Aux délices de la Torah

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La magie (2e partie)

+++ La magie (2e partie) :

+ L'Egypte :

-> La guémara (Ména'hot 85a avec Rachi) explique que l'Égypte était remplie de magiciens et de sorciers.
La guémara (Kidouchin 49b) raconte que sur les 10 mesures de magie qui sont descendues dans le monde, 9 ont été données à l'Égypte.

Selon la guémara (Kidouchin 49b), chaque pays a des midot ou des tendances qui lui sont propres : "en Israël la sagesse, à Bavél l'orgueil, en Perse le courage, en Egypte la sorcellerie, en Arabie la débauche, à Michane l'effronterie".
Le Beit haLévi commente : "C'est une chose qui ne peut pas être expliquée par les principes de la logique ou de l'intellect mais que l'on ressent très bien lorsqu'on arrive dans un pays qui a telle tendance ou une telle mida pour le bien comme pour le mal ; on se sent naturellement attiré par cette tendance, beaucoup plus que lorsqu'on habitait dans un pays voisin.

-> Les égyptiens protégeaient leurs secrets de sorcellerie et ne laissaient personne quitter le pays avec des formules magiques écrites ou des procédures magiques.
[ le Talmud mentionne cependant un individu qui a écrit les formules sur sa chair et qui était capable de réaliser ces secrets et d'accomplir des prodiges - voir guémara Shabbath 104b). ]

-> Le Ibn Ezra commente que les égyptiens, la nation la plus puissante en magie, avaient jeté un sort à leurs frontières de telle façon que personne ne pouvait en sortir librement.

Le midrach (Yalkout Réouvéni - Arachim Kelev 10) explique que les magiciens égyptiens utilisaient la sorcellerie pour garder les frontières de l'Égypte en formant des portes à partir d'images d'animaux tels qu'un cheval ou un chien, et si quelqu'un essayait de s'échapper, l'animal ensorcelé à la porte brairait ou aboierait (selon l'animal), déclenchant ainsi l'appel de tous les animaux de son espèce à travers tout le pays. De cette manière, les égyptiens savaient non seulement que quelqu'un s'était échappé, mais aussi par quelle porte. Il leur était donc facile de retrouver le fugitif.

Le midrach (Mékhilta - Yitro 1) raconte que jusqu'à ce que le peuple juif sorte au complet, aucun esclave n'avait réussi à s'échapper d'Égypte.

-> "Hachem dit à Moché : Va vers Pharaon" - Bo 10,1)
Le Ohr ha'Haïm haKadoch enseigne sur "Va vers Pharaon" :
En utilisant "Va" (bo), contrairement aux autres plaies, la Torah souhaite indiquer que Pharaon s'était caché dans l'une de ses chambres fortes secrètes qu'il avait ensorcelées de toute part afin de ne pas être retrouvé.
Il avait prononcé des incantations et sollicité des démons pour que sa cachette soit invisible et que personne ne puisse le retrouver ; comme s'il n'était plus de ce monde.
Hachem savait que si Moché le cherchait, il ne le trouverait pas.
Hachem dit donc à Moché : "Va vers Pharaon" = autrement dit : "Je te montrerai où il se trouve".
Moché s'exécuta et parvint à retrouver Pharaon sans la moindre difficulté.
Lorsque Pharaon aperçut Moché, il fut extrêmement surpris. Il lui demanda : "Comment es-tu entré? Comment as-tu fait pour trouver cet endroit?"
Moché lui répondit : "J'ai emprunté la même porte par laquelle tu es entré?"

-> Le rav Yissa'har Chmouëli Beniahou écrit :
La surprise de Pharaon était si grande qu'il se dit : "Les plus grands sorciers d'Egypte ne peuvent entrer dans cette pièce, car j'ai mis en place une garde surnaturelle autour de ce lieu ..."
En effet, par ses forces d'impureté, Pharaon y plaça des meutes de chiens noirs de très grande taille. Ils n'étaient autres que des démons capables de nuire à tout celui qui tenterait d'y pénétrer.
Alors que Moché certifia être entré par la même porte que lui, Pharaon comprit que Moché bénéficiait de la protection d'un Gardien unique. Malgré tout, son cœur s'endurcit et il ne délivra pas Israël, c'est la raison pour laquelle Hachem demanda à Moché d'aller à sa rencontre.

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-> Le midrach Séfer HaYachar (Chémot 4,19) décrit les débuts de Bilam en tant que serviteur d'un roi africain nommé Augias. À l'âge de 15 ans, il était déjà réputé pour ses capacités extraordinaires en matière de magie et de divination. Travaillant d'abord avec l'armée du roi contre l'Égypte, Bilam finit par s'enfuir en Égypte où il fut accueilli avec beaucoup d'honneur en raison des nombreux égyptiens qui souhaitaient apprendre ses talents.
Bilam, le grand magicien et ennemi du peuple juif, était l'un des conseillers les plus respectés de Pharaon et était complice du plan visant à débarrasser l'Égypte de la nation juive (guémara Sotah 11a).

-> "Pharaon ordonna à tout son peuple en disant : Tout fils qui naîtra, jetez-le dans le fleuve!" (Chémot 1,22)

Le Kéhilat Its'hak apporte une autre explication.
Selon la Torah, il est clair que l'Egypte de l'époque était la capitale mondiale de la sorcellerie, de la magie noire et de l'illusion.
En souhaitant la mort des nouveaux nés, Pharaon avait peur que les juifs créent de faux bébés par la magie, qu'ils tueraient en les faisant passer pour des vrais.

Selon nos Sages (Sanhédrin 67b), une chose réalisée à partir de la magie retourne à son état d'origine, lorsqu'elle est placée dans de l'eau ou sur un plan d'eau.

La guémara rapporte l'histoire de rabbi Zééri, se déroulant 1700 années après notre esclavage en Egypte.
Il a acheté un âne dans la ville égyptienne d'Alexandrie, sans savoir qu'il avait été créé par le biais de la magie.
Lorsqu'il est arrivé à un point d'eau, afin de donner de l'eau à boire à son âne, celui-ci est redevenu une planche de bois sur laquelle avait été jetée un sort pour la transformer en un animal.

=> On comprend mieux le choix de Pharaon, dirigeant de la capitale mondiale de la sorcellerie, qui voulait être sûr à 100% de la mort des nouveaux-nés juifs.

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-> Selon le midrach, lorsque D. a demandé à Aharon de jeter le bâton de Moché au sol, il s'est transformé en serpent.
Nullement impressionné par ce tour, Pharaon a demandé à ses sorciers, à sa femme et même à des enfants de 4-5 ans de jeter leur bâton au sol, et tous les bâtons se sont aussi transformés en serpent.

-> Les sorciers ne parvenaient à transformer en sang que le contenu de petites bouteilles d'eau.
Le fait qu'ils y parvinrent convainquit Pharaon que Moché et Aharon n'avaient rien accompli de plus qu'un habile tour de magie.
Selon certains, la seule eau utilisable était l'eau salée de la mer méditerranée.
[Méam Loez - Vaéra 7,21 & 22]

-> Le Zohar (rapporté dans le Méam Loez (Vaéra 7,20)), nous enseigne :
L’approvisionnement en eau d'une nation peut avoir un effet profond sur son peuple.
C'est ainsi qu'en raison de la composition chimique de l'eau, ainsi que des créatures qui y vivent, une certaine sorte d'eau peut être thérapeutique ou une autre développer l'intelligence.
Les eaux du Nil étaient particulièrement efficaces pour donner à ceux qui en buvaient des pouvoirs mystiques et occultes.
Mais après sa transformation en sang et la mort de toute vie aquatique, le fleuve cessa de posséder ces propriétés.

-> Les sorciers égyptiens furent eux aussi capables de produire des grenouilles en maîtrisant des démons.
Ils pensèrent que Moché avait lui aussi fait venir les grenouilles par la sorcellerie.
[Méam Loez - Vaéra 8,3]

Sur : "Il dit : Demain" (Vaéra 8,6), le Tossefot haShalim explique :
Pharaon espérait que ses sorciers puissent trouver un moyen de retirer les grenouilles pendant cette journée, et il a donc demandé à Moché de ne prier que le jour suivant.

-> Cependant, les sorciers égyptiens n'ont par réussi à reproduire la 3e plaie, celle des poux, car :
1°/ ils n'ont de pouvoir que sur ce qui a une taille supérieure à celle d'un grain d'orge (guémara Sanhédrin 67).
Bien que les poux en étaient beaucoup plus grand durant la plaie, ce n'est pas le cas en temps normal, où ils sont plus petits qu'un grain d'orge.
2°/ la magie ne peut se faire que lorsque l'on est sur un sol solide, ce qui était alors impossible puisqu'un lit de poux le recouvrait (d'une épaisseur de 60cm à 3m!).
[le Shach]

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-> Selon une version, le cercueil de Yossef était gardé au parlais, dans une chambre funèbre protégée par des statues conçues de façon à aboyer à l'approche d'intrus . Moché a réduit ces statues à l'impuissance.
[midrach Chémot rabba 20,19]

-> Pharaon se fit accompagner par les plus grands sorciers de son pays lorsqu'il partit à la poursuite des Bné Israël. Il prit également avec lui toutes les forces d'impureté, les démons des mondes supérieurs, ainsi que l'ange directeur de la nation d'Egypte.
Ainsi, les 600 chars étaient composés de forces terrestres mais également de forces célestes.
[rav Yissa'har Chmouëli Beniahou]

-> Lorsque l'armée égyptienne était à la poursuite des juifs dans la mer Rouge ouverte, alors boyant qu'il est absolument impossible de s'échapper par des moyens naturelles, les égyptiens ont fait appel à de la magie noire et à de la sorcellerie.
Certains s'élèvent très haut dans les airs grâce à des procédés de lévitation.
Mais immédiatement, une vague géante happe ces fuyards suspendus dans les airs, et les fait retomber dans la mer.
[midrach Yalkout Chimoni 235]

-> Selon le Méam Loez (Béchala'h) :
Lorsque les égyptiens était à la mer Rouge ouverte, l'eau poursuivit et noya les égyptiens qui réussirent à regagner le rivage.
Certains utilisèrent leurs pouvoirs occultes pour échapper aux eaux, mais l'ange gardien de la mer les poursuivit sans merci.
Par exemple, 2 des sorciers les plus renommés d'Egypte : Yohni et Mamré, utilisèrent leurs pouvoirs pour s'élever dans l'espace au moment où les eaux se refermèrent.
L'ange Mikhaël les saisit par leur chevelure sacrée et les précipita au fond de la mer.

