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Méguilat Esther (suite) – Le saviez-vous?

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6°/ Guéoula & rapporter l'auteur d'une parole :

-> "Celui qui rapporte une parole au nom de celui qui l'a dite apporte la rédemption au monde, comme il est dit : 'Et Esther dit au roi au nom de Mordé'haï'(Esther 2,22)." [guémara Méguila 15a]

=> Le système de la Providence Divine suit toujours un modèle de "mesure pour mesure". Si c'est le cas, quel est le lien qui fait d'une personne possédant cette qualité particulière un présage approprié pour la rédemption (guéoula)?

-> Le Maharal (cité dans Maayané ha'Haïm vol.3) explique que lorsque Hachem apporte la guéoula, il souhaite faire savoir qu'il est la source du salut.
Une personne qui s'attribue le mérite de la déclaration intelligente d'un autre n'aura aucune réserve à s'attribuer le mérite du miracle d'Hachem, et attribuera plutôt la délivrance à sa propre perspicacité et à son talent.
Une personne qui attribue le mérite à qui de droit dans ses relations avec ses semblables fera certainement de même pour Hachem et est donc digne de devenir un conduit pour la délivrance d'Hachem.

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7°/ Se revêtir de cilice et de cendres :

-> Lorsque Yaakov fut informé de la disparition de Yossef, il se revêtit d'un cilice et de cendres.
Le midrach (Béréchit 84,20) raconte que, puisque Yaakov portait un cilice à ce moment-là, il fut décrété que ses descendants porteraient un cilice à l'époque de Mordé'haï, comme il est écrit : "Et [Mordekhaï] se revêtit d'un cilice et de cendres" (Esther 4,1).
=> Qu'est-ce que Yaakov a fait de mal pour que ses descendants soient punis de la sorte?

-> Le 'Hasam Sofer (drachot 'Hatam Sofer p.185a-b) répond que Yaakov a accepté avec joie toutes les nombreuses tragédies qui lui sont arrivées dans sa vie.
Ce n'est que lorsqu'il a cru que Yossef avait été tué, ce qu'il a pris comme un présage qu'il avait perdu sa part dans le monde à venir, qu'il a finalement succombé au chagrin et au désespoir.
Le manque de foi momentané de Yaakov a été transmis à ses descendants, qui ont eux aussi affronté une lutte de la même nature.

Le 'Hasam Sofer dit : "La vérité est que l'acceptation [de la souffrance] avec sérénité accomplit plus que de nombreuses prières".
Esther a compris ce principe et c'est pour cette raison qu'elle a invité Haman au festin, pour démontrer sa joie et sa confiance en Hachem que son salut était imminent.
C'est également la raison pour laquelle nos Sages ne se sont pas contentés d'exiger la lecture de la Méguila à Pourim, mais ont également institué la réjouissance avec un repas de fête.
Le joyeux festin de Pourim démontre que la prière et les supplications sont loin d'être aussi efficaces que le fait de se réjouir en Hachem et de compter avec confiance sur Sa rédemption.

[ainsi Pourim est un moment de l'année où l'on doit renforcer en nous l'idée que dans nos difficultés de la vie, la meilleure réaction est d'être dans la joie de la confiance en Hachem, car comme l'affirme le 'Hatam Sofer : "cela accomplit plus que de nombreuses prières". ]

-> Le Téhilim 22 regorge d'allusions prophétiques à Esther et à la rédemption qu'elle a opérée (guémara Méguila 15b ; Yoma 29a).
Le 'Hatam Sofer explique de nombreux versets de ce Téhilim en accord avec le thème susmentionné :
"Mon D., mon D., pourquoi m'as-tu abandonné? Tu es loin de me sauver, des paroles de mon rugissement" (v.2) = cela veut dire que tant que je rugis d'angoisse, Tu t'éloignes encore plus de me sauver.
"Ô mon D.! Je crie le jour, mais Tu ne réponds pas ; et la nuit, mais il n'y a pas de répit pour moi" (v.3) = c'était le trait de caractère de Yaakov lorsqu'il portait le cilice et ne respectait pas le dicton : "Je te remercie, Hachem, car tu m'as affligé", ne louant pas Hachem lorsque les épreuves s'abattaient sur lui.
Hachem ne souhaite pas cette approche, mais plutôt : "Et Tu es le Saint, trônant sur les louanges d'Israël" (v.4) = Hachem désire et attend qu'Israël Lui offre des louanges, même pendant ses périodes de difficultés.
Le résultat de cette approche est le suivant : "En toi nos pères se sont confiés, ils se sont confiés et tu les as délivrés" (v.5).

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8°/ Malédiction conditionnelle :

La guémara (Makot 11a) affirme que la malédiction d'un Sage, même si elle est sans fondement, c'est-à-dire basée sur une prémisse erronée, elle se réalise néanmoins et affecte l'objet de la malédiction.

=> Si tel est le cas, comment Esther a-t-elle été épargnée que ne prenne effet la malédiction de Mordé'haï : "Car si tu persistes à garder le silence dans un moment pareil, le secours et la délivrance viendront aux juifs d'un autre endroit, tandis que toi et la maison de ton père périront" (Esther 4,14)?

-> Le rav 'Haïm Kanievsky (Sia'h 'Hanouka ouPourim) commente que la malédiction d'un sage a le statut d'un décret (guézéra). Cependant, même un décret céleste peut être aboli par la prière.
Comme Esther a imploré Hachem pour que la malédiction de Mordé'haï ne se matérialise pas, ses prières ont été acceptées.
Nous devons donc conclure que dans les cas de Yéhouda et d'Eli haCohen, desquels nos Sages déduisent le principe selon lequel même la malédiction conditionnelle d'un sage est accomplie, les destinataires de la malédiction ont cru à tort qu'il était inutile de prier puisqu'ils avaient rempli les termes de la condition du sage.

-> Le rav 'Haïm Kanievsky y donne une autre explication :
Une malédiction conditionnelle ne prend effet que si elle a été dite avec sérieux. Mais si on a prononcé une malédiction avec l'intention spécifique qu'elle soit nulle et non avenue, la malédiction ne prend pas effet.
Comme Mordé'haï aimait tendrement Esther, son exhortation fortement formulée était conçue comme une exagération, et sa seule intention était de réussir à la persuader d'entreprendre la difficile mission de se présenter devant le roi à l'improviste.

