceux qui sont au-delà de tes compétences, tu [Moché] peux demander à Hachem de les résoudre.
[Ibn Ezra]

-> Actuellement, en raison du manque de juges disponibles, de nombreuses personnes qui ont des revendications légitimes ne parviennent pas à les faire valoir. En effet, elles ne souhaitent pas patienter dans la file d'attente pendant des jours et des jours, jusqu'à ce que tu [Moché] les reçoive.

Cela crée une incitation aux personnes malhonnêtes à s'en prendre aux autres, sachant que probablement ils ne seront pas appelés en justice.
En installant une multitude de juges, la justice sera rendue sur une base régulière, et la paix sera restaurée parmi la nation.
[Ramban]

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Il est à noter que
-> lorsque Yitro va exposer son idée (v.22), il est écrit : "toute affaire importante" (adavar agadol - הדבר הגדל) ;
-> tandis que lorsque Moché va accepter et reformuler cette proposition, il va dire (v.26) : "l'affaire difficile" (adavar akaché - הדבר הקשה).

S'il était d'accord, pourquoi ce changement de terme?

Pour Yitro, c'est seulement si une affaire a des montants importants en jeu qu'il est nécessaire d'y consacrer du temps, et des investigations poussées.
=> Il voulait faire une hiérarchie de traitement des cas basée sur les montants impliqués.

Moché a compris que selon la Torah, peu importe les montants en jeux (des milliards ou des centimes), toutes les affaires sont importantes, dans le sens où elles nécessitent chacune une investigation minutieuse pour les juger au mieux.
=> C'est pourquoi, il a mis en place une hiérarchie de traitement des cas basée uniquement sur la difficulté requise pour les solutionner.

[adapté du Rabbi 'Haim de Berlin - le fils aîné du Nétsiv]

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-> Tout juge qui prononce des décisions équitables selon la loi de la Torah est considéré comme l'associé de Hachem dans la Création.
La loi de la Torah est l'une des 3 choses qui maintient le monde en existence : "Le monde se maintient grâce à 3 choses : la loi, la vérité et la paix" (Pirké Avot 1,18).
Si ces piliers du monde n'existaient plus, le monde cesserait d'exister. Par conséquent, lorsqu'il maintient la loi, la vérité et la paix, le juge est l'associé de Hachem dans la perpétuation de l'univers.

De plus, lorsque les plaignants acceptent de bon gré la décision du juge, qu'elle soit en leur faveur ou non, eux aussi sont considérés comme les associés de Hachem dans la Création.
Ainsi la Torah dit : "Le peuple était debout autour de Moché du matin au soir" (Yitro 18,13) = le peuple debout autour de Moché et prêt à accepter sa décision était considéré comme un associé dans la Création, ainsi qu'il est écrit : "Ce fut le soir, ce fut le matin".

La paix est également l'une des 3 choses par laquelle le monde se maintient. Par conséquent, lorsque les plaignants acceptent la décision du juge et font la paix entre eux, ils sont associés dans la Création et contribuent à la continuité du monde.
[...]

Les juges constituent un corps législatif appelé le Sanhédrin. Le mot Sanhédrin peut être compris comme une abréviation des mots : "soné daron", qui signifie : "qui déteste les cadeaux".
Lorsqu'un homme possède ce trait de caractère, la seule chose qu'il juge importante est la vérité.
[...]

"Tu nommeras en tant que chefs de [groupe de] mille, chefs de cente, chefs de cinquante et chefs de 10" (v.18,21) : il y avait 600 chefs de mille, 6 000 chefs de cent, 12 000 chefs de cinquante et 60 000 chefs de dix.
[Méam Loez - Yitro 18,14 & 21-22]

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"Et tout ce peuple viendra en paix dans son endroit" (Yitro 18,23)

=> Grâce au conseil d'Yitro d'instaurer un système de juges pour traiter tous les litiges, le peuple pourra accéder à la paix. Mais que signifie que le peuple "viendra en paix dans son endroit"? De quel endroit parle-t-on?

-> En fait, d'après la mystique, une personne qui a commis un vol, s'il quitte le monde sans avoir restitué l'objet du vol, ne pourra pas accéder à la paix éternelle dans l'au-delà et devra revenir en réincarnation sur terre pour réparer son vol.
Ainsi, le verset vient dire que grâce aux juges qui vont rendre la justice, ceux qui ont commis un vol seront amenés à réparer et à restituer ce qu'ils ont volé. De la sorte, le peuple "viendra en paix", et pourra accéder à la paix éternelle, "dans son endroit" dans l'au-delà.
[Bé'hirat Avraham]

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+ Savoir écouter l'autre, fondement de la Sagesse :

=> Comment expliquer la juxtaposition du conseil que Yitro donna à Moché Rabbénou (la modification du système judiciaire) et la section relative au don de la Torah?

