Aux délices de la Torah

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Utiliser la logique pour contourner une mitsva

+++ Utiliser la logique pour contourner une mitsva :

"En chemin, dans une auberge, [un ange d'Hachem] l'aborda et chercha à le tuer" (Chémot 4,24)

-> Rachi commente : "L'ange cherchait à tuer Moché parce qu'il n'avait pas circoncis son fils Eliézer. En raison de sa négligence, il méritait la mort.
[Cependant, Rabbi Yossi déclare dans une braïta : "has véshalom! [D. nous en préserve! ] [Moché n'a pas été négligent, mais il s'est plutôt dit : "Si je le circoncis et que je me mets ensuite en route, l'enfant sera en danger pendant 3 jours". Dans ce cas, pourquoi a-t-il été puni? Parce qu'il s'est d'abord occupé de ses propres arrangements à l'auberge."

=> Pourquoi Moché s'est-il justifié de retarder la circoncision de son fils à cause du danger pour l'enfant? Après tout, le peuple juif était tenu de respecter la mitsva de la brit mila depuis qu'elle avait été ordonnée à Avraham et à ses descendants, mais la Torah qui nous ordonne de renoncer aux mitsvot en cas de danger pour la vie humaine (A'haré Mot 18,5) n'avait pas encore été donnée.

La réponse est que la logique dicte de donner la priorité à une vie humaine sur les mitsvot, et la logique supplante non seulement les mitsvot, mais même un commandement direct d'Hachem. C'est ce qui ressort du fait qu'Avraham s'est rendu en Égypte à la suite d'une famine, en dépit du commandement d'Hachem lui enjoignant de demeurer en terre d'Israël. Parce que la logique veut que l'on émigre pendant une famine (guémara Baba Kama 60b), la volonté d'Hachem était qu'il ne tienne pas compte de son commandement dans ce cas précis.

Si ce principe est vrai, pourquoi était-il nécessaire que la Torah nous ordonne de renoncer aux mitsvot lorsqu'il y a un danger pour la vie humaine?
La réponse est qu'il existe une différence fondamentale entre les mitsvot données avant le mont Sinaï et celles données au Sinaï (au don de la Torah).
Les mitsvot données avant le Sinaï sont basées sur la logique, et en tant que telles, des préceptes logiques peuvent les définir ou les contourner.
En revanche, les mitsvot données au Sinaï sont simplement des décrets d'Hachem et la logique qui les sous-tend est souvent obscurcie. En effet, même les mitsvot qui semblent logiques, comme les michpatim, contiennent souvent des détails qui sont incompatibles avec la logique présumée de la mitsva.

=> Ainsi, si la Torah ne l'avait pas autorisé (de renoncer aux mitsvot en cas de danger de vie), nous ne serions pas autorisés à utiliser la logique pour définir ou contourner une mitzva de la Torah.
[Maharal - Gour Aryé]

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-> En résumé :
Les mitsvot données avant le Sinaï étaient des mitsvot basées sur la logique. En tant que telles, il était permis d'utiliser la logique pour les contourner.
Cependant, les mitsvot données au don de la Torah défient la logique, et les principes logiques ne peuvent pas justifier de les contourner. Par conséquent, si la Torah ne nous avait pas explicitement demandé de faire passer la vie humaine avant les mitsvot de la Torah, nous n'aurions pas été autorisés à le faire.

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-> "Il (Moché) fut en chemin et Hachem le rencontra pour le tuer" (Chémot 4,24)

-> Hachem était prêt à tuer Moché parce qu'il a retardé la Mila (circoncision) de son fils.
Pourtant, le midrach dit que si ce n'est pas Moché qui libérera le peuple d'Israël, aucun autre homme ne le libérera.
On voit de là que l'on ne peut passer outre à aucune mitsva de la Torah, même pour sauver le peuple juif. La loi doit être respectée. Il ne peut y avoir de libération sans une pleine réalisation de la Torah.
La fin ne justifie aucunement les moyens.
[nos maîtres du moussar]

L’importance de respecter ses vœux

+++ L'importance de respecter ses vœux :

"Hachem dit à Yaakov : "Lève-toi, va à Beit El, habite-y et fais-y un autel au D. qui t'est apparu lorsque tu fuyais Essav, ton frère" (Vayichla'h 35,1)

-> Rachi commente : " Yaakov a été puni [par la capture de Dina par Sechem] parce qu'il a retardé l'accomplissement de son vœu [de construire un autel pour Hachem à son retour en terre d'Israel]".

