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Les golems

+++ Les golems (paracha Vayéchev) :

"Avraham courut vers le troupeau" (Vayéra 18,7)

-> Le Malbim commente que le veau s'est échappé, et que Avraham ne pouvant pas le rattraper, il a été obligé d'en créer un nouveau.
C'est le sens de la suite du verset (v.18,7) : "il s'est dépêché de le faire (laassot oto)".

-> Le grand-père du 'Hida, le 'Hessed léAvraham, écrit que Avraham créait du bétail en utilisant le Séfer Yétsira, comme il est écrit dans le verset : "le veau qu'il a fait (achèr assa)" (Vayéra 18,8).

D'ailleurs, le Malbim explique que c'est la raison pour laquelle Avraham a donné à ses invités (les anges) du lait et de la viande (mélange interdit selon la Torah).
Ceci n'a été possible, que parce que la viande qu'il leur a donné n'était pas de la vraie viande naturelle, mais une qu'il avait créé lui-même.

-> Le Raavad écrit que Avraham créait également des golems humains.
Cela peut se voir directement dans la lecture littérale des mots : "les gens qu'ils avaient faits (achèr assou) à 'Haran" (Lé'h Lé'ha 12,5).
[dans son Pirouch haRaavad léSéfer Yétsira 6,4]

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+ Les Golems dans la guémara :

---> Golem humain :

Rava créa un homme (un golem en utilisant les forces de la sainteté), et l'envoya voir Rabbi Zeira.
Rabbi Zeira commença à parler avec lui, mais celui-ci n'a pas répondu. [En effet, un golem ne possédant pas d'âme, n'a pas la capacité de parler]

Rabbi Zeira (réalisant que ce n'était pas réellement un homme) va s'exclamer : "Mon ami (Rava) a dû te créer. Retourne à ta poussière."
[guémara Sanhédrin 65b]

---> Golem animal :
Rav 'Hanina et Rav Ochia s'asseyaient ensemble tous les vendredis pour étudier le Séfer Yétsira (le livre de la création). Au travers de leur étude, un veau se créait, qu'ils mangeaient par la suite [en l'honneur du Shabbath].
[guémara Sanhédrin 67b]

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-> Le Ben Ich 'Haï (Sanhédrin 65b) dit que manger de la viande qui a été créée par le Séfer Yétsira ne rassasie pas, ni ne nourrit le corps ... et sûrement on ne ressent pas le goût de la nourriture.
Si tel est le cas, pourquoi Rabbi 'Hanina and Rav Ochia ont-ils créé un veau la veille de Shabbath avec le Séfer Yétsira (en utilisant différents arrangements des lettres du Nom d'Hachem à partir desquels Il a créé le monde), et l'ont mangé pendant Shabbath?
Ils ont agi ainsi afin de montrer la puissance de la sainteté des Noms saints d'Hachem, qui [par exemple] ont permis de créer ces veaux.

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On peut citer certains emplois du Nom d'Hachem :
1°/ Rachi (Chémot 2,14) nous dit que Moché a utilisé le chem haméforach (le Nom Divin Havaya tel qu'il est écrit) pour tuer l'égyptien qui a frappé un juif ;
2°/ Rabbi 'Hanina and Rav Ochia se plongeaient dans les lois de la création (Séfer Yétsira) la veille de Shabbath, ils créaient un veau et le mangeaient. Cela était réalisé uniquement en combinant les lettres du Nom d'Hachem avec lesquelles le monde a été créé. [Rachi - guémara Sanhédrin 67b]
3°/ Rava créait un personne avec le séfer yétsira, puisqu'il avait appris comment arranger les lettres du Nom d'Hachem, avec lesquelles Il a créé le monde. [Rachi - guémara Sanhédrin 65b]

4°/ Rabbi Avraham Weinsberger (1805-1885) a une fois rendu visite au 'Hatam Sofer, et ils ont discuté de l'antisémitisme rampant de l'époque, en plus des difficultés à obtenir sa subsistance.
En raison cette situation, la émouna de nombreux juifs commençait à diminuer.
Rabbi Weinsberger a alors proposé au 'Hatam Sofer qu'il serait peut-être approprié d'utiliser les Noms saints d'Hachem pour créer un golem ou autre créature similaire, afin d'augmenter la émouna des juifs.
Le 'Hatam Sofer lui a dit : "Crois-moi. J'ai la capacité avec les Noms saints et la combinaison des Noms d'Hachem de créer un golem sans beaucoup d'effort, comme avaler un verre d'eau.
Mais la raison pour laquelle je ne le fais pas est à cause de la guémara (Yérouchalmi Yoma 3,7) qui dit que celui qui est familier avec le Nom Divin ne peut tirer aucun avantage d'autrui, et je tire avantage d'autrui puisque je reçois différentes choses des gens car je suis un rav".
[Shu"t 'Hatam Sofer - Ora'h 'Haïm 198]

5°/ Rabbi Shimshon d'Ostropoli enseigne que les noms : אדני et יהוה ont été utilisés pour ouvrir la mer Rouge.
Il est écrit : "Et toi, lève ton bâton et étends ta main au-dessus de la mer et fends-la" (véata arèm ét maté'ha ounété ét yadékha al ayam ouvkaéou - Béchala'h 14,16).
Si tu lève (arèm) les lettres de : "maté'ha" (ton bâton - מַטְּךָ), alors nous avons : ניל qui a une valeur de 90.
Ensuite, on va sous (nété) les lettres de : "yadé'ha' (ta main - יָדְךָ), nous avons : טגי qui a une guématria de 22.
Puis, au-dessus (al) des lettres de yam (mer - יָּם), on a : כנ, soit une valeur de 70.
Nous avons un total de 182 (soit : 90+22+70).
La dernière étape est "fends-la" (ouvkaéou), divise en deux 182 = 91, qui correspond à la guématria de la sommes de אדני et יהוה.

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-> Selon le Kouzari (maamar 4,25), l'auteur du Séfer Yétsira (livre de la création) est notre Patriarche Avraham.

-> Rabbi 'Haïm de Volozhin écrit sur son maître le Gaon de Vilna :
"Le Séfer Yétsira était totalement clair pour lui depuis qu'il était enfant ...
En discutant d'une certaine partie du Séfer Yétsira avec lui, je lui ai dis que selon ce qu'il était en train de signifier, le fait de créer un golem est une grande tâche à accomplir.

Il m'a répondu qu'une fois, il a commencé à créer un golem, mais cependant en plein milieu du processus, une certaine image est passée dans sa tête, de laquelle il a compris qu'il ne devait pas continuer, car il était alors trop jeûne.
Je lui ai demandé quel âge il avait à ce moment là, et il m'a répondu qu'il n'avait pas encore 13 ans.

[Hakdamat Rabbi 'Haïm Volozhin au Biour haGra léSafra déTsniouta]

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-> Le Tséma'h David, un des principaux élèves du Maharal de Prague, a écrit un livre d'histoire, dans lequel il y a la biographie de son illustre maître.
Cependant, il ne mentionne à aucun moment qu'il a créé un golem.

De même, le 'Hida a écrit le livre : Shèm haGuédolim, qui consiste en des biographies des personnages importants de l'histoire juive.
Il y rapporte que Rabbi Eliyahou Baal Chem (1550-1583) a créé un golem, mais en abordant le Maharal de Prague, il ne faut aucune mention de cela.

=> Il semblerait que le Maharal de Prage n'a jamais créé de golem.

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-> Rabbi Yaakov Emden (le Yaavets), fils du Chacham Tzvi, qui était lui-même le petit-fils de Rabbi Eliezer Baal Chem de Chelm, raconte que son ancêtre a créé un golem qui a beaucoup trop grandi, au point qu'il a décidé de le tuer.
Au moment où son ancêtre essayait de faire cela, le golem l'a griffé à son visage.
[Le 'Hida rapporte qu'ayant beaucoup grandi, il a craint qu’il ne détruise le monde, c’est pourquoi il a enlevé le Nom de D. de son front et il est retourné à la poussière.]

Rabbi Yaakov Emden aborde également le fait qu'un golem ne peut pas compter dans un minyan, car il n'a pas la capacité de parler ou d'entendre.
[Chéélat Yaavets - vol.2, 82]

-> Le 'Hida (Birké Yossef - Ora'h 'Haïm 55,4) écrit :
"Il n’y a pas de doute qu’un tel homme a le même statut que quelqu’un qui est sourd-muet. En effet, quand on crée un tel homme, il n’a la force que de respirer, donc il ne peut certainement pas participer à un minyan, car il est comme un homme qui n’entend pas et ne parle pas, il ne participe pas à un minyan."

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"Yossef rapportait des paroles médisantes sur eux, à leur père" (Vayéchev 37,2)

-> Rachi rapporte : Tout ce qu’il voyait de mal chez ses frères, les fils de Léa, il le rapportait à son père.
Il s'agit du fait : qu’ils mangeaient de la viande arrachée à des animaux vivants, qu’ils humiliaient les fils des servantes en les traitant de serviteurs, qu’ils étaient soupçonnés d’actes de débauche.

=> Comment comprendre que ces enfants de Yaakov, si justes (à l'origine de tribus!) puissent commettre de telles fautes?
Et s'ils ne les ont pas commises comment Yossef a-t-il pu dire de tels mensonges à leur sujet?

D'ailleurs, le Chla haKadoch fait remarquer que l'utilisation du terme : "vayavé" (rapportait - וַיָּבֵא), et non pas : "véotsi" (mot impliquant le fait d'inventer une histoire), implique que les frères avait réellement fait ce que Yaakov a rapporté.

-> Le Chla haKadoch répond en rapportant que Avraham a écrit le Séfer Yétsira, et qu'il l'utilisait pour créer des golems.
Il a ensuite transmis ce livre à Its'hak, qui l'a passé à Yaakov, qui l'a alors transmis aux enfants de Léa, puisqu'ils avaient une généalogie plus pure que celle des servantes : Bila et Zilpa.

Utilisant le Séfer Yétsira, les enfants de Léa, ont créé des animaux (cf. à l'image de rav 'Hanina et rav Ochia ci-dessus).
Un animal qui est créé de cette façon ne nécessite pas d'abattage rituel (ché'hita), et l'interdiction de manger de sa chair alors qu'il est toujours vivant (Sanhédrin 65b), ne s'applique pas.
Yossef a été témoin de ses frères agissant ainsi, mais il n'a pas réalisé que l'animal en question n'était pas un vrai.

De plus, ses frères créaient des golems sous une forme féminine, et lorsque Yossef a vu ses frères marchant avec une femme, il a supposé à tord que c'était une vraie femme.

Par ailleurs, lorsque les enfants de Léa étaient en train d'étudier le Séfer Yétsira, et que leurs autres frères souhaitaient les rejoindre, ils l'interdisaient au motif qu'ils étaient les enfants de servantes (et non d'une lignée généalogique directe menant à Avraham).
Yossef ne voyant pas toute l'histoire, a rapporté à Yaakov qu'ils humiliaient les enfants de Bila et Zilpa, en les traitant de serviteurs.

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-> Yossef raconta à son père que ses frères consommaient de la chair d'un animal vivant, ce qui constitue un interdit des 7 lois noa'hides (guémara Yérouchalmi Péa 1,1).
En réalité, les frères de Yossef ne souhaitaient pas prendre des animaux du troupeau de leur père. Ils avaient appris de leur père les profondeurs des secrets de la Torah. Or lorsqu'ils voulaient manger de la viande, ils utilisaient la kabbala pour créer un animal à partir de rien. Ce type d'animal ne nécessite pas de ché'hita réglementaire.
Yossef n'ayant pas encore atteint l'âge de 20 ans, il n'avait pu recevoir de Yaakov l'enseignement de cette sagesse et donc ne connaissait pas ces choses.
Il pensa, par conséquent, que ces animaux nécessitaient un abattage rituel d'après la halakha.
[...]

De plus, la guémara (Sanhédrin 59b) demande s'il est possible que la viande tombe du Ciel?
La guémara répond par l'affirmative et rapporte l'histoire de Rabbi Chimon ben Halafta qui rencontra en chemin des lions affamés qui voulaient le dévorer. Il mentionna donc le verset : "Le lionceaux rugissent après la proie, demandant à D. leur pâture" (Téhilim 104).
Deux morceaux de viande tombèrent alors du Ciel pour épargner Rabbi Chimon. Le premier morceau fut dévoré par les lions, Rabbi Chimon emporta au beit hamidrach le second morceau et demanda si cette viande était impure et inapte à la consommation ou si elle était pure et consommable.
Il fut répondu qu'il n'y a rien qui ne tombe du ciel qui soit impur.
[Tsor ha'Haïm]

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-> Les liens entre Yossef et ses frères commencèrent à se détériorer quand il fit des rapports négatifs à leur père, Ya'acov. L’une d’elles concernait le "Ever min ha'haï" : les frères consommaient d’un animal abattu tandis que le corps de l’animal continuait de bouger (ce qu’on appelle "méfarkesset"). Yossef pensait qu’ils transgressaient l’interdit de Ever min ha’haï, consommer d’un animal qui vit encore.

Le Parachat Dérakhim (darouch 1) précise que d’après les lois de la Torah pour les Bné Israël, une fois l’animal abattu, il est autorisé d’en consommer les membres, même s’il remue encore. Mais selon la loi pour les Bné Noa’h, même si l’animal a été tué, tant qu’il bouge, il est considéré comme vivant et il est alors interdit de le consommer.