-> Yitro était peut-être un homme sage, mais il restait toutefois à un niveau bien moindre que celui de son illustre gendre, d’autant plus qu’il n’était aucunement lié à la sagesse de la Torah.
Moché aurait très bien pu l'écouter jusqu’au bout et repousser ensuite, poliment, sa proposition, sans véritablement la prendre en considération. Mais, il écouta attentivement et réfléchit sérieusement à ce conseil pour finalement décider de le mettre en application.
Rabbi Tsadok haCohen affirme que nous apprenons de Moché qu’une personne doit écouter ce que dit son prochain, quand bien même il s’agirait d’un homme simple ; c’est une façon d’apprendre de chaque individu. Il explique ensuite le lien avec le don de la Torah ; l’un des aspects essentiels de l’étude de la Torah est la capacité d’apprendre de tout homme.

=> Comment comprendre que ce soit un enseignement si primordial (cette disposition à apprendre des autres), au point d’en faire l’introduction au don de la Torah?

-> Le rav Eliyahou Lopian (Lev Eliyahou - Emor) écrit : "Certains hommes sont matmidim (étudiants particulièrement assidus) et s’investissent dans l’étude de la Torah, mais ils ne sont pas capables d’écouter les autres et de considérer leurs camarades d’étude, ils sont absorbés par leurs réflexions et ne s’intéressent pas aux autres. Ces personnes ne sont pas seulement sévèrement punies, mais elles ne réussiront même pas à avancer et persévérer dans leur étude."
Il poursuit en expliquant pourquoi le fait de ne pas être à l’écoute entrave l’étude personnelle si sérieusement : "L’individu est, par nature, centré sur son ego et reste aveugle à tout ce qui va à l’encontre de son opinion. Il ne pourra rien clarifier correctement sans écouter ce qu’un autre pense."

Cette incapacité naturelle d’écouter des points de vue qui vont à l’encontre du sien peut même empêcher un élève d’écouter correctement ceux qui sont plus érudits que lui. Il aura tendance à vouloir débattre avec tout ce qu’ils disent. Par conséquent, ce talmid ne pourra jamais vraiment comprendre et intérioriser ce que son maître lui dit. En revanche, la capacité d’écouter sincèrement et de comprendre ce que les autres pensent est l’une des clés pour atteindre la grandeur (la gadlout).

-> Le Alter de Novardok (dans haMéorot haGuédolim) exprimait cette idée quand il chantait les louanges du rav 'Haïm Ozer Grodzinsky :
"Sa sagesse et son génie sont profonds et vastes, parce qu’étant jeune, il restait toujours aux côtés des guédolé hador (dirigeants spirituels de la génération). Jamais, il n’essaya de leur imposer son opinion, mais il se considérait comme un réceptacle ; il écoutait et absorbait toutes les opinions et les explications des guédolim de son époque. Il intériorisa profondément tout ce qu’il entendit d’eux et cette proximité aux sages de plusieurs générations a élevé et purifié sa connaissance."
Quand on parle de la grandeur de rav 'Haïm Ozer Grodzinsky, on pense généralement à son génie naturel et à sa capacité à réfléchir à plusieurs choses à la fois. Le Alter de Novardok nous apprend que la clé de sa grandeur fut sa soif, son désir d’écouter attentivement et de comprendre tout ce qu’il entendait.

Il n’est pas évident d’accorder toute notre attention à ce que disent nos rabbanim, mais il est bien plus difficile d’écouter nos camarades, nos pairs. Souvent, quand nous entendons que quelqu’un va transmettre un dvar Thora, nous "décrochons", nous réfléchissons plutôt à ce que nous allons dire par la suite. Outre le manque de dérekh érets (respect, conduite appropriée), une telle attitude empêche grandement la personne de grandir et d’acquérir plus de sagesse.

[en effet, toute ces "petites" occasions où l'on se convint de "c'est bon, MOI je sais", on alimente notre égo, et l'on est alors davantage aveugle à l'opinion d'autrui (admettre qu'autrui sait ce que l'on ne sait pas, c'est d'une certaine façon accepter qu'on ne sait pas, qu'on lui est inférieur sur ce point, et ça c'est naturellement dur à notre égo (le MOI JE sais, MOI JE suis intelligent, ...), mais le prix final à payer est de s'empêcher de clarifier, d'apprendre des choses, et donc de devenir véritablement grand en Torah! On est prêt à sacrifier la Torah pour préserver son égo surdimensionné).]

-> Ben Zoma dit : "Quel est le sage? C’est celui qui apprend de toute personne" [et pas seulement des guédolim, des gens supérieurs en sagesse à nous] (Pirké Avot 4,1).

-> De nombreux commentateurs affirment que le 2e des 48 façons d'acquérir la Torah fait référence également à cela : "biChmiat haOzen" (par l'écoute attentive - בִּשְׁמִיעַת הָאֹֽזֶן - Pirké Avot 6,6).

"Je suis Hachem ton D., qui t'ai fait sortir du pays d'Egypte, de la maison d'esclavage" (Yitro 20,2)

-> Selon la loi dite de : "bar métsra", le voisin d'un champ qui est en vente, a priorité pour l'acheter.

