Aux délices de la Torah

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"Et sachez de votre faute, qu'elle vous trouvera" (Matot 32,23)

-> Le rav Eliyahou Dessler donne une explication très forte : "Après la mort, nous nous trouverons comme au milieu de notre passé."

Si, lors de notre séjour dans ce monde du libre arbitre et de l'action, nous sommes restés attachés à la Torah et aux mitsvot, notre être se maintiendra alors fermement lié à elles et à Celui qui nous en a fait dont [D.].
Cet état subsistera non pas comme ayant appartenu au passé révolu, mais il demeurera au présent.

Il en sera de même pour nos fautes : Nous aurons alors le sentiment de les perpétrer activement, tout en sachant le plus clairement possible ce que sont les mitsvot et les transgressions.
Il n'y a pas de châtiment plus terrible que celui-ci, et il n'existe pas de repentir plus douloureux.

Voilà ce que signifie : "Et sachez de votre faute qu'il vous trouvera."

Toutes les mesures de rigueur ne peuvent pas s'éveiller le jour du Shabbath, et sont automatiquement adoucies.
[Zohar - Yitro 88b]

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-> "Toute l'emprise des forces extérieures à la sainteté ('hitsonim) qui proviennent du côté de la colère et les accusateurs qui proviennent de la rigueur se retirent et s'enfuient le jour du Shabbath, ils n'ont aucune emprise dans les mondes"
[Agra déPirka - 252a]

-> Lorsque le Shabbath commence, celui-ci proclame l'unité et les forces du mal (sitra a'hra) et toutes les forces de rigueur n'ont aucune emprise.
[Zohar - Térouma 135b]

-> Le Zohar (Pin'has 231b) rapporte que les 2 jours de Roch Hachana, Hachem juge toutes les créatures de l'univers avec 2 beit din. Le premier jour de Roch Hachana, Il juge le monde avec la pleine mesure de rigueur (dina kachia), tandis que le second jour, Il juge par la mesure de rigueur atténuée (dina rafia).

Selon le Arizal, nous sonnons le Shofar en ces 2 jours afin d'atténuer l'attribut de la rigueur Divin.
Le Bné Yissa'har explique que nous ne sonnons pas du Shofar lorsque Roch Hachana tombe le jour du Shabbath, car il a en lui-même la capacité d'adoucir les rigueurs qui sont sur nous (rendant inutile de sonner le Shofar).
Quelle chance nous avons d'avoir le Shabbath chaque semaine!

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-> "Et D. bénit le 7e jour" (Béréchit 2,3)
Selon le Zohar (Yitro 88b), c'est de ce jour que provient la bénédiction de tous les autres jours de la semaine.

Le véritable bonheur réside dans l'acceptation de ce que D. nous envoie.
[Tséma'h Tsédek]

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-> Certains ont la sagesse, d'autres la force, d'autres la richesse et d'autres la pauvreté.
Tout cela parce qu'Hachem voit ce dont chacun a besoin, et chaque personne a besoin spécifiquement de sa situation pour se rapprocher de Lui.
[Méor Enayim]

Le plus nous prenons conscience que notre aide ne peut venir que d'Hachem, qu'Il peut et veut tout nous donner, et plus nous disons à Hachem combien nous comptons sur Lui, alors le plus Il nous montrera à quel point Il se soucie de nous et nous assurera de Ses plus grandes bénédictions.
[rabbi 'Haïm Chmoulevitz]

 Lorsqu'une personne faute, qu'elle se rend compte qu'elle a transgressé et qu'elle demande à Hachem de lui pardonner, ses sentiments du coeur brisé sont eux-mêmes le plus grand mérite qu'elle puisse avoir.
Se considérer comme "rien" à cause du mal que l'on a fait, cela en soi nous élève!
[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev]

"L'homme a 2 sortes de yeux : les yeux qui lui permettent d'observer et de définir la matérialité.
Tout celui qui ouvre ses "yeux matériels" ferme automatiquement ses "yeux spirituels" qui donnent accès à la sagesse.
Inversement, tout celui qui ferme ses yeux sur la matérialité, ouvre les yeux de la sagesse."
['Hatam Sofer - drachot חב דף שז]
ainsi, il nous apprend que la vue matérielle fait écran à la vue spirituelle qui provient de la pureté de l'intellect.

