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Le Omer : la période entre Pessa’h et Shavouot (selon le rabbi de Berditchev)

+ Le Omer : la période entre Pessa'h et Shavouot (selon le rabbi de Berditchev) :

-> De nombreuses personnes ont l'impression que Shavouot est un Yom Tov totalement indépendant de Pessa'h. Après tout, ces fêtes célèbrent des événements distincts, ont leurs propres des mitsvot qui sont uniques, la Torah les considérant même comme des Régalim différentes. Quel lien pourrait-il y avoir entre les deux?

Cepenedant le rabbi Lévi Its'hak de Berditchev (Kédouchat Lévi - Emor) enseigne que si nous comprenons correctement la mitsva du Séfirat haOmer, qui consiste à compter les 7 semaines entre Pessa'h et Shavouot, nous nous rendrons compte que Pessa'h et Shavouot sont en réalité liées aux niveaux les plus profonds.

Le rabbi Berditchev explique que Shavouot est simplement une ré-acceptation de la grande lumière qui descend sur nous lors de la première nuit de Pessa'h (celle du Séder).
Pessa'h célèbre la sortie des juifs de la terre d'Égypte, une bonté totale de la part du Maître du monde que le peuple juif n'avait aucunement méritée.
Dans cette veine, nos Sages enseignent qu'au moment de la sortie d'Egypte, les anges poursuivants ont demandé à Hachem pourquoi, si le peuple juif était une nation d'adorateurs d'idoles tout comme les égyptiens, ils méritaient d'être délivrés.
Pourtant, Hachem les a fait sortir, quel que soit leur état actuel, car la lumière spéciale de Pessa'h se répand sur la nation juive, qu'elle le mérite ou non.
Cette année-là, la lumière qui se révèle chaque 15 Nissan a pris la forme de la rédemption de la nation juive d'Égypte. Chaque année suivante, lorsque la nuit du Séder arrive, les projecteurs du ciel s'allument à nouveau et cette même lumière remplit nos vies, apportant avec elle une immense bonté dans les domaines spirituel et physique.

Cependant, nos Sages enseignent que, comme nous n'avons pas travaillé pour mériter cette lumière, il n'y a pas de récipient dans lequel elle puisse s'attarder.
Cette lumière est suffisamment forte pour détruire les chaînes de notre esclavage et nous aider à "Pessa'h", c'est-à-dire à franchir des étapes dans l'ascension habituellement rigide et ordonnée vers la proximité de D., mais elle ne peut pas rester et nous aider à achever le processus de liberté, puisqu'elle n'a pas été gagnée.
C’est pour cette raison qu'après la première nuit de Pessah', la lumière du Séder nous est retirée.

Le processus du compte du Omer nous permet de gagner la grande lumière de la nuit du Séder de telle sorte que lorsqu'elle descend à nouveau la nuit de Shaovuot, elle reste avec nous pour toujours.

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-> Lorsqu'un enfant naît, une lumière extraordinaire descend du ciel au moment de sa naissance pour une seconde fugace avant d'être reprise pour lui permettre d'accomplir la mission de toute une vie d'atteindre cette lumière une fois de plus.
La sortie du peuple juif d'Egypte est comparé à la naissance d'un nouveau-né. C'est ainsi qu'ils sont également passés par ce processus exact.

-> Nos sages nous disent que pendant les 9 mois que le fœtus passe dans le ventre de sa mère, une bougie brûle au-dessus de sa tête, à la lumière de laquelle il est capable de voir d'un bout à l'autre du monde.
Cependant, à un certain moment du développement du fœtus, un ange lui tapote la lèvre et toute sa conscience est oubliée, la bougie s'éteint.

Le rabbi Berditchev (Kédouchat Lévi - Vayéchev) enseigne qu'au moment où le bébé est prêt à faire son entrée dans le monde, Hachem lui envoie un flash de la conscience qu'il avait avant la tape de l'ange.

Il s'agit d'une pichenette, qui s'attarde quelques secondes avant d'être reprise rapidement.
Par conséquent, dès notre naissance, il nous reste à la fois l'effet de la pichenette de l'ange (la perte de la bougie allumée) et l'impression laissée par le dernier éclair de la conscience divine (le retour de la bougie, même si ce n'est que pour un bref instant).
Grâce à ces deux événements, nous sommes en mesure d'avoir un équilibre entre le bien et le mal : la bénédiction de la reconnaissance divine par la lumière de la bougie du souvenir, et la malédiction de la pichenette de l'ange de l'oubli.
Nous sommes maintenant prêts à nous lancer dans la mission de toute une vie qui consiste à utiliser le libre choix offert par ces deux événements pour choisir la bénédiction plutôt que la malédiction, le bien plutôt que le mal, la vie plutôt que la mort.