Pharaon emmena avec lui 600 chars transportant les plus grands sorciers d'Egypte.
Soudain, une main immense, sur laquelle étaient inscrits tous les symboles magiques du monde, apparut dans le ciel. Tous les sorts que les magiciens égyptiens tentaient de lancer étaient renversés par cette main
La Torah dit à ce sujet : "Israël vit la grande Main avec laquelle Hachem avait agi contre l'Egypte" (Béchala'h 14,31).

-> De même, le rav Yissa'har Chmouëli Beniahou enseigne :
Pharaon se fit accompagner par les plus grands sorciers de son pays lorsqu'il partit à la poursuite des Bné Israël. Il prit également avec lui toutes les forces d'impureté, les démons des mondes supérieurs, ainsi que l'ange directeur de la nation d'Egypte.
Ainsi, les 600 chars étaient composés de forces terrestres mais également de forces célestes.

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-> Le érev rav (ces égyptiens qui se sont joints au peuple juif à la sortie d'Egypte) ont été les initiateurs du Veau d'or, qui connaissaient de nombreux tours de sorcellerie, ainsi que les moments de la journée où la magie est particulièrement efficace. [Méam Loez - Ki Tissa 32,4]
La fabrication d'un veau, plutôt que n'importe quelle autre image, a surtout été le fait de 2 anciens sorciers égyptiens (Ianous et Iambrous), qui ont rejoint le peuple d'Israël avec le érev rav
Au moment le plus propice pour leurs tours de sorcellerie, ils se sont mis à l'oeuvre et ont prononcé des incantations (lui jetant un sort) puis, prenant l'or avec précaution, ils l'ont mis entre les mains d'Aharon qui, ne se doutant de rien, l'a lancé dans le feu, et un Veau d'or est apparu.

La magie (1ere partie)

+++ La magie (1ere partie) :

-> D'un point de vue juif, il existe des forces de sainteté et des forces d'impureté.
Hachem a créé un monde dans lequel le côté de la sainteté et le côté de l'impureté sont toujours sur un pied d'égalité (Kohélet 7,14).
[par exemple, il existe 50 niveaux d'impureté, et en parallèle 50 niveaux de pureté. ]

C'est ainsi que la prophétie et l'inspiration Divine, dans le domaine de la sainteté, sont mises en parallèle, dans le domaine de l'impureté, avec divers pouvoirs magiques ou divinatoires.
Le mystique juif et le magicien païen peuvent accomplir des exploits similaires et sembler avoir des pouvoirs similaires, mais les sources de ces pouvoirs sont totalement opposées.

-> Le principal point de distinction entre la magie et la mystique est la perspective. La magie subordonne les besoins d'un monde passif aux caprices personnels du magicien, alors que la mystique juive met l'accent sur notre subordination à une puissance supérieure (Hachem).

-> La michna déclare qu'une personne "qui utilise la couronne périra" (voir Pirké Avot 1,13).
Rabbi Ovadia de Barténoura dit que "la couronne" se réfère à quelqu'un qui utilise le Nom ineffable de D. pour son bénéfice matériel.
Hachem dit : "De même que Je crée les mondes et que Je les détruis, de même Mon Nom crée et détruit les mondes" (Pessikta Rabbati 21). D. a donné du pouvoir à Ses Noms afin que les pieux et les prophètes puissent accomplir des actes par leur intermédiaire et qu'ils démontrent ainsi la "grandeur et la puissance" de D. [voir Sach - Yoré Déa 246:70]
Ces pouvoirs ne peuvent être utilisés que par des personnes ayant un niveau de sainteté et de pureté exceptionnellement élevé, ce qui n'existe pratiquement pas dans notre génération actuelle.

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+ La racine de la sorcellerie :

-> La littérature juive est confrontée à la distinction entre la magie noire et la magie blanche, pouvoirs interdits et pouvoirs potentiellement autorisés.
Le terme "sorcier" (mé'hassef - מְכַשֵׁף) est une contraction des mots hébreux signifiant "affaiblir les agents célestes de D." (ma'hich pamalya chel mala'h).
Il existe un ordre métaphysique des anges et des pouvoirs mis en place par D. qui facilite l'ordre naturel du monde. Toute tentative de modifier cet ordre est considérée comme de la sorcellerie et est interdite.
Ces anges et ces puissances ne sont que des intermédiaires qui transmettent l'effusion Divine dans les domaines physiques.

Le sorcier s'efforce de forcer les forces spirituelles à faire ce qu'il veut.
L'erreur de la magie est de penser que les forces surnaturelles peuvent être indépendantes de D., ou que le magicien est mieux équipé que D. pour répartir cette influence Divine.
Rabbi Yéhoudah haLévi (Kouzari 1:79) écrit que la différence entre la magie païenne et les actes de mystique juif est comparable à celle qui existe entre le médecin sage et le fou qui dispense des médicaments au hasard.

-> La croyance en de nombreuses forces et puissances contredit l'unicité de Dieu et constitue une forme d'idolâtrie. C'est pour cette raison que les interdictions contre la magie dans la Torah sont regroupées avec l'idolâtrie. [voir Rambam - Moré Névou'him 3,37]
La pratique de la sorcellerie affaiblit également la confiance en D., car la personne en vient à se fier à la manipulation magique plutôt qu'à la souveraineté de D. [selon le Yessod Yossef - chap.25]
De plus, lorsqu'on cherche à obtenir quelque chose par des moyens magiques, on se place sous la providence de l'impureté au lieu de s'adresser directement au Divin.

-> Le judaïsme est totalement opposé à la sorcellerie. La Torah interdit explicitement toute forme de sorcellerie, de magie pratique et de pratiques occultes.
[voir Chémot 22,17 ; Vayikra 20,27 ; Dévarim 18,9-13]

Le Rambam (intro Hilkhot Avodat Ko'havim) énumère 11 commandements négatifs relatifs à la sorcellerie. Les détails de ces interdictions sont énumérés dans la guémara (Sanhedrin 65a-b) et dans Rambam (Hilkhot Avodat Kochavim - ch.11).

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-> Est-ce réel?
Il existe 2 approches :
Selon le Rambam (Hilkhot Avodat Kochavim 11,16), les pouvoirs que les sorciers prétendent détenir n'existent même pas. Tous les prodiges qu'ils accomplissent impliquent une forme de tromperie. Selon lui, il est interdit de s'adonner à la magie, car elle n'est que stupidité.
L'autre point de vue, qui est majoritaire, est que de tels pouvoirs magiques existent dans le monde, mais que la Torah interdit d'y participer. [Ramban - Dévarim 18,13 ; Drachot haRan n°4 ; Gaon de Vilna]

Selon toutes les autorités halakhiques, il est interdit de consulter des sorciers en raison du verset de la Torah qui dit : "Intègre tu seras avec Hachem" (tamim tiyé im Hachem - Choftim 18,13) , ce qui signifie qu'une personne doit s'en remettre à D. et ne pas essayer d'obtenir des informations en dehors des paramètres naturels autorisés.

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+ Transmission de la magie selon la Torah :

-> Origine et développement de la magie :
La Torah commence avec Adam et 'Hava dans le jardin d'Eden et parle de "l'Arbre de Vie" et de "l'Arbre de la Connaissance".
L'Arbre de Vie représente la communion avec Hachem, tandis que l'Arbre de la Connaissance représente l'expérience de la conscience de soi.
Hachem dit à Adam qu'il peut manger de tous les arbres du jardin, à l'exception de l'Arbre de la Connaissance (Béréchit 2,9 & ensuite).
D'un point de vue kabbalistique, tous les arbres du jardin d'Eden avaient le potentiel d'être des Arbres de Vie, une expérience du Divin, ou des Arbres de Connaissance, une conscience de soi. [rabbi Tsadok haCohen - Pri Tsadik Béréchit 8]
Les séquelles du choix d'Adam pour l'expérience égoïste de l'Arbre de la Connaissance ont ouvert la voie aux générations futures qui devaient choisir entre se connecter à D. ou utiliser les pouvoirs de l'occulte. [Ben Ich 'Haï - Ben Yéhoyada - Sanhédrin 67b]

-> Après avoir mangé de l'Arbre de la Connaissance, la Torah dit qu'Adam et 'Hava prirent conscience de leur nudité et se couvrirent de feuilles de figuier. (Béréchit 3,7)
Les kabbalistes juifs expliquent cet événement d'un point de vue ésotérique. L'acte de manger de l'arbre était un acte d'égoïsme qui a lancé les forces de l'impureté dans la réalité. Le monde n'était plus une pure extension d'une réalité spirituelle, mais une existence polluée par la grossièreté/impureté.
Adam et 'Hava ont reconnu que la présence de D. avait été retirée, et ils se sont sentis "nus" et vulnérables à ces forces impures. [voir Zohar]

-> Les fruits représentent la fonction première d'un arbre. Les feuilles représentent une partie plus externe et secondaire de l'arbre. Pour les kabbalistes, le fait de se couvrir de feuilles signifiait qu'ils essayaient de protéger leur moi spirituellement nu et vulnérable en utilisant des forces étrangères à la création. (voir Rékanti)
Le Zohar (Béréchit 36b & 53b) dit que se protéger des forces étrangères à la création signifiait apprendre les arts occultes, et qu'en conséquence, le niveau spirituel d'Adam, autrefois élevé, a été diminué.

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+ La génération du déluge :

-> Adam et 'Hava ont abandonné ces pratiques lorsqu'ils ont quitté le jardin d'Eden, mais plus tard, dans la génération d'Énoch et dans celle du Déluge (maboul), ces arts magiques se sont à nouveau répandus, au point que même les enfants les connaissaient.
L'une des raisons pour lesquelles la génération du déluge n'a pas écouté l'appel de Noa'h à changer ses habitudes est qu'elle pensait pouvoir utiliser sa sagesse occulte pour se protéger. [Zohar Béréchit 56a-b]

-> Lorsque la Torah décrit la génération d'Enoch, elle dit : "En ce temps-là, le nom de D. était invoqué de façon profane" - Béréchit 4,26. Les gens de cette époque utilisaient les noms divins pour manipuler la nature. (ainsi, Noa'h on n'a pas peur de ta prédiction de Déluge, car on pourra utiliser les noms Divin, la magie, pour contrecarrer cela.

Le Méam Loez (Noa'h 5,9-11) écrit : "Lors de la période d'Enoch, la magie noire et les sciences occultes se sont développées au point où même les jeunes enfants connaissaient de telles pratiques. Clamant qu'ils ne craignaient rien, les hommes prétendirent détenir des sortilèges avec lesquels ils contrôlaient même les anges préposées au feu et à l'eau, desquels ils couraient donc aucun danger. "

-> D'ailleurs, même le nom de Noa'h n'était qu'une façade pour le protéger, comme l'enseigne le Méam Loez (Béréchit 5,28-31) sur : "Lémé'h ... engendra un fils, il l'appela du nom de Noa'h" :
Mathusalem, dont la sagesse était immense, avertit Lémé'h de ne pas nommer son fils dès sa naissance.
En effet, en ce temps, les maîtres de la magie noire étaient nombreux, et Mathusalem craignait qu'ils usent de leurs pouvoirs contre l'enfant s'ils connaissaient sa destinée.
Son vrai nom fut tenu secret.
C'est ainsi, aux yeux de tous, ils l'appelèrent Noa'h, mais ses proches savaient que son véritable nom était : Ména'hem [signifiant : "celui qui soulage"], indiquant que si les hommes se repentaient, leur vie serait alors plus douce.