-> Peu avant, Rachi (Vayichla'h 32,23) expliquait pourtant que : Yaakov a enfermée Dina dans un coffre pour empêcher Essav de la voir et de vouloir l'épouser. Et Yaakov a été puni pour cela, car elle aurait pu l'inciter à s'amender. Au lieu de cela, Dina fut capturée par Sichem.

-> Le Maharal (Gour Ariyé - Vayéchev 37,2) explique :
La raison principale de l'enlèvement de Dina est que Yaakov a empêché Essav d'épouser Dina. Hachem punit toujours une personne mesure par mesure, car de cette façon, la personne peut être consciente qu'elle a fauté et quelle a été précisément sa faute.
L'enlèvement de Dina est directement lié à la faute de Yaakov qui l'a empêchée d'épouser Essav (Rachi v.32,23), comme le déclarent nos Sages : " Tu l'as empêchée d'épouser [Essav] qui était circoncis, et au lieu de cela, elle a été enlevée par [Séchem], qui n'était pas circoncis" (midrach Béréchit rabba 76:9).

Néanmoins, et comme l'indique Rachi (v. 35,1), la faute de Yaakov, qui a retardé son vœu [de construire un autel], a également contribué à l'enlèvement de Dina, car il a accéléré la punition.
Nos Sages (guémara Yérouchalmi Nédarim 1:1) enseignent que "lorsqu'une personne retarde l'accomplissement d'un vœu, son grand livre [de fautes et de mérites] est examiné".
Même lorsque l'on a fauté et que l'on mérite une punition, Hachem est miséricordieux. Il n'applique pas toujours le châtiment immédiatement, préférant attendre et donner à la personne le temps de se repentir.
Cependant, comme Yaakov n'a pas accompli son vœu en temps voulu, il a été soumis à l'examen du Ciel, et lorsque ses actes ont été examinés, il a été déterminé qu'il méritait une punition immédiate pour avoir empêché Dina d'épouser Essav.
S'il n'avait pas retardé son vœu, il est possible qu'il n'ait pas été puni du tout pour sa faute, car la prière et le repentir ont le pouvoir d'expier les péchés sans punition.

L’unicité de chaque juif

+ L'unicité de chaque juif :

-> La Torah nous dit que dans le désert au don de la Torah, le peuple juif se composait de 600 000 hommes adultes âgés de 20 à 60 ans.
Chaque individu était important et constituait un élément essentiel de la nation, car la nation juive doit compter au moins 600 000 personnes. Le nombre de 600 000 englobe tout l'éventail des personnalités uniques du peuple juif. C'est pourquoi celui qui voit 600 000 juifs en même temps récite la bénédiction de barou'h 'hakham ha'razim. Cette bénédiction exalte la grandeur d'Hachem qui a créé des millions d'êtres humains, mais dont chaque individu est unique et différent.
Si l'on voit moins de 600 000 personnes en même temps, on ne récite pas la bénédiction, car on n'a pas été témoin de toute la gamme des personnes juives uniques.
[Maharal - Gour Aryé]

Nos Patriarches vivaient constamment avec des anges

+++ Nos Patriarches vivaient constamment avec des anges :

"Yaakov envoya des mala'him devant lui à Essav, son frère, au pays de Séir, dans le territoire d'Edom" (Vayichla'h 32,4)

-> Le midrach (Béréchit rabba 75:4) affirme que les "mala'him" envoyés par Yaakov étaient de véritables anges et non des messagers (comme le mot peut également être traduit). Il estime que si Hagar, la servante de Sarah, a vu 5 anges lui apparaître, Yaakov, qui était le bien-aimé d'Hachem, avait certainement des anges à sa disposition.