-> Le Torat Moché (Bamidbar 8) explique la raison pour laquelle nous avons l'habitude de fermer nos yeux lorsque nous récitons le premier verset du Shéma Israël :
"Si l'homme souhaite unir sa pensée avec le Ciel lors de la récitation du premier verset du Shéma Israël, il doit fermer ses yeux car chaque homme possède dans son cerveau des yeux spirituels qui lui permettent d'accéder à des visions élevées, spirituelles et saintes.
Cependant nos yeux conçus de matière font séparation et empêchent l'accès à la sainteté.
J'ai déjà évoqué une allusion qui va dans ce sens d'après le verset : "La nuit est lumineuse comme le jour, l'obscurité est clarté" (Téhilim 139,12) = c'est-à-dire qu'à chaque fois que l'homme ferme ses yeux matériels pour être dans l'obscurité, il ajoute de la vision à ses yeux spirituels car les yeux matériels font écran à l'attachement de l'homme à son Créateur."

-> Le Réchit 'Hokhma (chaar hakédoucha 8,46) enseigne au nom de son maître rabbi Moché Kordovéro le concept que nous venons de soulever et précise que la fermeture des yeux physiques permet d'augmenter notre kavana grâce (intention) à nos yeux spirituels :
"Mon maître a écrit au sujet du verset : "Vous ne vous égarerez pas à la suite de votre cœur et de vos yeux" (Chéla'h Lé'ha 15,39) = tout ce qui pénètre notre regard est matériel. Ainsi, l'homme devra fermer ses yeux au moment de la prière car lorsque la vue ferme l'accès à la matérialité, l'homme visualise par sa pensée et accède ainsi à la spiritualité.
Ce verset parle donc du cœur et des yeux spirituels.

Nous comprenons mieux dès lors le passage de la prière du matin de Shabbat, Nichmat kol 'Haï : "vé'hol ayin lé'ha titspé" = "tout oeil doit espérer en Toi".
L'œil n'a pas été créé pour espérer dans des choses matérielles mais pour être comme l'œil des prophètes qui espéraient toujours avoir une vision du Char Céleste et accéder à des visions des mondes supérieurs.
Et ceci ne peut être accessible seulement lorsque nous fermons nos yeux à la matérialité. Ainsi, nous protégeons nos yeux de toute chose qui pourrait les endommager et c'est la raison pour laquelle on surnommait les premiers 'hassidim: "פקיחי עיינין" que je pourrais traduire par "les visionnaires".
Nous les retrouvons désignés à plusieurs reprises dans le Zohar car ils purifiaient leur regard convenablement au point il n'y avait plus aucun écran entre eux et la sainteté."

"ki ayin bé'ayin yir'ou béchouv Hachem tsion" (ils voient, de leurs propres yeux, Hachem rentrer dans Sion - Yéchayahou 52,8)

-> [A la différence du monde non-juif environnant,] nous n'avons pas uniquement 2 yeux, mais nous avons aussi : "ayin bé'ayin" = un œil qui est dans l'œil = nous pouvons voir les choses de l'extérieur, mais aussi de l'intérieur.

Le terme : "Shéma" (שמע) est l'acronyme de : "séou marom éné'hem" (שְׂאוּ מָרוֹם עֵינֵיכֶם - Yéchayahou 40,26) = levez vos yeux au Ciel.
Le Shéma est ce moment central de la journée de tout juif, où l'on se couvre les yeux de voir le monde avec nos yeux extérieurs, et où l'on se concentre sur notre vision intérieure du monde (Hachem é’had).
[d'après le rav Moché Weinberger]

[Plutôt que de descendre nos yeux vers notre nombril (notre égo), nous les levons vers le Ciel, vers la fierté d'être juif(ve) et d'avoir l'honneur de faire de grandes choses dans notre vie.]