-> La génération de la tour de Bavél pensait neutraliser le Divin par leur magie et leur sorcellerie.
Selon Rabbénou Bé'hayé (Noa'h 11,4), ils pensaient que la tour leur permettrait d'atteindre les sphères supérieures, et l'immortalité des êtres célestes.

-> Par ailleurs,selon la guémara (Kidouchin 49b), 10 mesures de sorcellerie ont été données au monde, et 9 d'entre elles furent prises par l'Egypte
D'une certaine façon, lorsque Pharaon dira qu'il ne connait pas notre D., il voulait signifier que l'Egypte étant la capitale de la magie/sorcellerie, ils étaient tellement forts que D. était comme inexistant en comparaison. )

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+ A l'époque d'Avraham :

-> À l'époque d'Avraham, après le décès de sa femme Sarah, il donna naissance à des enfants avec Kétoura. La Torah ('Hayé Sarah 25,1-6) précise que les enfants qu'il a eus avec elle ont reçu des "cadeaux" et ont été envoyés en Orient.
La guémara (Sanhédrin 91a) enseigne que ces "cadeaux" qu'Avraham leur a offerts étaient des noms divins impurs.
En d'autres termes, il leur a donné des secrets spirituels qui ne nécessitaient pas de pureté rituelle et qui décrivaient la manipulation de l'énergie dans la nature.
Ces noms et secrets leur ont été donnés pour les défendre contre les attaques spirituelles nuisibles. (voir Maharal - Gour Aryé Béréchit 25,6)

Il existe également d'autres explications. Le Panéa'h Raza explique que l'objectif d'Avraham était d'éviter qu'ils ne succombent à l'interdiction beaucoup plus sévère de l'idolâtrie et de leur donner à la place une méthode beaucoup plus bénigne pour découvrir l'avenir.
D'autres soutiennent que l'instruction d'Abraham était purement éducative, qu'ils devaient savoir ce qu'il fallait éviter. (voir Maasé Hashem, haKtav véhaKabbala)

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-> Le Méam Loez ('Hayé Sarah 24,30) enseigne :
La lévitation s'accomplissant également par l'intermédiaire de la magie noire, Eliézer s'éleva au-dessus de l'eau [du puits] afin que Lavan ne pense pas qu'il était un sorcier. En effet, ceux qui pratiquent les sciences occultes voient leurs pouvoirs s'amoindrir au contact de l'eau.
[la guémara (Sanhédrin 67b) enseigne que les sorciers ne peuvent pas réaliser leur magie lorsqu’ils sont en contact avec l’eau (l’eau empêchant tout effet de la sorcellerie).]

-> Lavan savait comment utiliser ces idoles [pour obtenir des pouvoirs extrasensoriels]. Ra'hél les lui vola afin qu'il ne puisse découvrir leur destination. [Méam Loez - Vayétsé 31,19]

-> D'après une opinion (Zohar - Vayichla'h), Lavan ne poursuivit pas Yaakov (lorsqu'il le quitta) pour le combattre physiquement. Yaakov disposait de plus d'hommes que Lavan. Ce dernier désirait tuer Yaakov par des paroles : à l'aide d'incantations magiques ...
Lavan voulait "déraciner" Yaakov de ce monde en usant de la sorcellerie.
[Méam Loez - Vayétsé 31,24]

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-> Selon une opinion, lorsque Yossef vit que la femme de Potiphar essayait de le séduire, il réalisa un double de lui-même sous la forme d'un golem.
Il comptait laisser cet androïde dormir avec la femme de Potiphar, se débarrassant ainsi d'elle.
Sarah avait agi de même avec Pharaon, et Esther eut recours à ce subterfuge avec A'hachvéroch.

Cependant, la femme de Potiphar, elle, connaissait suffisamment la magie pour déjouer cette supercherie.
C'est pourquoi la Torah dit : "Elle le saisit par son vêtement" (Vayéchev 39,12). En hébreu, le mot "béguéd" désigne un vêtement, dont la racine "bagad" signifie : "tromper".
Ainsi, elle "saisit" la tromperie de Yossef, et comprit par quel moyen il tentait de l'abuser.
[Méam Loez - Vayéchev 39,11]

Les rêves

+ Les rêves :

-> Le sommeil et l'ascension de l'âme :
Une tradition ancienne du judaïsme, en particulier dans les textes les plus mystiques (comme le Zohar), veut que pendant notre sommeil, l'esprit humain s'élève temporairement vers les royaumes supérieurs ... L'âme se recharge et peut entrer en contact avec les royaumes incorporels.
Le sommeil est considéré comme un avant-goût de la séparation ultime entre le corps et l'âme, et quantifié comme représentant un soixantième de la mort. [guémara Béra'hot 57b]

-> Rabbi Yossef Karo (Maggid Mécharim), avait un maggid, un ange venu d'en-Haut, qui lui enseignait de nombreuses idées ésotériques. Le maggid lui dit qu'un homme peut souffrir de voir quelque chose dans un rêve plus que lorsqu'il est éveillé, parce que lorsqu'il est éveillé, le corps agit comme une armure protectrice et émousse sa sensibilité. En revanche, lorsqu'il est dans un état de rêve, l'événement peut pénétrer plus profondément et il peut donc souffrir davantage.

-> Signification des rêves :
Il semble qu'il y ait une certaine division quant à la signification et à l'importance des rêves dans la tradition juive :
- Certains points de vue semblent impliquer que les rêves n'ont aucune signification. Les rêves sont considérés comme des déceptions de ce qui était dans l'esprit de l'individu le jour donné. [voir Béra'hot 55b avec Rachi ; Abarbanel (Bérechit 40,24)]
- Un certain nombre de sources accordent une valeur considérable aux symboles contenus dans les rêves et à leur capacité à prédire l'avenir ou à établir la loi juive. [voir par exemple : Kouzari (3:53)]
[voir la guémara 'Haguiga 5b, où D. dit : "Bien que Je leur cache Ma face, Je leur parlerai en rêve"]
Les déclarations assimilant les rêves à des prophéties suggèrent qu'ils sont très spéciaux et dignes d'être sérieusement pris en considération. [voir Béra'hot 57b]

-> On dit : "Les rêves sont divisés en gradations, selon la quantité de vérité qu'ils contiennent".
Le Maharcha ('Hidouché Agadot - Béra'hot 55a) divise les rêves en 3 catégories : (1) les rêves qui dépendent entièrement de leur interprétation ; (2) les rêves qui proviennent des royaumes célestes et sont proches de la vérité, et une interprétation peut les transformer et les rendre réels, et (3) les rêves qui n'ont qu'une seule interprétation et qui se réaliseront.

La plupart des rêves proviennent d'influences externes, comme la nourriture que l'on mange ou notre vécu quotidien ; puis il y en a qui ont une valeur prophétique. En effet, rabbi Na'hman de Breslev écrit qu'il existe 2 types de rêves : l'un qui provient de la nourriture que la personne a mangée, et l'autre de sources angéliques.
En hébreu, les mots "nourriture" (maa'hal - מאכל) et "ange" (mal'akh - מלאך) sont composés des mêmes lettres.

-> Par exemple, le Arou'h haChoul'han (13) écrit que si une personne a pensé aux événements du rêve au cours de la journée précédente ou si elle s'est endormie avec l'estomac plein, il ne s'agit pas d'un mauvais rêve qui nécessite un jeûne (pour annuler les mauvais effets).

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-> Les rêves dans la Torah :
Le mot qui désigne le rêve en hébreu est : 'halom (חלום), qui est lié à la racine 'halam, qui signifie "renforcer" (comme dans Yéchayahou 38,16 - tu m'as renforcé - ta'haliméni), car les rêves sont le résultat de la force de l'âme qui l'emporte sur celle du corps. [rav Aryeh Kaplan]

-> Il existe 10 exemples dans le texte de la Torah où les rêves ont une signification et même une utilité prophétique. Les 10 sont mentionnés dans le livre de la Béréchit :
1. Aviméle'h à propos de Sarah ;
2. Yaakov et l'échelle qui monte au ciel ;
3. Les brebis de Yaakov fuyant Lavan ;
4. Les rêves de Lavan à la poursuite de Yaakov ;
5. Les gerbes des frères de Yossef s'inclinent devant les siennes ;
6. Le soleil, la lune et les étoiles se prosternent devant Yossef ;
7 & 8. Le boulanger et l'échanson en prison en Egypte ;
9 & 10. Rêves de Pharaon concernant les 7 vaches et les 7 épis de blé.

-> La racine du mot pour "rêve" en hébreu apparaît 48 fois dans le livre de Béréchit et 7 autres fois dans le reste des 5 livres de la Torah.
Il est intéressant de noter que la guémara (Méguila 14a) affirme que 48 prophètes et 7 prophétesses ont transmis leur prophétie au peuple juif. [il s'agit des prophètes dont les mots seront éternellement significatifs. ]
Cela témoigne du lien entre les rêve et la prophétie.
De plus, la prophétie était reçue sous la forme d'une vision de rêve (à l'exception de Moché qui parlait debout face à D. - Béaaloté'ha 12,6).

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-> Les rêves dans le Talmud :
On peut rapporter :
Rav 'Hisda (guémara Béra'hot 55a) : "on devrait voir n'importe quel rêve, mais pas un rêve de jeûne".
Cela signifie soit que jeûner en rêve est un mauvais présage, soit que si l'on fait un mauvais rêve alors que l'on jeûne, il ne faut pas y prêter attention, mais plutôt attribuer le rêve pénible à la privation de nourriture. [Rachi ; Aroukh]

-> Rav 'Hisda a également déclaré qu' "un rêve qui n'a pas été interprété est comme une lettre non lue".
Cela signifie que les rêves suivent leur interprétation, et que si le rêve n'est pas interprété, il ne peut être considéré comme un "bon" ou un "mauvais" rêve.
Rav 'Hisda explique également que ni un bon ni un mauvais rêve ne s'accomplit dans son intégralité, car il y a toujours un élément de fantaisie qui s'y mêle.
[ sur la même page de la guémara, Rabbi Yo'hanan dit également, au nom de Rabbi Chimon bar Yo'hai, que de même qu'il n'y a pas de blé sans un peu de paille, de même il n'y a pas de rêve sans un peu d'absurdité. ]
De plus, il dit également qu'un mauvais rêve est meilleur qu'un bon rêve, dans le sens où il peut être le catalyseur d'une téchouva.

