Aux délices de la Torah

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Protéger ses yeux

+ Protéger ses yeux :

-> "Mieux vaut se satisfaire par les yeux que de laisser dépérir sa personne" (Kohélét 6,9)
Reich Lakich (guémara Yoma 74b) explique ce verset : "Il y a plus de plaisir à contempler une chose interdite que de fauter avec elle."

-> Le Rambam enseigne :
lorsqu'une personne faute avec son corps, bien que ceci représente une révolte contre la Royauté Divine, malgré tout, cet acte se limite à un acte physique dû au caractère matériel du corps humain.
Par contre, en fautant par des mauvaises pensées, l'homme affecte son esprit, et compromet le plus haut niveau spirituel qu'il puisse atteindre, l'esprit humain étant la partie la plus élevée de son être.

-> Le Ram'hal (Séfer haLikoutim - paracha Kédochim) explique au nom des Sages de la mystique que lorsqu'une personne regarde une vision prohibée, elle aspire et attire en elle toute l'impureté qui se trouve dans cette personne. En effet, un "échange de spiritualité" se produit entre l'homme qui regarde et la personne indécente qu'il voit.
Ainsi, si un homme regarde une chose impudique, il recevra en lui toute l'impureté qui s'en dégage, et perdra toute la spiritualité qu'il a en lui. Il sera alors très difficile de réparer l'effet néfaste qu'engendre
une telle vision.

-> Le 'Hafets 'Haim explique que l'œil est l'accès principal du mauvais penchant, c'est par là que pénètrent la pulsion et la tentation dans le cœur de l'homme, qui sont des interdictions de la Torah que nous avons reçues au mont Sinaï.
On raconte sur ce saint maître, qu'on l'entendit un jour prier et implorer Hachem afin qu'il le préserve des visions interdites, alors qu'il était âgé de 90 ans! [Briti Shalom - p.64)

La raison principale de la Création du monde est de permettre à la nation juive de reconnaître la présence et l'unicité d'Hachem.
[Mé haChiloa'h - Béréchit]

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[ainsi quoique nous fassions, quoiqu'il puisse nous arriver dans la vie, nous devons nous interroger : comment réagir pour que cela me rapproche et me fasse davantage ressentir la grandeur d'Hachem. ]

"Après avoir compris que les plaisirs de ce monde ne méritent pas d'être appelés "la vraie vie" car ils sont tous simplement consacrés à supprimer les obstacles et autres sentiments désagréables, Avraham commença à chercher l'essence de sa vie.
Hachem lui dit : "Lé'h lé'ha" (Va vers toi-même), car il est vrai que les plaisirs de ce monde ne s'appellent pas "la vie". Au contraire, l'essence de la vie se trouve en toi."
[Mé haChiloa'h - Lé'h Lé'ha]

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[Va vers toi-même = n'oublie que l'essentiel dans ta vie c'est d'aller vers la partie Divine, l'âme qui est en toi. Ecoute-la, bichonne-la, et relie-la toujours plus à Sa source Divine.
Nous sommes tellement pris par nos occupations quotidiennes dans le monde extérieur qu'on en oublie de prendre du temps avec l'essentiel : notre intériorité (en la valorisant, en s'en réjouissant, en exploitant dans la réalité nos capacités/potentialités, ...) ]

"Celui qui fait du Shabbat un délice, Hachem exauce tous les désirs de son cœur" [guémara Shabbat 118b]

-> Le Eliyaou Rabba (242) explique en disant que cette récompense est ''mesure pour mesure'': au sens strict de la loi, il est en effet permis de penser à ses affaires pendant le Shabbat et seul en parler est interdit. Néanmoins, l'homme qui surmonte sa tendance naturelle et accomplit la volonté d'Hachem au delà de la loi stricte, et donc oublie ses préoccupations personnelles le Shabbat, considérant son travail achevé avant l'entrée du Shabbat, mérite en retour qu'il en soit ainsi.
Et Hachem exaucera tout ce que son cœur désire.

Shabbath = le jour de la foi en Hachem

+++ Shabbath = le jour de la foi en Hachem :

"Souviens-toi du Shabbat pour le sanctifier ... car en 6 jours, Hachem fit les cieux et la terre, la mer, et tout ce qu'ils contiennent" (Yitro 20,8-11)

-> Le Shabbat, qui est une évocation de l'œuvre de la création, a pour but de rappeler à l'homme que le monde a un Créateur qui le dirige. La sainteté du Shabbat aide l'homme à parvenir à cette foi.
Certains tsadikim expliquent ainsi allusivement le verset : "Voyez qu'Hachem vous a donné le Shabbat" : en ce jour empreint de sainteté, l'homme peut parvenir à niveau de foi tel que c’est comme s’il voyait véritablement les choses de ses propres yeux.