-> La manière dont opère une malédiction est qu'elle suscite des accusateurs célestes qui exigent que le bénéficiaire de la malédiction soit jugé avec une stricte justice.
Le Alchikh haKadoch écrit que lorsqu'une personne accomplit une mitsva, le membre associé à cette mitsva particulière atteint la perfection. Lorsqu'une personne sert Hachem avec sacrifice total de soi (messirat néfech), son corps entier atteint la perfection.
Mordé'haï a réalisé qu'en raison de la messirat néfech d'Esther, qui s'est rendue à l'improviste chez le roi A'hachvéroch, elle atteindrait une telle perfection spirituelle qu'aucun mal ne lui arriverait.
['Hida - Dévarim A'hadim]

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9°/ 3 jours de jeûne :

=> D'où Esther a-t-elle eu l'idée de demander qu'elle et les juifs jeûnent pendant 3 jours afin de vaincre Haman?

1- Le Rokéa'h (Esther 4,16) écrit qu'Esther décida d'un jeûne de 3 jours afin de se repentir des 3 péchés capitaux que les juifs de Shoushan avaient transgressé :
- l'adoration des idoles = les juifs de Shushan ont transgressé le péché d'adoration des idoles en se prosternant devant Haman ;
- l'immoralité = A'hachvéroch a fait venir des prostituées au festin pour tenter les juifs de pécher, et beaucoup ont succombé. [Méguilat Setarim - Esther 8,16]
- le sang versé = Hasach (que les Sages identifient comme Daniel) était un courtisan du palais d'A'hachvéroch et il relayait les messages entre Mordé'haï et Esther concernant le décret d'Haman. Cela a éveillé les soupçons d'Haman qui a fait tuer Hasach. [Pirké déRabbi Eliézer - chap.49]
Le décret d'Haman étant le résultat des fautes des juifs, ceux-ci sont considérés comme partiellement responsables de la mort de Daniel.

Le Rokéa'h y commente également qu'Esther souhaitait jeûner pendant 3 jours afin d'expier 3 péchés qu'elle avait personnellement commis :
- L'immoralité = en raison de son mariage avec A'hachvéroch.
- L'effusion de sang = être indirectement responsable de la mort d'Hasach.
- Manger de la nourriture non cachère au palais d'A'hachvéroch (guémara Méguila 13a).

2- De son côté, le Panéa'h Raza (Ekev 8,3) commente qu'Esther a vu une allusion à la déclaration d'un jeûne de 3 jours dans le verset suivant : "Il vous a affligés et vous a laissés affamés, puis il vous a nourris de la manne" (Ekev 8,3). Le mot "manne" s'écrit הַמָּן, qui sont les mêmes lettres que "Haman".
"Il vous a affligé" fait allusion à un jour de jeûne, "et vous a laissés affamés" suggère un 2e jour de jeûne. Le troisième jour de jeûne, Hachem "nourrira Haman" entre tes mains.

[le rav Binyamin Wurzburger dit : on pourrait peut-être aussi comprendre cela à un niveau plus profond : Hachem a donné la faim aux juifs dans le désert afin qu'ils reconnaissent qu'Il les nourrit de manière miraculeuse (Hachem aurait pu faire qu'ils n'aient pas besoin de manger). De même, en reconnaissant qu'Hachem contrôle en fin de compte le destin d'Israël, ce qui est le résultat du jeûne et du repentir pendant les jours d'Haman, ils ont mérité de "consommer" Haman (les 2 mots s'écrivant : המן).]

3- Rabbi Tsvi Kahana explique qu'Esther ne voulait pas pouvoir attribuer le succès de sa mission à son charme, son intelligence ou sa beauté. Après avoir jeûné pendant 3 jours, elle n'était clairement pas en état d'être naturellement séduisante devant le roi, sauf par la grâce d'Hachem.
Rabbi Yé'hezkel Lévenstein apporte ici la preuve que l'obligation de hichtadlout n'existe que jusqu'à ce qu'une personne commence à attribuer le succès à ses propres efforts. Une fois qu'il a atteint ce point, il doit arrêter ses hichtadlout. ['Hazon Ich Haggada - où le 'Hazon Ich dit qu'il est d'accord avec ces paroles. ]

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10°/ Le jeûne & la matsa :

-> "Mordé'haï se retira (vayaavor - litt. transgressa) et exécuta exactement ce que lui avait ordonné Esther" (Esther 4,17)

Commentant ce verset, la guémara (Méguila 15a) rapporte que Mordé'haï a transgressé en faisant du premier jour de Pessah un jour de jeûne. [voir aussi Targoum (Esther 4,17) : "Et Mordé'haï transgressa [l'obligation de] célébrer joyeusement la fête de Pessa'h [en instituant le jeûne de 3 jours]."]
Rachi commente : le décret d'anéantissement a été émis contre le peuple juif le 13 Nissan ; et ils ont jeûné le 14, le 15 (qui était le premier jour de Pessah), et le 16.

=> Rabbi Yonathan Eibeshitz (Yaarot Dvach - vol.2) demande pourquoi les Sages se concentrent uniquement sur le décret de Mordé'haï qui a empêché les juifs de célébrer joyeusement Pessa'h en mangeant, et faisant une plus grande faute : s'abstenir de l'obligation de la Torah de manger de la matsa la première nuit de Pessa'h?

Les commentateurs suggèrent un certain nombre de résolutions à cette question :
-> Selon le midrach (Téhilim 22,5), les juifs ne jeûnaient que le jour et mangeaient la nuit.
Les juifs pouvaient donc s'acquitter de l'obligation de manger la matza la première nuit de Pessa'h. [ils ont donc pu faire le Séder la nuit du 15 Nissan]
[Arou'h laNer - Yébamot 121a]

-> Selon le Talmud, les juifs ont jeûné sans interruption pendant toute la durée des 3 jours.
Selon la définition du jeûne de la Torah (comme à Yom Kippour), si une personne mange moins que le volume d'une grosse datte, on considère quand même qu'elle a jeûné (puisqu'une quantité aussi infime n'est pas rassasiante).
Mordé'haï a institué le jeûne de 3 jours selon les critères de jeûne de la Torah. Les juifs pouvaient donc manger de la matsa le jour de Pessa'h et ne pas enfreindre le jeûne. Ceci est dû au fait qu'une personne remplit son obligation de manger de la matza en mangeant simplement la taille d'une olive (kazayit).
Puisqu'une olive est plus petite qu'une grosse datte, on considère que l'on a jeûné ce jour-là.
[Arou'h laNer - Yébamot 121a]

-> Le Pirké déRabbi Eliézer (chap.49) rapporte que lorsqu'Esther a demandé à Mordé'haï de rassembler les juifs et de déclarer un jeûne de 3 jours, il a d'abord hésité à exécuter la demande d'Esther.
Mordé'haï demanda à Esther : "Comment pouvons-nous instituer un jeûne de 3 jours en ce moment, puisque le jeûne entrera en conflit avec la fête de Pessa'h?". Esther répondit : " Tu es le principal sage d'Israël et un membre du Sanhédrin. Comment peux-tu poser une telle question? Pour qui sera la fête de Pessa'h, s'il n'y a pas d'Israël (de juifs) pour faire un Pessah ?" [s'ils sont tous exterminés par Haman]
Mordé'haï admit qu'Esther avait raison, et institua que personne ne devait manger ni boire le premier jour de Pessah.

