Aux délices de la Torah

Pâtisserie spirituelle depuis 5771 - b'h
 

Tou biChevat = un renouveau spirituel

+ Tou biChevat = un renouveau spirituel :

-> "Il y a 4 jours de 'Roch Hachana ... Le premier Chevat est le nouvel an des arbres selon Beit Chamaï ... Beth Hillel disent : c'est le 15 du mois" [guémara Roch Hachana 2a]

-> "Les Bné Israël sont comparés à un arbre... [plus particulièrement] ceux qui peinent dans [l'étude de] la Torah"
[Zohar - Raya Méhémna - Michpatim 121a]

-> Le 'Hidouché haRim (Likouté HaRim sur Tou biChevat) dit que tous les 'hidouchim qui seront découverts pendant toute l'année descendent du ciel à Tou biChevat.
Une déclaration semblable figure dans Chéélot Outechouvot Erets Tsvi (vol.2 p.345) : "Le nouvel an des arbres concerne principalement les 'hidouché Torah."

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=> Cela est surprenant. Logiquement, l'époque de renouveau des étudiants de la Torah ne devrait-elle pas être la fête de Shavouot, jour où D. juge le monde en ce qui concerne l'étude de la Torah?

-> Comme l'enseigne le Chlah (Massékhèt Chevouot, pérèk nèr mitsva 19) :
"De même qu'à Roch Hachana, Hachem désire examiner et juger les actes de l'homme ... le jour du don de la Torah, qui témoigne de la création du monde, Il désire examiner et juger le monde pour ses actes ... Le monde est jugé ce jour-là en ce qui concerne la Torah et les mitsvot qui furent données en ce jour".

-> Le rav Chakh a dit :
"De même qu'à Roch Hachana, toutes les créatures passent devant D. pour être jugées, à Shavouot, le jour du don de la Torah, un bilan est dressé pour les efforts que nous avons fourni pour la Torah.
C'est en fonction de ces efforts que la cour céleste nous accorde la réussite en Torah pour l'année en cours."

-> De même, selon le rav Yéhouda Zev Segal :
"Shavouot est exactement comme Yom Kippour. C'est le jour de jugement de l'étude de la Torah.
Une personne doit corriger ses défauts de caractère afin que la Torah puisse résider en lui."

-> "Pendant la fête de Shavouot, nous sommes jugés sur les fruits de l’arbre" [guémara Roch Hachana 16a]

Le Chlah haKadoch de commenter :
"Ces fruits-là sont en fait les âmes qui s’envolent de l’arbre de D.
Le monde est jugé en ce jour sur la Torah qui lui a été donné ce même jour et qu’il s’est abstenu d’étudier. [qu’avons-nous fait des capacités et des opportunités de Torah que nous avons pu avoir l’année écoulée?]
[…]
Le jugement auquel D. procède lors de la fête de Shavouot ne concerne pas seulement la Torah elle-même, c’est-à-dire de décider quelle perception de la Torah aura chacun de nous, mais aussi quels seront les moyens qui nous permettrons de l’étudier.
[…]
Cette nuit [de Shavouot] est une occasion pour mériter une bonne vie sans aucun dommage tout au long de l’année qui suit.
Et même si à Roch Hachana, on n’aura pas mérité un jugement particulièrement favorable, mais comme moyen pour étudier la Torah, on pourra alors bénéficier de la vie et de toutes bonnes choses."

-> Nos Sages nous enseignent également que Shavouot est le moment où les hidouché Torah arrivent dans le monde.
Le midrach (voir Vayikra Rabba 22,1) dit que toute idée ou interprétation nouvelle que "chaque érudit est destiné à présenter à son Rav jusqu'à la fin de toutes les générations" fut donnée au peuple juif en même temps que la Torah. Shavouot marque aussi la naissance du peuple juif en tant que nation ; c'est à Shavouot que D. dit : "Ce jour, vous êtes devenus un peuple" (Ki Tavo 27,9) ["notre peuple n'est un peuple que par sa Torah" - rav Saadia Gaon] et "Vous serez pour Moi un trésor parmi toutes les nations ... et vous serez. pour Moi un royaume de prêtres et un peuple saint" (Yitro 19,5-6)?

=> Comment concilier cette notion de renouveau de la Torah avec Tou biChevat et Shavouot?

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-> Tout d'abord, il faut rappeler un principe fondamental enseigné par le Ram'hal (Déré'h Hachem IV,7) : dans le calendrier juif, les diverses époques de l'année sont liées à certaines influences spirituelles qui reviennent chaque année à la même époque. De même, un événement qui se produit à une certaine période de l'année peut créer un impact spirituel qui sera "réactualisé" chaque année.
Dans les mots du Ram'hal : "Chaque fois qu'une rectification a eu lieu dans l'histoire ou qu'une grande lumière a brillé, une lumière semblable brillera à nouveau à chaque anniversaire de cet évènement, et les résultats de cette rectification se renouvelleront à l'intérieur de nous ; ... [par exemple] tel est [le lien entre] la fête de Shavouot et le don de la Torah".