En appliquant cette règle, la Torah aurait dû être donnée aux anges (mala'him), puisqu'ils sont "voisins" de la Torah qui était alors au Ciel (Moché l'a fait descendre, après l'avoir reçue).
=> Pourquoi ne l'ont-ils pas reçu à la place du peuple juif?

De plus, Hachem a le statut ("din") d'un Cohen.
=> Dans ce cas, comment a-t-Il pu avoir le droit d'entrer parmi les impuretés de l'Egypte afin de délivrer les juifs?

-> Le Choul'han Arou'h ('Hochen Michpat 175) répond à ces 2 questions.

Un Cohen a le droit de se rendre impur lorsqu'il s'agit de son enfant.
Ainsi, le fait que Hachem ait personnellement fait sortir les juifs d'Egypte, est la preuve qu'ils sont Ses enfants.

La loi juive est que le droit de "bar métsra" (la priorité accordée aux voisins), ne l'emporte pas sur les droits des enfants.
Ainsi, il ne s'applique pas aux anges, puisque les juifs (les enfants de Hachem) ont priorité pour hériter de la Torah.

[Pardess Yossef]

=> Tout cela nous prouve clairement que les juifs sont les enfants de D.! Quelle fierté!!

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-> L'abréviation des 10 plaies : "détsa'h adach béa'hav" (דצ'ך עד'ש באח'ב), a la même guématria (501) que le mot : "achèr" (qui - אשר).

Les 10 plaies que Hachem a infligé à l'Egypte, ont amené la libération des juifs et la reconnaissance de la grandeur du Maître du monde.
[Na'hal Kédomim]

Le verset peut se lire :
-> "Je suis Hachem ton D." ;
-> "qui" (achèr - אשר) = par les 10 plaies dont l'abréviation est : דצ'ך עד'ש באח'ב ;
-> "t'ai fait sortir du pays d'Egypte"

"Pourquoi Yitro a-t-il mérité d'avoir une paracha entière sur ses conseils proférés (l'établissement de juges), alors qu'il n'était pas encore juif?

C'est une leçon éternelle aux juifs que la sagesse et le bon sens ne sont pas les raisons pour lesquelles Hachem les a choisis pour être Sa nation, puisqu'il y a également beaucoup de sagesse et de bon sens qui peuvent se trouver parmi les nations du monde.
C'est seulement grâce à Sa bonté envers nous, et Son grand amour pour nos ancêtres, qu'Il nous a choisi afin d'être Sa nation unique."

[Ohr ha'Haïm haKadoch - Yitro 18,24]

"Ils se tinrent au pieds de la montagne" (Yitro 19,17)

-> Rachi rapporte la guemara (Shabbath 88a) : La montagne a été arrachée à son endroit et a été renversée sur eux comme une coupole.

-> Ensuite, Hachem leur déclara : "Si vous acceptez la Thora, c’est bien. Sinon, là-bas vous serez enterrés".
N'aurait-il pas été plus logique qu'il soit dit : "Sinon, ICI vous serez enterrés", c’est-à-dire sous la montagne?

En fait, nos Sages disent que si les juifs n’avaient pas accepté la Torah, le monde entier aurait été détruit, car le monde n’existe que grâce au mérite de la Torah.
Dès lors, "sinon (si vous n’acceptez pas la Thora, alors) là-bas vous serez enterrés" = pas seulement sous la montagne, mais partout où vous pourrez vous trouver, car tout disparaîtra.
[le 'Hafets ‘Haïm]

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-> La montagne au-dessus d'eux avait une forme semblable à une coupole
Selon rabbi Moché Soloveitchik (véaIch Moché), c'est une allusion au fait que que si les juifs refusaient la Torah, ils auraient certes pu continuer à vivre mais leur vie serait alors limitée/vide, à l'image de d'un prisonnier sous un dôme, une coupole.
En effet, seule la partie matérielle existerait, sans aucune possibilité d'élévation vers le Ciel par la spiritualité.

Ainsi, Hachem voulait leur dire qu'ils ne mourraient pas écrasés physiquement sous la montagne, mais que spirituellement ils allaient être morts, enterrés dans la matérialité.

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+ Celui qui est forcé : c'est là sa force!

-> Le rav Yérou'ham de Mir rapporte la guémara (Avoda zara 2,1) selon laquelle les nations du monde, à la fin des temps, se plaindront à Hachem : "Pourquoi ne nous as-Tu pas retourné la montagne du Sinaï sur nos têtes en nous forçant à recevoir la Torah".
Apparemment, cette montagne retournée sur nous, serait un atout du peuple juif que les nations nous envieront.
D’ailleurs, nous-mêmes nous pouvons nous demander pourquoi une fois que le peuple juif a dit : "Naassé véNichma" (nous ferons et nous comprendrons), il a été nécessaire pour Hachem de nous retourner la montagne sur nos têtes?