Selon ce midrach, les juifs n'ont pas mangé de matsa à Pessa'h en raison du jeûne déclaré par Mordé'haï.
À la lumière de ce midrach, nous pouvons peut-être répondre à la question de Rabbi Yonathan Eibeshitz comme suit : les Sages se sont concentrés sur l'abolition générale de la fête de Pessa'h par Mordé'haï pour souligner que le but du jeûne était de transmettre ce message à Hachem : "Qui célébrera la fête de Pessa'h si Tes enfants sont tués?"

-> Il existe un principe halakhique selon lequel les Sages sont habilités à déraciner un commandement biblique positif de manière passive. (ex: nos Sages ont interdit de sonner du Shofar à Roch Hachana lorsque cela tombe Shabbath, pour empêcher les gens de transgresser par inadvertance l'interdiction de porter le Shofar dans le domaine public pendant Shabbath. )
Les rabbanim, cependant, n'ont pas l'autorité d'ordonner l'exécution d'un acte positif qui contrevient à la Torah.
Le fait que les juifs n'aient pas mangé de la matsa la nuit de Pessa'h n'est pas problématique, puisqu'ils se sont simplement abstenus passivement d'accomplir la mitsva.

Nous pouvons suggérer que le fait pour Mordé'haï de décréter un "jour de jeûne" à Pessa'h ne relevait pas de ses compétences rabbiniques. C'est parce qu'un jour de jeûne n'est pas seulement considéré comme un jour où l'on ne mange pas, mais plutôt comme un acte positif.
En tant que tel, Mordé'haï instituant un jour de jeûne à Pessa'h était considéré comme une annulation active de la mitsva d'être joyeux à Yom Tov.
[rav Binyamin Wurzburger]

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11°/ Absence d'acte de divorce :

-> "Et il [Mordé'haï] éleva (אֹמֵן - omèn) Hadassa" (Esther 2,7)
Le Yalkout Meam Loez explique que ce verset souhaite transmettre le grand amour et le dévouement avec lesquels Mordé'haï a élevé Esther, tant physiquement que spirituellement.
Le mot "élevé" est écrit sans la lettre "vav" (אמן), qui épelle le mot "Amen". Cela signifie que Mordé'haï a appris à Esther à dire Amen alors qu'elle n'était qu'un bébé.
La raison à cela est que si elle devait mourir dans son enfance, le mérite de dire Amen lui permettrait de se lever à la résurrection des morts.
[bien qu'à la tête du Sanhédrin, Mordé'haï s'est occupé de la jeune orpheline Esther avec toute la chaleur et l'amour d'une mère pour son enfant.]

La guémara (Méguila 13a) rapporte que Mordé'haï a épousé Esther lorsqu'elle a atteint l'âge adulte.
=> Si tel est le cas, pourquoi Mordé'haï n'a-t-il pas divorcé d'Esther avant qu'elle ne soit emmenée au palais d'A'hachvéroch afin qu'elle lui soit permise après son retour?

-> Tossafot (Méguila 15a) répond qu'étant donné qu'un acte de divorce (guét) nécessite des témoins, Mordé'haï avait peur que l'affaire ne devienne publique et ne soit connue d'A'hachvéroch.
[On peut supposer qu'il partageait la même inquiétude que celle d'Avraham concernant sa femme, Sarah. Si le monarque avait été au courant de leur relation conjugale, il n'aurait eu aucun scrupule à tuer le mari afin de justifier le fait de prendre sa femme. ]

De plus, selon rabbi Yossef Shalom Eliyachiv (Achré haIch - Ora'h 'Haïm fin chap.43), un acte de divorce qui est donné avec l'intention de se remarier est invalide.
La Torah indique clairement que la défaveur et la haine sont les conditions préalables nécessaires à un divorce dans la loi juive, comme il est écrit : "Si un homme épouse une femme et qu'il se trouve qu'elle ne trouve pas grâce à ses yeux ... et qu'il lui rédige un acte de divorce" (Ki Tétsé 24,3).

Méguilat Esther – Le saviez-vous?

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1°/ Nom manquant :

=> Pourquoi le nom d'Hachem n'est-il pas mentionné dans la Meguila?

On peut citer :
-> Puisque la Megilat Esther a été canonisée comme chronique royale officielle de l'empire perse, on craignait que les idolâtres perses ne substituent le nom de leurs idoles aux endroits où le nom d'Hachem était mentionné. [Kad haKéma'h, citant le Ibn Ezra]

-> Tant qu'Amalek n'est pas totalement détruit, le nom d'Hachem est incomplet. Puisque des restes d'Amalek ont survécu au miracle de Pourim, le nom d'Hachem n'apparaît pas dans la Meguila. [Yalkout Méam Loez - Esther]

- Puisque le miracle s'est produit en exil, où la présence divine est dissimulée, il ne serait pas approprié que le nom d'Hachem soit révélé ouvertement. [Yalkout Méam Loez - Esther]

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2°/ Un festin sans musique :

La Méguila décrit en détail les meubles exquis et les beaux ustensiles qui étaient exposés lors du festin de 7 jours organisée par A'hachvéroch pour les citoyens de Shoushan.
Cependant à la lecture de la méguila, un des éléments habituels d'une festivité semble faire cruellement défaut au festin du roi : la musique.
=> Pourquoi A'hachvéroch n'a-t-il pas prévu de divertissement musical pour ses invités au festin?

