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"Elle se dépouillera de son vêtement de captive, elle demeurera dans ta maison, et pleurera son père et sa mère un mois entier" (Ki Tétsé 21,13)

-> "Un mois entier : c'est le mois d'Elloul"
[Zohar 'Hadach]

-> Le Ohr ha'Haïm explique que durant un mois, nous devons faire téchouva jusqu'à pleurer nos fautes envers notre père : il s'agit de Hachem (ben adam lamakom) ; et envers notre mère : il s'agit de tout autre juif (ben adam la'havéro).

[Pendant toute l'année, nous sommes sommes captifs par les problèmes de ce monde ; et pendant un mois, nous devons nous en défaire, pour pouvoir faire un bilan, prendre du recul, ouvrir notre cœur à Hachem, ...]

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-> Le Séfer Likoutim du Arizal ajoute que durant ce temps (v.21,12)
- la femme captive doit "raser sa tête" = se débarrasser de ses pensées négatives ;
- "se laissera pousser les ongles" = se débarrasser de tout objet volé ;
- "se dépouillera de son vêtement" = enlever le vêtement que ses fautes ont fabriqué.

[nous devons en faire de même : nous débarrasser de tout mauvais état d'esprit (manque de joie par exemple), de tout vol (par exemple : nous nous approprions des honneurs, notre richesse, notre sagesse, ... alors que cela appartient à D.), et plus globalement chaque faute va créer une séparation plus épaisse entre nous et Hachem, dont il faut se débarrasser par notre téchouva.]

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- "Quand tu sortiras en guerre contre tes ennemis" (v.10) = à cette période de l'année, pendant le mois d'Elloul, nous commençons à mener la guerre ultime contre notre yétser ara afin de nous assurer une bonne année.
- "tu verras parmi les captifs, une femme belle d'aspect" (v.11) = chaque âme juive conserve une beauté qui illumine ses alentours pendant qu'elle est en captivité d'un long exil.
- tu la désireras" (v.10) = son désir intérieur de se repentir et de restaurer l'éclat sublime de son âme.

=> Que devons-nous faire?
- "elle se rasera la tête et se laissera pousser les ongles" (v.12) = on doit retirer les ornements extérieurs de la faute (qui nous apparaît sur le moment sublime/attrayante) et se distancier de tout plaisir matériel (non nécessaire).
- "elle demeurera dans ta maison et pleurera son père et sa mère un mois complet" (v.13) = les 30 jours du mois d'Elloul doivent être utilisés pour pleurer des larmes de téchouva pour avoir outrager notre relation avec papa Hachem, et avec notre mère la communauté d'Israël.

Mais si cela ne marche pas, alors : "s'il se trouve que tu ne la désire pas, tu la renverras mais tu ne la vendras pas pour de l'argent" (v.14) = si on ne se repent pas et que l'on reste dans la faute, alors il faut penser à notre mort où notre belle âme nous quittera pour rien (sans que nous ayons aucun bien pour notre vie éternelle).
[le Avodat Israël - rav Israël Hopstein]

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-> "Elle se rasera la tête et se laissera pousser les ongles"

Pourquoi précisément ces deux actions là?
Nos Maîtres enseignent que Hachem a créé le corps humain de façon parfaite, hormis deux éléments qui nécessitent un entretien permanent : les cheveux et les ongles. Ils poussent et prennent de la longueur, et l'homme doit régulièrement se couper les cheveux et les ongles.

Et pourquoi Hachem en a-t-Il décidé ainsi?
C'est pour rappeler à l'homme le jour de la mort. Le Zohar (Bamidbar 126a) dit : "L'homme traverse ce monde et pense qu'il lui appartient pour toujours, et qu'il y restera éternellement".
Hachem dit : "Regarde comment tu rases les cheveux de ta tête et comment tu coupes tes ongles. De la même manière qu'ils sont éphémères, de même toi aussi tu es éphémère, et un jour viendra où toi aussi tu disparaîtras de ce monde."
[rav Barou'h Rozenblum]

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"Elle pleurera son père et sa mère" (Ki Tétsé 21,13)

Le Sifri rapporte 2 avis à ce sujet :
- Selon Rabbi Eliézer : son père et sa mère véritables ;
- Selon Rabbi Akiva : il s'agit du culte idolâtre.

Pourquoi est-il nécessaire d'offrir à cette femme un mois pour pleurer ses croyances idolâtres?

Le rav Mordé'haï Miller (Chiour léYom haShabbath) enseigne :
Le jugement humain est extrêmement influençable, chacun étant prisonnier de postulats personnels.

Du fait de cette réalité, la Torah exige que la prisonnière consacre un mois entier de sa vie à faire le deuil de ses anciennes croyances, car il est particulièrement difficile de retirer nos habitudes et affirmations (dogmes) inculqués depuis notre plus tendre enfance
=> Cette jeune femme disposait ainsi d'un mois pour procéder à un examen de conscience et à une révision de toute ses convictions initiales.

C'est la raison pour laquelle nos Sages mettent en relation ce mois de méditation avec celui d'Elloul, période consacrée à l'introspection.
A la fin de chaque année, D. nous offre ainsi la possibilité de réaliser une autocritique profonde, au cours de laquelle nous devons passer en revue l'ensemble de nos actes et toute notre conduite, afin de déraciner les mauvaises convictions profondément installées dans notre esprit.

=> A l'image de la captive qui pleure sa vie passée qu'elle abandonne à jamais pour se préparer à devenir juive, nous devons en faire de même en faisant téchouva sur le passé et en devenant alors un juif parfait.

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+ Enseignements sur la femme captive :

-> La paracha Ki Tétsé s'ouvre sur le passage de la femme captive. Quand le peuple sort en guerre et qu'il y a des captifs, un soldat qui y verrait une femme non juive et qui la désirerait, alors la Torah lui permet de la prendre pour femme.
Selon les commentateurs, le processus est le suivant. Quand ce soldat désire cette femme, il peut s'unir à elle avant même de la convertir. Puis, elle passe une période d'un mois où elle s'enlaidit. Elle se rase toute la tête et laisse pousser ses ongles. Tout cela, pour que le soldat soit repoussé par elle et l'abandonne.
Mais si même après cette période le soldat désire encore vivre avec elle, alors il la convertie et se marie avec elle.

Nos Sages s'interrogent pour savoir comment le soldat a-t-il le droit au départ de s'unir avec une non juive. Ils répondent que puisqu'à un moment de guerre, le soldat est fragilisé, si la Torah lui interdisait cette femme, il ne pourrait pas respecter cet interdit.
Ainsi, pour ne pas que le soldat vive malgré tout avec elle de façon interdite, ne pouvant pas s'en empêcher, la Torah lui autorise donc cela.
=> Mais on peut encore s'interroger. Si à la base ce mariage aurait dû être interdit, comment comprendre que du fait de l'état d'esprit du soldat, la Torah lui autorise un interdit? On ne trouve une telle chose nulle part ailleurs!
De plus, nos Sages enseignent que les soldats qui allaient en guerre devaient être de très grands tsadikim. Ils ne devaient avoir aucune faute même très légère à leur compte. De fait, comment comprendre que de tels tsadikim soient tentés par l'interdit de vivre avec une captive étrangère au point même que du fait de leur impossibilité de respecter cet interdit, la Torah doit le leur permettre?

En fait, ce sujet de la femme captive peut être interprété de façon originale, avec un éclairage très positif.
Le Zohar dit que suite à la faute d'Adam, plusieurs âmes très élevées ont été capturées par les forces de l'impureté. Ces âmes sont généralement libérées à travers la conversion. Quand un non juif se converti, son âme qui faisait partie de ces grandes âmes captives, est libérée.
Il en est de même au sujet de la femme captive dont parle notre paracha. Quand le soldat désire une femme captive, c'est en fait qu'il ressent profondément que cette femme a en elle une âme très haute, et il désire la libérer en s'unissant à elle. En effet, comme on l'a dit, ce n'était que de très grands tsadikim qui allaient en guerre. Ces hommes étaient purs de toute faute.
Bien plus, ils étaient protégés de tout mal du fait qu'ils s'occupaient de la Mitsva de combattre les ennemis d'Hachem. Et celui qui s'occupe d'une mitsva est protégé du mal. Si malgré tout cela, il désire une femme se trouvant parmi les captifs, cela est une preuve qu'en fait, une âme sainte habite cette femme.
C'est cette sainteté qui se trouve en elle que désire réellement ce soldat d'envergure spirituelle si grande. Et si la Torah lui a permis en finalité de la convertir et de vivre avec elle, c'est que par ce biais là, il va pouvoir libérer la grande âme qui est en elle.

D'après cela, on peut comprendre un enseignement de nos Sages. D'un côté, la Torah dit que cette captive est une "femme de belle apparence". D'autre part, le midrash dit qu'elle peut même être laide, puisque le verset dit au soldat : "Et que tu la désires", même si elle est laide.
Si c'est ainsi, on peut se demander pourquoi la Torah dit au départ qu'elle est belle, si par la suite elle inclut même une femme laide?
Mais d'après ce que l'on a dit, on comprend que quand la Torah a dit qu'elle est belle, elle parle ici de la beauté de son âme, et non de son corps. Et pour ne pas que l'on croit que l'on parle de la beauté physique, c'est pourquoi la Torah précise : "Et que tu la désires", pour inclure même une femme laide. Car la femme captive dont on parle est belle intérieurement, même si elle peut être laide extérieurement et physiquement.

