"Lorsqu'une femme concevra et enfantera un garçon, elle sera impure durant une période de 7 jours" (Tazria 12,2)
-> Pourquoi une femme qui accouche est-elle impure?
En général, l'impureté provient d’une présence de sainteté qui s’en va. C'est ainsi qu'au moment de la mort, où l’âme qui est extrêmement sainte se retire, alors c’est l’impureté qui vient prendre la place vacante.
Or, nos Sages (guémara Taanit 2a) enseignent que la clé de l’enfantement appartient uniquement à Hachem.
Cela signifie qu’au moment de l’accouchement, Hachem Lui-Même vient permettre au nouveau-né de sortir du ventre de sa mère.
Cependant après l’accouchement, la Présence Divine se retire, et c'est ce retrait de la Sainteté qui provoque l’impureté de l’enfantement.
[Rabbi Mendel de Kotsk - Amoud ha'Emét]
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"Lorsqu'une femme concevra et enfantera un garçon, elle sera impure durant une période de 7 jours ... et si elle enfante une fille, elle sera impure durant 2 semaines" (Tazria 12,2-5)
Pourquoi une telle différence de durée d'impureté?
-> Le Ohr ha'Haïm donne la réponse suivante.
Lorsqu'une femme est enceinte d'une fille, elle s'apprête à mettre au monde un futur créateur de vie, entraînant que la sainteté est plus élevée que lorsqu'elle porte un garçon.
C'est pourquoi après la naissance, la mère a un vide de sainteté plus important pour une fille, qui laisse place à davantage d'impureté de venir combler ce vide.
Il en découle que la mère a besoin de plus de temps pour redevenir pure.
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-> "Une femme qui conçoit et enfante un mâle" (Tazria 12,2)
-> Nos Sages apprennent de ce verset que quand c'est la femme qui "ensemence" en premier, c'est un garçon qui naîtra.
On peut l'expliquer d'après l'allusion. En effet, le lien entre Hachem et Israël est comparé au lien entre un homme et son épouse, la femme symbolisant l'assemblée d'Israël. Quand la "femme ensemence en premier", c'est-à-dire quand le peuple d'Israël s'éveille pour s'approcher d'Hachem en premier, avant même qu'Hachem ne les pousse d'En-Haut à se rapprocher de Lui, alors ce sera un mâle qui naîtra. Le "mâle" symbolise la vigueur et la force.
Si les Juifs n'attendent pas qu'Hachem les réveille et qu'ils se rapprochent de Lui d'eux-mêmes, alors le rapprochement qui en naîtra et en découlera sera plus fort et plus intense, ce sera un "mâle".
[Kédouchat Lévi]
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"Lorsque s'achèveront les jours de sa pureté pour un fils ou pour une fille, elle apportera un mouton dans sa 1ere année comme offrande d'élévation, et une jeune colombe ou une tourterelle comme offrande de faute" (Tazria 12,6)
Pourquoi une femme qui a accouché doit offrir 2 sacrifices différents (un d'élévation et un de faute)?
-> C'est parce qu'elle doit obtenir le pardon pour 2 sortes de fautes :
1°/ le ressentiment qu'elle peut avoir éprouvé contre son mari, voire contre son Créateur, durant l'accouchement que vient expier l'offrande d'expiation (Ibn Ezra) ;
2°/ le serment qu'elle a peut-être fait, au milieu des douleurs de l'enfantement, de ne plus jamais cohabiter avec son mari, que vient expier l'offrande de faute (guémara Nidda 31b).
[Rabbi Chimon bar Yo'haï dit à ses élèves : "Lorsqu'une femme ressent les douleurs de l'accouchement, elle jure de n'avoir jamais plus d'intimité avec son mari. C'est un vœu qu'elle n'observera pas car elle ne peut refuser les relations avec son époux. La Torah demande donc que la femme offre un sacrifice expiatoire pour expier le serment vain qu'elle a prononcé."]
-> Rabbénou Bé'hayé explique que la nouvelle mère n'a pas besoin d'obtenir le pardon sur une faute qu'elle a commise personnellement, mais plutôt son ancêtre : 'Hava.
En effet, avant la consommation du fruit de l'Arbre de la Connaissance, la conception d'un enfant se faisait comme un arbre qui donne ses fruits, c'est-à-dire sans aucune souffrance.
Cette faute a comporté à la fois une mauvaise pensée et une action interdite, et c'est pour cela qu'après une naissance, chaque mère doit apporter 2 sacrifices :
- une offrande d'élévation = pour expier la mauvaise pensée afférente ;
- une offrande de faute = pour expier l'acte interdit commis par 'Hava.
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-> Rabbi David Pinto (la voie à suivre n°877) écrit :
"Le mot "korban" (sacrifice/offrande) vient du terme "hakrava", qui signifie "dévouement, sacrifice".
Autrement dit, pour atteindre l’unité, il faut sacrifier de sa propre personne pour autrui. C’est seulement en mettant de côté ses propres désirs et en prenant en compte les volontés de son prochain que l’on peut atteindre le niveau élevé d’unité ...
La femme qui, en accouchant, a eu un sentiment négatif vis-à-vis de son mari, doit apporter un sacrifice expiatoire, parce que l’homme et la femme sont liés par la chair et que le Nom de D. réside entre eux. Mais en proférant de mauvaises paroles contre son mari, elle a écarté la présence Divine, c’est pourquoi elle doit offrir un sacrifice expiatoire".