-> Il est écrit : "Moché envoya des mala'him" (vayichla'h Moché mala'him - 'Houkat 20,14)
Ainsi selon la logique précédente, Moché et Yéhochoua auraient également dû avoir des anges à leur disposition. Pourtant, nous ne trouvons pas dans les écrits de nos Sages que les mala'him envoyés par Moché et Yéhochoua étaient de véritables anges. Pourquoi Moché et Yéhochoua étaient-ils inférieurs à Hagar sur cet aspect?

La réponse est que Hagar ne possédait pas elle-même le mérite d'être en présence d'anges. Les anges lui sont apparus en raison de son association avec les Patriarches. En tant que telle, la logique veut que les Patriarches eux-mêmes aient mérité d'être en présence des anges, étant donné que les expériences d'Hagar avec les anges se sont produites en raison de leurs mérites.
Cependant, cette logique ne s'applique pas à Moché et Yéhochoua ou à tout autre grand dirigeant du peuple juif. Malgré leur grandeur, ils n'étaient pas les Patriarches de la nation juive.

Avraham, Its'hak et Yaakov méritaient une protection spéciale de la part des anges car, en tant qu'ancêtres de la nation juive, ils étaient les éléments essentiels de la construction du monde. Après tout, le monde a été créé pour la nation juive. Sans les ancêtres, la nation n'aurait pas vu le jour, et c'est pourquoi les ancêtres méritent une protection spéciale.

Les douze fils de Yaakov ont également joué un rôle essentiel dans la construction du monde, chacun d'entre eux étant le père fondateur de l'une des 12 shévatim (tribus). Les 12 tribus correspondent aux 12 mazalot (les pouvoirs/forces qu'Hachem a établis dans les Cieux).
Tout comme le monde ne pourrait exister sans les 12 mazalot (midrach Chémot rabba 15:6), il ne pourrait exister sans l'existence des tribus. Par conséquent, les tribus méritaient également une protection spéciale de la part des anges, comme l'indique le midrach (Béréchit rabba 75:4) : "Yossef était le plus jeune des tribus, et il était en contact avec 3 anges".

En revanche, Moché et Yéhochoua, malgré leur grandeur, n'étaient que des individus, même s'il s'agissait de très grands individus. Le monde aurait pu exister sans eux, comme le disent nos Sages : "Si la Torah n'avait pas été donnée par Moché, elle aurait été donnée par le biais de Ezra" (guémara Sanhédrin 21b).
Parce que Moché et Yéhochoua n'étaient pas essentiels à l'existence du monde, ils ne méritaient pas la même protection que les Patriarches (Avot). En tant que tels, ils n'étaient pas en présence constante d'anges.
En effet, Moché ne pouvait même pas se tenir en présence des anges sans le mérite des Patriarches, comme l'indique le midrach (Chémot rabba 28:1) : "Lorsque Moché monta au ciel, les anges tentèrent de le chasser. Que fit Hachem? Il façonna le visage de Moché Rabbénou à l'image d'Avraham".
[d'après le Maharal - Gour Aryé - Chémot 2,1]

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En résumé :
Les Patriarches et leurs fils, les 12 tribus, étaient les éléments constitutifs de la nation juive et du monde entier. Parce que leur existence était essentielle au monde, ils méritaient constamment une protection spéciale de la part des véritables anges.
Les autres grands dirigeants de la nation juive, même ceux qui étaient aussi importants que Moché et Yéhochoua, n'appartenaient pas à cette catégorie. Ils ne méritaient donc pas de protection si spéciale.

La disparition des 10 tribus

+++ La disparition des 10 tribus :

"Il se jeta sur le cou de son frère Binyamin et pleura, et Binyamin pleura sur son cou" (Vayigach 45,14)

-> Rachi explique que Yossef a pleuré sur le "cou" de son frère Binyamin à cause des 2 Temples qui étaient destinés à se trouver dans la partie de la terre d'Israel appartenant à Binyamin, mais qui allaient finalement être détruits. À son tour, Binyamin a pleuré sur le cou de Yossef à propos du Tabernacle (Michkan) situé à Silo, dans la portion de Yossef, qui serait finalement détruit.