La réponse se trouve dans le midrach (Dévarim rabba 4,2) qui enseigne : "la Torah et l’épée sont descendus du Ciel enveloppées l’une dans l’autre" = ce qui signifie que la particularité du don de la Torah est qu’il s’est fait avec une dimension d’obligation extraordinaire (c'est la Torah ou la vie!).
Non seulement les juifs ont concentré toute leur volonté à tel point qu’ils ont pu prononcer le célèbre : Naassé Vénichma, mais en plus Hachem Lui-même a retourné la montagne sur leurs têtes afin d’augmenter leur niveau d’obligation.
La Torah elle-même est descendue du Ciel avec l’épée, ce qui signifie que son application sera maintenant : Pikoua’h nefech : une question de vie ou de mort pour le Klal Israël.

=> Est-ce une manière de nous effrayer, de nous forcer, de nous punir?
Pas du tout. La dimension d’obligation est en réalité le synonyme et le secret de perfection.
Le fait même de pouvoir choisir entre le bien et le mal est un défaut immense qui existe dans l’Humanité.
Certes, c’est ce libre arbitre qui donne à l’homme du mérite, mais le fait même qu’il puisse hésiter avec le mal, avec la paresse, avec la colère, ... est en soi un défaut immense ; même si au final il choisit le bien.
En effet, la Torah qui est parfaite (Torat Hachem temima), devait forcément être donnée dans une dimension d’obligation immense qui serait synonyme de sa perfection.
Les mitsvot n’ont de force que lorsqu’elles sont obligatoires : c'est une injonction d’Hachem ; car là est aussi le secret de leur perfection. [un acte banal, devient infiniment puissant une fois que Hachem nous l'ordonne!]
De même, chaque Ben Israël n’atteindra sa plus grande force et sa plus grande perfection que lorsqu’il aura réussi, de son propre gré, à se rendre complètement contraint et forcé à la Torah et aux mitsvot.

Le rav Yérou'ham de Mir ajoute : "Ne crois pas que quelqu’un qui fait quelque chose en traînant le pas et en forçant sa nature, il s’appelle quelqu’un qui est arrivé à la ‘’parfaite contrainte’’. Voici qu’au sujet des astres nous disons ‘’smeh’im bétsétam vésassim bévoam (ils se réjouissent lorsqu’ils sortent [pour accomplir la volonté d’Hachem], et ils exultent lorsqu’ils reviennent - dans la bénédiction sur la lune).
De même les anges se déplacent comme le feu tant ils sont enthousiastes et empressés d’accomplir la parole d’Hachem.
Lorsque l’on parle de cette ‘’obligation’’ et de cette ‘’contrainte’’ qui sont perfection, il faut plutôt entendre que c’est un niveau où la volonté de l’Homme est tellement puissante et la perception d’Hachem qui L’enjoint, est tellement grande qu’il n’y a plus de place pour l’hésitation, qu’il n’y a plus de place pour la paresse, qu’il n’y a plus place pour le libre arbitre.
En réalité, c’est par le mérite que nos ancêtres ont dit : "Naassé vénichma" qu’ils ont pu voir la montagne du Sinaï se retourner sur eux ; et les nations du monde nous l’envierons à la fin des temps.
Ils demanderont à Hachem pourquoi ils n’ont pas mérité cela et Hachem leur répondra : par votre manque de bonne volonté (comme le prouve la mitsva de Soucca qu’ils vont recevoir, mépriser et fuir son inconfort dès que la chaleur devient trop intolérable pour eux, comme le raconte la guémara).

Il en ressort que n’ont pu être sortis d’Egypte que les juifs qui présentaient en eux une vraie disposition aux mitsvot, une volonté profonde de s’assujettir à la volonté d’Hachem.
Comme le dit le midrach lui-même, beaucoup de Bné Israël étaient encore attachés à l'idôlatrie, d’autres étaient attachés à l’argent et certains n’avaient pas une volonté entière de se soumettre aux mitsvot.
Tous ces Bné Israël n’ont même pas pu entendre l’appel d’Hachem et ont disparus pendant la plaie de l'obscurité car ils n’étaient pas aptes à rentrer et à recevoir le joug de la royauté d’Hachem.
[d'après le Néféch Yéhoudi - Bo (5778)]

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-> Rabbi Its'hak de Gour disait :
On sait qu'au moment où D. a révélé la Torah au peuple d'Israël, il a menacé de retourner la montagne sur lui comme un entonnoir. Mais cela est d'autant plus curieux que le peuple avait déjà proclamé avec solennité : "Nous ferons et nous entendrons" (Michpatim 24,7).

En vérité, au moment où le peuple se tenait au pied de la montagne et qu'il entendit les 10 Paroles : "Tu ne tueras pas", "Tu ne voleras pas", ... les "belles âmes" d'Israël haussèrent les épaules.
Quoi? Et c'est pour nous dire cela qu'on nous a dérangés alors que nous nous attendions à des proclamations plus profondes et plus substantielles.
C'est à nous que l'on dit : "Tu ne voleras pas", "Tu ne convoiteras pas"? Non mais pour qui nous prend-on?

C'est alors que Moché retourna la montagne sur eux et leur dit : surtout ne bougez pas. Cela concerne vous aussi!
Car si vous analysez les choses en profondeur, vous vous apercevez qu'il y a, en chacun de vous aussi, une petite part du mauvais penchant, du mauvais instinct du vol, de celui du meurtre et certainement de celui de la course au profit.
Vous imaginez sans doute que vous êtes à l'abri de cela? Eh bien non : "Tu ne tueras pas", "Tu ne voleras pas", "Tu ne te prostitueras pas", ...