1- Selon certaines opinions, de la musique était effectivement jouée lors du festin d'A'hachvéroch. Comme il est d'usage qu'un banquet royal soit accompagné de musique, il n'était pas nécessaire que la Méguila mentionne explicitement ce point.
[Maharam Shif - drachot fin de 'Houlin]

2- A'hachvéroch voulait satisfaire les désirs de chacun de ses invités.
Si le mobilier et le décor d'A'hachvéroch étaient objectivement agréables aux yeux de tous, les gens ont des goûts différents en matière de musique.
La musique agréable d'une personne peut être un bruit gênant chez une autre, A'hachvéroch n'a pas été en mesure de trouver un genre de musique qui serait apprécié par toutes les personnes présentes (ex: à la fois aux jeunes et aux plus âgés), il s'est donc abstenu de fournir de la musique au festin.
[Manot haLévi - Esther 1:8]

3- Puisque A'hachvéroch voulait que les juifs assistent au festin , il a n'a pas pu fournir de musique, car il était interdit aux juifs d'écouter de la musique pendant le festin, en signe de deuil de la destruction du Temple.
[Maharam Shif - drachot fin de 'Houlin]

4- L'intention première du festin était de tenter les juifs de pécher. A'hachvéroch était conscient que la musique possède une puissante composante spirituelle qui réussirait à inciter les juifs à se repentir.
Il n'autorisa donc aucune musique lors du festin.
[Manot haLévi - Esther 1:8]

Le Manot haLévi (rabbi Shlomo Alkabetz) ajoute l'observation suivante :
Nous constatons que les jeunes enfants, les infirmes et les personnes âgées sont excités par la musique, plus que le reste de la population. Cela s'explique par le fait que lorsqu'un nouveau-né entend de la musique, cela éveille dans son subconscient le souvenir des anges chantant dans le ciel, qu'il a connu récemment, avant sa naissance. Comme les infirmes et les personnes âgées sont quelque peu détachés de leur corps physique, ils sont également fortement affectés par la nature spirituelle de la musique.

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3°/ La queue de Vachti :

Nos Sages (guémara Méguila 12b) expliquent que la raison pour laquelle la reine Vachti a refusé de venir à la fête du roi pour montrer sa beauté est qu'une queue disgracieuse lui a soudainement poussé.

Il y a deux façons principales de comprendre cet événement :
- Selon certaines opinions, il faut le prendre au pied de la lettre : Vachti s'est vu pousser une queue comme celle des animaux. [Maharcha - Méguila 12b]
- D'autres soulignent que la caractéristique de tous les miracles de Pourim est qu'ils ont été accomplis de manière cachée. Si Vachti avait soudainement fait pousser une queue d'animal, cela aurait certainement été considéré comme un miracle ouvert. [rabbi Shimon Schwab]
Selon le Rachba (Pérouch haAggadot), la "tête" représente symboliquement la partie distinguée d'une entité, tandis que la "queue" représente une partie basse et insignifiante. Une "queue" peut donc également signifier un appendice étranger à son corps, comme une verrue laide et allongée.
Selon le Alchikh haKadoch, cet appendice apparaissait sur son front, ce qui implique que la nature repoussante de cette tare était due à son emplacement bien visible sur son visage.

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=> Pourquoi Vachti a-t-elle été punie en se faisant pousser une queue?

-> Le prophète Yéchayahou a prophétisé la chute de l'Empire babylonien : "Je détruirai de Babylone le nom et le reste, l'enfant et le petit-enfant " (Yéchayahou 14,22).
Nos Sages (Yalkout Chimoni - Yéchayahou 418) expliquent que "petit-fils" fait référence à Vachti, la petite-fille de Névou'hadnétzar.
Vachti était donc la "queue" de la dynastie babylonienne, puisqu'avec son exécution, la famille royale babylonienne a pris fin.
['Hida - Na'hal Echkol - Esther 2,1]

-> Vachti était fière de sa lignée royale, car elle était la descendante de 3 souverains babyloniens : Névou'hadnétzar, Mérodach le mauvais et Belshatsar.
Alors que ces rois agissaient en tant que "tête" de l'empire babylonien, ils sont en réalité plus comparables à une "queue" en raison de leur comportement impitoyable et bas.
Vachti a été humiliée par la croissance d'une queue inconvenante (zanav - זָנָב), dont les lettres correspondent à la première lettre de chacun de ces souverains : בלשצר (Belshatsar), נובכדנצר (Névou'hadnétzar), plus la lettre "ז", dont la valeur numérique [7] est égale à la valeur numérique de la première lettre de ושתי (Vachti) et de אֱוִיל מרודך (évil Mérodach). [vav+ alef =7]
[Ben Ich 'Haï - Ben Yehoyada - guémara Megillah 12b].

[La raison pour laquelle les règnes de Vachti et de Mérodach sont combinés est peut-être que chacun d'eux a eu un règne incomplet. Vachti a été tuée dans la fleur de l'âge et Mérodach le mauvais a été nommé roi pendant la période de 7 ans où Névou'hadnétzar est devenu fou. Après le rétablissement de la santé mentale de Névou'hadnétzar, la population a fait emprisonner le méchant Mérodach jusqu'à la mort de Névou'hadnétzar (Rachi, Yeshayahu 14:19). ]

-> Puisque Vachti obligeait les jeunes filles juives à travailler nues pendant le Shabbat comme des animaux, Hachem lui a donné une queue, une partie du corps exclusive aux animaux.
[Ben Ich 'Haï - Ben Yehoyada - guémara Megillah 12b].

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4°/ Un sauveur improbable :

Au cours de sa plaidoirie auprès d'A'hachvéroch pour que Vachti soit tuée, Haman dit : "Et aujourd'hui, j'en parlerai" (Esther 1,18).
Le midrach commente ce verset en disant que si cet événement s'était produit un autre jour de l'année, Haman n'aurait pas recommandé l'exécution de Vachti.
=> Pourquoi en est-il ainsi ?

-> Le rav Yonathan Eibeshitz (Yaarot Dvach vol.1 drouch 3) présente la réponse suivante :
Le Rokéa'h dit que le festin de 180 jours d'Achashveroch a commencé au mois de Nissan. Par conséquent, les 180 jours se sont terminés le 3e jour de Tichri. Le roi a ensuite organisé un festin supplémentaire de 7 jours pour les habitants de Shoushan, qui s'est terminée à Yom Kippour (le 10e jour de Tichri).

Après que Haman eut décrété la destruction des juifs, ceux-ci se repentirent de leur péché d'avoir participé au festin du roi, par "le deuil, le jeûne, les pleurs, l'éloge, le sac et la cendre" (Esther 4,3).
Le midrach affirme que ces 6 expressions de repentir correspondent aux 6 jours pendant lesquels les juifs ont participé au festin du roi.
=> Pourquoi n'ont-ils assisté au festin que pendant 6 jours sur les 7 qu'il a duré?
La réponse est qu'ils n'ont pas assisté au dernier jour du festin du roi, car il tombait sur Yom Kippour.

Yom Kippour est un jour de grâce et de faveur divine, et même le Satan est impuissant pour nuire aux juifs.
En ce jour de Yom Kippour, Hachem a transformé Haman, qui était comme le Satan incarné, en un agent de la miséricorde et a mis dans son esprit l'argument illogique d'exécuter Vachti, ce qui a finalement conduit aux événements entraînant l'annulation de son décret contre les juifs ainsi que sa propre disparition.

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5°/ Mordé'haï haYéhoudi :

=> Que signifie le verset lorsqu'il qualifie Mordé'haï de "Yéhoudi" (Esther 2,5)?