-> Le rav David Hofstedter (Darach David) fait le développement suivant :
Chaque année, à Shavouot, nous revivons l'expérience du don de la Torah où nous avons cueilli les fruits de notre développement spirituel, la germination initiale de ces "graines" se produit de nouveau chaque année à Tou biChevat.
C'est ainsi que Tou biChevat représente, à chaque fois, un nouveau début pour le peuple juif, qui est comparé à un arbre, et jette les fondations du renouveau du peuple juif en tant que nation et de détenteur de la Torah.
Comme le dit le Kedouchat Halévi (Likoutim) : "Tou biChevat est la préparation au don de la Torah".

Dans son commentaire (sur Roch Hachana 14a), Rachi explique que le mois de Chevat est une époque où "la plus grande partie de l'hiver est passée, la sève est montée dans les arbres et les fruits commencent à mûrir".
A Tou biChevat, les fruits de l'arbre commencent tout juste à mûrir mais sont encore durs et amers.
[selon la majorité de nos Sages, le bourgeonnement ('hanata) liée à Tou Bichevat fait référence aux premières étapes de développement d'un fruit. ]
Au cours des mois suivants, ils mûrissent lentement jusqu'à Shavouot où ils dégagent parfum doux et agréable. Ainsi, à Shavouot, époque de la récolte, un processus de développement commencé le 15 Chevat atteint son apogée.

Cela peut éventuellement aussi expliquer cet enseignement du Zohar : "Tou biChevat est une époque de renouveau pour ceux qui étudient la Torah", une époque "d'amertume", condition préalable nécessaire pour atteindre la sagesse de la Torah.
En fait, Tou biChevat est la période où les 'hidouché Torah commencent à "mûrir" et Shavouot marque le moment où ils sont prêts à être "cueillis".
Chaque personne peut vivre sa propre réception de la Torah.
Le Sfat Emet (Shavouot - 5635) dit : "Chaque année, le juif reçoit, lors de cette fête, tout ce qu'il est destiné à comprendre et chaque 'hidouch de Torah qu'il est destiné à découvrir".
Ainsi, notre avoda à Tou biChevat est d'accepter avec amour l'amertume qui précède nécessairement notre acquisition de la connaissance de la Torah. [par exemple, en signe de cet amour, le 15 Chevat, il est interdit de jeûner, nous ne faisons pas ta'hanoun.]
[certes l'étude de la Torah est amère et difficile au début, mais si l'homme persévère, D. éclairera sa voie et il goûtera la douceur de la Torah.]
Shavouot est le moment où nous nous réjouissons de l'aboutissement de ce processus et récoltons des "fruits" mûrs ayant commencé à pousser à Tou biChevat.
[d'ailleurs, tous les Tanaim s'accordent à dire qu'il faut se réjouir physiquement à Shavouot (guémara Pessa'him 68b). Rachi explique : "Il faut se réjouir par de la nourriture et de la boisson, afin de montrer que le jour où la Torah fut donnée est agréable pour les Bné Israël". ]

On trouve une indication à cette idée dans la traduction du Targoum Yonathan : "D. lui montra un arbre" = "ilan marir" (un arbre amer).
Comme nous l'avons expliqué, cela fait allusion à l'amertume qui accompagne le début de l'étude de la Torah, une amertume liée à Tou biChevat, le nouvel an des arbres. Là, les fruits de l'arbre sont encore verts et amers, le processus de mûrissement venant seulement de commencer.
Le lien entre Tou biChevat et Shavouot est évident du fait que Shavouot est une époque de jugement pour les fruits de l'arbre (guémara Roch Hachana 16a) ; à Shavouot, Hachem attribue à chacun sa part des fruits qui se sont développés pendant les mois précédents, et détermine de quelle façon chaque personne recevra cette part.