[le rabbi de Berditchev dit que pour accéder à ce flash pendant notre vie, on doit savoir se poser et prendre conscience de la toute puissance d'Hachem, à quel point notre objectif dans ce monde est de servir Hachem, que les choses tendent à être éphémères, mensongères, ... (à nous d'investir dans la Divinité, qui est éternelles, la Vérité, ... ) ]

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-> Bien que le premier soir de Pessa'h, la bonté descende, que nous la désirions ou non, Hachem préfère que nous développions un désir pour la grande lumière de Pessa'h, et c'est pourquoi Il a fixé un moment spécial pour le faire pendant les 49 jours saints de la Séfirat haOmer.

Le rabbi de Berditchev (Kédouchat Lévi - Emor) explique que chaque semaine de la Séfirat haOmer correspond à un aspect différent de la avodat Hachem, tandis que chaque jour individuel correspond à des attributs particuliers au sein de la catégorie plus large de la Séfira de cette semaine.
La première semaine est celle du 'Hessed, au cours de laquelle nous devons nous concentrer sur le désir d'atteindre un véritable amour pour notre Créateur.
La deuxième semaine est celle de Guévoura, au cours de laquelle nous devons nous concentrer sur le désir d'atteindre la véritable crainte du Ciel (yirat Hachem).
La troisième est la Séfira de Tiféret, dans laquelle nous désirons qu'Hachem se réjouisse et s'enorgueillisse du peuple juif.
Dans les quatrième et cinquième semaines de Nétsa'h et Hod, nous nous efforçons d'atteindre une émouna parfaite, une foi et une confiance dans le Maître du monde.
La sixième semaine correspond à la Séfira de Yessod, au cours de laquelle nous nous efforçons de nous connecter et de nous lier, ainsi que toutes nos actions, à Hachem.
Enfin, la dernière semaine est celle de Malkhout, au cours de laquelle nous nous efforçons de nous soumettre à la souveraineté absolue de notre Père céleste.

Rabbi Levi Its'hak de Berditchev enseigne que la quantité de lumière spirituelle et l'assistance Divine dans tous les domaines de la avodat Hachem de l'année à venir, qui doit être reçue la nuit de Shavouot, dépendent de la quantité de travail que nous avons fourni pour gagner et développer le désir de cette lumière pendant les semaines de Séfira.
Il nous incombe donc de faire le point sur l'assistance divine spéciale de cette période afin de redoubler d'efforts en matière de avodat Hachem (notre service Divin).
Voici ses paroles : "Par conséquent, puisque ces attributs sont tirés du Créateur pendant les jours de Séfira, il est approprié que chaque personne s'isole pendant les jours de Séfira et serve Hachem, car les attributs [d'Hachem] sont tirés vers le peuple juif pendant ces jours.
Pendant la période du compte du Omer, une personne doit se réjouir et se lier à ces attributs, car elle souhaite qu'ils soient attirés sur elle, comme l'enseignent nos Sages : "Dans la voie où l'homme désire aller, ils l'amènent"."

-> C'est pour cette raison que le Yom Tov qui suit le compte du Omer est appelé "Shavouot", car il s'agit simplement de l'aboutissement des "semaines" (shavouot) précédentes.
De même que la bénédiction de Shabbath est reçue en fonction de l'avodat Hachem des jours qui la précèdent, de même une personne ne reçoit les bénédictions de Shavouot qu'en fonction des semaines qu'elle a passées à s'y préparer.
Le rabbi de Berditchev ajoute que la Torah appelle Shavouot "Atséret", car de même que Shemini Atséret est le "grand final" de Souccot, le moment où toute la lumière recueillie par le Yom Tov et ses mitsvot s'installe dans l'âme juive, de même Shavouot est le "grand final" de Pessa'h, la seconde moitié d'un tout spectaculaire.