Binyamin et Yossef ont pleuré la destruction future du Michkan et du B parce quTemple car "maassé avot siman labanim" (les événements des Patriarches [Avot] prédisent les événements futurs de leurs descendants - midrach Tan'houma Lé'h Lé'ha 9).
C'est ainsi que : la longue séparation de Yossef d'avec ses frères a prédit la séparation future des 10 tribus d'avec leurs frères lorsqu'ils ont été exilés de la terre d'Israel.
Yossef représentait les 10 tribus car le premier roi à régner sur les 10 tribus était Yéravam ben Névat, un de ses descendants.
Binyamin symbolise les tribus de Yéhouda et de Binyamin, qui sont restées en terre d'Israël après l'exil des 10 tribus (avec une minorité des autres tribus). [quelques membres des 10 tribus ont été ramenés en terre d'Israël par Yirmiyahou après leur exil.]
Tout comme Yossef a été perdu pour ses frères, les 10 tribus devaient être exilées dans un pays lointain et perdues pour leurs frères de Yéhouda et de Binyamin.
Bien que Yéhouda et Binyamin soient finalement revenus de leur exil et aient reconstruit le Temple, les 10 tribus sont restées en exil. Elles ne sont destinées à revenir qu'à l'arrivée de machia'h.

Ainsi, lorsque Yossef fut réuni avec ses frères, il était normal qu'ils pleurent la destruction future du Michkan et du Temple, qui présageait leur séparation une fois de plus.

Les retrouvailles de Yossef avec ses frères annoncent également la réunion des 10 tribus avec Yéhouda et Binyamin.
Yossef a été caché loin de ses frères dans un pays étranger, et malgré la distance relativement proche qui les séparait, il n'a pas été retrouvé pendant de nombreuses années. De même, les 10 tribus ont été perdus depuis l'époque de leur exil et ne seront redécouverts qu'à l'arrivée de machia'h.
Les 10 tribus ne sont pas si éloignées les unes des autres (terre de Canaan et Egypte). Les 10 tribus ne sont pas si éloignées, et en fait, elles auraient déjà dû être retrouvées, mais Hachem a décrété qu'elles resteraient cachées, et c'est pourquoi elles n'ont pas été encore retrouvées.

Le midrach (Béréchit rabba 93) déclare : "De même que l'apaisement de Yossef envers ses frères s'est accompagné de pleurs, lorsque Hachem rachètera le peuple juif (au moment du machia'h), cela s'accompagnera également de pleurs, comme l'a prophétisé Yirmiyahou : "C'est par les pleurs qu'ils viendront, et c'est par les supplications que je les conduirai" (Yirmiyahou 31,8)."
La rencontre entre Yossef et ses frères est chargée d'émotion, car elle ne se contente pas de réunir les frères perdus de vue depuis longtemps, elle annonce la réunion future du peuple juif avec les 10 tribus après de nombreuses années de séparation.
[d'après le Maharal - Gour Aryé]

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-> En résumé :
La séparation et les retrouvailles entre Yossef et ses frères annoncent la séparation future des 10 tribus de celles de Yéhouda et de Binyamin, et ainsi que leurs retrouvailles éventuelles.
C'est pourquoi Yossef et Binyamin ont pleuré à cause des événements négatifs qui se produiraient lors de leur retrouvaille.

Hachem est davantage présent chez les humbles

+++ Hachem est davantage présent chez les humbles :

Il reprit : "Jure-le-moi" et il le lui jura; et Israël se prosterna à la tête du lit (Vayé'hi 47,31)

-> Rachi nous dit que Yaakov s'est incliné vers la tête du lit parce que "la Présence Divine repose au-dessus de la tête d'une personne malade".
La Présence Divine était avec Yaakov parce qu'il était vieux et infirme. Bien que Yaakov ne soit pas encore malade, il est déjà fragile et faible en raison de son âge avancé. Il sentait que le jour de sa mort approchait, et c'est pourquoi il s'occupait déjà de son enterrement.
Parce que son état de faiblesse le rendait humble, la Présence d'Hachem était avec lui.