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-> Le Zohar dit : "Les Bné Israël sont comparés à un arbre ... et sont appelés un grand arbre solide, [renfermant] de la nourriture pour tous'. ... Même les anges ne sont nourris que par le mérite des Bné Israël, car si les Bné Israël ne s'investissaient pas dans l'étude de la Torah, [les anges] ne recevraient pas de nourriture ... De même, la Torah est comparée à l'eau ... et l'eau [la pluie] ne descendrait pas d'en haut ... pour faire murir les fruits si ce n'est pour les Bné Israël."
[le sens de ce passage est que : le peuple juif est comparé à un arbre, et les arbres produisent leurs fruits par le mérite des Bné Israël. De même qu'un arbre produit des fruits pour nourrir le monde, les juifs qui étudient la Torah nourrissent le monde. Et de même qu'un arbre produit des fruits lorsque la terre dans laquelle il est planté est arrosée, ceux qui étudient la Torah puisent leur force de la Torah, qui est comparée à l'eau (guémara Bava Kama 17a)]

Sur cette base, nous pouvons comprendre que, de même que le 15 Chevat est une période de développement et de renouveau pour les arbres, c'est un moment de développement et de renouveau pour le peuple juif, parce qu'il fait mûrir les fruits de l'arbre ; comme le Zohar l'indique, c'est par le mérite du peuple juif que la pluie tombe.
Les Bné Israël étant eux-mêmes comparés aux arbres, ToubBiChevat est un moment de renouveau particulier pour ceux qui étudient la Torah car ils sont considérés comme ressemblant le plus aux arbres. Leur Torah fait venir la bénédiction divine sur le monde.

L’arbre – un symbole de la spiritualité

+ L'arbre - un symbole de la spiritualité :

-> Abarbanel (Yé'hezkel 41,22) dit que le mot hébreu désignant l'arbre (ets) provient du terme étsa, qui veut dire conseil.

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-> Le Zohar (Béchala'h, 60a) enseigne : " 'Hachem lui montra un arbre' (Béchala'h 15,25) = il n'est d'arbre que la Torah, comme le dit le verset (Michlé 3,18) : 'C'est un arbre de vie pour ceux qui s'y attachent... Rabbi Abba dit : Il n'est d'arbre que Hachem comme il est dit (Choftim 20,19) : 'Car adam [l'homme] est un arbre du champ'. "'

-> Ce qui caractérise l'arbre, semble-t-il, c'est qu'il possède un "néfech", une force de vie, qui lui donne la capacité de croître.
Sur le verset : "Que la terre fasse pousser de l'herbe" (Béréchit 1,11), le Ramban commente : "[D.] décréta que la terre aurait le pouvoir de faire pousser les choses ... qu'une force qui cause la pousse de la plante émane de la terre. C'est de cette force que tous les divers éléments sont venus à l'existence, et les végétaux et les arbres se développèrent à partir d'eux au Gan Eden, et de ces [mêmes éléments ils poussèrent] dans le [reste du] monde. Tel est le sens du midrach (Béréchit rabba 10,6) : ... 'Il n'est pas de brin d'herbe en bas qui ne possède au ciel un mazal [c'est-à-dire un mala'h, un ange] qui le frappe et lui dise de pousser'."

De plus, l'arbre est la représentation symbolique du processus de transformation d'une force inanimée, physique, en une force vivante liée à la spiritualité. Un arbre pousse lorsque la terre et l'eau, des entités physiques, se mêlent et deviennent les forces qui causent la pousse de l'arbre.
La terre est la partie la plus basse, la plus physique, de la création, visée par la malédiction proférée contre le serpent originel : "Tu mangeras de la terre tous les jours de ta vie" (Béréchit 3,14). La terre joue pourtant aussi un rôle dans la production des arbres, et les arbres peuvent porter des fruits, qui sont parfois utilisés comme offrandes sur l'autel (c'est-à-dire l'huile et le vin) ou offerts à D. en tant que bikourim.
Bien que ces caractéristiques soient partagées par toutes les formes de la vie végétale, l'arbre est le plus important du règne végétal ; c'est pourquoi il fut choisi comme symbole pour désigner l'homme.
[Darach David]

[selon le Rabbi de Loubavitch, le végétal et le minéral contiennent beaucoup plus d'étincelles de vie, de spiritualité, que l'animal. Ainsi, en fêtant Tou biChevat nous nous rappelons, qu'en les consommant avec bénédictions, on peut faire sortir d'eux de la vie spirituelle. (ainsi, l'homme est comparé à un arbre, car de même par ses actions dans la matérialité, ils peuvent extraire de la vie/spiritualité. [c'est un sens de : un arbre de vie/vivant]) ]

-> Cette transformation d'une force physique inanimée en une puissance spirituelle n'est pas un aspect accidentel du fonctionnement du monde mais une composante essentielle de l'ordre du monde, comme l'enseigne le Ram'hal (Messilat Yecharim -chap. 1) :
"Le monde fut créé pour que l'homme l'utilise ... et s'il ... utilise le monde seulement pour l'aider dans son service de son Créateur, il s'élèvera et le monde lui-même s'élèvera avec lui ... A propos de ce principe fondamental, nos Sages nous mettent en garde (midrach Kohélet rabba 7,13) : Lorsque Hachem créa Adam, Il le prit, lui montra tous les arbres du Gan Eden et lui dit : Vois comme Mon œuvre est belle et louable ... Prends garde à ne pas abimer ou détruire Mon monde."