On peut citer les explications suivantes :
-> Tous les juifs sont appelés Yéhoudim en référence à Yéhouda, qui a eu le courage de reconnaître sa faute dans l'épisode de Tamar (voir Targoum Yérouchalmi - Béréchit 49,8).
Il apparaît donc que c'est cette caractéristique particulière qui définit le juif. Haman a qualifié Mordé'haï de Yéhoudi car il a fait preuve d'une bravoure et d'un courage remarquables dans son refus de se soumettre à Haman.
[à l'image de Yéhouda, un juif (yéhoudi) doit être prêt à tout pour rester fidèle à la volonté d'Hachem (relayée par nos Sages de la génération), même si cela peut aller à l'encontre de sa nature humaine, de la logique ... ]

-> Le midrach (Esther rabba 6,2) dit que Mordé'haï a été appelé Yéhoudi parce qu'il a fait connaître l'unicité d'Hachem (יחידי - yé'hidi) dans le monde entier, lorsqu'il a refusé de se soumettre à Haman.
(la Torah Témima (sur ce passage) explique que les lettres hé et 'hét sont utilisées de manière interchangeable dans l'exégèse des Sages, car elles sont écrites et prononcées de manière similaire.)
[ainsi, on est appelé juif (yéhoudi) car notre but dans la vie est de faire connaître l'unicité d'Hachem. ]

-> "Nos Sages disent : ne lis pas yéhoudi/juif mais : yé'hidi (=spécial, unique)." [Midrach Rabba Esther 6,2]
=> La définition d'un juif est d'être yé'hidi (spécial). Chacun a un rôle spécifique, et des épreuves tout aussi spécifiques.
Le Rav Sim'ha Bounim de Psi'ha avait l'habitude de dire :
"Si du Ciel, on me demandait : "Veux-tu, Bounim, être Avraham avinou, c'est-à-dire changer ta place contre la sienne?"
Je répondrais : "Quel intérêt D. aurait-Il à ce que je sois Avraham avinou et que je change de rôle?
De toute façon, Tu n'auras qu'un seul Avraham avinou et qu'un seul Bounem.
Cependant, si on me donnait le mérite, dans le ciel, d'arriver au niveau d'Avraham avinou, Tu aurais, D., deux Avraham avinou ... et de cela, il y aurait lieu de réjouir."

-> La raison pour laquelle tous les juifs sont actuellement appelés Yéhoudim est que Yéhouda était la seule tribu complète qui est restée en Israël après l'exil des 10 tribus. Le reste des 10 tribus qui sont restées se sont joints à Yéhouda et ont été dorénavant aussi appelés d'après la tribu de Yéhouda.
Mordé'haï fut appelé "Ich Yéhoudi", un homme de la tribu de Yéhouda, ainsi que "Ich Yémini", un homme de la tribu de Binyamin.
L'appellation de ich signifie une personne de distinction et un leader. Mordé'haï était à l'origine le chef de la tribu de Binyamin avant leur exil d'Israël (Ich Yémini), et après l'exil, il était le chef de toute la nation juive (Ich Yéhoudi).
[Gaon de Vilna - Esther 2,5]

-> Mordé'haï, ainsi que tous les juifs, sont appelés Yéhoudim dans la Méguila (Esther 8,16).
Lors du recensement du peuple juif à sa sortie d'Égypte, la Torah ajoute les lettres youd et hé à chaque famille. Ces lettres (יה) épellent le nom d'Hachem et indiquent que la nation juive a maintenu sa chasteté même pendant son exil égyptien (Rachi - Pin'has 26,5).
De même, la nation juive est appelée Yéhoudim. Le terme : "yéhoudi" (יהודי) comprend les 4 lettres d'Hachem יהוה (lorsque le dernier youd rentre dans le dalét, cela forme la lettre hé), et ce pour démontrer la pureté de leur lignée même en exil.
[Gaon de Vilna - Esther 2,5]

[Hachem a promis qu'Il résidera parmi nous en exil. Ainsi, le nom Yéhoudi nous rappelle que quoi qu'on puisse faire (même les pires choses), on aura toujours une partie divine qui restera intacte en nous. Un juif n'est jamais seul, Hachem reste toujours avec lui. ]

-> Le fait que chaque juif possède une partie d'Hachem en lui, vient éclairer les paroles du Zohar :
- "La joie principale sur laquelle l’homme doit se réjouir, c’est la joie d’être un juif" ;
- si nous avions conscience d'à quel point Hachem aime chaque juif, nous rugirions comme des lions bondissant sur chaque opportunité de pouvoir faire Sa volonté.
Rabbi Na'hman de Breslev exprime dans sa célèbre chanson : "Si un juif avait conscience de ce qu'est être juif, alors il serait joyeux et il danserait jusqu'à 120 ans!" (im yéhoudi aya yodéa ...).
[le plus grand plaisir est le fait d'être proche d'Hachem (notre source de Vie). Ainsi plutôt que de passer notre temps à rechercher notre bonheur à l'extérieur (sans cesse attendant LA chose qui nous rendra heureux), un juif doit plutôt valoriser et se concentrer sur ce qu'il a, sur son trésor interne : son âme.
Un juif a une âme qui vient de l'intériorité d'Hachem, il a une âme beaucoup plus élevée que les non-juifs (qui ont une partie externe d'Hachem), et en ce sens chacune de nos actions (ex: parler) a un impact incroyable sur terre et au Ciel. Nous devons être fiers et responsables de cette réalité!

Ainsi, au début du récit de Pourim les juifs ont participé au festin du roi A'hachvéroch pensant trouver des honneurs et le bonheur dans la société non-juive environnante, mais à la fin de l'histoire ils se sont rendus compte que Mordé'haï (le yéhoudi) avait raison, et il y a eu beaucoup de joie et de lumière chez les juifs (réalisant à quel point en essence un juif est unique (yé'hidi) dans ce monde, faisant écho aux paroles de rabbi Na'hman : "Si un juif avait conscience de ce qu'est être juif, alors il serait joyeux et il danserait jusqu'à 120 ans!" = cela n'est pas que de belles paroles théoriques, c'est une réalité que nous devons internaliser constamment. ]

-> Les termes "ich yéhoudi" (homme juif) ont la même valeur numérique que le nom de : Moché, soit 345 (avec le kolel), pour nous faire comprendre par allusion que Mordé'haï avait des étincelles d'âme de Moché.
['Hida - 'Homat Anakh]
[à chaque génération, les responsables spirituels ont en eux une partie de l'âme de Moché pour guider et conseiller le peuple juif. ]