Dans cette même section de la guémara (Béra'hot 55b), il y a un débat sur la réalité pratique des rêves, avec certaines preuves qui font allusion à la capacité prophétique des rêves et d'autres qui disent que les rêves sont simplement le produit des pensées quotidiennes du rêveur.

-> b'h, voir aussi : https://todahm.com/2020/07/20/les-reves

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-> Les rêves suivent leur interprétation :
On dit que les rêves "suivent la bouche", ce qui signifie qu'ils suivent l'interprétation qui leur est donnée.
[guémara Béra'hot 55b-56a]

Il est intéressant de noter qu'en guématria, le mot désignant le rêve (cha'halom - חלום), vaut 84 et le mot désignant la bouche (pé - פה), qui vaut 85, ce qui suggère que le rêve vient en premier, suivi de la bouche. Le rêve suit la bouche, son interprétation.

La guémara (Béra'hot 55b) mentionne un certain rêve qui a reçu 84 interprétations différentes et chacune d'entre elles s'est réalisée.
Puisque l'actualisation d'un rêve vient de celui qui donne l'interprétation, la tradition juive recommandent de ne raconter son rêve qu'à son ami.
L'ami est prédisposé à voir le rêveur sous un jour positif ; son interprétation sera donc favorable et le rêve s'actualisera pour le mieux.

La guémara (Béra'hot 56a) parle de Rava et de son collègue Abbayé, qui faisaient régulièrement des rêves similaires et allaient voir Bar 'Hedya pour en obtenir l'interprétation.
Bar 'Hedya donnait à chaque fois des interprétations favorables à Abbayé, tandis que Rava recevait toujours des prédictions sombres. La véritable différence entre leurs prévisions était qu'Abbayé payait l'interprète et obtenait ainsi de bonnes interprétations, alors que Rava ne le faisait pas.
Curieusement, les interprétations se sont réalisées. En effet, comme nous l'avons vu, la façon dont on interprète un rêve peut avoir un effet sur sa réalisation. S'il est qualifié de mauvais, il le sera ; s'il est qualifié de bon, c'est ce qui se réalisera : le rêve "suit la bouche".

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-> A l'époque du moyen âge, les rêves étaient considérés comme ayant la capacité d'atteindre un certain degré de prophétie, bien qu'à un niveau inférieur. [ceci est basé sur la guémara (Béra'hot 57b) où un rêve est considéré comme 1/60e de la prophétie. ]

-> Le Ram'hal (18e siècle - dans son Dére'h Hachem3,1) écrit qu'il existe 2 types de rêves :
1°/ Les rêves naturels sont dus à des causes naturelles et n'ont pas de signification spirituelle ;
2°/ Les rêves spirituels sont le résultat de l'ascension de l'âme (néchama) pendant le sommeil.
Dans cet état, l'âme peut capter des informations de sources spirituelles qui sont perçues dans un rêve.
Ces informations ne sont pas nécessairement vraies et sont perçues avec plus ou moins de clarté. Même les informations exactes peuvent être mélangées à des informations incorrectes, et le rêveur moyen ne sera pas en mesure de discerner quelles parties du rêve, s'il y en a, ont une signification pratique

Ailleurs, le Ram'hal (Kla'h Pisché 'Hokma) écrit que "comme on le voit dans un rêve, où les sujets fluctuent rapidement en un instant ... les éléments réels vus dans le rêve ne sont pas vraiment vus, seule l'imagination fonctionne et montre ce que l'âme expérimente".

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-> Le Gaon de Vilna écrit que le but des rêves est de permettre à l'homme de saisir dans le sommeil ce qu'il est impossible de saisir à l'état éveillé. Il décrivait le corps comme une barrière, et lorsque l'âme s'élève pendant le sommeil, elle est capable de percevoir les choses qui ne peuvent pas appréhendées pendant les heures d'éveil.

-> Le rabbi 'Haïm de Volozhin approuvait les rêves et les visions de l'élite spirituelle, en particulier de son maître le Gaon de Vilna, mais il était en même temps très critique quant à la validité ou à la réalité pratique d'autres rêves.
Lorsqu'un homme interrogea Rabbi 'Haïm sur un rêve récurrent dans lequel il se noyait dans la glace brisée d'une rivière gelée, Rabbi 'Haïm lui conseilla de ne pas y prêter attention car la guémara (Guittin 52a) dit : "Les rêves n'ajoutent ni ne retranchent".
Lorsque l'homme se noya effectivement lors d'un voyage d'affaires dans une fleuve gelé, sa famille interrogea Rabbi 'Haïm sur les raisons pour lesquelles il avait si peu apprécié le rêve.
Il répondit que lorsque la guémara dit que "les rêves n'ajoutent ni ne retranchent", il s'agit de la réalité, et que le fait que cet événement malheureux se soit produit n'avait rien à voir avec le rêve.

-> Rabbi 'Haïm de Volozhin chérissait les véritables révélations des rêves, mais s'opposait farouchement aux affirmations ne relevant pas du domaine de la Torah et émanant de personnes n'ayant pas le calibre spirituel adéquat. Son maître, le Gaon de Vilna, avait adopté la même perspective.

Il est écrit (Biour haGra léSefer diTsinouta) :
Il y avait à Vilna un rêveur qui semblait avoir une vision des affaires privées des habitants de la ville.
Les habitants de la ville étaient à la fois stupéfaits et terrifiés par cet homme. L'homme fut convoqué devant le Gaon de Vilna. Il décrivit alors au Gaon un événement qui s'était produit dans l'intimité de la maison du Gaon, et qu'il ne pouvait pas connaître. Le Gaon déclara que le rêveur était simplement atteint d'une maladie mentale et le renvoya. Le Gaon n'a pas été impressionné.
Ce n'est pas parce qu'une personne a l'intuition de choses qu'elle ne devrait peut-être pas savoir, que cela vient nécessairement d'un lieu de sainteté. À moins que des capacités extra-sensorielles n'émanent d'un érudit de la Torah, les paroles de cette personne doivent être prises avec des pincettes.

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-> Rabbi Tsadok haCohen de Lublin écrit que les rêves et l'inconscient sont le reflet de l'accomplissement spirituel personnel.
Il (Tsidkat haTsadik) cite son maître le rabbi Morde'hai Leiner sur le verset "Yaakov a rêvé" : les rêves révèlent le niveau d'une personne. Comme les rêves représentent l'inconscient, plus ils montrent le Divin, plus on a purifié son cœur. Par conséquent, seul celui qui est au-delà du désir et rempli de Torah peut atteindre une quelconque vérité par le biais de l'imagination ou des rêves.

Le rav Tzsdok haCohen explique que c'est ainsi que l'on peut même étudier la Torah pendant une journée entière, mais que si l'on n'a pas fui les pensées étrangères, on y reste attaché et on n'y échappera pas dans ses rêves.
En ce sens, le rêve est un indicateur fiable du progrès spirituel d'une personne, puisqu'il ne peut être contrôlé par l'esprit conscient. Tout comme l'intellect peut s'attarder sur la vérité de la Torah ou sur les vanités du monde, l'imagination peut également le faire.
La qualité des rêves dépend entièrement de la perfection des illusions. Bien que les rêves soient le fruit de l'imagination d'un individu, plus l'inconscient est pur, plus la révélation est précieuse.

Rabbi Na'hman de Breslev (séfer haMidot) aborde également l'idée des rêves comme une fenêtre sur l'être intérieur et un rapport sur l'état du développement spirituel.
[de même, le rabbi Yékoutiel Halberstam, écrit que l'exactitude des rêves dépend de la droiture de celui qui rêve. ]

Le rav Tsadok haCohen aborde également les différents niveaux possibles de compréhension Divine par le biais de la Torah, des rêves authentiques et de la prophétie. Lorsque le Jacob biblique fait son rêve archétypal de l'échelle des anges qui montent et descendent, le rêve extraordinaire lui a été accordé en proportion de sa pureté de l'inconscient.
Notre réalité est toujours un rêve par rapport à nos niveaux supérieurs, de même lorsqu'il est dit que la prophétie est venue dans un rêve, c'est parce qu'elle est illusoire par rapport aux niveaux supérieurs de la prophétie. [Pri Tsadik 37,59]

=> Ainsi, les rêves sont un véhicule potentiel de sagesse supérieure, mais que ce potentiel est rarement exploité en raison de la grossièreté spirituelle de la majorité des gens.

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-> Rabbi Schneur Zalman (maamaré Admour haZaken 5565) écrit que les rêves sont enracinés dans makif el'yon, qui est également décrit essentiellement comme un royaume de la bonté Divine qui précède la division du temps et de l'espace, un état dans lequel les opposés coïncident.
[dans nos rêves, nous sommes les créateurs d'un monde où le temps et l'espace, qui limitent toutes les activités de notre corps, n'ont aucun pouvoir. ]

Ainsi, il existe un autre type de logique, un autre système de réalité, auquel on accède potentiellement par le biais des rêves. C'est par ce portail que l'on accède à une compréhension plus profonde du monde et de soi-même.
Rabbi Schneur Zalman décrit également les rêves comme une conscience élargie s'exprimant dans une conscience restreinte.
Ces descriptions de ce que les rêves peuvent atteindre contrastent fortement avec celles de Rabbi Pin'has de Koretz, qui était un de ses contemporain et un disciple du Baal Chem Tov, qui écrit que "les rêves sont les déchets de l'esprit" (midrach Pin'has 10b).

-> Il est écrit : "avec le retour de Sion, nous serons comme des rêveurs" (Téhilim 126,1).
A cet égard, Rabbi Schneur Zalman (Torah Ohr) explique que l'exil est comparable à un état de rêve. Dans l'existence réelle, prier et gagner sa vie ne vont pas de pair. La jouissance physique et la jouissance spirituelle ne peuvent coexister. Ce n'est que dans l'état de rêve de l'exil que le juif est contraint de vivre dans une réalité où 2 opposés peuvent fonctionner simultanément, et cela semble tout à fait normal.

De son côté, le Tséma'h Tsédek explique que l'exil et le rêve sont un processus de guérison. Tout comme dans le sommeil, le cerveau se purifie en "transpirant" les processus de pensée superflus et se renforce, ainsi il en va de même pour l'état d'exil.

-> La guémara (Béra'hot 55b) enseigne que le roi David faisait un mauvais rêve chaque nuit.
La 'hassidout explique que tout au long de la journée, David rectifiait le mal auquel il était confronté et le transformait en bien. Ses cauchemars étaient le résidu maléfique de ce qui ne pouvait être transformé en bien pendant la journée.
De même, les gens peuvent faire de mauvais rêves afin d'annuler les mauvais décrets.