Le Parachat Dérakhim ajoute que les frères se considéraient comme des Bné Israël en tous points et qu’il leur était donc parfaitement permis de manger la bête même si son corps remuait encore.
Yossef était d’accord sur ce statut des Bné Israël, mais du fait de sa sublime vertu, il estimait qu’il ne devait prendre compte de ce rang que quand la Halakha était plus exigeante. Par contre, quand le statut de Ben Israël permettait plus de souplesse, il agissait avec rigueur, comme s’il était un Ben Noa’h.
Le fait qu’il ait été très strict envers lui-même n’aurait certainement pas dérangé les frères, mais ce qui posa problème, c’est que Yossef pensait qu’ils devaient être aussi rigoureux que lui.
Il alla jusqu’à informer Yaakov qu’ils transgressaient l’interdit de Ever min ha'haï en consommant d’un animal qui remuait encore (ce qui n’est interdit que pour les Bné Noa’h).

-> Le rav Yéhonathan Gefen commente :
Comme c’est toujours le cas, nos Sages mettent en avant les défauts des grands personnages de la Torah et grossissent leurs erreurs pour qu’elles nous touchent, à notre niveau. Ainsi, il semblerait que l’erreur de Yossef ait été de vouloir imposer ses exigences personnelles aux autres, ce qui engendra en un profond ressentiment de leur part.

Ce développement nous permet donc de tirer la leçon suivante : il ne fait pas imposer ses comportements louables ou exigences à autrui.
Ceci s’applique également à la façon dont nous considérons les personnes qui ne sont pas à ce niveau ; lorsqu’une personne fait preuve d’une certaine rigueur en matière de Halakha, elle a tendance à regarder de haut les individus qui n’agissent pas de la sorte. Les dégâts causés par cette attitude supplantent les bénéfices de la bonne action en question.
Un grand Rav dit à quelqu’un qui voulait s’imposer une nouvelle ’Houmra que si, à cause de celle-ci, il allait regarder les autres de haut, il valait mieux s’en abstenir, car le fait de se sentir supérieur aux autres entraîne un préjudice qui outrepasse le bénéfice apporté par la nouvelle exigence.

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+ Bonus (b'h) : Yossef et le lachon ara :

-> "... avec les fils de Bilha et les fils de Zilpa, épouses de son père ; Yossef rapportait des paroles médisante sur eux, à leur père" (Vayéchev 37,2)

Comment est-ce que Yossef a-t-il pu dire du lachon ara sur ses frères?

Il a bien respecté les 3 conditions cumulatives permettant de rapporter des paroles dénigrantes :

1°/ Si on a pu dire à cette personne d'arrêter son mauvaise action, et qu'elle ne nous a pas écouté, alors nous pouvons le dire à quelqu'un d'autre que cette personne sera susceptible d'écouter.

"avec les fils de Bilha et les fils de Zilpa" = Yossef a essayé de les faire changer, mais ils ont répondu que s'il se permettait de dire cela, c'est uniquement parce qu'ils sont les fils des servantes, et qu'il pensait être meilleur qu'eux.

2°/ On doit rapporter exactement ce qui s'est passé sans ajouter d'opinion subjective.

"Yossef rapportait (des paroles)" (vayavé Yossef) : le verset utilise : "rapportait" plutôt que : "disait/racontait", afin de signifier qu'il répétait exactement l'histoire sans aucunement l'enjoliver.

3°/ On ne doit pas tirer de profit du fait de donner l'information.

"à leur père" (el avihem) : Yossef ne dit pas : "à son père", car il ne souhaitait obtenir aucun honneur, aucune faveur de son père pour son comportement. Son seul désir était que leur père à eux (Yaakov) puisse les influencer afin qu'ils changent leur comportement pour le mieux.

"Il prit ses 2 femmes, ses 2 servantes, et ses 11 enfants" (Vayichla'h 32,23)

Rachi explique que Dina ne figure pas ici car Yaakov l’a mise dans une boite qu’il a verrouillée, pour ne pas qu’Essav ne la voie et qu’il souhaite l’épouser.
Yaakov a été puni pour avoir mis sa fille dans cette boite, car elle aurait pu conduire Essav au repentir. C’est pourquoi, elle est tombée entre les mains de Chekhem.

=> Comment peut-on condamner Yaakov pour avoir empêché Essav le racha d’épouser Dina?
Au contraire, cela aurait été considéré comme jeter sa fille aux lions!

En fait, Yaakov a bien fait d’avoir empêché Essav de voir sa fille. Seulement, la Torah lui reproche que quand il a fermé la porte de la boite, il n’a pas malgré tout soupiré en exprimant un regret, se disant :"Ah! Peut-être que finalement, je prive Essav du repentir!"

Hachem a puni Yaakov d’avoir verrouillé la porte fermement et sereinement, sans avoir un petit sentiment de regret/tristesse pour son frère.

Cela montre combien Hachem est exigeant avec les tsadikim (les jugeant sur l'épaisseur d'un cheveu! - guémara Yébamot 121b) et les sanctionnant pour des considérations qui semblent minimes.

[le Sabba de Kelm]

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-> A cette époque, Essav avait environ 100 ans.
[en effet, Yaakov et Essav avait le même âge, étant des jumeaux. Yaakov avait 84 ans lorsqu'il s'est marié avec Léa (cf.Rachi 29,21). On y ajoute 7 autres années avant qu'il épouse Ra'hél, et 6 années où il travaille pour sa parnassa, et encore 2 années avant de rencontrer Essav. Cela fait 84+15 : soit environ 100 ans]
Ainsi, malgré son âge avancé (100 ans!), Essav pouvait toujours faire téchouva, et Yaakov a même été puni pour avoir empêché qu'il puisse se marier avec Dina, qui aurait éventuellement pu lui faire faire téchouva.

Selon le rav Yé'hezkel Lévinstein, cela doit nous faire prendre conscience qu'on peut tous faire téchouva, qu'il n'est jamais trop tard pour cela.
[Hachem attend impatiemment la téchouva de chaque juif, quelque soit son âge, quelque soit la gravité de ses fautes.
Est-ce que tu es plus racha que Essav, a qui malgré tout Hachem attendait sa téchouva?
est-ce que tu es plus âgé que 100 ans, comme Essav, a qui Hachem attendait qu'il fasse téchouva? ...]

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+ Quelques autres explications :

-> Le Moshav Zékénim est d'avis qu'à ce moment, Essav aurait pu être ouvert à se repentir, comme le prouve son offre de voyager avec Yaakov ("Mettons-nous en route ... et j'irai à ton pas" - v.33,12)

-> Le Barténoura enseigne que les intentions (profondes) de Yaakov étaient mauvaises.
En effet, il voulait spécialement que son frère reste un racha, afin que celui-ci ne mérite pas l'accomplissement des bénédictions de son père.

-> Le Mérafsin Igri suggère que Dina avait un niveau si élevé que même Essav ne pouvait pas lui nuire spirituellement parlant, tandis qu'elle pouvait éventuellement l'aider dans une certaine mesure.

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+ On peut s'interroger : comment est-ce que Rachi a-t-il pu affirmer qu'il s'agissait de Dina, la fille de Yaakov, et non pas un de ses fils?

-> Le Gaon de Vilna (Kol Eliyahou) répond que nos Sages enseignent (Targoum Chéni - Esther 3,3) que la tribu de Binyamin a mérité d'avoir le Temple construit sur son territoire de la terre d'Israël, car Binyamin a été le seul fils de Yaakov qui ne s'est pas prosterné devant Essav.
En effet, celui-ci n'était pas encore né au moment de cette rencontre.

S'il y avait un autre de ses frères dans la boîte, cette raison n'aurait alors pas été suffisante, puisqu'une 2e tribu aurait pu demander à avoir le Temple.
Par conséquent, Rachi savait que l'enfant "manquant" ne pouvait être que sa fille Dina.

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-> "Il se leva cette nuit-là, il prit ses 2 femmes, ses 2 servantes et ses 11 fils et traversa le gué de Yabok" (Vayichla'h 32,23)

-> Rachi explique sur les mots "Et ses 11 fils" : Et où était Dina? Il la plaça dans une malle qu’il ferma afin qu’Essav ne place pas son regard sur elle. Yaakov fut puni pour ceci ; parce qu’il la priva à son frère bien qu’elle ait pu le faire revenir vers une conduite vertueuse. Elle tomba par la suite entre les mains de Chékhem.

-> Le Na’halat Yaakov note une contradiction entre ce commentaire et un autre, relatif à un précédent épisode de la Torah. Le Midrach (rapporté par rapporté par Rachi - Vayétsé 29,17) raconte que lorsque Léa sut qu’elle était vouée à épouser Essav, elle pleura amèrement. Ses larmes et ses prières lui épargnèrent ce destin. Pourtant, nous ne voyons nulle part qu’elle eut tort de ne pas désirer cette union. N’aurait-elle pas pu, elle aussi, influencer Essav positivement et le mener à la téchouva?

Dina était plus à même d’influer sur le racha (d’ailleurs, elle eut un impact positif sur Chékhem qui fut prêt à se convertir après avoir abusé d’elle). Elle avait un don naturel, que Yaakov aurait dû détecter, à rectifier le mal.

Le Targoum Yonathan (sur Vayétsé 30,21) nous informe qu’au départ, c’est Ra’hel qui était enceinte de Dina (et Léa attendait un 7e garçon : Yossef), mais qu’à la suite de la prière de Léa qui se souciait de la honte de sa sœur (qui risquait de mériter moins de tribus que les servantes), les fœtus s’interchangèrent : Léa donna naissance à Dina et Ra’hel accoucha de Yossef peu après.

Dina et Yossef ont donc un destin lié.
Nos Sages nous révèlent l’une des qualités de Yossef juste après sa naissance. Yaakov était resté chez son oncle Lavan durant de longues années pour échapper à son frère Essav. Mais dès la naissance de Yossef, il se mit en route pour la terre d'Israël. Ceci, car Yaakov sentit que Yossef avait la force de combattre le mal incarné par Essav.
[D’ailleurs, à plusieurs occasions, nous voyons que c’est par le mérite des descendants de Yossef que le peuple juif vainquit les descendants d’Essav.]

Il y a 2 approches dans le service divin : l’une consiste à éviter le mal et à vaincre ses mauvais traits de caractère, et l’autre à se focaliser sur l’amélioration de ses qualités.
Cela se base sur le Téhilim (34,15) : "Sour Méra Véassé Tov" (éloigne-toi du mal et fais le bien).
- Ra’hel. Ra'hel subtilisa les idoles de Lavan, afin d’empêcher son père de se livrer à l’idolâtrie (Vayétsé 31,34). Ra'hel avait une Avoda davantage de type : "Sour Méra".
- Léa était plus portée par le "Assé Tov" et était donc moins disposée à vaincre le mal que sa sœur Ra’hel.
À leur tour, les descendants de Ra’hel étaient, plus que ceux de Léa, capables de combattre Amalek, personnification du mal. [le filsde Ra'hel : Yossef, était de même, comme on l'a vu juste avant]

=> Nous comprenons à présent pourquoi Dina était plus à même d’influencer positivement Essav que sa mère.
Bien que fille de Léa, elle était également imprégnée du don de Ra’hel (le "Sour Méra") et pouvait donc aussi vaincre le mal. Mais sa façon d’y parvenir différait de celle de Yossef. Ce dernier pouvait éliminer le mal en le détruisant, tandis que Dina le transformait.
[C’est dans cette intention qu’elle sortait voir les filles de son pays ; son but était de les rapprocher d’Hachem.]
D’où la critique faite à Yaakov qui empêcha Dina de se marier avec Essav, tandis que Léa n’est pas réprimandée de n’avoir pas voulu épouser ce racha.

-> Il en résulte qu'il y a 2 manières de vaincre les influences négatives qui nous entourent : les détruire ou les rectifier.
Le 'Hazon Ich écrit que de nos jours, la meilleure façon de réduire le ’Hilloul Hachem causé par l’éloignement de la Torah n’est pas de lui faire affront, mais plutôt de le transformer. Et pour y arriver, il faut montrer un regard positif à l’égard d’autrui et lui prouver que le mode de vie indiqué par la Torah est celui qui lui apportera la plus grande satisfaction.
À notre époque, c’est la force de Dina, celle de corriger le mal, qui est la plus applicable.
[d'après un dvar Torah du rav Yehonathan Gefen]

"Yaakov envoya des anges devant lui, vers Essav son frère" (Vayichla'h 32,4)

-> "Notre Patriarche Yaakov s'est constamment efforcé de minimiser les difficultés futures qui arriveraient à ses descendants.
En effet, le fait d'envoyer les anges avec des cadeaux à son frère Essav, aide les juifs au travers toutes les générations.

A chaque fois que les oppresseurs viennent pour faire du mal aux juifs, exactement ces mêmes anges que Yaakov a envoyé à Essav, émergent de nouveau et ils viennent faire le maximum pour apaiser les méchants.
C'est ainsi que le verset spécifie : "Yaakov envoya des anges DEVANT lui" = il les a envoyé devant lui dans le futur, dans une mission de protéger et de soulager les situations difficiles de toutes les générations de juifs."