=> D'après cela, on peut se demander pourquoi la Torah permet au soldat de s'unir à elle une première fois même avant de la convertir, du fait que si on la lui interdisait il ne pourrait pas respecter l'interdit?
Mais d'après ce qui a été expliqué, il ne devrait pas y avoir du tout d'interdit puisque cette union permet au soldat d'accomplir une grande mitsva de libérer une âme précieuse!
De plus, pourquoi faut-il en 2e temps laisser une période d'un mois où cette femme va s'enlaidir, comme pour dissuader le soldat. Mais si le but de ce mariage est de libérer une grande âme, pourquoi faut-il essayer de dissuader le soldat? Au contraire. Qu'il se marie avec elle de suite, pour réaliser cette si grande réparation !

En fait, certes le soldat voit en cette femme le dépositaire d'une grande âme. Il ressent donc qu'il est une grande mitsva de l'épouser pour libérer cette part de sainteté. Seulement, le mauvais penchant se glisse et se cache dans toutes les situations. Ainsi, il est possible qu'en réalité le mauvais penchant se dissimule derrière cela et persuade le soldat qu'il y a là une grande Mitsva de libérer une sainte âme, alors que réellement il n'en est pas vraiment ainsi.
Le penchant est très performant pour faire passer une faute pour une mitsva.
Avant de laisser le soldat se marier avec la femme captive, la Torah cherche donc d'abord à faire passer un test pour vérifier que son désir émane uniquement d'une source pure de réparer l'âme contenue en elle, et qu'il ne s'agit pas d'un coup du mauvais penchant qui éveille simplement le désir d'un homme pour une femme interdite, et déguisant le tout dans une apparence de mitsva.
C'est pourquoi, la Torah demande à la captive de s'enlaidir pendant un mois, pour annuler et supprimer toute la part du mauvais penchant qui pourrait se cacher pour éveiller le désir du soldat pour la beauté féminine.
En dégradant sa beauté, l'attirance physique éveillée par le penchant pourra être neutralisée. Et si malgré tout, après cela le soldat souhaite encore vivre avec cette femme, cela est la preuve que son désir est vraiment pur, car il aura alors été vérifié que ce n'est pas le mauvais penchant qui en est à l'origine.
Si après ce mois, le soldat désire encore cette femme, le test aura vérifié qu'elle détient réellement une grande âme et que c'est elle que le soldat désire libérer. Son désir émane bien du domaine de la sainteté.

Alors, la Torah lui recommande de la convertir et il pourra se marier avec elle. Seulement, ce test-là c'est la deuxième étape. Mais avant tout cela, dans un premier temps, dès que le soldat a vu la femme captive et la désire, la Torah lui autorise d'emblée une première union avec elle. Et c'est à ce sujet que nos Sages disent qu'on la lui a permise pour ne pas qu'il la prenne de façon interdite. Car au moment où il est sorti faire la guerre contre les ennemis d'Hachem, le soldat n'est pas assez posé pour vérifier l'origine réel de son désir.
Son désir de libérer une âme captive brûle tellement en lui que même si on ne lui permet pas l'union avec cette femme qui lui permettra selon lui de réaliser cette réparation, il ne pourra pas se contenir et ce désir intense de réparation le poussera malgré tout à s'unir à elle.
C'est pourquoi la Torah lui permet la première union, car elle émane finalement d'un désir sacré. Mais ensuite, il faudra passer le test pour vérifier posément la réelle nature de ce désir, avant de le laisser la convertir et l'épouser, comme on l'a expliqué.
[Basé sur le Darach Moché, d'après le Ohr Ha'Haïm]

"Un vêtement [fait] d'un mélange de fibres (chaatnez) ne montera pas sur toi" (Kédochim 19,19)

"Tu ne revêtiras pas de fibres combinés (chaatnez), laine et lin ensemble" (Ki Tétsé 22,11)

Il est fait allusion à la mitsva du chaatnetz : l'interdiction de porter un habit composé de lin et de laine.

-> Le Rikanti commente le terme : chaatnez (שַׁעַטְנֵז), comme étant composé de 2 mots : "Satan" (שטן) et "Oz" (עז).

Le Satan fait référence au yétser ara, et "oz" à : puissant, force.
Le Rikanti explique que lorsqu'un juif porte du chaatnez, il donne davantage de puissance au yétser ara, il est plus susceptible de fauter, et c'est nuisible à sa santé spirituelle.

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+ Caïn et Evel : 2 opposés

-> "Caïn présenta du produit de la terre une offrande à Hachem ; les Sages disent : il s’agissait de graines de lin.
Evel offrit de son côté des premiers-nés de son bétail, de leurs parties grasses [et donc de la laine].

C'est la raison pour laquelle la Torah interdit les mélanges de lin et de laine ... ainsi parla Hachem : 'Il ne convient pas que l’offrande du fauteur se mêle à celle de l’innocent.'
C'est pourquoi ce mélange fut interdit."
[Midrach Tan’houma - Béréchit chap.9]

-> Rabbénou Bé’hayé (Kédochim) enseigne :
"Lorsqu'un homme associe ici-bas 2 éléments de la même espèce, il fait régner la paix dans les Cieux, car les forces supérieures peuvent alors achever leur mission convenablement ; mais celui qui mêle des espèces différentes ici-bas, il génère l’inverse de la paix, car il mélange les forces supérieures, les annule et les empêche ainsi d’accomplir leur mission.
[…]
Comme les deux 1ers-nés de l’humanité [Caïn et Evel] approchèrent des sacrifices de laine [le bétail] et de lin, c’est la raison pour laquelle l’assemblage de ces 2 matières nous a été interdit.

L’union de ces 2 hommes issus d’un même sein n’a pas été favorable, car il s'agissait d’un mélange de forces opposées, suscitant l’inverse de la paix.
La fin de leur histoire en établit d’ailleurs la preuve : l’un assassina son frère, et ces deux hommes furent finalement perdus …"

-> Le rav Youdel Rosenberg (1859-1935) donne une explication au fait que l'on peut constater une augmentation des meurtres et des vols dans le monde. C'est en raison de l'impureté du Chaatnez, qui s'est largement répandu ces dernières années, à l'image du fait que le meurtre de Evel par Caïn provient de l'impureté du Chaatnez : Evel ayant apporté de la laine, et Caïn du lin.

Le Choul'han Aroukh fait allusion à cela puisque les halakhot concernant le Chaatnez commence au chapitre (siman) 298, qui s'écrit en hébreu : רצח (rotséah - un meurtrier) [Yoré Déa 298].
[Le I'houd bé'Hidoud note que la discussion à ce sujet se termine au chapitre 30, écrit : ש"ד, ce qui est l'acronyme de : chéfi'hat damim (verset du sang).]

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-> Le Ben Ich 'Haï écrit que la mitsva de Chaatnez nous met en garde contre le mélange de bien et de mal.

Il ne s’agit pas de ceux qui progressent à leurs rythmes ou de ceux qui négligent une partie de la Torah par faiblesse ou difficulté.
Il s’agit là de gens qui fabriquent une idéologie selon laquelle il faut certaines mitsvot et il ne faut pas d’autres mitsvot. Pour ne pas se sentir mal de ne faire qu’une partie de la Torah, ils préfèrent la déformer et tromper les autres.
C’est ce chemin erroné que la Torah nous prévient de ne pas suivre.

[la Torah ne doit pas devenir un mélange, une sélection de ce qui nous arrange. N'oublions pas qu'elle est 100% Vérité, 100% made in Hachem!]

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-> "Un vêtement [fait] d’un mélange de fibres (chaatnez) ne montera pas sur toi"

Nos Sages nous enseignent que les mitsvot que nous réalisons créent des vêtements spirituels pour notre âme, pour ne pas qu’elle se retrouve "nue" après avoir quitté le corps.
Cependant, pour que ces vêtements soient entiers, il faut que les mitsvot soient accomplies complètement pour Hachem, sans y mêler des intentions personnelles et intéressées, comme la recherche des honneurs ou de la récompense, par exemple.

Cela est en allusion dans ce verset : "Un vêtement contenant un mélange ne montera pas sur toi" = c'est-à-dire que les mitsvot doivent être pleinement pour Hachem et on ne doit pas y mêler des intentions extérieures. C’est ainsi que les vêtements que l’âme portera dans l’autre monde seront complets et ne seront pas des vêtements contenant un mélange, où se mêleront des défauts et des manques liés à ces intentions imparfaites.
[Makré Dardéké]

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-> Le Rambam (cité par le Séfer ha'Hinoukh 551) considère que le chaatnez, comme beaucoup d’autres mitsvot, constitue une manière de nier la valeur des cultes idolâtres.
En effet, dans le passé les prêtres païens avaient coutume de vêtir des habits tout spécialement confectionnés à partir d’un mélange de lin et de laine (selon son propre témoignage, c’était encore le cas à son époque chez les prêtres égyptiens).

