Aux délices de la Torah

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Témoigner du ‘hessed à autrui = une question de vie et de mort!

+++ Témoigner du 'hessed à autrui = une question de vie et de mort!

-> "Si quelqu'un donne une prouta [une petite pièce de monnaie] à un pauvre, il reçoit 6 bénédictions ; s'il le console, même s'il ne lui a pas donné d'argent, il reçoit 11 bénédictions".
[guémara Baba Batra 9b]

[ le Maharcha note que si on a de l'argent à donner, on est certainement tenu de le faire. La guémara veut seulement dire que si on n'a pas d'argent, on recevra tout de même 11 bénédictions si on parvient à le consoler. Si on donne de l'argent et qu'on le console, on recevra 17 bénédictions. ]

-> Le simple fait de donner de l'argent à un pauvre est un acte de tsédaka et mérite une bénédiction. Il peut s'agir de donner froidement un euro à quelqu'un qui en a demandé un.
En revanche, consoler une personne exige de sortir de sa zone de confort personnelle. Cela implique de se mettre à la place de l'autre personne pour ressentir sa douleur et sa honte d'avoir à demander de l'aide.
Nos Sages enseignent que "les mots qui sortent du cœur entrent dans le cœur". Une personne n'est consolée que si elle entend une préoccupation sincère dans les paroles de celui qui parle.
Si elle entend que la personne qui lui parle ressent vraiment sa douleur et voit que le langage corporel de la personne qui lui parle exprime une préoccupation et une attention réelles, alors elle sera réconfortée et consolée.
S'il repart réconforté, c'est le signe que le donateur a atteint le niveau élevé de 'hessed dans lequel "il met son cœur et son esprit à trouver ce qui est le mieux pour la personne pauvre" (Rachi - guémara Soucca 49b). Et pour cela, il mérite beaucoup plus de bénédictions que quelqu'un qui n'a donné que de la tsédaka.

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-> Imaginez que vous êtes dehors par une journée caniculaire, assoiffé, lorsque vous voyez soudain quelqu'un marcher dans la rue et distribuer des gobelets de lait glacé à tous les passants. Vous seriez impressionné par sa générosité et sa sollicitude à l'égard de ceux qui souffrent de la chaleur.
Pourtant, la guémara (Kétoubot 111b) affirme que sourire à quelqu'un est encore plus important que de lui donner une tasse de lait.

[ le rav Shimshon Pinkous explique que la guémara a utilisé l'exemple d'une tasse de lait, car non seulement elle étanche la soif comme l'eau, mais elle contient également des nutriments qui renforcent et nourrissent le buveur.
(ainsi le fait de sourire va encore davantage donner des forces et des aliments au moral d'autrui)]

-> La michna (Pirké Avot 1,15) enseigne que nous devons saluer quelqu'un "avec un visage bienveillant" (bé'séver panim yafot).
Le rav Eliyahou Dessler (Mikhtav méEliyahou - vol.5) souligne qu'il ne s'agit pas d'un niveau élevé réservé uniquement aux grands tsaddikim. L'auteur de cette michna est le sage Chamaï. Tout au long de Talmud (du Shass), Chamaï est connu pour suivre strictement la halakha (sans ajout personnel).
Si Shamaï nous dit que nous devons saluer tout le monde de manière bienveillante/amicale, cela signifie qu'il s'agit d'une exigence fondamentale absolue de la loi de la Torah, et non d'un supplément facultatif.

La guémara (Béra'hot 6b) va jusqu'à dire que si quelqu'un souhaite le shalom à un passant et que celui-ci ne répond pas, ce passant est qualifié de voleur (guézel shalom).
Le rav Dessler prouve ici que je "possède" le droit d'être salué par vous, et que si vous ne me saluez pas, vous me volez quelque chose que je mérite légitimement.

[le fait de saluer agréablement autrui est une chose tellement vitale, indispensable, à la vie d'autrui que la loi juive e base nous impose de le faire. ]

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+ Etre honorer (kavod) = le plus grand besoin de toute personne :

-> L'importance de la manière dont nous nous traitons les uns les autres est résumée par nos Sages (Avot déRabbi Nathan 13,4) dans les mots suivants :
"Celui qui offre à son ami tous les meilleurs cadeaux du monde, mais qui le fait avec une expression amère sur le visage, la Torah considère que c'est comme s'il ne lui avait rien donné.
Mais celui qui salue son ami avec une expression agréable, même s'il ne lui a rien donné, la Torah considère que c'est comme s'il lui avait donné tous les meilleurs cadeaux du monde!"

[ le Shach (Yoré Déa 249,3) cite le Smag selon lequel il transgresse également le commandement négatif de "Ton cœur ne doit pas se sentir mal lorsque tu lui donnes" (Réé 15,10).
La guémara ('Haguiga 5a) dit que Rav Yanaï a enseigné que si quelqu'un embarrasse publiquement un pauvre en lui donnant de l'argent, il vaut mieux ne pas lui donner du tout. ]

=> Pourquoi la Torah accorde-t-elle une telle importance au sourire et aux salutations amicales? Pourquoi le fait de donner avec une expression amère est-il considéré comme ne rien donner?

-> Le plus grand besoin émotionnel d'une personne est d'être validée, respectée et appréciée. C'est le besoin et le désir d'honneur (kavod), que les maîtres du moussar enseignent comme étant le plus grand et le plus puissant de tous les désirs humains.

Qu'est-ce que le kavod?
Tout ce qui existe dans ce monde a la valeur que nous lui donnons, qui est généralement mesurée par la somme d'argent que nous sommes prêts à payer pour l'acquérir.
Le prix élevé d'un diamant rare montre qu'il a de la valeur aux yeux des gens.

Le rav Shimshon Hirsch (Yitro 20,12) dit : "le kavod est l'expression de la valeur spirituelle et morale d'un être".
Par exemple, en nous comportant avec le plus grand respect dans une synagogue, nous montrons qu'il s'agit d'un lieu d'une extrême importance. En se levant devant un séfer Torah, on montre qu'on le respecte en tant qu'objet le plus important dans la vie d'un juif.

De même, le fait de montrer du respect et de l'honneur à une personne indique à quel point nous l'estimons. Plus je l'honore, plus je lui montre ce qu'il "vaut" en tant que personne.
La nourriture et l'argent peuvent être des nécessités pour vivre, mais l'honneur d'une personne touche à l'essence de ce qu'elle est.
Nos Sages (Béra'hot 6b) nous disent que chaque fois qu'une personne est forcée d'accepter la charité, c'est comme si elle était condamnée à être punie par le feu et l'eau.
Si ce sentiment s'accompagne de la pensée que "personne ne se soucie de moi, que je suis sans importance ou indésirable", il s'agit du sentiment le plus douloureux, le plus déprimant et le plus dangereux qu'une personne puisse éprouver.
Il peut atteindre un stade où il a l'impression (même inconsciente) qu'il n'a aucune raison de vivre et où il brûle de ressentiment et de haine envers lui-même et le monde.
Les conséquences sont trop souvent douloureuses et tragiques.

Servir de la nourriture à quelqu'un avec une mine mécontente ou une attitude colérique envoie le message suivant : "Je n'aime pas te donner et je suis contrarié de devoir le faire. Tu n'es qu'une nuisance".
Ce message peut causer une énorme douleur émotionnelle à la personne qui le reçoit. Elle est rabaissée, humiliée et se sent indésirable. Elle a l'impression qu'elle est ennuyeuse à côtoyer.
Tout avantage matériel qu'elle reçoit de la nourriture qu'elle mange est insignifiant comparé à la terrible douleur qu'elle ressent en même temps.
C'est pourquoi nos Sages nous disent que c'est comme si le donneur ne lui avait rien donné.

En revanche, sourire à quelqu'un, c'est lui dire que l'on est heureux de le voir.
Cela lui dit que vous pensez qu'il mérite de l'attention et de la reconnaissance et qu'il est désiré et aimé.
Vous lui montrez qu'il a quelque chose à offrir aux autres et que sa présence vous rend heureux.
Il n'y a presque rien qui puisse exprimer votre reconnaissance et votre validation d'une personne autant que de lui offrir un sourire sincère. Sourire à quelqu'un est infiniment plus puissant que de lui donner une tasse de lait nutritif, car le sourire nourrit son âme.

[ex: La guémara (Guittin 62a) stipule qu'il est interdit de se rendre dans la maison d'un adorateur d'idoles le jour de sa fête. Rachi explique que nous avons peur que le non-juif se sente tellement excité par le fait que le juif le considère comme important et digne de respect, qu'il courra louer et remercier son idole. (on voit à quel point un acte de valorisation donne de la force à autrui!)]

Par conséquent, si vous accueillez votre ami avec une expression agréable, même si vous ne lui apportez aucun avantage physique, nos Sages considèrent que c'est comme si vous lui offriez tous les meilleurs cadeaux du monde.

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-> Si toute trace de kavod était retirée à une personne, elle en mourrait.
[l'Alter de Slabodka - rapporté par le rav Wolbe - Alé Shour - vol.2)

[dans notre génération grâce à D. nous avons généralement des moyens pour subvenir à nos besoins nécessaires, mais par contre nous sommes tous très pauvres dans le kavod.
Ainsi, en souriant à autrui, en lui donnant de l'écoute, des mots positifs/d'appréciation, alors nous évitons qu'il soit trop affamé (donc mal dans son intériorité), nous évitons qu'il soit un mort vivant car sans une alimentation en kavod (le risque est qu'il perde sa vie à rechercher sa dose de kavod dans le regard des autres, en vendant ses valeurs pour cela).]

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+ L'exemple de la mitsva d'hospitalité :

-> Ce concept est illustré dans une halakha importante.
Le Rambam (Hilkhot Avel 14,1) énumère de nombreux types de 'hessed qu'une personne doit accomplir : visiter les malades, réconforter les personnes en deuil, accompagner les morts, subvenir aux besoins d'une mariée, raccompagner les invités, s'occuper de tous les détails de l'enterrement, rendre heureux les mariés et subvenir à leurs besoins.
De cette liste, quelle mitsva mérite la plus grande récompense?

Le Rambam écrit que le fait de raccompagner un invité après l'avoir accueilli reçoit la plus grande récompense de toutes, et que ce 'hessed unique a été institué par le pilier du 'hessed, Avraham Avinou.

Cela demande une explication. A priori, la partie essentielle de la mitsva est certainement de prendre soin de l'invité et de répondre à tous ses besoins (lorsque nous le recevons chez nous).
Mais le Rambam souligne que l'accompagnement de l'invité est plus important que l'accueil proprement dit.

-> "La récompense pour raccompagner une personne est sans limite"
[guémara Sotah 46b]
[nos Sages rapportent que même des non-juifs racha qui ont raccompagné les juifs (même 2-3-4 pas) ont reçu une grande récompense pour cela.]

-> Le Sma'h ('Hochen Michpat) enseigne que de nos jours nous devons accompagner notre invité jusqu'à la porte ou au moins sur une distance de 2 mètres.

-> Le Rambam (Hilkhot Avélout - chap.14,2) écrit : "La mitsva d'accompagner est supérieure à toute, c'est la loi qu'a érigée Avraham, l'hospitalité est plus grande que l'accueil de la Présence Divine, et il est plus important de raccompagner les invités que de les recevoir ...
Toute personne qui ne raccompagne un invité, c'est comme s'il avait fait couler son sang"

-> Rabbi Yits'hak Berkovits explique ces propos :
"La mitsva de recevoir des invités l'est essentiellement afin de leur garantir : nourriture et hébergement.
Cependant, accompagner un invité est considéré comme étant plus important que cela, car on lui témoigne de l'honneur, ce qui va développer sa confiance en lui, et qui l'aidera ainsi à faire face à la suite de sa vie."

-> Le Saba de Kelm donne l'explication remarquable suivante :
"Nos Sages nous ont révélé ce qui se trouve dans le subconscient profond de l'invité.
Il est assis dans la maison de son hôte, appréciant la délicieuse nourriture, mais de temps en temps, l'idée lui vient que l'hôte veut peut-être qu'il parte déjà.
Même après que l'hôte l'a nourri, lui a donné à boire, lui a fourni un endroit pour dormir et l'a traité comme un roi, l'invité est toujours tourmenté par le soupçon que l'hôte serait peut-être plus heureux s'il n'était plus là. Il en aura la preuve dès que je partirai ... il fermera immédiatement la porte derrière moi et poussera certainement un soupir de soulagement en se libérant enfin de moi (ex: enfin, bon débarras!).
Si l'invité quitte la maison avec le sentiment que son hôte est heureux qu'il parte enfin, l'hôte est considéré comme un meurtrier. L'invité se lamente dans son cœur d'avoir été un invité indésirable dont l'hôte ne demandait qu'à se débarrasser. Si l'invité se sent ainsi, c'est comme si son sang avait coulé!
En revanche, si l'hôte accompagne l'invité, ne serait-ce que 4 amot (2 mètres), l'invité aura le sentiment que l'hôte a apprécié sa compagnie et qu'il était heureux de l'accueillir.

De cette façon, il repart avec une joie qu'il était un invité désiré, et que l'hôte était heureux qu'il soit là. Le Saba de Kelm conclut : "Insuffler ce sentiment à un invité et lui faire sentir qu'il est heureux et désiré est le principe fondamental de la mitsva d'accueillir des invités".

Nous parlons d'un hôte qui a donné à son invité tout ce dont il avait besoin et qui l'a fait de manière agréable sans exprimer le moindre signe de contrariété ou d'insatisfaction. Pourtant, s'il n'a pas raccompagné l'invité, il n'a pas pu éliminer le sentiment fugace (jamais exprimé et peut-être même pas remarqué, totalement inconscient) de l'invité de se sentir indésirable. Provoquer un tel chagrin d'amour à quelqu'un équivaut à le tuer!
L'hôte n'accomplit pleinement la mitsva d'hospitalité que si l'invité repart en se sentant apprécié.

Accompagner l'invité prouve que toute la nourriture, la boisson, le logement et la compagnie fournis à l'invité l'ont été dans le même état d'esprit et dans le même but, transformant tout ce qui a été fait en un 'hessed parfait, comme l'exige la Torah.

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-> Selon la guémara (Sotah 46b), en raccompagnant son invité, on s'assure qu'il ne subisse pas de mal.

Le Maharcha (Sotah 45b) explique qu'en raccompagnant son invité, on permet aux "anges gardiens" de pouvoir accompagner notre invité après notre départ, le protégeant alors de tout danger jusqu'à sa destination.

Le Méam Loez (Vayéra 18,16) enseigne qu'il est extrêmement bénéfique de raccompagner son visiteur, car ainsi la Présence Divine l'accompagne et le protège sur la route du retour.

[on peut éventuellement dire qu'en faisant l'effort de raccompagner un invité, lui témoignant amour et considération, par cela on montre à Hachem qu'on aime sincèrement notre frère juif, et ainsi Hachem est tellement heureux qu'Il se joint à nous, et par conséquence l'invité est protégé sur son chemin.
On voit là l'importance de faire du 'hessed pour faire plaisir à papa Hachem, et pour amener sur nous Sa Présence et les plus belles bénédictions.]

