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"En ce temps-là, j'implorai Hachem en disant" (Vaét'hanan 3,23)

Le mot "disant" (lémor) semble être redondant.
L'explication semble être la suivante : Moché a d'abord prié Hachem afin de lui permettre de prier.
"En disant" fait référence à ce qu'il voulait demander, sauf qu'au début, il était incapable de l'exprimer, car il était gêné d'être devant Hachem. C'est pourquoi Moché a dû implorer Hachem de l'aider à prier.
[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev - Kédouchat Lévi - Vaét'hanan 3,23]

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-> "Savoir devant qui l'on se tient" (voir Béra'hot 28b) est une composante indispensable de la prière.
Avant même de commencer à prier, nous supplions D. de nous aider à atteindre l'état de prière.
[nous devons réserver un temps avant de prier pour prendre conscience de la grandeur d'Hachem (qui peut tout), et réaliser à quel point Il est proche de tout ceux qui l'appelle (en prière), à quel point Il désire et apprécie chacune de nos prières. ]

Israël, un peuple unique, à l’image de l’Unicité d’Hachem

+ Entendre que Hachem est Un :

"Ecoutez Israël" (Shéma Israël - Vaét'hanan 6,4)

-> Selon nos Sages (Pirké Avot 6,2 ; Zohar 3,126b), chaque jour, un écho (voix) Divin retentit depuis le mont 'Horev (Sinaï) ... et que les justes méritent de l'entendre : C'est donc ce que signifie le verset lorsqu'il dit : "Écoute, Israël" (Shéma Israël).
Vous, peuple juif, êtes capables d'entendre, à chaque moment et à chaque instant, la voix qui émane et qui déclare : "Hachem, est notre D., Hachem est Un" (Hachem Elokénou, Hachem é'had).
[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev - Kédouchat Lévi ]

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=> Bien que seuls les justes (tsadikim) méritent d'entendre l'écho divin qui se répercute chaque jour depuis le mont 'Horev, l'expression "Écoute Israël" implique que tous les juifs sont considérés comme suffisamment justes pour entendre cet écho.

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+ Israël, un peuple unique, à l'image de l'Unicité d'Hachem :

"Ecoute Israël, Hachem est notre D." (Shéma Israël - Devarim 6, 4)

-> En vérité, le peuple juif a la capacité de provoquer la contraction et l'investiture de la Divinité en récitant ce verset.
Hachem s'investit d'un attribut particulier par le biais de la prière d'un juif ... lorsqu'on dit "aEl hagadol" (le grand D.) Hachem s'habit du trait de la grandeur (bonté), lorsqu'un juif prononce les mots "aguibor" (le puissant), Hachem s'habille du trait de grandeur de puissance (jugement sévère) ...
[en s'investissant dans un attribut particulier, Hachem (qui est infini), si l'on peut dire, va se limiter. ]

A l'avenir, il sera clairement perçu par toutes les nations du monde que le peuple juif possède un tel pouvoir. Telle est donc l'allusion au verset "Écoute, Israël", que Rachi explique comme se référant à l'avenir. En d'autres termes, ce pouvoir que le peuple juif possède sera révélé au monde entier dans le futur.

Telle est donc l'allusion à ces mots. Le fait que "Hachem est notre D.", c'est-à-dire qu'Il s'investit, pour ainsi dire, dans tout attribut que le peuple juif Lui loue, sera à l'avenir clairement perceptible par toutes les nations, et ainsi "Hachem sera Un", c'est-à-dire que le monde entier sera également conscient de cet aspect du comportement de D.
[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev - Kédouchat Lévi - Vaét'hanan 6,4 ]

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=> il est impossible pour les nations du monde de discerner le pouvoir que possède le peuple juif de réaliser l'investiture Divine. Elles ne seront capables de l'appréhender que dans le futur.

