Pâtisserie spirituelle depuis 5771 - b'h
 

+ "J'ai demandé à D. une grâce en ce temps-là en disant ..." (Vaét'hanan 3;23)

"En ce temps-là" = plus précisément quand?

Selon le rav Israël Salanter, nous pouvons en déduire que l'on ne doit pas dire :
- "Cette période est propice à la prière, ou à l'étude de la Torah" ;
- "Ce n'est pas le bon moment pour étudier" ;
- "Je suis trop fatigué, je n'ai pas la force" ;
- "Je n'ai pas la tête à cela. J'irai prier lorsque je me sentirai mieux ..." ;
- "J'irai étudier quand j'aurai un peu plus de temps ..." ;
- ...

Mais ce verset affirme que c'est possible "en ce temps-là"
== tous les instants sont également propice à la prière, et tous les moments sont bons pour l'étude de la Torah ou l'accomplissement des mitsvot.
Si ce n'est pas maintenant quand?

En effet, l'on voit, que lorsque l'on remet à plus tard une étude de Torah, au final cette étude n'est jamais faite!

Il existe un principe connu : "Avoir le temps, révèle que l'on n'a pas le temps!"
En revanche, si l'on n'a pas le temps, c'est le signe que l'on a le temps.

Essayons de comprendre : lorsque nous avons du temps devant nous, alors nous fonctionnons au ralenti, et nous ne faisons pas grand-chose à cause d'une certaine paresse qui s'installe ...
A l'inverse, ceux qui craignent de ne jamais avoir le temps, accomplissent nombre de choses, car c'est justement sous la pression, qu'ils abattent les tâches les unes après les autres ...

Source (b"h) : le "Séoudat aMélé'h" du rav Moché Pell

+ “J’ai imploré (=vaet’hanan) Hachem ...” ( Vaét'hanan ch.3 ; v.23)

Le mot ‘vaet’hanan’ (implorer) a la même valeur numérique que le mot ‘téfila’, soit 515.
Cela nous rappelle que la prière doit être dite avec supplication et se doit d’être adressé à D. qui est miséricordieux.
D’ailleurs, Rachi explique que c’est une des 10 expressions employées pour la prière, et elle est relative à une notion de don gratuit.
En effet, les justes, dans leur humilité, évitent d’invoquer leurs bonnes actions et font appel à la miséricorde de D.

Si on ajoute la valeur numérique du nom D. (26) à celle du mot téfila ou vaet’hanan, on obtient : 541 (515+26), qui a la même valeur que ‘yisraël’ ( שראל').

Les Bnei Israël se distinguent par la prière qu’ils adressent à D. avec supplication et que Celui-ci agrée, comme il est dit (vaet’hanan ch.4,v.7) : “Quelle est la grande nation qui a un D. proche d’elle comme Hachem, notre D., chaque fois que nous L’appelons?”

A vos prières ...

Source : adaptation du "guévourot aTorah" de Gabriel Cohen

+ 5e livre de la Torah (= Dévarim), 5e chapitre, 5e verset : il doit y avoir un enseignement de folie?
Allons voir cela …

= “Je (ano’hi - moi) me tenais entre Hachem et vous …” (Vaét'hanan ch.5 ; v.5)

Le Rabbi de Kobrin vient nous apprendre une des bases les plus importantes pour vivre juif.

Le “je” de l’homme est ce qui forme une séparation “entre vous et D.”.
Tant que l’homme est sous la domination de son “moi”, il n’est pas capable d’atteindre la proximité avec D.
Pour faire corps avec D., il faut arriver à dépasser son égocentrisme et l’amour de soi, et alors plus rien ne fait barrière entre nous et D.

+ “Va, dis-leur : ‘Retournez dans vos tentes’ “ (Vaét'hanan ch.5 ; v.27)

Le Rabbi de Kotsk commente ce verset de la façon suivante.
Là, près du mont Sinaï, j’ai vu votre crainte et votre attachement à D., mais voyons donc votre comportement lorsque vous rentrerez dans vos tentes.