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[en hébreu, le mot "vie" est au pluriel = 'haïm = car un juif, à chaque instant, réalise des actions dans ce monde, qui ont aussi un impact dans l'autre monde.
Parfois, un moment de douleur ici, permet de construire une éternité sublime. ]

Nous devons accepter d'un cœur entier la Torah et la foi. C'est seulement par la suite que nous pourrons commencer à rechercher l'essence de la notion d'absolu, d'unité, les raisons des commandements ...
Et heureux celui qui agit ainsi! Il devra agir comme s'il avait reçu un ordre, et lorsqu'il rencontrera des difficultés parce qu'une multitude de questions l'envahissent, sa foi ne sera pas ébranlée par cela et il comprendra que ses questions proviennent du fait qu'il n'a pas encore atteint la Vérité et il approfondira encore davantage ses recherches. Peut-être aura-t-il le mérite de trouver des réponses.
['Hatam Sofer - Torat Moché - Chémot]

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-> Le Roi Shlomo écrit : "D. créa l'homme bon et l'homme fait des calculs" (Kohélet 7,29).
Adam Harichon tomba dans la faute après 'le "calcul" que fit 'Hava au sujet de l'arbre de la connaissance. Caïn fit des calculs pour dominer la terre, 'Ham fit des calculs pour hériter de la terre ...
Tout celui qui fait des calculs échouera.
La toute première création qui fit un calcul fut le serpent originel qui fit fauter 'Hava en l'entrainant dans les méandres d'une réflexion intellectuelle qui allait à l'encontre de la simple foi.
D'ailleurs, nous retrouvons l'essence même du calcul à l'intérieur du serpent originel. En effet, nous retrouvons dans le mot : calcul ('hechbon - חשבן), le mot ב-נחש (béNa'hach) qui signifie "dans le serpent".
La majorité des calculs sont du côté de l'impureté et même les Justes peuvent se tromper en faisant des calculs, comme le fit le roi 'Hizkiyahou. ]
Le remède au calcul est la simple foi qui est une véritable arme et non une faiblesse.

-> Par sa simple foi (tamim), l'homme doit toujours avoir en tête la réalité d'Hachem et que sa Torah provient des mondes supérieurs (infinis), et ensuite seulement, il pourra commencer ses investigations.

-> de même, ainsi, le meilleur remède à nos épreuves réside dans notre acceptation, dans notre joie (par bita'hon en Hachem), malgré les difficultés, nos incompréhensions sur ce qui se passe dans notre vie.
Moins on essaie de tout comprendre, en étant simple (tamim) dans notre certitude que cela ne provient que d'Hachem pour notre bien ultime (on le comprendra dans le monde à Venir de vérité), alors le plus on s'évite bien des galères dans la vie.

Notre relation avec la matérialité & impact sur notre mort

+ Notre relation avec la matérialité & impact sur notre mort :

-> Le roi Shlomo dit au sujet de la mort de l'homme : "La poussière retourne à la terre, redevenant ce qu'elle était, et l'esprit [l'âme] retourne auprès de D. qui l'a donné." (Kohélet 12,7)

-> Le Akédat Its'hak commente :
La finalité de la venue de l'homme sur terre est atteinte lorsque ses deux entités (âme et corps) se séparent complètement sans qu'il ne reste la moindre partie de l'un chez l'autre ...
C'est le sens des paroles du roi Shlomo : la séparation doit s'opérer sans qu'aucune partie de matérialité ne soit rattachée à l'âme ... Il pourra alors retourner à la poussière de la terre lorsque le corps ne détiendra plus de partie du néfech. "Et l'esprit retourne auprès de D. Qui l'a donné"
Comme nous l'ont expliqué les Sages, nous devons rendre l'âme comme elle nous a été donnée, c'est-à dire en état de pureté. (guémara Shabbath 152b)

Parfois, la séparation est particulièrement difficile pour certains hommes car leur néfech a un grand penchant pour la matérialité.
En effet, après s'être affairé durant toute une vie dans la recherche d'une matérialité grandissante, le néfech s'y attache au point qu'il ressent un amour ardent pour cette dernière durant son passage sur terre, et cet attachement ne disparaît pas après la mort.
La force du corps provient du Satan qui est le mauvais penchant qui l'accompagne et le domine. Ainsi, un esprit d'impureté se trouve chez les morts et c'est le sens des paroles de nos Sages (guémara Béra'hot 8a) qui nous enseignent qu'il est aussi difficile pour le néfech des réchaïm de sortir du corps que de retirer une pelote de laine enchevêtrée dans des ronces.
Car le retour à la terre ne peut s'achever s'il reste encore des forces d'impureté dans le corps, et c'est la raison pour laquelle l'âme monte et redescend vers le corps durant 12 mois.