Se tourner soi-même vers Hachem

+ Se tourner soi-même vers Hachem :

"Car quelle est la grande nation dont Hachem est proche ... comme Hachem votre D. chaque fois que vous L'invoquez" (Vaét'hanan 4,7)

-> Un homme vint un jour trouver le 'Hafets 'Haïm et lui dit qu’il venait en tant que messager de son ami pour lui demander une bénédiction. Le 'Hafets 'Haïm dit tristement : "Oh vavoy! Un boucher envoie un autre boucher obtenir la bénédiction d’un troisième. N’est-ce pas ridicule! Ne serait-il pas préférable de se tourner vers le Maître lui-même? La Torah dit qu'Hachem est proche de tous ceux qui l’invoquent, donc chacun peut implorer son aide!"

Prier à tout moment

+ Prier à tout moment :

"Et j'ai imploré Hachem à ce moment-là en disant" (Vaét'hanan 3,23)

-> Le séfer Zéra Kodech demande pourquoi il est dit que Moché a prié à Hachem "à ce moment-là", sans préciser l'heure.

Il répond que cela vise à nous enseigner qu'une personne peut prier à Hachem à tout moment. Il ne faut jamais dire : "Je n'ai pas la tête à prier maintenant. Quand je serai capable de me concentrer correctement, je prierai".
Au contraire, il faut toujours prier à tout moment. Peu importe à quel point on se sent occupé ou déconcentré, on doit s'arrêter et prier à Hachem.

Il utilise cette idée pour expliquer le verset : "Et de là tu chercheras Hachem ton D., et tu Le trouveras" (Vaét'hanan 4,29). Où que l'on soit, quelle que soit la situation, on doit prier Hachem "de là" et on Le trouvera.

Ce qui paraît mauvais est en réalité bon

+ Ce qui paraît mauvais est en réalité bon :

"Quelle divinité a-t-elle accompli des miracles pour venir prendre une nation au milieu d'une autre ... comme tout ce que Hachem ton D. a fait pour toi en Égypte, sous tes yeux?" (Vaét'hanan 4,34)

-> Le rav Barou'h de Mezhibouzh explique l'expression "en Égypte, sous tes yeux" (bémitsraïm lééné'ha) en disant que les gens pensent souvent que leur situation est mauvaise. Ils la prennent pour "Mitsrayim" (מִצְרַיִם), c'est-à-dire que c'est une mauvaise période ("tsara").
Or, tout cela n'est que "à tes yeux" (lééné'ha). Cela ne te paraît mauvais que pour toi, mais en réalité, c'est pour ton bien.

Toute prière a un impact

+ Toute prière a un impact :

Hachem dit à Moché : "C'est trop pour toi! Ne continue pas à Me parler davantage de cette chose" (Vaét'hanan 3,26)

-> Le rabbi de Kretchnif (cité dans Guilyon Kol Emouna), note qu’il semble que Moché n’ait rien accompli avec ses 515 prières. [cela peut nous décourager si l'on ne voit pas la réalisation de nos prières malgré notre insistance. ]
Pourtant, en réalité, il a accompli de nombreuses choses. Bien qu’il n’ait pas mérité d’entrer en terre d’Israël, il en a accompli bien d’autres. C’est pourquoi Hachem lui a dit de ne plus parler de "cette chose". Il disait que ses prières ne serviraient à rien pour cette chose, mais qu’elles serviraient à bien d’autres.

[l'idée est que chacune de nos prières a un impact, est écoutée. Nous ne verrons le résultat qu'après notre mort dans le monde de vérité (ex: elle a aidé un juif ailleurs, elle va nous servir plus tard dans la vie, elle va aider un de nos descendants, ...)]

Le pouvoir de la prière avec des larmes

+ Le pouvoir de la prière avec des larmes :

"Et j'ai imploré (Vaét'hanan - וָאֶתְחַנַּן) Hachem à ce moment-là en disant" (Vaét'hanan 3,23)

-> Rachi dit que le mot : 'hinoun (חִנּוּן) implique toujours l'idée de "matnat 'hinam" (un don gratuit).
-> Le rabbi de Kretchnif (séfer Raza DeShabbath) explique cela en citant la guémara (Béra'hot 32b) qui dit : "Rav Elazar dit : Depuis le jour où le Temple a été détruit, les portes de la prière sont fermées, mais celles des larmes ne le sont pas".

