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Les Patriarches (Avot) imploraient sans cesse Hachem de pardonner les (juifs) réchaïm.
[Sfat Emet - Shabbath Téchouva 5636 ]

Les années de vie du roi David

+ Les années de vie du roi David :

-> Le Yalkout Chimoni (Béréchit 41) déclare que Hachem fit passer toutes les générations futures devant Adam HaRichon, qui comprit que le roi David ne devait vivre que trois heures. Il exprima son choc face à cette courte durée de vie et demanda à Hachem combien de temps lui-même était censé vivre.
Hachem lui répondit qu'il vivrait mille ans. Adam demanda alors à Hachem si l'on pouvait offrir des cadeaux au Ciel.
Lorsque Hachem répondit par l'affirmative, Adam, avec Hachem et l'ange Matatron, signa un contrat stipulant qu'il faisait don de 70 de ses années au roi David.
En plus de cela, Adam donna également à David la malkhout (la royauté), et les zemirot, la capacité de chanter la chira à Hachem.
[ le Zohar (Vayé'hi) rapporte qu'Adam HaRichon était censé être roi, mais la monarchie lui fut retirée et confiée au roi David. ]

-> Le Zayit Raanan (Béréchit 43) est un commentaire sur le Yalkout Chimoni écrit par le rav Avraham Gambiner, l'auteur du Maguen Avraham. Il expliques que le don de la chira (chant) qu'Adam accorda à David était très significatif. En effet, David fut la seule personne dans l'Histoire à avoir la permission de chanter la vraie chira à Hachem.
Lorsque nous prions, nos prières sont basées sur celles du roi David et nous implorons Hachem, "habo'her béchiré David" (Qui choisit les chants de David).

-> Le Zohar (Béréchit 45a) enseigne que le roi David était très reconnaissant pour les 70 années reçues d'Adam, déclarant : "Car Tu m'as réjoui, Hachem, par Tes actes ; aux œuvres de Tes mains, j'entonne un chant joyeux" (ki chimartani Hachem bépaolé'ha ... - Téhilim 92,5).
Or, une seule personne dans l'Histoire constitua l'œuvre personnelle de Hachem : Adam HaRichon, qui fut façonné à la main d'Hachem. Le roi David exprime le fait que Hachem l'a fait se réjouir via Son œuvre, Adam, qui lui offrit 70 ans de vie.

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+ Le destin de David modifié :

-> Le Arizal (séfer HaLikoutim - Haazinou) enseigne que le roi David était destiné à être un fœtus non viable, dont on ne s'attendait pas à ce qu'il survive plus de quelques heures.
Pour quelle raison? Pourquoi aurait-il été condamné à une durée de vie si courte?

Le Arizal explique que le roi David était la réincarnation, d'Adam HaRichon. Bien que Hachem eût averti Adam qu'il mourrait le jour où il mangerait de l'Ets HaDaat (Arbre de la Connaissance), ce décret ne fut pas exécuté comme indiqué initialement. Au lieu de cela, Hachem choisit d'accomplir cette promesse par l'intermédiaire de David, censé mourir le jour de sa naissance afin d'accomplir le verset : "le jour où tu en mangeras tu mourras" (ki béyom a'halékha miménou mot tamout).
Hachem modifia ensuite le décret en permettant à Adam d'offrir à David 70 de ses années.
Par la suite, ce dernier passa le reste de sa vie à s'efforcer de corriger la faute d'Adam HaRichon, concernant le Ets HaDaat, qui introduisit la mort dans le monde.
Pour équilibrer la faute d'Adam, le rôle de David, en tant que réincarnation d'Adam, était de vivre et perdurer ('haï vékayam).
Il ne dormait même pas soixante souffles de cheval, car le sommeil équivaut à un soixantième de la mort. Diverses opinions interprètent cette déclaration comme signifiant trois minutes, trente minutes ou trois heures (Biour Halakha ; Kitsour Choul'han Aroukh).
Par ailleurs, le descendant de David, le machia'h, rectifiera en outre le fait qu'Adam ait apporté la mort au monde en accomplissant le contraire : en exécutant la résurrection des morts.

-> Le nom Adam (אדם), fait allusion à cette idée: אדם forme les raché tévot d'Adam, David et Machia'h.

-> La guémara (Shabbath 30b) précise que le roi David savait qu'il était destiné à décéder pendant Shabbat. Dans le but de contrecarrer l'Ange de la Mort, David passait chaque Shabbat à étudier la Torah tout au long de la journée. Il savait que l'Ange ne pouvait l'approcher tant qu'il étudiait.
L'Ange de la Mort ne parvint à contourner le plan de David qu'en secouant les branches d'un arbre dans le jardin devant sa fenêtre. Le son détourna David de son étude, offrant ainsi à l'Ange l'occasion de s'emparer de son âme (néchama).

Le Chevilé Pin'has souligne que le tremblement des feuilles de l'arbre rappelle le fait que le roi David, une résurrection d'Adam HaRichon, mourut à l'âge de 70 ans à cause de la faute d'Adam HaRichon de manger de l'Ets HaDaat.

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+ Pourquoi 70 ans? :

-> Pourquoi Adam a-t-il spécifiquement donné soixante-dix ans à David?

Le 'Hida, dans son commentaire du Zohar, Nitsoutsé Orot, nous en livre une explication.
Le Zohar (Lé'h Lé'ha 91b) affirme de manière énigmatique que "le roi David ne reçut que 70 ans, donnés par Adam HaRichon ; c'est tout le secret de la sagesse ; tout ici-bas est dans le secret d'En-Haut."

Le 'Hida explique qu'il existe 7 séfirot, qui sont des manifestations mystiques des attributs Divins : 'Hessed, Guévoura, Tiféret, Nétsa'h, Hod, Yessod et Malkhout.
Avraham représente le 'Hessed ; Its'hak, la Guévoura ; Yaakov, la liféret ; Moché Rabbénou, le Nétsa'h; Aharon HaCohen, le Hod ; Yossef, le Yessod ; et le roi David, la Malkhout.

Ainsi, le roi David représente la Malkhout (Royauté), la septième mida.
Cette mida finale englobe toutes les autres midot. Chacune de celles-ci contient (en subdivision) dix midot en son sein ; ainsi, Malkhout contient soixante-dix midot en tout.
C'est la raison pour laquelle, explique le Hida, Adam HaRichon a donné à David 70 ans de sa vie.

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+ Le don des années = pas seulement de la part d'Adam :

-> Toutefois, le Zohar (Vayichla'h 168b) révèle que les 70 années de David provenaient d'une source entièrement différente.
Les Avot (Patriarches) firent don d'un certain nombre de leurs années au roi David.
Avraham Avinou, Yaakov Avinou et Yossef donnèrent tous une partie de leurs années au roi David HaMélékh. [Yossef est considéré comme un av et aussi comme l'un des fils. Comme le dit le verset : "les fils de Yaakov et Yossef, Sélah" (Téhilim 77,16). ]
Its'hak est l'exception ; il ne donna aucune de ses années au roi David, car Its'hak et David sont tous deux issus de la même racine kabbalistique.

Le Zohar explique qu'Avraham donna cinq ans au roi David. En effet, il était destiné à vivre 180 ans, et il fit don de 5 ans à David, réduisant ainsi sa propre durée de vie à 175 ans.
Yaakov était censé vivre aussi longtemps qu'Avraham, mais il décéda à 147 ans. Il fit don de 28 ans au roi David ; ainsi, Avraham et Yaakov donnèrent à David un total de 33 ans.