-> Le rav 'Haïm (dans son Séfer Ha'haïm), qui est le frère du Maharal de Prague, nous révèle à ce sujet la chose suivante :
"Les gens de la génération du désert méritèrent le dévoilement de la Divinité sur le mont Sinaï, comme nous l'enseignent nos Sages (rapporté par Rachi sur Vaét'hanan 4,35) : "Hachem ouvrit tous les cieux supérieurs et inférieurs au moment du don de la Torah'', et Il désira que, dans toutes les générations, on puisse mériter une révélation semblable.
C'est pourquoi Il leur donna le Shabbat qui possède un aspect de cette révélation."

Il ajoute également :
"La joie particulière qui nous enveloppe sans que l'on s'en rende compte, dès l'entrée du Shabbat et dans la soirée du Shabbat, ... est sans aucun doute une étincelle de la lumière et de la joie qui émanent de là d’où provient la prophétie. Et bien que nous n'ayons ni prophète ni voyant et que nous résidions sur une terre impure (en exil), la bonté et la vérité Divines ne nous ont pas abandonnés.
Hachem nous les prodigue chaque Shabbat, et, à plus forte raison à nous, qui sommes tellement las de cet exil amer."

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-> Le Shabbat est donc un temps propice pour enraciner en nous cette émouna en Hachem, comme il est dit (Téhilim 92) : "Psaume, chant pour le jour du Shabbat. Qu'il est bon de louer Hachem et d’entonner un air en Ton Nom élevé, d'exprimer Ta bonté et la foi en Toi dans les nuits. Car Tu m'as réjoui Hachem par Tes actions et ce sont Tes œuvres que je chanterai. Comme elles sont grandes Tes œuvres, Hachem, et que Tes pensées sont profondes".
=> A priori, on peut, en effet, se demander en quoi ce psaume est-il lié au Shabbat?

-> Le Malbim (sur le premier verset) explique que le Shabbat est un témoignage qu'Hachem conduit son monde selon une providence particulière à chaque créature (hachga'ha pratit), et que le monde n'est pas livré à la nature ni au hasard. C'est donc pour cela que ce psaume est entièrement fondé sur le
Shabbat.

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-> Le Beit Yaakov explique également pourquoi on récite le kidouch sur du vin, comme nous l'enseignent nos Sages (Pessa'him 106a) : ''Souviens-toi du jour du Shabbat pour le sanctifier = ‘Souviens-toi' de lui sur du vin''.
Il explique : "Car tout ce qui est dans ce monde tend à faire oublier à l'homme et à lui dissimuler le fait qu'il existe un Créateur qui dirige tout, qui a tout accompli, qui continue à accomplir, et qui accomplira tout ce qui s'y déroule (comme les commentateurs le font remarquer, ''monde'' en hébreu se dit ''olam'' qui est de la même racine que ''élem'' qui signifie "dissimuler'').
Lorsqu'un homme travaille durant tous les jours de la semaine pour sa subsistance ou pour ses autres besoins, il peut en effet se fourvoyer en pensant que c'est grâce à la ''force de son poignet'' qu'il a réussi dans ses entreprises. Shabbat, il est donc tenu de se rappeler et de proclamer que ce n'est qu'un leurre qui lui brouille l'esprit, car tout n'est que le fruit de la volonté Divine.

Pour cette raison, il a été institué de réciter le kidouch sur du vin, car celui-ci n'a pas son pareil pour brouiller l'esprit de l'homme en le rendant ivre et confus dans ses idées. En l’utilisant pour le kidouch, il suggère ainsi que toutes les pensées qu'il entretient durant la semaine ne sont qu'un vain mirage, à l'instar du vin qui trouble son esprit.
Ainsi est-on tenu de fixer son regard sur le vin au moment du kidouch (Réma - 271,10), afin de faire pénétrer dans son cœur la émouna que, au-delà de toute cette confusion, c'est Hachem qui dirige les cieux et la terre. Grâce à cela, on pourra y puiser cette force également pour tous les jours de la semaine.