-> Mordé'haï est appelé : "ich yéhoudi" (un homme juif - Esther 2,5)
Le Targoum commente : "ich yéhoudi" = quelqu'un qui prie pour son peuple.
[ alors à quel point prenons-nous soin et préoccupons-nous d'autrui (en demandant à Hachem de l'aider, de le combler du meilleur)? Prions-nous (assez) pour les autres? En effet, c'est une caractéristique qui fait de nous un juif(ve)! ]

-> A la naissance de Yéhouda, Léa fut particulièrement reconnaissante, ayant plus que sa part (Vayétsé 29,35 ). Chacun doit avoir ce même ressenti : estimer qu’il a plus que ce qu’il mérite.
En ce sens nous portons le nom de Yéhoudi (יהודי), de la racine "odaa" (הודאה), être reconnaissant pour ce que l’on a et se dire que l’on davantage que son lot.
On commence notre journée dans cet état d’esprit avec "modé ani" (מודה אני). Immédiatement au réveil, nous remercions (modé) avant même de penser (ani).
Le midrach (Béréchit rabba 14,9 ) explique que nous devons louer Hachem pour chaque respiration.
[d'après le rav Yéhochoua Alt]

[Mordé'haï avait tellement développé sa reconnaissance et ses louanges envers Hachem, qu'il ne se voyait pas être ingrat en agissant contre sa volonté malgré le danger (festin, prosterner devant Haman, ...).
Plus nous témoignons de la reconnaissance à D. (même sur les "petites" choses de la vie, ce que nous prenons pour acquis/normal), plus nous en venons à apprécier et aimer Hachem pour tout ce qu'il fait constamment pour nous.
Plus cela nous permet d'être juif (yéhoudi), c'est-à-dire d'avoir toujours Hachem qui est unique (yé'hidi) à nos yeux.

(ex: notre yétser ara nous dit : ça va c'est la naturalité des choses, c'est le hasard, ... mais nous affirmons et apprécions que cela est 100% issu d'un décret de papa Hachem, pour notre bien ultime. )

Des étincelles divines et saintes sont dispersées dans le monde entier. La mission du peuple juif est de les trouver et de les élever à un niveau supérieur.
Ils peuvent le faire avec la force de la Torah. Ou, s'ils n'en sont pas dignes, ils doivent partir en exil pour les rassembler.
[Sfat Emet]

Pourim – Le saviez-vous?

+ Pourim - Le saviez-vous?

1°/ Shabbath Shékalim puis Za'hor :

-> Au mois d'Adar, il y a 4 parachiyot (lectures spéciales de la Torah) qui sont lues après la paracha hebdomadaire chaque Shabbat. La première des "quatre parachiyot" est parachat Shékalim, qui contient le récit de l'offrande obligatoire d'un demi-shekel. Elle est suivi par la parachat Za'hor, qui rappelle la bataille d'Amalek contre Israël, et qui est lu le Shabbat précédant Pourim.
Pourquoi la paracha Shékalim précède-t-elle la paracha Za'hor?

-> Le pouvoir d'Haman de détruire les juifs s'est concrétisé lorsqu'il a offert au roi A'hachvéroch 10 000 shékalim d'argent (Esther 3,9). Cette manifestation terrestre de l'ascension d'Haman sur Israël reflète la cause céleste du pouvoir d'Amalek sur les juifs : le désir excessif d'Israël pour l'argent.
La portion de la Torah qui rappelle la bataille d'Amalek est écrite à côté de l'interdiction des faux poids et mesures, car c'est le laxisme d'Israël en matière d'honnêteté dans les questions monétaires qui a favorisé l'agression d'Amalek contre Israël.
Mordé'haï a ordonné aux juifs de ne pas porter la main sur le butin de la bataille afin de corriger ce manquement moral. [Kli Yakar Dévarim 25,13 & Chémot 30,13]

A ce sujet, le rav Michel Ber Weissmandel a fait un jour la remarque effrayante suivante à son élève, le rav Yona Furst (qui le rapporte dans son Divré Yona al haTorah vol.1) :
"Il est ironique de constater que, bien que la Shoa ait pris naissance en Allemagne, davantage de juifs allemands ont réussi à fuir la persécution nazie, et ont même pu s'échapper avec leurs biens, que les juifs d'Europe de l'Est. La raison en est que les juifs d'Allemagne étaient plus honnêtes dans leurs relations d'affaires avec les non-juifs, et que leur argent leur appartenait entièrement.
D'autre part, en raison de l'extrême pauvreté à laquelle les juifs d'Europe de l'Est étaient confrontés, ils trouvaient des justifications pour prendre l'argent qui appartenait légitimement à leurs voisins non-juifs.
C'est pourquoi, le jour de la colère, leur argent leur a été retiré afin qu'il revienne à ses propriétaires d'origine."

La guémara (Méguila 13b) déclare : "Il était clairement connu devant Celui qui a parlé et que le monde ne vienne à exister, que Haman était destiné à peser les shékalim dans le but de détruire les juifs. Par conséquent, Il [Hachem] a fait en sorte que les juifs précèdent leurs shékalim aux shékalim d'Haman".

=> La paracha Shékalim précède celle de Za'hor pour nous rappeler que lorsque la nation juive contrecarre son penchant pour la cupidité en donnant son argent à des causes louables, cela neutralise le pouvoir d'Amalek de nuire à Israël (aux juifs).
[rav Binyamin Wurzburger]

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2°/ Le jeûne d'Esther :

=> Quelle est la source de taanit Esther, ce jour de jeûne le 13e jour d'Adar?

-> Lorsque le peuple juif a combattu ses ennemis le 13e jour d'Adar, à l'époque de Mordé'haï et d'Esther, il a jeûné et imploré Hachem pour le succès de la bataille. C'est pourquoi nous jeûnons en ce jour, afin de nous rappeler comment Hachem est toujours prêt à nous sauver dans nos moments de malheur, lorsque nous nous tournons sincèrement vers Lui en jeûnant et en nous repentant. [michna Broura 686:2]

-> Le Lévouch (Ora'h 'Haïm 686) écrit : "De même que la fête de Pourim a été instituée pour rappeler les miracles qui se sont produits à l'époque, de même il convient de reprendre leur jeûne et leurs supplications à ce moment-là. En effet, est-il convenable de n'accepter que les bons/agréables [aspects de leurs expériences] et pas les mauvais?".