[le mot korban est aussi lié au mot "karov" (proche), car il permet de nous rapprocher de D. suite à notre éloignement par nos erreurs/fautes.]
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-> La guémara raconte que les élèves de rabbi Chimon bar Yo'haï lui demandèrent : "Pour quelle raison une femme qui enfante un garçon est-elle impure pendant 7 jours alors qu'une femme qui met au monde une fille est impure pendant 14 jours?"
Il répondit : "Hachem connaît les pensées les plus profondes de l'homme. Il sait qu'une femme donnant naissance à un garçon en est très heureuse.
Elle regrette le serment qu'elle a prononcé et désire à nouveau avoir des relations avec son mari. Elle est donc pure après 7 jours.
Cependant, si elle met une fille au monde, elle n'est pas pleinement satisfaire et appréhende les douleurs de l'enfantement que sa fille devra supporter elle aussi à l'âge adulte.
Une plus longue période passe avant qu'elle ne regrette son serment ; elle doit donc attendre 14 jours avant de devenir pure."
[Méam Loez - Tazria 12,6-8]
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-> La guémara (Nida 31b) enseigne :
Pourquoi la Torah stipule-t-elle qu’une femme qui a accouché d’un garçon [est pure] au bout de 7 jours, et au bout de 14 si c’est une fille? ... Parce qu’à la naissance d’un garçon, tout le monde se réjouit ; aussi regrette-t-elle son voeu au bout de 7 jours ; la naissance d’une fille, au contraire, attriste tout le monde, et elle ne regrette son voeu qu’au bout de 14 jours".
Le Maharcha commente : "Concernant un fils, les gens se réjouissent qu’il n’ait pas à subir plus tard les souffrances de l’accouchement. S’agissant d’une fille, tout le monde s’attriste qu’elle ait elle aussi, à l’instar de sa mère, à subir les douleurs de l’enfantement".
-> Le Kli Yakar quant à lui explique :
"Si la femme qui accouche d’une fille est impure 2 semaines, c’est qu’elle prend sur elle l’impureté de deux femmes : la sienne et celle de sa fille. Car toute femme est tributaire d’une impureté de 7 jours liée à la faute originelle (qui eut pour conséquence la fameuse malédiction : ‘Et tu enfanteras dans la douleur’) et l’impureté s’ajoute à l’impureté".
-> Par ailleurs, ‘Hava ayant fauté la première puis poussé son mari à fauter, son péché nécessite une double réparation (la purification pour une fille) par rapport à celle d’Adam (la purification pour un garçon) [Ets Daat Tov]
[A noter que la femme qui accouche doit amener 2 Sacrifices : un Ola (Holocauste) et un ‘Hatat (Expiatoire), car explique le Chem miChmouel, la femme répare, à chaque naissance, la faute originelle de ‘Hava. Cette première transgression fut en réalité composée de 2 fautes : Tout d’abord dans la pensée lorsqu’elle crut les paroles du Serpent, puis par la suite lorsqu’elle mangea du fruit défendu.
Par conséquent, lorsque la femme accouche et expie cette faute originelle, elle se doit d’amener 2 Sacrifices : un Ola (qui répare les mauvaises pensées - son parjure) et un ‘Hatat (qui répare les mauvaises actions).]
-> Le Baal haTourim donne l’explication suivante : la période de 7 jours d’impureté de la femme qui a accouché d’un garçon peut être assimilée aux sept jours de deuil, puisque ce garçon qui vient au Monde est inéluctablement destiné à mourir un jour.
La fille qui vient de naître, elle-aussi, est destinée à mourir, mais avant elle mettra des enfants au monde destinés aussi à mourir, d’où une double période d’impureté assimilable à un double deuil.
[b'h, extrait d'un dvar Torah du feuillet de la communauté Sarcelles - Tazria 5782]
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-> Celui-ci les offrira devant Hachem, fera expiation pour elle, et elle sera purifiée du flux de son sang. Telle est la règle de la femme qui enfante, qu’il s’agisse d’un garçon ou qu’il s’agisse d’une fille (Tazria 12,7)
-> Le Ben Ich 'Haï commente
On voit de ce verset, comme Rachi nous le fait remarquer et comme la guémara (Sanhedrin 83b) le dit, que c’est le sacrifice qu’offre la femme qui lui amène la pureté. Or, pour l’amener au Temple il faut bien qu’elle se soit trempée au mikvé et soit déjà pure pour entrer. Donc, si elle est déjà pure avant le sacrifice, quelle pureté vient-il amener?
En fait, il faut comprendre quelle est la signification ici des mots "mékor damé'ha" (la source de son sang). Le verset ne parle pas comme on aurait pu le comprendre à priori de la matrice qui est à l’origine du sang de Nida, mais bien de l’impureté du serpent originel, qui en faisant fauter ‘Hava la première femme, lui a communiqué.
C’est cette impureté qui est à l’origine du processus du sang de Nida, et c’est jusqu’à ce niveau que le korban, le sacrifice de l’accouchée vient réparer et purifier. Il purifie de la cause de l’impureté vraiment et pas seulement de son symptôme.