[le Ohev Israël - rav Avraham Yéhochoua Heschel]

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-> Certains commentateurs affirment que les messagers envoyés par Yaakov étaient les anges qui l'escortaient pour revenir vers la maison paternelle (cf. fin de Vayétsé v.32,3).
Les serviteurs de Yaakov étaient si terrifiés à l'idée d'aller au-devant d'Essav, qu'il n'eut pas d'autre choix que d'envoyer des anges.
De plus, D. avait envoyé ces anges sans raison apparente. Yaakov pensa : "La Providence me dit que je dois envoyer ces anges vers Essav. Il sera frappé d'effroi en les voyant."

D'après un autre commentaire, l'action de Yaakov portait sur 2 niveaux. Il dépêcha des anges à la rencontre de l'ange gardien d'Essav, pour le neutraliser. A Essav, il envoya des hommes.
[Méam Loez - Vayétsé 32,4]

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-> Le mot : "vayichla'h" signifie : 'devant lui'.
Yaakov a envoyé de véritables anges, afin qu'au moment où il rencontrera Essav, il puisse y avoir des anges entre lui et le racha Essav.
Ceci explique pourquoi le cœur de Yaakov s'est prosterné devant la présence divine.
["[Yaakov] se prosterna contre terre 7 fois jusqu'à ce qu'il parvienne auprès de son frère" (Vayichla'h 33,3)]
[Agra déKalla]

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-> Le Imré Noam enseigne qu'avant de rencontrer Essav, Yaakov a lu tout le Téhilim n°119, comme ségoula pour être sauver de l'énorme colère d'Essav à son égard. En effet, la récitation de ce Téhilim permet de dominer nos ennemis.
"Yaakov envoya des anges devant lui" (vayichla'h Yaakov mala'him léfanav) : le mot "léfanav" (devant lui - לְפָנָיו) a une guématria de 176, qui correspond au nombre de verset dans le Téhilim 119.
De plus, lorsque Yaakov s'est battu contre l'ange d'Essav, il est écrit : "un homme [ange] lutta avec lui" (vayéavék ich imo - וַיֵּאָבֵק אִישׁ עִמּוֹ), et le mot : "vayéavék" (lutta - ויאבק) a une guématria de 119 (comme le numéro du Téhilim).
Ainsi, nous voyons que Yaakov, le "ich tam" (איש תם), a vaincu Essav avec le Téhilim 119, qui commence par les mots : achré témimé daré'h (אַשְׁרֵי תְמִימֵי דָרֶךְ).

Ainsi, par la lecture du Téhilim 119, on peut être sauvé de notre ennemi spirituel, qui est le yétser ara.

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-> "Yaakov envoya des messagers en avant, vers Essav son frère, au pays de Séïr, dans la campagne d’Edom" (Vayichla'h 32,4)

-> Le Zohar Hakadosh (A 166 a) nous dit que Yaakov envoya de vrais anges, comme il est dit: "Malachim" et non pas des envoyés de chair et de sang.
=> Or, il ne manquait pas de personnes à envoyer, pourquoi a-t’il utilisé des anges pour envoyer ses cadeaux à ‘Essav, ce qui est anormal, même pour un des patriarches d’utiliser des créatures célestes pour accomplir son projet.

-> Le Ben Ich 'Haï (Od Yossef 'Haï - Vayichla'h) écrit :
La réponse se trouve en secret dans la double localisation d’Essav par le passouk "au pays de Sé’ïr, dans la campagne d’Edom".
En effet, Essav étant du coté de de l’impureté (touma), un feu de guévourot et de dinim (de rigueurs et de jugements), brûlait en lui, mais tant qu’il était en terre d'Israel, dans l’environnement d’Its'hak, son père lui insufflait une sainteté (kédoucha) provenant du Youd de son nom qui transformait ce feu (éch - אש) en homme (ich - איש), et ce tant à l’intérieur qu’à l’extérieur et c’est pourquoi que le verset (Toldot 25,27) l’appelle : "Essav devint un homme de chasse (ich yodéa tayid - יֹדֵעַ צַיִד איש), un homme des champs (ich chadé - אִישׁ שָׂדֶה)", deux fois le mot homme (איש) est utilisé, pour nous montrer les deux adoucissements de ses rigueurs.

Et c’est ce que vient nous préciser le verset, en nous citant deux noms de l’endroit ou il résidait :"au pays de Sé’ïr (artsa Séïr - אַרְצָה שֵׂעִיר), dans la campagne d’Edom (shédé Edom - שְׂדֵה אֱדוֹם), car les premières lettres de ces deux endroits sont feu (אש), Alef de artsa et Edom et Shin de Sé’ïr et Sdé.
Pour nous dire qu’Essav, en quittant la terre d'Israel et Its'hak, il avait perdu ses Youd qui le maintenait à proximité de la sainteté, et il n’est maintenant plus que éch (אש – le feu), au dedans et au dehors.
C’est pourquoi Yaakov ne pouvait pas prendre le risque d’envoyer des hommes, qui seraient très certainement tués, mais plutôt des anges qui, eux, peuvent affronter Essav.

"Yaakov resta seul et un homme lutta avec lui jusqu'au lever du jour" (Vayichla'h 32,25)

-> Rachi commente : L'homme en question était l’ange gardien de Essav.

-> La guémara ('Houlin 91a) enseigne que l'homme qui a combattu Yaakov, est apparu parfois comme un érudit en Torah (talmid 'hakham) ou parfois sous la forme d'un non-juif.

-> Le 'Hatam Sofer apporte l'explication suivante :
Yaakov a affirmé à Essav, avoir observé l'ensemble des 613 mitsvot chez Lavan (Rachi 32,5).
Cependant, il y avait 2 domaines dans lesquels il était faible : la mitsva d'honorer ses parents, qu'il ne pouvait pas réaliser pendant le temps où il était loin d'eux ; et l'interdiction de se marier avec 2 sœurs.

L'ange gardien de Essav a essayé de l'attaquer sur ses 2 points vulnérables :
- en prenant l'apparence d'un érudit en Torah = c'était pour faire allusion à Yaakov de ses lacunes dans l'honneur à ses parents, puisque la guémara (Méguila 16b) enseigne qu'il n'a pas été puni pour avoir négligé cette mitsva durant la période où il a étudié la Torah à la yéchiva de Chem et Ever (sans aborder les 14 années suivantes chez Lavan).

- en prenant l'apparence d'un non-juif, pour lui signifier qu'il a agit comme un non-juif en se mariant avec Ra'hel et Léa, puisque cette interdiction de se marier à 2 sœurs ne s'applique qu'aux juifs.

Le 'Hatam Sofer suggère que ces 2 mitsvot ce retrouve dans le verset (v.32,8), qui décrit la réaction de Yaakov lorsqu'il apprend que Essav se dirige vers lui avec 400 hommes : "Yaakov eut très peur et fut angoissé" (vayira Yaakov méod vayétsèr lo - ויירא יעקב מאד ויצר לו).
Pourquoi son ressenti est-il décrit par 2 verbes différents?

- "il eut peur" (vayira - ויירא) = fait allusion à la mitsva d'honorer ses parents, qui est décrite dans la Torah par : "ich imo véaviv tiraou (תיראו)" (Chacun, sa mère et son père vous craindrez - Kédochim 19,3) ;

- "il fut angoissé" (vayétsér - ויצר) = c'est l'interdiction de se marier avec 2 sœurs en même temps, qui se trouve dans la Torah : "icha él a'hota lo tika'h litsror (לצרר)" (Une femme en plus de sa sœur, tu ne prendras pas pour en faire des rivales - A'haré Mot 18,18)

-> Le Targoum Yonathan (v.32,8) écrit également que si : "Yaakov eut très peur", c'est parce qu'il n'a pas activement honorer ses parents pendant 22 années.

-> Le Yichma'h Moché fait remarquer, que le terme : "très [peur]" (méod - מְאֹד), est l'acronyme de : "mékiboud av dacheil", qui signifie en araméen : "de son kiboud av, j'ai peur".
En effet, Essav excellait dans le respect de son père (cf. moment où Its'hak bénit ses enfants).
=> Yaakov n'avait pas peur de la puissance, de la force de Essav, mais de l'avantage en mérites qu'il avait pour avoir honoré son père à la perfection.

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-> Le Chla haKadoch écrit que l'ange de Essav, représente le yétser ara qui :
- parfois il vient sous la forme d'un non-juif = nous attaquant avec un argumentaire propre à ce qui est le plus séduisant à nos yeux dans le monde non-juif ;

- et parfois, il apparaît sous forme d'un juif érudit en Torah = maîtrisant les moindres détails de la Torah, le yétser ara va nous piéger en utilisant notre fibre religieuse.
C'est ainsi par exemple que : une avéra devient une mitsva, on va faire une mitsva au détriment de nombreuses autres, il va réduire notre ardeur/enthousiasme, ...
Il ne recherche pas l'impressionnant, toute petite perte spirituelle, tout petit écart, est signe d'une réussite de sa mission.

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-> Le rav Moché Aharon Friedman fait remarquer que le yétser ara ne nous attaque pas dans ce qui est clair pour nous (le tout noir ou tout blanc), mais dans nos zones de confusion, où l'on doute (nos zones grises : où c'est ni noir, ni blanc).

Avraham représente l'Attribut de 'hessed (bonté) qui correspond aux 248 mitsvot positives, tandis que Its'hak représente la guévoura (rigueur), qui est associée aux 365 mitsvot négatives.
Que restait-il à Yaakov?

La spécificité de Yaakov était d'infuser de la sainteté dans la matérialité.
C'est ainsi que :
- en sortant du ventre de sa mère, il a tenu le talon de son frère.
Le mot : "talon" (ékev - עקב) est l'acronyme de : קדש עצמך במותר (sanctifie toi dans ce qui est permis - kadech atsmé'ha bémoutar) ;

- plus tard, il aura dans son sommeil la vision prophétique de l'échelle, dont le bas partait de la terre, et le haut arrivait au Ciel. C'est une allusion au fait que la tâche de Yaakov était d'unir ces 2 mondes : élever la matérialité en y mettant de la sainteté.

=> Nous devons suivre son exemple, et lorsque notre yétser ara se présente habillé en non-juif ou bien en érudit de la Torah, notre état d'esprit doit être le même : Est-ce en accord avec la volonté de Hachem? Est-ce que cela va m'élever vers D. ou bien m'en distancer?

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-> La prière de Yaakov concerne également les générations à venir. Car les nations du monde ont 2 méthodes pour convertir les juifs.
L'une est la voie de "la main d'Essav", les décrets impitoyables accompagnés d'effusions de sang, et la 2e : la voie de "la main de mon frère", c'est la fraternité et le rapprochement au moyen desquels les non-juifs veulent nous faire tomber dans l'abîme.
Pour ces 2 voies-là, Yaakov a demandé de la miséricorde Divine.

"[Yaakov] se prosterna contre terre 7 fois jusqu'à ce qu'il parvienne auprès de son frère" (Vayichla'h 33,3)

Comment comprendre le fait que le tsadik Yaakov se soit prosterné devant le racha Essav?

-> Mordé'haï était une réincarnation de Yaakov, et Haman une réincarnation de Essav.

Mordé'haï ne s'est pas prosterné devant Haman, et ce même s'il mettait en danger l'ensemble du peuple juif, dans un but de corriger la mauvaise action de Yaakov de s'être prosterné devant Essav.

Selon le Mahara Galanti, au nom du Ramak, la réparation de Mordé'haï ne porte pas sur une erreur que Yaakov a fait directement.
En effet, le Zohar rapporte que Yaakov a vu la présence divine, et il s'est alors prosterné.
Cette inconduite a entraîné que ses enfants l'ont imité, et se sont également prosternés devant Essav.
Mais, ils n'ont pas réalisé que leur père l'a fait en l'honneur de la présence divine, ils pensaient réellement qu'ils se prosternaient en l'honneur d'Essav.

C'est cela que Mordé'haï a réparé : la conséquence indirecte qu'a entraîné l'action de Yaakov, sur ses enfants, les tribus d'Israël.

[le Kissé David]

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-> "Yaakov envoya des anges devant lui" (Vayichla'h 32,4)

Le mot : "vayichla'h" signifie : 'devant lui'.

Yaakov a envoyé de véritables anges, afin qu'au moment où il rencontrera Essav, il puisse y avoir des anges entre lui et le racha Essav.

Ceci explique pourquoi le cœur de Yaakov s'est prosterné devant la présence divine.

[Agra déKalla]

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-> Le Zohar rapporte que Yaakov s'est prosterné car la présence divine était présente.
Le Zohar (Vayichla'h) explique : "C'est seulement aux êtres de chair et de sang qui ne perçoivent qu'avec leurs yeux, qu'il semblait que Yaakov se soit prosterné devant Essav. Cependant, en vérité, Yaakov s'est prosterné devant la Présence Divine".

Pourquoi a-t-il choisi de le faire alors que pour les autres, cela apparaissait comme le fait de se prosterner en l'honneur de Essav?

Dans la maison d'étude de Abayé, il y avait un démon qui causait des dommages aux personnes.
Lorsque Abayé a entend que Rav Acha bar Yaakov venait en ville, il s'est assuré qu'il allait dormir dans le lieu d'étude (beit midrach), avec l'espoir que les mérites de ce grand Sage allaient dominer le démon et conduire à sa disparition.