La Présence d'Hachem n'accompagne pas seulement les malades. Au contraire, Hachem est avec tous ceux qui sont humbles ou abattus. En raison de l'humilité d'Hachem, Sa présence se trouve avec les opprimés plus qu'avec ceux qui sont prospères.

Nos Sages (guémara Méguila 31a) déclarent : "Partout où l'on trouve la grandeur de Hachem, c'est là que l'on trouve Son humilité".
Paradoxalement, rien n'indique plus la grandeur que l'humilité. En effet, lorsqu'une personne hautaine se vante de ses grandes capacités et de son succès, elle se définit par ses réalisations et se limite donc à elles seules.
En revanche, une personne humble/modeste ne se définit pas par ses réalisations. En restant indéfinie, elle ne se limite en aucune façon.
De la même manière, l'humilité d'Hachem fait allusion à Sa grandeur, car Hachem ne peut pas être défini du tout, et il n'y a pas de limite à Ses capacités.

Parce que la Présence d'Hachem est avec les humbles et les opprimés, Hachem est avec le peuple juif plus qu'avec toute autre nation.
Israël est la plus humble des nations. En fait, l'humilité est une caractéristique essentielle du peuple juif (Rachi - Vaét'hanan 7,7).
L'humilité du peuple juif est renforcée lorsqu'il est exilé parmi les nations.
Ainsi, les juifs peuvent être assurés de la présence d'Hachem auprès d'eux en exil, encore plus qu'auparavant. Nos Sages (guémara Méguila 29a) déclarent : "Partout où Israël est allé en exil, la Présence Divine est allée ... avec eux".
La présence constante d'Hachem auprès du peuple juif en exil est ce qui nous a permis de survivre comme un agneau au milieu de 70 loups.
[d'après le Maharal - Gour Aryé]

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-> En résumé :
La présence d'Hachem est avec les malades et les opprimés. En raison de l'humilité d'Hachem, Sa présence se trouve davantage auprès des opprimés que des prospères. Aucune nation n'est plus opprimée que le peuple juif en exil, et c'est pourquoi la Présence divine est toujours avec nous.

L’importance de raccompagner quelqu’un

+++ L'importance de raccompagner quelqu'un :

"Ils lui rapportèrent toutes les paroles que Yossef leur avait dites, et il vit les chariots que Yossef avait envoyés pour le transporter ; et l'esprit de Yaakov, leur père, se ranima" (Vayigach 45,27)

-> Rachi commente : "Yossef a envoyé des chariots à Yaakov, ce qui fait allusion à la égla aroufa, qui est le sujet de la Torah qui les occupait [Yaakov et Yossef] au moment où Yossef (le dernier) a pris congé de Yaakov".

-> Le Maharal (v.45,27) explique :
Ce n'est pas une coïncidence si tous deux étaient occupés par le sujet de l'égla aroufa lorsque Yossef est parti. Lorsque Yaakov avait demandé à Yossef de se rendre à Séchem pour s'assurer du bien-être de ses frères, il avait accompagné Yossef jusqu'à Emek 'Hevron.
Bien que Yossef ait encouragé son père à faire demi-tour à un moment donné, Yaakov a insisté pour l'accompagner. En effet, la mitsva d'accompagner un "voyageur" au cours de son trajet (même quelques pas) protège ce dernier des dangers potentiels en cours de route. En effet, cette mitsva est si importante que celui qui n'accompagne pas un invité qui part et qui est ensuite tué au cours de son déplacement est considéré comme complice du meurtre.