Yossef HaTsadik vécut 110 ans, au lieu des 147 auxquels il aurait pu s'attendre puisque c'était le nombre d'années vécues par son père. Mais Yossef fit don de 37 ans à David.
Cela porte à 70 le nombre total d'années données par Avraham, Yaakov et Yossef et c'est la raison pour laquelle David vécut 70 ans.
Par conséquent, affirme le Zohar, même si David n'était pas censé vivre du tout, il vécut uniquement grâce aux années reçues d'Avraham, Yaakov et Yossef.

Le Zohar explique ensuite pourquoi Yossef fut le donateur le plus généreux envers David. Il fit un don exceptionnel, car le prophète Amos le décrivit comme un tsadik. Le verset précise : "pour avoir vendu un homme juste [Yossef] contre de l'argent" (Amos 2,6).
En tant que tsadik, Yossef donna beaucoup plus d'années qu'Avraham et Yaakov réunis.

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+ Pourquoi David n'a-t-il pas vécu 140 ans? :

-> Avec ce 2e enseignement du Zohar, nous sommes confrontés à deux problèmes évidents.
Premièrement, puisqu'Adam HaRichon avait déjà donné 70 ans à David, pourquoi Avraham, Yaakov et Yossef durent-ils également lui donner des années?
Deuxièmement, une fois que David reçut cette deuxième série de 70 ans, pourquoi ne vécut-il pas 140 ans, soit la somme totale de ces années?

Le Or Ha'Hama (al haZohar) propose l'explication suivante : lorsqu'eut lieu la faute du Ets HaDaat, le don d'Adam de 70 ans fut corrompu ; il était souillé et noirci par la faute qu'il avait commise.
Adam revint ensuite en tant que réincarnation, sous la forme de chacun des Avot (Patriarches), lorsqu'il donna un total de 70 ans pour remplacer le premier don de temps.
Ainsi, les deux dons provenaient de la même source, d'Adam, mais le deuxième remplaça le premier qui fut corrompu.

-> Le Ben Ich 'Haï (Ben Yéhoyada - Shabbath 30a) propose une autre explication : bien qu'Adam eût donné à David 70 ans de sa vie, il rétracta ensuite son offre.
David avait alors besoin d'une autre source d'années, qu'il reçut des Avot.
C'est pourquoi David demande : "Fais-moi connaître ma fin, ô Hachem" (Téhilim 39,5), pour savoir si les années données par Adam étaient définitivement perdues et si seules les 70 années données par les Avot étaient restées. Si les années d'Adam étaient toujours valides, David devait donc vivre plus longtemps que les 70 ans accordés par les Avot. Après tout, Adam n'a vécu que 930 ans, aussi, David devait espérer recevoir également ces années-là.

-> Le Chla HaKadoch, dans son commentaire sur le Sidour, Chaar HaChamayim (Pessouké déZimra), explique la source de l'affirmation selon laquelle Adam HaRichon rétracta son don d'années.
Il commente les versets : Ne comptez ni sur les nobles, ni sur un être humain, car il ne détient aucun salut. Quand son esprit se retire, il retourne à sa terre, ce jour-là tous ses projets sont anéantis. Louable est celui dont l'espoir est le D. de Yaakov, dont l'espoir est en Hachem, son D." (Téhilim 146,3-5).

Le Chla haKadoch demande : qui sont ces nobles en qui nous ne pouvons pas faire confiance? Et de plus, pourquoi Hachem est-il appelé ici "le D. de Yaakov"?
Il explique que lorsqu'Adam avait un jour, il demanda au Tout-Puissant combien de temps il vivrait. Hachem lui répondit qu'il vivrait mille ans. Toutefois, comme le précise le Chaaré Téchouva, même si quelqu'un devait vivre deux mille ans, au moment de sa dernière année, il se demanderait où est passé tout ce temps. Il ne croirait pas que ses années touchent à leur fin.

Ainsi, lorsqu'Adam HaRichon atteignit l'année 930, qui devait être sa dernière année, il regretta sa décision et voulut vivre plus longtemps. Hachem lui rétorqua qu'il devait apprendre de son descendant Yaakov qu'il fallait toujours tenir ses promesses et ne jamais revenir sur sa parole ; comme nous le voyons : "Alors Yaakov fit un vœu" (Vayétsé 28,20), et il le tint.

=> Ainsi, à partir de ce Chla haKadoch nous voyons que le roi David fait allusion au fait qu'Adam regretta son don de temps. Finalement, le Ben Ich 'Haï nous enseigne qu'une source alternative d'années était nécessaire, et David reçut 70 ans des Avot.

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+ Les Nuits Sacrées du roi David :

-> Le 'Hida (Midbar Kedémot 4,6) propose une troisième explication de la raison pour laquelle le roi David, ayant reçu deux dons distincts de 70 ans, ne vécut pas 140 ans.
David n'a jamais dormi et il n'a donc jamais goûté à la mort, puisque le sommeil équivaut à un soixantième de la mort. Par conséquent, il vécut 70 ans le jour et 70 ans encore la nuit.
Adam donna à David les jours et les Avot lui firent don des nuits. David vécut en effet l'équivalent de 140 ans, puisqu'il n'a jamais dormi.

-> Le Chevilé Pin'has transmet le commentaire suivant.
Le roi David affirma : "Ô comme j'aime Ta Torah! À longueur de journée, elle est ma conversation" (ma aavti Toraté'ha kol ayom hi chi'hati - Téhilim 119,97).
La guémara (Béra'hot 12b) enseigne : "Les "jours de ta vie" fait référence aux jours. "Tout", le mot "kol", inclut les nuits." (yémé 'hayékha ayamim, kol yémé 'hayékha alélot)
Ainsi, quand le roi David affirme qu'il aime tellement la Torah que "kol ayom", à longueur de journée, c'est de cela qu'il parle, il exprime le fait qu'il étudiait la Torah également toute la nuit.
Le mot "kol" indique qu'il étudiait et parlait de la Torah d'Hachem toute la nuit, tout comme il le faisait pendant le jour.
S'il avait dormi la nuit, il aurait vécu 140 ans, mais il aimait tellement la Torah qu'il choisit de réduire sa durée de vie de moitié en utilisant les nuits d'une manière aussi productive que les jours.

De plus, le roi David déclare : "Dessille mes yeux afin que je puisse percevoir les merveilles de Ta Torah" (gal énaï véabita niflaot miToraté'ha - Téhilim 119,18).
"énaï" (עיני) = mes deux ע ; c'est-à-dire 70 jours et 70 nuits.
Le roi David représente le concept de ne pas reléguer l'étude de la Torah uniquement au jour, mais aussi d'y employer nos nuits.

La grandeur des lettres de l’alphabet hébraïque

+ La grandeur des lettres de l'alphabet hébraïque :

-> Si nous pouvions disséquer une âme, qu'y découvririons-nous? Que révèlerait un examen au microscope?
Quels sont les composants d'une âme? Ses atomes?
Lorsque nous explorons aussi profondément que possible l'anatomie de l'âme, apparaît soudain sous nos lentilles à fort grossissement un alef. Puis nous voyons un mèm et un taf.
Si une âme était de nature génétique, nous découvririons que son hélice d'ADN est composée de lettres hébraïques.

Le rav Avraham Kook aborde ce sujet dans son Orot (sur Erets Israël - chap.7).
En se basant dessus, son fils, le rav Tsvi Yéhouda Kook dit que les lettres hébraïques sont les atomes et les composantes fondamentales de l'âme juive.
Ce n'est pas seulement la forme extérieure, graphique des lettres, qui ont une signification en elles-mêmes (voir Shabbath 104a), mais leur essence intime et leur contenu.
D'ailleurs dans un autre ouvrage (Roch Milim) le Rav Avraham Kook creuse la signification de chacune des 22 lettres de l'alphabet hébraïque.
L'idée est qu'à la différence des lettres de l'alphabet latin qui ne représentent que des sons dénués de toute signification, les lettres de la "langue des choses saintes" ont une existence indépendante et des racines spirituelles dans le monde d'en-Haut. [comme l'affirme le Chla haKadoch - Bayit Aharon]

La sagesse de la Kabbala comprend les lettres ['juives'] comme des forces puissantes, donnant la vie.
La guémara (Béra'hot 55a) enseigne que les lettres hébraïques furent utilisées pour créer le Ciel et la terre. Bétsalel savait combiner les lettres utilisées lors de la Création, et c'était cette sagesse secrète qui lui permit de construire le Michkan.