[Hachem montra à Adam tous les arbres du gan Eden, l'arbre étant utilisé comme un symbole du potentiel d'élévation spirituelle de l'homme dans le monde physique. ]

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-> Le Chem miChemouel (sur Tou biChevat) explique pourquoi Tou biChevat est considéré comme une occasion joyeuse (ex: on n'y récite pas de ta'hanoun) et qui marque le "Roch Hachana" de la Torah en particulier et du service spirituel de l'homme en général.
L'arbre relie la terre (le monde physique) à son fruit (la force spirituelle qui nourrit l'homme et les autres créatures vivantes).
"L'homme est un arbre du champ" (Choftim 20,19) peut être interprété ainsi : la nature de l'homme, comme celle de l'arbre, consiste à être le lien entre le spirituel (sa néchama), et le physique (son corps).

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[à l'image d'une graine, d'une plante qui semble de décomposer/mourir, pour à partir de Tou biChevat mieux se développer et devenir une sublime plante, de même un juif semble mourir à la fin de sa vie dans ce monde, mais on doit être persuadé qu'il y a une résurrection des morts.
Nous devons avoir cela en tête pour que nos actions soient plus spirituelles, et également pour avoir un meilleur moral (pourquoi ce prendre la tête/souffrie, car on est que de passage dans ce monde, l'essentiel étant l'éternité de notre monde à venir où nous récolterons ce que nous aurons semé dans ce monde). ]

Se souvenir de la sortie d’Egypte

+++ Se souvenir de la sortie d’Egypte = comment se rappeler et intégrer la foi dans la providence individuelle :

"Souviens-toi de ce jour où tu es sorti d'Egypte" (Bo 13,3)

-> Le Téchouat 'Hen (paracha Vaéra) enseigne :
"L'exil de l'Egypte était le fait qu'ils croyaient au hasard. Car Pharaon, souverain absolu, niait que le monde fût dirigé par une providence individuelle, suivant le droit et la justice, mais prétendait qu'il était conduit par les lois de la nature.
Or, les Bné Israël étant soumis à sa souveraineté, furent abreuvés par cette vision des choses. Et, à dire vrai, nous ne nous sommes toujours pas entièrement purifiés de cette souillure, et ce yétser ara danse encore parmi nous, et instille dans notre cœur des pensées qui nous incitent à croire au hasard.
C'est afin de sortir de cette confusion que nous sommes tenus de mentionner quotidiennement la sortie d'Egypte et d'enraciner en nous la émouna absolue que tout provient d’Hachem.
Un homme ne peut recevoir ne serait-ce que le moindre coup sur son doigt dans ce monde sans que ce ne soit décrété auparavant dans le Ciel.
C’est Hachem qui dirige les pas de l'homme selon une intention Divine qui nous échappe".

-> Rabbi Ména'hem Mendel de Vitebsk (Pri haArets - paracha Bo) explique pourquoi Hachem appesantit le cœur de Pharaon et de ses serviteurs pour ensuite les punir :
"Tout avait pour but que les Bné Israël parlent des prodiges d'Hachem et qu'ils sachent qu'Il est le vrai D., qu'il n'y en a pas d'autre que Lui, et que le monde est dirigé par une providence individuelle et minutieusement calculée.
Et en vérité, le cœur des réchaïm est loin de concevoir une telle providence, à savoir que l’homme ne peut recevoir le moindre petit coup, un brin d'herbe ne peut sécher ou être déraciné, une pierre ne peut être projetée, si ce n'est en temps et en lieu voulus par Lui.
Tous les mouvements, grands ou petits, depuis le "timtsoum" originel jusqu'à ceux des créatures les plus basses de ce monde, sont le fait d'Hachem, selon Sa Sagesse infinie, pour la gloire de Son Nom, et ont pour but que se dévoilent Sa Divinité, Sa Sagesse et Sa manière de diriger le monde."

[le ''timtsoum'' est un concept kabbalistique selon lequel, lors de la création, D. ''contracta'' sa présence pour permettre au monde d'exister.]

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-> "Et à partir des grands et célèbres miracles (comme ceux de la sortie d'Egypte et de la mer Rouge, au cours desquels Hachem bouleversa les lois naturelles des cieux et de la terre), l'homme reconnaît les miracles cachés qui constituent le fondement de toute la Torah. Car l'homme n'a pas de part dans la Torah de Moché Rabbénou tant qu'il ne croit pas que tout ce qui nous concerne et tout ce qui nous arrive sont des miracles et non le fruit de la nature ni l’ordre naturel du monde."
[Rambam - fin paracha Bo]

Adoucir l’amertume de notre vie

+++ Adoucir l'amertume de notre vie :