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-> La guémara (Béra'hot 14a) enseigne au nom de Rabbi Zéra : "Celui qui ne rêve pas, sept nuits durant, est qualifié de méchant (ra - רַע)"

Le Gaon de Vilna explique que dans un rêve, il semble à l'homme que tout ce qui se déroule devant lui est vrai. Cependant, lorsqu'il se réveille le matin et qu'il ouvre les yeux, il se rend compte que tout n'était qu’une chimère sans consistance.
Il en est exactement de même de tout ce qui se passe dans ce monde : à l'avenir, s'accompliront les paroles : "Nous étions comme dans un rêve" (Téhilim 126,1), à la différence près, que le rêve de la nuit s'achève avec le matin, alors que celui de ce monde se poursuit pendant 120 ans. Mais en vérité, les deux sont identiques et tout ce qui concerne ce monde n'est qu'un simple rêve.
C'est ce que nos Sages ont suggéré en parlant d'un homme ''qui ne rêve pas 7 nuits durant'' = cela signifie qu'il a pu passer 7 jours, le Shabbat inclus, sans éveiller en lui la pensée que tout n'est qu'un rêve et un vain mirage. Il est donc qualifié de méchant (de mauvais - רַע), car il incombe à un homme, lorsqu'arrive le Shabbat, de se réveiller de ce rêve et de ne pas sombrer dans l'œuvre de ses mains.
Au contraire, il doit se souvenir que c'est Hachem qui a créé le Ciel et la terre et que c'est Lui qui dirige le monde à chaque instant.

Sinaï & Torah – la sincérité spirituelle

+ Sinaï & Torah - la sincérité spirituelle :

-> "Rava a enseigné que tout érudit dont l'intériorité ne ressemble pas à l'extériorité n'est pas un érudit en Torah" (guémara Yoma 72b).

Ceci provient d'un raisonnement à fortiori : si déjà l'Arche n'entend pas, ne parle pas et ne sait pas ce qu'elle contient en son sein (il est écrit à son propos : "Tu la recouvriras d'or pur à l'intérieur et à l'extérieur" (Térouma 25,11), afin qu'elle soit identique à l'intérieur comme à l'extérieur).
A plus forte raison, l'érudit qui voit, entend et sait ce qu'il y a en son for intérieur, devra être à l'intérieur comme à l'extérieur (to'ho kébaro - תוכו כברו). Il devra être sincère en spiritualité.

-> "Tout élève dont l'intérieur ne correspond pas à l'extérieur (to'ho kébaro - תּוֹכוֹ כְּבָרוֹ), qu'il ne mette pas les pieds dans la maison d'étude"
[Rabban Gamliel le jour où il a été nommé Nassi - guémara Béra'hot 28a]

On peut noter que :
- les 2 lettres internes (coeur) du mot : "to'ho" (intérieur - תוכו) sont וכ, de valeur 26 comme le Nom Divin (יהוה), ce qui représente la spiritualité que nous devons mettre sur notre coeur, comme il est écrit : "tu mettras sur ton coeur" (והשבת אל לבבך - Vaét'hanan 4,39).
- les 2 lettres extérieures de "kébaro" (כברו) sont les mêmes : כו.
Nous devons intégrer la spiritualité que nous connaissons à l'intérieur et à l'extérieur.

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-> On voit également cela dans les lettres cachées et révélées du mot סיני (Sinaï - qui représente la spiritualité puisque la Torah y a été donnée).
Les lettres cachées sont : סמך , יוד , נן , יוד ont une valeur numérique identique à celle des lettres extérieures.
En effet : ס a une guématria de 60, qui est la même que מ,ך.
De même, י est égal à 10, comme ו,ד.
Le נ est composé de 2 fois נ.

=> On voit également dans le terme Sinaï, symbole de la Torah, que notre spiritualité doit être autant présente dans notre intériorité que dans notre extériorité.

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-> Les lettres de Pharaon (פרעה) réarrangées forment הערף (aoref - la nuque). Le cou sépare les מח et לב , l'esprit (moa'h) et le cœur (lev). Cela symbolise celui qui n'intériorise pas ce qu'il sait.
Moché, quant à lui, était tout le contraire. Le midrach raconte que lorsque Pharaon a cherché à tuer Moché, le cou de Moché est devenu une colonne de marbre (en allusion dans Yitro 18,14).
A un niveau plus profond, cela signifie que les מח et לב de Moché ne peuvent être séparés. C'est le niveau auquel se trouvait Moché.