C’est donc pour nous éloigner de ces pratiques que la Torah interdit le port de telles étoffes.

-> Le Daat Zékenim (Ki Tétsé) écrit pour sa part que cet interdit a pour origine l'une des pièces du Temple : la parokhet : cet épais rideaux suspendu devant le Saint des saints, qui était composé à la fois de lin et de laine.

De ce fait, la Torah nous interdit de reproduire cet alliage, de la même façon qu’elle interdit de mélanger les ingrédients composant la kétoret (l'encens) à des fins personnelles, pour établir une distinction claire entre le saint et le profane.

[nos Sages (guémara Roch Hachana 24a) nous interdisent de faire une copie d'un élément utilisé au Temple.
Hachem souhaite que l'on garde le mélange lin et laine uniquement à des fins Divines/sacrées, et ainsi Il nous interdit un tel mélange dans nos vêtements du quotidien.]

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-> "Combien d’embûches ont été suscitées par la faute de cette terrible interdiction!

Ses lettres témoignent d’ailleurs de la gravité de sa punition : chaatnez (שַׁעַטְנֵז) correspond à Satan-Az [Satan effronté - שטן et עז].
A ce titre, si une personne porte sur elle du chaatnez pendant un seul jour, sa prière ne sera pas entendue pendant 40 jours!"

[le Noda biYéhouda - Drouché haTsla’h 8,6)

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-> "Concernant les vêtements que l’on porte, j'ai lu dans un ouvrage que rien n'entrave les prières davantage que le port d’habits contenant du chaatnez, même si on ne le fait que par inadvertance …"
[Rabbi Israël Elgazi - Chalmé Tsibour]

-> Le Pélé Yoets (fin du Erekh Levicha) nous prévient que le fait de porter du chaatnez empêche les prières d'une personne de s'élever vers le Ciel.

-> Selon le Séfer 'Hasssidim (553), aimer son prochain est un prérequis à une prière efficace.
Le Arizal rapporte la coutume : avant de prier, il faut prendre sur nous la mitsva de : "Tu aimeras ton prochain comme toi-même".

=> A l'inverse, une personne qui porte du chaatnez porte en elle le symbole de la 1ere haine entre un homme et son prochain, et ses prières sont donc bloquées.

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-> "Un vêtement Chaatnez (contenant de la laine et du lin) ne montera pas sur toi" (Kédochim 19,19)

=> Pourquoi la Torah utilise-t-elle cette formulation : "Un vêtement Chaatnez ne montera pas sur toi"? Il aurait été plus simple de dire : "Ne porte pas un vêtement Chaatnez".

-> On pourra le comprendre à travers une anecdote. Un jour de Kippour, au plein milieu de la prière, un élève de la yéchiva de Mir sortit soudainement de l'enceinte de la synagogue, pour revenir peu après, portant des vêtements de jours profanes. Cela étonna tout le monde. A la fin de Kippour, il expliqua à ses camarades qu'il n'arrivait pas à se concentrer dans sa prière. Il sentit qu'il y avait des blocages qui l'empêchait de prier avec ferveur, ce qui le perturbait beaucoup. Alors, il se rappela qu'il avait acheté pour Kippour un costume qu'il n'avait pas encore vérifié s'il était cachère, c'est-à-dire sans mélange de lin et de laine, c'est ce vêtement qu'il portait pendant sa prière. Or les Textes enseignent que celui qui porte un tel vêtement, cela empêche ses prières de monter vers Hachem.
C'est pourquoi, il sortit de la synagogue, se changea avec des habits profanes et revint. Alors, il réussit soudainement à se concentrer. Après Kippour, il fit vérifier son costume et effectivement, il contenait ce mélange.

=> Mais pourquoi le fait de porter ce type de vêtement empêche la prière de monter ?
Rabbénou Bé'hayé explique que quand un homme porte un vêtement Chaatnez, un esprit d'impureté se met à planer au dessus de lui. Ainsi, ses prières ne peuvent pas monter, car elles sont bloquées par cet esprit d'impureté.
C'est cela le sens du verset : "Un vêtement Chaatnez ne montera pas sur toi" = cela fait allusion à cet esprit impur qui monte au dessus de l'homme qui porte ce vêtement et qui plane sur lui, empêchant ses prières de s'élever vers Hachem.

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-> Le Méam Loez (Kédochim 19,19) enseigne :
Il est évident que personne ne transgresserait volontairement le commandement de chaatnez.
Comme le corps n'en retire aucun plaisir physique, le mauvais penchant n'incite pas l'homme à commettre cette faute.
Ainsi, si les gens connaissaient la gravité de cette transgression, dans ce monde et dans le prochain, ils la fuiraient comme on fuit un serpent.

En Haut, il existe des anges qui dénoncent Israël.
Comme Hachem aime profondément Israël, Il sépare et disperse ces forces pour les empêcher d'accuser conjointement le peuple juif.
Si Israël était montré du doigt par leurs critiques unanimes, il lui serait très difficile de survivre.
Le chaatnez fait allusion à ces Accusateurs célestes. Un homme qui porte un vêtement de laine et de lin mélangés réunit ces anges dénonciateurs en un même lieu où ils sont capables de médire Israël.
Par conséquent, celui qui porte du chaatnez cause du tort à tout le peuple juif.

Un ange saint recueille les prières d'Israël.
Lorsque l'ange saint voit une personne vêtue de chaatnez, il constate qu'elle ressemble aux prêtes idolâtres et rejette sa prière qui n'est pas acceptée parmi celles d'Israël.
La personne vêtue d'un habit contenant un mélange interdit (chaatnez) donne du pouvoir au mauvais esprit chargé des porteurs de chaatnez et sera livrée à son autorité.

Lorsqu'un homme donne du pouvoir à l'esprit mauvais, c'est comme s'il adorait des idoles.
Le mot chaatnez (שַׁעַטְנֵז) y fait allusion, il se décompose en : "Satan az" (Satan puissant - שטן עז).
De plus, les lettres "ayin" (ע) et "zaïn" (ז) [de az - עז] sont une abréviation de "avoda zara" qui veut dire : idôlatrie.
Quiconque porte du chaatnez est livré au pouvoir de l'esprit mauvais qui est le Satan.
Le mot "Az" signifie : fort.
L'homme vêtu d'un habit contenant du chaatnez donne de la force au Satan qui lui inflige des tourments.

Le verset y fait allusion : "Un vêtement d'espèces mélangées chaatnez ne sera pas sur toi".
La Torah dit à l'homme : si tu veilles à ne pas porter de kilayim (mélanges), Chaatnez (le Satan fort) ne sera pas sur toi, c'est-à-dire qu'il n'aura pas de pouvoir sur toi.
Ce verset peut également se traduire littéralement : "Des vêtements d'un mélange chaatnez, cela ne montera pas pour toi".
Le mot "cela" désigne la prière. Le verset nous dit que si l'on porte des vêtements chaatnez, notre prière ne montera pas en Haut.

Sans le Séfer Torah, les lettres : chin, ayin, tét, noun, zaïn, guimet et tsadik sont surplombées de couronne.
L'acrostiche des 5 premières forme les mots : "chaatnez" (Satan fort), alors que celui des 2 dernières (guimel et tsadik) est celui des mots : gadol tsorer, signifiant : le grand ennemi.
Ceci enseigne que quiconque étudie la Torah est protégé du Satan et du grand ennemi.
Ces couronnes [de la Torah] sont appelées : "taguine" en hébreu, un mot proche de hagana, qui signifie protection.

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-> b'h, sur les mélanges interdits : https://todahm.com/2020/03/11/13334

Effacer Amalek de nos jours

+ Effacer Amalek de nos jours :

-> "C'est une mitsva de lire la paracha Zakhor (le Shabbath précédant Pourim), et la Torah est éternelle : chaque homme est un microcosme et a en lui un petit "Amalek" : le mauvais penchant.

Dans ce passage (Ki Tétsé 25,17-19), on peut trouver : "[Amalek] a frappé en toi ceux qui étaient en arrière, tous les faibles à tes arrières, alors que tu étais las et épuisé".

Ce sont nos petites faiblesses, nos légères défaillances qu'on a renoncé à corriger, et dont le mauvais penchant va "tomber dessus" pour nous faire chuter.
[...]
Le mauvais penchant se tient à arrière tel un chien attendant un moment d'inattention [de notre part] pour attraper quelque chose à manger, de même, il essaie de nous voler une mitsva par ci, puis une mitsva par là, ...
Il embrouille l'homme, le persuadant que ce n'est qu'une perte de rien du tout.

[le Maayan Moèd - Pourim]

[Après 120 ans, le yétser ara sera là pour chiffrer ce qu'il a pu nous prendre, et il brandira cela afin de nous accuser lors du grand jugement portant sur notre vie.]

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-> Il est écrit dans la paracha Zakhor : "[Amalek] a surgi devant toi sur le chemin et qu'il a frappé en toi ceux qui étaient en arrière"

On retrouve la stratégie en 2 temps du yétser ara :
- nous faire tomber par la faute ;
- nous empêcher de nous relever, de repartir de l'avant, en nous faisant rester dans un état de tristesse d'avoir fauté.