Les larmes représentent un don gratuit, car celui qui demande quelque chose gratuitement le demande souvent avec larmes et pleurs. [puisque je n'ai pas de mérite, rien sur lequel m'appuyer pour espérer avoir une chose, alors j'en viens à prier si fort que j'en pleure, car je ne peux compter que sur la bonté d'Hachem. ]
Il est également connu que les prières de Moïse "à ce moment-là" représentent la rédemption finale, comme le dit le prophète Yirmiyahou (50,9) : "A ce moment-là, ils chercheront des fautes parmi Israël et il n’y en aura pas".
La période entière, du présent jusqu'à l'envoi de la géoula par Hachem, est appelée "à ce moment-là".

Le verset indique donc que Moché a prié "à ce moment-là", ce qui signifie qu'il a prié pour que les prières récitées en temps d'exil (galout) soient efficaces. Mais comment ces prières peuvent-elles être entendues si les portes de la prière sont fermées?
C'est pourquoi il est dit qu'il a demandé un "don gratuit", en référence aux larmes. Grâce au mérite des larmes, même les prières dites en exil peuvent être entendues.

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-> Concernant la puissance des prières récitées avec des larmes, le séfer Ha'Hasidim (ot 130) écrit :
"Certaines personnes ne méritent pas que leurs prières soient exaucées par Hachem, mais parce qu'elles prient avec force et avec larmes, et qu'elles pleurent et implorent Hachem sans cesse, Il accepte leurs prières et accomplit leur volonté, même si elles n'ont aucun mérite ni aucune bonne action."

-> b'h, voir également : Le pouvoir des larmes : https://todahm.com/2019/07/08/le-pouvoir-des-larmes

"Tu les enseigneras à tes fils et tu en parleras" (Vaét'hanan 6,7)

Suivant une explication de nos Sages, rapportée par Rachi, "tes fils" désigne : les élèves.

-> La guémara Shabbath (119b) enseigne :
"Le monde ne subsiste que par le souffle de la bouche des petits écoliers (qui étudient la Torah).
Rav Papa demanda à Abayé : "Pourquoi mon étude et la tienne n'ont-elles pas la même valeur que celle des petits écoliers?"

Il lui répondit : "Le souffle de leur bouche dénué de tout péché n'est pas comparable au nôtre qui, lui, en est entaché." "

-> Le 'Hafets 'Haïm dit qu'il apparaît ainsi que l'étude des petits écoliers est plus chère à D. que celle des Sages du Talmud.
La Torah nous adresse plusieurs avertissements à ce sujet car c'est le fondement sur lequel s'appuie toute la maison d'Israël.

"Comme des flèches dans la main d'un guerrier, voilà ce que sont les fils de la jeunesse" (Téhilim 127,4) => les jeunes sont nos armes dans le combat contre le mauvais penchant.

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-> La guémara Kidouchin (30a) enseigne : "Tu les enseigneras" = que les paroles de la Torah soient bien aiguisées dans ta bouche, de telle sorte que tu puisses répondre sans bredouiller à celui qui te pose une question à leur sujet."

[Le 'Hafets 'Haïm disait que "soient bien aiguisée" renvoie à l'importance des révisions incessantes.]

"Tu aimeras Hachem ton D. de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton pouvoir." (Vaét'hanan 6,5)

Le 'Hafets 'Haïm nous enseigne :
"D. n'est pas sévère envers les êtres humains ; Il demande à chacun de Le servir selon ses moyens.

De même qu'il existe des pauvres et des riches, des forts et des faibles, les hommes se distinguent les uns des autres par leurs forces spirituelles
Il n'est pas donné à tous d'atteindre les plus hauts sommets.