"Ils arrivèrent à Mara et ne purent boire les eaux de Mara car elles étaient amères, c'est pourquoi on l'appela du nom de Mara ... il (Moché) cria vers Hachem et Hachem lui montra un bois qu’il jeta dans l’eau et les eaux devinrent douces" (Béchala'h 15,23-25)

-> Le rav Elimélé'h Biderman enseigne :
L’étape de Mara, qui fut l’une des 42 étapes des Bné Israël dans le désert, représente un enseignement pour nombre de nos frères juifs, qui eux aussi, parviennent à une étape de l’existence nommée Mara (l’amertume), à D. ne plaise. [parfois, ce qui ne devait être qu’une étape se prolonge durant une très longue période. ]
Ils ont alors le sentiment de se noyer dans ces eaux sans pouvoir en supporter l’amertume, et il leur semble qu’Hachem les a définitivement abandonnés (si l’on peut dire).
Où peuvent-ils alors puiser une source d’encouragement?

En prenant exemple sur ce qui arriva à nos pères durant cette épreuve : "Hachem lui montra un bois qu’il jeta dans l’eau et les eaux devinrent douces" = ils dévoilèrent alors que ces eaux étaient douces, mais que leur douceur était dissimulée jusqu’à ce qu’Hachem la leur fasse découvrir.
Il en est de même pour chacun d’entre nous : le Maître du monde est à l’origine de tout ce qui arrive, et dirige nos pas à chaque instant afin de finalement nous prodiguer du bien.
Seulement, pour l’heure, ce bienfait demeure caché jusqu’au jour où il se dévoilera au grand jour.

Dès qu’un homme intériorise cette vérité, il ne ressent déjà plus autant l’amertume de ses épreuves, et sur le champ, les eaux amères s’adoucissent.

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-> "La fin d’une chose est préférable à son début, la patience est meilleure que l’emportement" (Kohélét 7,8)

Le Maguid de Zlozitch (dans son Amta’hat Binyamin) s’interroge sur ce verset : apparemment, les 2 sujets évoqués sont sans rapport.
Il écrit que néanmoins, on peut l’appliquer de la manière suivante : il est parfaitement insensé de se plaindre au moment où une épreuve survient, car il est très possible que celle-ci soit destinée à expier les fautes commises et il est préférable qu’un homme souffre dans ce monde plutôt que de recevoir un châtiment dans le monde futur.
De plus, il est possible que de ce malheur germe un immense bienfait, comme on le voit dans la vente de Yossef : au moment où il fut vendu, il pouvait certes sembler qu’il n’y avait pas de plus grand malheur que celui-ci, alors qu’en réalité, il fut envoyé en Egypte pour sauver la vie de sa famille. Et s’il n’y était pas descendu, il n’aurait pas accédé au poste de vice-roi et n’aurait pas été en mesure de nourrir son père et ses frères durant les années de famine. En outre, il en découla un bénéfice spirituel immense, comme le rapporte le midrach (Vayikra rabba 32,5) : "Yossef descendit en Egypte et se garda de la débauche. Par son mérite, les Bné Israël se gardèrent de la débauche."

Dès lors, un homme doit accepter tout ce qui lui arrive avec joie.
Et c’est ce qu’exprime le verset : "La fin d’une chose est préférable à son début", car le bienfait qui se révèle à la fin est déjà contenu dans le commencement.
Pour cette raison, le verset continue en disant : "la patience est meilleure que l’emportement" : il est préférable d’attendre patiemment le dénouement d’une épreuve sans se plaindre plutôt que de se laisser emporter par la colère du moment.

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-> b'h, également sur ce verset (Béchala'h - 15,23) : https://todahm.com/2015/02/16/2767-2

Hachem apprécie notre émouna

+++ Hachem apprécie notre émouna :

"Et les Egyptiens sauront que Je suis Hachem" (Béchala'h 14,4)

=> ces égyptiens dont il est question sont sur le point d’être noyés dans la mer. Dès lors, que signifie "les Egyptiens sauront"?

Le Ibn Ezra répond qu'il s’agit de ceux qui restèrent en Egypte, mais aussi de ceux qui se trouvèrent dans la mer avant de mourir, eux aussi "sauront que Je suis Hachem", dans les courts instants avant leur mort.
Nous voyons à quel point le Créateur bouleversa toutes les lois de la nature, tout cela afin d’intégrer la émouna dans le coeur de ces réchaïm avérés, ne fût-ce qu’un seul instant.