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-> Nos Sages (Béra'hot 6b) nous disent que chaque fois qu'une personne est forcée d'accepter la charité, c'est comme si elle était condamnée à être punie par l'eau et le feu.
Elle brûle de la honte d'être un preneur et d'être considérée comme infructueuse. Cependant, si l'hôte fait sentir à son invité qu'il était heureux de l'avoir et de le servir, et qu'il a apprécié sa compagnie, il transforme son invité en donneur plutôt qu'en preneur.
Non seulement il élimine toute honte d'être un preneur, mais il transforme l'invité en donneur, en tant que personne qui a procuré du plaisir et du bonheur à son hôte.
Il y a un renversement complet des rôles. [en le raccompagnant, on lui fait comprendre qu'on a été honoré de profiter de sa présence, qu'il est quelqu'un de si bien et agréable, qu'on en a tiré beaucoup de joie. Certes cela nous a demandé des efforts de le recevoir, mais en comparaison de ce que sa présence nous a apporté ... ]

Faire ressentir à celui que l'on reçoit qu'il est vraiment celui qui donne le plus, est la vraie grandeur et la perfection ultime du 'hessed.

-> La guémara (Soucca 49b) nous enseigne que "Rabbi Elazar a dit : 'La tsédaka n'est récompensée qu'en fonction du 'hessed qu'elle implique'".
Rachi explique que le don d'argent proprement dit est appelé : tsédaka.
Il ajoute que la notion de : " 'héssed" signifie : "chénoten libo védaato létovato chél ani" = il met son cœur et son esprit à trouver ce qui est le mieux pour le pauvre.
Dans notre scénario, la tédaka est l'accueil de l'invité, la nourriture et le confort fournis. Et le 'hessed de la mitsva est de s'assurer que l'invité reçoive le meilleur, c'est-à-dire le sentiment qu'il n'est pas un preneur mais un donneur.

=> Ce concept ne s'applique pas uniquement à l'accueil d'invités. Nous devons apprendre à l'appliquer à toutes nos interactions avec d'autres personnes, quelles qu'elles soient.
Si la personne avec laquelle nous avons interagi a le sentiment d'avoir été une gêne et un fardeau pour nous, ou que nous la considérons comme un raté/boulet de la société, alors nous avons échoué dans notre ben adam la'havéro (relation avec autrui).
Si elle repart avec le sentiment chaleureux que nous avons apprécié de passer du temps avec elle et que nous la respectons en tant que personne, alors nous avons réussi dans le domaine de la Torah et nous marchons dans les voies d'Hachem.

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[Hachem également nous donne tellement de chose à chaque instant, et pour nous épargner le "pain de la honte", Il va nous demander un petit service (qu'Il n'a pas besoin car étant parfait), et cela va effacer tout sentiment de honte (certes Hachem me donne beaucoup, mais j'ai la sensation d'agir également pour Lui, donc je n'ai pas une dette de redevabilité). ]
[naturellement une personne n'aime pas être en situation de redevabilité envers une autre, et c'est donc un grand 'hessed de permettre à autrui de perdre ce sentiment d'infériorité, d'être lié à nous retourner une faveur. ]

Une Torah de ‘hessed

+++ Une Torah de 'hessed :

-> La Torah commence par de la guémilout 'hassadim et se termine par des guémilout 'hassadim.
Son début est un accomplissement de bonté, comme il est écrit : "Et Hachem fit pour Adam et sa femme des vêtements de peau et les habilla". Et sa fin est un accomplissement de bonté, comme il est écrit : Hachem l'enterra à Gaï".
[guémara Sotah 14a]

-> Selon le 'Hafets 'Haïm (préface à son Ahavat 'Hessed), cela nous apprend l'importance considérable que la Torah accorde au 'hessed. Si la Torah commence et se termine par le sujet du 'hessed, cela signifie que le thème central de toute la Torah doit être le 'hessed.

Le 'Hafets 'Haïm commence alors à énumérer tous les endroits où l'on trouve des exemples de 'hessed dans le 'houmach. Après plusieurs pages, il cite un exemple tiré de la paracha Michpatim, puis il écrit :
"Je ne vais plus énumérer en détail tous les endroits où la Torah a parlé de 'hessed. La personne avisée réfléchira à ce que j'ai écrit et se rendra compte que le caractère de 'hessed est si saint que toute la Torah en est remplie et qu'une personne doit s'efforcer de le pratiquer toute sa vie".

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+ Ce n'est pas un mensonge :

-> Si votre ami a acheté un nouveau vêtement et vous demande si vous le trouvez beau, la halakha dit que vous devez en faire l'éloge, même si vous ne l'aimez pas du tout.
Cela nécessite une explication, car cela semble contredire le commandement de la Torah "il faut rester loin du mensonge" (Michpatim 23,7).
La guémara (Kétoubot 17a) répond que nous apprenons ici que : "il faut toujours s'efforcer de s'entendre avec les gens".
=> Cependant c'est difficile à comprendre : le fait de vouloir être amical et de n'offenser personne nous autorise-t-il à mentir?

Nos Sages nous enseignent quelque chose de très profond sur la psychologie humaine.
Rachi explique que la guémara nous enseigne qu'il est permis de "faire pour chacun ce qu'il veut".

Le rav Kalonymus Kalman Shapira of Piaseczna ('Hovat haTalmidim - p.64) explique plus en détail :
Si une personne vous demande ce qu'elle pense de son nouveau costume, elle n'est pas intéressée par votre opinion sur le fait qu'il soit beau ou non. Une personne ne supporte pas de perdre son amour-propre en s'entendant dire qu'elle a acheté quelque chose de mauvaise qualité ou de mauvais goût.
S'il pensait que vous pourriez dire que ce n'est pas bon ou qu'il ne vaut pas ce qu'il a payé, il ne vous l'aurait jamais demandé!
En vous demandant votre avis, il vous dit en réalité : "S'il vous plaît, faites-moi un compliment!
Le fait que vous disiez à quel point vous l'aimez n'est rien d'autre que le fait d'accéder à sa demande.

C'est ce que Rachi entend par "tu peux faire pour lui ce qu'il veut".
Ce n'est pas un mensonge, puisqu'il ne vous a jamais demandé de donner votre véritable avis.
C'est ainsi que la Torah attend d'une personne qu'elle se comporte avec les autres. Elle exige de voir les autres à travers la lentille d'un baal 'hessed, de voir, de sentir et d'entendre ce qu'ils veulent vraiment et de faire ensuite tout ce qui est en votre pouvoir pour le leur fournir.

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=> Que se passerait-il si quelqu'un ignorait le conseil de nos Sages et exprimait sa véritable opinion sur le vêtement?

Le Roch (Or'hot 'Haïm lehaRoch 91), écrit que cela causera à la personne un 'halichat hadaat, littéralement une "faiblesse de l'esprit". Elle se sentira inadéquate et embarrassée par sa propre stupidité d'avoir acheté un tel objet.
Le Roch qualifie un tel commentaire [de notre part sous couvert de dire la vérité] d'"acte d'imbécile".
Aux yeux de la Torah, seul un imbécile peut faire sentir à quelqu'un d'autre qu'il ne vaut rien et qu'il n'a pas réussi. L'homme sage est celui qui aide les gens à se sentir bien dans leur peau, dans toutes les situations.

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+ Le 'hessed dans un couple :

-> Le verset (Michpatim 21,3) écrit qu'à la fin de ses 7 années d'esclavage, l'esclave hébreu (l'éved ivri) est libéré et sa femme l'est également. ["s'il était marié, sa femme sortira avec lui" ]
Cela laisse perplexe, car sa femme n'a jamais été esclave.

Le rav Yonathan Eibshitz (Tiféret Yonathan) donne l'explication suivante :
"La Torah nous enseigne qu'un mari et sa femme sont comme une seule et même personne, et que s'il souffre, elle ressentira également cette douleur. Même si elle n'a pas été vendue et n'a pas servi d'esclave, néanmoins, puisqu'ils sont comme une seule personne, et qu'il souffre d'être esclave, c'est comme si elle était également esclave avec lui.
C'est pourquoi la Torah écrit que sa femme est libérée avec lui, parce qu'elle était aussi esclave"

-> L'expression ultime du 'hessed, qui est le fait de ressentir les sentiments d'une autre personne comme s'il s'agissait des siens, est pleinement possible dans le cadre du mariage. La Torah considère comme acquis qu'une femme est si profondément en contact avec les émotions et les expériences de son mari qu'elle les reflétera exactement et les vivra elle-même.
C'est le modèle que la Torah attend pour toutes les relations ben adam la'havéro (une personne avec son prochain).

-> Un jour, alors que sa femme avait mal à la jambe, le rav Arié Lévine répondit au médecin demandant la raison de leur visite : "Nous avons mal à la jambe".

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+ Le lachon ara

-> La Torah interdit de dire du lachon ara.
Le 'Hafets 'Haïm consacre plusieurs livres à la gravité et à l'énormité de cette faute, que nos Sages assimilent aux 3 péchés capitaux réunis que sont l'idolâtrie, le meurtre et les relations illicites.

Le rav Yérou'ham Lévovitz (Daat 'Hokhma ouMoussar - vol.2) en donne l'explication suivante :
"Le fait que les gens parlent de lachon ara et d'autres paroles blessantes similaires est uniquement dû à l'énorme fossé qui existe entre elles et l'autre personne (sur laquelle elle parle). Ce fossé est si grand qu'elles ne ressentent pas [leur prochain] et ne le connaissent même pas. [n'essayant nullement d'être à sa place pour comprendre/expliquer son comportement, ... ]
En vérité, comment est-il possible pour quelqu'un de dire quelque chose de mal à propos d'une autre personne s'il dépensait ne serait-ce qu'une petite quantité de pensée pour cette personne. S'il entendait son cri, lorsqu'il supplie : "Ayez pitié de moi et ne me mettez pas dans l'embarras" ... "

=> Parler du lachon ara doit être considéré comme l'un des actes les plus cruels, les plus barbares et les plus honteux que l'on puisse imaginer. En effet, la Torah pousse une personne à être un baal 'hessed, à se concentrer sur les besoins et les sentiments de son prochain juif, grimaçant à l'idée de la douleur et de la honte ressenties par l'autre personne.
Il est impossible de ressentir cela et de lui causer froidement une blessure aussi insupportable.
[le lachon ara est tellement contraire au but de la Torah ('hessed = se mettre à la place d'autrui), qu'il est aussi grave que le cumul des 3 fautes très graves, qu'il y a autant d'avertissements de nos Sages sur la gravité d'en dire. ]

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-> Nos Sages nous enseignent qu'il est préférable d'être jeté dans une fournaise ardente plutôt que d'embarrasser une autre personne en public. [guémara Baba Métsia 59a]

-> La gravité d'embarrasser quelqu'un est évidente dans la halakha du motsi chem ra.
La Torah (Dévarim 22) parle d'un homme qui a faussement accusé sa fiancée d'adultère. Il est puni en devant payer une lourde amende "car il a répandu une mauvaise réputation sur une jeune fille juive".
Cela laisse perplexe : s'il avait réussi à l'accuser, elle aurait été mise à mort. Ne devrait-il pas être puni pour le crime bien plus grave d'avoir tenté de faire tuer une femme innocente?

Rabbénou Yona (Shaaré Téchouva 3,111) répond que la Torah nous enseigne que c'est une plus grande faute d'embarrasser une personne que de la faire tuer, "car la douleur de l'humiliation est pire que la mort".

La michna (Pirké Avot 3,11) ajoute que celui qui embarrasse une personne en public "n'a pas de part dans le monde à Venir".
[le 'Hafets 'Haïm (Chmirat haLachon 2,17) se basant sur le Rambam (Hilkhot Téchouva 3,14), précise que cela n'est vrai uniquement pour celui qui agit ainsi de manière habituelle, et non si cela n'a lieu qu'une fois (très occasionnellement).]
Nos maîtres du moussar expliquent qu'il ne s'agit pas d'une punition, mais qu'une telle personne n'a aucun lien avec le monde à Venir (olam haba). Son essence est l'exact opposé des personnes qui méritent le monde à venir.
Quelqu'un qui se soucie si peu des sentiments d'une autre personne qu'il peut l'humilier publiquement est si éloigné de ce que désire Hachem qu'il n'aura rien avoir à faire avec Hachem dans le Monde à venir.

-> La guémara (Sotah 42a) nous dit que les personnes qui disent du lachon hara font partie de celles qui sont incapables de rencontrer la Ché'hina.

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-> Un autre exemple de la mitsva visant à éviter l'embarras d'autrui, est celui des soldats renvoyés du service militaire.
La Torah décrit de nombreuses catégories d'hommes qui ne sont pas autorisés à participer à une guerre et qui sont renvoyés chez eux depuis le front. Il s'agit notamment de ceux qui ont construit une nouvelle maison mais ne l'ont pas inaugurée, de ceux qui ont planté une vigne mais n'en a pas encore acquis la jouissance, de quelqu'un qui a promis mariage à une femme et ne l'a pas encore épousée, et également de ceux qui ont peur et dont le cœur est lâche (Choftim 20,5-8).

Dans la michna (Sotah 44a), Rabbi Yossé haGalili explique que le dernier type est celui d'une personne qui a peur d'aller au combat à cause des fautes qu'elle a commises.
Rachi explique que les trois premiers sont exemptés de la bataille parce que s'ils devaient aller à la guerre, chacun souffrirait d'une grande détresse à l'idée que quelqu'un d'autre inaugurerait peut-être leur maison, rachèterait leur vigne ou épouserait leur fiancée. Pour leur épargner ces stress, la Torah leur permet de rentrer chez eux.
Ce faisant, la Torah nous enseigne jusqu'où nous devons aller pour éviter de causer du stress à quelqu'un d'autre.

Rabbi Yossé ajoute une raison plus profonde à leur exemption du service militaire.
Le 4e type de personne a peur d'aller à la guerre parce qu'il a commis des fautes. En effet, en période de danger, une personne est susceptible d'être examinée par le tribunal céleste pour voir si elle mérite d'être sauvée et les fautes d'une personne peuvent l'empêcher de recevoir la miséricorde du Ciel.
Cependant, s'il était la seule personne exemptée d'aller à la guerre, alors il souffrirait d'un énorme embarras car les gens penseraient qu'il est forcément un fauteur.
C'est pourquoi, afin d'épargner une telle honte à un fauteur, la Torah ordonne que tous les autres groupes rentrent également chez eux. Le fauteur peut rentrer chez lui en toute sécurité, sachant que personne ne connaît la véritable raison de son départ.

=> La Torah considère qu'il vaut la peine de priver l'armée de nombreux bons combattants si, ce faisant, nous préservons le respect d'une seule personne, même d'un seul fauteur.