-> Dans la paracha Béchala'h, pendant l'attaque surprise de Amalek, à chaque fois que Moché avait ses mains au-dessus de sa tête, le peuple juif avait le dessus, et sinon, c'était l'inverse.
["Quand Moché levait la main, Israël vainquait, et quand il laissait ses mains, Amalek vainquait" (17,11)]

On peut citer 2 explications :
1°/ lorsque les mains (naaché, l'action) sont au-dessus de la réflexion (nichma), alors on a : "naaché, vénichma", et Israël gagne.
Cependant Amalek (qui est en nous!) souhaite que nous inversions les priorités, nous faisant aller à notre perte. [Rabbi Akiva Tatz]

2°/ Notre rôle est de s'élever d'un monde où tout n'est que simple coïncidence/hasard, à un vie placée sous l'autorité d'Hachem.
Absolument tout événement prend sa source dans les mondes supérieurs, et Amalek ne souhaite pas que nous remontions aussi loin, préférant que l'on se focalise sur les manifestations visibles, naturelles (ce qui refroidit notre émouna).

Nous devons avoir les mains au-dessus de notre tête, vers le Ciel, démontrant notre certitude que rien ne peut avoir lieu dans ce monde, si Hachem n'a pas donné au préalable son accord.
[Ohr Guédaliyahou]

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-> "Quand Moché leva les mains, Israël gagnait, quand il les lâchait, Amalek gagnait" (Béchala'h 17,11)

On peut s'interroger sur la différence d'expression. Pour parler de la victoire d'Israel, le texte dit : "Quand Moché levait les mains", mais quand on parle de la victoire de Amalek, il n'est pas dit : "quand Moché baissait les mains", mais quand il les "lâchait les mains". Que signifie cette différence?

En fait, Amalek représente le mauvais penchant (yétser ara), qui s'insinue dans le coeur de l'homme pour le tenter à la faute. Le seul moyen de vaincre le mauvais penchant, c'est de "lever les mains", d'être prêt à faire des efforts, d'aller à contre courant de ses habitudes et tendances naturelles. Parfois même, de se faire violence, de renoncer à certaines envies, pour rester fidèle à Hachem, malgré les efforts que cela représente.
Mais si le juif arrête de se battre, de rester sur ses gardes, et si simplement il relâche les efforts, c'est déjà la victoire du mauvais penchant. Car on se serait déjà refroidi et on aurait baissé de niveau spirituel. Même si on n'aurait rien fait de mal dans les actes. Le simple relâchement des efforts est déjà en soi une défaite.
L'homme dans ce monde ressemble à un cycliste qui voudrait gravir une pente à contre-courant. Il doit pédaler, poursuivre et fournir des efforts en espérant gravir la pente. Mais s'il s'arrête de pédaler, il reculera automatiquement.
Dans la vie, c'est pareil : soit on progresse, soit on régresse. On ne peut stagner sur place. Si un jour, on réalise qu'on n'a pas progressé par rapport à la veille, on pourra en déduire qu'on a régressé.

=> D'où la nécessité toujours, de ne jamais se contenter du niveau atteint, le jugeant déjà satisfaisant et pensant qu'il n'est pas nécessaire de poursuivre les efforts déjà accomplis. Si un jour, on se satisfait de là où on est arrivé, on décide de "lâcher les mains", de suspendre l'effort pour une certaine période, alors on devra savoir que Amalek aura gagné une victoire sur nous.
[rav Mikaël Mouyal]

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-> "Quand Moché levait la main, Israël dominait" (17,11)

Il levait la main pour les bénir avec la birkat cohanim.
C’est pourquoi Rabbi Yo’hanan a dit : "Que signifie ce qui est écrit : "Quand Moché levait la main, Israël dominait, et quand il baissait la main Amalek dominait"?
Cela nous enseigne que le monde subsiste grâce à la "nessiat kapaïm" des cohanim."
[Séfer haBahir]

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-> Au tribunal d'En-Haut, certains anges défendaient Israël tandis que d'autres l'accusaient.
Ceux qui les incriminaient arguaient que les juifs ne méritaient pas d'être sauvés à cause de leurs fautes et de leur manque de foi ...
Par moments, la main de Moché s'alourdissait tant qu'il devait la baisser. C'était un signe que les forces dénonçant Israël en-Haut prévalaient et qu'Amalek allait l'emporter.
Cette dénonciation alourdissait la main de Moché et l'empêchait de la garder levée.
[...]
[Dans le Zohar (66b)], rabbi Chimon bar Yo'haï dit : "Ne pensez pas qu'il s'agissait là d'une bataille insignifiante. De la Création jusqu'à l'ère messianique, aucun bataille ne pourra lui être comparée. Même la grande guerre de Gog et Magog ne l'égalera pas."
La bataille n'était pas importante à cause des guerriers ou des armes utilisées, mais en raison des très fortes puissances spirituelles qui y participèrent.

[Selon Rabbénou Bé'hayé,] En Haut, le génie d'Amalek dénonçait Israël de toutes ses forces.
Seule la puissance remarquable des prières de Moché brisa le pouvoir de ce génie.
Par ses prières, Moché finit par forcer le génie d'Amalek à assister Israël contre Amalek.
[...]

"Yéhochoua affaiblit Amalek et son peuple par l'épée" (Béchala'h 17,13)
Yéhochoua avait remporté la victoire grâce à l'aide spirituelle de Moché, Aharon et 'Hour (le fils de Myriam).
Il y est fait allusion dans le verset : "Voici, comme il est bon et agréable lorsque des frères (a'him) résident ensemble en harmonie" (Téhilim 133,1).
Le mot "A'him" (אַחִים) est composé des initiales des noms : Aharon, 'Hour, Yéhochoua et Moché.
[Méam Loez - Béchala'h 17,12]

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-> On peut s'interroger. Apparemment, le verset aurait dû dire : "Quand Moché baissait ses mains ...". Pourquoi dit-il : "Quand Moché levait la main"?

En réalité, pour vaincre Amalek, symbole du mauvais penchant, il faut faire des efforts pour s'élever et progresser. Il faut lever les mains.
En revanche, si l'homme relâche ses efforts et cesse de s'élever et de progresser, alors il échouera et tombera. Et ce, même s'il ne baisse pas ses mains, même s'il ne cherche pas à descendre spirituellement.
En effet, pour vaincre le penchant, il n'y a pas d'autre choix que de s'accrocher et de grandir [garder nos mains vers le haut!]. Si on relâche ses efforts, même si on ne baisse pas les mains, même si on ne cherche pas à descendre, le simple fait d'arrêter de faire des efforts, cela conduit déjà à perdre la guerre contre le mauvais penchant.
[rabbi Zalman Sender Shapira]

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-> "Tout ce qu'un juif accomplit doit se faire dans l'intention d'effacer grâce à cela le souvenir d'Amalek, et lorsqu'il y veillera, je suis certain qu'il se débarrassera de toutes ses souffrances".
[Beit Aharon]

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-> Puisque aujourd'hui nous ne pouvons pas identifier qui est Amalek, l’essence de la mitsva est pour chacun de nous d’effacer Amalek de l’intérieur de nous, de rejeter et mépriser le mal qui est en nous.

[Rav Ye’hezkel Levinstein]

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-> "En chacun d'entre nous se dissimule une zone d'ombre de l'ordre d'Amalek, qui refuse de se plier même s'il connaît la vérité, qu'il nous pousse à refuser de regarder en face.

Or, lorsque l'homme se trouve face à la vérité, impossible à nier, comme lors de la sortie d'Egypte, le mauvais penchant risque de le pousser à lutter contre celle-ci et à la refroidir, par refus de se soumettre."

[Rav Yitzhak Brodiansky]

[il nous arrive tous d'avoir des moments de vérité (ex: un cours de Torah, un événement très fort de notre vie, ...), et plutôt que d'en profiter pour renforcer notre comportement, notre amour envers Hachem, le yétser ara va nous refroidir (ex: ce n'est qu'une coïncidence ; c'est certes un cours impressionnant, mais cela peut bien attendre un peu avant d'être mis en pratique (il y a le temps!)... ]

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-> Si Amalek n'avait pas attaqué Israël, aucune nation n'aurait jamais eu de pouvoir sur les juifs. Les comptes-rendus sur la défaite des égyptiens auraient produit une impression permanente sur le monde ...
Sans Amalek, toutes les nations du monde auraient éprouvé un immense respect pour Israël. Beaucoup se seraient converties au judaïsme et celles qui ne l'auraient pas fait auraient, au moins observé les 7 lois Noa'hiques.
En voyant la puissance de D., les nations auraient craint de fauter.

Mais dès lors qu'Amalek avait attaqué Israël, les nations se mirent à minimiser les miracles de la sortie d'Egypte et de la Mer Rouge.
Si le D. des juifs était si puissant, comment Amalek avait-il pu tuer tant de membres de Son peuple?
Par conséquent, l'attaque d'Amalek fit fauter le monde entier.
Amalek est responsable de tout le mal fait par toutes les nations de tous les temps.
[...]