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1°/ Chez ceux accordant beaucoup d'importance à la matérialité :

-> Le Akédat Its'hak explique en d'autres termes, que les hommes qui ne se sont pas affairés à la spiritualité [pendant leur temps disponible] à travers l'étude de la Torah et le service divin, mais qui se sont seulement préoccupés de la matérialité en poursuivant les futilités de ce monde, lorsqu'arrive le jour de la mort, ils voient leur âme se séparer de leur corps avec difficulté et ce processus est comparable à une pelote de laine qui est enchevêtrée dans des ronces où il est extrêmement difficile de l'en extraire. (Béra'hot 8a)
Cela nécessite forcément de déchirer une partie de la laine jusqu'à en retirer toutes les ronces. Il en est de même pour l'âme qui se sépare du corps et c'est le sens des souffrances endurées jusqu'à ce que la séparation soit intégrale dans la mort.

La source de cet enseignement se trouve dans le guémara (Shabbath 152a), comme il est écrit : "Durant les 12 premiers mois après la mort de l'homme, son corps est encore existant et sa néchama (âme) monte et descend. Cependant après 12 mois, le corps de l'homme se désintègre ... Sa néchama monte et ne redescend plus".
Ainsi le Akédat Its'hak explique que l'âme qui est encore attachée à la matérialité du corps, connaît de grandes difficultés à s'en séparer complètement. Elle monte et descend pour tenter de s'unir de nouveau avec le corps durant une période de 12 mois.

Nous pouvons également y ajouter les paroles du Zohar (Vayé'hi 217b) qui y voit la punition du kaf hakéla (douleur suivant la mort) : "Malheur à cette âme qui va être propulsée comme la pierre d'une fronde, comme il est écrit : "Et l'âme de ton ennemi, il la lancera avec la fronde" (Chmouël I 25,29)."

[ainsi, à travers ces paroles, nous pouvons expliquer que l'âme ne trouve pas de repos à cause de son enchevêtrement dans la matérialité. Ainsi, durant 12 mois, elle monte et elle descend étant catapultée d'un monde à l'autre.]

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2°/

-> Le Ohr ha'Haïm (Bé'houkotaï) enseigne :
"Hachem n'a pas créé Adam pour qu'il s'installe dans le monde et en jouisse tant qu'il ne faute pas, car s'il en était ainsi, il n'y aurait pas d'élévation possible pour l'homme. Au contraire, il chuterait spirituellement puisque le but à atteindre est le monde à venir.
Ce n'est qu'à cause de la faute qu'il dut se munir d'une enveloppe corporelle recouverte de peau dans ce monde-ci.
Lorsqu'un homme s'affaire à la Torah, il peut atteindre une telle force spirituelle qu'il ne ressent pas la douleur de la mort mais l'appréhende comme s'il devait juste passer d'un endroit à un autre.
Ainsi, de nombreux Justes (tsadikim) n'ont pas ressenti la souffrance de cette séparation, et c'est d'ailleurs le sens du verset : "Doux est le sommeil du travailleur" (Kohélet 5,11), car celui qui sert Hachem s'endormira par une mort douce.
Nous pouvons constater qu'Eliyahou Hanavi, par le mérite de sa Torah, atteignit un tel niveau spirituel qu'il n'a pas connu la mort."

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3°/ L'exemple exceptionnel d'Eliyahou haNavi :

-> Il ressort des explications du Ohr ha'haïm haKadoch qu'Eliyahou haNavi eut le mérite de vivre dans les deux mondes comme un homme qui monte à l'étage de sa demeure.