Ce concept est mis en lumière par la mitsva d'égla aroufa, qui est accomplie lorsqu'une victime de meurtre est retrouvée et que l'identité du meurtrier est inconnue. Les anciens de la ville la plus proche de la victime doivent briser la nuque d'un veau, et réciter : "Nos mains n'ont pas versé ce sang et nos yeux n'ont pas vu" (Choftim 21,7).
Pourquoi est-il nécessaire que les anciens de la ville, qui ne sont certainement pas suspects, annoncent qu'ils n'ont pas participé au meurtre?
La guémara (Sotah 45b) explique que même si les anciens n'ont certainement pas commis le crime, ils ont pu être complices du meurtre en prenant congé de la victime sans l'accompagner sur le chemin.

Yossef envoya un veau à Yaakov pour lui rappeler leur discussion sur la mitsva de la égla aroufa, laissant entendre que sa propre survie avait été assurée parce que Yaakov l'avait accompagné au début de son voyage.
Cela indique également que la vente de Yossef à l'Égypte a finalement été bénéfique, car aucun mal n'arrive à une personne qui a été accompagnée tout au long de son voyage.
Cependant, Yossef n'a fait que suggérer cela à Yaakov, sans le dire ouvertement. Il évite ainsi de donner à ses frères l'impression qu'il pense qu'il n'aurait pas survécu à l'épreuve sans l'accompagnement de son père.

La yachrout = le chemin vers le monde futur

+++ La yachrout = le chemin vers le monde futur :

"Si je ne te l'amène pas et ne le présente pas devant toi, j'aurai fauté envers toi tous les jours" (Mikets 43,9)

-> Rachi commente que la promesse de Yéhouda à Yaakov : "J'aurai fauté envers toi tous les jours" (selon Rachi = y compris dans le monde à Venir), était une promesse de renoncer à sa part dans l'autre monde s'il ne parvenait pas à délivrer Binyamin sain et sauf.

=> Pourquoi l'expression "tous les jours" fait-elle référence au monde futur?
La réponse est que l'autre monde est la continuation naturelle de ce monde pour ceux qui suivent le chemin correct qui y mène. Ce chemin est connu sous le nom de chemin de yachrout (littéralement, le chemin droit), qui est le chemin de la Torah.
Celui qui suit ce chemin passera dans l'autre monde après sa mort, comme une progression naturelle de la vie dans ce monde. Ainsi, lorsque la Torah affirme qu'une personne méritera une longue vie, elle sous-entend qu'elle continuera à vivre dans l'autre monde après sa mort.

Cela nous permet de mieux comprendre l'affirmation de la guémara (Taanit 5b) : "Yaakov n'est pas mort ", qui ne peut être comprise littéralement, car la Torah décrit comment Yaakov a été embaumé et enterré.
Il faut plutôt comprendre que sa vie s'est poursuivie dans l'autre monde après avoir été enlevé de ce monde. Contrairement à la plupart des gens, qui ont besoin d'une transition longue et souvent douloureuse, Yaakov a poursuivi sa vie dans l'autre monde après sa mort, aussi facilement que l'on passe d'une pièce à l'autre.

Si tous les justes (tsadikim) poursuivent leur vie dans l'autre monde, qu'y a-t-il de particulier dans le cas de Yaakov?
La réponse est que Yaakov n'a même pas goûté à la mort. La plupart des gens, même les justes (tsadikim), s'éloignent un peu du chemin de la yachrout (chacun selon son niveau, peut faire de petits écarts).
Même en s'adonnant un peu plus que nécessaire aux plaisirs de ce monde, le corps est souillé jusqu'à un certain point, ce qui l'oblige à subir un processus de purification au moment de la mort.
Cependant, Yaakov n'a pas été entaché par la faute dans ce monde. C'est ce qui ressort du titre que lui a donné la Torah : yéchouroun (le droit), qui fait allusion à son yachrout parfait. [Zohar - Vayichla'h]
Puisque Yaakov ne s'est pas écarté, même légèrement, du chemin de la yachrout, son corps est resté entièrement intact et aucune partie de lui n'est morte.