La Torah elle-même est composée de lettres, chacune représentant l'une des 600 000 âmes juives du monde. La combinaison des lettres qui nous a été transmise dans la Torah est adaptée à notre compréhension, mais elle n'est pas la seule possible (Ramban - Intro Torah).
Hachem Lui-même ordonnance l'armée des lettres "Hachem tsévakot" (Mégalé Amoukot 210).

Outre sa forme alphabétique, chaque lettre a une nature vivante profonde. Chaque lettre contient un concept, une direction, une volonté qui trouve son expression dans l'âme.
Au-delà de l'égo individuel de la personne, il y a une volonté d'existence générale plus profonde. Il existe une force de vie qui est inspirée par Hachem et c'est ce qui inspire l'ego et la psyché de chacun.
Les composantes intérieure de cette force de vie profonde sont les lettres hébraïques.
De même que les lettres sont les constituants de la Torah et du monde, elles se combinent pour former le modèle moléculaire de l'âme. Ce que les atomes sont au monde physique, les lettres hébraïques le sont au monde spirituel.

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-> "L'âme est remplie de lettres imprégnées d'une lumière de vie, pleines de connaissance et de volonté, pleines de quête spirituelle et d'existence complète."
[rav Avraham Kook - Orot - Orot Israël - chap.7]

-> L'âme est remplie de lettres contenant la force de vie divine qui nous confère notre existence. Elles ont elles-mêmes une connaissance, une volonté et une quête d'inspiration spirituelle.
Toutes les activités fondamentales d'un juif, qu'il s'agisse de sa réflexion, de sa volonté, de son action ou de son imagination, proviennent des lettres de son âme.
Différentes combinaisons de lettres donnent différents types d'âmes. II existe de puissantes combinaisons ainsi que des âmes de moindre pouvoir. Selon l'éclat de ces lettres qui donnent la vie, l'âme d'un homme rayonne avec plus ou moins d'énergie.

-> "Depuis les rayons de ces lettres vivantes, tous les autres niveaux de l'édification de la vie sont remplis de la lumière de la vie, tous les aspects de la volonté, de la connaissance et de l'action, de l'esprit et de l'âme, dans toutes leurs valeurs."
[rav Avraham Kook - Orot - Orot Israël - chap.7]

-> Comme des atomes, ces lettres [hébraïques] existent dans un flux dynamique constant. Elles sont actives, remplies de connaissances, de motivation, d'inspiration et de volonté, affectant constamment la vie de l'âme. Elles sont pleines de visions et d'envol imaginatif.
Elles sont remplies d'existence pleine, non soumises à la nature, et recèlent en elles un modèle pour toute la Création, de la même façon qu'une molécule renferme en elle un système solaire d'atomes et qu'une cellule contient la structure génétique du corps dans son ensemble.
Chaque âme contient un modèle pour le monde entier. Les lettres activent d'autres lettres dans une réaction en chaîne ininterrompue qui est la force motivante de toute la vie.

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+ Les mitsvot :

-> "Lorsqu'on s'apprête [à accomplir] une mitsva, cette mitsva est toujours pleine de la lumière de la vie de tous les mondes , chaque mitsva est remplie de lettres, grandes, merveilleuses parmi les 613 commandements qui sont, leur tour, interdépendantes de chaque commandement, de toute la vie des mondes qui est dans le secret de la foi."
[rav Avraham Kook - Orot - Orot Israël - chap.7]

-> Que se passe-t-il dans l'âme lorsqu'une personne s'apprête à accomplir une mitsva?
Une mitsva de la Torah est également remplie de lettres vibrantes et d'un courant de force divine inspirante. Les mitsvot elles-mêmes sont des fontaines de vie, comme le dit la Torah : "l'homme qui pratique ces mitsvot obtient par elles la vie" (A'haré Mot 18,5).
Les mitsvot sont des voies qui permettent aux lettres hébraïques de couler depuis leur source divine vers l'âme. La force de vie des mitsvot ajoute à la vitalité de l'homme. Elles sont les circuits et les conduites de vie. Et elles aussi, à l'instar des lettres, sont des microcosmes d'existence, jaillissant avec l'énergie qu'Hachem confère au monde.

Lorsqu'un juif accomplit une mitsva, il reçoit une nouvelle dose d'énergie et de vie.
Lorsque les lettres de son âme s'associent aux lettres de la mitsva, une explosion se produit.
Comme une fusion nucléaire d'atomes, une nouvelle vie est libérée pour l'âme et pour tous les mondes.
C'est l'union de l'âme et de la mitsva qui apporte au monde son renouvellement constant.
Et comme chacune des mistvot est intégralement liée aux 613 commandements de la Torah, lorsque nous en accomplissons une, nous libérons la puissance de toutes en une réaction en chaîne qui envoie des ondes de sainteté et de lumière à travers l'univers.
Tel est le mécanisme qui apporte la vie au monde. Nos Sages (Shabbath 88a) ont ainsi enseigné que si, D. préserve, les juifs cessaient d'étudier la Torah, ne serait-ce qu'un instant, le monde entier prendrait fin (Néfech ha'Haïm chap.4&11).

L'interrelation entre les 613 préceptes de la Torah recèle certes un immense potentiel, mais pose également des problèmes ... Lorsqu'une personne n'accomplit qu'une partie des 613 mitsvot, sa force de vie est amoindrie.
Ce qui est vrai dans la vie d'une personne l'est aussi dans la vie de la nation. Ainsi, lorsque la nation juive dans son ensemble ne respecte pas toutes les mitsvot, que ce soit par faiblesse spirituelle ou à cause de l'exil, c'est toute sa vie qui est mutilée et la bonté divine apparaît dans le monde dans une lumière terne, brisée.

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-> "La lumière du D. de vie, la lumière de la vie du monde, vit en harmonie parfaite dans la splendeur de chaque mitsva."
[rav Avraham Kook - Orot - Orot Israël - chap.7]

-> Dans l'observance d'une mitsva, l'âme rencontre la lumière divine. Telle est la signification de la prière de yi'houd que certains juifs prononcent avant d'accomplir une mitsva (léchem yi'houd ...).
La mitsva est le vecteur qui unit Hachem et Sa Chékhina à l'ensemble du peuple juif.
Un juif s'attache à Hachem, non seulement par une méditation abstraite, mais également par la réalisation de mitsvot pratiques.
Lorsque nous accomplissons les mitsvot, nous lions notre vie à la volonté d'Hachem et à la force de vie divine qu'Il a implantée en nous.
Telle est la voie vers la vie authentique, en adhérant à la force de vie divine dans l'accomplissement d'une mitsva, comme nous disons dans la Torah : "Et vous qui êtes restés fidèles à Hachem, votre D., vous êtes tous vivants aujourd'hui" (Vaét'hanan 4,4).