Chaque fois qu'une personne faute, elle renforce Samaël (l'ange gardien d'Amalek, garant du libre arbitre dans ce monde), et ceci à son tour donne de la force à Amalek.
Ainsi, alors que Hachem Lui-même détruit le pouvoir des autres anges des nations (chacune ayant un ange tutélaire), il nous incombe à nous de briser le pouvoir de l'ange d'Amalek : nos fautes lui donnent de plus en plus de force.

Dans sa bénédiction à Essav, Its'hak dit : "La voix est la voix de Yaakov, mais les mains sont celles d'Essav" (Béréchit 27,22) = lorsque Yaakov (les juifs) faiblit dans l'étude de la Torah et dans la prière, alors la main d'Essav (dont Amalek est un digne descendant) devient plus forte.
La force de Samaël, l'ange d'Amalek (Essav) dépend directement de notre comportement! ...

Amalek ne peut être détruit tant que nos péchés renforcent son ange tutélaire (Samael).
Lorsque nous nous repentirons et que nous améliorons nos actes, Amalek sera automatiquement effacé du monde.

Le Alchikh haKadoch fait remarquer qu'il y a une contradiction importante :
- d'un côté Hachem Lui-même jura de détruire Amalek ("J'effacerai totalement le souvenir d'Amalek de sous les cieux" - Béchala'h 17,14) ;
- pourtant, plus tard, c'est à nous qu'Il donna le commandement de le faire ("Tu effaceras la mémoire d'Amalek de dessous le ciel" - Ki Tétsé 25,19)

Dans le cas des autres nations, Hachem commence par détruire l'ange tutélaire, puis s'occupe du peuple. [lorsque l'ange responsable d'une nation disparaît, alors sa nation n'a plus de force et tombe/disparaît automatiquement]
Ici, la situation est inverse. Nous (les juifs) devons d'abord détruire l'ange tutélaire d'Amalek en cessant de fauter et en nous repentant. C'est là notre responsabilité à nous.
Ensuite, comme Hachem l'a juré, Il détruira sa nation (Amalek).
[Méam Loez - Béchala'h 17,16]
[il se passe la même chose après que nous écoutons un cours de Torah, des paroles pleines de Vérité.
Le Amalek en nous vient tout minimiser, ridiculiser, ... réduisant à minima les implications concrètes de nos bonnes volontés théoriques qui viennent de se réveiller par les paroles de Vérité écoutées/lues.]

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-> "Ta colère le poursuivra, et Tu le feras disparaître de sous les cieux de D." (Eikha 3,66)

Le Imré Emet demande : "Que signifie l'expression 'sous les cieux de D.'? Lorsque l'on voit des événements se dérouler dans notre monde, nous devons retirer l'écran qui nous empêche d'y voir la main de D. C'est alors seulement que l'on voit que tout ce qui se passe ici, c'est au-dessus du Ciel, par la volonté de D. que cela se produit. Tu dois faire disparaître l'idée qu'il puisse y avoir quoi que ce soit dans le monde 'sous les cieux de D.', comme si cela pouvait être en dehors de Sa volonté et de Sa connaissance. 'Tu effaceras le souvenir d'Amalek de sous les cieux' : efface le Amalek qui sommeille en toi, et qui te convainc dans ton cour qu'il existe quelque chose qui existe 'sous les cieux'. Quant à toi, tu dois savoir que tout est 'au-dessus des cieux'."

-> Lorsqu'on est en tension avec un voisin parce qu'il a dit ceci, ou qu'il a fait cela, il est bon de savoir que D. nous regarde tous deux et nous dit : "Ne savez-vous donc pas que tout vient de Moi?"
La guemara (Shabbat 129a), dit : "Il est bon que l'on vende les poutres de sa maison, et que l'on se chausse de chaussures". Les Maîtres de la Tradition expliquent : "Les poutres de la maison, c'est le toit, qui recouvre la maison. Et quel est le lien entre le toit et les chaussures ? Le toit est ce qui nous sépare du ciel. Si l'on vend le toit, on peut comprendre que tout vient du Ciel, et alors on achètera des chaussures, mettant ainsi une séparation entre nos pieds et la terre. En effet, jusqu'à présent, avant de comprendre que tout venait de D., nous étions rattachés à la terre ; mais après avoir retiré le toit, nous pouvons nous détacher du sol, et comprendre que la main de D. est en toute chose, en toute action et en tout sujet."

-> Le Tiféret Chmouël écrit de même :
"Efface le souvenir d'Amalek de dessous les Cieux" (25,19) = "Efface son souvenir et celui de tous ceux qui poursuivent sa voie, en prétendant que tout ce qui advient dans le monde se produit dessous les Cieux, à savoir fortuitement sans l'intervention de la Providence d'Hachem.
En tant que juifs, il nous incombe au contraire, d'enraciner en nous que tout ce qui advient dans le monde, le meilleur comme le pire, est le fruit de la Parole d'Hachem qui, depuis les Cieux, conduit le monde ici-bas à chaque instant et dans ses moindres détails. Car personne ne peut toucher à ce qui revient à autrui sans que cela ne l'ait été décrété au préalable dans le Ciel.
De même, la subsistance de l'homme étant fixée depuis Roch Hachana pour toute l'année, aucun bénéfice ni aucune perte ne peuvent survenir si cela ne l'a pas été décidé d'En-Haut. Une brindille ou un morceau de paille ne peuvent bouger sans avoir reçu un ordre formel au préalable précisant leur destination."

-> Le rav Its'hak Mordé'haï Zilberstein (Rimzé Ma'hchava) écrit :
[A l'époque de Pourim] , à propos du verset : "On rapporta à Mordékhaï tout ce qui était advenu" et le midrach (Esther Rabba 8,5) de commenter : "(Mordékhaï) ordonna à Hatakh : va et dis-lui (à Esther) que le descendant de "il est advenu" s'en prend à vous (aux juifs), c'est ce qui est écrit "Souviens-toi de ce qui t'est advenu" (au sujet d'Amalek dont le descendant était Haman, le terme de "advenu" a une consonance d'évènement fortuit, livré au hasard, et constitue la devise de l'existence d'Amalek qui refuse l'existence de la Providence Divine).
C'est pourquoi Mordékhaï rassembla alors tous les juifs afin de renforcer leur émouna dans le Créateur, et afin qu'ils sachent que l'impureté d'Amalek basée sur un monde livré au hasard, est mensongère et sans fondement, et que tout ce qui arrive dans le monde est le fruit d'une raison Supérieure."

Le rav Elimélé'h Biderman ajoute :
Pour cette raison, la Torah nous ordonne au sujet d'Amalek "N'oublie pas", car à chaque instant et à chaque époque, nous avons le devoir de regarder vers le Ciel et d'avoir foi que tout ce qui nous arrive est le fait d'un calcul bien précis de notre Père Céleste. Et personne ne peut dire que Hachem l'a oublié, puisqu'à chaque instant, Son regard est posé sur chaque juif pour lui prodiguer du bien et le soutenir dans ses épreuves.

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-> "J'effacerai le souvenir de Amalek" (17,14)

=> Pourquoi la Torah est-elle aussi radicale concernant Amalek?
Le peuple Juif a plusieurs ennemis, mais c'est uniquement Amalek qui a eu ce traitement aussi catégorique de devoir complètement être effacé!

Amalek est décrit dans la Torah par les termes : "Il ne craint pas Hachem".
Bien que chaque ennemi d'Israël ne craint pas Hachem, si la Torah spécifie Amalek, c'est que lui n'a aucune trace de crainte d'Hachem.
De plus, l'essentiel de la vitalité de l'homme réside dans le fait qu'il a un quelconque lien avec la crainte d'Hachem. C'est ce lien qui le fait exister et qui lui permet de vivre.

=> Amalek, qui n'a aucun rapport avec la crainte d'Hachem, il lui manque donc l'essentiel de ce qui fait subsister un individu. Il n'a donc pas de pérennité, ni de possibilité d'un quelconque devenir. Il est donc condamné à disparaître et à être effacé.
[Maar'hé Lev]

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+ Amalek :

-> Amalek attaqua le peuple juif le 23 Iyar 2448, un mois et 8 jour après la sortie d'Egypte (le 15 Nissan), suite à un manque de émouna du peuple, qui a mis Hachem à l'épreuve.

-> Amalek est le petit-fils d'Essav, par son fils Elifaz.
Le midrach raconte que ce ne sont pas uniquement ses descendants qui vinrent attaquer les juifs dans le désert, mais Aamalek lui-même (âgé alors d'au moins 220 ans!).

-> Selon le midrach Tan'houma, Amalek résidait dans le Néguev ou dans les monts Séïr, et il dut faire un trajet de 1 460 km, afin d'arriver à Réfidim (lieu de campement des juifs).

-> Amalek était accompagné :
- selon le midrach Aba Gourion : de 400 000 hommes ;

- selon le Séfer haYachar : 10,18 millions de soldats, dont de nombreux magiciens et sorciers.
En effet, Amalek était persuadé que la force de Moché provenait de la sorcellerie, et qu'il a juste était plus fort que les magiciens égyptiens.
Il y avait aussi des sorcières, dont la propre femme d'Amalek, afin de multiplier les forces surnaturelles.