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-> Il est écrit : "avec le retour de Sion, nous serons comme des rêveurs" (Téhilim 126,1).

-> Rabbi Yosef Yitzchak Schneersohn (le 6e Rabbi de Loubavitch, le Rayatz) dit qu'un rêve combine 2 opposés. Il écrit qu'un juif en exil peut être absorbé par l'unité de D. en récitant la prière du Shéma, et plus tard dans la journée, il peut se laisser entraîner par des activités mondaines et par l'orgueil.
Il explique que cela est dû au fait que l'exil est un état de rêve où les opposés peuvent être recherchés simultanément.

Le 4e Rabbi de Loubavitch (rabbi Shmouel Schneersohn) enseigne aussi à ce sujet : le monde n'est pas indépendant ; il est l'expression de la volonté de D. La création pourrait être comparée à une manifestation ou à une extension des pensées de D. Dans la pensée humaine, quelqu'un peut imaginer un monde entier avec des détails, des personnes et des événements. Cependant, les personnages de l'imagination humaine ne pourraient pas se rebeller contre la volonté et le désir de l'imaginateur humain, ce serait absurde.
Néanmoins, il est possible que l'être humain en exil puisse se rebeller contre D., même si toute son existence est une extension de la pensée de D.
Tel est le paradoxe de l'état onirique de l'exil.

-> Cependant, il est à noter qu'il écrit que le verset : "Bien que je m'assoupisse, mon cœur est éveillé" (Chir haChirim 5,1), enseigne un résultat positif de l'exil : que bien que je m'assoupisse au temps de l'exil, je suis éveillé au sacrifice de soi.
Le Rayatz explique que c'est précisément pendant l'exil, l'état de rêve, que l'on peut plus facilement éveiller en soi le pouvoir du sacrifice de soi (abnégation).

-> Une nuance intéressante enseignée par le Rabbi Loubavitch (rabbi Ména'hem Schneersohn) est une perspective sur la raison pour laquelle l'être humain dort. Apparemment, on pourrait accomplir beaucoup plus s'il n'était pas nécessaire de rester inactif pendant près de 8 heures [de sommeil] par nuit.
Le Rabbi précise que si le sommeil n'existait pas, il n'y aurait pas de différence entre aujourd'hui et demain, et aucune chance de se renouveler et de repartir à zéro. Le fait que nous devions dormir nous permet de penser que le lendemain sera meilleur, ce qui nous donne une fenêtre d'espoir et de croissance.

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-> "Avec le retour de Sion, nous serons comme des rêveurs" (Téhilim 126,1).

-> Selon rabbi Tsadok haCohen de Lublin, lorsque nous serons témoins du monde spirituel du machia'h, nous comprendrons que notre monde actuel était superficiel et irréel, un rêve fantastique.

-> Selon le Maharal (Nétsa'h Israël - chap.47), le monde du machia'h sera un monde spirituel de la réalité réelle.

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+ D'après le rav Avraham Its'hak haCohen Kook :

-> Le Rar Avraham Kook explique que tous les rêves contiennent un certain élément de mensonge, étant donné qu'ils proviennent de nos facultés imaginatives et émotionnelles qui, par défaut, contiennent des exagérations et des éléments absurdes.

Le rav Kook explique que le mensonge peut même être présente dans les vrais rêves prophétiques, parce que la vérité dans ces rêves est basée sur la réalité générale de ce qui devrait être.
Les circonstances peuvent changer la façon dont ces événements se déroulent en réalité, mais le rêve reste vrai en tant que scénario alternatif possible.
Par exemple, notre ancêtre Yossef rêve que ses parents se prosternent devant lui. Bien que sa mère soit décédée plusieurs années auparavant, la réalité est que si elle avait été en vie, elle se serait également inclinée devant lui lorsqu'il était vice-roi d'Égypte.

Le rav Kook écrit qu'il est certain que tous les rêves ne sont pas censés être considérés comme prophétiques. Lorsque l'humanité a été créée, dans son état le plus pur, les rêves étaient censés être un moyen de générer une vision prophétique.
Avec la chute d'Adam, l'ancienne élévation spirituelle de l'humanité est tombée à un point tel que les rêves étaient plus faux que vrais.
À l'origine, et dans certains cas actuellement, l'humanité a reçu la capacité de rêver afin de saisir un scénario possible de la façon dont les événements pourraient se dérouler. Ce faisant, elle se donnait la possibilité de s'amender si nécessaire.

Comme nous l'avons vu, la clé essentielle des rêves est leur interprétation. Les rêves peuvent être une expression de l'âme. Les âmes contiennent un mélange de bons et de mauvais traits.
Un même rêve peut avoir plusieurs significations, car il reflète des qualités contradictoires au sein de l'âme.
Lorsque l'interprète des rêves donne une interprétation positive, il aide à actualiser les traits positifs cachés dans l'âme du rêveur. Une interprétation négative, en revanche, favorisera et fera ressortir les traits négatifs.

Les prophètes et les personnes saintes font des rêves importants et significatifs. La plupart des rêves, cependant, sont insignifiants ou inutiles, comme le dit la Bible : "Les rêves disent des choses fausses" (Zé'haria 10,2).
La différence de qualité des rêves est essentiellement basée sur la concentration d'une personne tout au long de la journée. Les serviteurs de D. consacrent leurs pensées et leurs actions uniquement au perfectionnement de toute la création ; par conséquent, leur imagination dans leurs rêves ne sera stimulée que par des sujets liés à la réalité universelle.
Il en résulte que leurs rêves sont d'une grande importance, car ils capturent la vérité intérieure de la réalité.
L'homme moyen, en revanche, s'occupe tout au long de la journée des vanités de la vie quotidienne. Il n'est donc pas surprenant que ses rêves ne soient que des pensées et des désirs vains.

C'est ce que veut dire la guémara (Béra'hot 55b) lorsqu'elle affirme que les anges apportent des rêves prophétiques et que les démons apportent de faux rêves.
Les anges sont des forces constantes dans l'univers, préétablies pour parfaire le monde. Les vrais rêves sont liés à ces forces positives sous-jacentes inhérentes.
Les démons, en revanche, sont des forces impies enracinées dans des désirs privés qui sont incompatibles avec l'ordre universel global. Par conséquent, les faux rêves sont le résultat de ces désirs privés.

La capacité de rêver a été donnée à l'humanité afin d'élargir ses horizons. Une vie plongée uniquement dans le matérialisme est grossière et limitée à une vision très étroite. Les rêves permettent de se libérer de ces contraintes. C'est à partir des rêves que l'on peut surmonter la vision grossière et fragmentée de la réalité et appréhender plus précisément la vérité ultime.

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+ D'après le rav Eliyahou Dessler :

-> Le rav Eliyahou Dessler écrit qu'il existe principalement 3 types de rêves :
1°/ les rêves qui révèlent des aspects négatifs de la personnalité d'une personne qui, autrement, seraient restés cachés et inconnus.
La découverte de ces défauts de la personnalité permet de faire les changements nécessaires.

2°/ les rêves ayant des capacités prophétiques qui donnent un aperçu des scénarios futurs possibles.

3°/ Les rêves qui révèlent des aspects positifs de la personnalité d'une personne qui, autrement, seraient restés cachés et inconnus.

-> Le Or'hot Tsadikim (ouvrage du 15e siècle) enseigne que :
"puisque toutes les pensées d'une personne ne sont pas vraies, tous ses rêves ne sont pas vrais. Si quelqu'un s'habitue à ne penser que des pensées vraies, alors la nuit aussi il aura des visions vraies et connaîtra le futur, comme les anges".

-> Cela fait écho à un ouvrage antérieur, le Séfer 'Hassidim, qui écrit que "si l'on veille à dire la vérité absolue dans toutes ses affaires, ses rêves se réaliseront exactement comme le ferait une prophétie".
[cité par rabbi 'Haïm Vital (chaaré kédoucha IV)]

-> Le rav Dessler (Mikhtav méEliyahou - vol.4) cite le parallèle évident entre l'implication d'une personne dans la vérité pendant la journée et la façon dont elle s'exprime dans ses rêves.
Le renforcement de la qualité intérieure de la vérité pendant les heures où l'on est éveillé, renforcera à son tour la qualité du contenu de la vérité dans les rêves. En ce sens, les rêves peuvent servir en quelque sorte de jauge pour vérifier où se situent les préoccupations quotidiennes.

-> Bien que cela soit rare de nos jours, certains rêves peuvent encore avoir des capacités prophétiques.
Le rav Na'houm Velvel Dessler, fils du rav Eliyahou Dessler, se rendit un jour chez le rav Eliyahou Lopian, et pendant le voyage, il faillit être renversé par une voiture. Lorsqu'il arriva, le rav Lopian lui demanda pourquoi il avait l'air si secoué et si pâle. Il raconta au rav Lopian qu'il avait failli être victime d'un accident.
Le rav Lopian se réjouit que le danger soit passé, car la nuit précédente, il avait rêvé que le rav Na'houm avait eu un terrible accident, et il avait prié toute la journée pour qu'il arrive sain et sauf.
Le rav Eliyahou Dessler raconta plus tard à son fils qu'il avait fait le même rêve cette nuit-là et qu'il jeûnait depuis lors.

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-> Le rabbin 'Haim Bellaïche, ancien grand rabbin de Tunisie au début du 20 siècle, écrit que la capacité d'interpréter les rêves est depuis longtemps révolue. C'était quelque chose de répandu et de réalisable à l'époque biblique, mais même à l'époque talmudique, cette compétence était déjà en grande partie perdue.

À la naissance d'une personne, il est décidé du nombre de mots qu'elle prononcera au cours de sa vie.
À la fin de sa vie, les mots sont comptés et évalués afin de déterminer s'ils ont été prononcés à des fins de mitsva ou, à D. ne plaise, à des fins contraires.
[Séfer 'Hassidim]

+ D'un côté, on doit faire la prière comme si l'on parlait à son ami.
D'un autre côté, nous devons réaliser la grandeur de notre capacité à prier pour le Roi des rois.
Si nous croyions vraiment que nos prières ont un impact, chaque mot que nous prononçons serait rempli d'une telle signification.
Si nous réalisions qu'Hachem attend que nous fassions la prière et qu'il embrasse chaque mot que nous prononçons, nous ferions la prière comme il se doit.
[ Tana déBé Eliyahou - ich shalom - parcha 9]

-> Notre relation avec Hachem est double : Il est notre Père et nous sommes Ses serviteurs. Lorsque nous disons "Tu" (ata - lien de proximité), nous sommes des enfants, et lorsque nous disons "Il" (ou), nous sommes des serviteurs.
De plus, les membres de la Grande Assemblée (qui ont établi le corpus de la prière) ont institué que nous disions "Tu" (ata) pour que nous ayons l'impression de parler à notre ami. C'est ainsi que nous devrions être proches d'Hachem!
[rav Lugassi - v'ani Téfila]

-> Il faut faire d'Hachem notre ami, notre confident. Cela peut être difficile au début, car nous ne pouvons pas Le voir. De plus, nous pourrions nous demander pourquoi Hachem voudrait que nous soyons Son ami. Cependant, cette façon erronée de penser nous fera perdre de vue le but de notre vie.
Le but de la vie dans ce monde est d'entrer en contact avec le Créateur (pour des toutes petites comme des grands choses), d'être Son ami intime.
Celui qui ne vit pas avec Hachem au quotidien a l'impression de ne pas vivre dans ce monde.