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-> Lorsqu'elle apportait un korban (sacrifice), une personne avait toujours le choix d'apporter soit un animal, soit un oiseau.
Les animaux étaient tués par ché'hita (trancher le cou avec un couteau), tandis que les oiseaux étaient tués par mélikah (le Cohen brise le cou avec son ongle).

Le Séfer ha'Hinoukh (124) suggère la raison suivante pour expliquer cette différence :
en général, seule une personne pauvre apportait un oiseau, car elle n'avait pas les moyens d'acheter un animal. La Torah nous enseigne que lorsqu'on a affaire à une telle personne, il faut être particulièrement attentif à l'aider le plus rapidement possible.
Le Séfer ha'Hinoukh explique que c'est pour ne pas faire perdre de temps au pauvre. C'est aussi pour qu'il n'ait pas l'impression que son korban est considéré comme moins important que celui, plus cher, de la personne riche.

Pour faire la ché'hita, il faut acquérir un couteau et s'assurer que la lame est aiguisée comme un rasoir, sans le moindre défaut. Pour éviter tout retard, la Torah ordonne au Cohen de tuer l'oiseau avec son ongle, afin que le korban soit apporté le plus rapidement possible. De cette manière, le temps et le respect du pauvre sont préservés.

Les dangers possibles de la lecture de biographies de nos tsadikim

+ Les dangers possibles de la lecture de biographies de nos tsadikim :

-> Le rav Its'hak Hutner écrit :
"C'est une terrible maladie que nous avons : lorsque nous parlons de la grandeur de nos guédolim, nous ne parlons que des niveaux élevés qu'ils ont atteints à la fin de leur vie. Nous décrivons leur perfection phénoménale, mais nous ne mentionnons absolument pas les énormes luttes intérieures qu'ils ont traversées. Cela donne l'impression que ces personnes sont nées pleinement développées et déjà parfaites.

Tout le monde parle de la pureté de parole du 'Hafets 'Haïm, mais qui connaît ne serait-ce qu'un infime pourcentage des combats, des luttes, des échecs et des chutes qu'il a connus dans sa guerre contre le yétser ara?
Il en résulte que lorsqu'un jeune homme plein d'aspirations et d'énergie est confronté à des défis et à des échecs, il a l'impression de ne pas réussir dans le beit midrach, car il s'imagine que réussir signifie être assis calmement et satisfait, sans que le yétser ara ne le défie, comme un tsadik dans le Gan Eden jouissant de la félicité de l'autre monde ...

Mais mon cher ami, tu dois savoir que le but de ton âme n'est pas la tranquillité du yetser tov, mais plutôt les difficultés auxquelles tu devras faire face. Tu vas certainement tomber et échouer et tu continueras à le faire dans le futur, mais je te garantis qu'à la fin de tout, tu sortiras vainqueur de la guerre ...
Je vous demande, s'il vous plaît, de ne pas vous comparer aux grands guédolim qui contrôlent leur yétser. Imaginez plutôt leur grandeur dans l'élan de leur terrible guerre contre tous leurs désirs et toutes leurs pulsions.
Lorsque vous ressentez en vous les affres d'une lutte contre le yétser ara, vous devez réaliser qu'à ce moment-là, vous ressemblez beaucoup plus aux guédolim que lorsque tout se passe bien, comme vous le souhaiteriez."

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=> Les biographies des guédolim/tsadikim sont destinées à nous inspirer sur la grandeur que la Torah peut insuffler à une personne et sur la manière dont la Torah doit être exprimée dans la vie quotidienne.
Mais elles ne sont pas destinées à nous écraser et à nous déprimer en nous faisant croire que nous ne serons jamais comme les guédolim et en nous amenant à nous considérer comme des ratés.
Chaque personne doit faire de son mieux en fonction des capacités qu'Hachem lui a données, et rien de plus.
[si un grand tsadik a fait 100% de ce que Hachem attendait de lui, et nous faisons 100% de ce que Hachem attend de nous à notre tout petit niveau (selon nos capacités), et bien c'est identique!
Il faut connaître et accepter les potentialités que nous avons, et les exploiter de notre mieux, car telle est la volonté de D. pour le mieux. ]

Qu’est-ce que le ‘hessed?

+++ Qu'est-ce que le 'hessed? ;

-> Dès sa naissance, l'homme est par nature égoïste. Il prend soin de lui et fait tout ce qu'il peut pour s'assurer qu'il est à l'aise et en sécurité et que tous ses besoins sont satisfaits.
[en ce sens, un enfant va dire : c'est MOI qui fait, Moi je veux, ... ]
Il voit le monde et tous ses événements à travers le prisme de sa place dans le monde et de la manière dont ils l'affecteront. Toutes ses actions et tous ses processus de pensée sont fondés sur l'effort subconscient qu'il déploie pour s'avantager et améliorer sa propre situation.
Comme l'a dit le prophète : "ani vé'afsi od" = "il y a moi, et en dehors de moi, il n'y a rien" (Yéchayahou 47,8).

-> Le rav 'Haïm de Volozhin était le plus proche disciple du Gaon de Vilna, et dans l'introduction de son Néfech ha'Haïm, son fils écrit que son père avait l'habitude de les exhorter constamment : "C'est là tout l'objectif de l'homme. Il n'a pas été créé pour son propre bénéfice. Il a été créé dans le seul but d'aider les autres au maximum de ses capacités".

=> On est face à un paradoxe : l'homme a une tendance naturelle à ne penser qu'à son intérêt, son égo, et d'un autre côté la vision juive de la vie réside dans le fait de donner, d'être utile à autrui.

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+ Qu'est-ce que la notion de 'hessed?

-> La guémara (Soucca 49b) nous enseigne que "Rabbi Elazar a dit : 'La tsédaka n'est récompensée qu'en fonction du 'hessed qu'elle implique'".
Rachi explique que le don d'argent proprement dit est appelé : tsédaka.
Il ajoute que la notion de : " 'héssed" signifie : "chénoten libo védaato létovato chél ani" = il met son cœur et son esprit à trouver ce qui est le mieux pour le pauvre.
C'est-à-dire qu'il consacre du temps et des efforts à examiner la situation du pauvre (matériel, émotionnel) et à juger ce qui sera le mieux pour lui, et ce n'est qu'ensuite qu'il lui donne la tsédaka.

=> Rachi nous donne un éclairage sur ce qu'est le 'hessed = c'est exactement le contraire de "ani vé'afsi od" (il y a moi, et en dehors de moi, il n'y a rien). Au lieu de voir la situation à travers mes yeux, je m'efforce de la voir spécifiquement du point de vue de l'autre personne.
Je mets de côté mes désirs et je me concentre uniquement sur l'autre personne. Il s'agit d'un don pur pour le bien de l'autre, et non pour moi-même.

-> "Porter le fardeau de son ami" (nossé bé'ol im 'havéro - Pirké Avot 6,6).
En apparence, cela signifie que si votre ami a un problème, vous essayez de l'aider à le résoudre. Toutefois, cela ne suffit pas, car votre ami a toujours un problème.
Porter le fardeau de son ami = l'accepter sur nous de manière à ce qu'il devienne votre propre difficulté. Cela implique d'abord de reconnaître qu'il a un vrai problème qui le perturbe, puis d'essayer d'en comprendre la cause et la manière dont il l'affecte. [à mes yeux cela n'est pas une difficulté, mais je dois me mettre à sa place, voir avec ses yeux, son ressenti. (chaque personne est unique face aux choses de la vie)]
Nous devons essayer de ressentir ses émotions, d'imaginer sa douleur, ses craintes et ses doutes. Nous devons nous mettre, du mieux que nous pouvons à sa place, pour vivre ce qu'il vit.
Ce n'est qu'à ce moment-là que nous pourrons commencer à le réconforter et à l'encourager d'une manière véritable et significative, et l'aider à trouver une solution.
[souvent en permettant à autrui de décharger en paroles son fardeau moral, alors il va beaucoup mieux, il se sent plus léger pour repartir de l'avant dans sa vie. ]

Il est à préciser : si une personne vient nous voir, affolée et sanglotant de manière incontrôlable, cela ne l'aidera pas si nous reflétons ce comportement. Au contraire, elle a besoin de quelqu'un de fort sur qui s'appuyer et qui la calme.
L'analogie est celle d'un maître-nageur qui sauve un homme en train de se noyer. Il doit se trouver dans la même situation que l'homme qui se noie, mais rester suffisamment calme pour pouvoir le sauver.
De même, l'aidant doit essayer sincèrement de ressentir l'état d'esprit et les sentiments de la personne afin de pouvoir faire preuve d'empathie, tout en gardant suffisamment de distance pour pouvoir apporter l'aide nécessaire.

-> Selon le rav Shlomo Wolbe (Alé Shour - vol. 1) : faire du 'hesed, où l'on ne s'intéresse qu'à l'autre personne (sans motifs purement intéressés), n'est possible qu'après avoir acquis l'amour du 'hessed.
Pour cela, il faut apprendre à apprécier à quel point il est important que les autres soient heureux et qu'on doit s'occuper d'eux, et à ressentir du bonheur lorsque les autres sont dans une bonne situation.

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-> Le mot gadol (גדל - grand) peut être divisé en deux parties, ג et דל (dal).
La lettre guimel s'écrit גימל, qui vient de la racine : guémilout 'hassadim (faire du 'hessed).
Dal (דל) signifie une personne pauvre.
Dans la Torah, un gadol est quelqu'un qui est gomel dal = il fait du 'hessed avec les personnes dans le besoin.

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-> Le Ramban (Mikets 42,21) explique que la principale faute des frères de Yossef en le vendant en Egypte n'était pas la vente elle-même, mais plutôt le fait qu'ils n'aient pas prêté attention à sa demande de pitié.
La cruauté d'être si insensible à la douleur d'une autre personne est le plus grand péché de ben adam la'havéro.

-> La tribu de Lévi a été épargnée par le terrible esclavage d'Egypte. Cependant, le midrach écrit qu'Hachem les a tenus pour responsables parce qu'ils n'ont pas ressenti la douleur de leurs frères au degré attendu d'eux. En conséquence, ils n'ont pas reçu leur propre terre en Eret Israel et ont toujours dû compter sur l'aide des autres. [cité dans le midrach Haggadah - p.32]

-> "L'enfant devint grand (vayigdal) ... Moché grandit (vayigdal)" (Chémot 2,10-11).
Rachi explique : "Il concentra ses yeux et son cœur (notèn énav vélibo) pour s'attrister à leur sujet".
Moché pouvait rester confortablement dans le palais de Pharaon, il n'avait pas à s'impliquer dans ce qui arrivait aux juifs. Tout juif qui aurait pu échapper à ce terrible esclavage aurait sauté sur l'occasion. [face aux horreurs et douleurs de l'esclavage égyptien]

Moché était grand, et alors que les petites personnes vivent pour elles-mêmes, les grandes personnes vivent pour les autres.
"notèn énav vélibo" = Moché a consacré du temps et des efforts à remarquer ce que vivaient les juifs et il a ressenti leur douleur, leur peur et leur lutte.
Le midrach dit que Moché a même enlevé le lourd fardeau du dos d'un juif brisé et l'a porté lui-même. Il s'est mis à leur place pour ressentir directement ce qu'ils vivaient. Ce faisant, il a été en mesure de leur apporter un soutien émotionnel en ces temps difficiles.
[ainsi la répétition de "vayigdal" nous apprend que si Moché est devenu ce si grand personnage de l'histoire juive (on a la Torah grâce à Lui!, il est inégalable en humilité ...), c'est parce qu'il a grandi autrui (ses frères juifs, fils adoré d'Hachem) en se mettant à sa place, et en conséquent mesure pour mesure, Hachem l'a grandi. ]

-> Nous trouvons un autre exemple de l'attention et du souci de Moché pour les autres lorsque Yéhochoua mena les juifs dans la bataille contre leur ennemi juré, Amalek.
Moché gravit la montagne et se tint là, les bras levés en prière pour leur succès. La Torah (Béchala'h 17,12) rapporte que ses bras devinrent lourds et qu'il s'assit sur un rocher. (tant que ses mains étaient levés ils gagnaient le combat).
En tant que chef du peuple, il aurait certainement été plus approprié de lui fournir un endroit respectable et confortable pour s'asseoir. La guémara (Taanit 11a) explique que Moché a refusé une telle option ; si le peuple juif était en détresse, il devait partager cette détresse.
La guemara apprend ainsi que nous devons ressentir la douleur des autres, que "celui qui souffre avec la communauté méritera et sera témoin de la consolation de la communauté".

-> Au buisson ardent, Rachi (Chémot 4,14) rapporte que Moché craignait que son frère aîné, Aharon, ne soit blessé par le fait que Moché ait eu l'honneur d'être le chef et le rédempteur. Le privilège d'être le chef n'en valait pas la peine pour Moché s'il devait causer de la peine et de la déception à Aharon.
Moché discuta donc avec Hachem : oui, fais sortir les juifs dès que possible (pas une seconde de souffrance en plus pour eux!), mais fais-le de manière à ce qu'Aharon ne ressente pas la moindre peine ou humiliation.
Ce n'est que lorsque Hachem assura à Moché qu'Aharon ne se sentirait pas du tout blessé, mais qu'au contraire, il serait heureux que Moché soit le chef, que Moché accepta.
Notre maître Moché, avec sa sensibilité à l'égard des autres, nous enseigne la leçon fondamentale selon laquelle la grandeur ne peut être atteinte au détriment des sentiments d'autrui.

Connaître notre grandeur (2e partie)

+++ Connaître notre grandeur (2e partie) :

-> Le verset de Chir haChirim (1,9) compare les juifs aux chevaux des égyptiens qui se sont noyés dans la mer Rouge et Hachem au cavalier. [léssoussati béri'hvé Par'o, dimiti'h rayati]

Le rav 'Haïm de Volozhin (Néfech ha'Haïm 1,9) explique que, normalement, le cavalier dirige le cheval. Cependant, lors de l'ouverture de la mer Rouge, nos Sages nous disent que les cavaliers ont essayé de diriger les chevaux loin de l'eau, mais les chevaux les ont maîtrisés et ont foncé directement dans les eaux déchaînées.
Hachem se décrit comme ces cavaliers. Le peuple juif, d'une certaine manière, contrôle Hachem!
Nous décidons de la manière dont Il interagit avec le monde. Si nous nous comportons correctement, Il nous comblera de Ses bénédictions.
Dans le cas contraire, Il devra nous infliger une punition.
[nous devons régulièrement prendre du temps pour réfléchir à cette réalité énorme. En effet, notre yétser ara essaie de nous insuffler une fausse modestie, mais en vrai Hachem a mis en nous tellement de puissance qu'Il est d'une certaine façon dépendant de nos actions. Alors faisons honneur à cela et agissons avec une grandeur adéquate! ]

-> Est-ce qu'Hachem se soucie de la façon dont vous faites vos lacets (la loi juive régissant même cela)? Oui!
Chaque action de chaque juif (même la plus banale) est d'une importance inouïe qui peut affecter le monde entier ainsi que d'infinis domaines spirituels.
Chaque juif a constamment l'occasion précieuse d'apporter la bénédiction et la bonté dans le monde. Mais cela s'accompagne d'une énorme responsabilité, car Hachem crée le monde entier uniquement pour lui, en fonction de la façon dont il agit!