Une acceptation de la Torah contre nature

+ Une acceptation de la Torah contre nature :

-> L’offre de la Torah par Hachem aux nations a été refusée.
Les descendant d’Essav (עשו) demandèrent ce que contenait la Torah et se virent répondre : "ne tuez pas" (לא תרצח). C’était là un défi insurmontable pour eux car Essav était un chasseur (איש יודע ציד) et sa bénédiction était : sur ton épée, tu vivras ( על חרבך תחיה).
En fait, Essav est appelé un homme des champs (ich sadé - איש שדה), "sadé" étant l’acronyme pour : שופך דם האדם (chofé'h dam aadam) = celui versant le sang de l’homme (c’est-à-dire le meurtre ). [Rabbénou Efraïm - Toldot 25,27]
De leur côté, les descendants d’Ichmaël refusèrent à cause de l’interdit de l’adultère (לא תנאף).

=> Comment se fait-il que lorsque l’on offrit la Torah aux juifs, on ne leur donna pas ce qui constituait pour eux un défi (à l'image de ne pas tuer pour Essav, et de ne pas commettre d'adultère pour Yichmaël)?

-> Le Avné Nézer explique pourquoi la première mitsva commandée aux juifs au mont Sinaï était la mitsva de la Hagbala, le fait de fixer des limites autour de la montagne de Sinaï.
C’était pour ne pas donner d’argument aux nations du monde qui prétendraient avoir refusé la Torah car certaines mitsvot heurteraient leur nature, et non celle des juifs. Ils pourraient prétendre : si Hachem avait donné aux juifs une mitsva qui était contre leur nature, ces derniers non plus n’auraient pas accepté la Torah. Par conséquent, la mitsva de la Hagbala fut la première mitsva parce qu’elle heurtait la nature des juifs qui aspirent tant à la proximité avec Hachem, or en l’espèce, on leur ordonna de garder une distance.

Rachi (Yitro 19,9) cite l’expression : "notre volonté est de voir notre Roi" (מלכנו את לראות רצוננו). C’est pourquoi des limites ont été fixées, afin que nous ne montions pas sur la montagne, ni n’en touchions le bord (Yitro 19,12), car nous avons comme une sorte d’attraction magnétique vers Hachem.
Et nous savons qu’un homme ne peut voir D.ieu et survivre (Ki Tissa 33,20).

Ceci est comparable à celui qui place un aimant près du métal qui est alors attiré. De même, si Hachem se révélait à nous, notre âme nous quitterait à cause de l’attraction "magnétique".
Il est écrit : "Tu maintiendras le peuple tout autour, en disant (lémor - לֵאמֹר)" (Yitro 19,12), et on peut noter que ce terme לאמר est l’acronyme de : "rétsonénou lir'ot ét mal'houto" (מלכנו את לראות רצוננו).

=> ainsi comme avec chaque autre nation du monde on a proposé la Torah au peuple juif, avec la condition d'accepter quelque chose de contre nature.
Pour certaine il s'agissait du meurtre, pour d'autre de l'adultère, ... et pour le peuple juif il s'agissait de renoncer à son désir très intense de proximité avec Hachem, en acceptant de rester à distance lors du don de la Torah.
Cela implique que l'essentiel d'un juif est de faire la volonté d'Hachem sienne.

Avoir de vénérables visiteurs grâce à la Torah

+ Avoir de vénérables visiteurs grâce à la Torah :

-> Celui qui défend la Torah d'un gadol qui le précède peut mériter de le saluer dans le futur.
Nous voyons cela dans la guemara (Baba Kama 111b) où Rava dit : "Quand je mourrai, Rabbi Ochaya viendra me saluer parce que j'ai interprété la michna en accord avec lui."

-> Rabbi Yéhouda ha'Hassid (séfer 'Hassidim (559) écrit que lorsqu'un tsadik qui a expliqué les paroles d'un autre tsadik, comme un amora qui a expliqué les paroles d'un tana, meurt, le tana sort pour le saluer avec un visage heureux et marche avec lui et demande aux anges (mala'him) d'être indulgents envers lui. Il l'amène devant Hachem pour dire du bien de lui.

-> Le Chach ('Hochen Michpat) a écrit qu'il est certain que lorsque son heure viendra de quitter ce monde, les tanaïm le salueront parce qu'il a défendu leurs positions.

-> Dans le séfer Maguid Mécharim (Vayakel), il est dit que parce que rabbi Yosef Karo a expliqué le Rambam et le Tour, ils sont un bon avocat pour lui devant Hachem et ils viendront saluer son âme (néchama) quand il sera temps pour lui de quitter ce monde.