-> Rabbi Chimon Bar Yo'haï dans le Zohar (Vayakel 197a) enseigne :
Il est écrit : "Eliyahou monta au Ciel dans un tourbillon"(Méla'him II 2,11).
Comment Eliyahou haNavi a-t-il pu monter au Ciel avec son corps? Les mondes supérieurs ne supportent pas la matérialité, même si cette dernière est seulement de la taille d'un grain de moutarde.
Rabbi Chimon Bar Yo'haï répond que lorsqu'Eliyahou haNavi est monté dans le Ciel, il s'est démuni de son enveloppe corporelle conçue de matière et l'entreposa dans un endroit spécial qui se trouve entre la terre et le Ciel. Puis, il s'est revêtu d'une enveloppe spirituelle qui lui permit de monter dans le Ciel avec les anges.
Et lorsqu'il redescendait dans le monde ici-bas, étant l'émissaire du Maître de l'univers, il enlevait son enveloppe spirituelle et mettait de nouveau son enveloppe corporelle qui était complètement épurée, puis redescendait parmi les hommes.

=> Il ressort clairement qu'Eliyahou haNavi avait la capacité de vivre dans les deux mondes et si ce n'était à cause de la faute commise avec l'arbre de la connaissance, Adam Harichon aurait également vécu dans les deux mondes, comme un homme qui vit dans une demeure à deux étages.
Il ressort de cet enseignement que si Adam Harichon n'avait pas fauté, l'âme aurait eu la capacité de se séparer très facilement de son corps, même durant son vivant, comme on enlève un cheveu d'un bol de lait. (guémara Béra'hot 8a)
Lorsque l'homme s'attache à la Torah fermement durant son vivant, son âme quitte son corps au moment de la mort sans souffrance.

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-> b'h, également sur ce sujet : https://todahm.com/2021/09/09/32648

Ben haMétsarim

+ Ben haMétsarim (période entre le 17 tamouz et le 9 Av) :

-> La guémara (Shabbath 31) dit que lorsqu'un personne est niftar (décédée), l'une des premières questions que le ciel lui posera est : "tsipita lichoua" = As-tu espéré dans la venue imminente du machia'h?

-> Rabbi Yaakov Emden (Siddour Beit Yaakov, Ticha béAv 6,16) écrit :
"Si notre seul péché était de ne pas pleurer Jérusalem [et la reconstruction du Temple], cela seulement suffirait à prolonger notre exil.
À mon avis, c'est la cause première de toutes les terribles destructions, qui dépassent l'entendement, qui nous arrivent pendant l'exil. Nous sommes poursuivis et nous n'avons pas la paix ... Tout cela parce que le deuil a quitté nos cœurs. "

-> Le Magan Avraham (551,45) écrit : "Le Arizal a enseigné que l'on doit se lamenter pendant ces jours [des 3 semaines] après midi et pleurer pendant environ une demi-heure".
[ainsi, dans la yéchiva du 'Hatam Sofer, il récitait le tikoun 'hatsot, tous ensemble, et prenaient le deuil de la destruction du Temple l'après-midi des 3 semaines. ]

[d'une certaine façon, nous ne pleurons pas spontanément de tout notre coeur la destruction de Jérusalem, parce que nous ne le ressentons pas (pris dans nos problèmes du quotidien), mais en réalité c'est justement par qu'au début nous nous en forçons, parce que nous développons notre sensibilité et notre connaissance du manque occasionné par cette perte du Temple, par le fait que Hachem et Son honneur sont en exil, que nous pourrons alors prendre le deuil au fond de nous même. ]

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-> Pendant les 3 semaines, un certain tsadik rendit visite au Sfat Emet.
"Qu'est-ce qui vous amène ici? Vous vivez très loin d'ici!" demanda le Sfat Emet.
Le tsadik expliqua : "La tradition de ma famille est de voyager pendant les 3 semaines. Hachem est, si l'on peut dire, en galous, et c'est donc notre coutume d'aller en galous aussi, pendant cette période".
Le Sfat Emet répondit : "L'essentiel est de se rappeler que nous ne sommes pas chez nous".
Le Sfat Emet voyageait rarement, mais il se rappelait souvent qu'il n'était pas chez lui.
Nous ne sommes pas là où nous devrions être. Cette réalité ne devrait jamais notre conscience. [Hachem exil confortable]

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+ Une période de proximité particulière avec Hachem :

-> "Ses persécuteurs/poursuivants, tous ensemble, l'ont atteint entre les étroites barrières" (kol rodféa ichigoua ben amétsarim - Eikha 1,3).