[chacun des commandements impliquent énormément de choses, comme par exemple le fait de provoquer un sentiment de honte à autrui en public, qui est assimilable à être un meurtrier.]

"Ils dirent à Moché : Parle-nous ... que D. ne nous parle pas de peur que nous mourions" (Yitro 20,16)

Pourquoi avaient-ils peur de mourir?
Existe-t-il une mort aussi belle et agréable que le fait de mourir à un tel niveau spirituel, brûlant d’un feu ardent dans l’amour d’Hachem, rejoignant la présence Divine tel un fils qui courre vers son père. Espéraient-ils avoir plus tard une meilleure mort que celle-ci?

Il y a beaucoup d’anges, dans le Ciel qui récitent la louange Divine une seule fois dans leur existence, y mettant toute leur vitalité, au point de disparaître juste après, s’incluant dans la Lumière Divine.
Malgré tout, Hachem ne s’est pas contenté de cela, il a créé un monde matériel pour que l’homme y dévoile Sa Royauté grâce à l’accomplissement des mitsvot et par l’étude de la Torah.

Telle était la crainte du peuple. Ils avaient peur de mourir, car Hachem ne souhaite pas que les hommes meurent dans l’amour d’Hachem [mais plutôt qu'ils vivent dans Son amour].
En effet, pour cela, D. ne manque pas d’anges qui sont ainsi.

[Rabbi Aharon de Karlin – le Beit Aharon]

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-> "Ils dirent à Moché : Parle-nous … que D. ne nous parle pas de peur que nous mourions.
Moché répondit au peuple : "Soyez sans crainte! c'est pour vous mettre à l'épreuve que Hachem est intervenu ; c'est pour que sa crainte vous soit toujours présente, afin que vous ne péchiez point." (Yitro 20,16-17)

Rabbi Mendel de Kotzk commente que Moché dit à la nation juive : "Vous ne devez pas avoir peur de la mort (pen namout). Votre peur principale doit être de ne faire aucune faute (lévilti té'hétaou).
[une faute = une forme de mort spirituelle]

"Tout le peuple vit les voix" (Yitro 20,15)

-> Hachem créa le monde par 10 Paroles Créatrices.
Ces Paroles sont constamment présentes dans le monde et ce sont elles qui le font exister sans cesse. Cependant, elles sont tellement cachées qu’on ne les perçoit pas, d'où le risque de ne pas savoir que c’est Hachem qui fait exister le monde. On peut en venir à imaginer, D. préserve, que le monde tient de lui-même.

Mais au moment du don de la Torah, "Tout le peuple vit les voix" = Ils virent clairement ces Paroles Divines qui font exister le monde en permanence. Ainsi, ils purent prendre conscience de façon tangible et claire que Seul Hachem est le Créateur qui maintient le monde et que sans l’existence qu’Il y insuffle, le monde ne peut pas tenir même ne serait-ce qu’un instant.

[Rabbi 'Haïm de Volozhin - Néfech ha'Haïm]

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-> Le Kli Yakar enseigne :
"Il est probable que chaque parole qui sortait de la bouche d'Hachem se matérialisait immédiatement et avait une consistance, au point qu'on voyait dans l'air toutes les lettres qui volaient, comme si tout était écrit devant eux.
C'est pourquoi les Sages ont dit que lorsque Moché a brisé les Tables de la Loi (lou'hot), les lettres s'envolaient dans l'air."

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-> Le Ahavat Shalom (rabbi Ména'hem de Kossov) commente sur ce verset :
Lorsque les juifs se tenaient devant le mont Sinaï, leur nature physique se sépara d'eux et pour un bref instant, ils furent capables de voir, avec l’œil de l'esprit, les concepts et les idées que l'on peut comprendre normalement seulement après les avoir entendus.
Ils "virent les sons" signifie que leur esprit appréhendait la Torah directement, sans passer par le processus de l'écoute.

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-> "Or, tout le peuple vit les voix, les éclairs, le son du chofar et la montagne fumante, et le peuple, à cette vue, trembla et se tint à distance" (Yitro 20, 15)

Le Nétsiv (Haémek Davar) commente :
Au début il est écrit "tout le peuple vit", c’est-à-dire qu’ils ont mérité de voir une chose extrêmement élevée en sainteté, plus que ce qu’un ange peut voir et qu’aucun être humain ne mérite de percevoir.
Mais ensuite il est écrit "Le peuple à cette vue, trembla" = ils avaient vu quelque chose qui dépassait en réalité leurs capacités, comme un homme qui porte pendant un moment un fardeau bien trop lourd pour lui et qui ne peut donc plus se tenir immobile et doit s’agiter sans cesse. De même, ‘‘le poids’’ de sainteté était au-delà de la force des bnei Israël, ce qui les a fait trembler.