-> "Dès que nous sommes sur le point de réaliser une mitsva, toutes les lettres vivantes qui constituent notre essence se développent, nous devenons plus grands, plus forts et plus puissants dans la lumière de la vie et de l'existence suprême, resplendissante et riche de la richesse de la sainteté universelle, de la lumière de la Torah et de la sagesse .... et l'univers tout entier se renouvelle dans la lumière et la vie.
Le monde est jugé méritant grâce à nos actions ; la lumière et la vérité, la bonne volonté et la satisfaction intérieure embellissent chaque visage."
[rav Avraham Kook - Orot - Orot Israël - chap.7]

-> Lorsque nous allons accomplir une mitsva, l'énergie de nos âmes et la mitsva agissent l'une sur l'autre et toutes les lettres qui constituent notre essence grandissent grâce à une injection de sainteté, de Torah, de suprême sagesse et de vie.
Si nous étions au niveau adéquat pour vivre cette union spirituelle, si nos sensibilités étaient en harmonie avec l'incommensurable richesse de notre vie intérieure divine, lorsque nous allons accomplir une mitsva, nous ressentirions la même extase et la même joie que des fiancés lorsqu'ils s'avancent vers le dais nuptial pour devenir mari et femme.

Lorsqu'un juif accomplit une mitsva, les lettres de son âme sont exaltées par une force de vie accélérée.
Les lettres de la Torah des mondes supérieurs de l'existence fusionnent avec les lettres de l'âme individuelle. Ce "mariage" entre les mondes supérieurs et inférieurs suscite une union de splendeur et de joie. Notre volonté et la volonté divine ne font qu'un.
Nous-mêmes et le monde sommes remplis d'une force, d'une sagesse, d'une sainteté, d'une vaillance, d'une harmonie et d'une joie célestes.
La même plénitude qui présida au don de la Torah revient désormais vers nos âmes.
C'est dans la rencontre de l'homme et de la mitsva que se réalise le projet de la vie. L'homme est en accord avec la volonté divine. L'âme adhère à Hachem.
Les mondes se rejoignent et cette union conduit au renouveau de la création tout entière.

Du fait de la connexion de l'âme à l'ensemble du monde, la moindre mitsva, apparemment mineure est, en fait, une action cosmique qui remplit le monde d'une bénédiction indescriptible.
La réalisation d'une mitsva remplit le monde de Torah, de bonté intérieure et de vérité.
Nous tenons entre nos mains le sort de l'existence. Nos bonnes actions infusent du mérite au monde (Rambam - Hilkhot Téchouva 3,1).
[ "Quiconque accomplit l'une des mitsvot apporte du mérite au monde" (guémara Kidouchin 40b) ]
En observant les mitsvot de la Torah, non seulement nous élevons le niveau de notre propre vie, mais nous améliorons le monde tout entier.
De plus, au tribunal céleste, le jugement d'Hachem en est adouci.

En effet, Hachem a mis entre nos mains la clé de l'existence. La bénédiction divine et la vie sont dispensées dans le monde en fonction de ce que nous faisons (Néfech ha'Haïm 1,3).
En un sens, lorsque nous accomplissons une mitsva, nous donnons de la force à Hachem Lui-même, comme nous disons dans nos prières du matin : "Donnez de la force à Hachem" (ténou oz l'Elokim - Téhilim 68,3).
Israël est, au sens figuré, la source de la puissance divine. Ce sont nos actions qui permettent à la bonté d'Hachem de se manifester dans le monde.
Du fait de l'unité de la création tout entière, les mitsvot que nous accomplissons sur terre ouvrent les valves de la bénédiction céleste dans les mondes supérieurs.
En accomplissant la volonté divine, nous amenons au mariage du ciel et de la terre.

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+ La terre d'Israël :

-> Le rav Avraham Kook écrit que cette union amène un air de satisfaction intérieure sur le visage de chacun.
S'il en est ainsi, pourquoi ne le voyons-nous pas?

En partie parce que l'union entre Hachem et le monde est encore incomplète, comme en témoigne le verset : "Comment chanterions-nous l'hymne d'Hachem en terre étrangère?" (Téhilim 137,4).
Tant que la nation juive ne sera pas pleinement revenue en terre d'Israël, tant que nous ne pouvons accomplir qu'une partie de la Torah et des mitsvot, tant que le Temple fait défaut, la bénédiction et la lumière divines sont amoindries.
Ce n'est qu'avec la délivrance de notre servitude physique et spirituelle, lorsque nous revenons à la Torah nationale tout entière, que les sourires embelliront chaque visage, comme il est dit : "Alors notre bouche s'emplit de chants joyeux et notre langue d'accents d'allégresse" (Téhilim 126,2).

Cela se produit lorsque la nation vit sa vie de Torah authentique en terre d'Israël (Ohr ha'Haïm haKadoch - Ki Tavo 26,1). Car en terre d'Israël, les lettres [hébraïques] de notre âme grandissent. Elles sont amplifiées plusieurs milliers de fois, même sans réaliser une mitsva, car le simple fait d'être en terre d'Israël est en soi une mitsva (Ramban - supplément au séfer haMitsvot du Rambam, mitsva n°4).

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-> "En terre d'Israël, les lettres de nos âmes deviennent de plus en plus grandes ; là, elle révèlent la lumière éclatante ; elles puisent une vie indépendante dans la lumière de la vie de Knesset Israël (toutes les âmes juives) ; elles sont directement influencées par le secret de leur création première.
L'air du Pays d'Israël stimule la croissance vivifiante de ces lettes vivantes avec un éclat splendide, un attrait intérieur et un fracas joyeux, courageux empli d'un afflux de sainteté, "quiconque aura été inscrit pour la vie à Jérusalem"."
[rav Avraham Kook - Orot - Orot Israël - chap.7]

-> Plus simplement, le rav Kook précise que s'il existait un compteur Geiger susceptible de mesurer l'existence des lettres hébraïques, il commencerait à grésiller et à crépiter avec un bruit retentissant en approchant des frontières d'Israël. Car la terre d'Israël est le pays des lettres gigantesques en trois dimensions. C'est le pays des alef et des bet autochtones.
Comme les géants rencontrés par les explorateurs à Hébron, et les fruits gigantesques découverts dans le pays, l'alphabet de la terre d'Israël éclipse l'alphabet lilliputien en dehors d'Israël.
Les lettres prospèrent dans l'air d'Israël et tirent de son sol saint des substances nutritives.
Par contre, en dehors d'Israël, les lettres sont rabougries, comme des plantes qui ont poussé hors de leur milieu naturel.

Lorsqu'un juif fait son aliyah en terre d'Israël, ses lettres s'adaptent et multiplient leur taille. Tout son être devient plus grand. Il se rapproche d'Hachem.
Comparé à la personne qu'il était en dehors d'Israël, il devient un géant, rempli d'un plus grand courage, d'une plus grande sainteté, d'un plus grand bonheur et d'une plus grande sagesse.

Quel est le secret de ce changement?
En terre d'Israël, nos lettres, comme nos âmes, deviennent les lettres géantes du peuple juif (klal Israël). Elles ne sont plus des petites lettres individuelles, elles se multiplient par leur union avec la Knesset Israël. Dans le pays du peuple juif, nos lettres fusionnent avec l'âme immense de la nation.

-> On peut citer le rav Avraham Kook (Orot - Orot Israël - 7,18) :
"L'âme générale du peuple juif (klal Israël) ne repose pas sur l'individu juif, sauf en terre d'Israël.
Dès qu'un juif arrive en terre d'Israël, son âme individuelle est plongée dans la grande lumière de l'âme générale dans laquelle il a pénétré."

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-> Dans sa relation à la nation, l'olé (celui qui monte résider) en Israël devient un juif plus complet ...
Parce qu'il vit en Israël sa vie tout entière est une mitsva, une mitsva qui équivaut à toutes les mitsvot de la Torah (Sifré - Réé 12,29).
La vie divine afflue sans cesse dans son être par l'intermédiaire de sa nouvelle vie de mitsva ... chaque pas qu'il fait sur la Terre sainte est une mitsva, chacune des quatre coudées lui vaut une part plus grande dans le monde à venir (Kétoubot 111a).
Chaque respiration le remplit de vie sainte. Les lettres de la Torah se déversent dans son âme.