-> Rabbi Yéhochoua Heschel 'Harif (1593-1648 - le Pné Yéhochoua) a écrit un livre intitulé Maguiné Shlomo. Ce livre défend Rachi des questions des Tossafot. C'est pourquoi il est appelé מגיני שלמה (Maguiné Shlomo), parce qu'il a protégé (maguen - מגן - qui signifie bouclier) par Rachi, dont le nom était Shlomo (rabbi Shlomo Yits'haki).
Dans l'introduction (hakdama), il est dit que Rachi est apparu à l'auteur de son vivant avec une grande joie et a dit "tu es louable dans ce monde et tout est bien avec toi dans l'autre monde car tu m'as sauvé des puissants lions que sont les Baalé Tossafot. Je viens vous accueillir dans l'autre monde avec tous mes élèves".
C'est ce qui s'est produit lorsqu'environ une demi-heure avant le décès de rabbi Yéhochoua Heschel 'Harif, des gédolim de Cracovie étaient présents à son chevet. Rabbi Yéhochoua a dit devant eux : "libérez un espace car Rachi et son saint entourage sont venus et il m'a salué joyeusement pour me montrer le chemin de la vie puisque j'ai toujours été à sa droite pour résoudre les questions posées par les Tossafos sur son commentaire."

-> Il en va de même lors du décès de rabbi Shlomo Heiman (1892-1945). Juste avant sa mort, ses étudiants qui étaient avec lui ont rapporté ses dernières paroles : "De grands invités arrivent. Préparez deux chaises, une pour rabbi Akiva Eiger (1761-1837) et l'autre pour rabbi 'Haïm Ozer Grodzensky (1863-1940)".

Témoigner notre amour pour Hachem

+ Témoigner notre amour pour Hachem :

"Tu aimeras Hachem, ton D., de tout ton cœur, de toute ton âme et de tous tes possessions" (Vaét'hanan 6,5)

-> "Tu dois aimer Hachem, ton D." = [cela signifie] que le Nom Divin devienne aimé [par les autres] grâce à tes efforts.
[guémara Yoma 86a]

-> Le 'Hafets 'Haïm (Intro - 'Homat haDat) écrit :
Être vigilant à ce que les autres observent les lois d'Hachem, c'est l'essence même du commandement positif d'aimer Hachem, que nous déclarons chaque matin et chaque soir [dans le Shéma].

-> Rabbénou Bé'hayé (Kad haKéma'h - aava) enseigne :
Tout comme notre ancêtre Avraham a promulgué la croyance [en Hachem] par un grand amour, nous devons L'aimer au point d'amener les gens à Lui et les attirer à Le servir.

[d'une certaine façon, l'effort que fait un juif pour inciter par amour autrui à renforcer sa relation avec Hachem, est une indication importante de son amour d'Hachem.
Plus tu aimes Hachem, plus tu as envie qu'autrui en vienne à l'aimer (ex: je me travailles pour parfaire mes traits de caractère, pour être toujours joyeux, agréable, ... comme cela j'attire par l'exemple autrui vers une vie selon la Torah). ]

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-> Selon le Rambam (Séfer haMitsvot - commandement positif n°3) :
Nos Sages ont enseigné que cette mitsva ("Tu dois aimer Hachem, ton D.") inclut l'appel à l'humanité entière à servir Hachem et à croire en Lui.
En effet, de la même manière que lorsque vous aimez une personne, vous la louez et appelez les autres à se rapprocher d'elle, de même, si vous aimez vraiment Hachem, par votre compréhension et votre réalisation de Sa véritable existence, vous répandrez certainement cette connaissance véritable que vous connaissez aux ignorants et aux insensés.
[Nous voyons que cette mitsva inclut la diffusion de l'amour d'Hachem aux autres, comme il l'enseigne ] le Sifri : " 'Tu aimeras Hachem' = c'est-à-dire Le rendre aimé des créatures, comme l'a fait ton ancêtre Avraham, comme il est écrit : " Les âmes qu'ils ont transformées en 'Haran (Lé'h Lé'ha 12,5)".

Le sens de ce Sifri est qu'Avraham, suite à sa profonde compréhension d'Hachem, a acquis l'amour pour Hachem, comme en témoigne le verset : "Avraham, qui m'a aimé". Cet amour puissant l'a donc poussé à appeler toute l'humanité à croire en Hachem.
De même, vous devez L'aimer au point d'attirer les autres vers Lui.

[ si une personne aime vraiment Hachem, elle s'assurera de partager ce plaisir avec d'autres, tout comme elle partagerait toute bonne chose avec un ami ou un être cher.]