-> La guémara (Béra'hot 3a) décrit comment Rabbi Yossé est entré dans un bâtiment délabré et a entendu la Présence Divine (Che'hina) gémir : "Malheur aux fils à cause des fautes desquelles j'ai détruit Ma maison et brûlé le Temple et les ai exilés parmi les nations".
Il rencontra alors Eliyahou HaNavi, qui lui dit : "Je jure sur ta vie et sur la vie de ta tête ('hayé roché'ha) que ce n'est pas seulement en ce moment que cela se produit, mais qu'Hachem le crie 3 fois par jour, et plus encore, chaque fois que les juifs vont à la synagogue et disent : 'yéhé chémé rabba" (que le grand nom d'Hachem soit béni) [dans le Kaddich], Hachem secoue la tête et dit : 'Heureux le roi qui est loué de cette façon dans sa maison. Que gagne le père qui a exilé ses enfants? Malheur aux enfants qui ont été exilés de la table de leur père".

Le Ben Ich 'Haï (Ben Yéhoyada) explique que le serment "sur la vie de ta tête ('hayé roché'ha)" signifie qu'il a juré au nom de la Ché'hina.
Pourquoi avait-il besoin d'un second serment (sur ta vie et sur celle de D.) et pourquoi devait-il faire un serment aussi sévère avant de révéler à Rabbi Yossé ce qu'Hachem dit chaque jour?

Le rav Mordé'hai Potach (dans Niflaot haKaddich - p.11), explique que le prophète Eliyahou était préoccupé par le fait que pour nous, il est presque inconcevable qu'Hachem réagisse ainsi chaque fois qu'un juif répond au Kaddich. En effet, combien de millions de millions de fois cela s'est-il produit au cours de l'histoire juive? [comment comprendren que Hachem réagisse ainsi même pour le juif le plus simple, le juif avec les pires fautes, ... ]
C'est pourquoi il a fait le plus sérieux de tous les serments, afin que Rabbi Yossé se rende compte qu'il n'y avait absolument aucune exagération dans ce qu'il allait lui dire.

=> La même idée s'applique dans notre contexte de connaître la grandeur d'un juif. Il n'y a pas d'exagération dans l'amour et l'enthousiasme d'Hachem pour chaque juif et pour chacun de ses actes d'avodat Hachem.

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+ La prière :

-> Le juif dispose également d'une arme pouvant changer le monde : la prière.
Lorsque nous nous levons pour prier, nous nous tenons plus près d'Hachem que tous les âme au Ciel et que les anges les plus saints.

Nous décrivons Hachem comme le "Shoméa téfila" (Celui qui répond aux prières).
Un juif se tient debout dans la prière, confiant dans le fait qu'Hachem attend de répondre à nos demandes et de recréer le monde en fonction de ce que nous Lui demandons.
Nos Sages enseignent qu'il n'y a pas de miracle si Hachem répond à notre prière et accomplit des miracles pour nous aider. En effet, Hachem a créé le monde de manière à ce que nous priions et qu'Il nous réponde. C'est la manière "naturelle" du monde.
À tel point que le midrach écrit que si une personne réalise qui elle prie (le Roi des rois) et ce qu'elle est capable d'accomplir avec sa prière, alors elle serait remplie d'une joie intense à l'idée de faire la prière.

-> La prière est une source de frustration et de déception pour beaucoup.
Nous avons beaucoup de mal à nous concentrer et encore plus à ressentir une véritable émotion. Même dans un moment de réelle tristesse, lorsque nous savons à quel point il est crucial de bien prier, et que nous commençons avec la détermination ardente que cette fois-ci sera différente, notre prière finit généralement comme toutes les autres, nous laissant découragés et souvent gênés de prier à nouveau.
[notre yétser ara nous pousse à penser : je prie mal => ma prière a peu d'impact, d'importance auprès d'Hachem, alors pourquoi continuer ... ]

Pourtant, le Baal HaTanya (chap.28) nous explique ce qui se passe pendant notre prière :
"Même si l'on commence à avoir des pensées de convoitise ou d'autres pensées sans rapport avec le sujet pendant qu'on étudie [la Torah] ou qu'on fait la prière, on ne doit pas du tout y prêter attention.
On ne doit pas se sentir déprimé ou humilié pendant la prière, car il faut être rempli de joie.
Au contraire, on doit se renforcer et travailler encore plus dur pour se concentrer sur les mots avec une grande joie, parce qu'on doit réaliser que ces pensées nous viennent du yétser ara, qui fait la guerre à notre âme.
Lorsque 2 combattants s'affrontent et que l'un d'eux commence à prendre le dessus, l'autre utilise toutes ses forces pour riposter.
Ainsi, si l'âme s'efforce de bien prier, le yétser ara se renforce lui aussi et fait tout ce qu'il peut pour la distraire et lui faire penser à autre chose...

On pourrait conclure du fait qu'on a pensé à d'autres choses pendant qu'on priait, alors notre prière est sans valeur, tandis que si on avait prié correctement, on n'aurait jamais eu de telles pensées.
Cela serait vrai si on n'avait prié qu'avec sa bonne âme et que notre esprit avait dérivé vers d'autres pensées.
Mais la vérité est qu'il y a 2 âmes qui se font la guerre dans sa tête pendant qu'on prie. Chacune d'entre elles veut prendre le dessus et être la seule à contrôler la situation.
Lorsqu'une personne commence à prier, c'est comme si un racha adorateur d'idoles se tenait devant elle et commençait à lui parler pour la distraire. La seule chose qu'on puisse faire est de ne pas répondre et de faire comme si on était sourd ... et de se forcer à détourner son esprit de ces pensées et à se concentrer sur les mots de la prière.
Et si on n'y parvient pas, on doit supplier et implorer Hachem d'avoir pitié de nous, comme un père de son fils ..."

[ ne cédons jamais à notre yétser ara! Chaque échec prouve que nous sommes des ambassadeurs loyaux d'Hachem qui n'abandonneront pas le combat! Notre neshamah est toujours prête à faire la volonté d'Hachem, que nous le sentions ou non.
Nous devons prier Hachem de nous aider à nous connecter à Lui et à ne pas être désillusionnés par l'écran de fumée que le yéter ara place devant nos yeux. (qui nous pousse principalement à dévaloriser l'impact de nos prières, de nos actions, et la valeur de tout juif! )]

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-> Chaque juif est grand en tant qu'ambassadeur bien-aimé et choisi d'Hachem dans ce monde.
Mais il est aussi essentiel que chaque personne soit consciente de ses talents et de ses forces, uniques et personnels, ainsi que de ses faiblesses. Les maîtres du moussar disent : "Malheur à celui qui ne connaît pas ses faiblesses. Elle ne pourra jamais réparer ce qu'elle a fait de mal. Mais il y a pire : celui qui ne connaît pas ses points forts. Elle risque de rater tout son travail dans ce monde [puisque ne les utilisant pas]."

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+ Plus grand au fil des générations :

=> On a tendance à se dire : ok, les juifs d'antan avaient sûrement beaucoup de valeur auprès d'Hachem, mais moi, qui suis tellement loin de ce qu'ils faisaient, je dois avoir forcément beaucoup moins de valeur auprès d'Hachem.

-> Le Arizal a dit à son disciple, le rav 'Haïm Vital, qu'il (rav 'Haïm) avait une âme extrêmement sainte.
Rav 'Haïm lui demanda comment il pouvait dire une telle chose puisqu'il n'approchait même pas la piété et la sainteté du moindre des Richonim.
Le Arizal répondit : "Vous devez savoir que la grandeur d'une personne ne dépend pas de ses actions. Elle dépend plutôt de l'époque et de la génération dans laquelle il vit. Une toute petite action dans la génération actuelle vaut de nombreuses mitsvot accomplies dans les générations précédentes, car de nos jours, l'impureté s'est considérablement développée."
Il poursuit en disant à rav 'Haïm que, pour cette raison, son âme est plus grande que celle de certains Amora'im et même Tana'im de l'époque de la Michna.

-> Un concept similaire est développé par le 'Hafet 'Haim (Tsipita l'Yéchoua - chap.1), où il note que la source de cette idée est le célèbre dicton de nos Sages "Une fois avec difficulté vaut cent fois sans"(Avot déRabi Nathan - chap.3).

-> Si le Arizal a écrit une telle chose au sujet de la ville sainte de Tsfat au 16e siècle, que peut-on dire de l'époque actuelle?
Au regard de l'obscurité et de l'impureté de l'époque actuelle, même notre plus petite action peut valoir un million de fois plus que dans les générations précédentes.
Se rendre à la synagogue aujourd'hui peut représenter un plus grand défi pour la protection de nos yeux que nos grands-parents n'en ont eu au cours de leur vie.

-> b'h, également : L'incroyable grandeur de chaque juif à notre génération : https://todahm.com/2022/02/08/la-grandeur-de-chaque-juif-a-notre-generation

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+ La bête sauvage qui est en vous :

-> Le 6e jour de la création, Hachem a dit : "Faisons l'homme". Ces mots sont difficiles à comprendre. Nous savons qu'Hachem a tout créé par lui-même, alors que voulait-il dire en utilisant le pluriel "nous" (de "faisons") ?

Le rav El'hanan Wasserman (Kovets Maamarim - essai "Yirat Chamayim") cite le Zohar qui explique qu'Hachem s'adressait à toutes les créatures du monde. Chaque animal, chaque oiseau et même chaque ange a contribué, par ses caractéristiques uniques, à la constitution de l'être humain.
Le rav El'hanan écrit : "Chaque personne est un monde en soi, composé de toutes les caractéristiques de chaque créature, à la fois du monde physique et du monde spirituel. Cela signifie que les caractéristiques de chaque animal sauvage se retrouvent chez l'homme. Il n'y a pas de bête plus sauvage que l'être humain!"

Il arrive que l'on soit pris d'une envie irrésistible de fauter ou de se comporter d'une manière tout à fait inappropriée, ou que l'on découvre un terrible trait de caractère dont on n'était pas conscient. On est choqué : comment a-t-on pu penser à faire une telle chose? On est consterné de posséder un tel trait de caractère. Et on arrive souvent à la conclusion qu'on est une personne méchante et basse, à des années-lumière du tsadik qu'on rêverait d'être.
Mais ce n'est pas vrai! On est en partie constitué d'une bête sauvage! Il est normal et naturel d'avoir des pensées et des sentiments de faute et de bassesse, et cela ne doit pas être déprimant ou frustrant.
Au contraire, dit le Baal haTanya (ch.27), on devrait se sentir joyeux d'avoir l'occasion de lutter contre le yétser ara.

Le rav El'hanan nous assure que, tout comme un chien sauvage peut être contrôlé en étant enchaîné, nous avons nous aussi la capacité de restreindre cette tendance sauvage qui est en nous afin qu'elle ne s'exprime pas. La chaîne est : la yirat Chamayim (crainte d'Hachem).
Nous avons une yirat Chamayim innée parce que nous avons une âme qui vient de devant le Trône de Gloire d'Hachem. Notre âme pure et sainte peut dominer le côté humble qui est en nous. C'est le combat de notre vie entre notre âme et notre corps.

[on comprend mieux que notre yétser ara cherche à nous identifier comme étant un animal (regarde comment tu te comportes!), pour mieux nous désespérer d'exploiter notre spiritualité.
Mais en réalité cette partie là est en nous pour agir selon la volonté d'Hachem, et ainsi s'attacher éternellement avec Lui.
Ce que nous sommes véritablement est notre âme (une partie de Divinité), qui reste pure et sublime peut importe ce qu'on peut faire dans notre vie. ]

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+ La téchouva :

-> Le 'Hafets 'Haïm a dit à rav Barou'h Leibowitz : "Si [vous avez fait téchouva alors] vous n'avez pas besoin d'être brisé. La faute est effacée, et c'est comme si vous ne l'aviez jamais commise!"

=> Nous devons toujours nous rappeler que, quels que soient l'endroit où nous nous trouvons et ce que nous avons fait, un juif n'est jamais perdu. Nous pouvons toujours retourner auprès de notre Père céleste aimant et recommencer à le servir loyalement.
L'âme reste aussi pure et sainte qu'elle l'a toujours été et Hachem est heureux de nous accepter comme si rien ne s'était passé.

-> Rabbénou Yona (Yesod haTéchouva) écrit :
"Le jour où l'on décide de faire téchouva et de revenir à Hachem, on doit se défaire de toutes les fautes qu'on a commises et faire comme si on venait de naître, sans mérites ni fautes. C'est aujourd'hui que commence notre action. Aujourd'hui, on doit veiller à ne pas s'écarter du droit chemin.
C'est ainsi qu'on pourra se repentir pleinement en se débarrassant du lourd fardeau de ses fautes.
[le yétser ara désire davantage l'état de culpabilité, de désespoir qui résulte d'une faute, que la faute en elle-même! ]
On ne doit pas être découragé par des pensées qui nous hantent et nous empêchent de faire téchouva parce qu'on se sent gêné par nos fautes, et qu'on se dit : "Comment puis-je avoir l'audace de me repentir? J'ai commis toutes sortes de fautes, même délibérées, et je les ai répétées encore et encore, un nombre incalculable de fois. Je suis gêné de me tenir devant Hachem comme un voleur pris en flagrant délit. Comment puis-je entrer dans le Heichal d'Hachem? Comment puis-je garder Ses mitsvot?"

Ne pensez pas ainsi ! C'est un stratagème du yétser ara, qui est assis comme une mouche dans les chambres du cœur, se renouvelant chaque jour.
Le yétser ara guette et attend de faire trébucher. Il faut plutôt penser : "C'est la mida d'Hachem, Sa main est [toujours] tendue pour accepter ceux qui se repentent."

La meilleure chose que l'on puisse faire est de se débarrasser de toutes ses fautes et de se faire un nouveau cœur."

-> Le Rambam (Hilkhot Téchouva 7,6-7) enseigne :
"La téchouva est si grande qu'elle rapproche une personne d'Hachem ... Hier, il était détesté, dégoûtant et éloigné d'Hachem, mais aujourd'hui, il est aimé, chéri, proche et meilleur ami ...
Hier, il était séparé d'Hachem ... il faisait la prière mais n'était pas exaucé ... aujourd'hui [suite à sa téchouva], il est attaché à Hachem, il fait la prière et est exaucé immédiatement ... Hachem accepte ses mitsvot avec joie et désire qu'il les accomplisse".

=> Quel que soit l'endroit où elle se trouvait, un juif peut revenir pour devenir proche d'Hachem, aimée et chérie à Ses yeux. Quelle chance!!