Le rav Avraham Kook cite le verset : "et on dénommera saint quiconque aura été sauvé dans Sion et épargné dans Jérusalem, quiconque aura été inscrit pour la vie à Jérusalem" (Yéchayahou 4,3).

En terre d'Israël et à Jérusalem, les lettres de notre âme sont inscrites pour la vie éternelle.
À l'instar des lettres géantes du pays, les mitsvot du pays sont géantes elles aussi, accomplies là où les mitsvot d'Hachem sont censées être accomplies. Elles débordent d'énergie et de vie.
[ "De par leur nature, tous les préceptes doivent doivent être accomplis dans le pays d'Hachem" - Ramban - A'haré Mot 18,25 ]

En terre d'Israël, les mitsvot sont accomplies dans toute leur pureté, sans perturbations ou pollution, accomplies dans le pays d'Hachem. En Israël, chaque mitsva se répercute dans les innombrables âmes du peuple juif, se multipliant au-delà de toute mesure, résonnant dans l'univers, remplissant le monde d'harmonie, de plénitude et d'ordre.
Lorsque la nation mène une véritable vie de Torah en Israël, le projet d'Hachem pour le peuple juif est réalisé. Les voûtes célestes s'ouvrent et la bénédiction divine afflue continûment sur toute la création.

Ainsi également, la Torah de la terre d'Israël est la Torah complète. Comme l'enseignent nos Sages : "Il n'est pas de Torah comme la Torah de la terre d'Israël" (midrach Béréchit rabba 16,7 ; Sifri - Ekev 1).
En terre d'Israël, la Torah est totale, la Torah de la nation, la Torah du Klal, aucune de ses mitsvot ou lettres ne manque.
Dans la terre d'Israël, la Torah est à sa place authentique, irradiant son influence avec un charme particulier, ses lettres célestes brillant de la lumière de la Chékhina. [midrach Téhilim 105]

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+ L'importance de désirer être en Israël :

-> [Si un juif est en dehors d'Israël, qu'il ne peut pas venir y résider] et qu'il éprouve de la nostalgie, de l'aspiration sincère pour vivre en terre d'Israël, alors cet attachement plein de sainteté exerce un impact direct sur les lettres de l'âme d'une personne qui aspire à faire partie du pays.

-> "L'aspiration à voir dans sa gloire la terre chérie ; la nostalgie intérieure pour la terre d'Israël accroît les lettres de sainteté, les lettres de la vie israélienne indépendante qui sont au plus profond de notre essence et de notre être ; elle augmente leur croissance spirituelle intérieure."
[rav Avraham Kook - Orot - Orot Israël - chap.7]

-> L'âme qui aspire à vivre en Israël est vivifiée par un regain d'énergie sainte.
Le juif qui aspire sincèrement à voir Israël est influencé par sa grandeur. En souhaitant lier son sort au pays, il ressemble à quelqu'un qui s'approche d'une mitsva, courant pour embrasser l'être cher.
Son pouls bat plus vite et les lettres de son âme s'agrandissent pour recevoir un nouvel apport énorme de vie.
Il grandit spirituellement dans son attachement à la terre d'Israël et aux aspirations du Klal Israël (peuple juif).
Aussi bien "celui qui est y né que celui qui aspire à la voir" (Kétoubot 75a) partagent ses bénédictions; tous deux atteignent la plénitude en menant au maximum la vie d'un juif.

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-> L'harmonie et la plénitude planétaire ne peuvent être réalisées que lorsque le peuple juif se trouve en terre d'Israël.
[Maharal - Nétsa'h Israël - chap.1 ]

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Source : ci-dessus, enseignements du rav Kook, commentés par le rav David Samson et Tsvi Fishman.

Terre d’Israël & la résurrection des morts

+ Terre d'Israël & la résurrection des morts :

-> A l'avenir, lors de la résurrection des morts, ceux qui se trouvent en dehors de la terre d'Israël seront eux aussi ressuscités, mais leur âme (néchama) ne les rejoindra qu'une fois arrivés en Israël.
Cela se réalisera par l'intermédiaire de l'os appelé louz, à partir duquel le corps sera reconstitué. Ils chemineront vers la terre d'Israël par des tunnels souterrains. [Zohar - Noa'h 69a]

-> Le Ramak explique que la résurrection des morts a pour but de réparer les fautes d'Adam Harichon.
Or, le corps ne peut recevoir une âme qu'en un lieu pur, donc en terre d'Israël. Ainsi, il existera des cavités souterraines où les corps demeureront dans la pureté jusqu'à leur arrivée en Israël.

-> Pourquoi Yaacov notre patriarche, ainsi que Yossef, ont-ils tant insisté pour être enterrés en Israël, alors même qu'ils étaient des Justes parfaits?
Il faut en conclure que Yaakov craignait de devoir emprunter ces tunnels souterrains. [Kétoubot 111a]

Mourir en terre d’Israël

+ Mourir en terre d'Israël :

-> La terre d'Israël est si intimement liée à ses enfants que même au moment de la mort, la Chékhina leur procure sa protection et leur témoigne sa reconnaissance.
Le Zohar (Térouma 150b) rapporte que quiconque meurt en dehors d'Israël, meurt par l'intermédiaire de l'ange de la mort, contrairement à ceux qui meurent en terre sainte, dont le départ est accompagné d'un ange de miséricorde (Gabriel).
Moché, Aharon et Myriam, quant a eux, sont morts par le baiser direct d'Hachem.

-> Tout celui qui est enterré en terre d'Israël est considéré comme ayant été inhumé sous le mizbéa'h (l'Autel). Même un esclave cananéen qui y serait enterré, est assuré d'une part au monde futur.
[guémara Kétoubot 111a]

Le Séfer Yétsira

+ Le Séfer Yétsira :

-> Le Séfer Yétsira est un texte hébreu ancien, écrit par Avraham et transmis à Its'hak, puis à Yaakov et enfin à ses éminents enfants. [Chla'h - Vayétsé]
Le texte donne diverses méthodes pour manipuler les lettres de la langue sainte de l'hébreu afin de créer certaines choses.
Des personnes ont été créées avec le livre, comme Avraham qui a créé des êtres (Rokéa'h - Lé'h Lé'ha), les tribus qui ont créé des femmes avec lesquelles ils allaient se promener (Chla'h - Vayéchev), Yirmiyahou et son fils Sira qui ont créé une personne (Yalkout Réouvéni - Béréchit), et enfin Rava qui a fait de même (Sanhédrin 65b).

Des animaux ont également été créés avec le Séfer Yétsira.
Les tribus l'ont fait (Chla'h - Vayéchev), Avraham l'a fait, créant du bétail pour nourrir les anges ('Hessed léAvraham 5,54), et enfin Rav 'Hanina et Rav Oyshaya ont créé un veau "troisième né" (Sanhédrin 65b).