Le démon est apparu à Rav Acha bar Yaakov sous la forme d'un serpent à 7 têtes.
Rav Acha a alors prié, et à chaque fois qu'il se prosternait durant la prière, une tête du serpent est tombée jusqu'à ce que les 7 têtes soient tombées, et qu'il en meurt.
[guémara Kidouchin 29b]

Le yétser ara a 7 noms.
Dans le but de dominer les 7 forces d'impuretés d'Essav, Yaakov s'est prosterné à 7 reprises devant la présence divine, jusqu'à ce qu'il prenne le contrôle sur Essav.

Rav Acha bar Yaakov par le mérite de Yaakov, a pu se prosterner 7 fois et détruire le démon, à l'image de ce qu'a fait Yaakov au yétser ara en se prosternant à son frère Essav.
[guémara Soucca 52a]
[d'après le Mégalé Amoukot - Rav Nathan Shapira]

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-> Le Maharcha explique qu'à chaque fois que rav A'ha se prosternait durant la amida, une tête de serpent tombait : 2 fois durant la bénédiction sur les Patriarches, 2 fois durant la bénédiction modim, et 3 fois à la fin de la prière dans ossé shalom.
Rav A'ha s'inclina à 7 reprises dans la Amida, comme le prescrit la halakha, et éradiqua les forces néfastes du serpent.

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+ 7 têtes, 7 morts :

-> La guémara (Kidouchin 29b) raconte l’histoire d’un démon dangereux qui se trouvait dans le beit midrach d’Abbayé. Rav A’ha Bar Yaakov était en ville et personne ne l’invita, le forçant ainsi à dormir dans ce beit midrach. Le démon lui apparut comme un serpent à 7 têtes. A chacune de 7 prosternations, une tête tomba.

=> Nous nous demandons comment il a su s’incliner 7 fois pour tuer le serpent à 7 têtes.
[le Maharcha dit que ce sont les 7 forces d'impureté que le Serpent (Na’hach) a apportées au monde]

Its'hak a donné 8 bénédictions à ses enfants (7 à Yaakov [voir Toldot 27,28-29] et une à Essav ["N'as-tu qu'une seule bénédiction, père?" - Toldot 27,38]).
Le nombre 26 représente la bénédiction puisque c’est la valeur numérique du nom d’Hachem יהוה.
Si nous multiplions 26 par 8, nous obtenons 208. C’est la valeur numérique d’Its'hak (יצחק), faisant allusion aux 8 bénédictions qu’il a donnés. Yaakov en a reçu 7 et Essav une.
Si nous multiplions 26 par 7, nous trouvons 182, la même valeur qu'Essav (יעקב), car c’est le nombre de bénédictions qu’il a reçues.

Correspondant aux 7 niveaux de sainteté de Yaakov, Essav avait 7 niveaux d'impureté. Ceci est en accord avec "j’irai à tes côtés" (Vayichla'h 33,12) = c'est-à-dire ce que Yaakov possédait dans la sainteté (kédoucha), Essav l’avait dans l'impureté (touma). À chaque fois que Yaakov s’inclinait, un niveau de touma était retiré d’Essav.
Combien de fois Yaakov s’est-il incliné devant Essav? 7.

La valeur du mord טמא (tamé - impur) est 50. En multipliant 7 par 50, on arrive à 350. Essav a reçu 1 bénédiction de son père. Par conséquent, 350 et 26 nous donnent un total de 376, la même guématria que Essav (עשו).
Le verset nous dit que Yaakov s’inclina 7 fois "jusqu’à ce qu’il atteigne son frère" (ad a'hakhav - עד אחיו).
Une autre interprétation est qu’à travers ces prosternations, Essav était maintenant comme un frère pour lui, puisqu’avec Yaakov s’inclinant 7 fois, les 7 niveaux de touma d’Essav ont été supprimés.
Cela laissait maintenant Essav avec une bénédiction. Il n’est pas surprenant que la guématria de "a'hav" (אחיו - son frère) soit 26 (symbolisant la seule bénédiction qui est restée. [avec le +1 du kollel]

À la lumière de cela, nous pouvons comprendre pourquoi, dans le verset suivant, Essav courut vers Yaakov, le serra dans ses bras et l’embrassa, puisque tout ce qui restait à Essav était l’amour, sa touma (impureté) ayant été enlevée.
Maintenant, nous pouvons apprécier les mots : "Yaakov s’inclina 7 fois devant Essav" ( שב ע יפול צדיק ) puis le vainquit. ["le tsadik tombe 7 fois, et se relève ; mais les réchaïm sont effondrés par le malheur" (Michlé 24,16)]
Rav A'ha Bar Yaakov a appris de Yaakov comment tuer le démon à 7 têtes.
[rav Yéhochoua Alt]

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-> voir aussi le commentaire du Ben Ich 'Haï : https://todahm.com/2021/09/09/32696

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-> Le Mégalé Amoukot explique que lorsque nous effectuons 7 tours complets avec la lanière des téfilin sur notre bras gauche, nous désirons atteindre le même objectif que Yaakov notre Patriarche cherchait à atteindre en se prosternant à 7 reprises devant le Créateur du monde : soumettre les 7 forces d'impureté d'Essav son frère le racha.

-> De son côté, le rav Pin'has Friedman (Shvilei Pinhas) dit que nous plaçons tout d'abord les téfilin du bras gauche pour commencer, orientées vers le cœur, en enroulant la lanière 7 tours complets afin de soumettre les forces du mauvais penchant que Yaakov reçut d'Essav. Et seulement ensuite, il sera possible de mettre les téfilin de la tête qui contiennent 4 compartiments correspondant aux 4 approches fondamentales de l'étude de la Torah (4 parties du Pardess).
En effet, tant que l'homme n'a pas retiré les souillures inscrites dans son cœur, il n'aura pas la force de s'adonner pleinement à l'étude de la Torah. Comme on le dit dans les Téhilim : "Eloigne-toi du mal" et seulement ensuite "... et fais le bien" (Téhilim 34,15).

Nous commençons toujours par mettre les tefilin du bras, orientés vers le cœur afin de soumettre ses envies, puis nous posons les téfilin sur la tête, "entre nos yeux", afin que notre intellect puisse dominer le cœur.
[la faute est une démonstration de la soumission de l'homme aux envies et pulsions de son cœur]

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-> Le Mégalé Amoukot (Vaét'hanan) écrit que la klipa (écorce d'impureté) d'Essav contient 7 couches d'épaisseur constituant 7 forces d'impureté, ainsi que l'ont enseigné nos Sages : "le mauvais penchant a 7 noms : Raa, Arel, Tamé, Soné, Mikhchol, 'Havan, Tsafouni" (guémara Soucca 52a).
Ceux-ci font allusion aux 7 couches d'épaisseur qui sont les 7 forces d'impureté que possède le mauvais penchant. Afin de soumettre ces 7 forces d'impureté, Yaakov a dû se prosterner 7 fois devant la Présence Divine, avant que n'arrive son frère Essav, comme il est écrit : "Il passa devant eux et se prosterna à terre 7 fois, jusqu'à ce qu'il arrive près de son frère", car en se prosternant à 7 reprises, il put ainsi soumettre les 7 forces de la klipa de son frère et ainsi l'affaiblir.

Ceci nous renvoie aux mots du roi Salomon : "Car le tsadik tombe 7 fois et se relève" (Michlé 24,16). C'est-à-dire que les 7 prosternations de Yaakov lui ont permis de soumettre les 7 couches d'épaisseur d'impureté d'Essav.

[c'est la raison pour laquelle, à l'époque de Yéhochoua, lorsque le peuple d'Israël vint conquérir Jéricho, il effectua 7 fois le tour des murailles pour y soumettre le mauvais penchant.]

[le Arizal (Chaar haKavanot - Pessa'h) dit qu'une fois un enfant devenu bar mitsva à l'âge de 13 ans, bien qu'il soit considéré comme un adulte, il doit néanmoins encore recevoir 7 lumières intérieures jusqu'à l'âge de 20 ans, soit une lumière par an.
Ces 7 lumières intérieures viennent compléter le développement de base spirituelle de l'homme pour faire face au mauvais penchant et devenir adulte, un "grand" à part entière.
C'est la raison pour laquelle il est apte à être recensé parmi les juifs, car le recensement ne se fait qu'à partir de 20 ans.]

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"A mon seigneur (ladoni), à Essav ..." (Vayichla'h 32,5)

Comment Yaakov pouvait-il appeler Essav son seigneur?

-> Selon le Arizal, Essav était composé de 2 parties : une bonne, et une mauvaise.
Yaakov appelait la bonne partie : mon seigneur (adoni).

En ce sens le Ben Ich 'Haï (Od Yossef 'Haï) précise le verset : "ladoni (à la bonne partie de Essav), léEsav (à la mauvaise partie).

-> Selon le Or ha'Haïm, un des aspects de la stratégie de Yossef était de souligner à Essav la haute estime dans laquelle il le tenait.

Il y a toujours une partie sublime au sein de toute personne (même chez un racha comme Essav!).
=> Ainsi, à l'image de Yaakov avec Essav, nous nous devons de voir le spirituel, la sainteté en autrui, et la respecter.

Dans notre tête, nous devons souhaiter fortement que le mal en sorte, et que le bien en prenne pleine possession.
En parallèle, il faut aussi avoir conscience de la mauvaise partie, afin de prendre ses précautions, pour ne pas subir une influence négative.

+ "Rabbi Akiva disait : "Tu aimeras ton prochain comme toi-même" (Kédochim 19,18) : ceci est un grand principe de la Torah.

Ben Azaï disait : "Ceci est l'histoire des générations de l'humanité : [lorsque D. créa l'homme, Il le fit à Sa propre ressemblance]" (Béréchit 5,1) : ceci est un principe plus grand encore.
[En effet, il en résulte : ] Que tu n'en vienne pas à dire : "Si j'ai été humilié, mon prochain peut l'être aussi", car sache qui tu cherches à abaisser : un être créé à l'image de Hachem."

[midrach Béréchit rabba 24,8]

[Vouloir respecter Hachem, cela implique par ricochet de devoir respecter autrui, et également nous-même.]

"Avraham était vieux, avancé dans la vie" ("Hayé Sarah 24,1)

-> Il est écrit dans le midrach Yalkout Chimoni ('Hayé Sarah - chap.105) :

"Avraham demanda la vieillesse.
Il s'adressa à D. en disant : "Maître du monde, quand un homme et son fils arrivent quelque part, personne ne sait qui des deux honorer."
Hachem lui répondit : "Je jure par ta vie : c'est une bonne chose que tu demandes là, et c'est avec toi que la vieillesse commencera".
Depuis le début de Béréchit, il n'est fait aucune mention de la notion de vieillesse, et c'est seulement lorsqu'Avraham la demanda qu'elle fut donnée au monde ; c'est pourquoi il est dit : "Avraham était vieux".

Its'hak demanda les épreuves.
Il s'adressa à D. en disant : "Maître du monde, un homme meurt sans avoir vécu d'épreuves durant sa vie et l'Attribut de Rigueur/Justice s'abat sur lui ...
Its'hak demanda les épreuves, et elles furent données, comme il est dit : "Comme Its'hak était devenu vieux, sa vue s'obscurcit" (Toldot 27,1).

Yaakov exigea la maladie [qui précède la mort].
Il s'adressa à D. en disant : "Maître du monde, un homme meurt sans tomber malade, il n'a pas l'occasion de répartir son héritage entre ses enfants. Mais s'il tombe malade 2 ou 3 jours auparavant, il peut alors léguer ses biens ...
C'est pourquoi il est dit : "On fit dire à Yossef : ton père est malade" (Vayé'hi 48,1)."

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-> Le rav Dessler (Mikhtav méEliyahou) explique :

- Avraham incarne le 'hessed, et il déplorait le fait qu'une personne respectable (du fait de son âge), puisse être privée de l'honneur qui lui revient.
Par le phénomène de vieillissement, il avait une volonté sincère d'améliorer les relations entre les hommes.

- Its'hak incarne l'attribut de Rigueur/Justice, et il ressentait la nécessité de doter l'humanité d'un instrument capable d'inciter l'homme au repentir.
L'idée est de donner une sorte d'avant goût des épreuves de l'Enfer qui risquent de s'abattre sur cette personne, si elle ne se repent pas.

- Yaakov, l'homme intègre, par l'Attribut de la Perfection, souhaitait que la paix règne entre les héritiers, et la maladie permet d'avoir le temps pour répartir son legs.
Il avait conscience que les rivalités et la jalousie, provoquent une faille dans le service divin.

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-> Dans ce même midrach, il est également écrit :

"Le roi 'Hizkiyahou demanda la "seconde maladie".
Il s'adressa à D. en disant : "Maître du monde, il n'est pas bon pour l'homme que Tu le laisse en parfaite santé jusqu'à l'heure de sa mort. En revanche, s'il tombe malade au cours de sa vie, il se repent sincèrement.
C'est pourquoi il est : "Cantique de 'Hizkiyahou, roi de Yéhouda, composé à l'occasion de sa maladie dont il guérit" (Yéchayahou 38,9)."

=> 'Hzikiyahou est allé au-delà de la demande de Yaakov, en priant Hachem qu'Il suscite en l'homme, tout au long de vie, des maladies qui le conduiraient jusqu'au seuil de la mort, et dont il ne guérirait que par pure charité divine. L'homme serait alors animé d'un profond sentiment de gratitude envers Celui qui l'a sauvé, et il se repentirait sincèrement.