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-> Le 'Hovot haLévavot (chaar aavat Hachem - chap.6) dit :
Voici les indices qui montrent qu'une personne aime vraiment Hachem ... Parmi eux, il y a le fait qu'elle dirige et guide [les autres] pour servir Hachem, que ce soit par la douceur ou par la ténacité, selon le moment et le lieu, le groupe de personnes et leur statut, qu'il s'agisse de l'élite ou des gens du peuple.

-> Selon le 'Hovot HaLévavot (chaar aavat Hachem - chap.6) la preuve de l'ahavat Hachem d'une personne est qu'elle fait tout ce qu'elle peut pour guider et enseigner aux autres la Torah et l'avodat Hashem.
Le rav Avraham Tabor explique : Hachem souhaite que chaque personne juive établisse un lien avec Lui en étudiant la Torah et en observant les mitsvot. Si vous aimez Hachem, vous pouvez, pour ainsi dire, l'aider à atteindre cet objectif en aidant d'autres juifs à apprendre la Torah.

-> Le rav Moché Sternbuch (Taam véDaat - Vaét'hanan 6,5) rapporte le rav Isser Zalman Meltzer :
À ce sujet ("Tu dois aimer Hachem, ton D.") ... puisque, malheureusement, aujourd'hui, il y a tant de [juifs] qui sont éloignés du vrai chemin, nous sommes absolument tenus de nous engager à les rapprocher de servir Hachem ou à soutenir ceux qui le font.
Bien qu'autrefois, ce rôle était exclusivement réservé à des personnes spéciales et nobles qui se sanctifiaient pour accomplir cette mitsva, aujourd'hui, tout le monde peut prendre part à cette occasion de démontrer son amour pour Hachem.

-> Selon le rav Aryeh Kaplan (Reaching out - p.2) :
Quel est le verset le plus important de la Torah?
Il s'agit du Shéma (Vaét'hanan 6,4), "Écoute, Israël, Hachem est notre D., Hachem est Un".
La plupart d'entre nous sait qu'il s'agit de la déclaration la plus fondamentale de la foi juive. Nous nous exclamons que nous croyons en D., qu'Il s'intéresse à nous et qu'Il est Unique.
Avant de faire cette déclaration, la plus importante de toutes, nous prononçons une autre courte phrase : "Écoute, Israël". Il ne suffit pas qu'une personne déclare : "Hachem est notre D., Hachem est Un". Nous devons appeler et proclamer cette vérité à tout Israël (tous les juifs) : "Écoute, Israël."
Si une personne croit vraiment en D., alors elle ne peut pas rester indifférente lorsque d'autres ne partagent pas cette croyance. Quand une personne est en possession d'une grande vérité, alors elle veut la partager avec les autres. Lorsque l'on a accès à la plus grande Vérité du monde, ce partage devient impératif.

[chaque juif à son niveau peut permettre à ce que d'autres aiment davantage Hachem. Par contre, il faut faire attention à se mettre à la place d'autrui, non pas en Lui imposant quelque chose, mais plutôt parlant à son coeur, et en l'attirant vers quelque d'agréable, de sublime.
La Torah est constituée de nombreuses facettes, car ce qui peut être incroyable à mes yeux est quelconque aux yeux d'un autre, et inversement.]

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-> Le Rambam (Moré Névou'him - par.2, chap.51) écrit :
[Hachem dit : J'ai accordé une attention particulière à Avraham] "Parce que je sais qu'il commandera à ses enfants et à sa famille après lui" =cela signifie que le but de tout le travail [des Patriarches] était de diffuser le monothéisme à travers le monde et de préparer les gens à aimer Hachem. C'est la raison pour laquelle ils ont mérité ce niveau élevé.

-> Le rav El'azar Grunberger commente :
Avraham a transmis son ADN spirituel à ses descendants. Un aspect important de cet ADN unique est la responsabilité d'aider les autres juifs à connaître Hachem et à développer une relation d'amour et de Le servir.
Atteindre des niveaux spirituels élevés est en fin de compte un cadeau d'en-Haut. Nos ancêtres ont mérité ce cadeau en raison de leur dévouement à l'accomplissement de la mission de diffusion de la connaissance et de l'amour d'Hachem. Nous devons faire de même.

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-> Une fois que l'on s'est suffisamment développé, c'est un privilège et un mérite particuliers, si l'on en a la capacité et la possibilité, d'enseigner la Torah aux autres et de les encourager et de les guider dans la avodat Hachem.
Le 'Hovot haLévavot (chaar aavat Hachem - chap.6) va jusqu'à dire que même si une personne a travaillé sur elle-même jusqu'à ce qu'elle devienne presque aussi grande qu'un navi (prophète), ses mérites n'approchent pas ceux d'une personne qui enseigne [la Torah, comment servir Hachem, ...] aux autres.