-> Ces créations présentent certaines qualités.
Ils ne peuvent ni parler (Sanhédrin 65b), ni entendre (Mégadim 'Hadachim Béra'hot 139 - au nom du Chéalat Yaavets 2,82).
On ne peut créer de telles créatures que le vendredi, car les animaux ont été créés le 6e jour de la Création. [Rachba - Sanhédrin 65b]
Ces créatures n'existent que pendant 24 heures, et la viande des animaux ne rassasie pas. [Ben Ich 'Haï - Ben Yéhoyada - Sanhédrin 65b ]

On ne doit pas utiliser le Séfer Yétsira lorsqu'on est seul (Yalkout Réouvéni - Béréchit), et il est interdit d'utiliser ce séfer si l'on n'est pas âgé d'au moins 20 ans (Kessef Nivchar Vayéchev - au nom du Ramak).
Si l'on écrit à l'envers la formule des lettres hébraïques utilisées pour créer une créature, celle-ci redevient poussière. [Yalkout Réouvéni - Béréchit]

La séouda du Léviatan

+ La séouda du Léviatan :

-> Le festin le plus merveilleux est réservé aux tsadikim (justes) dans le monde futur. Hachem prévoit que le repas comprendra : le Béhémot, le Léviatan et le Ziz. [guémara Baba Batra 74b]

Le Ziz est un énorme oiseau selon Rachi (Bé'horot 57b), qui recouvre tout le soleil lorsqu'il déploie ses ailes, et qui a de nombreux goûts (midrach Vayikra rabba 22,10).

A la fin des jours, il y aura un combat tout à fait inhabituel : le Léviatan utilisera sa nageoire pour massacrer le Béhémot au moment même où le Béhémot sera en train d'éventrer le Léviatan. [midrach Vayikra rabba 13,3]
La manne sera également servie lors du festin. [ajout du Ba'h sur 'Haguiga 12b ; Tiféret Tsvi sur Zohar Béchala'h 62b ]

Qu'y boire? Bien sûr, le vin des raisins des six jours de la création. [Otsar midrach Séoudat Gan Eden 89 ]

Quel sera le dessert? Des fruits du Etz Ha'haïm (Ohr Olam - Béréchit), et des amandes du bâton d'Aharon (Mégadim 'Hadachim - Kora'h).

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+ Le Leviatan :

-> [Concernant les Justes,] Rabba dit au nom de Rabbi Yo'hanan : De la chair du Léviatan, Hachem fera un grand festin ... Hachem fera des cabanes avec la peau du Léviatan. [Baba Batra 74b]

-> Le Léviatan est un poisson casher. ['Houlin 67b]

-> Hachem a créé cette énorme créature marine pour s'amuser avec (Leviatan zé yatsarta lécha'hék bo - Téhilim 104,26).

-> Hachem en a fait deux et a castré le mâle, tué la femelle et l'a salée pour qu'elle soit mangée à l'avenir par les justes (tsadikim) dans le monde à Venir.
En effet, s'ils s'accouplaient le monde entier serait dévasté. [Baba Batra 74b]

Le Rachba interprète littéralement ce récit talmudique du festin de Léviatan (en saumure), en y ajoutant un niveau plus profond de compréhension dans lequel le Léviatan représente l'union de l'esprit et de l'âme (qui ne sera possible que dans le monde à Venir).
En revanche, le Rambam (Yad Ha'Hazaka - Hilkhot Téchouva 8,6) est d'avis que le Léviatan n'est pas une véritable créature, et que ce festin destiné aux Justes n'est pas un plaisir matériel.

-> La peau du Léviatan sera utilisée comme habitation pour les Justes (Baba Batra 74b), bien qu'une autre opinion affirme que la peau sera utilisée comme vêtement pour les Justes et sera également étalée sur les murs de Yerushalayim (Tossefot Hachalem - Térouma).

-> Le Léviatan a l'apparence d'un humain. [midrach Talpiot - Houkim]
Sa chair brille plus que sa peau. [Torat 'Haïm - Vayé'hi - sur Baba Batra 75a]

Il mange le poisson Shibouta (Baba Batra 74a), ainsi que toutes les grosses créatures marines (Pirké déRabbi Eliézer 9).
Il ne mange pas souvent, peut-être une fois par Shémita ou une fois par Yovel, et ne boit pas souvent, peut-être une fois tous les 70 ans. [Ben Ich 'Haï - Ben Yéhoyada - Baba Batra 74a]

Ce qui est amusant, c'est que malgré sa taille, il a peur de la petite créature appelée Kilbit (כִּילְבִּית). [Shabbath 77b]

La sorcellerie

+ La sorcellerie :

-> La sorcellerie est interdite dans la Torah. En ce sens : "La sorcière, tu ne la laisseras point vivre" (Michpatim 22,17).
Rachi : le texte s’applique aux hommes autant qu’aux femmes, mais il parle de ce qui est le plus courant, car c’est la sorcellerie féminine qui est la plus répandue.

-> Les sorciers du Pharaon utilisaient la sorcellerie pour transformer leurs bâtons en serpents. [guémara Sanhédrin 67b] [l'Egypte était la capitale mondiale de la sorcellerie, et même les enfants savaient l'utiliser. ]
Ben Stada a caché des incantations magiques d'Egypte dans une entaille dans sa chair. [guémara Shabbath 104b]
Amalek était certainement un grand sorcier, et lors de la première guerre contre les Bné Israël, il a choisi des personnes dont l'anniversaire était ce jour-là afin que, astrologiquement, elles soient protégées. [Yérouchalmi Roch Hachana 3,8]
Balak était un grand sorcier qui utilisait un oiseau qu'il avait façonné pour sa magie. [Ohr ha'Haïm haKadoch - Balak 22,41]
Bilam était aussi connu pour cela et il a écrit un livre d'incantations. [Zohar - Haazinou 299b]

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+ Quelques propriétés intéressantes de la sorcellerie :

-> Si vous soulevez une sorcière du sol, sa magie ne fonctionnera pas. [Rachi - Sanhédrin 77b]

-> Toute sorcellerie peut être arrêtée en utilisant de l'eau (Sanhédrin 77b), puisqu'elle ne fonctionne pas sur l'eau (Sanhédrin 67b ; Tiféret Yéhonatan Béréchit).

-> La sorcellerie ne fonctionne pas non plus le jour lorsque le ciel est nuageux. [Tiféret Yéhonatan - Balak]

-> Le meilleur moment pour les grandes sorcières est de 12h30 à 15h30 et c'est ce qu'on appelle Erev Gadol et les sorcières sont appelées Erev Rav. Les petites sorcières travaillent de 15h30 à minuit. [Zohar - Ki Tissa 191a]

-> En plus de l'heure, le jour lui-même doit être correct, car par exemple certaines sorcelleries ne fonctionneront pas le Shabbath. [Sanhédrin 65b]
[en effet, les nécromanciens qui ressuscitent les morts ne peuvent pas le faire le Shabbath. (Béréchit rabba 11,15 ; Rachi - Sanhédrin 65b) ]

-> Enfin, il faut savoir que le fait de porter des vêtements en lin est une protection contre la sorcellerie. [Méam Loez - Yéhochoua 2,6]

Le loup-garou

+ Le loup-garou :

Le concept de loup-garou existe dans la littérature juive, et en général, seules quelques personnes peuvent devenir des loups-garous. [Tsioni Béréchit]
Et ces personnes auront toujours une queue lorsqu'elles se reconvertiront en humains. [Rabbénou Efraïm - Vayé'hi]

Les loups garous ne peuvent se reconvertir qu'en mangeant du sang humain (Rabbénou Efraïm - Béréchit), ou en répandant des cendres sur eux (Rabbénou Efraïm - Vayé'hi).

Le loup-garou le plus célèbre que nous connaissions était Binyamin, le fils de Yaakov. [Rabbénou Efraïm - Vayé'hi ]
Yaakov était capable de contrôler Binyamin pour l'empêcher de se transformer en loup-garou. [Rabbénou Efraïm - Vayigach]

Le nom de "loup-garou" figure dans le séfer 'Hassidim (1465), mais il est également appelé "Louf Garo" (Rabbénou Efraïm - Vayé'hi).