Moché par la puissance de la prière a réduit à néant ces forces de la sorcellerie, inversant par exemple les horaires du soleil, de la lune et des autres astres.

-> La guémara (Yérouchalmi Roch Hachana 3,8) rapporte que Amalek choisit des guerriers dont c'était l'anniversaire, sachant qu'en ce jour, la chance les accompagnerait et qu'ils seraient ainsi invincibles.
Il utilisait l'astrologie pour calculer les heures propices à l'attaque.

-> Le Yalkout Chimoni ('Houkat 764,21) écrit que Amalek reçut en testament un enseignement de son grand-père Essav qui lui disait : "Garde précieusement cette tradition et transmets-la à tes descendants : Tu pourras vaincre les juifs dès qu'ils se relâcheront dans leur service divin".

"Réfidim", signifie : "faible" ou "relâché", les juifs étaient devenus vulnérables à l’attaque d'Amalek, car ils s’étaient relâchés dans l’étude de la Torah.
[rafou yédé'hèm min haTorah - guémara Sanhédrin 106a]

-> On a l'obligation d'effacer le nom d'Amalek, car il s'attaqua à la émouna, effaçant par cela le nom de D., en expliquant que tous les phénomènes surnaturelles sont dus au hasard (cf. Rachi sur le mot : "kar'ha").

En lisant la paracha Zakhor, on se rappelle les pouvoirs de notre yétser ara : il nous refroidit aux mitsvot (ex: encore rien qu'une fois avant de changer!, c'est pas si grave!), il diminue notre émouna (ex: c'est le hasard ; tu peux agir sans l'aide de D., où est Hachem lorsque tu es dans la difficulté?, ...).

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-> "Amalek vint et combattit contre Israël à Réfidim" (17,8)

Les Amalécites utilisèrent les moules à briques qu'ils s'étaient procurés dans les archives égyptiennes.
Ainsi, possédant la liste des noms des juifs, ils les appelaient par leur nom, comme des amis.
Lorsque les juifs quittaient la protection des Nuées de Gloire pour aller à leur rencontre, les Amalécites les tuaient. [midrach Tan'houma - Ki Tétsé]
Ce fut ainsi qu'ils amorcèrent leur attaque.

Les Amalécites attaquèrent ainsi les hommes devenus rituellement impurs et qui devaient quitter le camp pour se tremper dans un cours d'eau.
Ils n'étaient pas admis dans le camp car Hachem avait ordonné : "Ton camp sera saint" (Dévarim 23,15).
Lorsque ces hommes quittèrent la protection des Nuées de Gloire, les Amalécites les soumirent à des violences homosexuelles et les tuèrent. [Pirké déRabbi Eliézer 44]
[Méam Loez - Béchala'h 17,8]

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-> La force d'Amalek provient du kiboud av exemplaire d'Essav, que nous pouvons effacer lorsque nous donnons notre cœur à Hachem - cf. : https://todahm.com/2019/03/02/10162-2

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+ La mitsva d'effacer le souvenir d'Amelek

-> Cette mitsva s'accomplit en tuant hommes, femmes, enfants, animaux, et en détruisant tout souvenir d'Amalek.
Il est à noter qu'aujourd'hui nous ne savons pas précisément qui est descendant d'Amalek.

Par le passé, elle a pu être accomplie :
- partiellement dans le désert par Yéhochoua bin Noun, à l'époque de Moché, suite à leur attaque surprise (cf.fin paracha Béchala'h) ;

- à l'époque du roi Chaül, sur ordre du prophète Chmouël, mais il cru bon de laisser vivre le gros bétail, et leur roi Agag ne fut tué que le lendemain par le prophète Chmouël.
Cependant, durant cette nuit, Agag eut des rapports avec une servante qui put ainsi donner une descendance à Amalek, d'où sortira par exemple : Haman.

- à l'époque du roi David, son général Yoav continua cette mitsva en allant les combattre (cf. guémara Baba Batra 21).

- Mordé'haï et Esther réussirent eux aussi à en anéantir nombre d'entre eux, mais plusieurs réussirent à s'échapper.

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-> Le Maharal Diskin (19e siècle) écrit qu'il possède une transmission (massorét), selon laquelle le Gaon de Vilna (18e siècle) a affirmé que la nation allemande faisait partie des descendants d'Amalek.
Le Gaon de Vilna ajoute que ces derniers ont des signes particuliers, facile à reconnaître : ils s'embellissent aux yeux du monde avec toutes sortes de civilités, mais leur cœur est empli de haine pour les juifs.

-> Le rav Yoël Shwartz dit que néanmoins, on ne peut aujourd'hui plus faire aucune conclusion à ce sujet, car tous les peuples ont été mélangés et déplacés de leur terre natale par le roi San'hériv, il y a près de 2600 ans.
On ne pourra accomplir cette mitsva de nouveau qu'à la venue du machia'h.

=> De nos jours, on doit combattre le Amalek qui est en nous, comme cela a été abordé (b"h) au tout début de ce dvar Torah.

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+ Peut-on accepter la conversion des descendants d'Amalek?

-> La guémara (Guittin 57b) écrit que les petits-fils de Haman étudièrent la Torah à Bné Brak.

-> Le 'Hazon Ich explique qu'il s'agit des petits-fils de la fille de Haman. Or, la règle chez les non-juifs est que la transmission se fasse d'après le père, qui dans notre cas n'était pas un descendant d'Amalek.
Par contre, s'ils ont combattu contre les juifs, il est impossible de les accepter.

-> Voici 2 mérites expliquant leur conversion future :

1°/ Selon le midrach (Esther rabba 10,4), bien qu'étant complètement méchant, il a une fois proclamé sa reconnaissance de la providence divine, lorsqu'il a été forcé à déplacer Mordé'haï sur un cheval.
Rabbi 'Haïm Pin'has Scheinberg dit que par ce mérite d'avoir été momentanément conscient, que ses succès et ses souffrances sont entièrement dans les mains de Hachem, il a mérité d'avoir une si belle descendance.

2°/ Selon rabbi Yaakov Kamenetsky, on apprend un principe très important : une personne est récompensée pour avoir générée du Kiddouch Hachem indépendamment de ses motivations personnelles.
Puisque la chute miraculeuse de Haman a généré un grand Kiddouch Hachem, rien que pour cela il mérite une énorme récompense.
[évidemment, qu'il devra rendre des comptes pour chacun de ses mauvais actes]

Selon l'Alter de Kelm, on peut tirer la leçon suivante : si Hachem récompense aussi grandement les personnes mauvaises (comme Haman), et ce pour une conséquence contraire à leur volonté ; combien à plus forte raison, Hachem récompensera infiniment toute personne qui volontairement s'efforcera de sanctifier Son nom.

"Il rendra heureuse la femme qu'il a épousée"  (Dévarim 24,5 - véchima'h ét ichto achèr laka'h)

-> Le rav Chlomo Zalman Auerbach disait avant chaque mariage au 'hatan, que cette obligation de la Torah est valable à tout moment de la vie du couple.

-> A chaque fois que nous rendons heureuse notre femme, nous accomplissons une mitsva de la Torah, et en plus de cela nous permettons (par exemple) :

1°/ d'amener sur nous la présence divine, comme il est écrit : "Lorsqu’un homme et une femme vivent en harmonie, ils méritent que la présence divine réside parmi eux" (guémara Sota 17a).

En ce sens, le géant en Torah : le Steïpler, a dit :
"Si tu sais passer un moment avec ta femme autour d'une bonne glace, tu peux être sûr que D. sera à vos côtés"

2°/ d'attirer sur nous un torrent de bénédictions, comme nos Sages l'enseignent : "Un homme doit toujours faire très attention au respect de son épouse car la bénédiction ne règne dans la maison que grâce à elle" (guémara Baba métsia 59a).

A l'image d'un ustensile qui va garder la pluie qui tombe, la femme heureuse permet à l'homme d'éviter que les bénédictions lui filent entre les mains ...

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-> "Nos Sages ont enseigné : "La femme, c'est son mari qui doit la réjouir" (guémara Kidouchin 34b) : c'est au mari d'utiliser sa sagesse et son intelligence pour faire régner la paix et la joie dans son foyer.

Il ne doit pas attendre de sa femme qu'elle le réjouisse par ses actes ou ses paroles, car c'est son rôle essentiel à lui d'être l'investigateur et le vecteur de la joie et de la paix. Sa femme, quant à elle, doit en être le réceptacle"

[Rabbi Na'hman de Breslev]

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-> "La force d'un homme ne se mesure pas à la taille de ses muscles, mais à l'éclat du sourire de sa femme"

[Rabbi Ména'hem Mendel de Loubavitch]

 

Amalek & Hachem réside à l’intérieur de chaque juif

+ Hachem réside en permanence à l'intérieur de chaque juif :

-> Le midrach (Vayikra rabba 15,9) rapporte que les grecs ont décrété que chaque juif devait écrire sur les cornes de ses bœufs qu'ils n'ont aucune part dans le D. d'Israël.