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-> "La valeur de la émouna n’a pas de limite : un seul instant de émouna dans ce monde a une importance incommensurable aux yeux d’Hachem et Lui est très cher."
[rabbi Ména’hem Mendel de Riminov]

[on voit à quel point Hachem a modifié les lois de la nature pour quelques secondes de émouna de la part de réchaïm (les égyptiens) qui avaient torturé Ses enfants adorés (les juifs).
Alors à combien plus forte raison, Hachem est impatient et prend un énorme plaisir lorsque nous Lui témoignons de la émouna. ]

Le talmud Yérouchalmi et Bavli = les premières et secondes Lou’hot

+ Le talmud Yérouchalmi et Bavli = les premières et secondes Lou'hot :

-> Le rav Yaakov Emden (Zaharei Yaavets - p.123) écrit que le niveau élevé du Talmud de Jérusalem (Yerouchalmi) et l’incroyable lumière qui en ressort ont motivé ses éditeurs à le présenter dans un langage difficile qui empêche le public d’en comprendre les profondeurs.
Le langage du Talmud Bavli est clair et accessible, contrairement à celui du Yérouchalmi, plutôt étrange et presque incompréhensible.
La raison de cette différence est que le Yérouchalmi serait "impénétrable" pour les nations et que les réchaïm n’auraient pas accès à ses richesses. Il ne fait aucun doute que cela fut fait intentionnellement, avec une grande sagesse, comme toutes les décisions prises par nos Sages.

-> Le Nétsiv (Haémek Davar - Ki Tissa 34,1) délimite les distinctions entre le Bavli et le Yérouchalmi.
Il assimile ce dernier aux 1eres Lou’hot (Tables de la Loi), qui nous ont été donnés avant que nous ne fautions avec le Veau d'or.
La sainteté des 1eres Tables était plus grande que celle des secondes. Si les 1ères Tables n’avaient pas été brisées, il aurait été [relativement] facile d’arriver à des décisions finales par des moyens logiques et des comparaisons. Cependant, une fois que nous avons péché, nous avons eu besoin de plus d’efforts et d’une analyse plus poussée. Pour cela, les secondes Lou’hot étaient préférables.

Cette dichotomie est similaire à celle des 2 Talmud. La sainteté du Yérouchalmi est plus grande que celle du Bavli en ce sens que les Amoraïm [qui l'ont compilé] étaient antérieurs (voir guémara Shabbath 134b), ce qui les a d’autant plus rapprochés de la vérité.
[le 'Hida (Midbar Kedmot - 2) écrit que les générations précédentes étaient composées d’âmes plus élevées qui étaient capables de sonder les profondeurs sans effort ni débat énormes.]
De plus, le fait que le Talmud de Jérusalem ait été compilé dans la sainte terre d'Israël (et non à Bavél) a élevé ce Talmud au niveau des 1eres Lou’hot.

Hachem nous dit que les malédictions viennent sur le peuple juif : "parce que tu n'auras pas servi Hachem, ton D., avec joie et contentement de cœur" (Ki Tavo 28,47).

-> Le 'Hidouché haRim dit que si nous recevons de terribles malédictions pour ne pas servir Hachem avec joie, il est évident que nous recevons également d'immenses bénédiction et de bonté si nous servons Hachem avec joie.

Il ajoute que si nous sommes joyeux, nous apprendrons avec joie et nous "vivrons avec la Torah et mitsvot d'Hachem", et cela nous procure bénédictions et une grande lumière céleste.

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->"La principale avoda devrait être le fait d'être joyeux, car en vérité, il n'y a pas de tristesse dans le monde pour celui qui reconnaît la grande lumière de la Vérité."
['Hazon Ich - dans ses Igrot - 'helek 1 mikhtav 36]

-> "Renforce ton apprentissage et fais en sorte que ton cœur soit joyeux à tout moment, car par la joie, une grande abondance de sagesse descend d'en haut."
['Hazon Ich - dans ses Igrot - 'helek 2 mikhtav 9]

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+ La joie sauve de la souffrance :

-> "Tu es pour moi un abri, tu me protèges contre l’adversité, tu m’environnes toujours de chants de délivrance" (ata sétér li, mitsar titsréni, roné falét téssovévéni - Téhilim 32,7)

Le Saraf de Magalintsa explique que lorsque Hachem voit une personne qui est triste, Il lui envoie de la souffrance, puis lui enlève cette souffrance.
Lorsque la personne est libérée de sa douleur, elle devient pleine de joie. Bien qu'elle ne soit pas mieux qu'avant, elle est heureuse car il ne souffre plus.

Il explique le verset de Téhilim pour signifier que le roi David disait à Hachem : "Tu es pour moi un abri, tu me protèges contre l’adversité" = tu n'as pas à m'envoyer une souffrance et à la retirer ensuite pour que je sois dans la joie.

"Tu m’environnes toujours de chants de délivrance" = le roi David dit qu'il est toujours joyeux même sans souffrir car il chante à Hachem et ressent Sa délivrance à tout moment.
Il dit : "Je suis toujours dans la joie, et quelqu'un qui est toujours joyeux n'a pas besoin qu'on lui envoie une quelconque forme de souffrance."