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Le sujet de la téchouva est très vaste, mais on peut rapporter en guise de réflexion :

-> Le rav Tsadok haCohen (Pri Tsadik - Kédochim 12) enseigne :
"Les âmes les plus précieuses se trouvent particulièrement dans les endroits les plus sales, comme le Zohar (vol.II,184a) nous l'apprend : "la lumière la plus lumineuse est celle qui brille dans l'obscurité ... Au final, il sera révélé que toutes les âmes d'Israël, Ta nation, sont des tsadikim [cf. "Ton peuple : tous sont tsadikim" (Yéchayahou 60,21)] ... même quelqu'un qui a fauté dans ce sujet [de la sainteté].

C'est parce qu'en réalité notre désir est de faire Ta volonté, mais "la levure dans la pâte" (le yétser ara) nous en empêche ...
Grâce à la téchouva tout peut être réparé ... et davantage de lumière peut briller du milieu des ténèbres."

=> Lorsque nous tombons dans la faute, au lieu de désespérer (je ne vaux rien! je suis nul), il faut avoir conscience que : "Les âmes les plus précieuses se trouvent particulièrement dans les endroits les plus sales".
[ce n'est pas parce qu'actuellement je suis sale (sans l'avoir fait exprès!) que je ne vaux rien, au contraire!]
De plus, en faisant téchouva, nous avons la possibilité d'allumer dans l'obscurité de ce monde/notre vie, une lumière d'une intensité très élevée.

-> "Même une personne qui faute durant toute sa vie, elle peut quand même être considérée comme un tsadik, tant qu'elle n'abandonne jamais et qu'elle continue à se battre [pour vaincre son yétser ara]."
[Séfer Ménou'ha véKédoucha - écrit par un élève du rav 'Haïm de Volozhin]

-> "Rien ne peut s'opposer à la téchouva.
Même si quelqu'un a pu commettre toutes les fautes du monde, il pourra faire téchouva sur chacune d'elles"
[Chla haKadoch - Roch Hachana - Dérékh 'Haïm To'ha'hat Moussar 114]

[Précision: une personne qui faute volontairement, pensant qu'elle pourra ensuite faire téchouva, il lui sera alors extrêmement difficile de le faire car ce qui l'a poussé à fauter est cette capacité à se faire pardonner]

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+ L'orgueil de la sainteté (gaava diKédoucha) :

-> Tous les livres de moussar discutent longuement que l'orgueil est le pire trait de caractère.
Mais souvent nous avons une mauvaise compréhension de ce qu'est l'orgueil (gaava).
Le Ram'hal (Messilat Yesharim (ch. 11) explique : connaître ses points forts et sa valeur personnelle n'est pas de l'orgueil en soi.
Il définit l'orgueil comme le sentiment que l'on mérite d'être loué pour ce que l'on est ou ce que l'on a fait. La personne orgueilleuse estime qu'elle est responsable de son succès, de son apparence, de sa sécurité financière, et ainsi de suite, et pense qu'elle devrait être félicitée pour ces choses.
[on peut être orgueilleux de ne rien être, comme on peut l'être de qualités, de ressources, dont nous sommes dotées.]

Cependant, le juif de la Torah sait que tout ce qu'il possède lui a été donné par Hachem. Il sait qu'il est le messager d'Hachem et qu'il a donc reçu tout ce dont il a besoin pour remplir sa mission.
Son apparence, son intelligence, ses bonnes midot, sa femme, sa famille, ses finances et tout le reste lui ont été donnés afin de lui permettre de mener à bien sa tâche unique.

Si l'on prend conscience de cette vérité, il devrait être impossible de devenir orgueilleux.
On ne peut pas s'enorgueillir de quelque chose que l'on a emprunté temporairement (personne n'étant immortel à part D.!) et que l'on doit rendre à son véritable propriétaire (Hachem).
Si une personne pauvre s'est vu prêter un costume très cher pour le mariage de son fils, elle peut se sentir bien de porter un si beau costume, mais elle ne peut pas en être fière. Il serait stupide de le faire, car il ne lui appartient pas.

-> Cependant, le 'Hafet 'Haïm (Chem Olam - chap.7) écrit qu'il y a une chose dont nous pouvons et devons être fiers/orgueilleux.
Nos Sages (guémara Béra'hot 33b) enseignent que "tout provient à une personne depuis le Ciel, sauf la yirat Chamayim".
La seule chose qui reste à une personne est de choisir de faire la volonté d'Hachem (de parler à Hachem, de croire en Lui, d'accomplir Ses mitsvot et d'étudier Sa Torah).
Le choix de mener une vie dévouée à Hachem est le choix individuel de chaque personne.

C'est pourquoi le prophète Yirmiyahou (9,22-23) dit : "Un sage ne doit pas s'enorgueillir de sa sagesse, ni un guerrier fort de sa force, ni un homme riche de sa richesse. Mais de quoi doit-on s'enorgueillir? D'avoir appris et d'avoir pris conscience de Moi [Hachem]."

En effet, la yirat Chamayim d'une personne est la seule chose qu'elle a réalisée elle-même grâce à son travail acharné. Elle mérite donc d'être félicité pour cet accomplissement.

Comme l'écrit le 'Hafets 'Haim : "lorsqu'on atteint ce niveau, qu'on reconnaît et comprend qu'Hachem contrôle tout dans le monde, on peut être fier de nous-même et personne ne doit mépriser cette fierté, car ce n'est pas de l'orgueil, cela fait plutôt partie de la joie sur les mitsvot ... et c'est quelque chose pour lequel il est digne de féliciter une personne."

-> Le rav Yonathan Eibshitz (Yaarot Dvach 1,15) mentionne également cette idée :
"C'est l'orgueil désiré : se souvenir constamment de son honneur et de ses qualités et agir en conséquence, comme il convient de se sentir bien à propos de sa valeur élevée."

-> Le 'Hovot haLévavot (Chaar haAnava - chap.9) écrit qu'il existe une forme d'orgueil permis et même nécessaire : la joie et la fierté qu'une personne éprouve à l'égard de la Torah et des mitvot qu'elle a eu le mérite d'accomplir.
Loin de rendre quelqu'un vaniteux, un tel sentiment : "l'incitera à travailler encore plus dur dans sa avodat Hachem et à s'humilier devant son entourage. Il se sentira heureux à l'égard de ses amis et se souciera de leur honneur, cachera leurs erreurs, ne parlera qu'en leur faveur, les aimera tous, se portera garant d'eux et sera très attentif à leur honneur."

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-> également à ce sujet : Confiance en soi & l'orgueil de la sainteté : https://todahm.com/2021/12/12/confiance-en-soi-lorgueil-de-la-saintete

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-> Selon le Ben Ich 'Haï (Bénayahou - guémara Béra'hot 62b) :
Dans tous les traits de caractère, choisissez la voie du milieu ...
L'exception à la règle est l'orgueil ... il faut aller à l'extrême opposé.

[au préalable, il faut avoir une bonne définition de ce qu'est l'humilité (et donc l'orgueil).
Par exemple, on pense que c'est : "je ne suis rien, je ne vaux rien" (ce qui est faux!), et du coup on en vient à s'enorgueillir de n'être rien.
A l'inverse, par moment on doit s'enorgueillir d'être un serviteur, un enfant d'Hachem. (notre yétser ara nous pousse à nous dévaloriser sous couvert d'humilité pour réduire notre ambition spirituelle (pour qui tu te prends! tu n'es pas Baba Salé!), et donc nous faire moins exploiter notre potentiel.
Par moment, on doit être arrogant/orgueilleux face à notre yétser ara (le monde a été créé pour moi), en augmentant notre joie et fierté de vivre, en appréciant d'avoir une partie d'Hachem en nous! (donc je ne suis pas un rien que rien, et mes actions/mitsvot ont un impact éternel!)

A ce sujet, on peut citer :
-> Selon le rav Ben Tsion Abba Chaoul :
- concernant le futur = nous devons être plein d'orgueil, du fait de pouvoir réaliser la volonté de Hachem.
[Ce sentiment de fierté est sain, productif, et il témoigne de notre amour pour D., de notre joie de nous consacrer à son service. Par exemple, nous devons répondre avec plein d'orgueil à notre yétser ara qui nous pousse à la faute : "Tu sais qui je suis : un prince, un fils du Roi des rois! Alors comment oses-tu me déranger pour une chose si minable, honteuse pour quelqu'un de mon rang!"]
- concernant le passé = nous devons rester humble, car "Tout cœur hautain est en horreur à Hachem" (Michlé 16,5).
[ainsi, nous devons s'enorgueillir d'avoir la chance de pouvoir servir Hachem pour dynamiser nos actions futures, mais pas d'en venir à se reposer sur nos lauriers et se vanter à outrance de notre passé.
(à petite dose cela peut servir à se valoriser pour mieux aller de l'avant, mais pas pour se vanter pour se vanter).
De même dans le domaine de la prière (il y a nécessité d'avoir de la fierté [d'être juif] qui nous pousse à nous surpasser, à donner le meilleur de nous même, et il y a orgueil [d'être juif] qui ne pousse qu'à développer notre "moi je, moi je" [or, la prière c'est laisser de la place pour Hachem dans notre vie!].)]

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[pour réussir sa vie dans ce monde, tout juif a besoin de moments où il va développer un orgueil sur la grandeur d'être juif.
Dans le Alénou léChabéa'h (et les bénédictions avant/après l'étude de la Torah), nous affirmons notre chance et fierté d'être dans les chemins d'Hachem (le Vrai) tandis que les non-juifs vont dans des chemins totalement vides et inutiles (servant des idoles mortes!). [ché'en mista'havim laévél varik, oumitmaléllim lélo yochia ...]
Le Tiféret Israël demande : on comprend la nécessité de louer nos actions, mais pourquoi déprécier ouvertement celles des non-juifs? C'est pas respectueux pour eux!
Il répond car nous avons besoin au quotidien de les dévaloriser pour mieux être orgueilleux en prenant pleinement conscience de notre chance d'être juif, de pouvoir servir Hachem.
=> La Torah étant d'ordinaire si respectueuse de l'honneur d'autrui, on en déduit que le caractère vital de constamment renforcer notre grandeur à nos yeux, pour pouvoir vivre avec un très haut niveau de responsabilité et de spiritualité. ]

Connaître notre grandeur (1ere partie)

+++ Connaître notre grandeur (1ere partie) :

-> Nous observons souvent des personnes qui recherchent les honneurs ou l'attention.
Le rav Chlomo Wolbe (Alé Shour, vol.2) explique que la racine de ce comportement est un manque de respect de soi, et le besoin de quelqu'un pour combler ce vide et apporter de l'honneur.

[on a tous besoin d'honneur. Si je n'ai pas d'honneur pour moi, alors je deviens dépendant de celui que pourrait m'accorder autrui (nous seulement nous sommes dépendant de la réaction d'autrui, mais cela va nous prendre beaucoup de temps et d'énergie, nous empêchant de nous réaliser, d'être nous-même.) ]

-> Qui respectons-nous lorsque nos témoignons de l'honneur à quelqu'un?
Le commandement de la Torah de se lever par respect pour une personne âgée ou un talmid 'hakham (sage en Torah) est formulé ainsi : "véhadarta pné zaken" (Kédochim 19,32).
Le Yessod véChorech haAvoda explique que le mot "pné", littéralement "visage", est le même mot que panim, "intérieur". Lorsque nous nous levons devant quelqu'un, nous le faisons par respect pour son intériorité, ou plus exactement pour l'âme qui est en lui.

En montrant du respect à une autre personne, je reconnais qu'elle a été créée "bétsélem Elokim" (Béréchit 1,27), avec une âme (néchama) qui lui a été donnée par Hachem provenant de devant Son Trône de Gloire. (à la différence d'un non-juif, un juif a une âme provenant de l'intériorité de D.)
Le respect que je porte à autrui est dû à l'étincelle d'Hachem qui est en elle. Il s'ensuit que je dois également me respecter moi-même, en raison de l'âme que j'ai en moi.

En effet, le roi David s'est exhorté lui-même : "Réveille-toi, mon kavod" (oura kévodi - Téhilim 57,9).
Le Métsoudat David explique qu'il se disait à lui-même : "Mon âme, réveille-toi et loue Hachem".
Il a appelé son âme (néchama) "kavod" parce que la néchama est la source de l'honneur (kavod) d'une personne.

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+ Nécessité d'avoir conscience de sa propre grandeur :

-> Rabbénou Yona est surtout connu pour son ouvrage le Shaaré Téchouva, le classique guide de la téchouva. Cependant, Rabbénu Yona a écrit un autre ouvrage extrêmement important : Shaaré Avoda.

Dans les remarques préliminaires, il définit le début du voyage vers la grandeur dans notre service Divin (avodat Hachem) :
"Le premier pas [vers l'avodat Hachem] consiste à connaître sa propre valeur et à reconnaître ses qualités et celles de ses ancêtres, ainsi que leur grandeur et leur importance aux yeux d'Hachem".

-> Le rav Shlomo Wolbe (Alé Shour, vol.2) explique qu'avant même d'apprendre ses défauts et d'essayer de les corriger, la première étape du moussar est d'apprendre ses qualités et l'importance qu'a tout juif.

Il cite ensuite le 'Hovot haLevavot (Shaar haKeniah - ch.2) qui écrit que :
"[la véritable humilité ne peut exister] qu'après avoir réalisé la noblesse de la néchama et l'avoir élevée au-dessus de tout trait de caractère animal et de toute similitude avec le comportement des gens de basse condition, en raison de la supériorité de son intellect et de la préciosité de sa néchama, et de la compréhension claire des bons et des mauvais traits de caractère.
Accompagnée de cet état d'esprit, l'humilité est un trait louable, mais sans elle, elle n'est pas considérée comme un trait favorable ou une qualité de l'âme."

-> Pour accomplir quoi que ce soit en matière d'avodat Hachem, il est absolument nécessaire de savoir qui nous sommes et à quel point nous sommes grands et importants dans le monde d'Hachem.
Cette idée est reprise par le rav Tsadok haCohen (Tsidkat haTsadik 154) : "De la même manière que l'on doit croire en Hachem, on doit croire en soi-même ... que sa néchama vient d'Hachem et qu'Hachem éprouve du plaisir et de la joie lorsque nous faisons Sa volonté".
[il est facile d'appréhender le fait qu'il est important de croire en D., mais ]

-> Le Alter de Slabodka (Ohr haTsafoun, pt.1) développe longuement cette idée :
"Reconnaître sa propre valeur est une partie intrinsèque de la vie et constitue le chemin de la croissance pour chaque personne. Prendre conscience et connaître la valeur d'une personne selon la valeur que la Torah lui attribue est la grande tâche fondamentale et l'une des parties essentielles de notre vie ...
La michna (Pirké Avot 3,14) nous dit : "L'homme est aimé car il a été créé à l'image d'Hachem, comme il est dit : "Il a créé l'homme à l'image d'Elokim" (Béréchit 1,27).
La conscience de cet amour doit être comme une empreinte sur notre cœur que nous ne perdons jamais de vue, ne serait-ce qu'un instant. Nous devons nous fortifier de toutes nos forces pour nous inspirer à nous aimer nous-mêmes avec le même amour débordant qu'Hachem nous aime, qui dépasse de loin l'amour de tout ce qu'Hachem a créé dans le monde. [Hachem étant le créateur du sentiment d'amour et n'étant pas limité, Il aime chaque juif d'un amour véritablement infini, et lorsque l'on compare cela à celui des parents pour leurs enfants cela est très limitant (à défaut de mieux). ]
De toutes nos forces, nous devons constamment tendre vers la perfection et apparaître comme la véritablement personne, extérieurement et intérieurement, en concrétisant tout le potentiel que nous avons en nous, en reproduisant toujours les voies d'Hachem, jusqu'à ce que nous devenions celui au sujet duquel Hachem dit : "Voyez la création que J'ai créée dans Mon monde, dont l'image est comme la Mienne"."