Le yétser ara nous fait croire qu'Hachem ne souhaite pas avoir affaire à des gens aussi simple que nous, mais c'est sa façon de nous tromper pour éviter de nous lier à Hachem.
Celui qui vit vraiment avec Hachem ne connaîtra pas de plaisir plus grand.
[Bilvavi Michkan Evné 5]

La gravité du lachon ara

+ La gravité du lachon ara :

-> Rabbénou Yona (Chaaré Téchouva 3:206) écrit :
"Ceux qui parlent du lachon ara ont tendance à prendre leurs fautes à la légère. Ils imaginent que les mots prononcés sont relativement inoffensifs, ne reconnaissant pas l'ampleur des dégâts qu'ils causent en réalité.
Par conséquent, il est peu probable qu'ils reviennent à la téchouva. Et même s'ils le font, leur téchouva est superficielle et peu sincère. Ils ne reconnaissent pas la gravité de leurs fautes.
La véritable téchouva, qui purifie l'âme du péché, exige un feu brûlant de remords au plus profond de l'âme".

-> Après toutes les fautes des Bné Israël, leur destin n'était pas scellé, à savoir mourir dans le désert et se voir refuser l'entrée en terre d'Israël, jusqu'à ce qu'ils parlent de lachon ara à propos de la terre d'Israel.
Nos Sages (Arakhin 15a) en concluent que les fautes avec des mots sont pires que les fautes des actes.

-> Dire du lashon hara est comparable à nier l'existence d'Hachem, comme il est écrit : "Ils disent : 'Nos langues vont dominer. Nos lèvres sont avec nous. Qui est notre maître?" (Téhilim 12,5)

-> Le guémara (Yérouchalmi Péa 1,1) affirme qu'il y a 4 fautes pour lesquelles une personne est partiellement punie dans ce monde, sans pour autant diminuer le poids principal de la punition qu'elle devra endurer dans le monde à Venir : l'idolâtrie, les relations illicites et le meurtre ; alors que la punition pour le lachon ara est équivalente à tous ces 3 autres fautes réunies.

Le Maharal (drouch léShabbath téchouva) écrit qu'il ne faut pas s'étonner de trouver une faute qui semble si petite et qui est pourtant si terriblement sévère. Il en va de même, dans un sens opposé, pour les mitsvot. Elles semblent souvent petites et insignifiantes, mais leur récompense dépasse notre imagination. Nos Sages (Pirké Avot 2,1) nous disent d'être aussi prudents avec une "petite" mitsva qu'avec une mitsva "sérieuse/importante", puisque nous ne connaissons pas la véritable récompense des mitsvot.
Il en va de même pour les fautes tels que le lachon ara, qui nous paraissent peu importants (ça va ce n'est que des mots, que bouger ça bouche, il n'y a pas mort d'homme!) et dont nous pensons qu'ils n'entraînent qu'une punition mineure, alors qu'en réalité le lachon ara est le pire des péchés (au moins équivalent au cumul des 3 fautes capitales : l'idolâtrie, les relations illicites et le meurtre), avec la punition la plus horrible qui soit.
La guémara (Sota 42a) affirme que ceux qui disent lachon ara font partie des 4 groupes de personnes qui ne mériteront pas de voir le visage de la Shechinah.

-> A partir de là, nous pouvons commencer à comprendre l'ampleur du lashon hara aux yeux d'Hachem, et l'influence horrible et destructrice qu'il exerce sur l'humanité, détruisant le corps et l'âme.
Le Zohar (II,264b) affirme que le lachon ara provoque des accusations contre le peuple juif devant la Cour céleste, libérant ainsi des forces néfastes de destruction dans ce monde.
Dans les mots du Zohar :
"Lorsque l'humanité se met à parler de lachon ara, ou même si une seule personne se met à parler de lachon ara, un mauvais esprit d'impureté appelé Sach'sicha est réveillé dans le Ciel.
Cet esprit s'appuie sur l'éveil du lachon ara prononcé par l'humanité. Il s'élève dans les cieux pour lancer des accusations, et en réveillant le lachon ara, il apporte la mort, la guerre et le meurtre dans le monde."

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-> Les dommages causés par le lachon ara ne se limitent pas à la personne qui le prononce.
Par nos fautes (avec la parole), on réveille le pouvoir de la sitra a'hra (force du mal/impureté) et on lui permet de s'introduire dans le camp des saints anges du Ciel, où elle lance des accusations contre l'ensemble du peuple juif.

Le Abir Yaakov (Makhsof haLavan - Kédochim) écrit qu'une indication à ce sujet peut être trouvée dans le verset : " Ne va point colportant (ra'hil) le mal parmi les tiens, tu ne te tiendras pas sur le sang de ton prochain : Je suis Hachem" (Kédochim 19,16).
Le mot "ra'hil" (רָכִיל) dans ce verset signifie littéralement un marchand ambulant (un colporteur). Dans le contexte du verset, il est généralement compris comme désignant un orateur de lachon ara, qui voyage d'un endroit à l'autre pour "acheter" des histoires intéressantes ici et les "vendre" là.
Toutefois, on peut également y voir une référence à Satan, qui est réveillé par la lachon ara et voyage de son lieu de malheur jusqu'au camp céleste des anges.

Lorsque les anges voient que le Satan est venu parmi eux, ils se demandent les uns aux autres quelle horrible faute a été commis sur terre pour lui permettre d'entrer.
L'auteur du lachon ara est alors désigné comme la source de l'habilitation soudaine du Satan. Il s'agit là d'une accusation majeure à l'encontre de l'orateur lui-même et de notre nation tout entière, comme il est écrit : "Un seul fauteur peut ruiner beaucoup de bonté" (Kohélet 9,18) = un seul mot de lachon ara peut empêcher une grande quantité de bénédictions qui auraient dû descendre sur le peuple juif.

C'est pourquoi nous sommes avertis : "N'allez pas comme un colporteur (ra'hil)", un conteur itinérant, de peur de réveiller l'autre mauvais "ra'hil", le Satan, pour qu'il lance des accusations "parmi votre nation". [en colportant contre autrui, tu permets au Satan de colporter, d'attaquer contre toi et tout le peuple juif! ]

"tu ne te tiendras pas sur le sang de ton prochain" = ces accusations peuvent entraîner de terribles décrets d'effusion de sang sur notre nation, que D. préserve. C'est pourquoi nous sommes avertis de ne pas causer de chagrin et de douleur au sein du peuple juif, par nos fautes de lachon ara.

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Dire du lachon ara a le pouvoir incomparable de briser les barrières de la sainteté.
En évitant le lachon ara, nous protégeons la sainteté de notre corps et de notre âme, en refusant toute entrée aux forces du mal.
[rabbi Yaakov Abou'hatséra - Pitou'hé 'Hotam - Noa'h]

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-> La parole est si puissante parce qu'elle est essentiellement une force spirituelle, non encombrée par une substance matérielle. Elle peut donc s'élever jusqu'aux plus hautes sphères du Ciel pour effectuer des rectifications spirituelles qui ne peuvent être faites ici-bas.
Pour qu'elle ait un tel pouvoir au profit des mondes purs et saints du Ciel, elle doit elle aussi être pure et sainte, dépourvue de lachon hara et d'autres formes de paroles interdites.
Lorsque la voix d'une personne est souillée par la faute, non seulement elle est incapable de profiter aux mondes spirituels, mais au contraire, elle cause de grands dommages.

C'est ainsi que l'on peut comprendre le verset : "Vous serez saints, car Moi, Hachem votre D., Je suis saint" (Kédochim 19,2).
Si une personne souhaite se rapprocher d'Hachem et jouir de l'éclat de sa sainteté, elle doit d'abord faire de son mieux pour se sanctifier. Dans ce mérite, elle est récompensée par un flux correspondant de sainteté venant d'en-Haut. [Torat Cohanim - Kédochim 1 ; Zohar III:42a]
[...]

La parole étant une force purement spirituelle, elle résonne dans les mondes spirituels les plus élevés d'où elle est tirée.
Il peut nous sembler qu'un mot, une fois sorti de la bouche, est passé et a disparu, mais il n'en est rien. Chaque mot que nous prononçons continue d'exister à jamais dans les royaumes spirituels.
Une parole sainte, prononcée par une bouche exempte de faute, franchit toutes les barrières qui séparent les mondes. Elle s'élève jusqu'à la source de la vie éternelle et y apporte la guérison à tous les maux du monde.

Tout cela n'est possible que lorsque nos paroles de Torah et nos prières sont prononcées par des bouches pures et exemptes de fautes. C'est alors qu'elles ressemblent alors à la sainteté du Ciel et sont capables d'exercer leur influence dans ces royaumes immaculés.
Cependant, si la bouche d'une personne a été souillée par des paroles sales de lachon ara et autres, alors même lorsqu'elle prononce des paroles saintes d'étude de la Torah et de prière, celles-ci sont également entachées par les forces du mal.
La sitra a'hra (force du mal/impureté) s'attache à ses paroles de Torah et de prière.
Au lieu de renforcer les forces saintes de la création, ses paroles les affaiblissent.

Il est écrit : "Tu as fatigué Hachem par tes paroles" (Mala'hi 2,17).
Bien sûr, Hachem lui-même n'a pas de limites physiques et ne peut jamais être fatigué. Cela signifie plutôt que les forces de sainteté qu'Il a mises en place pour le bien du monde sont affaiblies par le mal que nous causons avec nos paroles.
Au lieu de construire des mondes de sainteté et de renforcer ainsi les forces du bien, nous renforçons la sitra a'hra avec des mots qui ont été entachés par la faute.
[...]

Lorsque la bouche n'est utilisée que pour des sujets saints, elle reçoit un grand pouvoir d'influence sur les mondes les plus élevés du Ciel.