"[Hachem a dit : ] Mets des limites autour du mont [Sinaï] et sanctifie-le" (Yitro 19,23)

Le mot : "mont", s'écrit en hébreu : הַר (ar).

Mettons des limites, des barrières autour de ce mot :
- les lettres qui encadrent le ה (venant avant et après) sont : le ד et le ו.
- de même, les lettres qui encadrent le ר sont : le ק et le ש.

Ce qui forme le mot : קדוש (kadoch - saint).

=> Ainsi, lorsque nous avons des barrières protectrices pour évoluer selon la Torah, on devient soi-même kadoch.

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-> Certains Sages (Panim Yafot, Guévourot Arié) voient dans ce verset : "Délimite la montagne et sanctifie-là", une allusion : grâce aux limitations qu'un homme s'impose, il se sanctifie.

-> Le midrach (Chémot rabba 19,2) enseigne :
"On a demandé au serpent : pourquoi te caches-tu souvent à proximité des barrières?
Il répondit : Parce que j'ai fait une brèche dans les barrières du monde!"

Le rav Elimélé'h Biderman explique :
On demande au serpent qu'il nous dévoile la raison pour laquelle il investit autant d'efforts afin d'inciter les hommes à franchir les limites qu'ils s'imposent.
Ce à quoi il répondit qu'à partir de là, le chemin est court jusqu'à les faire trébucher complétement.
C'est ainsi qu'il réussit autrefois à séduire 'Hava et à l'inciter à ouvrir une brèche dans l'interdiction qu'elle s'était imposée à elle-même de ne pas toucher à l'arbre de la Connaissance (alors que Hachem avait interdit uniquement la consommation de ses fruits), et c'est à partir de là qu'elle en vint à transgresser l'ordre Divin lui-même.
[le serpent la poussée pour qu'elle touche l'arbre. Or, sa barrière à la faute était de ne pas même toucher l'arbre. Une fois qu'elle a dépassé sa barrière, le serpent pouvait plus facilement la tromper à en venir à manger le fruit.]

[d'un côté on ne doit pas ajouter excessivement d'interdits, car comme le dit la Torah : si on en ajoute, on viendra à en retirer.
Mais il est nécessaire d'avoir un "choul'han aroukh personnel", c'est-à-dire des barrières personnelles, car nous connaissons notre faiblesses personnelles, et nous savons que nous allons en venir à fauter si on n'est pas un peu plus restrictif dans un domaine donné.
Du coup, on met à certains endroits risqués une barrière qui nous évite de tomber dans le ravin de la faute.]

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-> Normalement Moché aurait dû appeler son premier enfant : Eliézer, pour louer Hachem de l'avoir sauver.
Pourquoi alors a-t-il nommé son aîné : Guerchon?
Le 'Hafets 'Haïm explique que Moché voulait tout d'abord pouvoir toujours se souvenir qu'il était dans une nation étrangère (guèr = étranger), et ce afin de ne jamais en venir à être influencé par les habitudes et la culture locales.
[d'une certaine façon, à ses yeux il était plus important de mettre en place une barrière protectrice (à chaque fois qu'il appellerai son fils), plutôt que de remercier Hachem (constamment, en appelant son fils).]

[le rav Elimélé'h Biderman dit que si Moché était vigilant à ne pas être influencé par les goyim, à combien davantage devons-nous également y être vigilants.
Cela est d'autant plus vrai dans notre génération, et les parents doivent faire attention que les mauvaises influences ne gâchent toute la pureté de nos enfants.]

-> "[Pharaon dit :] "Je les poursuivrai et je les atteindrai, je partagerai leur butin (a'halék chalal), je dégainerai mon glaive et je les anéantirai" (Béchala’h 15,9)

=> Comment Pharaon pouvait-il être si sûr de son coup?
Le rav Elimélé'h Biderman fait remarquer que le mot : "butin" (chalal - שלל) est l'acronyme de : chem (nom), lachon (langage) et lévouch (habit, vêtement).
Pharaon pensait qu'il arriverait à persuader les juifs d'abandonner ces 3 choses (c'est le butin des juifs, car grâce à cela ils ont pu traverser l'esclavage égyptien et méritaient d'en être sauvés).
Et à ses yeux puisqu'ils quitteraient ces 3 barrières protectrices, alors c'est sûr qu'il sera capable de les conquérir.

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-> "Hachem en dirigea pas le peuple juif par le pays des Philistins car il est proche" (13,17)

Rachi commente : il était facile de retourner en Egypte par le même chemin.

Le Chla haKadoch dit que Hachem a fait prendre aux juifs un chemin plus long, afin qu'ils leur soient plus difficile et moins tentant de se rebeller et de revenir en Egypte.
Selon le Chla haKadoch, d'après ce verset nous devons faire de même et faire des barrières et des limites personnelles afin de nous protéger de la faute.
[on pense à nos faiblesses actuelles, et à ce qui peut être mis en place pour éviter d'en venir à fauter.
En effet, sur une terrasse en hauteur on met toujours un parapet, une barrière protectrice. Elle nous tient plus à distance qu'elle va nous empêcher effectivement de tomber. De même avec nos limitations.