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-> Si les juifs savaient à quel point ils sont chéris et à quel point Hachem les aime, ils rugiraient comme des lions pour courir après Hachem.
[Zohar]

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-> La Torah nous dit qu'Hachem a créé l'homme "à l'image d'Elokim" (Béréchit 1,27).

Le rav 'Haïm de Volozhin (Néfech ha'Haïm 1,3) explique qu'Hachem a infusé en nous une capacité similaire à celle d'Elokim.
Hachem lui-même, en tant que "Elokim", recrée le monde entier et tout ce qu'il contient à chaque seconde.
Hachem nous a également donné la capacité de construire des mondes par nos actions.
Les mitsvot que nous accomplissons ont d'énormes ramifications dans les royaumes spirituels. Elles créent d'innombrables mondes spirituels et provoquent l'ouverture de nombreuses fenêtres/canaux de la bienveillance d'Hachem qui se déversent sur ce monde.

À l'inverse, toute faute a des effets néfastes, détruit des mondes spirituels et empêche les bénédictions d'Hachem d'atteindre ce monde.
Le Néfech ha'Haïm écrit que l'effet d'une seule faute est pire que celui de Titus, qui a détruit le Temple, car Titus n'a affecté que le monde physique, alors qu'une faute affecte les sphères supérieures, spirituelles.

Ce concept est discuté à plusieurs reprises par le 'Hafets 'Haim qui cite le Zohar affirmant : "Les effets qui se produisent dans le Ciel dépendent des stimuli des gens, que ce soit pour le bien ou pour le mal".

-> A ce sujet, voici les paroles du Baal Shem Tov (citées dans Shomer Emounim - Tsahali véRoni chap.13) :
"Parfois, l'humilité excessive d'une personne peut la faire chuter dans sa avodat Hachem, car elle ne croit pas que sa prière et son apprentissage de la Torah génèrent d'abondantes bénédictions de la part d'Hachem dans tous les mondes spirituels et que même les anges obtiennent leur subsistance grâce à elles.
Si une personne croyait cela, elle servirait Hachem avec une immense joie et crainte du Ciel (yirat chamayim) et serait très attentive à prononcer chaque mot correctement ...
Une personne doit comprendre qu'elle se tient dans ce monde mais qu'elle atteint les Cieux et que chaque mouvement, parole, action et interaction fait un impact dans les Cieux, et c'est ainsi qu'elle s'assurera que toutes ses actions sont faites pour l'amour du Ciel.
Contrairement à la personne qui agit à sa guise en pensant : "Qui suis-je pour que mes actions fassent une différence ou soient remarquées dans les Cieux? Mais c'est une erreur, car par ses actions, une personne est reliée à Hachem et si elle est miséricordieuse, cela signifie qu'Hachem agira lui aussi avec miséricorde".

-> La Torah contient une mitsva : "marcher dans les voies d'Hachem" (Ki Tavo 28,9).
Nos Sages nous enseignent que cela signifie suivre les middos d'Hachem, et ils nous donnent la célèbre directive suivante : "Tout comme Il est miséricordieux, vous devez être miséricordieux ; tout comme Il est compatissant, vous devez être compatissants" (guémara Shabbath 133b).

Rabbénou Yona (Shaarei Avoda - ch.16) a ajouté une ligne supplémentaire dans son texte qui n'apparaît pas dans la guémara : "Tout comme Hachem crée le monde et lui permet de continuer à exister, vous devriez faire de même."
C'est une idée incroyable. Chaque mitsva que nous accomplissons s'accompagne d'une mitsva supplémentaire, celle de marcher dans les voies d'Hachem, car avec chaque mitsva, nous donnons au monde la subsistance nécessaire pour continuer à aller de l'avant!

[il est écrit : "donner de la force à D." (ténou oz l'Elokim - Téhilim 68,35)
d'une certaine façon, Hachem a tellement confiance en nous qu'Il nous donne une partie de Lui en nous, faisant, si l'on peut dire, qu'Il est dépendant de nous. Par nos bonnes actions, nous Lui donnons alors de la force de pouvoir agir. ]

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+ Fauter ou ne pas fauter? = cela dépend d'à quel point tu es grand à tes yeux :

-> Se souvenir de notre grandeur est l'outil nécessaire pour résister à la tentation de la faute.
La Michna (Sanhedrin 37a) enseigne que chaque être humain a été créé individuellement et qu'il doit donc se dire : "Le monde a été créé pour moi".

Rachi explique que nos Sages nous enseignent que pour s'empêcher de fauter, une personne doit se dire : "Je suis aussi important que le monde entier, je ne dois donc pas me détruire du monde en commettant ne serait-ce qu'un seul péché."

-> De même, Rabbénou Yona (Shaaré Avoda), après avoir écrit qu'il faut connaître ses propres qualités, poursuit : "S'il est tenté ou si l'idée d'agir de manière inappropriée lui vient à l'esprit, il doit être embarrassé pour lui-même et ses ancêtres et se dire : "Une personne aussi grande et importante que moi, qui possède tant de grandes et hautes qualités, et je suis le fils d'un grand peuple et du Roi Eternel ; comment pourrais-je commettre un mal aussi terrible, et ce faisant fauter devant Hachem?"

-> Le rav Yonathan Eibshitz (Yaarot Dvach 1,15) enseigne :
"Il est obligatoire de se rappeler à chaque seconde que nous sommes les enfants du Roi puissant et redoutable, et qu'il n'est pas convenable que nous nous comportions comme de modestes paysans.
La source de nos problèmes est que nous oublions que notre âme (néchama) vient d'un endroit terriblement élevé.
Dans ce contexte, nous agissons avec humilité, mais nous ne nous soucions pas de notre propre honneur et de l'honneur de notre néchama, et au lieu de cela, nous nous roulons dans la boue comme un humble paysan.
Il serait préférable d'être fier, de se comporter mieux que les autres et de dire : "Nous sommes les fils du Roi de tous les rois, et il est inapproprié que quelqu'un d'aussi honorable que nous se comporte comme un non-juif de bas étage.
Nous devons plutôt nous comporter comme il convient à l'endroit d'où nous venons (sous le Trône de Gloire). Nous devons nous comporter comme de grandes personnes, nettement plus grandes et différentes des personnes ordinaires, afin que tout le monde voie que nous ne sommes pas des personnes ordinaires ...
Si l'on se souvient de l'immense grandeur de chaque juif, du fait qu'il est plus élevé que les anges, il lui sera impossible de sombrer dans les frivolités et les mondanités de ce monde ou d'être attiré par la luxure (tout désir interdit par la Torah)".

-> La michna (Pirké Avot 2,13) enseigne : "Ne sois pas un fauteur à tes propres yeux".
Le Rambam explique que si une personne se sent un fauteur, elle agira comme tel.
Si elle est étiquetée comme une personne racha (ex: par rapport au tsadik comme je suis un racha, quelqu'un de "nul"), elle peut penser qu'elle peut tout aussi bien s'amuser et faire ce qu'elle veut. [ex: perdu pour perdu spirituellement, alors autant se lâcher, profiter! Si j'ai peu de valeur spirituelle, alors qu'est-ce que cela peut faire à D. si je n'agis pas beaucoup dans ce domaine!? ]

C'est une règle de base de toute éducation. Si un parent ou un enseignant traite un enfant de paresseux, l'enfant croit que c'est vrai et agira en conséquence.
Au lieu de cela, il faut dire à l'enfant que normalement tu es si fiable, mais que tout à l'heure tu as agi paresseusement.
De même, la michna nous enseigne que, même si vous avez fauté, ne vous considérez pas comme un fauteur ; mais plutôt rappelez-vous que vous êtes en réalité une âme sainte qui s'efforce d'être un tsadik, mais qui a dérapé une fois et a commis une faute.
De cette manière, vous tenterez toujours de préserver votre réputation et de vous abstenir de fauter.

[Hachem ne m'a pas fait ange, c'est normal que je faute, et il y a la téchouva pour tout réparer. L'essentiel est de se relever, de repartir vers l'avant en faisant de notre mieux pour exprimer nos sublimes potentialités intérieures.
A l'inverse, notre yétser ara pousse à nous dévaloriser, à nous voir comme ayant peu de valeur spirituelle, alors pourquoi faire les efforts de se relever, d'avoir de grandes ambitions spirituelles pour nous ... (plus on a d'estime de soi, plus on a d'ambition et de désir d'y parvenir).
Ainsi, mon cher yétser ara c'est très tentant, très agréable, ce que tu me proposes, mais cela ne me convient pas au regard de ma grandeur dans ce monde (je suis l'enfant adoré du Roi des rois, l'aidant à parfaire ce monde, à amener la guéoula!).
Et oui, cher yétser ara, ton patron (qui t'égorgera avec la venue du machia'h), celui qui te donne la vie à chaque instant, et bien sache qu'Il m'aime infiniment, Il a même mis une partie de Lui en moi, et ainsi j'ai un pouvoir Divin d'impacter le monde pour le bien ... ]

Trouver grâce auprès d’Hachem et autrui

+ Bénéficier de la faveur d'Hachem :

"Hachem était avec Yossef, Il lui attira la bienveillance et Il lui fit trouver grâce aux yeux du chef de la prison" (Vayéchev 39,21)

-> Le Ohr ha'Haïm haKadoch explique qu'Hachem est la source de tous les plaisirs et de toutes les faveurs. Tout ce qui concerne Hachem est agréable et plaisant.
Si Hachem choisit de faire reposer Sa Ché'hina sur une personne, alors tout le monde appréciera la compagnie de cette personne parce qu'ils apprécient la Présence d'Hachem qui réside sur cette personne.
Il n'y a pas de don spécial de "faveur", dès que la Ché'hina d'Hachem repose sur une personne, le résultat automatique est qu'elle trouve grâce aux yeux des gens qui apprécient la Présence d'Hachem parmi eux.

-> Le 'Hafets 'Haïm affirme qu'avoir de bonnes midot est la clé de l'attachement avec Hachem.
Pour qu'une personne se connecte avec Hachem, elle doit imiter les midot d'Hachem, qui sont purement d'aider et de donner aux autres.
Les bonnes midot transforment une personne en un récipient capable d'accepter la sainteté de la Ché'hina d'Hachem. Le résultat naturel est que, béni par la présence d'Hachem, il trouvera grâce aux yeux de tous ceux qui le verront.

-> Ceci explique le v erset : "Hachem accorde sa faveur aux humbles" (Michlé 3,34).
L'humilité est la racine de tous les bonnes midot, et plus que toute autre chose, elle permet à une personne d'obtenir la faveur.
À l'inverse, une personne orgueilleuse est décrite comme une abomination pour Hachem (Michlé 16,5) et Hachem dit à propos d'une telle personne : "Elle et moi ne pouvons pas résider ensemble dans le monde" (Sotah 5a).
De plus, nos Sages disent que même la famille d'une personne orgueilleuse déteste sa présence. Il est à l'opposé d'une personne humble qui, grâce à ses bonnes midot, mérite d'être aimée de tous.

Ce concept explique également pourquoi l'étude de la Torah est une raison de gagner la faveur des autres. [voir le Gaon de Vilna sur Michlé 3,18]
En effet, l'étude de la Torah est la plus grande connexion possible avec Hachem, ce qui a pour conséquence naturelle que les autres apprécient la compagnie de cette personne en raison de la Ché'hina qui repose sur elle en vertu de son étude de la Torah.

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+ Trouver grâce aux yeux d'Hachem :

-> Bien que la Torah atteste que Noa'h était un tsadik, la guémara (Sanhédrin 108a) nous apprend qu'il était à l'origine inclus dans le décret d'anéantissement avec le reste de l'humanité dans le Déluge (Maboul). Cependant, il a été épargné parce qu'il "a trouvé grâce aux yeux d'Hachem".

-> La guémara ne mentionne pas ce qu'il a fait pour trouver grâce aux yeux d'Hachem. Cependant, le Séfer 'Harédim (66:75) révèle le secret.
La racine du mot Noa'h (נח), signifie "agréable" ou "calme". Telle était l'essence de Noa'h : il était agréable dans ses paroles et ses actions, et traitant les autres avec un degré remarquable d'amabilité et d'attention.
Le Séfer 'Harédim conclut que quelqu'un qui veut trouver grâce aux yeux d'Hachem doit faire de même.

-> Ceci est en accord avec Rabbénou Yona qui écrit (sur Michlé 3,4) que quelqu'un qui a des midot tovot trouvera grâce aux yeux d'Hachem.
L'histoire de Noa'h nous apprend qu'un tsadik peut être sauvé d'une condamnation à mort grâce à son excellence dans ses relations avec autrui (ben adam la'havéro).

-> Il faut ajouter que Rabbénou Yona et le Gaon de Vilna (sur Michlé 3,4) écrivent tous deux que la récompense pour l'accomplissement du 'hessed est de trouver grâce aux yeux d'Hachem.
Nos Sages nous parlent du 'hessed exceptionnel que Noa'h a accompli avec tous les animaux dans l'Arche pour l'année du Déluge. Il n'est pas étonnant que Noa'h, avec son comportement agréable et son 'hessed incessant, ait mérité la plus élevée des récompenses : la faveur et la grâce aux yeux d'Hachem, qui conduisent à la protection et au succès, même dans les pires moments.

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-> La prière de quelqu'un qui fait du 'hessed sera certainement et immédiatement exaucée.
Une telle personne, qui trouve grâce aux yeux d'Hachem et sur qui Hachem veut répandre toutes Ses bénédictions, a la garantie que si elle a besoin d'aide, elle peut compter sur Hachem pour lui donner rapidement tout ce qu'elle désire, en récompense du fait qu'elle est devenue un véritable baal 'hessed, marchant dans les voies d'Hachem.
['Hafets 'Haïm - Ahavat 'Hessed - pt.2, ch.6 - citant un midrach au nom de Rabbi Akiva ]

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+ Trouver grâce aux yeux d'autrui :

-> De la même manière, une personne peut trouver grâce aux yeux des autres.
Le verset de la Méguilat Esther (2,16) nous dit qu'Esther, l'héroïne de l'histoire de Pourim, a trouvé grâce aux yeux de tous ceux qu'elle a rencontrés.
Quel était son secret qui lui permettait d'être aimée de tous?