-> Le Maguid de Koznitz (Avodat Yisrael - Pirké Avot 2,14) écrit :
"kol rodféa" (כל רודפיה) signifie כל רודף י"ה = tout celui qui poursuit Hachem
ichigoua (השיגוה) = peut atteindre un lien avec Hachem,
"ben amétsarim" (המצרים בין) = pendant la période de bein hamétsarim, car durant ces jours, il est plus facile pour une personne de se rapprocher d'Hachem que le reste de l'année.

Il est intéressant de noter que ce n'est pas ce que nous supposons. Nous pensons que pendant ces jours de deuil, nous sommes éloignés d'Hachem, alors qu'en réalité, c'est pendant cette période de l'année que nous avons le plus de chances, de facilité de nous rapprocher d'Hachem.
Le Maguid de Koznitz nous donne un indice à ce sujet dans le verset : éhéyé acher éhéyé" (אהי"ה אשר אהי"ה - Je serai qui Je serai - Chémot 3,14), la guématria de אהי"ה est égale à 21.
Ainsi, le verset peut être traduit : אהי "ה = Hachem dit : "Je serai avec la nation juive, אהיה אשר, pendant les 21 jours de bein hamétsarim".

Pourquoi est-il plus facile de se rapprocher d'Hachem ces jours-ci ?
Le Maguid de Koznitz explique par un exemple (machal) : "Lorsqu'un roi est dans son palais, il est difficile pour les gens de l'atteindre. Des gardes entourent le roi et empêchent les gens de s'approcher.
[De plus, s'il obtient une audience avec le roi, ] il devra lui offrir un cadeau précieux.
Mais lorsque le roi est en voyage, il est facile de l'atteindre, et un petit présent sera aux yeux du roi comme un grand cadeau ... Le roi acceptera le cadeau avec une mine réjouie, et ce parce qu'il est en voyage".

[ainsi, en cette période symbolisant la destruction de la maison sur terre d'Hachem (le Temple), Il est comme sans domicile fixe, et Il nous est donc plus facilement accessible, pour peu que nous le cherchions, que nous Lui exprimions notre tristesse, regret, d'une telle situation tragique par notre comportement. ]

-> Le Magid de Mézréitch rapporte un exemple similaire :
"Lorsqu'un roi sort de son palais et traverse la place du marché et les rues, il est proche de tous ceux qui l'appellent, et il écoute les cris de ceux qui appellent son nom.
De même, nous devons savoir qu'en ce moment [pendant les 3 semaines], à un moment où il est comme un oiseau qui a quitté son nid [Hachem est en exil], chacun a la permission de s'approcher du Roi du monde, et Il répond à tous."
[ainsi, ben amétsarim est un moment propice pour que nos prières soient acceptées. ]

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-> Ailleurs, le Maguid de Koznitz (Avodat Israël - Massé) développe l'importance de l'étude de la Torah pendant ces jours de bein hamétsarim :
"Bien que nous devrions être tristes ces jours-là et pleurer la destruction du Temple, nous devons néanmoins être forts et purifier nos cœurs pour servir Hachem par la Torah et la prière avec joie, en particulier lorsque nous offrons des louanges à Hachem [telles que les pessouké dézimra et autres].

Ceci peut être expliqué par un exemple.
Un roi humain possède de très nombreuses choses qui peuvent le rendre heureux : des chanteurs, des tambours, des danses, des flûtes et des harpes, ...
Lorsque le roi est heureux, il n'a pas besoin des chanteurs et des musiciens. Il est heureux sans eux.
En revanche, lorsqu'il est triste, il fait appel à ses musiciens pour qu'ils chantent et jouent devant lui et le rendent heureux.
Si l'on peut dire, il en est de même avec Hachem. Les anges du ciel chantent et louent Hachem ; cependant, [chaque année] au moment du de la destruction du Temple ('hourban), il y a de la tristesse dans les chambres extérieures, et quelqu'un qui se soucie d'Hachem doit se renforcer et entrer dans les chambres intérieures pour se débarrasser de toute tristesse et rendre le roi heureux."