Le rav de Brisk faisait remarquer que nous mettons en place pleins de barrières pour se protéger de toute perte matérielle (ex: un coffre, un système d'alarme, une porte sécurisée, ...), alors que nos possessions ne sont nôtre que pendant une durée limitée. Combien davantage plus nous devrions nous préoccuper de protéger notre capital spirituel qui lui est éternel! ]

-> "Paix, paix, pour qui s'est éloigné comme pour le plus proche" (shalom shalom lara'hok vélakarov - Yéchayahou 57,19)
Le Chla haKadoch commente que celui qui est à distance de la faute (ra'hok - רָחוֹק), alors il est proche de Hachem (karov - קָּרוֹב).

[ainsi à l'image des Bné Israël qui devaient être à distance du mont Sinaï, où Hachem s'est révélé et leur a parlé avec une proximité inégalée, de même nos barrières personnelles sont ce qui va nous assurer d'avoir le plus possible de proximité avec Hachem.]

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-> Le rav Shimshon Pinkous raconte que dans sa jeunesse, il allait à un cours d'un grand rabbi 'hassidique, et il essayait de se rapprocher du rabbi, mais on lui a dit de ne pas s'asseoir si proche.
Se tenant à distance, il a vu un jeune enfant s'asseoir exactement où il était assis auparavant, et personne ne lui a dit de partir.
On a alors expliqué à rav Pinkous qu'il s'agissait du petit-fils du rabbi.
Le rav Pinkous a alors compris ce que signifie le fait que les juifs sont proches d'Hachem (ils sont Ses enfants - banim atem l'Hachem). En effet, il n'y a alors aucune limites aux niveaux que nous pouvons atteindre. Un juif peut évoluer dans sa vie jusqu'à s'asseoir très très proche de Hachem (à l'image de garçon à côté du rabbi, son grand-père).

On peut illustrer la notion de barrières personnelles de protection contre les fautes, par l'idée suivante :
"L'amour d'Hachem brille dans les interdictions de la Torah, par lesquelles Il guide ses précieux enfants dans une vie la plus agréable et joyeuse qui soit, et ce non seulement dans le monde à Venir, mais également pendant la durée de leur vie dans ce monde." (rabbi David Its'hak Rabinowitz de Skolia - 'Hayé Sarah).

[les limites que nous nous imposons doivent être ce qui nous permet d'avoir une vie actuelle et future, la plus épanouissante, car au plus proche de papa Hachem.
Ce n'est pas des barrières qui doivent emprisonner, causer du tord à quiconque, au contraire!]

Shabbath est la pensée de D., les autres jours Sa parole

"Les jours de la semaine, vous pouvez travailler et accomplir tout votre travail, mais le 7e jour est un Shabbat pour Hachem, votre D." (Yitro 20,9-10)

-> Ce passage peut être compris à la lumière de la déclaration du Zohar (2:88a) concernant les mots : "Hachem a béni le 7e jour et l'a sanctifié" (Béréchit 2,3) = "Il l'a béni par la manne (en faisant descendre de la manne supplémentaire le 6e jour) et l'a sanctifié par la manne (en ne faisant pas descendre de manne le 7e jour)".

En règle générale, il y a des personnes qui parlent sans interruption, tandis que d'autres ponctuent leur discours de pauses, se donnant ainsi le temps de réfléchir à ce qui doit être dit.
A l'instar de ce 2e type de personne, les 6 jours de la Création correspondent au domaine de l'action, dans lequel la parole de D. s'est déjà manifestée.
En revanche, le Shabbath fait allusion au domaine de la pensée, aux pauses entre les mots.

C'est pourquoi la manne, qui est l'actualisation physique de la bénédiction d'Hachem, n'est pas tombé le Shabbath, puisque le Shabbath symbolise le domaine de la pensée, où le potentiel n'a pas encore été actualisé. Ce domaine est caché et dissimulé dans le Ein Sof, et il ne peut être révélé à l'humanité et se manifester dans le domaine de l'action. Ce n'est que pendant les 6 jours ouvrables que le domaine physique de l'action peut se manifester. Néanmoins, tout émane et coule de la pensée, qui influence ensuite la parole et se manifeste en tant que telle.
En conséquence, Shabbath affecte les 6 jours de travail qui suivent. (Zohar 1:75b)

C'est la signification de l'énoncé : "Il l'a béni avec la manne et l'a sanctifié avec la manne". La bénédiction pour que la manne tombe pendant la semaine provient du Shabbath.
Shabbath est "la source de la bénédiction" (mékor habéra'ha - Lé'ha Dodi) et la manne est la manifestation physique de cette bénédiction. La manne sert d'archétype à toute la générosité dont nous jouissons pendant les six jours de la semaine, et qui découle de Shabbath.

Par conséquent, pendant la semaine, lorsque le monde de l'action se manifeste, sa composante divine n'est pas discernée empiriquement, c'est-à-dire que nous ne pouvons pas voir la divinité dans les choses et les actions physiques.
Cependant, le Shabbath, l'aspect physique/matériel de la création est dissimulé et caché au sein de D., car seul le domaine de la pensée est alors manifeste ; il est donc possible de discerner empiriquement que tout est "une portion de Dieu en haut" (Iyov 31,2).