Le Beit Avraham de Slonim explique que le mot "Amalek" a la même guématria que "safek" (doute).
Cela symbolise la façon dont Amalek a semé le doute dans l'esprit du peuple et l'a poussé à se poser des questions : "Hachem est-il au milieu de nous ou non?"

Il explique que le peuple juif croyait certainement qu'Hachem existait et qu'Il gouvernait et guidait le monde. Cependant, ils doutaient qu'Il soit "au milieu d'eux" ou non. Ils doutaient que Sa présence puisse être trouvée parmi des gens simples, modestes comme eux, et cela les a conduits à tomber dans le désespoir.

En vérité, nous devons tous croire qu'Hachem est avec nous, quel que soit notre niveau. Même si nous sommes impurs, Hachem est toujours avec nous, comme il est dit : "Il réside avec eux, avec toute leur impureté" (A'haré Mot 16,16).
Et puisque la Chékina est avec nous même lorsque nous sommes impurs (suite à nos fautes), nous savons que nous pouvons toujours être élevés, quel que soit le niveau de bassesse auquel nous nous trouvons.

A 'Hanoucca, les grecs voulaient que peuple juif ait de tels doutes. C'est pourquoi ils ont fait écrire aux juifs qu' "ils" n'ont aucune part dans le D. d'Israël. Ils leur ont permis de croire qu'Hachem existe, mais leur ont fait dire qu'Il n'était pas avec eux parce qu'ils n'en étaient pas dignes.
Les 'Hachmonaïm ont lutté contre cet état d'esprit et ont enseigné qu'Hachem est toujours avec chaque juif (quoiqu'il ait pu faire comme faute, même les pires).
A cette fin, ils ont instauré 8 jours de 'Hanoucca pour remercier et louer Hachem afin de renforcer notre émouna en Hachem et de reconnaître qu'Il est avec nous à tout moment.

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[c'est l'arme principale de notre yétser ara, qui constamment essaie de nous dévaloriser (moins on se sent important, moins on a d'ambition spirituelle pour nous), et surtout il essaie de nous faire croire que Hachem est loin de nous, que nous ne sommes pas important à ses yeux, ... (il éteint notre feu interne d'une relation d'amour avec papa Hachem! ) ]

"N'aie pas l’égyptien en horreur, car tu as séjourné dans son pays" (Ki Tétsé 23,8)

-> Selon Rachi : "N'aie pas l’égyptien en horreur : bien qu’ils aient jeté tes enfants mâles dans le fleuve (Chemoth 1, 22). Et pour quelle raison ? Parce qu’ils vous ont hébergés en période de détresse."

-> Nous allons voir (b"h) un commentaire du rav Chakh sur ce verset.

Le peuple égyptien et son roi firent subir des traitements cruels et avilissants aux enfants d'Israël [pleinement pendant 86 ans consécutifs].
C'est seulement après les 10 plaies et beaucoup d'autres épreuves, que l'Egypte a consenti au départ de leurs esclaves.

Le midrach souligne qu'au départ des Bné Israël, le Pharaon les accompagna un bout de chemin.
Cet aspect de la "bienveillance" égyptienne à l'égard des enfants d'Israël, ne fut-il que symbolique, valut à l'Egypte la reconnaissance éternelle de la Torah : "N'aie pas l'égyptien en horreur, car tu as séjourné dans son pays".

Le rav Chakh nous dit que nous devons apprendre à ne considérer que les éléments positifs dans la conduite d'autrui.

Ainsi, il rapporte le commentaire de Rachi sur le verset : "S'il est alors un ange entre mille" (Yyov 33,23), qui nous enseigne :
1°/ Un seul ange entre mille qui intercède pour l'homme et relate sa droiture le délivrera de l'enfer, même si ses adversaires sont au nombre de 999.
2°/ Même si, dans un seul et même ange, il n'y a qu'un seul aspect en faveur de l'homme contre 1000, il le délivrera de l'enfer.

=> C'est ainsi que D. se conduit envers nous, et c'est ainsi que nous devons avoir à cœur de nous conduire avec chacun.

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-> Le rav Eliyahou Dessler enseigne :
Comme le rapporte Rachi, la Torah demande d'éprouver de la reconnaissance envers les égyptiens, car ils ont accueilli les Bné Israël en période de détresse.
Nous apprenons de là que la reconnaissance pour le bien prodigué est indépendante de tout le mal dont ont souffert les Bné Israë ; la cruauté des égyptiens ne peut pas effacer le bien dont ont bénéficié les Bné Israël.

Il ajoute : "Hachem est reconnaissant envers ceux qui L'aiment et gardent Ses préceptes, bien que cela ne Lui procure aucun bien, car Hachem n'a nul besoin de Ses créatures.
Il a toujours été le Maître du monde, même avant la Création. Mais Sa bonté est si grande qu'Il nous est reconnaissant d'avoir choisi une vie spirituelle fondée sur la Torah, et cela sera comme si nous Lui avions fait du bien".

[ainsi, Hachem est reconnaissant lorsque nous faisons Sa volonté (nous comblant de bénédictions en retour), et ce malgré tout le mal que l'on peut faire (les avérot), et le fait qu'Il n'en a absolument pas besoin.]

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Sans être naïf, il faut se focaliser sur le positif de l'autre (même s'il n'a que 1 pour 1000 de bien en lui : à l'image de l'attitude de D. envers nous!).

Personne n'est parfait (y compris nous-même), mais avoir un regard positif, permet de développer de l'amour, de la paix et rend la vie à tous infiniment meilleure.
(la vie est courte, alors pourquoi perdre ce peu de temps pour se prendre la tête avec autrui!).

Voir le positif, c'est passer d'un état où l'on n'est jamais satisfait, à un état où l'on a de la reconnaissance, où l'on apprécie ce que D. nous donne (merci D. pour la vie, merci D. pour cet entourage de grande qualité, ...), et l'on est alors plein de joie.
(ce que j'ai, ce n'est pas toujours ce que je voudrai avoir, mais puisque c'est ce que D. me donne, alors c'est ce qu'il y a de mieux pour moi => c'est la joie!)

Faire de l'autre un roi, c'est également se faire roi nous-même, car puisque que mes amis sont des personnes de grande valeur à mes yeux, c'est que je suis quelqu'un de bien!

"Tu effaceras la mémoire d'Amalek de dessous le ciel" (Ki Tétsé 25,19)

A la place de : "de dessous le ciel", ne devrait-on pas avoir plutôt : "de sur la terre"?

Le ciel (shamayim) représente le spirituel et la terre (aarèts) représente le matériel.

Amalek a déclaré la guerre au peuple juif avec pour objectif de le détacher de D.

La valeur numérique de Amalek (עֲמָלֵק) est de 240, et c'est la même que le mot : safék (le doute - ספק).
Lorsque les juifs sont sortis d'Egypte auréolés de crainte et d'admiration devant les miracles accomplis par D., Amalek a voulu faire pénétrer un doute en eux : peut-être ce n'était pas si miraculeux que ça ...

[Nos Sages comparent l'enthousiasme du peuple juif à un bain d'eau chaude.
Bien que sachant qu'il allait y mourir, Amalek a décidé d'y plonger afin de conduire à une très légère baisse de la température de ce bain, suite à son contact.
L'enthousiasme pur des juifs est touché. Nous ne sommes pas inattaquables, et si ..., et si ...
C'est ainsi qu'un début de doute naît, et Amalek a réussit son coup. ]

Un article a été publié (b"h), par le passé, sur ce thème : https://todahm.com/2014/08/08/reflexions-sur-la-difference-entre-amalek-et-le-peuple-juif

Ainsi, au travers de toutes les générations, dès qu'un juif a un doute dans son dévouement pour D., c'est le travail d'Amalek.

Amalek représente une obstruction entre le Ciel (le spirituel) et les juifs dans le monde quotidien matériel (terrestre).

=> La Torah nous demande de ne jamais oublié d'effacer la mémoire d'Amalek de "dessous le ciel", c'est-à-dire de retirer toute obstruction (ce qui fait écran) bloquant notre accès à une spiritualité, un lien pur et directe avec D.

b"h, tâchons chacun dans notre vie de nous éloigner de tout ce qui va contribuer à diminuer notre possibilité d'être sensible/réceptif au divin, à la spiritualité.

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Le verset est au singulier : "tu effaceras" et non au pluriel : "vous effacerez", car de nos jours, Amalek est principalement une réalité qui est interne à chacun de nous.
Il faut en permanence chercher à supprimer, en nous-même, toute trace de présence d'Amalek.

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Le 'Hafets 'Haïm a dit :  "A l'époque, les juifs devaient combattre les Philistins.
Aujourd'hui, "c'est une guerre de D. contre Amalek" ; celui qui veut faire la guerre doit préparer le ravitaillement de ses soldats : en l’occurrence, les élèves des yéchivot."

"Souviens-toi de ce que t'a fait Amalek" (Ki Tétsé 25,17)

Pourquoi est-ce que ce commandement de se souvenir de la méchanceté d'Amalek est écrit au singulier, et non au pluriel : "Souvenez-vous de ce que vous a fait Amalek"?