+ “Et ces sujets que je t’ordonne aujourd’hui seront sur ton coeur” (Vaét'hanan ch.6 ; v.6)

Rashi sur le terme “aujourd’hui” : ces paroles devront toujours rester nouvelles fraîches et exaltantes à vos yeux, comme si la Torah venait d’être donnée “aujourd’hui”, et non comme un vieux dogme, démodé et sans valeur.

"Tu aimeras Hachem, ton D. … de toute ton âme" (Vaét'hanan 6,5) 

Nos Sages expliquent : "De toute ton âme : même s’Il retire ton âme", il faut aimer Hachem même si pour Lui rester fidèle il faut donner son âme et sa vie.

De même on peut expliquer : "De tout ton cœur : même s’Il retire ton cœur”. C’est-à-dire que même si un homme n’a plus de cœur, qu’il ne ressent plus rien dans le service d’Hachem, même alors il faut continuer à Le servir, il ne faut pas s’affaiblir spirituellement.

[le 'Hidouché haRim]

+ Haftara vaét’hanan : “Consolez (na’hamou), consolez Mon peuple dit D.” : 

Rabbi Tzvi Elimelech Shapiro : “Consolez-vous du seul fait que vous êtes “Mon peuple” car cela est, en soi, la plus grande consolation qui soit.

 

+ “Vous n’ajouterez pas à la parole que je vous ordonne et vous n’en retirerez rien …” (Vaet'hanan ch.4 ; v.2)

L’interdiction d’ajouter une mitsva supplémentaire est sous-entendue dans le nombre des commandements de la Torah :
- ils sont au nombre de 613 = taryag ( תריג)
- si on en rajoute un, on obtient 614 = torid (תוריד) = tu feras descendre ;
Ainsi, on n’améliore pas la Torah en y ajoutant de nouvelles injonctions, mais on la déprécie au contraire en la rabaissant (torid) au rang d’une loi sortie de l’imagination d’un être humain.
- si on enlèves une unité, on obtient 612 = tariv (תר'ב) = tu te querelleras ;
En effet, chacun voulant retrancher de la Torah ce que bon lui semble, on en viendra à des disputes incessantes.

[le Ben Ich 'Haï]

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-> Rabbi Yonathan Eibeshutz dit :
"La Torah est décrite comme un "sam ha'haïm" (un élixir de vie), un médicament capable de purifier ceux qui le prennent.
Nous sommes avertis de ne pas ajouter ni retirer des mots de la Torah.

Un médicament est un mélange de différentes substances, et en changer les proportions est toxique.
De même, les commandements de la Torah sont donnés en proportion exacte et parfaite, et modifier même un seul mot peut avoir un effet terrible et nuisible."

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-> Le Rabbi de Loubavitch enseigne :
"Si à la fois un ami et un ennemi te donnent un conseil, tu peux être sûr que ton ennemi souhaite que tu t'égares.
Lorsqu'une idée vient dans notre esprit, nous devons nous interroger : "Quelle est l'origine de cette idée : est-ce le yétser atov ou bien le yétser ara?"

=> Hachem nous a donné un package parfait de mitsvot, et tout désire d'en ajouter ou bien d'en retirer fait forcément partie des plans du yétser ara.

Chamor & za’hor

-> "Souviens-toi (za'hor - זכור) du jour du Shabbath pour le sanctifier" (Yitro 20,7)
-> "Observe (chamor - שמור) le jour du Shabbath pour le sanctifier" (Vaét'hanan 5,11)

=> Quel est le sens de ces 2 termes (chamor & za'hor) vis-à-vis du Shabbath?

-> Rachi (dans Yitro) explique que "Souviens-toi" (aza'hor) et "Observe" (chamor) ont été prononcés simultanément, comme il est écrit dans les Téhilim : "D. a parlé une seule fois, mais j’en ai entendu deux (paroles)" (Téhilim 62,12).
Il précise par ailleurs (dans Vaét’hanan) au nom de la Mékhilta : "Les deux mots ont été prononcés simultanément et en un seul mot, de plus ils ont été entendus en une seule audition".
Cet enseignement rappelle celui de la guémara (Chevouoth 20b) : "Il les a dits en une seule parole (chamor vézakhor bédibour é'had), qu’aucune bouche humaine ne peut prononcer et aucune oreille humaine entendre"