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-> De même, le rav Méïr de Prémichlan enseigne que lorsqu'une personne est satisfaite de ce qu'elle a et ne désire rien d'autre, elle sera joyeuse. Elle n'aura pas besoin d'avoir une quelconque forme de souffrance qui doit lui être retirée pour qu'elle puisse voir qu'elle aurait dû être heureuse depuis le début.
Mais si quelqu'un est triste/malheureux de son sort, Hachem doit le mettre dans une situation inconfortable et ensuite lui supprimer la cause de son inconfort pour qu'elle en arrive à ressentir qu'elle aurait dû être joyeuse de son sort depuis le début.
[ainsi se travailler à toujours être dans la joie, nous évite bien des souffrances! ]

"Hachem détourna le peuple par le chemin du désert, en direction de la Mer Rouge, et les Bné Israël montèrent armés du pays d'Egypte" (Béchala'h 13,18)

-> Le Divré Yisroel note que les lettres du mot "vé'hamouchim" (armé - וַחֲמֻשִׁים), peuvent être réarrangées pour s'écrire "vésamé'him" (et ils étaient joyeux - ושמחים).
[quelle était l'arme des juifs à la sortie d'Egypte? leur joie! ]
Cela fait allusion au fait qu'une personne peut mettre de côté tous ses problèmes grâce au pouvoir de la joie, tout comme les juifs ont quitté l'Égypte avec joie.

Si c'est le cas, pourquoi le verset dit "vé'hamouchim", plutôt que de dire explicitement "vésamé'him"?

C'est parce que le mot " 'hamouchim" fait également allusion au fait qu'ils avaient quitté les 50 niveaux ('hamichim) d'impureté. Ainsi, ils étaient joyeux parce qu'ils quittaient ce lieu d'impureté, et non pas à cause de la quantité considérable d'or et d'argent qu'ils avaient acquis des des égyptiens.

[Plus nous faisons la volonté d'Hachem (nous agissons alors en accord avec notre intériorité [âme]), plus nous nous purifions, plus nous nous rapprochons de Lui, et alors plus nous avons de joie.
Car il n'y a pas de joie plus parfaite que celle d'être à proximité de papa Hachem! ]

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-> Le Maguid de Zlotchov disait qu'on peut avoir toutes les raisons d'être tristes, de pleurer, lorsque nous sommes dépendants d'un ou des être(s) humain(s). Mais nous avons toutes les raisons d'être joyeux lorsque nous sommes dépendants [et confiants] uniquement en Hachem [qui est au-dessus de tout et qui peut tout].
[ainsi lorsque les Bné Israël ont quitté l'Egypte, ils étaient armés ('hamouchim) de l'idée qu'en toute situation ils pourraient compter sur leur papa Hachem, et c'est la meilleure arme qui existe! Cela se manifestait par leur joie (sémé'him).]

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-> b'h, également sur ce verset : https://todahm.com/2018/01/01/5998-2

"Israël vit la grande main que Hachem avait déployée contre l'Egypte et le peuple révéra Hachem, ils eurent foi en Hachem" (Béchala'h 14,31)

-> Le Séfer Likouté Yéhouda cite son grand-père, le 'Hidouché haRim, qui explique que le verset nous enseigne que même si le peuple juif a vu tous les incroyables miracles avec leurs yeux, ils avaient encore besoin d'avoir la émouna.
[la définition de la émouna est de croire en quelque chose même si on ne l'a jamais vu]
C'est parce que l'on peut atteindre un plus grand niveau de compréhension la grandeur d'Hachem à travers émouna qu'en voyant les choses avec ses seuls yeux.

-> Le Beit Israël rapporte que quelqu'un a dit un jour au rabbi Mendel de Kotsk à propos d'une certaine personne qui était capable de voir le Ouchpizin dans sa Soucca. Le Rabbi Kotsk répondit : "Je ne les vois pas. Mais j'ai la émuna qu'ils qu'ils sont là. Et la émouna est un niveau plus élevé que la vue!"

Le Beit Israël conclut en disant que c'est l'explication de notre verset.
Il parle d'abord des gens simples et dit qu'ils ont vu la grande main d'Hachem. Ils ont vu tous les miracles grandioses de leurs leurs yeux, et n'auraient pas cru en Hachem s'ils ne les ne les avaient pas vus.
Cependant, les gens plus élevés spirituellement du peuple avaient la émouna même sans les voir. En ce qui les concerne, il est dit qu'ils ont cru en Hachem. Ils n'ont pas regardé autour d'eux pour voir quoi que ce soit. Ils croyaient simplement en Hachem sans avoir besoin de voir.