Cette idée nous permet également de comprendre la prière de Bilaam : "Mon âme mourra de la mort des yécharim, et ma fin sera comme eux" (Balak 23,10).
Bilaam, malgré ses mauvaises actions, était un prophète. Il comprenait que seuls les yécharim, les personnes qui suivent le chemin droit (yachrout), continuent dans l'autre monde.
Bilaam pria pour vivre lui aussi dans l'autre monde, comme les yécharim, nos saints ancêtres. Bien entendu, cette prière était vaine pour un homme aussi méchant que lui.
[d'après Maharal - Gour Aryé - Vayé'hi 50,33 ; Tiféret Israël 11]

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-> En résumé :
La Torah décrit l'autre monde comme "ari'hout yamim" (des jours longs).
Cela s'explique par le fait que l'autre monde est une progression naturelle de ce monde pour celui qui reste sur le chemin de la yachrout.
[le nom Israël se décompose en "yachar El" : droit vers Hachem. Malgré toutes les tentations/visions de ce monde, les tendances naturelles négatives, ... un juif se droit de rester droit vers le but Véridique, vers Hachem. ]
Yaakov était l'exemple même de la yachrout, et c'est pourquoi il ne mourut pas, dans le sens où il passa naturellement de ce monde à l'autre, sans même avoir goûté à la mort.

Emouna & venue du machia’h

"C'est en raison de notre émouna que le machia'h viendra et de notre bita'hon continu malgré des déceptions constantes ... Normalement, une personne qui est déçue encore et encore abandonnerait. Pourtant, mon père et le vôtre, ma mère et la vôtre, nos grands-parents et nos arrière-grands-parents, année après année, lors du Seder de Pessah, ont tous dit : "L'année prochaine à Jérusalem."
Puis vint une autre année, et un autre Seder, et le machia'h ne vint toujours pas. Néanmoins, ils n'ont pas cessé de chanter "L'année prochaine à Jérusalem" ... Et si machia'h ne se matérialise pas [l'année suivante], nous n'abandonnons pas pour autant.

Il faut pour cela de la émouna et du bita'hon. Et si nous demandons à notre génération ce qu'elle peut dire pour elle-même quant à la raison pour laquelle elle mérite la venue de machia'h, nous répondons que nous la méritons pour une seule raison : nous n'avons pas baissé les bras! Nous n'avons pas abandonné!"
[rav Shimon Schwab]

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-> Le 'Hafets 'Haïm (Tsipita liYéchouva chap.2) explique de même :
"Avec la durée de l'exil, les mérites du peuple juif augmentent et s'accroissent de génération en génération grâce aux mérites ... de leur attente et de leur espoir en la venue du machia'h pendant une si longue période".

-> Le midrach (Téhilim 31,1) rapporte :
"Lorsque les juifs entrent dans leurs synagogues et leurs maisons d'étude de la Torah, ils disent à Hachem : "Délivrez-nous!". Il leur répond : "Y a-t-il parmi vous des justes? Y a-t-il parmi vous des gens qui craignent D.?"
Ils répondent : "Au fur et à mesure que nous passons d'une génération à l'autre, la situation s'assombrit pour nous".
Hachem leur dit alors : "Ayez confiance en Mon Nom et Je vous soutiendrai ... car Je sauverai quiconque à confiance en Mon Nom".

[ainsi, alors que tout nous pousse à baisser les bras, à ne plus espérer de tout cœur la venue du machia'h, c'est notre confiance dans le grand Nom d'Hachem, qui nous redonne la certitude que tout est possible, qu'à chaque seconde la guéoula peut advenir. Et même si nous ne sommes pas des justes, par ce mérite de toujours parvenir à maintenir une forte émouna, nous provoquerons la venue du machia'h.
(il est à préciser qu'attendre le machia'h est une mitsva en soit. On pourrait penser que puisque le machia'h ne vient pas alors cela n'a servi à rien, mais nous ne voyons pas la réalité des choses, et à quel point chaque fois où l'on attend et espère en une Délivrance rapide on impact positivement les choses. Et plus le monde est obscur spirituellement, plus il y a de la tristesse/désespoir, plus cela a de la valeur! )]

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-> Nous n'avons jamais été témoins d'une Délivrance de l'ampleur de celle qui nous est promise à la fin des temps. C'est pourquoi la nature humaine entoure l'idée de machia'h d'un nuage d'incertitude. Cela n'est pas encore arrivé ; comment pouvons-nous savoir que cela arrivera véritablement?
Cette teinte d'incertitude dans notre cœur (on ne croit pas à 100% que cela puisse être une réalité immédiate) est un obstacle majeur à l'accomplissement de notre obligation de désirer de tout coeur la guéoula.