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-> Le midrach (Béréchit rabba Vayéra 43,10) nous rapporte que :

Rabbi Yéhouda bar Rabbi Simon dit : "Avraham fit un grand festin [suite à la naissance de Its'hak]" = il fit un festin pour les grands : Og et tous les grands de ce monde y étaient présents.

On dit à Og : "Ne disais-tu pas d'Avraham qu'il est une mule qui ne peut procréer?"
Il répondit : "Quelle est donc cette créature insignifiante [Its'hak] qu'il a reçue en cadeau? Avec mon doigts seulement, je peux la broyer!"

Hachem dit : "Pourquoi méprises-tu donc son cadeau? Je jure que viendra un jour où se dresseront face à toi des milliers et des milliers de myriades de ses descendants, entre les mains desquels tu tomberas (cf. 'Houkat 21,34).

[Cette interprétation correspond à] ce qu'a enseigné Rabbi Lévi : Jamais un berceau ne fut balancé avant qu'on ne le fît dans la maison d'Avraham."

-> Le Matanot Kéhouna explique que ce texte suggère que Its'hak fut le 1er enfant au monde à naître de la taille d'un nourrisson. Jusque là, les nouveau-nés sortaient du ventre maternel déjà adultes, et n'avaient donc nul besoin d'un berceau.
C'est pourquoi Og avait ainsi tourné en ridicule à la vue d'Its'hak, dans la mesure où l'on n'avait encore jamais vu d'enfant de taille si réduite.

=> Ainsi, Its'hak fut le 1er enfant "dépendant", incapable de pourvoir à ses besoins dès sa naissance.

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-> Pourquoi dit-on lé’haïm? Pourquoi dit-on labriout? : https://todahm.com/2014/05/18/pourquoi-lehaim-pourquoi-labriout

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"Avraham était vieux, avancé dans la vie" ('Hayé Sarah 24,1)

En hébreu, cela donne : וְאַבְרָהָם זָקֵן, בָּא בַּיָּמִים (veAvraham zaken ba bayamim)

La dernière lettre de ces 4 mots forme : מַאֲמִן (un croyant - maamim), c'est une allusion à la foi de Avraham en Hachem.
[Yalkout haEzovi]

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-> Répondre amen comme il le faut, est propice pour avoir une longue vie.
En effet, il est écrit : "Avraham était vieux, avancé dans la vie" ('Hayé Sarah 24,1).
Les dernières lettres de : "zaken ba bayamim" (vieux, avancé dans la vie - זָקֵן, בָּא בַּיָּמִי) forment le mot : amen (אמן).
[Baalé haTossafot]

-> Tout celui qui allonge son amen, sa vie sera allongée et sa vie sera bonne.
[guémara Yérouchalmi Béra'hot 8,8]
Le rav Its'hak Eizik Chaver précise que "sa vie sera bonne" (ouchnotav bétova) signifie : "il aura du plaisir en un jour de sa vie autant que les autres en ont en plusieurs jours."

-> Tout celui qui répond "amen" dans ce monde méritera de répondre "amen" dans le monde futur.
[midrach Tan'houma 96,9]
En ce sens, le Choul'han Aroukh (Ora’h 'Haïm 124,7) statue : "Enseigne à tes jeunes enfants à répondre amen, car lorsque les enfants répondent amen, ils méritent une part dans le monde futur (olam aba).

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-> "Et Avraham fut âgé" ('Hayé Sarah 24,1)

=> La Torah rapporte qu'Avraham était âgé, juste après l'épisode de l'enterrement de Sarah. Quel lien y a-t-il entre ces deux sujets?

Rabbi Nathan de Breslev (Likouté Halakhot) enseigne :
L'une des explications à cela est basée sur le verset de la Torah qui dit : "Que vos jours se multiplient ainsi que les jours de vos enfants sur la terre qu'Hachem a promis de vous donner" = on en déduit que toute la valeur et la plénitude de la longévité et donc de la vieillesse ne s'applique qu'à ceux qui sont en terre sainte.
Certes, Hachem a promis cette terre à Avraham. Mais, Avraham n'a réellement prit possession d'une part en terre d'Israël que pour y enterrer Sarah. C'est là qu'il a acheté le terrain d'Efron, à 'Hevron. Et c'est seulement après cette acquisition de ce lopin de terre que la vieillesse d'Avraham devint une véritable valeur et prit tout son sens, comme on l'a expliqué.
C'est donc logique que juste après cela, la Torah en fasse l'éloge : "Et Avraham fut âgé".

3 Questions/Réponses – Paracha Toldot

+ 3 Questions/Réponses - Paracha Toldot :

1°/ "J'ai mangé de tout avant que tu ne viennes" (Toldot 27,33)

Après qu'Its'hak ait mangé la nourriture apportée par Yaakov, Essav est venu et a demandé à son père de manger de la nourriture qu'il avait lui-même préparé afin qu'il le bénisse également.
Pourquoi Its'hak ne pouvait-il plus rien manger?

Rachi (v.27,9) : le repas de Its'hak (apporté par Yaakov) consistait en 2 chevreaux : l’un était destiné au sacrifice pascal, et l’autre devait servir au repas

-> Selon le rav Yossef 'Haïm Zonnenfeld, pour éviter que Its'hak ne mange et ne donne ensuite une bénédiction à Essav, Rivka s'est assurée que Its'hak mange le Korban Pessa'h.
En effet, la loi juive est que : après avoir mangé du sacrifice de Pessa'h (ou bien de nos jours l'afikoman), on ne doit pas manger ou boire de toute la nuit (én maftirim a'har aPessa'h afikoman).

-> Le Oznaïm laTorah fait remarquer que les lettres : "de tout" (mikol - מִכֹּל) sont les 1eres lettres de : matsa kazaït laa'harona (le kazaït de matsa [l'afikoman] est la dernière chose que l'on doit manger du repas de Pessa'h).

Its'hak va dire ensuite à Essav : "Ton frère est venu avec habilité et il a pris ta bénédiction" (Toldot 27,35)
Le mot : bémirma (avec habilité - בְּמִרְמָה) a la même guématria que : Afikoman (אפיקומן), soit 287.
=> Ainsi, Its'hak faisait allusion à Essav, que Yaakov était déjà venu et lui avait donné à manger l'Afikoman, il ne pouvait alors plus rien manger de ce que Essav lui avait apporté.

-> Le rav Chimchon Raphael Hirsch (v.27,39) fait remarquer que contrairement à la bénédiction de Yaakov (v.28 "Que D. te donne ..."), Its'hak ne dit pas explicitement à Essav que D. lui accordera Sa bénédiction, ce qui aurait signifié qu'elle émanait de Hachem.
Le destin de Essav dépendra du cours normal des événements de ce monde.

Selon le rav 'Haïm Yossef Kofman, si Its'hak a quand même donné une bénédiction à Essav, c'est parce que ce dernier en est venu à pleurer. Il a alors ressenti sa peine, et lui a répondu.

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+ Bonus (b'h) :

-> Rivka "mis les mets et le pain qu'elle avait préparés dans la main de son fils Yaakov" (v.27,17)
Ensuite : Yaakov "le servit et il mangea, et il lui apporta du vin et il but" (v.27,25)

Pourquoi Yaakov a-t-il pris l'initiative d'amener en plus du vin à son père?

-> Le 'Hizkouni explique que l'objectif de Yaakov était de rendre légèrement confus son père afin qu'il ne prête pas trop attention lorsqu'il déterminera l'identité.

-> Le Tossefet Bra'ha suggère que c'était pour des raisons de santé, pour se conformer à la guémara (Shabbath 41a) qui enseigne qu'il n'est pas sain de manger sans boire.

-> Le Torah léDaat suggère que si la viande provenait du Korban Pessa'h (cf.Rachi 27,9), alors Its'hak avait besoin de vin pour les 4 coupes de vin consommées pendant le Séder de Pessa'h.

-> Par ailleurs, de même que l'on fait beaucoup de mitsvot avec un verre de vin, de même Yaakov a pensé que le fait de recevoir une bénédiction de son père nécessitait un verre de vin.

-> Le Daat Zékénim est d'avis que c'est l'ange Michaël qui lui a apporté ce verre de vin depuis le Gan Eden.
[C'est peut être une des raisons du Rachi (v.27,27) : "est entrée avec lui (Yaakov) l'odeur du jardin de Eden"]

Le Méam Loez (Toldot 27,25) rapporte également : "Bien que Yaakov n'avait pas amené de vin, l'ange Mi'haël en apporta.
Ce vin était tiré du jardin d'Eden, et le raisin provenait des 6 jours de la Création.
L'ange le donna à Yaakov qui le servit à son père."  (Targoum Yonathan ; Yalkout Chimoni)

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2°/ "Et des peaux des chevreaux, elle recouvrit ses mains et son cou lisse" (Toldot 27,16)

Rabbi Yo'hanan dit : Yakov était grand et fort, et ses 2 bras étaient larges comme 2 piliers de marbre. (midrach Béréchit rabba 65,17)

Comment la peaux des 2 chevreaux (les petites d'une chèvre!) a-t-elle pu être suffisante pour lui couvrir ses 2 énormes bras (un bras par bête)?

-> On peut rapporter le midrach (Béréchit rabba 65,17) suivant :
Rav Houna, citant Rabbi Yossé, dit que la peau des 2 chevreaux suffisaient, car dans les générations précédentes, les animaux de la terre d'Israël étaient extrêmement grands.

Une fois avant Yom Tov, les Cohanim ont cherché un grand et beau mouton pour le sacrifice Tamid du Yom Tov. Ils n'ont pas eu besoin d 'aller bien loin pour trouver un mouton qui était si grand, qu'ils ont dû le mettre sur 2 chameaux pour le transporter jusqu'au Temple.
Malgré la grande taille des chameaux, les jambes du mouton atteignaient et traînaient sur le sol.

En ces temps là, en terre d'Israël, les chèvres et les chevreuils étaient si grands, qu'ils atteignaient la hauteur d'un cannelier.
Ces chèvres et chevreuils se tenaient près de l'arbre et mangeaient les fruits directement à son sommet.

=> Si les animaux en Israël étaient si grands, il est certain que 2 chevreaux étaient suffisants pour recouvrir les longues mains de Yaakov.

-> D'autres sont d'avis qu'elle a cousu ensemble la peau de plusieurs chevreaux, jusqu'à faire un morceau suffisamment grand pour recouvrir chacun de ses bras.

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+ Bonus (b'h) :

-> "Rivka prit les vêtements propres de son grand fils Essav ... et en revêtit Yaakov son petit fils" (Toldot 27,15)

Le Tsror haMaor (Rabbi Avraham Saba) enseigne que lorsque Rivka a placé les grands habits de Essav sur Yaakov, ils lui allaient parfaitement bien, malgré que ce dernier dernier était plus petit (cf.le verset ci-dessus).

=> Quelle était la nécessité de ce miracle sachant que Its'hak était non voyant, et ne pouvait pas savoir si l'habit lui allait parfaitement ou pas?

La réponse est que le miracle était destiné à Yaakov.
En effet, selon le midrach, Yaakov était très bouleversé et il a même pleuré de devoir être impliqué dans une tromperie. Hachem a alors fait en sorte que l'habit lui aille miraculeusement bien, comme un baiser d'encouragement, lui montrant que du Ciel il avait été convenu qu'il prenne les bénédictions à son frère.

-> Avant de mettre ses peaux, Rivka va d'abord revêtir Yaakov des vêtement de propres de Essav ou bien selon Rachi des vêtements précieux qu'Essav avait volés à Nimrod.

Rav Henoch Leibowitz explique que Rivka a habillé Yaakov de ces vêtements, afin qu'ils l'influencent d'une certaine façon à agir comme Essav, aidant ainsi à l'obtention des bénédictions.

=> On apprend de là le pouvoir d'influence que les habits peuvent avoir sur nous.

C'est ainsi que le Kitsour Choul'han Arou'h (3,3) codifie : "Une personne ne doit pas revêtir des habits très chers car cela amène une personne à être hautaine ; ni des vêtements extrêmement peu chers ou sales afin de ne pas être répugnant aux yeux des autres, mais avoir des habits ordinaires et propres".

[les juifs sont des princes, des fils du Créateur, on se doit d'agir en fonction de ce haut statut, et l'habit contribue à cela.]

[Le rabbi Naftali de Ropschitz enseigne qu'il était très difficile à Yaakov d'émettre le moindre mensonge, comme le souligne le verset : "tu donneras la vérité à Yaakov" (titèn émet léYaakov).
Rivka lui demanda donc d'enfiler le costume d'Essav, afin de se mettre dans la peau du personne, car lorsqu'on s'habille comme un Essav, on devient un peu comme lui, et même notre façon de parler en pâtit. ]

[Lorsque Avraham descendit en Egypte, la Torah dit qu'il regarda sa femme Sarah. Nos Sages commentent que l'environnement égyptien était tellement impur qu'il avait la capacité d'impacter négativement, même un géant comme notre Patriarche Avraham.
=> Ainsi, au-delà des habits, le milieu dans lequel nous vivons nous impact passivement.]