-> Le soir de Pessa'h, le Noda biYéhouda se levait et escortait Eliyahou haNavi dans les l'escalier extérieur.
Il disait, "Je ne vois pas vraiment voir Eliyahou haNavi dans ma maison. Mais je crois complètement qu'il va dans chaque maison juive juive la nuit de Pessa'h. Puisque je sais qu'il est ici, je l'escorte hors de la maison."

Le 'Hidouché haRim commentait cela : "Une telle émouna est plus grande que de voir Eliyahu Hanavi!"

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+ Celui qui fait confiance à Hachem reçoit tout ce qu'il désire :

-> Le rabbi Lévi Its'hak de Berditchev (dans son Kédouchat Lévi - Béchala'h) écrit longuement sur le pouvoir de la émouna et du bita'hon et comment la croyance et la confiance en Hachem fournissent une personne d'une abondance de parnassa.

Il dit ce qui suit :
La voie d'Hachem est de fournir de la bonté à Ses créations. Cependant, il existe 2 types de bonté. Certaines bonnes choses viennent d'en haut, alors que d'autres viennent aussi de ce monde.
En d'autres termes, certaines mots, certaines bonnes choses sont simplement envoyées par Hachem depuis en haut, tandis que d'autres sont créées par les gens qui font de bonnes actions et augmentent ainsi l'amour et la compassion d'Hachem.

Cela ressort du verset : "Hachem est mon ombre" (Téhilim 125,5).
Le Baal Chem Tov explique que tout comme une l'ombre imite tout ce qu'une personne fait, de même Hachem "copie" tout ce qu'une personne fait dans ce monde. Si la personne agit avec gentillesse et compassion envers les autres, Hachem agira de la même manière envers elle.
Comme le disent nos Sages (Shabbat 151b) : "Quiconque fait preuve de miséricorde envers les gens, aura sur lui la miséricorde de la part du Ciel."
Ainsi, quelle que soit la manière dont une personne aide les autres et fait le bien dans ce monde, elle sera traitée en conséquence par Hachem.

Le rabbi de Berditchev conclut :
Par conséquent, si une personne fait confiance en Hachem et a la foi qu'Il lui fournira tout ce dont il a besoin, Hachem le traitera en conséquence et Il lui enverra tout ce qu'il demande.
Mais si une personne manque de foi et s'inquiète de son gagne-pain, alors il perdra une partie de ses moyens de subsistance.
Loué soit l'homme qui a confiance en Hachem. Hachem fournira la parnassa pour cette personne au mérite de sa confiance.

"Ils dirent à Moché : "N'y a-t-il pas de tombeaux en Egypte que tu nous aies emmenés pour mourir dans le désert? Que nous as-tu fait là, de nous sortir d'Egypte?" (Béchala'h 14,11)

-> Le Séfer Likouté Yéhouda cite son grand-père, le 'Hidouché haRim comme demandant : comment le peuple juif pouvait-il se plaindre à Moché et prétendre qu'il les a emmenés mourir dans le désert. N'avaient-ils pas été témoins de nombreux miracles pendant la sortie d'Egypte? Pourquoi auraient-ils pensé qu'ils allaient tous mourir?

Le 'Hidouché haRim répond que le peuple juif en Égypte avait sombré au 49e niveau d'impureté.
Ils se sont échappés d'Egypte afin de s'élever de l'impureté à la sainteté. Cependant, ils ont alors vu les égyptiens les pourchasser après eux.
Cela signifie qu'ils ont vu l'impureté d'Egypte à leur poursuite. Ils ont réalisé qu'ils étaient toujours affectés par cette impureté et n'avaient pas réussi à s'en débarrasser.
C'est de cela qu'ils se se plaignaient. Ils demandaient comment le fait de quitter l'Égypte leur avait été bénéfique s'ils étaient toujours aussi impurs qu'avant.

Moché a répondu (v.14,13) en leur disant de rester fermes et de de voir le salut d'Hachem.
Il disait que le fait même fait qu'ils reconnaissent leur faible niveau spirituel conduirait au salut d'Hachem.
Avant de de quitter l'Egypte, ils ne savaient même pas qu'ils étaient enfoncés dans l'impureté. Ainsi, le fait qu'ils comprenaient maintenant qu'ils étaient impurs et devaient s'améliorer était un signe que le salut avait commencé.

=> Lorsqu'une personne reconnaît son faible niveau spirituel, elle est déjà sur le chemin de l'amélioration.
[lorsque l'on prend conscience de ce qui ne va pas en nous, plutôt que de désespérer, on doit se réjouir d'être arriver à ce niveau de conscience, et ensuite tout en faisant de notre mieux, on est certain que Hachem nous libérera de cet "Egypte" personnel.
(en effet puisqu'on a fait de nous même un premier pas en avant pour nous purifier [cette prise de conscience de notre réalité], Hachem peut alors nous aider à avancer davantage en ce sens). ]