Le concept d'"impossible" n'existe pas dans la pensée d'une personne concernant D. et Ses œuvres.
La Torah illustre cela avec la promesse de D. d'un fils à notre Matriarche Sarah. La Torah (Vayéra 18,12) rapporte sa réponse : "Sarah rit en elle-même disant: "Flétrie par l'âge, ce bonheur me serait réservé! Et mon époux est un vieillard!".
Le midrach (Tan'houma Shoftim 18) explique que Sarah pensait qu'il lui serait impossible d'avoir des enfants à son âge. D. répond à ses doutes dans sa réponse à Avraham : " Est-il rien d'impossible à Hachem? Au temps fixé, à pareille époque, je te visiterai et Sara serah mère" (Vayéra 18,14).

Le 'Hafets 'Haïm (al haTorah - Vayéra 18,12) explique que, puisque "les actes des ancêtres sont un signe pour nous", la réponse de D. aux doutes de Sarah nous instruit sur notre croyance en la Délivrance.
Comme Sarah, qui se demandait s'il était possible d'avoir un fils après toutes ces années de stérilité, nous pouvons nous aussi nous demander, après l'interminable durée de l'exil, s'il est possible que la Rédemption finale arrive réellement.
La Torah répond : "Y a-t-il quelque chose d'impossible pour D.?".

D. a fourni des signes sur lesquels nous pouvons fonder notre conviction. On peut déjà voir les nombreux signes prophétiques de la guéoula qui sont apparus au cours du siècle dernier.
Le 'Hafets 'Haïm (Likouté Halakhot - fin Sotah) écrit :
"Il est certain qu'à notre époque, lorsque nous voyons que tout ce que nos Sages ont écrit dans la michna de Sotah (49a), ainsi que tous les signes de la fin des temps énumérés dans le pérek 'hélek (guémara Sanhédrin 98a) ... se sont réalisés, alors nous devons certainement attendre [et espérer] la venue de machia'h."

Nécessité d’aspirer à la guéoula

+ Nécessité d'aspirer à la guéoula :

-> À mesure que le séjour du peuple juif en Égypte se prolongeait, sa situation spirituelle se détériorait et il luttait pour survivre spirituellement, sombrant rapidement vers le 50e niveau d'impureté (Siddour Arizal, Haggada Arizal, Piska : Mitsva Zou).
Dans l'ensemble, la nation n'était pas en mesure d'abandonner son culte des idoles (Yé'hezkel 20,7-8) et ne respectait même pas les mitsvot de base pour mériter sa rédemption (Mékhilta - Bo, 5).
Malgré tout, le Nétivot Shalom explique qu'Hachem a délivré le peuple juif simplement parce qu'il aspirait à la rédemption. Cette aspiration passionnée a servi de catalyseur à leur salut, et le Nétivot Shalom écrit qu'elle peut également servir au nôtre, alors que nous attendons et désirons ardemment notre rédemption ultime.

En fait, nous exprimons cette "aspiration" à la rédemption finale dans nos prières quotidiennes de la Amida : "Ki lichouaté'ha kivinou kol hayom" (car nous aspirons à ton salut tout au long de la journée).
C'est là le secret de notre Délivrance futur, explique le Nétivot Shalom (Vayé'hi 49,18), car même si nous ne méritons pas d'être délivrés en raison de notre comportement inadéquat, nous pouvons au moins développer en nous un désir désespéré d'être délivrés.

En fait, le midrach (Téhilim - Shocher Tov 40,1) dit que notre comportement ne sera jamais assez digne pour être délivré ; par conséquent, en fin de compte, notre désir sincère d'avoir la guéoula est la seule chose qui l'apportera.