-> La Mékhilta déduit du double Commandement, de songer (à temps) au Shabbath (Zakhor) et de le préserver de toute transgression (Chamor)
Pour cela, il convient de lui ajouter un certain intervalle de temps de la journée qui le précède (souviens-toi [zakhor] du temps passé) et de celle qui le suit (Observe [chamor], c’est-à-dire attend le temps futur) [mossifin mé’hol él kodech].
[à ce sujet de tosséfet Shabbath : http://todahm.com/2023/01/24/faire-rentrer-shabbath-plus-tot ]

-> Rabbénou Bé’hayé explique que le rapprochement de זכור (zakhor) avec שמור (chamor) justifie l’obligation pour les femmes de sanctifier le Shabbath par le kidouch et la havdala, bien qu’il s’agisse d’une mitsva liée au temps, pour laquelle les femmes ne sont pas tenues. En effet, puisqu’elles ont l’obligation du respect des interdits (שמור), il en est de même de celle de la sanctification (זכור).

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-> Le "Chamor" et "Za'hor" sont symbolisés par l’allumage de 2 bougies de Shabbath.

-> La guémara (Shabbath 33b) raconte qu’après être sortis de la grotte où ils séjournèrent durant 13 ans, Rabbi Chimon Bar Yo’haï et son fils Rabbi Eléazar rencontrèrent des personnes occupées à des activités matérielles. C’était un vendredi après-midi et ils virent un homme qui courait en tenant deux bouquets de fleurs de myrte.
"Où allez-vous avec ces fleurs?" lui demandèrent-ils.
"Elles sont en l’honneur de Shabbath", répondit l’homme.
"Mais pourquoi en avez-vous deux bouquets?"
"L’un est pour Za'hor et l’autre pour Chamor", expliqua l’homme, faisant référence aux 2 aspects du respect de Shabbath mentionné dans les 10 Commandements.
À ce moment-là, Rabbi Chimon se tourna vers son fils et lui dit : "À présent je vois le pouvoir d’un juif et de ses mitsvot".
[Shabbath est un jour qui se situe dans le monde matériel, mais qui fait le lien avec la dimension transcendante. Le Shabbath, même la poursuite du but le plus matériel, prendre un délicieux repas ou faire une sieste, porte en elle un degré particulier de sainteté].

-> Le Zohar revient régulièrement sur les dimensions "Mâle" et "Femelle" [le "Donneur" et le "Receveur"] et du fait qu’ils ne forment ensemble qu’un tout [sur le plan du Divin].
Ainsi, "Zakhor" désigne-t-il le "Mâle" (à noter que le mot זכור [Zakhor - Souviens-toi] dérive du mot זכר [Zakhar] – Mâle), tandis que "Chamor" désigne la "Femelle" [voir Zohar I, 48b].

[Bien que la mitsva de chamor soit énoncée de façon positive, elle est classifiée comme un commandement négatif, ainsi que l'explique Ramban (Yitro 20,8) : "Car zakhor est un commandement positif, dans lequel il nous est ordonné de nous souvenir du Shabbat pour le sanctifier et de ne pas l'oublier. Chamor est un commandement négatif, car partout où la Torah emploie les mots "hichamèr pèn", ou "hichamèr al", il s'agit toujours d'un commandement négatif (guémara Erouvin 96a). ]

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-> Le Chem miChmouel (Bechala'h 5674) écrit : "Le Shabbat est un rappel de la sortie d'Egypte et doit certainement contenir certains éléments spirituels relatifs à la sortie d'Egypte. De même que la libération d'Egypte était à 2 niveaux, dans l'âme et dans l'intellect, le Shabbat doit aussi amener un certain degré de rédemption à l'âme et à l'intellect. Telle est la signification de zakhor et chamor : l'un se rapporte à l'intellect et l'autre à l'âme."

-> Rabbi Dovid Hofstedter (Darach David - Moadim) enseigne :
De même que les juifs ont connu une libération physique de l'esclavage par la sortie d'Egypte, le Shabbat aussi apporte un élément de rédemption physique.
Le Shabbat, nous avons la capacité de nous libérer, même physiquement, des chaines qui nous attachent au matérialisme pendant la semaine shabbat; nous pouvons nous libérer de l'asservissement à nos désirs physiques et aux traits de caractère qui manquent de raffinement. Tout cela est inclus dans l'affirmation : Shabbat est "un rappel de la sortie d'Egypte".