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+ Binyamin = un loup-garou :

-> "Binyamin est un loup qui déchire (zéev yitraf)" (Vayé'hi 49,27)

-> Rabbénou Efraim Ben Chimchon (13e siècle) fait spécifiquement référence aux loups-garous en parlant de Binyamin, le fils de Yaakov.
Dans la Torah, Yaakov exprime sa crainte de laisser Binyamin partir [en Egypte avec ses frères] en disant "et il arriverait malheur" (Vayigach 44,29).
Rabbenou Ephraim l'interprète en faisant une lecture littérale du verset désignant Binyamin comme "un loup qui déchire" (Vayé'hi 49,27). Binyamin était un "loup qui déchire", s'attaquant parfois aux humains. Lorsqu'il fut temps pour lui de se transformer en loup-garou, comme il est dit : "Binyamin est un loup prédateur(qui déchire)", tant qu'il était avec son père, il pouvait compter sur un médecin, et c'est grâce à ce mérite qu'il ne se transformait pas en loup-garou.
Il est dit : "Il quittera son père et mourra" (Vayigach 44,22), autrement dit, lorsqu'il se séparera de son père, il se transformera en loup-garou et n'importe qui souhaiterait le tuer.

-> Dans un second passage du manuscrit de Rabbénou Efraïm, attribué à "un manuscrit allemand" ("kétiva ashkénazit" apparemment des élèves de Rabbénou Efraim ou d'autres sages contemporains), il est également fait état de cette ressemblance entre le loup-garou et la tribu de Binyamin :
"Il y a une sorte de loup appelé loup-garou, qui est une personne qui se transforme en loup. Lors de sa transformation, ses pattes sortent de ses épaules. Ainsi est-il dit à propos de Binyamin : "il se tiendra entre ses épaules" (Vézot haBéra'ha 33,12).
La solution pour [échapper à] ce loup lorsqu'il entre dans une maison, consiste à prendre de la cendre du brasier et à la répandre devant lui. Ainsi dans le Temple, on lançait quotidiennement des cendres près de l'autel, comme il est écrit, "il enlèvera sur l'autel la cendre de l'holocauste consumé par le feu, et la déposera à côté de l'autel" (Tsav 6,3).
Ces personnes naissent avec des dents, indiquant qu'ils sont prêts à dévorer le monde, ou bien comme un signe que cet enfant sera différent des autres.
De même, Binyamin détruisit (littéralement "mangea") sa mère qui en mourut, comme il est écrit, "au moment de rendre l'âme, car elle mourut, elle le nomma Ben-Oni (le fils de ma souffrance)" (Vayichla'h 35,18) ... et même lorsqu'ils reprennent leur forme humaine, ils ont toujours une queue, ainsi la part (en Israël) de la tribu de Binyamin avait une bande qui entrait dans la part de Yéhouda où était construit le Temple."

=> Selon Rabbénou Efraïm (sur Vayigach 44,29), Binyamin était non seulement un loup-garou, mais il a tué sa mère Ra'hel.

-> Rabbénou Efraïm (sur Béréchit 1,28) dit ces hommes qui se transforment en loup peuvent reprendre une forme humaine qu'après s'être nourri de sang humain.
[cela peut expliquer à quel point il a pu en venir à tuer sa mère, puisque totalement attiré par du sang humain.
Précision importante : cela est la vision d'un grand de la Torah (Rabbénou Efraïm), et évidemment la volonté d'Hachem dépasse totalement notre compréhension, surtout lorsque l'on parle de géant comme Ra'hel et Binyamin. ]

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-> Le rav Yé'hiel Halpern (1660-1747) raconte que cyclopes, licornes, loups-garous et de nombreuses autres créatures étranges ont été créées à la suite du Déluge.
Il écrit dans son Séder Hadorot (vol.1) :
"On dit qu'après la division des langues [lors de la Tour de Babel], Hachem créa d'étranges créatures hybrides qui se reproduisent les unes avec les autres. Dans la région de Sitiya, des gens n'ont qu'un œil sur le front ; en Inde certains n'ont pas de bouche pour manger et boire ; dans les montagnes indiennes, il y a des humains avec une queue, certains ont un corps de cheval, une tête de bélier et une corne brillante sur le front, ou possèdent trois rangées de dents et le corps d'un lion, d'autres n'ont qu'une jambe avec un pied très large et courent vite, ou encore il y a ceux qui n'ont pas de cou et des yeux sur la colonne vertébrale ou ceux dont le corps est couvert de verdure avec des dents de chien ; en Crête, il y a une créature qui a une forme humaine et les jambes d'un cheval qu'on appelle satyre ; il y en a également qui se transforment en loups quand vient l'été et reprennent leur forme humaine l'hiver, qui servent Mars et lui offrent des sacrifices humains ..."

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-> Rabbi Yéhouda Ha'Hassid (1150-1217), aborde à plusieurs reprises dans son séfer 'Hassidim des personnes ayant la faculté de se transformer en animal, y compris en loup.
On peut citer (séfer Hassidim n°1166) : "Le serpent [originel] marchait sur deux pattes et ressemblait quelque peu à une personne. La preuve à cela est que lorsque certains se transforment en loups, en chats ou en ânes, leurs yeux ne changent pas ; de même lorsque le serpent fut changé, ses yeux ne changèrent pas."

-> Le Tossafiste rabbi Moché Takou (Ktav Tamim) décrit aussi des personnes qui se changent en loups ou en lapins.

-> Il semblerait que Rachi également fasse mention du loup-garou dans son commentaire sur Iyov (5,23). [voir le Otsar Laazé Rachi al haTana'h de Moché Katan]

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-> "Nabuchodonosor fut chassé du milieu des hommes, mangea de l'herbe comme les bœufs, son corps fut humecté par la rosée du ciel, au point qu'il lui poussa des poils pareils [aux plumes] des aigles et des ongles comme des griffes d'oiseaux" (Daniel 4,30).

Certains de nos Sages l'interprètent comme une maladie mentale (une personne se croyant transformée en animal), mais d'autres Sages l'ont compris comme une véritable métamorphose. Dès lors, l'idée qu'un humain se transforme en loup ne paraît pas si absurde.

Les sirènes

+ Les sirènes :

-> Les sirènes font également partie de notre culture et apparaissent dans la guémara (Bé'horot 8a) sous le nom de Dolphanim (דּוֹלְפָנִין).
"Que sont les Dolphanim? Rav Yéhouda dit : Ce sont des créatures appelées les enfants de la mer" (bné yama).

Rachi (Bé'horot 8a) dit que le nom en laaz (langue étrangère), est Sirèna.
Elle est décrite comme une créature dont la moitié supérieure a une forme humaine (de femme) et la moitié inférieure une forme de poisson.
[cela est rapporté aussi dans le Midbar Kedmot (Dag) du 'Hida ; Tossefot Hachalem - Chémini]
[Rachi renvoie une sirène à "bat yam" (fille de la mer)]

Selon le Ramban (Chémini 11,10), un autre nom est Silonis.
Selon le Torah Cohanim (Chémini 3,4) et le Raavad, il y a une divergence d'opinion si le nom est Silonis ou Sironis.

-> Le midrach (Aggada Vaéra) rapporte que les sirènes ont rejoint les autres animaux pendant la plaie des bêtes sauvages.
Pendant cette plaie, leurs bras, de 10 amot de long (environ 5 mètres), étaient remplis de poison, et elles s'agrippaient sur le toit pour ouvrir les portes verrouillées des égyptiens (permettant aux bêtes sauvage de rentrer).

-> On dit qu'elles chantent pour les marins en mer, ce qui les endort, puis elles montent à bord du bateau, tuent et mangent les marins. ['Hida - Midbar Kedmot (Dag) ; Tossefot Hachalem - Chémini]

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-> Rachi (Bé'horot 8a) explique que ce sont des êtres capables de se reproduire comme des êtres humains, à partir d'un être humain, c'est-à-dire que si un homme s'accouple avec cette créature, elle pourra enfanter de lui (contrairement à toutes les autres créatures terrestres).