Cependant, certains hésitent à consacrer leur temps précieux à l'enseignement aux autres. Bien entendu, une telle décision ne peut être prise qu'avec les conseils d'un véritable grand en Torah, mais il convient de citer les paroles enflammées du Pélé Yoetz (chaar Torah) :
"Les personnes qui hésitent à étudier avec leurs enfants ou avec d'autres jeunes talmidim parce qu'elles considèrent que c'est un bitoul Torah font une erreur. Elles prétendent que lorsqu'elles apprennent seules, elles sont capables de couvrir de nombreux pages de guémara et de Poskim (Décisionnaires) et d'écrire tous leurs 'hidouchim, mais si elles doivent enseigner, cela prend beaucoup de temps de tout répéter encore et encore jusqu'à ce que le talmid ne comprenne plus, et cela implique une quantité énorme de labeur et d'efforts extrêmes.
Cependant, cela ne dérange pas quelqu'un qui agit pour l'amour d'Hachem et qui veut apporter de la satisfaction à Hachem, et apporter de la satisfaction/plaisir (na'hat roua'h) à Hachem devrait être le seul but de notre vie. Cette personne choisira ce qui apporte le plus de na'hat roua'h à Hachem.
Et Hachem reçoit beaucoup plus de satisfaction vous enseignez à l'enfant de quelqu'un ou à votre propre enfant, même si vous leur enseignez seulement le aleph-beis, qui est l'étude pur de quelqu'un qui n'a pas commis de péché, que si vous apprenez vous-même Néguaïm et Ohalot [deux traités très difficiles discutant d'impureté et de pureté (touma et de tahara)]".

Sauver la vie spirituel d’autrui

+++ Sauver la vie spirituel d'autrui :

"Quiconque sauve la vie d'un seul juif, est considéré comme ayant sauvé le monde entier"
[guémara Sanhédrin 37a]

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-> "Tu ne resteras pas [sans rien faire] devant le sang de ton prochain" (Kéodchim 19,16)

-> Le Chla haKadoch (Kédochim 60) écrit :
Si nous sommes obligés de sauver le corps d'une personne, nous devons certainement sauver son âme. Par conséquent, si vous voyez quelqu'un transgresser d'une manière telle qu'il perd sa part dans le monde à venir, vous devez le sauver.
Il est dit : "Tu ne dois pas rester passif devant le sang de ton prochain", c'est-à-dire que tu ne dois pas te retenir [de le sauver] puisqu'il est ton prochain dans [l'observation] de la Torah et des mitsvot.

-> Selon le Min'hat 'Hinoukh (239,4) :
Il me semble que l'obligation de réprimander n'est pas seulement basée sur le commandement [de la to'hakha], mais qu'elle est également requise par le commandement selon lequel : "Tu ne dois pas rester sans rien faire devant le sang de ton prochain", puisque [l'obligation de sauver une personne qui transgresse la Torah] n'est pas moins [importante] que de [sauver] une personne qui se noie dans la rivière.

-> De son côté, le 'Hafets 'Haïm ('Homat haDaT) enseigne :
Ceci est similaire à une situation dans laquelle une personne voit une autre personne se noyer dans une rivière ou faire face à un autre danger. C'est une mitsva de la secourir et il est interdit de rester inactif et de "rester sur son sang". S'il n'a pas la force de le sauver par lui-même, il est tenu d'engager d'autres personnes pour le secourir.
Celui qui manque à ses obligations dans ce domaine est en infraction avec [le commandement selon lequel] "Tu ne dois pas rester [les bras croisés devant le sang de ton prochain]."
De même, vous devez utiliser toutes vos ressources pour arrêter votre ami gravement malade qui ,par dépression, veut consommer quelque chose qui causera sa mort.

Il en est de même lorsque nous voyons des personnes qui, rattrapées par la faiblesse et les bêtises de la société contemporaine, ont oublié la Torah Divine et combien est essentielle l'obligation d'accomplir les mitsvot. En conséquence, ils en viennent à violer des préceptes qui font que leurs âmes sont coupées de l'au-delà éternel.
Certainement, nous ne devons pas manquer à notre obligation de les revigorer pour qu'ils accomplissent la parole d'Hachem, afin d'éviter qu'ils ne se soumettent à la colère divine.