[d'après les enseignements de rabbi Yaakov Abou'hatséra, le Abir Yaakov]

L’incroyable impact de la prière de chaque juif

+ L'incroyable impact de la prière de chaque juif :

-> Lorsqu'une personne prie, elle élève le monde entier par sa parole. Les kabbalistes expliquent, étape par étape, comment les différentes phases de nos prières quotidiennes élèvent les différents niveaux du monde.
Le kaddich récité avant Pessouké déZimra élève le monde du niveau de la "assiya" au niveau de la "yétsira". Le kaddich récité après Yichtaba'h élève le monde de "Yétsira" à "Bria".
Entre Ga'al Israël et la Amida, lorsque le monde s'élève du niveau de "bria" à "atsilout", il n'y a pas de kaddich, puisque lorsque nous prions la Amida, ces 2 niveaux sont considérés comme un seul.
[voir le Arizal - chaar haKavanot - drouché téfilat haCHakhar - drouch 1]

-> Le Zohar (II,129b) compare le kaddich à des chaînes de fer qui se tendent pour briser les "klipot", les enveloppes d'impureté qui cherchent à s'attacher à nos mitsvot pour s'emparer de leur pouvoir et les détourner vers le mal.
Lorsque nous nous élevons de monde en monde dans nos prières, des klipot tentent de se joindre à nous, mais le pouvoir du kaddich brise leur emprise et les empêche de nuire à nos prières.
Les différents niveaux du Ciel que nous traversons en priant sont les lieux d'habitation de différents niveaux d'anges. Le Arizal (chaar hakavanot) enseigne que le type d'anges dit "Ophanim" habitent dans le domaine de la "assiya". Lorsque nous récitons le kaddich avant le Pessouké déZimra, ils s'élèvent du niveau de "assiya" à "yétsiraé en même temps que nous.
Les anges dit " 'hayot" habitent dans le domaine de niveau "Yétsira". Lorsque nous récitons le kaddich après Yichtaba'h, ils montent avec nous du niveau de "Yétsira à celui de "Bria".

-> Notre prière est une ascension progression avec comme sommet le monde le plus élevé de "Atsilout" que l'on atteint au moment de commencer notre Amida.
À ce stade, aucun kaddish n'est requis. [en effet, nous sommes alors si élevés, si proche d'Hachem (il n'y a pas de niveau au-dessus!), que les anges ne peuvent pas venir avec nous. Chaque juif (même le plus simple, racha) dans sa Amida est en face à face avec papa Hachem, avec une proximité phénoménale! ]
b'h, au sujet de la Amida :
- https://todahm.com/2024/02/28/la-amida
- https://todahm.com/2024/03/11/la-amida-un-moment-au-plus-proche-dhachem

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-> Les anges au Ciel plaident en notre faveur et nous aident à élever nos prières vers le Ciel, lorsque nous prions avec une bouche pure de toute parole pécheresse.
Les anges du Ciel défendent les intérêts des juifs, dans la mesure où nous gardons nos lèvres pour ne dire que de bonnes choses. Lorsque nous fermons nos lèvres comme un bloc d'argent massif pour empêcher le passage de mots insensés ou méchants, n'ouvrant nos lèvres que pour émettre des mots saints de prière et de Torah, alors les anges claironnent les louanges des juifs.
[d'après le Abir Yaakov]

Notre prière & lachon ara

+ Notre prière & lachon ara :

-> Les hommes ont à peine conscience de la puissance de leur parole. Nous ne voyons devant nos yeux que la matière, et nous ne percevons pas la grande puissance des mots spirituels et informes qui sortent de nos bouches. Nous ne pouvons pas imaginer le mal que nous causons par nos mauvaises paroles, tant au Ciel que sur la Terre.
Si nous réalisions que ce monde matériel n'est que la plus petite facette de la réalité, alors que les Cieux constituent la grande majorité de l'existence, et que ces mondes spirituels n'ont pas de forme ou de substance matérielle, nous nous rendrions compte de la puissance investie dans les mots que nous prononçons.

"Lorsque j'invoquerai le Nom d'Hachem, attribuez de la grandeur à notre D." (Haazinou 32,3).
Le Abir Yaakov (Pitou'hé 'Hotam - Haazinou) commente : ici, Moché dit aux Bné Israël combien de bénéfices sont apportés aux mondes célestes chaque fois qu'ils invoquent le Nom d'Hachem dans leurs bénédictions. Nous ne devons jamais sous-estimer le pouvoir de nos bénédictions et de nos prières.
Nos mots spirituels de prière ont un grand pouvoir dans le monde spirituel du Ciel.

Les anges ne peuvent chanter leurs grandes et saintes louanges au Ciel qu'après que les juifs ont chanté les louanges d'Hachem ici sur terre.
Nous voyons ici le véritable pouvoir de la voix des bné Israël (juifs) et l'influence qu'ils exerce sur les mondes célestes.
[...]

Nous ressemblerons aux anges dans leurs prières, comme nous le disons dans les bénédictions qui précèdent le Shéma le matin : "Ils ouvrent tous la bouche dans la sainteté et la pureté ... ils proclament avec crainte et parlent avec effroi".
Lorsque nous prions avec la même sainteté, la même pureté et la même crainte, la ressemblance entre nos prières et celles des anges les incite à chanter les louanges d'Hachem dans les cieux.
Cependant, lorsque nos prières sont prononcées par des bouches souillées par le lachon ara et d'autres fautes de la parole, elles ne ressemblent en rien aux prières des anges et ne peuvent les éveiller à chanter.

À cet égard, le Abir Yaakov (Chaaré Téchouva 14) nous avertit que la voix de la prière avec laquelle nous éveillons les chants des anges doit être exempte de faute. Sinon, elle pourrait réveiller les forces du mal et se joindre à elles.
Le mot קול (kol - voix), qui fait référence à la voix de la prière, nous donne une indication à ce sujet. La guématria de קול, lorsqu'elle est doublée, est égale à ערב (arèv - doux), comme nous le voyons dans le verset : "Car ta voix est douce" (ki kolé'h arèv - כי קולך ערב - Chir haChirim 2,14).
Cela fait référence à la voix des Bné Israël, qui s'unit à la voix des anges dans le Ciel, pour faire une louange douce et agréable devant Hachem. Tout cela n'est possible que lorsque notre voix est gardée dans la pureté, afin qu'elle soit digne de se joindre à la voix des anges.

Cependant, la gematria de קול (voix), lorsqu'elle est doublée, est également égale à ברע (béra - avec le mal). Lorsqu'une voix est souillée de mauvaises paroles, au lieu de s'unir à la voix des anges, elle s'unit à la voix de la sitra a'hra (forces du mal/d'impureté).
Il est écrit à ce sujet : "Garde ta langue du mal" (nétsor léchoné'ha méra - Téhilim 34,14) = garde-la, de peur que tes prières ne soient souillées par le lachon ara, et qu'elles ne se joignent ainsi à la sitra a'hra.

[d'après rabbi Yaakov Abou'hatséra ]

Le pouvoir de nos paroles

+ Le pouvoir de nos paroles :

-> L'humanité s'est vue confier un don précieux et céleste : le pouvoir de la parole.
C'est l'avantage principal de l'homme sur l'animal.
Hachem "souffla dans ses narines l'âme de la vie, et l'homme devint un être vivant" (Béréchit 2,7), selon le Targoum Onkelos : "un esprit de parole" (roua'h mémaléla).
Les gens sous-estiment souvent l'importance de ce don. Ils ne se rendent pas compte du pouvoir qu'il confère, celui de construire ou de détruire des mondes entiers.

-> Le Zohar (III,31b) enseigne :
""Il prononcera un discours" (védabèr davar - Yéchayahou 58,13) = [la double formulation de ce verset implique que] lorsqu'une personne prononce une parole ici-bas, elle éveille un pouvoir de parole correspondant en-Haut ... Sa parole monte au ciel, à l'endroit qui lui correspond, et éveille les forces qui lui sont liées.
Une bonne parole éveille les forces du bien, tandis qu'une mauvaise parole éveille les forces du mal. "

-> Le Zohar (II,47b) affirme que chaque mot prononcé par une personne monte au Ciel pour éveiller une influence correspondante d'en haut.
Les bonnes paroles éveillent une force du bien, tandis que les mauvaises paroles éveillent une force du mal.

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-> Selon le Zohar (tikoun 69,p.105b) :
"Lorsque l'homme émet de sa bouche des paroles de prière, combien de saints anges étendent leurs ailes et ouvrent leur bouche pour les recevoir, comme il est écrit : "Car un oiseau du Ciel portera la voix, et les ailés rapporteront ce qui a été dit" (Kohélet 10,20).
Ensuite, Hachem prend ces mots et construit avec eux des mondes célestes, dont il est écrit : "Les nouveaux Cieux et la nouvelle Terre que Je ferai" (Yéchayahou 66,22).
... "Ne lisez pas ceci "Vous êtes Ma nation" (ami ata - Yéchayahou 51,16), mais plutôt "imi ata" (Tu es avec Moi", ensemble en tant que Mon partenaire.
Par nos mots, Hachem construit des mondes, et c'est comme si la personne qui prie les avait construits en partenariat avec Hachem."

-> Selon le Arizal (chaar Roua'h haKodech 1) :
"Nos Sages (Pirké Avot 4,11) nous disent que pour chaque mitsva qu'une personne accomplit, un ange est créé pour plaider en sa faveur.
Les paroles d'une personne créent des forces bonnes ou mauvaises, selon le contenu de son discours."

-> Le rav 'Haïm de Volozhin (Néfech ha'Haïm 1,13) écrit à ce sujet :
"Chaque mot prononcé par une personne éveille une puissance au Ciel. Les bonnes paroles renforcent les forces de la sainteté."

-> Le roi Shlomo commence le livre de Kohélet par 7 utilisations du mot : hével (hével havalim ...). Hével signifie littéralement "brume". Le Zohar (I, p.146b) explique qu'il s'agit de la vapeur insubstantielle que l'homme émet de sa bouche lorsqu'il parle, et qui forme les piliers sur lesquels repose le monde entier.

-> Par exemple, le Zohar (II,39a) affirme : "C'est le secret des précieuses vapeurs qui sortent de la bouche et se transforment en sons. Le monde entier est soutenu par le "hével" des enfants qui étudient la Torah et qui sont innocents de toute faute".
L'étude de la Torah est plus qu'un simple effort intellectuel. Les mots de Torah prononcés ont un grand pouvoir. La guémara (Erouvin 54a) affirme que lorsqu'une personne prononce à haute voix des mots de Torah qu'elle étudie, ils la vivifient, comme il est écrit : "Car ils sont vie pour ceux qui les trouvent, et guérison pour toute sa chair" (Michlé 4,22). Ne lisez pas cela comme "lémotséé'ém" (pour ceux qui les trouvent), mais plutôt "lémotsié'ém bapé" (pour ceux qui les prononcent à haute voix).