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-> Yaakov dit à son père: "Je suis Essav, ton premier né" (Toldot 27,19)

=> Comment comprendre que Yaakov, qui est le pilier de la vérité, a pu mentir à son père?
Le 'Hatam Sofer donne la réponse suivante : à ce moment-là, Yaakov revêtait les habits d’Essav, et les vêtements influencent celui qui les porte. C’est pourquoi ce n’était pas un véritable mensonge de dire : "Je suis Essav", puisqu’à cet instant, il était influencé par la personnalité d’Essav au moyen de ses vêtements.

-> Rachi ('Houkat 21,1) écrit : Amalek a attaqué le peuple juif, mais il voulait empêcher les juifs de le désigner par son véritable nom, Amalek, dans leurs prières adressées à D. pour solliciter Son aide.
Ainsi, pour les tromper, l'ennemi a-t-il ordonné à ses troupes de parler la langue cananéenne.
Désemparés à la vue d'un ennemi habillé comme Amalek mais parlant la langue de Canaan, les Bné Israël ont simplement imploré D. de les soutenir contre "ce peuple", et ils l'ont vaincu.

=> Pourquoi Amalek n'a-t-il pas également revêtu des habits Cananéen pour tromper au mieux les juifs?
Les commentateurs répondent que si Amalek venait à s'habiller en Canaan et à parler en Canaan, alors ils deviendraient des gens de Canaan.
Lorsque les juifs prieraient pour gagner la guerre contre les Canaanites, leur prière serait efficace, car à tous points de vue Amalek serait devenu des Canaanites, il n'y aurait plus de place au doute dans la prière. [le vêtement ayant le pouvoir de transformer une personne en une autre!].

=> Ainsi, nous voyons ici à quel point les habits que nous portons ont le pouvoir de nous affecter.

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-> [Le mot "béguéd", pour vêtement, provient de la racine : "baguad" signifiant "tromper", "se révolter"]. C'est pourquoi le verset : "Its'hak sentit l'odeur de ses vêtements et le bénit" peut se traduire : "Its'hak sentit l'odeur de sa révolte et le bénit".
Même les rebelles au sein du peuple d'Israël avaient un parfum Divin quand ils se repentaient.
[Selon la guémara (Sanéhdrin 37a) ne lis pas "bégadav" mais "bogdav" (ses traites). En effet, mêmes les traites, les rebelles contre D. (les fauteurs) parmi les juifs ont de telles qualités, qu'ils ont une odeur Divine.]
Its'hak sut par une vision prophétique que les descendants de Yaakov pécheraient, mais qu'ils se repentiraient, ainsi le bénit-il.
[Méam Loez - Toldot 27,27]

[d'une certaine façon, on apprend de là le pouvoir exceptionnel de la téchouva. A l'image d'un habit d'Essav qui est très sale et qui sent très mauvais, par un simple programme de téchouva (quelques mots sincères), nous avons la capacité de le transformer en habit de Yaakov, à l'odeur du gan Eden.]

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3°/ Bien que Yaakov et Essav étaient jumeaux, ils avaient peu de choses en commun.
Comment expliquer la très vaste différence entre les deux?

L'Alter de Kelm explique que le fossé entre les 2 frères provient d'une différence fondamentale.
-> Le nom Essav (עשו) est lié au mot : "assouï" (עָשׂוּי) signifiant : "complément fait/développé", puisque Essav est né avec des cheveux et des dents, comme un enfant âgé de plusieurs années.

-> Le nom Yaakov (יעקב) est associé au mot : ékev (talon - עקב), parce qu'il avait tenu le talon de son frère pour sortir, mais également en raison du fait que Yaakov par nature se considérait toujours comme étant au plus bas du travail de sa vie dans ce monde.
Le nom Yaakov est exprimé au futur, car il avait compris qu'il n'était pas dans un état fini, et qu'au contraire il devait constamment se travailler davantage pour exprimer au maximum son potentiel.

Selon l'Alter de Kelm, si les bébés humains naissent dans un état aussi faible, à l'inverse des animaux qui naissent en étant déjà capables de se nourrir, c'est afin de les préparer à dépendre, à apprendre de leurs parents.

Essav est né en se voyant comme parfait, dans un état déjà terminé (j'ai toutes mes dents, cheveux!), et il lui manquait ainsi la capacité d'apprendre d'autrui.

Cela vient en totale opposition avec Yaakov, qui âgé d'au moins 60 ans, a choisi d'investir 14 années d'études à la yéchiva de Chem et de Ever, avant d'aller chercher sa femme.
De plus, par la suite, en voyageant en Egypte pour retrouver Yossef, à un âge de 130 ans, sa 1ere priorité sera d'envoyer Yéhouda devant lui, afin qu'il puisse établir une yéchiva pour ne pas manquer même un seul jour d'étude.

D'ailleurs, le plus au niveau qu'un étudiant en yéchiva puisse atteindre est celui de : talmid 'hakham (תלמיד חכם).
Certes, il a atteint un niveau très haut de sage (חכם), mais il reste néanmoins un : un élève (talmid - תלמיד). En effet, plus on étudie, plus on avance dans une vie juive, plus on prend conscience de tout ce qu'il nous reste à apprendre dans l'infinité de la Torah.

-> Rabbi Guttman dit qu'on pouvait observer Essav bougeant dans toutes les directions, faisant pleins d'activités ("un habile chasseur"), et à l'inverse Yaakov qui "vécut sous la tente" ("yochèv oalim" (v.25,27), que le Targoum Yonathan ben Ouziel traduit par : "recherchant Hachem".

Pourtant, dans le monde de vérité, lequel des 2 aura eu une vie la plus dynamique?

Essav représente ceux qui courent après le bonheur, sans se remettre en question, et tuant leur temps, sans se rendre compte qu'en réalité ils se tuent eux-même (le temps c'est la vie!).

Yaakov était fixe vers un objectif : faire la volonté de Hachem. Plutôt que d'aller dans toutes les directions, il se focalisait à exploiter pleinement son intériorité.

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-> A ce sujet, le rav Avigdor Miller enseigne que
- Essav se sentait parfait, sachant ce qui est bien et mal pour lui mieux que Hachem.
Il avait une attitude de : gam zé yaavor (cela aussi passera).
Il n'avait aucune envie de s'améliorer, mais uniquement de profiter de ce monde (à l'image du plat de lentilles contre le droit d'aînesse).
=> Sa vie n'est que tristesse, car il est sans cesse à la recherche du prochain plaisir, et rien n'est assez bien pour lui, surtout si autrui a plus.

- Yaakov (Ekev - talon) était rempli d'humilité et il se sentait ne pas mériter les bienfaits de Hachem.
Même s'il a eu une vie difficile, il se focalisait sur le positif, acceptant de ne pas comprendre, et que c'est déjà très bien, vu que je ne mérite rien normalement.
=> Il avait une attitude de : gam zou létova (cela aussi est pour le bien).

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-> La guémara (Yérouchalmi Nédarim 3,8) décrit que dans les temps futurs, Essav revêtira un talith et se tiendra assis avec les tsadikim dans le Gan Eden, jusqu'à ce que Hachem vienne et l'en fasse sortir.

=> Comment comprendre que Essav, représentant du mal, puisse se tenir au paradis, et pourquoi spécialement Hachem doit venir l'en faire partir?

Le Pné Moché explique que Essav pensait que par le mérite de ses parents (Avraham et Its'hak), venant d'une famille aussi illustre, il pouvait uniquement se couvrir d'un talith pour devenir automatiquement un tsadik.

Or, en réalité, le talith et le mérite de nos ancêtres ont l'avantage d'être extérieur à une personne. En effet, pour devenir une personne pieuse, un tsadik, il est alors nécessaire de ne rien faire du tout.
C'est pour cela que Hachem est venu pour enseigner à tous que cette méthode ne fonctionne pas.
Cela n'est qu'une vie de mensonges, qui devient souvent apparente après 120 ans, moment où l'on réalise que le Gan Eden ne nous appartient absolument pas (quelle douleur, quelle honte!).

D'ailleurs, le Chla haKadoch note que dans la série de malédictions à destination du peuple juif s'il ne suit pas la Torah, il est écrit : "Eloké Avraham Its'hak véYaakov", ce qui signifie : "Attendez, vous (les juifs), vous êtes les enfants de Avraham, Its'hak et Yaakov? Vous avez une ascendance aussi prestigieuse? Si c'est ainsi, alors vos punitions doivent être encore pires!"

[un voleur dans une famille de tsadik est pire qu'un voleur qui a grandi dans une famille de voleur!)

=> Ainsi, à l'image d'Essav qui pensait que sa vie était toute faite, qu'il n'avait qu'à revêtir un talith pour être un tsadik, nous ne devons pas nous reposer sur nos lauriers.

A l'image de Yaakov, si j'ai de grandes capacités par rapport aux autres, si j'ai une belle ascendance (pleins d'érudits), je me dois d'agir en toute responsabilité, d'être à la hauteur.

-> Dvar Torah similaire : https://todahm.com/2015/12/27/4140

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-> Le Sfat Emet enseigne que le plan initial était que Essav tende vers la matérialité d'une façon honnête, tandis que Yaakov s'occupe du spirituel.
Ils formeraient d'une certaine façon ensemble un contrat Yissa'har et Zévouloun, dans lequel chacune des parties gagne de l'autre.

C'est uniquement parce que Essav a abandonné ses responsabilités, que Yaakov a dû prendre sur lui les 2 responsabilités.

-> Selon la guémara (Avoda Zara 11a), c'est une allusion à 2 descendants de Yaakov et Essav : Rabbi Yéhouda haNassi (descendant de Yaakov) et Antoninus (descendant d'Essav).

- Rabbi Yéhouda était le leader des juifs en Israël, un riche descendant du roi David, et un érudit important.
- Antoninus était le gouverneur romain d'Israël, un riche, et un descendant d'une famille romaine importante.

Ces 2 leaders étaient des amis proches : Rabbi Yéhouda enseignait la Torah à Antoninus, et Antoninus fournissait à Rabbi Yéhouda une protection politique et de l'argent afin qu'il puisse terminer d'écrire la michna.

Le Maharal (Gour Aryé - Béréchit) explique qu'ils représentent le potentiel positif d'accord entre Yaakov et Essav, et un exemple type de ce que doivent être les relations entre Rome (Essav) et Jérusalem (Yaakov).

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-> Le Zohar nous révèle que si la tête de Essav fut enterrée auprès de son frère dans la grotte de Ma’hpéla, c’est parce que son esprit possédait un potentiel très élevé, auquel son cœur cependant n’avait pas accès.

-> Le Radak dit que Its'hak avait conscience de la grandeur spirituelle de Yaakov, et il pensait que Essav avait nettement plus besoin des bénédictions afin d'améliorer ses actions.

Le Ets haDaat Tov dit qu'il a pris exemple sur Avraham dont ses prières ont permis à Ichmaël de faire téchouva.
Cependant, Ichmaël avait fauté par l’idolâtrie, tandis que Essav par le meurtre, et il est beaucoup plus difficile de s'en sortir lorsque l'on porte atteinte à notre prochain.

Ceci explique pourquoi Rivka a dû intervenir, prenant conscience que ses actions antérieures (meurtres) rendaient inaptes les bénédictions, et pourraient avoir un effet contraire.

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-> D. a créé le mal [dans le monde] pour nous permettre de discerner et d'apprécier le bien.
En effet, le bien est mieux reconnu lorsqu'il est mis en contraste avec le mal ... par rapport à la dépravation d'Essav, la vertu de Yaakov brille de tous ses feux.
[...]
A la fin des temps, il y aura un rétablissement complet. Tout changera en bien ; même le mal se transformera en bien. Car le bien et le mal provienne de la même racine pure, tout comme Yaakov et Essav étaient tous les 2 les enfants d'Its'hak et Rivka.
Après la libération de toutes les étincelles sacrées emprisonnées dans le mal, celui-ci retournera à sa racine sainte.
[Zéra Kodéch (Toldot) - rabbi Naftali Tsvi Horowtz de Ropshitz]

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+ Bonus (b'h) :

-> Quelle est la signification du nom de la paracha : Toldot (générations/postérité), et pourquoi est-elle lue particulièrement à ce moment de l'année?

Selon le rav Moché Wolfson, c'est parce que c'est l'unique fois où nos 3 Patriarches vont vivre en même temps, et ce pendant 3 versets (chap.25 du v.26 au v.28), au début de la paracha.
[Selon le 'Hida (Midbar Kédmot), les 3 Patriarches ont étudié ensemble pendant 15 ans, à raison de 15 heures par jour.
Le 'Hida ajoute que les juifs ont mérité de pouvoir sortir d'Egypte par le mérite du fait que nos 3 Patriarches ont pu étudier ensemble, et c'est pourquoi dans le "Dayénou" que nous disons dans la Haggada, il y a 15 énoncées (en allusion à ces 15 années ensemble).]
Le roi Shlomo enseigne : "un triple lien est encore moins facile à rompre" (Kohélet 4,12).
La guémara (Baba Métsia 85a) affirme que si un homme, son fils, et son petit-fils sont tous des érudits en Torah, alors la Torah ne va jamais être abandonnée de sa descendance.
Ainsi, l'existence simultanée de nos 3 Patriarches va permettre de former une fondation solide pour la nation juive, qui est leur postérité (toldot).