C'est l'allusion au verset "Tu peux travailler 6 jours et accomplir tout ton travail, mais le 7e jour est un Shabbat pour Hachem, Ton D." = le Shabbath, tout retourne à sa racine, à la cause de toutes les causes, et l'aspect divin de la réalité est palpable, car nous réalisons alors qu'en vérité, il n'y a pas de physicalité indépendante. [Likouté Torah - Béhar].
Au contraire, la nature matérielle de la réalité est dissimulée et cachée dans la pensée d'Hachem, et tout ce que nous percevons est l'aspect Divin de la réalité.
[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev - Kédouchat Lévi - Yitro 20,9-10 ]

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-> Les jours de la semaine manifestent la parole de D., tandis que le Shabbat manifeste la pensée de D.

"Le peuple vit, ils tremblèrent et se tinrent à distance" (Yitro 20,15)

Il est possible de voir le don de la Thora ("le peuple vit"), de trembler ("et ils tremblèrent") et de s’enthousiasmer. Et malgré tout, on peut encore rester loin de tout cela ("et se tinrent éloignés") et ne pas se sentir complètement concernés.

[Rabbi de Kotsk]

Nous pouvons "voir" un beau cours de Torah, en vibrer de plaisir, mais cependant en rester loin, dans le sens où les paroles de Torah ne vont pas nous accompagner dans notre vie au quotidien. [ki èm 'hayénou]

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-> "Le peuple vit, ils tremblèrent et se tinrent éloignés" (Yitro 20,15)

Tant qu'un homme n'a pas pris conscience de la Grandeur Infinie d'Hachem, il risque d'imaginer que quand il s'élève spirituellement et réalise les mitsvot, qu'il se trouve alors très proche de Lui.
Mais, quand il prendra conscience de l'Infinie Grandeur d'Hachem, alors il se sentira si petit et ressentira que même après tous les progrès spirituels qu'il aura réalisés et toute la proximité avec Hachem qu'il aura atteint, il reste encore infiniment éloigné de Lui.

Avant d'assister à l'événement du don de la Torah au mont Sinaï, le peuple pouvait s'imaginer être très proche d'Hachem. Mais quand ils vécurent la Révélation Divine du don de la Thora sur le mont Sinaï, alors "le peuple vit" la Grandeur Divine. Dès lors, "Ils tremblèrent et se tinrent éloignés", ils comprirent qu'Hachem restera toujours si élevé, qu'ils se tiendront toujours éloignés de Lui.
C'est à dire que même si on s'approche d'Hachem par l'accomplissement des mitsvot, malgré tout, même alors, on reste quand même infiniment éloigné de Lui.

=> Par rapport à Hachem, même quand on est infiniment proche (grâce aux Mitsvot), on reste encore infiniment éloigné, tellement Il est Grand.
[Divré Emouna]

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"Tout le peuple vit le tonnerre, les flammes, le son du Shofar et la montagne fumante ; le peuple vit, ils tremblèrent et se tinrent à distance" (Yitro 20,15)

-> Au moment où le feu est descendu sur le mont Sinaï, l'endroit s'est totalement vidé d'air, devenant impossible à y vivre. Le peuple juif a alors survécu par miracle.

Cette absence d'air a permis au peuple de voir la voix de Hachem.
[Dans le vide, le son ne trouve plus de support matériel pour se propager!]

Avant de recevoir la Torah, toutes les impuretés de ce monde se sont dissipées, et le peuple a alors pu voir D.
[Ben Ich 'Haï - Ben Yéhoyada - Shabbath146a]

-> "Lorsque le peuple juif s'est tenu au mont Sinaï, leur impureté les a quittés"
[guémara Shabbath 146a]

[absolument rien ne se tenait plus entre Hachem et nous : même pas une impureté, même pas l'air!]

-> Selon le Maharam Schick, nous avons reçu la Torah dans des conditions extrêmes, pour nous enseigner qu'en toute situation, nous devons rester fidèles à la Torah.

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"Le peuple vit, fut pris de tremblement et ils se tinrent au loin" (Yitro 20,15)

=> Nos Sages apprennent de là qu'à chaque Parole prononcée par Hachem, les juifs furent propulsés en arrière et en moururent au point qu'Hachem dut à chaque fois les faire revivre. Mais pourquoi fallait-il passer par une telle situation?

-> C'est que quand une personne accomplit une action avec abnégation et don de soi, cette action devient durable et éternelle. Ainsi, pour que le don de la Torah soit pérennisé et éternisé, il fallait que les Hébreux donnent leur vie pour cet événement.
C'est parce que le peuple "fut pris de tremblement", au point d'en perdre la vie, qu'ils "se tinrent au loin", c'est-à-dire que cet événement pouvait avoir une existence éternelle, à très longue durée, jusqu'à ''très loin''.
[Divré 'Hana]