-> De même que des paroles de Torah ont le pouvoir d'attirer la sainteté sur une personne, de même, dans une mesure égale et opposée, des paroles mauvais (selon la halakha - ex: lachon ara) attirent l'impureté sur elle.
Le Méor Enayim (Vayéra) écrit : "lorsque la parole d'une personne est pure, elle attire en elle la sainteté d'Hachem. En revanche, lorsqu'elle souille sa bouche par le mensonge, le rékhilout et le lachon ara, leur impureté bloque l'ouverture de la bouche et empêche cette sainteté d'entrer.

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-> En protégeant notre parole du lachon ara et d'autres mots interdits, nous préservons son pouvoir et sa sainteté pour l'étude de la Torah et la prière.
Le Ri Ibn Shou'ivo (Shlach) écrit que la parole est la porte de l'âme sainte. Lorsqu'une personne contamine son discours avec du lachon ara, c'est comme faire couler des eaux usées d'égout à ciel ouvert devant l'entrée du Temple.

-> Le Chlah haKadoch (chaar ha'Otiyot - shin-Shétika 22) avertit que si nous souillons bouche par du lachon ara ou d'autres formes de paroles interdites, alors toutes les paroles de Torah et de prière qu'on prononce sont dégradées par leur impureté.
Non seulement on ne recevra aucune récompense pour ces paroles, mais on sera puni. On est comme quelqu'un qui offre un cadeau au roi sur un plat sale et maculé de boue.

-> Le Chlah haKadoch (chaar ha'Otiyot - shin-shétika) compare les bavardages insensés à des relations interdites. Tout comme chaque graine est sacrée et ne doit jamais être gaspillée, il en va de même pour chaque mot que nous prononçons.
La brit de la parole est en parallèle à la brit mila. Le mot מילה (mila - l'organe masculin) a la même guématria que פה (pé - la bouche). Les efforts que nous faisons pour s'améliorer dans un domaine améliore également l'autre domaine (les 2 brit [alliance] étant liées).
De même, les fautes de l'un sont équivalents aux fautes de l'autre, comme il est écrit : "Ne laisse pas ta bouche porter le péché sur ta chair" (Kohélet 5,5).

-> Le Alchikh haKadoch (Tétsavé 28,35) ajoute que lorsqu'une personne prie, elle plaide devant le Trône d'Hachem au nom de son âme. Cependant, lorsque la même langue qui implore la miséricorde est également utilisée pour du lachon ara et d'autres fautes avec la parole, son avocat/défenseur se transforme alors en son pire procureur/accusateur.
Chaque mot prononcé pour sa défense ne fait que rappeler à la Cour céleste les nombreuses fautes qu'elle commet avec sa bouche. Ce n'est que lorsque la bouche est utilisée pour le bien, et non pour le mal, que ses paroles trouveront grâce aux yeux d'Hachem lorsqu'on se tiendra debout pour prier.

-> Le midrach (Vayikra rabba 16,2) raconte l'histoire d'un marchand ambulant qui allait de ville en ville en criant : "Qui veut la vie? Qui veut la vie?"
Rav Yanaï entendit l'appel de sa fenêtre et invita le marchand à venir chez lui pour lui vendre la vie.
Le marchand lui répondit : "Vous n'avez pas besoin de ma marchandise".
Le marchand vint chez lui, ouvrit un livre de Téhilim et lut le verset suivant : "Qui est l'homme qui désire la vie? Garde ta langue du mal" (Téhilim 34,13).
Rav Yanaï acquiesça et ajouta les mots du roi Shlomo : "Celui qui garde sa bouche et sa langue, garde son âme du mal" (Michlé 21,13).
"J'ai lu ce verset tout au long de ma vie, mais je n'avais jamais réalisé sa signification simple, jusqu'à ce que ce marchand vienne et me l'explique", conclut Rav Yanaï.

=> Sur la base de ces versets, le Ménorat Hamaor (chap.18) avertit que toutes les difficultés et les souffrances qui s'abattent sur une personne sont uniquement dues au lachon ara qu'elle prononce.

-> Le Rav 'Haïm Vital écrit dans Shaaré Kédoucha (2:5) :
"Lorsqu'une personne n'étudie pas la Torah, ses lèvres doivent rester serrées l'une contre l'autre comme une meule de pierre sur une autre. Toutes les bonnes actions et tous les mérites qu'une personne accumule tout au long de sa vie ne suffisent pas à compenser une seule mauvaise parole qu'elle prononce.
Heureux celui qui sait se comporter comme s'il était muet, sourd, aveugle ou infirme, selon la situation, afin que ses membres ne fautent pas et ne le condamnent pas à Guéhinam, comme l'a dit David Hamelech : 'Je suis comme les sourds qui n'entendent pas et les muets qui ne peuvent pas ouvrir la bouche' (Téhilim 38,14)."

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-> Il est très difficile de protéger notre parole parce que nous ignorons à quel point elle est puissante.
Nous sommes tellement immergés dans nos activités quotidiennes banales (dans le monde matériel avec la même vision que les juifs qui nous entourent) que nous perdons la sensibilité nécessaire pour percevoir la spiritualité qui sous-tend la création et les ramifications célestes de tous nos actes et paroles.
C'est pourquoi les gens ont tendance à dire des choses telles que : "Ce n'était qu'une blague. Juste quelques mots. Où est le problème? Comment pourrais-je être puni si sévèrement pour une simple remarque?" ...
C'est le plus dangereux de tous les pièges du yétser ara.
[...]

L'ampleur des pouvoirs de l'esprit (spirituel), par rapport aux pouvoirs beaucoup plus limités de la matière physique (matériel), peut être constatée en comparant le corps et l'âme. Bien que le corps semble être la principale force active, il n'en est ainsi qu'au niveau le plus superficiel.
Dans la profondeur de la réalité, c'est l'âme invisible qui agit sur le monde, utilisant le corps comme une main dans un gant.
Il en va de même pour le pouvoir de la parole, qui influence la réalité plus profonde et spirituelle de la création d'une manière que nous ne pouvons pas voir, mais que nous savons être vraie.
[...]

Puisque la parole est si importante dans notre avodat Hachem, nous devons prendre grand soin de protéger notre pouvoir de parole et ne pas le souiller avec la saleté du lachon ara et d'autres fautes de parole qui nuisent à son efficacité. La bouche souillée par des paroles fauteuses ne peut attirer la sainteté dans le monde par le biais de la Torah et de la prière.
Au contraire, de telles paroles sont aussi offensantes qu'un cadeau offert au roi sur un plat taché de boue. [voir Zohar II 263b]

[d'après les enseignements de rabbi Yaakov Abou'hatséra, le Abir Yaakov]

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Nos paroles sont articulées par la bouche, la langue et les lèvres, chacune d'entre elles représentant représentent les noms d'Hachem.

-> la bouche (pé - פה) en guématria équivaut à 85, soit 63 plus 22.
63 est la guématria des lettres du Nom d'Hachem (יהוה) lorsqu'elles sont écrite pleinement : יוד הי ואו הי.
Il y a 22 lettres dans l'alphabet hébraïque.
L'ensemble est égal à פה. Après avoir ajouté 1 pour la valeur du mot, cela équivaut également au Nom Divin : Elokim - אלהים (valeur de 86).

-> la langue (lachon - לשון) a une guématria de 386, ce qui équivaut à : Chékhina (Présence Divine) - שכינה (après avoir ajouté 1 pour la valeur du mot).
Cela équivaut également aux lettres pleines de אלהים soit : אלף למד הי יוד מם (valeur de 300), auquel on rajoute le Nom Divine : Elokim - אלהים (soit 86). [le total est 386 = lachon]

-> la lèvre (chafa - שפה) a une guématria de 385, ce qui correspond exactement à la valeur de שכינה (Chékhina).
Après avoir ajouté 1 pour la valeur du mot (שפה), il est également égal aux lettres de אלהים lorsqu'elles sont épelées : אלף למד הי יוד מם, plus le nom אלהים (86).

Si une personne mérite de sanctifier sa parole, chaque mot qu'elle prononce est investi de secrets célestes, provenant des 6 noms d'Hachem qui composent son pouvoir de parole.
Cependant, s'il ne garde pas sa langue, les forces du mal (yétser ara) usurperont le saint pouvoir de la parole pour lequel l'homme a été créé, et les déformera à des fins maléfiques.
[rabbi Yaakov Abou'hatséra]

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Si une personne croyait que la providence d'Hachem guide tout ce qui lui arrive, et qu'elle n'est jamais à la merci des autres pour l'aider ou lui nuire, mais qu'elle est toujours entre les mains d'Hachem, alors elle ne serait pas poussé à la colère par les blessures qu'il a subies de leur part.
Elle ne serait pas motivée à dire du lachon ara contre eux, puisqu'elle sait que tout vient d'Hachem et que tout est pour le mieux.
De plus, même si elle voulait prononcer des paroles de lachon ara contre eux, elle serait retenu par la reconnaissance du fait qu'Hachem entend toutes ses paroles et qu'un jugement sévère attend chaque parole de lachon ara qu'elle prononce.

Réprimander avec amour

+ Réprimander avec amour :

-> La guémara (Yoma 54b) écrit que lorsque les non-juifs sont entrés dans le Temple pour le détruire, ils ont vu les kérouvim (chérubins) s'enlacer.

Le Ritva note que les Bné Israël n'accomplissaient certainement pas la volonté d'Hachem à ce moment-là, alors pourquoi les kérouvim ne s'étaient-ils pas détournés les uns des autres?

-> Le Ri Migach (cité dans Shita Mékoubétsét Baba Batra 99a) répond qu'Hachem voulait offrir aux non-juifs un aperçu de Son amour pour le peuple juif, même avant la destruction.
[Peu importe ce que nous pouvons faire, Hachem a un amour inconditionnel, une proximité particulière, avec chaque juif! ]

-> Le rav 'Haïm Chmoulévitz (Si'hot Moussar 5731:26) adopte une approche différente.
La punition et la réprimande ne sont efficaces que si elles découlent d'un amour intense pour la personne qui les reçoit. Dans le cas contraire, la réprimande est impure et vouée à l'échec.
Ainsi, lorsque Hachem a puni les Bné Israël par la destruction du Temple (malgré de la patience et des avertissements préalables), les kérouvim étaient enlacés, démontrant l'amour absolu avec lequel Hachem nous réprimande.

=> Ainsi, même lorsqu'autrui, et à plus forte raison nos proches (enfants, conjoint) ... pousse notre patience à bout, avant toute réaction nous devons d'abord nous assurer que cela repose sur un amour intense, et non pas sur une blessure de notre orgueil, une vengeance de notre égo (ex: je vais avoir le dernier mot, tu vas voir de quel bois je me chauffe, tu sais qui JE suis, ...).