Amalek a attaqué les juifs lorsqu'ils campaient à Réfidim.
Le mot "réfidim" est en relation avec la racine du mot : "piroud"(division, séparation -> cf. Kli Yakar - Chémot 17,8).

Lorsque les juifs sont divisés, il est alors possible pour Amalek de s'infiltrer.
=> En utilisant le singulier (souviens-toi), la Torah souligne le fait que Amalek a attaqué lors ce qu'il y avait une division, et lorsque chacun n'était concerné que par lui-même.

Ce verset n'est pas une obligation de souvenir passif.
Il doit nous faire prendre conscience des conséquences passées de notre division, et nous pousser à tout faire pour vivre tous en harmonie.
En effet, c'est la meilleure protection, muraille, afin d'empêcher toute nouvelle attaque d'Amalek.

=> Chacun à notre niveau, nous avons le pouvoir de véritablement renforcer la protection du peuple juif face à ses ennemis en cherchant à maintenir dans nos relations avec autrui l'union, la paix.
Par la même, on se rend quitte du souvenir d'Amalek : plus jamais tu pourras nous attaquer car nous sommes unis!!

"Ma bonté ne te quittera pas" (Haftara Ki Tétsé - Yéchayahou 54,10)

La messora (tradition) nous apprend que 2 fois dans toute la Torah sont écrits les mots : "lo yamouch" (ne quittera pas) : une fois ici et une deuxième, dans le verset : "Ce livre de la Torah ne quittera pas ta bouche" (Yéhochoua 1,8).

Cela nous fait comprendre notre verset : "Ma bonté ne te quittera pas" parce que "ce livre de la Torah ne quittera pas ta bouche" : par le mérite de l'étude de la Torah, le peuple juif mérite les bontés de D. à tout moment.

 

Source (b"h) : Mayana chel Torah du rav Alexander Zoucha Friedman

"[C'est] un poids parfait et juste [que] tu auras ... car c'est une abomination de Hachem, ton D., quiconque fait ces choses, quiconque commet un acte corrompu" (Ki Tétsé 25,15-16)

Rabbi Samson Raphael Hirsch de nous dire :

"Un juif devient "une abomination de Hachem, ton D.", s'il se dit juif et n'observe pas ce qui est bon et juste, de façon consciencieuse et méticuleuse, dans ses relations avec son prochain."

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-> "N'aie point dans ta bourse 2 poids inégaux, un grand et un petit. N'aie point dans ta maison deux mesures inégales, une grande et une petite. Des poids exacts et loyaux, des mesures exactes et loyales doivent être seuls en ta possession ... Souviens-toi de ce que t'a fait Amalek" (Ki Tétsé 25,13-17)

-> Rachi explique la juxtaposition des versets ainsi : "Si tu mens dans les poids et les mesures, tu dois craindre l'attaque de l'ennemi."

=> Comment peut-on dire qu'Amalek vient attaquer Israël à cause de l'infraction des poids et des mesures? Il n'y avait pourtant, dans le désert, aucune transaction commerciale nécessitant des poids exacts et il n'y avait, par conséquent, aucune occasion de fauter à ce sujet.
De plus, la guémara (Baba Batra 88b) enseigne que "le châtiment réservé à la faute des poids et mesures est plus sévère que celui réservé à la faute de la débauche" ; en quoi cette faute est-elle si grave au point de l'être plus encore que celle de la débauche?

-> Le Netsiv (HaEmek Davar) explique :
Il faut faire un court préliminaire afin de répondre à ces interrogations : on sait que nos Sages comptent trois fautes capitales : l’idolâtrie, la débauche et le meurtre. Leur intention n’est pas d’enseigner que ces fautes sont particulièrement graves à cause du châtiment qu’elles entraînent. De ce point de vue, la profanation du Shabbat, qui est sanctionnée de la lapidation, est une faute plus grave que la débauche qui est punie de l’étranglement, ou que le meurtre qui est puni de la décapitation. Mais il y a ici un principe fondamental : si l’on réfléchit aux raisons qui peuvent entraîner un homme à fauter, elles sont au nombre de 3 principales :
1°/ L’absence de foi en Hachem et en sa Torah, la faute la caractérisant le plus étant l’idolâtrie.
2°/ L’assouvissement non refreiné du désir, qui s’exprime par excellence dans la débauche.
3°/ La colère et tout ce qui nuit à autrui, dont la faute la plus caractéristique est le meurtre.

Ces 3 raisons sont les racines dont découlent toutes les autres fautes de la Torah : par exemple, la profanation du Shabbat pour gagner sa subsistance découle d’un manque de foi et est donc associée à de l’idolâtrie. Mais si, en revanche, cette profanation provient de la recherche d’un plaisir, elle est alors un dérivé de la débauche.
Parmi les trois fautes citées, la plus grave et la plus fondamentale est l’idolâtrie qui provient d’un manque de foi en Hachem.

D’après ce qui précède, on peut facilement comprendre pourquoi l’utilisation de faux poids et mesures est si grave.
Une personne qui vole un objet peut y être entraînée par le désir d’assouvir un plaisir, ce qui entre donc dans la catégorie de la débauche. En revanche, celui qui ment en utilisant de faux poids et mesures et qui trompe ainsi ses clients, afin de gagner plus, y est conduit par un manque d’émouna en Hachem qui pourvoit aux besoins de toutes Ses
créatures. Cette faute dérive donc de l’idolâtrie.
C’est pourquoi son châtiment est plus sévère que celui de la débauche.

C’est également le sens de ce que nous enseignent nos Sages : "Amalek survient à cause de l’utilisation frauduleuse de poids et mesures" : à savoir à cause d’une faute qui provient de la même racine : Amalek arriva en effet, après que les Bné Israël demandèrent : "Est-ce qu’Hachem existe parmi nous ou non?" (Béchala'h 17,7). Ils doutèrent donc de la Providence Divine qui dirige l’homme en permanence, fût-elle dissimulée et non dévoilée comme lors de la sortie d’Egypte. C’est immédiatement après cela qu’il est écrit : "Et Amalek vint" (Béchala'h 17,8).
Cette faute provient donc de la même racine que celle qui entraîne la falsification des poids et mesures : le manque de foi en Hachem et en Sa providence individuelle : à cause du manque de foi surgit Amalek.

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-> Le rav Elimélé'h Biderman enseigne :
De manière générale, toutes les ressources d'une personne sont fixées de Roch Hachana jusqu'au suivant, et tout effort personnel ("Hichtadlout") qui entraîne une transgression (ou qui est superflu), ne servira en rien à augmenter ses gains ne fût-ce que d'un centime de plus que ce qui a été décrété pour elle.
Celui qui possède une réelle émouna dans le Maître de tous les mondes sait que tous les efforts d'un homme pour gagner sa vie et toutes ses entreprises dans ce but, n'ont pour seule raison d'être que d'accomplir le décret que le Roi du monde a imposé sur Ses créatures : "C'est à la sueur de ton front que tu mangeras ton pain".
Cependant, il n'existe aucun lien de cause à effet entre cette "Hichtadlout" et la subsistance. La conviction que seul le Créateur assure tous ses besoins prépare le canal même par lequel Il lui déverse ce qui lui est nécessaire en abondance.

Cela ne concerne d'ailleurs pas seulement la subsistance, mais également tout ce qu'un homme entreprend dans ce monde. D'un côté, il est tenu de faire une Hichtadlout (par exemple, de recourir aux services d’un médecin si un de ses proches est malade), mais d'un autre côté, loin de lui doit être la pensée que celle-ci possède une 'force' intrinsèque et est en mesure de lui venir en aide.
Il devra s'armer, au contraire, d'une foi intègre que l'aide dont il bénéficie provient d'Hachem qui a créé les cieux et la terre.
Et par le mérite de cette conviction, Hachem lui enverra effectivement toute l'aide nécessaire à la réussite de ses entreprises.
[...]

Rappelons-nous ce principe : effacer le souvenir d’Amalek consiste à raffermir sa foi dans la providence individuelle et en particulier en ce qui concerne la subsistance.
Car c’est Lui qui nourrit et pourvoit à chaque instant aux besoins de chacun. Il est donc tout à fait inutile de faire des efforts démesurés mêlés d’inquiétude, pour se la procurer, et à plus forte raison d’enfreindre pour cela des interdits. Car de toute façon, cela ne rapportera rien de plus.

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-> L’essence de la crainte de D. consiste, au sens littéral, à fuir la faute et tout ce qui pourrait y conduire. C’est ce que nous enseigne le Sforno au sujet du verset : "N’aie point dans ta maison deux mesures inégales, une grande et une petite" (Ki Tétsé 25,14) = non seulement il est interdit d’utiliser de fausses mesures afin de tromper les acheteurs, mais il est également défendu d’après la Torah de les conserver chez soi : "Après avoir mentionné, écrit-il, les voies par le mérite desquelles la Présence Divine réside au sein du peuple d’Israël, la Torah nous met en garde : non seulement, Hachem hait la tromperie, mais aussi celui qui possède des instruments destinés à fauter.
Il nous incombe de les éloigner de nous, de peur qu’Hachem nous prenne en abomination à cause d’eux, comme il est dit (verset 17) : "Car Hachem ton D. a en horreur quiconque agit ainsi."