-> Le 'Hida (dans son Midbar Kedmot - Dag) raconte ses pérégrinations lors de son très long périple autour du monde. Il dit effectivement avoir aperçu ces sirènes en mer Baltique. Elles avaient une voix extrêmement étrange qui attirait les matelots de l'époque qui, souhaitant découvrir d'où venaient ces voix détournaient leurs bateaux qui venaient chavirer sur les récifs dans lesquelles elles se cachaient. Elles montaient ensuite dans les bateaux pour dévorer les matelots. Cependant, il affirme que désormais elles n'existent plus.

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-> "Il existe des créature marines, moitié homme, moitié poisson, appelées sereine en vieux français.
... elles se reproduisent avec les humains. Cela signifie qu'une personne peut avoir une relation avec eux et procréer."
[Rachi - guémara Bé'horot 8a]

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-> "Tout ce qui n'est pas pourvu de nageoires et d'écailles, dans les mers ou les rivières, ce qui pullule dans l'eau, et les créatures vivantes (néfech ha'haya) qui l'habitent, ils vous sont abominables" (Chémini 11,10).

-> Sur ce verset le midrach (Sifra - Chémini 3,7) explique :
"Ha'haya" = c'est un animal de la mer, "Néfech" cela inclut le silonis (ou sirone, selon le Arou'h). On aurait pu penser qu'il transmet l'impureté [lorsqu'il est mort] dans une tente [comme les humains] comme l'avis de Rabbi Hanina, c'est pourquoi il est dit [dans 'Houkat 19,14 au sujet de l'impureté transmise par un cadavre] "Cela" [faisant référence exclusivement à l'homme et excluant le sirone)."

Le Raavad (1120-1197) dans son commentaire de ce Sifra décrit ce sirone comme une créature dont la partie supérieure ressemble à une femme et qui chante d'envoutantes mélodies.

-> Le Mochav Zekénim, commentaire sur la Torah des tossafistes médiévaux, l'explique de la même manière :
"Dans Torat Cohanim (sur Chémini 11,10) il est dit que cela inclut également la sirène. Il s'agit d'une créature aquatique dont la partie supérieure est similaire à une femme en tout point, elle possède des seins et de longs cheveux ; à partir du nombril, elle a les attributs d'un poisson. Elle chante de façon magnifique avec une voix plaisante."

-> Le rav Tsvi Hirch Rapaport (dans son Ezrat Cohanim), explique que cette sirone est le dolfin de la guémara (Bé'horot 8a). Il le décrit comme "étant similaire à un poisson avec des écailles proches de la queue, de longs bras et la forme d'une personne".

-> La compilation midrachique du 13e siècle Yalkout Chimoni (Vayikra - remez 137), reprend le midrach Sifra ci-dessus. Il indique pareillement que le mot "âme" (néfech) vient inclure le silonis (dans d'autres version sironis).

Le Maguen Avraham (1635-1682) explique que le silonis est une "personne de la mer". [Zayit Ra'aman - commentaire sur le Yalkout Chimoni]

-> Le rav Avraham ben Chmouel Guédalia de Jérusalem (17e siècle) explique :
"Sireni = une personne de la mer, dont la partie supérieure a la forme d'une femme qui chante constamment, et qui est déduite du mot "âme" (nefech). On aurait donc pu penser qu'il entre dans la catégorie de "lorsqu'une personne meurt dans la tente" , c'est pourquoi il est dit dans le passage traitant de la vache rousse : "Voici la loi : lorsqu'un homme meurt dans la tente" (début de 'Houkat), spécifiquement une personne qui vit sur la terre et qui généralement meurt dans une tente, qui transmet l'impureté et pas une personne de la mer."
[Brit Avraham sur Yalkout Chimoni Vayikra Remez 137]

-> L'idée est que le sirone dont parle le Sifra fait forcément référence à une créature humanoïde. En effet, s'il a trouvé nécessaire de nous apprendre que le cadavre de cette créature ne transmet pas l'impureté comme celui des humains, c'est parce qu'elle doit beaucoup lui ressembler. Par ailleurs, Rabbi Hanina maintien que son cadavre est effectivement impur comme celui des humains.

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-> Dans le texte médiéval Sefer HaArou'h (Eré'h sironi), on trouve écrit :
"Sironi : le Sifra (parachat Chémini) explique sur le passage traitant des poissons : "Hanéfech sert à inclure la sirène". Dans certains textes, il est écrit silonis, mais il s'agit d'une erreur. Ce mot, grecque ou latin, désigne une créature dont la partie supérieure ressemble à une femme et la partie inférieure à un poisson.
Il m'a été rapporté que le roi de la région Nord, qui régnait sur le Danemark et la Norvège, vit une de ces créatures sur un banc de sable lorsqu'il naviguait près de son royaume. Il y a plus de dix ans, je le questionnais à ce propos, il restait silencieux. Je compris qu'il doutait, à cause de la distance, si la créature qu'il avait vue était une sirène ou un autre animal. De plus, lorsque la créature entendit l'officier du bateau crier, "Mon maître le roi, tournez-vous et regardez cette chose extraordinaire", la créature plongea immédiatement dans la mer. Mais l'officier et les marins témoignèrent que c'était bien une sirène qu'ils avaient vue.
Les poètes firent des sirènes des créatures qui chantent d'une voix mélodieuse, et peut-être que sirène vient du mot : "chira" (chant).

-> Il est à préciser que contrairement à ce que certains pensent, ce récit n'est pas celui de l'auteur du Arou'h, Rabbi Nathan ben Ye'hiel de Rome (1035-1106), mais plutôt une glose du 17e siècle de Rabbi Binyamin Moussafia (1606-1675), auteur du Moussaf HaArou'h, un commentaire du Arou'h. Il était le médecin de Christian IV, roi de Danemark et de Norvège qu'il eut donc la possibilité de questionner.
Le Gaon de Vilna (dans son Adéret Eliyahou - Chéminin 11,10) va en ce sens, et cite l'explication de Rabbi Binyamin Moussafia de sironis comme étant la sirène.

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-> Le Hida (1724-1806) écrit (Midbar Kedmot - maaré'het dalet 13) :
"Il y a un poisson de la mer appelé sirène, dont la partie supérieure a la forme d'une jeune femme, et la partie inférieure celle d'un poisson. Cette créature vit dans les zones rocheuses et dangereuses de la mer. Lorsque les bateaux passent, elle commence à chanter d'une voix extraordinairement plaisante jusqu'à ce que le sommeil tombe sur les marins puis elle grimpe sur le bateau, et dévore tous ses passagers."

-> La sirène est également mentionnée par le Kabbaliste italien le rav Chlomo Aviad Sar Chalom Basilia (1680-1749). Dans son Emounat Ha'hamim (chap.5), il rapporte :
"À présent, sache que concernant cette sirène (en faisant référence au midrach Sifra), les sages non-juifs sont tous d'accord qu'il n'a jamais existé de telle créature, mais qu'il s'agit plutôt d'une parabole des poètes grecs connus pour inventer des mythologies.
Et l'un des philosophes d'une autre nation m'a donc affirmé que nos Maîtres de mémoire bénie, ont été influencés par les Grecs et s'étaient trompés, parce que tous les naturalistes les ont cherchées sans jamais les trouver. Mais après des siècles, juste l'année dernière, les hommes du roi de France lors de leur traversée en mer ont trouvé une créature dont le visage et le corps étaient similaires à ceux d'une personne, excepté les mains. Les marins l'ont tous vu, et envoyèrent leur récit dans toutes les contrées d'Europe, et les paroles de nos Sages s'en sont trouvées vérifiées!"