-> Le jeûne sert à faire taire les accusations que Satan porte contre Israël pour ses excès lors des célébrations de Pourim. [Maguid Mécharim - paracha Vayakel]

-> Avant d'accepter la Torah au mont Sinaï, les juifs jeûnaient afin de purifier leur nature physique pour les rendre dignes de recevoir la sainte Torah. [Pirké déRabbi Eliézer]
[d'ailleurs, le Tachbetz (465) écrit que la source de la coutume selon laquelle un individu jeûne le jour de son mariage provient des juifs qui jeûnaient avant de recevoir la Torah au Sinaï, qui était le mariage entre Hachem et Israël.]
Pendant les jours de Mordé'haï et d'Esther, les juifs ont ré-accepté la Torah avec amour (guémara Shabbath 88a), ainsi la fête de Pourim est également une forme de réception de la Torah (kabbalat haTorah).
Tout comme les juifs jeûnaient avant de recevoir la Torah au Sinaï pour purifier leur nature, nous jeûnons avant Pourim pour la même raison.
[Tour Barekét 686:1 (c'est un livre écrit par un élève du rav 'Haïm Vital)]

-> L'intention de ce jeûne était de s'assurer que les gens s'acquitteraient de la mitsva de la lecture de la Méguila la nuit de Pourim. En s'abstenant de manger jusqu'à ce qu'on ait entendu la Méguila, on s'appliquera à entendre la lecture de la Meguila.
[Séfer haEchkol - Hilkhot Taanit p.137]

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3°/ Plus grand que Yom Kippour :

Le Arizal écrit que la sainteté de Pourim surpasse même celle de Yom Kippour. [Yom Kippour est comparable (ne lis pas "Kippour" mais "kéPourim"), mais n'égale pas la grandeur de Pourim. ]
=> Pourquoi cela ?

-> Le rav Eliyahou Dessler (Mikhtav mé'Eliyahou - vol.2) explique que c'est parce que notre motivation pour le repentir à Yom Kippour est née de la peur. Pourim est plus grande en ce sens que notre désir de proximité avec Hachem s'épanouit à partir de l'amour.
Pour la même raison, la ré-acceptation de la Torah à l'époque d'A'hachvéroch a surpassé l'acceptation initiale de la Torah au mont Sinaï. L'acceptation initiale de la Torah était le résultat d'une coercition, car les Sages disent qu'Hachem a maintenu le Sinaï au-dessus de Bné Israël comme une cuve renversée.
[selon le Maharal, cela ne doit pas être pris au sens littéral. En fait, la clarté de leur décision était si convaincante qu'elle atténuait leur choix du libre arbitre, à l'instar des anges qui sont considérés comme dépourvus de libre arbitre pour la même raison.]

Cependant, à l'époque d'A'hachvéroch, les juifs ont accepté la Torah par amour et par gratitude pour Hachem, ce qui est un niveau bien plus élevé.

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4°/ Matanot la'évyonim :

=> Pourquoi la mitsva de donner de l'argent à 2 personnes pauvres à Pourim est-elle appelée matanot la'évyonim (cadeaux aux pauvres)? Puisque nous sommes obligés de faire la charité aux pauvres ce jour-là, pourquoi cette obligation ne s'appelle-t-elle pas simplement : tsédaka la'évyonim (charité pour les pauvres)?

-> Le rav Nathan Wachtfogel (Kovets Si'hot - vol.4) répond que tout ce qui concerne la fête de Pourim est lié à des sujets qui sont cachés.
La fête de Pourim tire son nom de la loterie d'Haman (pour). De même qu'une loterie est au-delà de tout raisonnement naturel, la fête entière est enveloppée d'une manière cachée et transcendante.
Il en va de même pour la mitsva de matanot la'évyonim. Si nous pénétrons dans l'essence cachée de chaque juif, nous constaterons qu'il n'existe pas d'étiquettes distinctives de riche et de pauvre, puisque tous les juifs sont essentiellement égaux (chacun ayant en lui une sublime partie Divine).
Nous offrons donc des cadeaux de manière respectueuse, comme il convient à un juif pour son prochain bien-aimé.

[Pourim où l'on fête la vraie nature/intériorité des choses, nous ne faisons pas de la charité, mais nous donnons un cadeau aux pauvres. Certes, ils sont en apparence nécessiteux, mais cela reste de sublimes personnes, ayant comme tout juif une magnifique âme divine, et nous devons leur témoigner l'honneur qui leur est dû, sans les traiter de haut ou avec mépris. ]

Un juif est comparé à une étoile, en hébreu : kokhav (כוכב).
On a כב (de valeur 22) qui représente les 22 lettres de l'alphabet hébreu qui ont été utilisées pour la Création, tandis que כו équivaut à 26, la valeur du Nom d'Hachem (יהוה).
Ainsi, nous (chaque juif) sommes composés à la fois d'énergies terrestres et célestes.
[Sfat Emet]

Le monde à Venir est la partie spirituelle de ce monde.
Chaque mitsva que nous réalisons fait [davantage] de notre corps une lampe pour que la lumière d'Hachem [puisse le plus possible se] révéler dans le monde futur.
[Sfat Emet]

L'âme de l'homme vit éternellement, tandis que le corps physique meurt.
Les réchaïm sont donc appelés morts, parce qu'ils se livrent uniquement aux intérêts du corps, tandis que les justes sont vivants avec les objectifs de l'âme.
Il faut être attentif à ne pas laisser son attention sur le corps empêcher ses yeux de voir son âme.
[Sfat Emet]

Combattre Amalek par notre étincelle divine interne

+ Combattre Amalek par notre étincelle divine interne :

-> La lutte contre Amalek exige bien plus que l'unité (a'hdout). La bataille sacrée contre ceux qui veulent nous détruire physiquement et spirituellement ne peut être menée que si nous revenons à nous-mêmes, à l'étincelle divine pure qui reste ancrée en chacun de nous. Cette étincelle n'a pas été affectée par les influences étrangères du monde qui nous entoure.
Les commandements de la Torah "souviens-toi de ce qu'Amalek t'a fait" (za'hot ét acher assa lé'ha Amalek), et plus ensuite "n'oublie pas" (lo tiska'h), sont en réalité des supplications divines : reviens à toi-même. Retrouvez cette étincelle divine en vous qui sait intuitivement ce qui est juste.

De même que nous avons instinctivement le sens de l'auto-préservation et que nous faisons tout ce que nous pouvons pour éviter de mettre notre vie en danger, de même, dans les recoins les plus profonds de tout juif, il y a une répulsion profonde d'Amalek.
Non seulement il y a la connaissance intellectuelle (yédia) du mal causé par Amalek, mais il y a aussi "zé'hira", un sentiment émotionnel intérieur qui ne peut jamais être oublié (htiska'h).
Si nous tolérons même Amalek, c'est parce que nous n'avons pas encore atteint ce noyau intérieur. C'est parce que nous sommes souvent limités par les exigences du côté matériel de nous-mêmes, connu sous le nom de néfech.