Le Méam Loez (sur Esther 2,16) explique :
"Esther aimait tous les gens comme s'ils étaient de son propre pays. Elle les aimait tellement que c'était comme si elle avait grandi dans leur maison. Même si elle était la reine, elle a agi avec une extrême humilité et leur a parlé comme si elle n'était pas la reine.
Elle s'informait du bien-être de chacun et se montrait amicale avec tous. Lorsque les gens voyaient son caractère exemplaire, elle trouvait grâce à leurs yeux".

-> Il est intéressant de noter que l'autre héros de l'histoire de Pourim, Mordé'hai, possédait également un caractère incroyablement attentionné. Le Méam Loez (sur Esther 2,16) écrit qu'il s'est élevé à la grandeur "parce qu'il aimait chaque juif et partageait leurs difficultés".
Lorsqu'Esther fut emmenée vivre dans le palais d'A'hachvéroch, Mordé'hai craignait qu'elle ne se sente seule et abandonnée. C'est pourquoi, pendant 5 années consécutives, il se rendit chaque jour au palais pour lui rendre visite, l'encourager et lui montrer qu'elle n'était pas seule.

Le dévouement de Mordé'haï au bien-être émotionnel d'Esther lui a permis de mériter d'être à l'origine du miracle de Pourim. En effet, la Méguilat Esther (10,3) se termine par les mots "Mordekhaï ... était grand parmi les juifs, recherchait le bien de son peuple et se préoccupait de toute sa postérité".
Le Gaon de Vilna explique qu'il s'agit d'une référence à la perfection dans les bonnes midot. Mordé'haï a reçu l'accolade de "grand parmi les juifs" parce qu'il a atteint la grandeur dans le midot et dans ses relations avec autrui (ben adam la'havéro).

Sainteté & nos pensées : une bataille de l’esprit

+++ Sainteté & nos pensées : une bataille de l'esprit :

+ Le don de la pensée :

-> La caractéristique essentielle de l'être humain est sa capacité à penser ; l'intellect est ce qui distingue l'homme du règne animal. Notre identité en tant que tsélem Elokim est directement liée à notre capacité de réflexion. Lorsque Hachem a créé l'homme, il a dit : "Faisons l'homme à notre image (tsélem) et à notre ressemblance (dmout)" (Béréchit 1,26).
Rachi explique que le terme "dmout" fait référence à la capacité "de comprendre et de discerner".

En un sens, les pensées que nous choisissons de contempler sont l'expression la plus profonde de ce que nous sommes. Le don de la pensée est à l'origine de notre libre arbitre et de la quasi-totalité de notre avodat Hachem.
Le rav 'Haïm de Volozhin (Néfech ha'Haïm 1,4) compare l'esprit au Kodéch haKodachim (le Saint des saints) et assimile la contemplation de pensées impures à l'acte d'apporter une prostituée dans ce lieu le plus sacré.
Le Kodech hakodachim est l'endroit où la Ché'hina réside dans notre monde. De même, l'esprit est le lieu où l'âme (néchama) repose en nous. La néchama constitue la véritable identité de chaque juif et est trop élevée pour résider dans notre monde physique. Néanmoins, elle interagit avec nous par le biais du processus de la pensée, nous éclairant par des étincelles d'inspiration et nous révélant les profondeurs de la Torah. [Néfech ha'Haïm 1,5]

La fusion de l'âme avec l'esprit nous permet d'accéder aux parties les plus profondes de nous-mêmes et de nous élever à des hauteurs incroyables. Contaminer notre esprit avec des pensées impures affaiblit ce lien avec l'âme et revient donc à nous détacher de notre identité même.

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=> Nous sommes certainement capables de contrôler la sainteté de nos actions, mais sommes-nous également capables de contrôler nos pensées?
Est-il raisonnable que nous soyons tenus pour responsables des pensées inappropriées qui nous viennent à l'esprit?

Nos pensées nous font parfois nous sentir mal dans notre peau. Le commun des mortels se lamente souvent : "Je n'arrive pas à croire que je pense à cela en plein milieu de mon étude de Torah. Je ne peux pas croire que cela se produit pendant ma Amida (moment de face à face intime avec Hachem). Qu'est-ce qui ne va pas chez moi? Si des pensées aussi sales pénètrent mon esprit, peut-être suis-je moi-même une personne sale?"

Ces sentiments déprimants de culpabilité et de honte, bien qu'ils puissent sembler de nature religieuse, sont souvent des tactiques du yétser ara. Ces réactions découlent d'un manque de clarté quant à ce qu'Hachem attend de nous dans ce domaine.
En effet, selon nos Sages de nombreuses pensées inappropriées qui nous viennent à l'esprit ne sont pas du tout des fautes. Elles sont simplement une épreuve d'Hachem, qui nous est donné comme une occasion de grandir.

Rabbi Shimon ben Pazi déclare dans la guémara (Béra'hot 61a) : "Oy li mi'yotsri vé'oy li mi'yitsri". Ce qui se traduit à peu près par : "Je vais avoir des ennuis quoi que je fasse! Si je me comporte correctement et que j'écoute Hachem, ce ne sera pas bon pour moi d'une manière ou d'une autre, et si je suis mon yétser ara, je me retrouverai certainement dans une mauvaise situation".
=> Comment peut-il être mauvais pour une personne de suivre les lois d'Hachem et de se comporter correctement? Pourquoi quelqu'un qui accomplit la volonté d'Hachem aurait-il une raison de dire "oy"?

-> Rachi explique la guémara comme signifiant que même si une personne observe la Torah et se comporte correctement, elle souffrira toujours de pensées inappropriées sur des fautes.
Ces pensées la hanteront et ruineront son humeur à tout moment ; elles l'amèneront à se sentir mal dans sa peau et la pousseront à abandonner. Finalement, dans le désespoir et la frustration totale, elle criera : "Oy!" (cri de lamentation).
C'est ce que la guémara veut dire lorsqu'elle dit : "Oy li mi'yotri!".

-> Le Gaon de Vilna explique que la guémara utilise le mot "oy" pour donner une connotation spécifique.
Selon le Gaon, le mot "oy" est utilisé pour déplorer quelque chose que l'on ne contrôle pas.
Par exemple, une personne qui s'efforce d'être un tsadik peut souffrir de mauvaises pensées qui surgissent soudainement dans sa tête et prennent le contrôle de son esprit.
En d'autres termes, nos Sages nous révèlent que même les personnes qui agissent bien et se comportent magnifiquement peuvent toujours avoir des pensées interdites.

-> Lorsqu'une personne s'engage à travailler sérieusement sur la sainteté, elle s'attend souvent à ce que le premier pas dans la bonne direction la libère des mauvaises pensées. Les gens sont souvent choqués de découvrir que c'est exactement le contraire qui se produit : lorsqu'une personne s'efforce de s'améliorer dans ce domaine, elle peut être emportée dans un tourbillon de pensées interdites qui semble beaucoup plus fort et plus intense qu'auparavant.
Cette idée peut être très difficile à accepter. On nous a toujours enseigné que les pensées interdites sont mauvaise et immorales, mais nos Sages (guémara ci-dessus) nous enseignent ici que même les personnes qui servent Hachem et suivent la Torah peuvent être tourmentées par les pensées interdites. Néanmoins, aussi frustrantes que puissent être ces pensées importunes, nous devons toujours nous rappeler que nous ne sommes pas coupables d'avoir ces pensées, et qu'elles sont simplement des épreuves que nous devons endurer.

-> Le rav 'Haïm de Volozhin (Kéter Roch 136) cite une guémara (Baba Batra 165) qui affirme qu'il y a 3 fautes qui se produisent chaque jour et dont aucun homme ne peut être sauvé. L'un de ces fautes est le pensées interdites (hirhourim).
Le rav 'Haïm de Volozhin explique que si une personne a une mauvaise pensée passagère, elle n'en est pas responsable et ne devrait même pas se sentir coupable.
En fait, même les grandes personnalités de la Torah des générations précédentes étaient quotidiennement aux prises avec de telles pensées.
La Torah nous ordonne de chasser ces pensées de notre esprit du mieux que nous pouvons, et de les remplacer par des pensées pures de Torah et d'avodat Hachem.
Les premières pensées interdites, cependant, sont simplement l'œuvre du yétser ara qui nous met au défi de la tentation, et nous n'avons pas à nous sentir coupables à leur sujet.

Une personne peut être bombardée de pensées interdites, mais tant qu'elle ne veut pas avoir ces pensées et qu'elle ne les développe pas, elle gagne la partie.
Si elle essaie d'apprendre la Torah et d'occuper son esprit avec d'autres choses, les pensées interdites elles-mêmes ne sont pas considérés comme des fautes.
En fait, chaque fois que nous rejetons une mauvaise pensée, nous nous acquittons de la mitsva de "lo tatourou".
Une personne qui souffre de ce problème tout au long de sa vie est en train de faire des mitsvot tout le temps, tous les jours. Cela ne semble peut-être pas très prestigieux, mais c'est une véritable avodat Hachem.

-> Il est également essentiel de comprendre que les tentatives agressives pour chasser certaines pensées de notre esprit peuvent avoir des conséquences négatives.
Le rav Israël Salanter enseigne :
Il ne faut pas se plonger dans les [pensées interdites], ni déployer de grands efforts pour chasser les pensées, car la nature de l'esprit humain est telle que plus on tente de repousser une pensée, un sentiment de douleur ou autre, plus l'esprit résistera et fera resurgir la pensée étrangère.
Par conséquent, un effort excessif pour bannir les pensées interdites peut entraîner une forte intensification des pensées interdites.
Il en va de même pour la prière : un grand effort pour chasser les pensées non pertinentes peut parfois être la cause de pensées étrangères, car il est dans la nature de l'esprit de résister.
[plus on se dit de ne pas penser à une chose, plus on va vouloir y penser, ainsi le mieux est de moins y prêter attention et de s'occuper par d'autres pensées. (on peut aussi prier Hachem pour nous en protéger)]

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+ Le saint plombier :

-> Le Baal haLéchem, l'un des derniers grands mékoubalim, offre une perspective édifiante sur nos luttes dans ce domaine de la sainteté.
Un serviteur d'Hachem sincère peut avoir d'énormes difficultés avec son yétser ara et ne pas comprendre pourquoi ces épreuves [de mauvaises pensées] le "poursuivent". Il peut regarder tous ses amis et voir qu'ils semblent aller bien, et il peut se demander pourquoi lui seul est coincé dans une fosse septique. Cela peut l'amener à s'énerver, voire à se fâcher avec Hachem.

Pour une telle personne, le Baal haLéchem a un message simple : Ne désespérez pas!
Il y a de nombreux travaux à effectuer dans le palais du roi. Certains employés du palais ont le privilège de polir la couronne du roi. C'est un travail prestigieux ; ces ouvriers sont autorisés à être très proches du roi et à ressentir un sentiment de majesté et de proximité avec leur souverain.
D'autres travailleurs, en revanche, servent de plombiers dans le palais du roi. Leur travail est beaucoup moins prestigieux ; ils sont entourés de saleté et d'eaux usées. Une personne dans cette position n'est même pas autorisée à réciter une bénédiction pendant qu'elle fait son travail.
Mais cela ne signifie pas que ces travailleurs sont moins importants pour le roi.

De même, Hachem a besoin de "plombiers" dans son monde! Si vous luttez contre l'entrée des "eaux usées/sales" dans votre esprit, cela signifie que D. vous a désigné pour être un "plombier" dans Son palais.
Les réparations (tikounim) que vous créez lorsque vous combattez activement votre yétser ara servent à nettoyer le palais tout entier et à réparer chaque "tuyau".
Vous n'êtes peut-être pas l'un des serviteurs qui polissent la couronne, mais qui peut dire quel travail est le meilleur? Vous faites la volonté d'Hachem, et c'est ce qui compte. C'est pour cela que vous avez été amenés ici, et il n'y a rien de mal en vous.
Ne pensez jamais que vous avez eu le mauvais côté de la médaille. Vous rendez Hachem fier, parce que vous menez la bataille.

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+ Les souvenirs de notre passé :

-> Les souvenirs d'un passé lointain sont un type de pensées qui peuvent envahir notre esprit et nous déséquilibrer.
Les baalé téchouva sont souvent frustrés lorsque des pensées du "bon vieux temps" entrent dans leur esprit sans y être invitées. Les pensées et les souvenirs peuvent rester dans son esprit pendant un certain temps et surgir aux moments les plus inopportuns, comme pendant une belle amida ou en pleine étude.
Ces souvenirs peuvent être source de confusion et faire craindre que nous n'avons pas progressé. On peut commencer à douter que l'on a tourné la page, qu'on évolue spirituellement.
[on peut se demander si tous les efforts faits ont de la valeur, est-ce que cela est aimé et apprécié par Hachem, ou bien est-ce que j'ai pu faire de ma vie est trop grave pour être réparé et que je suis fichu ... ]

Ces types de souvenirs sont des armes que le yétser ara utilise pour nous rendre nerveux. En réalité, ce ne sont que de vieux souvenirs d'une autre vie ; ce ne sont pas vraiment nos pensées.
Les souvenirs sont stockés dans nos esprits parce que nos cerveaux sont câblés de cette façon, mais ils ne font plus partie de nous. Lorsqu'une personne est confrontée à des souvenirs troublants, elle doit simplement rester calme. Avec le temps, ces pensées s'estomperont.

Aussi incroyable que cela puisse paraître, cette question a été abordée par Rabbi Yéhouda haLévi il y a près de mille ans!
Il déclare dans le Séfer haKouzari (maamar 3 ot 5) que même les plus grands tsadkim qui ont été exposés à de la musique et à de la littérature inappropriées dans leur jeunesse ne seront pas en mesure d'effacer ces souvenirs de leur esprit, et qu'il ne faut donc pas attendre d'eux qu'ils le fassent. Le processus de téchouva pour cela, explique-t-il, consiste à se dissocier de ces souvenirs en s'abstenant d'en parler.
[faire une téchouva sincère et totale nous fait devenir une personne totalement nouvelle, et ainsi d'une certaine façon toutes les mauvaises pensées qui peuvent venir ensuite ne nous concernent, elles appartiennent à cet être disparu dont on a pris la place.
Mon cher yétser ara, tu essaies de me perturber, me faire sentir triste et déprimé sur des éléments de mon passé, mais suite à ma téchouva ces mauvaises pensées ne me concernent plus! Je suis content et reconnaissant envers Hachem d'avoir pu totalement tourner la page. ]

Il est important de penser positivement et, le cas échéant, d'utiliser ces souvenirs comme un rappel du chemin parcouru. Le Avot déRabbi Nathan (chap.21) raconte que Rabbi Akiva étudiait un jour avec ses talmidim lorsqu'un souvenir de ses années moins productives lui revint à l'esprit. Au lieu de s'effondrer à cette pensée, Rabbi Akiva utilisa ce souvenir comme une occasion de remercier Hachem pour le mérite d'étudier dans un beit midrach.