Ce sont donc des jours où l'on étudie la Torah et où l'on prie Hachem avec joie. C'est une période où nous devons Lui apporter de la joie.
[Hachem se réjouit énormément lorsqu'un juif (quelqu'il soit) étudie la Torah, se tourne vers Lui en prière, et ainsi en cette période difficile on doit être particulièrement vigilant à davantage étudier/prier, et à le faire dans la joie et l'amour d'Hachem. De cette façon, on exprime concrétement notre désir de Le réjouir, de provoquer la reconstruction de Sa maison et le retour d'une relation de grande proximité avec Lui. ]

-> Pendant la Shoa, les gens étaient stupéfaits de voir rabbi Pin'has d'Oustila (le gendre de rabbi Yissa'har Dov de Belz) apprendre la Torah avec une immense assiduité.
Comment pouvait-il mettre de côté toute la douleur et la dévastation [que devait lui provoquer les scènes horribles de la Shoa], et se plonger dans l'étude de la Torah?

Il a répondu : "Les gens ont posé la même question à mon beau-père pendant la Première Guerre mondiale. Les gens ne comprenaient pas comment il pouvait avoir la tranquillité d'esprit nécessaire pour étudier la Torah à ce moment-là.
Il a expliqué que dans les moments difficiles, il est encore plus important d'étudier la Torah.
La Michna dit : "lorsqu'une personne souffre, la Chékhina (Hachem) dit : "J'ai mal à la tête, j'ai mal aux bras". [kalani mérochi kalani mzro'i - guémara Sanhédrin 46a]
J'ai mal aux bras" = ce qui signifie qu'Hachem souffre avec nous. Or, nous vivons à une époque où le peuple,juif est en détresse, et Hachem souffre certainement avec nous.
Il est de notre devoir de rendre Hachem heureux, et rien n'apporte plus de joie à Hachem qu'un juif qui étudie la Torah".

[ainsi, il ne suffit pas de s'attrister sur Jérusalem, mais il faut également rendre joyeux Hachem, particulièrement en cette période du 17 tamouz au 9 Av. ]

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-> Rabbi Aharon de Belz enseigne que lorsqu'un juif apprend la Torah, il n'est pas en exil. C'est la raison pour laquelle on peut manger de la viande et boire du vin lors d'un siyoum pendant les 9 jours (de roch 'hodech Av au 9 Av).
En effet, là où il y a de la Torah, il n'y a pas d'exil.

Le 'Hozé de Lublin dit : la halakha stipule que lors d'une brit mila pendant les neuf premiers jours du mois d'Av, seules 10 personnes peuvent prendre part à la viande et au vin du repas.
[précision : pour les Ashkénazes : dans la semaine du 9 Av, la consommation de viande est permise uniquement pour la famille proche et uniquement pour une dizaine d’autres personnes]
Mais lors d'un siyoum dans les 9 jours, plus de 10 personnes peuvent prendre de la viande et du vin au repas. Il n'y a pas de limite au nombre de participants.

Le 'Hozé explique que la destruction du Temple est apparu parce qu'ils n'étudiaient pas la Torah comme ils le devraient, comme il est dit : " Pourquoi le pays est-il ruiné (et) desséché comme un désert, sans que personne n'y passe? Hachem a dit : "C'est parce qu'ils ont abandonné Ma Torah" (Yirmiyahou 9,11-12).
Lorsque l'on termine une massechta (traité) et fait un siyoum, il répare la racine et la cause de la destruction du Temple ('hourban).
L'odeur de la géoula est dans l'air, et par conséquent, tous les participants peuvent prendre part au repas.

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+ Ben hamétsarim = avoir du deuil ou de la joie?

-> Le Shoulchan Aroukh (561:5) enseigne que "dans ce monde, on ne peut pas remplir sa bouche de rires".

Le Yessod véChorech HaAvodah enseigne que c'est particulièrement le cas pendant les 3 semaines (17 tamouz au 9 av). Cependant, cela ne signifie pas que nous devons être tristes. Un juif doit toujours servir Hachem avec joie.

=> Alors, comment un juif peut-il combiner le deuil avec la joie?

-> Rabbi Shmelke de Nikelsbourg répond par un machal :
Un roi fut contraint de s'enfuir de son palais. Il arriva dans un pays lointain et séjourna dans la maison d'un bon ami. Le roi remarqua que l'humeur de son hôte alternait entre la joie et la tristesse.
Déconcerté, le roi lui demanda : "Es-tu heureux ou triste? Si tu es heureux, pourquoi pleures-tu? Et si tu es triste, pourquoi parais-tu heureux?"
L'hôte répondit : "Je suis heureux et je suis triste. Je suis triste parce que le roi a dû quitter son palais pour venir ici. Et je suis joyeux parce que j'ai le privilège d'accueillir le roi dans ma maison".