À l'époque du miracle de Pourim, le peuple juif s'est élevé au-dessus de ces contraintes. Comme le raconte la Méguila : "ils se sont tenus au-dessus (al) de leur néfech" (laamod al nafchan - Esther 8,11), pénétrant ainsi dans leur for intérieur alors qu'ils se préparaient à combattre Amalek.
[Sfat Emet - Pourim 5631]

"Hachem a créé les hommes droits, mais ils ont inventé de nombreux calculs" (Kohélet 7,29).

-> Le rav Shimshon Raphael Hirsch commente :
"Les nombreux calculs [qu'on s'ajoute dans notre vie] sont les ennemis de notre bonheur".

-> Le rav Sim'ha Wasserman dit : "la vie est simple ; les gens sont complexes".

[la vie a le potentiel du bonheur, mais chaque personne choisit ce à quoi elle va penser et comment elle va voir les choses.
ex: le bonheur se trouve en nous, mais on va partir en quête perpétuelle pour le trouver ailleurs, on le fait dépendre de la réaction d'autrui, on va avoir du doute et des réflexions compliquant tout plutôt que d'avoir une émouna toute simple (émouna pchouta) en Hachem (comme un petit enfant qui a confiance en ses parents, sans se poser des questions), ... ]

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-> Le rav Zelig Pliskin enseigne :
Ce que vous vous dites d'une situation donnée est la manière dont cette situation vous affectera. Votre attitude à l'égard d'un événement ou d'une situation n'est pas fondée sur sa réalité objective, mais sur votre propre évaluation subjective de cet événement ou de cette situation
[...]
Les gens disent souvent : "Il m'a rendu triste" ou "Cela m'a bouleversé".
Cela implique que des facteurs externes sont la cause de leurs émotions et qu'ils ne peuvent rien y faire. En réalité, les événements extérieurs ne peuvent pas vous rendre triste ou contrarié ; vous le faites vous-même par ce que vous vous dites à propos des événements extérieurs. Prenez l'habitude de dire : "Je me rends triste à cause de ce que je me dis de ses actions ou de ses paroles" ou "Je me mets en colère à cause de ce que je me dis de ce qui s'est passé".
Lorsque vous parlez en ces termes, vous acceptez la responsabilité de vos réactions. Cela vous incitera à changer vos pensées et vos attitudes, de celles qui vous rendent malheureux à celles qui vous permettent d'être heureux.
[...]
Apprenez à faire la différence entre les faits, les déductions et les jugements de valeur. Les faits ne vous rendent pas heureux ou triste. Ce sont uniquement vos jugements de valeur qui le font. Les personnes malheureuses ou rancunières ont tendance à faire des suppositions sans avoir suffisamment de preuves pour savoir si elles sont vraies ou non. Elles supposent prématurément ou à tort que les choses sont mauvaises et nuisibles. Même si une déduction est exacte, si vous évitez un jugement de valeur négatif, vous ne souffrirez pas.
[...]
Nous pouvons considérer la manière dont les gens nous traitent de différentes manières. Pourquoi choisir une approche négative, alors que vous pouvez choisir une approche positive?
[...]
Les attentes irréalistes sont au cœur d'une grande partie de notre douleur émotionnelle. Nous nous sentons contrariés et déçus lorsque nos attentes ne sont pas satisfaites.
Si nous n'avions pas d'attentes irréalistes, nous ne souffririons pas autant.
Clarifiez ce que vous pouvez réellement attendre du monde. Est-il réaliste de penser que tout se passera toujours exactement comme vous le souhaitez? Bien sûr que non.
Si vous renoncez à vos exigences irréalistes sur la façon dont les choses doivent être, vous vous épargnerez bien des déceptions inutiles.
[il faut accepter que dans la vie : ce n'est pas toujours comme JE veux, mais c'est comme Hachem le veux, or seul Lui sait exactement ce qu'il y a de mieux pour moi. Certes, on peut prier fortement, mais il faut aussi savoir accepter avec confiance les décisions d'Hachem, sans se révolter ou bien en être triste.]

Les principaux domaines d'attentes sont les suivants : (a) le monde devrait être exactement comme je le souhaite ; (b) les autres personnes devraient faire et être exactement comme je le souhaite ; (c) je devrais pouvoir faire ou accomplir tout ce que je souhaite.
Enuméré sous cette forme, n'importe qui peut facilement voir qu'il s'agit d'exigences impossibles. Abandonnez-les et vous vous épargnerez bien des frustrations.
De nombreux mariages seraient plus heureux si les gens renonçaient aux attentes et aux exigences irréalistes. Planifiez sagement, mais n'exigez pas.
[...]
Il est facile de se sentir frustré et malheureux quand on fait des erreurs, mais on peut toujours apprendre de ses erreurs et de ses échecs. Si vous utilisez les expériences d'apprentissage, vous pouvez les considérer comme positives. Même si vous auriez préféré ne pas faire ces erreurs, vous pouvez maintenant les considérer comme des tremplins vers la croissance.
Chaque fois que le rabbin Rephael de Bershid faisait une erreur en public, il était très heureux. Il la considérait comme une opportunité pour l'empêcher de devenir arrogant.
[...]
À la base de la satisfaction, il y a la conscience que la situation pourrait être pire. Dans presque tous les cas, les choses pourraient être pires et elles pourraient être meilleures.
Pour maîtriser le bonheur, une personne doit avoir une conscience constante que les choses sont meilleures qu'elles ne pourraient l'être.
[malheureusement, nous avons tendance à faire l'envers : nous nous empêchons d'être vraiment heureux car cela pourrait être/aller mieux! ]

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-> Le rav Yaakov Neimann (Darké Moussar) écrit :
Une personne vraiment vertueuse vit une vie heureuse. Une telle personne a intériorisé la conscience que toutes les occurrences de sa vie sont pour le bien, et elle tire satisfaction de sa vie.
Sa vie a un sens et un but. Tout son être est concentré sur l'élévation spirituelle. Elle ressent profondément que la bonne vie consiste à accomplir la volonté d'Hachem, et par conséquent, elle éprouve un grand plaisir dans les bonnes actions qu'elle accomplit. Même s'il manque des biens matériels, elle estime néanmoins que sa vie est tout à fait bonne.
Ses émotions sont cohérentes avec sa vision positive de la vie.

Lorsque D. a créé l'homme, il lui a insufflé un esprit de vie.
Il en sera de même lorsqu'arrivera le moment de ranimer les morts, tout le monde mourra d'abord, puis vivra [de nouveau].
Au mont Sinaï aussi, à chaque mot leur âme s'envolait, et au mot suivant elle revenait. Ils étaient élevés de niveau en niveau et pouvaient atteindre le niveau des anges.
[Sfat Emet]