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+ Faire face au passé :

-> Grâce à D. nous allons tous de l'avant, mais beaucoup d'entre nous sont encore hantés par les souvenirs de nos fautes passées, qui nous font vivre dans un état de culpabilité et de honte parfois insupportable. Il est vrai que le regret fait partie du processus de téchouva, mais la culpabilité est souvent une tactique du yétser ara pour provoquer la dépression et arrêter la croissance spirituelle des bné Torah sincères.
Le rav 'Haïm Vital et le Gaon de Vilna enseignent tous deux qu'une vie de sainteté requiert une attitude générale d'optimisme et de bonheur. À l'inverse, ils expliquent que les sentiments de tristesse et de désespoir peuvent être une cause directe de déclin dans notre avodat Hachem.
[Le Gaon de Vilna (Biour haGra dit que la sainteté rime avec joie. (on a des moments bien définis dans le temps pour faire téchouva, et sinon un juif doit toujours être joyeux! [symbole de notre confiance en Hachem pour notre futur et dans Sa capacité à effacer nos fautes! ])
la tristesse est une porte d'entrée pour le yétser ara (qui nous fait fauter surtout pour que nous attristons/déprimons spirituellement suite à notre faute!). Le Kéhilat Yaakov dit que la tristesse amène les fautes.]

Il est très important de ne pas s'attarder sur le passé. Les erreurs que nous commettons lorsque nous sommes jeunes sont vues par Hachem d'une manière beaucoup plus positive que les fautes que nous commettons à des stades ultérieurs de la vie.
Le roi David décrit les fautes d'un jeune comme des 'hataïm, terme désignant les péchés commis involontairement. (Téhilim 25,7 - 'hatot néouraï ouféchaav al tizkor)
Cela semble étrange. Comment les fautes prémédités que nous avons commises lorsque nous étions jeunes peuvent-elles être considérées comme involontaires?
La réponse est que, dans un sens, même nos méfaits intentionnels (mézid) dans nos jeunes années ne sont en fait que des erreurs (et non des fautes volontaires!).
Un enfant, même après l'âge de la bar mitsva, a un daat sous-développé et immature, et il n'est donc pas pleinement capable de prendre des décisions judicieuses. Pour ne rien arranger, chaque jeune souffre d'un yétser ara déchaîné.
Rabbénou Yona (Pirké Avot 3,6) affirme qu'en raison de ces deux facteurs, Hachem considère les fautes des jeunes comme des 'hatot néourim (de simples erreurs).

=> Si c'est ainsi qu'Hachem lui-même considère ces fautes, nous pouvons et devons être plus indulgents envers nous-mêmes, d'autant plus que beaucoup d'entre nous, à ce stade vulnérable de notre vie, ont bénéficié d'un accès illimité et sans surveillance à une technologie que nous étions incapables d'utiliser en toute sécurité.

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+ N'invitez pas les épreuves :

-> Nous avons maintenant une perspective beaucoup plus claire de ce que la Torah attend de nous en ce qui concerne la sainteté de nos pensées.
Lorsque le yétser ara plante des pensées impures dans nos têtes, nous devons faire de notre mieux pour les rejeter. Le fait que nous luttions contre ces pensées au mieux de nos capacités devrait être une source de grande fierté pour nous. Si nous ne provoquons pas ces pensées, si nous ne les accueillons pas dans notre tête, alors nous devenons grands en leur résistant.

Cependant, certaines personnes se créent elles-mêmes des problèmes.
Nos Sages (guémara Nida 13b) nous disent qu'une personne qui "s'amène" à pensées interdites ne sera pas dans la "mé'hitsa" d'Hachem dans le monde à Venir (olam aba).
Qu'est-ce que cela signifie, d'un point de vue pratique, de "s'amener" des pensées impures/interdites (hirhourim)?
Ce terme décrit une personne qui ne lutte pas, mais qui décide d'allumer elle-même le feu de son yétser ara. Cette personne n'est pas aux prises avec une épreuve à cause de quelque chose qu'elle a vu ou d'un souvenir qui lui est venu à l'esprit ; elle s'ennuie simplement et cherche quelque chose à faire.
"S'amener à des pensées impures" est l'acte de se créer des problèmes. Cette personne "allume" activement son yétser ara, que ce soit à l'aide d'une télécommande, d'un bouton d'alimentation ou autres, dans le seul but de s'occuper.

Pourquoi une telle personne ne serait-elle pas dans la "mé'hitsa" d'Hachem dans le monde à Venir?
Le Maharal ('Hidouché Aggadot - 'hélek 4,p.154) explique que lorsque quelqu'un se fait cela, c'est le signe qu'il ne s'intéresse pas vraiment à Hachem.
Ce jeune homme n'a même pas encore décidé dans quelle équipe il se trouve. S'il s'arrêtait pour réfléchir, il se rendrait compte que dans le domaine de la sainteté, il est son pire ennemi.

Une personne qui "s'amène" à des pensées impures ne se rend manifestement pas compte de ce qui est en jeu. Qu'y a-t-il de mal à regarder ce film, avec quelques scènes d'obscénités, de violence, ...
[On ne se rend pas compte que cela impact notre intériorité, que l'on réveille, donne des forces à nos mauvaises pulsions, et qu'on s'amène de mauvaises pensées et davantage de risque de fauter.
Alors oui avec un regard non-juif il n'y a aucune contre indication à cela, mais nous sommes des juifs avec une âme tellement plus élevée que les non-juifs, avec chacun de nos actes qui ont davantage d'impact dans le monde, avec une relation de proximité unique avec papa Hachem (nous sommes Ses enfants adorés!), ... Physiquement nous ressemblons aux non-juifs, mais en réalité nous en sommes tellement différents (selon le Kouzari, il y a : les minéraux, les végétaux, les animaux, les être humains et les juifs), et cela implique que nous devons agir avec responsabilité.
Une mauvaise pensée volontaire chez un non-juif n'a pas d'impact, mais chez un juif cela peut être dévastateur dans tous les mondes (dont nous-même). ]

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+ Une norme plus élevée :

-> Il est étonnant que nous soyons soumis à des normes aussi élevées et que nous devions nous efforcer d'atteindre la grandeur, même dans le domaine de la pensée.
Les nations du monde ne se concentrent pas du tout sur la pureté de la pensée.
Dans leur vision du monde, la stature spirituelle de l'homme est déterminée par la pureté de ses actes et de ses paroles. Les pensées, en revanche, sont considérées comme inoffensives et théoriques.
Le Ram'hal (Messilat Yécharim) explique que c'est la raison pour laquelle Rav Pin'has ben Yaïr enseigne l'obligation de la pureté de la pensée en introduction à sa déclaration selon laquelle "la Torah amène au zéhirout (vigilance)". Il écrit :
"Pour être sauvé du yétser ara et atteindre la perfection, il ne suffit pas qu'une personne comprenne la moralité et les traits de caractère appropriés, comme le savaient et l'enseignaient les sages des nations. Nous avons plutôt besoin qu'on nous enseigne dans les détails de la Torah d'Hachem.
C'est la raison pour laquelle la Torah a été donnée à partir du Ciel (chamayim), parce qu'il est impossible à toute personne existant sur terre, même au plus grand des sages, de la formuler de la manière dont elle a été arrangée par le Créateur.

Rabbi Pin'has lui-même a déduit cela de la déclaration de nos Sages (guémara Avoda Zara 20b) : " 'Tu te garderas de toutes les mauvaises choses' = cela signifie qu'une personne ne doit pas entretenir des pensées [impures] pendant la journée, et de ce fait, parvenir à l'impureté la nuit". C'est ainsi qu'il a appris que la Torah mène au zé'hirout (vigilance).

Si la Torah ne nous l'avait pas enseigné, la morale humaine ne considérerait pas cela comme une faute majeure, car une pensée n'est pas quelque chose de tangible ; ce n'est ni une parole ni une action ....
De là, nous pouvons apprendre que la Torah conduit une personne à la vigilance (zéhirout), [c'est-à-dire que] sans la Torah, une personne ne pourrait jamais faire preuve d'une véritable prudence, car il ne lui viendrait jamais à l'esprit de se méfier de tant de choses qu'elle ne saura éviter qu'au travers l'étude de la Torah."
[Ram'hal - Messilat Yécharim - maamar Vikoua'h]

=> L'esprit humain ne saisit pas instinctivement la notion que les pensées nous affectent d'une manière aussi concrète.
Le Ram'hal explique que seule la Torah peut nous charger d'aspirations aussi élevées en matière de sainteté. À travers l'objectif de la Torah, nous pouvons découvrir les hauteurs inimaginables que le peuple juif est capable d'atteindre. C'est pour cette raison que Rabbi Pin'has ben Yaïr, lorsqu'il trace le chemin de la avodat Hachem, commence par nous dire que la Torah mène à la zéhirout (prudence) ; la véritable avoda ne peut commencer que lorsque la sagesse de la Torah nous guide.
[rav 'Haïm Dov Stark]

Vous ne contrôlez rien, car tout dépend de Celui qui vous a envoyés dans ce monde. Votre tâche consiste à travailler au mieux de vos capacités, et Hachem, qui est votre D., élèvera chacun d'entre vous spirituellement et physiquement, proportionnellement à l'effort que vous fournirez et à votre degré d'humilité.
Nous avons vu trop de cas de jeunes gens qui avaient des talents exceptionnels, mais qui sont restés bas et insatisfaits parce qu'ils étaient orgueilleux, hautains.
Et ce n'est pas tout. Nos Sages (Erouvin 54a) disent même à propos d'un adulte qui a déjà eu la chance de devenir un talmid 'hakham : "S'il devient orgueilleux, Hachem le rabaissera".

D'autre part, de nombreux jeunes gens qui ne semblaient pas avoir de qualités exceptionnelles lorsqu'ils étaient jeunes, sont devenus des géants de la Torah et des leaders de la nation lorsqu'ils ont grandi.
[rav Kalonymus Shapira - 'Hovat haTalmidim - chap.6]

Le pouvoir de la vision

+ Le pouvoir de la vision :

-> L'un des dons les plus extraordinaires qu'Hachem nous ait offerts est notre capacité à voir.
Le pouvoir de la vue nous ouvre à un monde magnifique et coloré, rempli de personnes et de choses merveilleuses. Nous tirons une énorme vitalité et une grande joie de vivre de l'apport visuel. C'est pour cette raison que nos Sages (guémara Nédarim 64b) compare une personne aveugle, qui vit dans un monde d'obscurité, à quelqu'un qui ne vit plus.

Mais le sens de la vue va bien au-delà. Nos yeux font bien plus que nous permettre d'être conscients du monde dans lequel nous vivons et d'en faire l'expérience ; ils sont également un outil incroyable de connexion et d'attachement avec Hachem.

-> Au mont Sinaï, la Torah nous dit que les Anciens (zékénim) ont vu la Présence Divine (Ché'hina) et ont commencé à manger et à boire (Michpatim 24,11).
Le midrach souligne l'existence d'un lien profond entre ces 2 choses : consommer de la nourriture et voir la Che'hina.

Mais quel lien peut-il y avoir entre le fait de manger, qui est un acte purement physique/matériel, et le fait de voir la sainte Ché'hina ?
La réponse de nos Sages démontre l'impact puissant que notre vision peut avoir sur notre spiritualité.
Tout comme la consommation d'aliments physiques apporte au corps nourriture et subsistance, le fait de fixer nos yeux sur la sainteté apporte à notre âme une nourriture et une élévation spirituelles.
Lorsque les Anciens ont vu la Ché'hina, ils ont été élevés/impactés par l'expérience. Comme l'indique le midrach (Tan'houma - A'haré Mot) : "Rabbi Yo'hanan dit : voir la Ché'hina équivaut à manger".

-> Le Radvaz (שו"ת ח"ג סי' תתקי) fait une déclaration étonnante qui nous fera reconsidérer le fait de sauter un cours de Torah. Lorsqu'un élève voit en face à face son rav, il s'attache en fait à l'âme (néchama) de son rav et s'élève à un niveau spirituel bien plus élevé.
C'est la signification profonde des mots du prophète : "Vos yeux doivent se fixer sur vos maîtres" (véhayou éné'ha root ét moré'ha - Yéchayahou 30,20).

-> De même, le Magen Avraham (או"ח סי' קלד סק"ג) cite le Arizal qui affirme que lorsqu'une personne regarde les lettres du séfer Torah lorsqu'il est levé à la synagogue devant l'assemblée (hagba), elle s'attache à l'immense sainteté qui rayonne des lettres sacrées de la Torah.

[lorsque nous concentrons nos yeux sur la sainteté, nous ne nous contentons pas de voir ce qui se trouve devant nous. En réalité, nous grandissons en avodat Hachem.
D'une certaine façon, un cours de Torah est important pour son contenu qui va nous élever spirituellement, mais également par le fait que l'on va voir un rav, et cela va également nous élever spirituellement! ]

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-> Le don de la vue, aussi formidable soit-il, peut être utilisé à mauvais escient et de manière abusive. Tout comme nos yeux sont capables de nous relier à la sainteté, ils sont également capables de nous relier à l'impureté.
Nos Sages (guémara Méguila 28a) nous disent qu'il est interdit de regarder le visage d'un racha.

D'ailleurs, le Tana Rabbi Yéhochoua attribue sa longue vie au fait qu'il veillait à ne jamais regarder le visage d'un racha.
Pourquoi est-ce si important?
Le Maharal (Nétivot Olam - נתיב הצדק פ"ג) explique que lorsqu'une personne regarde le visage d'un racha, un lien se forme entre l'observateur et le racha, créant un lien avec l'impureté.

-> Le Or'hot Tsadikim nous avertit également de ne pas regarder une personne qui s'est mise en colère, car nous absorbons alors l'impureté de la colère qui a été exprimée.
Le Arizal conseille à une personne en colère de regarder un jeune enfant, et cela la calmera.

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-> "Le vent fit se soulever le bas du turban de Rabbi Méir. Rabbi (son élève) vit par la fenêtre la nuque de Rabbi Méir. Rabbi disait : je n’ai pu mériter de la Torah (c’est-à-dire être plus grand en Torah que mes pairs) que parce que j’ai vu une fois la nuque de Rabbi Méir.

Rabbi Yo’hanan et Rabbi Shimon ben Lakich disaient tous deux : nous n’avons mérité de la Torah (c’est-à-dire d’être les plus grands Maîtres de notre génération) que parce qu’une fois nous vîmes les doigts de Rabbi (notre Maître) sortir des gants." [Rabbi portait toujours des gants]
[guémara Yérouchalmi Bétsa 5,2]

[on voit de là à quel point notre vision a le pouvoir de nous influer dans le bien (ou que D. préserve dans le mal lorsque l'on a de mauvaises visions). ]