Cela n'est pas une coïncidence si la paracha Toldot est lue au début du mois de Kislev, où se déroule notre victoire face aux grecs qui ont voulu nous faire oublier la Torah.
Avraham est mort le jour de la vente du droit d'aînesse à Yaakov par Essav, et le 1er verset de la Torah qui traite de cela (v.25,29), il débute par : "Yaakov fit cuire un mets [de lentilles = nourriture habituelle des endeuillés après avoir enterrés un proche]" (vayazéd Yaakov nazid - וַיָּזֶד יַעֲקֹב נָזִיד).
La 1ere lettre de chacun de ces mots forme : Yavan (Gréce - יון).
Ainsi, bien que Avraham soit mort, le "triple lien" qu'il a pu établir dans cette paracha va perdurer pour l'éternité, protégeant par exemple ses descendants contre les grecs.

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-> Le Arizal enseigne que Shimshon (שִׁמְשׁוֹן) était la réincarnation combinée des âmes de Yéfét (un des enfants de Noa'h) et de Essav. En quoi a-t-il rectifié leurs erreurs?

Le Arizal explique que :
- Essav n'a pas apporté de vin à son père comme a pu le faire Yaakov. Shimshon était un nazir, qui a l'interdiction de boire du vin.
- Shimshon a tué un lion, dans un but de se venger du lion qui avait blessé Noa'h (son "père") lorsqu'ils étaient dans l'Arche.
- Essav a causé son père Its'hak à devenir aveugle par la fumée des idoles que ses femmes adoraient. Les yeux de Shimshon ont été percés et il est alors devenu aveugle.
- De plus, puisque Essav était très poilu dès sa naissance, Shimshon avaient une force particulière qui dépendait du fait de ne pas couper ses cheveux.

5 Questions/Réponses – Paracha ‘Hayé Sarah

+ 5 Questions/Réponses - Paracha 'Hayé Sarah :

1°/ Pourquoi est-ce que cette paracha s'appelle : "la vie de Sarah" ('Hayé Sarah) alors qu'elle commence par la mort de Sarah, et pourquoi la paracha ultérieure de Vayé'hi, qui signifie : "Yaakov vécut" (Vayé'hi Yaakov), traite de la mort de Yaakov?

-> Le rav Zalman Sorotzkin (Oznaïm laTorah) suggère que cela est fait afin de nous apprendre que la véritable vie n'est pas celle dans ce monde.
Mais plutôt, la vie commence après que l'âme quitte le corps et entre dans le monde à venir.
Ainsi, Sarah et Yaakov sont morts dans ce monde, et ils ont alors pu commencer leur vraie vie.

[Ce monde n'est qu'un bref lieu de passage vers notre endroit de vie éternelle, comme il est écrit (Pirké Avot 4,16) : "Ce monde ressemble à un vestibule devant le monde à venir [éternel]. Prépares-toi dans le vestibule [en accomplissant des bonnes actions, des mitsvot dans ce monde] pour entrer dans le palais." ]

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-> Par ailleurs, on peut remarquer qu'il est écrit :
- "les années de la vie de Sarah" (שני חיי שרה - v.23,1)
- "les années de la vie de Yichmaël" (שְׁנֵי חַיֵּי יִשְׁמָעֵאל - v.25,17)

Sachant que Rachi commente : les années de la vie de Sara = Toutes égales pour le bien.
Comment peut-on expliquer une telle similitude dans les mots?

-> Selon le Daat Zékénim, Yichmaël a fait une sincère téchouva sur toutes ses fautes (cf. Rachi 25,9), et il a alors été considéré comme une nouveau-né avec aucune faute à son actif.
[plus encore, une téchouva faite par amour, transforme nos fautes en mérites!]
Ainsi, d'une certaine façon, ses années étaient "toutes égales pour le bien", comme celles de Sarah.

Nos fautes ne pourront jamais se comparer à celles très graves de Yichmaël.
=> Si lui a réussi à faire une téchouva totale, nous ne devons donc jamais désespérer de pouvoir également faire une téchouva totale.

Comme l'affirme le Rambam (Hilkhot Téchouva 7,4) : "Une personne qui a fait téchouva est aimée et chérie par D., comme si elle n’avait rien transgressé".

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2°/ "Rivka, levant les yeux, aperçut Its'hak et se jeta à bas du chameau ... [elle demanda à Eliézer : ] Qui est cet homme qui marche dans le champ" ('Hayé Sarah 24,64-65)

Qu'est-ce qui a poussé Rivka à demander l'identité de Its'hak en le voyant pour la 1ere fois, sachant qu'elle n'a surement pas interrogé Eliézer concernant chaque personne qu'ils ont pu croiser pendant leur trajet?

-> Le Nétsiv (Haémek Davar 24,65) dit que la 1ere fois que Rivka a vu Its'hak, il était en train de prier.
Dans sa prière, il était si retiré de ce monde, qu'il apparaissait comme un ange, au point que Rikva a glissé de son chameau et s'est couverte par respect pour cette sainte personne.

Cette rencontre a tellement mis en elle du respect pour Its'hak, que durant toute sa vie elle sera incapable de se confronter à lui.
C'est pourquoi, par exemple, elle ne lui demandera pas le départ de Essav, comme Sarah avait pu le faire au sujet de Yichmaël, à son mari Avraham.

-> Le Mochav Zékénim, ainsi que le Panéa'h Raza, citent le midrach affirmant que Its'hak marchait à l'envers, avec ses pieds en l'air.
Ils expliquent que Avraham a blessé Its'hak au moment de le ligoter afin de l'offrir en sacrifice, et les anges l'ont ensuite pris au Gan Eden afin qu'il puisse récupérer et guérir.
Or, il est d'usage que les personnes revenant du Gan Eden marchent à l'envers (cf. Rachi Chmouël I 28,12).

=> Ainsi, Rivka remarquant cette façon inhabituelle de se déplacer, elle a demandé son identité à Eliézer.

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-> Rabbi Ovadia de Barténoura écrit : "Its'hak venait du Gan Eden. Il y était pour se guérir de la blessure que son père avait fait à sa gorge lors de la Akédat.
Il marchait sa tête en bas et ses pieds en haut [car c'est de cette façon que les gens marchent au Gan Eden]."

Le Riva (à partir du Baalé haTossefot) écrit : "Rivka a vu Its'hak venant du Gan Eden, et il venait la tête en bas, et les pieds en haut. Rachi écrit : "raata oto adour". Le mot "adour" (הָדוּר) signifie : retournée, car ses pieds étaient en haut."

=> Pourquoi les gens au Gan Eden marchent-ils la tête en bas et les pieds en haut?

-> Le rav Eliméléh Biderman rapporte l'explication suivante :
Dans ce monde notre visage est dirigé vers le ciel, car le ciel est la source de notre vie.
Cependant au Gan Eden, nous ne pouvons plus réaliser de mitsvot. Nous pouvons alors uniquement monter à un niveau supérieur lorsque nos enfants dans ce monde font des mitsvot.
Ainsi là-bas on marche avec la tête vers le sol, car nous sommes dépendants de nos enfants en bas sur terre.

-> Rav Yossef, fils de rabbi Yéhochoua ben Lévi, tomba malade dans un état comateux, puis reprit conscience.
Il répondit à son père qui lui demandait ce qu’il avait vu : "J’ai vu un monde à l’envers : les gens importants (notables et riches) ici-bas (mais peu appréciés aux yeux d’Hachem) sont insignifiants dans le monde d’en-haut [Gan Eden]"
Son père lui lui dit alors : "Mon fils, c’est un monde ordonné (clair) que tu as vu!"
[guémara Pessa’him 50a ; Baba Batra 10b]

Rachi explique que le Ciel évalue les gens différemment de la façon dont nous le faisons.
Dans notre monde, les gens sont évalués en fonction de leur richesse (symbole de réussite).
C'est ainsi qu'il y a de nombreuses personnes qui sont honorées dans ce monde, mais qui seront à un niveau nettement moins bon au gan Eden.
Et à l'inverse, il y a des pauvres, que les gens tendent à mépriser dans ce monde (c'est des ratés, des paresseux, des gens à la charge de la société!), qui seront à un haut niveau au gan Eden.

Selon le rav Elimélé'h Biderman, on peut également comprendre cette guémara en la liant à notre sujet.
Au Gan Eden :
- "ceux qui sont [ici] importants/élevés" (éliyonim) = il s'agit de la tête [organe le plus haut] ;
- "en bas" (lémata) = qui sera en bas sur le sol ;
- "ceux qui sont tout en bas" (ta'htonim) = il s'agit des pieds ;
- "en haut" (lémala) = qui seront en haut.
= tout cela car au Ciel les gens marchent de façon inversées à notre monde actuel.

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3°/ Rachi (v.23,2) écrit : Le récit de la mort de Sarah fait immédiatement suite à celui du sacrifice de Its'hak. Lorsqu’elle a appris que son fils avait été ligoté sur l’autel, prêt à être égorgé, et qu’il s’en était fallu de peu qu’il fût immolé, elle en a subi un grand choc et elle est morte.

La guémara (Pessa'him 8b) enseigne que ceux qui réalisent des mitsvot ne seront en aucun cas lésés du fait d'avoir fait une mitsva.
=> Comment est-il alors possible que la mitsva de la ligature d'Its'hak a pu entraîner la mort de sa femme bien-aimée?

-> Le rav 'Haïm Kanievsky explique que l'intention de la guémara est que la réalisation d'une mitsva n'entraîne pas une souffrance supplémentaire.
Cependant, si le temps naturel de mourir d'une personne est arrivé et qu'elle est méritante, alors Hachem va faire en sorte qu'elle meurt pendant la réalisation d'une mitsva.
En effet, le midrach (Kohélet rabba 3,22) enseigne que celui qui fait une mitsva juste avant sa mort, est considéré comme ayant observé toutes les mitsvot de la Torah.

-> Le Mérafsin Igri est d'avis que Hachem protège une personne lorsqu'elle fait une mitsva, mais ce principe ne s'appliquait pas à la Akédat Its'hak, puisque son but était de tester le dévouement d'Avraham à Hachem, même dans les circonstances les plus difficiles.

Dans ce cas, la permission a été donnée au Satan pour rentre encore plus difficile cette situation : en montrant à Avraham que ses actions ont causé la mort de sa femme bien-aimée.
=> Alors que le moment de la mort de Sarah était arrivé, cela permettait en plus de magnifier l'épreuve et d'apporter à Avraham une récompense beaucoup plus importante.

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-> Rabbi 'Hanan dit : celui qui en appelle au jugement contre son prochain sera jugé en premier, d'après les 2 versets : "Saraï dit à Avram : Que l'injure qui m'est faite retombe sur toi ... Que Hachem juge entre moi et toi!" (Lé'h Lé'ha 16,5) et plus loin : "Avraham vint pour prononcer l'oraison funèbre sur Sarah et la pleurer" ('Hayé Sarah 23,2).
[guémara Roch Hachana 16b]

-> Le Pné Yéhochoua enseigne :
Qui prouve que le décès prématuré de Saraï est une conséquence d'avoir invoqué le Ciel contre Avram? Peut-être son décès à 127 ans n'était-il pas une sanction, mais correspondait à la date prévue de sa mort?
Il n'en est rien, car dans le verset ('Hayé Sarah 23,2), il aurait suffi d'écrire : "Avraham prononça l'oraison funèbre de Sarah" et l'expression : "Avraham vint (vayavo Avraham) semble apparemment superflue.
En fait, le texte veut nous enseigner, par l'expression: "Avraham vint" que cette arrivée n'était pas prévue, naturellement, car il était prévu dans le Ciel que c'est Sarah qui devait prononcer l'oraison funèbre au Ciel contre son époux, elle a diminué sa durée de vie (en invoquant le Ciel contre lui) et c'est donc son époux qui vint l'enterrer.

[ => Combien nous devons être vigilant à ne pas "appeler au jugement contre son prochain", car nous sommes alors "jugé en premier", et même pour notre Matriarche Sarah cela s'est terminé par une mort prématurée!! ]

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4°/ "Avraham vint faire l'éloge funèbre de Sarah et la pleurer" ('Hayé Sarah 23,2)

Le Baal haTourim fait remarquer que la lettre kaf (כ) de : וְלִבְכֹּתָהּ (vélivkota - et la pleurer) est écrite dans la Torah plus petite que les autres lettres, afin de nous enseigner qu'il s'est autorisé à ne pleurer qu'une petite quantité.

Pourquoi Avraham n'a-t-il pas pleuré davantage sur la perte de sa femme bien-aimée?

-> Le Baal haTourim répond qu'il a peu pleuré parce qu'elle était déjà très âgée (127 ans!).

Par ailleurs, la guémara (Baba Kama 93a) enseigne que Sarah a été punie pour avoir demandé à Hachem de juger sa plainte contre Avraham ("Que Hachem juge entre moi et toi!" - Lé'h Lé'ha 16,5), faisant qu'elle allait mourir prématurément.
Etant considérée comme partiellement responsable de sa mort, il l'a pleuré avec moins d'intensité.

-> Le Darké Moussar fait remarquer que Avraham a voyagé pendant 3 jours afin de réaliser la Akéda le jour de Kippour.
Le temps qu'il retourne chez lui pour enterrer et prendre le deuil de Sarah, c'était la veille de Souccot, faisant que la période de deuil a été réduite à uniquement un seul jour. [puisque la fête interrompt le deuil, il ne lui restait pas beaucoup de temps pour la pleurer!]