De plus, il semble que les 2 aspects de l'observance de Shabbat, zakhor et chamor ; correspondent à chacun des 2 aspects de la rédemption qu'apporte le Shabbat.
- Dans le verset «"zakhor èt yom haShabbat lekadécho" (Souviens-toi du jour du Shabbat pour le sanctifier), la Torah nous enseigne le commandement positif de se souvenir du Shabbat et de le sanctifier. Ce précepte est lié à la rédemption de l'âme : en ressentant la sainteté de Shabbat, l'âme s'élève, "se libère" de son yétser ara et devient une nouvelle création.
- A l'inverse, "chamor èt yom haShabbat lékadécho" (Garde le jour du Shabbat pour le sanctifier) désigne la mitsva de s'abstenir de tout travail interdit le Shabbat, ce qui représente la rédemption du corps.

Lorsque les Bné Israël quittèrent l'Egypte, la rédemption toucha à la fois leur corps et leur âme. En Egypte, ils s'étaient enlisés dans l'impureté de l'idolâtrie, mais la sortie d'Egypte les éleva au statut de peuple élu et saint de D.
Observer les 2 aspects du Shabbat peut amener la même rédemption et transformer l'homme en un être nouveau, doté d'une âme infiniment plus sainte et plus élevée.

-> Le Ramban (Yitro - sur les 10 commandements) écrit :
"Le terme Zakhor (le fait de se souvenir du jour du Shabbath) fait référence à l'amour pour le Shabbat (alors que Chamor [garder] fait référence à la crainte)...
Nous devons nous souvenir tous les jours du Shabbat afin que nous ne l'oubliions pas et que nous ne le remplacions pas par d'autres jours."

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-> Le Kédouchat Lévi enseigne que שמור (chamor - observe) fait référence à la mitsva du Shabbath en tant que telle, tandis que זכור (za'hor - Souviens-toi) coïncide avec le sens de la mitsva, c’est-à-dire le souvenir de la Création du Monde et celui de la Sortie d’Egypte.
Ainsi, dans le cas exceptionnel du Shabbath, évoquer le sens de la mitsva fait partie intégrante du Commandement du Shabbath. Afin d’éviter que les gens ne fassent une distinction entre le respect des interdits du Shabbath (chamor) et la sanctification et l’honneur du Saint Jour (za'hor), Hachem a prononcé ces deux mots simultanément. En effet, le pauvre n’a aucune difficulté à respecter les interdits du Shabbath, car étant sans travail, il est inactif. En revanche, il a du mal à honorer le saint Jour avec du bon vin et des plats succulents, car il est démuni de tout. De même, le riche peine à stopper ces activités le Shabbath, alors qu’il prend plaisir à l’honorer. Aussi, le riche et le pauvre sont tenus de respecter les deux principes du Shabbath avec le même dévouement. [Maguid de Douvno]

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-> A propos de la symbolique des termes "Zakhor" et "Chamor", on raconte l’histoire suivant: Un jour, un Avrékh important et honorable vint trouver le saint Rav Rabbi Méïr Abou’hatséra pour lui poser la question suivante : Il étudie avec assiduité, mais il n’a aucune mémoire, et il est extrêmement préoccupé et se demande quoi faire pour arriver à conserver son étude.
Le Tsaddik lui répondit : "Ne sais-tu pas, mon fils, que Chamor et Zakhor ont été dits en une seule parole, et qu’il est impossible de faire en eux une séparation? Garder sa bouche et garder ses yeux convenablement sont une garantie pour la mémoire ; si tu observes le Chamor (garder) convenablement, tu verras aussi certainement que le Zakhor (se souvenir) arrivera à sa suite".

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-> b'h, également : Qu'est-ce qui était inscrit sur les Tables de la Loi (lou'hot) : za'hor ou chamor? = question n°7 : http://todahm.com/2019/02/14/questions-reponses-paracha-yitro