[Nous comprenons intuitivement l'importance de sauver la vie d'une personne lorsqu'elle est menacée par un danger physique. Sauver une vie spirituelle est encore plus important car sauver une personne physiquement, c'est pour sa vie dans ce monde, tandis que la sauver spirituellement, c'est pour l'éternité.
Sous couvert d'une bonne attention, il faudra être très vigilant à ne pas blesser/vexer autrui. En effet, notre génération est faible, et on doit considérer autrui comme s'il avait un coup de soleil sous son habit. Certes, on peut lui donner une remarque, mais elle doit être faite avec beaucoup d'amour et de douceur, car la peau avec un coup de soleil est très très réactive, et ça fait mal.
Par ailleurs, notre devoir de sauver spirituellement autrui, implique qu'on est au moins aussi exigeant avec nous-même! ]

-> Le 'Hafets 'Haïm ('Homat haDaT) ajoute :
La Torah nous exhorte, lorsque nous rencontrons le bœuf ou l'âne perdu d'un ami, à le lui rendre. Elle dit : "Ne détourne pas le regard lorsque tu vois le bœuf ou le mouton perdu de ton frère ; tu dois les rendre à ton frère...".
Nous pouvons comprendre à partir de là que si la Torah est si préoccupée par les biens d'un juif, même pour son bœuf ou son mouton qui s'est embrouillé et s'est égaré du chemin, que la Torah nous demande de déployer de grands efforts pour les ramener dans le bon chemin, à combien plus forte raison devons-nous avoir de la compassion pour une âme juive qui s'est égarée. Même si cela exige des efforts considérables, nous devons faire tout notre possible pour nous assurer qu'il soit ramené sur le bon chemin.

[ainsi, la mitsva de hachavat avéda va au-delà du retour d'un objet perdu ; elle s'applique même au sauvetage de la vie spirituelle d'un juif. Rempli de joie et d'amour d'autrui, nous devons chercher à atteindre les juifs et à les amener sur le chemin de la Torah et des mitsvot.
(il est à noter que cela peut se faire par notre exemplarité. Si nous envoyons une image positive, agréable, de ce qu'est être un juif, alors autrui (dont nos enfants) vont vouloir suivre cette façon de vie si belle, si pleine de sens dans le bonheur (notre intériorité [âme] étant pleinement respectée et épanouie). ]

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-> Hillel enseigne : "Soyez parmi les disciples d'Aharon : aimez la paix et poursuivez la paix, aimez l'humanité et rapprochez-la de la Torah."
[Pirké Avot 1,12]

-> Tout comme il convient de s'aimer soi-même en étudiant la Torah comme les étudiants d'Aharon, il convient d'aimer l'humanité d'une manière qui la rapprochera de la Torah.
[rav Moché Almosnino - sur Pirké Avot 1,12]

-> "[On doit] aimer l'humanité et l'attirer à la Torah" (Avot déRabbi Nathan)
[...]
Une personne doit s'éveiller pour avoir pitié de telles personnes [qui sont loin d'Hachem], tout comme on le ferait si l'on voyait un indigent nu qui n'a pas de vêtements.
Comment une personne peut-elle penser habiller son âme dans les royaumes supérieurs alors qu'elle est nue en Torah et en mitsvot? [en donnant du spirituel à autrui, on lui permet d'être riche spirituellement dans l'éternité de la vie du monde à Venir]

C'est ce que [nos Sages] déclarent dans le Tana Débé Eliyahou (chap.27) :
[Il est écrit : ] "Quand tu vois un homme nu, habille-le" (Yéchayahou 58,7). A quoi cela fait-il référence?
Si vous voyez une personne qui est dépourvue de connaissances en Torah, amenez-la chez vous et apprenez-lui à lire le Shéma et les prières. Enseignez-lui un verset ou une loi chaque jour et encouragez-la à accomplir des mitsvot, car il est comparé à celui qui est nu.
['Hafets 'Haïm - Ahavat 'Hessed 3,7]

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-> Le rav Aharon Leib Steinman (discours à Lev léA'him - en Nissan 5757 [1997])
"Les juifs du monde entier s'assimilent.
On m'a dit qu'au cours des 50 années qui se sont écoulées depuis l'Holocauste (Shoa), des millions de juifs se sont assimilés avec des non-juifs.
Au lieu qu'Hitler anéantisse le peuple juif, nous nous anéantissons nous-mêmes car des millions de juifs se marient entre eux. Il n'y a pas de plus grande tragédie que celle-ci.
Au moins, ceux qui ont été tués sont morts en martyrs qui ont sanctifié le nom d'Hachem, mais aujourd'hui, la nation juive disparaît ..."