Par ailleurs, puisque Sarah avait laissé un enfant très vertueux pour continuer dans son chemin, elle était considérée à un certain niveau comme toujours en vie. C'est pour cela qu'il a réduit les pleurs.

-> Le Kessef Nivchar, cite la guémara (Moed Katan 27b), qui enseigne qu'il faut pleurer un mort pendant 3 jours et prendre le deuil pendant 7 jours.
Après avoir mis pratiquement 3 jours pour revenir chez lui après la Akéda, il ne restait plus que quelques heures pour la pleurer.

-> Rabbi Shimshon Raphaël Hirsch dit que son chagrin était certainement immense, mais il n'a pas voulu exhiber sa souffrance, dissimulant la pleine mesure de sa douleur dans le fond de son cœur et dans l'intimité de sa maison.

-> Le Kéhillat Its'hak explique qu'en entendant que la Akéda a entraîné la mort de Sarah, Avraham n'a pas voulu pleurer excessivement d'une manière qui aurait pu être interprétée par autrui, comme l'expression d'un regret de la Akéda, à cause de ses conséquences.

En effet, la guémara (Kiddouchin 40b) enseigne que le fait de regretter d'avoir réalisé une mitsva ou bien de ne pas avoir fait une avéra, a le pouvoir d'annuler cette bonne action ou le fait de s'être retenu de fauter.

Le Pirké déRabbi Eliézer (chap.31) rapporte que sur le chemin aller, le Satan a mis une rivière (Avraham était sur le point de mourir noyé) et est également apparu sous la forme d'une vieille personne se moquant de ce qu'il s'apprêtait à faire. Ces plans n'ont pas fonctionné.

Le Kéhillat Its'hak dit qu'une fois la Akéda réalisée, le Satan a essayé de le faire regretter en montrant que la mort de sa femme Sarah était de sa faute (bien que son heure était arrivée), profitant de sa détresse émotionnelle, ce qui aurait alors comme conséquence d'annuler toute récompense à cette incroyable mitsva.

Le yétser ara tenta de faire regretter à Avraham les conséquences de la Akéda. Ainsi, il espérait qu’Avraham s’en veuille d’avoir entrepris ce projet en constatant la mort de Sarah
Néanmoins, Avraham surmonta cette épreuve et n’éprouva aucun regret concernant la Akéda, en dépit du décès de sa femme qui s’ensuivit. D’ailleurs, quand la Torah raconte qu’Avraham pleura Sarah, elle écrit le mot "Vélivkota" : décrivant les larmes versées par Avraham (v.23,2) avec un petit "kaf". Le Ba'al Hatourim écrit que cela nous indique qu’Avraham ne la pleura pas abondamment. [comme exposé ci-dessus]
Le Kéhilat Its’hak explique qu’il agit ainsi délibérément, de peur que les gens ne le voient pleurer amèrement et qu’ils pensent que ses sanglots étaient un signe de remords quant à la Akéda.
=> Donc, non seulement Avraham ne regretta pas son acte, malgré son "effet direct" sur sa femme, mais il se soucia même de ce que les gens penseraient, et qui réduirait également l’effet de la Akéda.
Il savait que le mérite du sacrifice d’Its’hak accompagnerait le peuple juif à travers l’histoire et il refusa de laisser une quelconque conséquence négative troubler ceci.

[Le rav Ozer Alport enseigne : ce test du yétser ara : d’essayer de nous faire regretter les mitsvot accomplies, accompagne généralement chacun d’entre nous. Certains commentateurs précisent que c’est la signification de la demande faite durant la prière du soir : "Retire le Satan (le yétser ara) de devant nous et de derrière nous" (véasser aSatan milfanénou ouméa'harénou - prière d'Arvit).
Le "Satan de devant" fait référence à ses tentatives de nous empêcher de faire les mitsvot et le "Satan de derrière" est celui qui tente de faire regretter les mitsvot déjà effectuées.]

Bien évidemment, de manière générale, le fait de respecter la Torah et les mitsvot procure à l’individu une satisfaction, déjà dans ce monde, que d’autres modes de vie n’apportent pas. Mais il est vrai que les résultats immédiats d’un comportement positif ne sont pas flagrants. Le défi est alors de réaliser que ceci constitue une épreuve supplémentaire et qu’au bout du compte, les mitsvot n’ont que des conséquences positives.

Le Kéhilat Its’hak affirme : preuve en est la tentative du yétser ara de nous faire regretter les mitsvot en laissant paraître qu’elles sont la cause d’une difficulté ou d’un revers.
[c'est cela l'épreuve : rester convaincu que même si en apparence il est clair qu'une mitsva a entraîné une mauvaise chose, en réalité c'est impossible. Il ne faut jamais regretter d'avoir fait une mitsva, car au final, en vérité absolue, rien de mal ne peut résulter d'une mitsva, bien au contraire!]
La réaction d’Avraham lors de la mort de Sarah nous enseigne comment réagir face aux défis qui viennent "en conséquence" de nos mitsvot (au "Satan de derrière").

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-> Il peut être intéressant d'ajouter que bien que le roi Chlomo soit considéré comme l'auteur du livre de Michlé, le midrach Tan'houma ('Hayé Sarah 4) enseigne que le dernier chapitre de Michlé (31,10-31), qui est connu comme le : Eshét 'Haïl (chant du vendredi soir), a été composé bien avant sa naissance.

En effet, à la mort de sa femme bien-aimée Sarah, Avraham a commencé à faire son éloge, et il a composé cette magnifique expression de son appréciation pour sa femme de grande valeur.

Le midrach explique en détail comment chaque ligne est une expression unique de louange pour un événement qui a pu se passer dans la vie de Sarah.

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-> Le midrach explique que Avraham "est venu du Mont Moriah", où se réalisa la ligature d'Its'hak.
On peut expliquer que ce midrach propose de nous enseigner quel était le contenu de l'éloge funèbre qu'Avraham fit pour Sarah.
Il est venu = c'est-à-dire il a choisi d'amener ses propos, à partir du Mont Moriah, et il mit en valeur le fait qu'une femme qui a réussi à élever et à éduquer un fils de sorte qu'il soit prêt à offrir sa vie à Hachem avec joie, une telle femme ne peut être que de très grande valeur.
Le meilleur éloge que Avraham pouvait faire sur Sarah, c'est l'éloge qui venait du Mont Moriah.
[haDrach véhaIyoun]

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-> "Avraham vint pour prononcer l'éloge de Sarah et pour la pleurer" (וַיָּבֹא אַבְרָהָם לִסְפֹּד לְשָׂרָה וְלִבְכֹּתָהּ - 'HAyé Sarah 23,2)

=> D'où Avraham venait-il?
Certains Sages disent qu'il revenait de l'enterrement de son père Téra'h. Nous y trouvons une allusion dans le premier mot du verset : "vayavo" (וַיָּבֹא - vint) qui sont les mêmes lettres que le mot "aviv" (אביו - père).
Comme cela est rapporté dans le midrach (Béréchit rabba 58) : "d'où venait-il? Rabbi Lévi dit qu'il revenait de l'enterrement de son père Téra'h".

Nous pouvons y trouver également une allusion supplémentaire dans le verset précédent : "chéné 'hayé Sarah" (שְׁנֵי חַיֵּי שָׂרָה - 'Hayé Sarah 23,1), les premières lettres des 3 mots ont une valeur de 608, qui a la même valeur numérique que : Téra'h (תרח).

D'autres Sages nous enseignent que le même jour où Sarah notre Matriarche quitta ce monde, sa fille qui s'appelait Bakol quitta également ce monde.
[rav Yissa'har Chmouëli Beniahou ]

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5°/ "Je suis venu aujourd'hui vers la fontaine" ('Hayé Sarah 24,42)

Rachi explique que nous déduisons du mot "aujourd'hui" qu'Eliezer est arrivé à Na'hor (Irak) le jour même de son départ de 'Hébron. De là, nous apprenons que la terre s'est contractée pour lui.
Le midrach (Yalkout Chimoni) ajoute qu'au lieu des 17 jours escomptés de voyage en chameau de Kyriat Arba à 'Haran, le voyage n'aura duré que 3 heures.

=> Comment Eliezer, le serviteur d'Avraham, a-t-il réussi à convaincre la famille de Rivka (qui étaient des idolâtres), que la Providence divine l'avait aidé à raccourcir un long voyage de 17 jours en seulement 3 heures?

On peut rapporter les réponses suivantes :

1°/ Sur le verset : "Sarah, la femme de mon maître, lui a donné un fils" ... "Et il lui a donné tout ce qu'il possède".
Rachi explique qu'Eliezer montra à la famille de Rivka le contrat de donation où il était stipulé qu'Its'hak était le détenteur de tous les biens d'Avraham.
Lorsqu'ils regardèrent le contrat attentivement, ils remarquèrent qu'il fut écrit et signé par Avraham et était daté du jour-même. Ils comprirent alors que la terre s'était effectivement rétrécie pour le serviteur d'Avraham.

2°/ Sur le verset : "Le serviteur apporta des objets d'or et des vêtements et les donna à Rivka; des fruits doux, il les donna à son frère et à sa mère".
Rachi nous apprend qu'Eliezer emporta avec lui des fruits suaves de la terre d'Israël. Lorsqu'Eliezer présenta les fruits, ils étaient frais et de grande qualité, comme s'ils venaient d'être cueillis sur l'arbre le jour même.
Si Eliezer avait effectué un voyage de 17 jours en pleine chaleur, les fruits n'auraient pas pu garder leur fraicheur et leur saveur, et auraient été impropres à la consommation. Ceci leur prouva que la terre s'était effectivement rétrécie pour lui.

"Its'hak implora Hachem en face de sa femme, car elle était stérile. Hachem Se laissa implorer par lui et Rivka, son épouse, conçut." (Toldot 25,21)

Ce verset se déroule après 20 années de mariage, où Its'hak et Rivka n'ont pas eu la chance d'avoir d'enfant.
Rachi commente : Implora par : Il a multiplié sa prière avec insistance.

Pourquoi est-ce que Hachem n'a-t-il pas répondu immédiatement à leurs prières intenses et répétées?

Rachi (25,30) écrit : Yaakov a servi à Essav des lentilles, car en ce jour Avraham est mort, afin qu'il ne puisse voir son petit-fils Essav prendre le chemin du mal (guémara Baba Batra 16b).
C'est ainsi que Hachem a abrégé sa vie de 5 ans.

Le rav Méïr Shapiro et le rav Eliyashiv disent qu'on comprend de là pourquoi il était si difficile d'agréer aux prières de Rivka et de Yaakov.
En effet, le plus tôt Hachem leur donnerait des enfants, le plus tôt Essav commencera dans le chemin du mal,et le plus tôt Avraham devra mourir afin d'être épargné de toute tristesse au regard des actions de son petit-fils Essav.

Hachem a repoussé les prières de Its'hak et Rivka jusqu'à ce qu'ils prient avec une intensité et une répétition d'une telle puissance, qu'Il a été "forcé" d'accéder à leur demande.
Le rav Yossef 'Haïm Sonnenfeld suggère que l'on peut voir cela en allusion dans le fait que : "Hachem Se laissa implorer par lui" (vayéater lo Hachem - וַיֵּעָתֶר לוֹ יְהוָה), qui a la même valeur numérique que : "5 ans" (חמש שנים).
[comme les 5 années de vie retirées à Avraham]

=> Il nous arrive souvent dans la vie de prier et de pleurer, encore et encore, devenant presque frustrés à l'égard de Hachem, qui en apparence semble ignorer nos requêtes sincères et raisonnables.
A ce moment, nous devons nous rappeler de cette leçon, et trouver du réconfort dans le fait que Hachem dans Son infinie bonté et connaissance, sait que cela n'est pas dans notre meilleur intérêt sur le long terme.

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-> Le Méam Loez (Toldot 25,21) enseigne :
Dans la paracha Lé'h Lé'ha, nous voyons que l'exil en Egypte devait commencer avec la naissance d'Its'hak. Hachem voulait que les Patriarches et les Matriarches soient stériles afin de réduire cette période de persécutions.
A partir de la naissance d'Its'hak jusqu'à l'émigration en Egypte, 190 ans s'écoulèrent.
A cela, ajoutons les 17 années que vécut Yaakov après leur installation en Egypte. Les Patriarches permirent donc d'éviter 207 ans d'esclavage.
De plus, le véritable fardeau de l'esclavage ne commença qu'après la mort de Yossef et de ses frères.
Si les Patriarches avaient pu engendrer normalement des enfants, l'exil aurait duré plus longtemps.

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-> "Dans une maison, un enfant rebelle est plus difficile à supporter que toute la douleur de la guerre de Gog et Magog".
[guémara Béra'hot 7b]

[Hachem a décidé qu'il valait mieux que le monde subisse la perte de 5 années de vie de Avraham, avec tout ce qu'il aurait pu y faire en bonnes actions, plutôt que celui-ci ne souffre en voyant le comportement de son petit-fils Essav.

=> Combien devons-nous être compatissant et prier pour les familles qui ont des enfants rebelles, plutôt que d'en profiter pour se valoriser en se moquant d'eux.]

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-> b'h, un autre divré Torah sur ce verset : https://todahm.com/2017/12/11/5824