C'est le sens de : "de tout ton cœur et de toute ton âme" = tu dois servir D. du mieux possible en fonction de tes capacités physiques et spirituelles.

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Le 'Hafets 'Haïm déclara un jour :
"Le nombre de pas qu'un homme peut faire au cours de son existence est fixé à sa naissance ; à lui de choisir s'il veut aller accomplir une bonne ou une mauvaise action ; celui qui veille à son âme compte ses pas!"

"Tu aimeras Hachem, ton D." (Vaét'hanan 6,5)

-> Le Rambam (Séfer haMitsvot) a écrit:
"C'est une obligation générale d'appeler les gens à Le servir et à croire en Lui.
Quand tu aimes quelqu'un, tu fais son éloge et tu incites les autres à l'aimer ; de même, si tu aimes réellement D., tu appelleras certainement les sots et les naïfs à connaître la vérité que tu connais toi-même."

-> Le Sifré explique aussi : " Tu aimeras Hachem = en faisant en sorte qu'Il soit aimé par les êtres humains, comme Avraham notre père."

[évidement, cela passe beaucoup par le fait d'avoir une conduite personnelle qui est source d'exemples positifs de vie, et par une attitude où l'on déborde d'amour pour autrui, ne souhaitant que son bien, et nullement le juger ou lui dicter une façon de vivre.]

-> Le 'Hafets 'Haïm de nous dire :
Il est écrit dans Yéchéyaou (41,8) : "Avraham, qui M'aimait".
Avraham aimait tellement D. qu'il appela les autres à croire en Lui, et tu dois en faire de même.

Suivant la fin du verset, tu dois le faire : "de tout ton pouvoir", avec tes moyens financiers, comme Avraham qui ouvrit une auberge et donna à manger à ses invités pour que le nom de D. soit invoqué et béni de tous (cf.guémara Sota 10a).
Selon le midrach, il ouvrit à Béer Chéva une maison d'étude pour diffuser le nom de D.

Il en va de même à toutes les générations : celui qui veut que ses paroles soient entendues par le grand public doit se montrer généreux ; créer des écoles religieuses et des yéchivot et assurer les besoins alimentaires et vestimentaires de ceux qui étudient et pratiquent la Torah.

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Le 'Hafets 'Haïm rapporte également un enseignement du Tana debé Eliyahou (dans Chem Olam - chap.22) :
"Pourquoi 25 000 mille hommes furent-ils tués à Guivat Binyamine (cf.Choftim 20)?

Parce qu'après la mort de Moché, Yéhochoua et Pin'has, les membres du Grand Sanhédrin auraient dû se ceindre de ceintures de métal, soulever leurs vêtements au-dessus de leurs genoux et faire le tour du pays, en allant un jour à Lakich, le lendemain à Béhel, le surlendemain à 'Hébron, le 4e jour à Jérusalem et ainsi de suite dans toutes les villes d'Israël, pour livrer leur enseignement au peuple.

Mais au lieu d'agir de la sorte après leur entrée en Israël, chacun se préoccupa uniquement de sa vigne, de son vin et de son champ, sans aucun scrupule.

Lorsque les fils de la tribu de Binyamin commirent des actions viles et incorrectes, D. voulut détruire le monde entier, en disant : "J'ai donné la terre d'Israël aux Hébreux pour qu'ils étudient et s'adonnent à la Torah en temps voulu et qu'ils apprennent les règles de savoir-vivre."

Puisque les habitants de Guivat Binyamine n'étudiaient pas la Torah et ne respectaient pas les règles de savoir-vivre, ils furent tués à la guerre.

Et qui est responsable de leur mort?
Les hommes du Grand Sanhédrin qui ont succédé à Moché, Yéochoua et Pin'has fils d'Ela'azar."

=> Le 'Hafets 'Haïm de conclure : "De là, nous pouvons comprendre le devoir important qui incombe à tout juif de faire profiter les autres, autant que possible, de son savoir en Torah."