Rabbi Shmelke de Nikelsbourg explique que cela décrit nos émotions pendant les 3 semaines.
Nous pleurons amèrement et nous nous lamentons parce que la Chékhina (présence d'Hachem dans ce monde) est en exil.
Mais nous nous réjouissons également parce que la Chékhina est avec nous.

De plus, nous pouvons expliquer que que le deuil et la joie ne sont pas contradictions.
En fait, le deuil devient le fondement de notre bonheur. Cela est dû au fait que lorsque l'on pleure le Temple, on attire sur nous un élément [central] du Temple.
Le Temple était un lieu rempli de joie (comme nous le chantons dans un chant de Shabbath : "Retour au Temple et au Kodech Kadochim, un lieu où les âmes se réjouissent" - למקדשך תוב ולקדש קודשין אתר די ביה יחדון רוחין ונפשין), et par son deuil, on attire à nous cette joie immense.

Certaines personnes ont peur de pleurer parce qu'elles ne veulent pas être tristes, ne réalisant pas que le deuil entraîne la plus grande des joies.

[le rabbi de Nikelsbourg nous enseigne qu'en prenant le deuil de Jérusalem, on attire sur nous la joie incroyable qu'il y avait. (ex: si on avait des comptes à faire, on devait sortir de la ville, car à Ja)]

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-> Le Choul'han Aroukh (554:25) : "Celui qui pleure/s'endeuille sur Jérusalem mérite de la voir dans sa joie" (כל המתאבל על ירושלים זוכה ורואה בשמחתה).
זוכה ורואה (zo'hé our'é - mérite de la voir) est écrit au présent.

Rabbi Lévi Its'hak de Berditchev (Kédouchat Lévi) et d'autres expliquent que lorsque l'on pleure le Temple, on ressent immédiatement la joie de la guéoula.
Le Kédouchat Lévi (Eikha) écrit : "Lorsque l'on pense à la sainteté et que l'on pleure Jérusalem... on perçoit immédiatement un élément de la joie de Jérusalem, de ce qu'il en sera à l'avenir".
[d'une certaine façon, plus on s'attriste on détaillant tout ce qu'on a perdu à cause de sa destruction, plus on se réjouit que très bientôt on en profitera pour l'éternité. Ainsi, plus on s'en attriste, plus on s'en réjouit d'impatience, de la grandeur d'être juif, de la bonté d'Hachem à notre égard d'avoir une chose si grande que le Temple, qui arrivera avec le machia'h très rapidement. ]

-> Lors d'un mariage, nous cassons un verre sous la 'houppa, le 'hatan porte des cendres sur sa tête, ...
Ces coutumes nous aident à nous souvenir de Jérusalem et du Temple.

Le Sfat Emet (Ki Tavo 5653) explique que le but de ces coutumes n'est pas de nous faire pleurer lors d'un mariage, mais plutôt de parfaire la joie de la fête.
Nous voulons que la joie de la fête soit complète, mais comment un bonheur peut-il être complet dans l'exil? C'est pourquoi nous portons le deuil, et le deuil attire la lumière et la joie totale de l'épqoue du machia'h, et cela complète la joie du mariage.

Le Sfat Emet écrit :
"À chaque sim'ha (célébration), il faut se souvenir du Temple ...
Lorsque le Temple était érigé, la joie était totale. Aujourd'hui, nous méritons cette joie par le deuil et la nostalgie du Temple.
Comme il est dit : "Réjouissez-vous avec Jérusalem et soyez dans l'allégresse à cause d'elle, vous tous qui l'aimez! Prenez part à sa joie, vous tous qui êtes en deuil à son sujet!" (Yéchayahou 66,10).
Par notre deuil, nous mériterons la joie de Jérusalem."

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-> la grandeur particulière des Shabbath de ben hamétsarim : https://todahm.com/2023/08/20/la-grandeur-du-shabbath-en-exil