Alors que nous marchons vers Shavouot, concentrons-nous sur la nature de ces jours du compte du Omer (Séfira) et veillons à les utiliser pour construire un récipient de désir suffisamment grand pour que lorsque les lumières spirituelles de la nuit du Séder de Pessa'h redescendent de nouveau à Shabouot, nous pouvons alors les recueillir pour qu'elles restent avec nous pour toute l'éternité.
[rav Yaakov Klein]

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+ En résumé :

-> La lumière spirituelle non méritée de Pessa'h ne peut pas rester avec nous car elle n'a pas de récipient.
Au cours des 7 semaines du compte du Omer, nous travaillons sur les différents attributs de notre service Divin (avodat Hachem) correspondant aux 7 Séfiros inférieures (les moyens avec lesquels Hachem interagit avec nous dans ce monde).
Ce faisant, nous construisons un récipient approprié pour contenir la lumière de la nuit du Séder de Pessa'h, de sorte que lorsqu'elle redescendra pendant la nuit de Shavouot, elle pourra rester avec nous pour toujours.

[de nombreuses personnes utilisent la période du Omer pour améliorer leurs traits de caractère, étudier davantage la Torah, ... tout cela est une préparation permettant de recevoir et conserver un maximum des bénédictions de Shavouot. ]

La gravité de fauter, et le moyen de réparer

+ La gravité de fauter, et le moyen de réparer :

-> "A D. ne plaise, par ses actes, ses paroles et ses pensées qui ne sont pas bonnes, il [un juif] détruit de nombreuses puissances et d'innombrables mondes célestes saints ... ou il provoque l'obscurcissement ou la diminution de leur lumière et de leur sainteé, et ajoute de la puissance aux royaumes de l'impureté".
[rabbi 'Haïm de Volozhin - Néfech ha'Haïm - chap.3]

-> Par la suite, rabbi 'Haïm de Volozhin (Néfech ha'Haïm - chap.4) écrit :
"En vérité, le cœur de celui qui est sage et qui comprend ce concept frémira en lui et il tremblera lorsqu'il se concentrera sur l'étendue des dommages causés par chacune de ses fautes, des dommages encore plus importants que ceux causés par Névou'hadnetzar et Titus (qui ont détruit le Temple), car les actions de Névou'hadnetzar et Titus n'ont causé aucun défaut en Haut, car il ne leur a pas été donné la possibilité d'atteindre cet endroit par leurs actions."

=> Cela est terrifiant à considérer! Chacune des fautes que nous transgressons, même si elles sont apparemment insignifiantes, a un effet plus dévastateur dans les royaumes célestes que la destruction du Temple!

-> Rabbi Lévi Its'hak de Berditchev (Kédouchat Lévi - Emor) enseigne comment remédier à ces dommages.
Voici ses paroles : "Il est connu que lorsqu'une personne faute, à D. ne plaise, elle cause une souillure dans les cieux et ajoute de la puissance aux forces de l'impureté. Le remède à cela est de brûler ces forces maléfiques en dirigeant une passion ardente vers le Créateur. En effet, cette inspiration incroyable n'est venue qu'à la suite de la faute, car son esprit avait des pensées obscures".

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-> Nos Sages (guémara Yoma 86b) enseignent que la téchouva méahava (le repentir né de l'amour), a le pouvoir de transformer les fautes d'une personne en mitsvot.
Expliquant ce concept, le Baal haTanya (Likouté Amarim - Tanya - chap.7) dit que lorsque la culpabilité et le chagrin causés par une faute poussent une personne à davantage désirer et être inspirée dans son avodat Hachem, l'amenant à la téchouva méahava, alors cette faute s'est transformée en mitsva.
Avec le recul, le fauteur est capable de voir que cette faute a en fait conduit à une aliya, à une progression/élévation dans sa avodat Hachem, remplissant ainsi la même fonction qu'une mitsva, qui est un moyen de se rapprocher du Maître du monde.

-> Dans le même ordre d'idées, rabbi Tsadok haCohen (Tsidkat haTsadik 40,52,100) écrit que le principe de la téchouva est atteint lorsqu'une personne se rend compte que, d'une manière très profonde, sa faute était aussi la volonté de D.
Il est évident que cette affirmation peut être incroyablement dangereuse si elle est mal interprétée, mais il va de soi que rabbi Tsadok haCohen ne veut pas dire, D. préserve, qu'une personne doit rationaliser sa conduite pécheresse en "réalisant" que toutes ses actions sont en fait la volonté du ciel.
La "réalisation" à laquelle ce tsadik fait référence a lieu lorsqu'une personne peut regarder honnêtement en arrière et voir que son méfait a entraîné un changement complet et durable dans le sérieux et l'intensité de sa avodat Hachem. C'est alors qu'elle peut être sûre que sa faute n'était qu'un moyen de la rendre encore plus grande, une "yérida létsoré'h aliva" (une descente/chute permettant davantage d'élévation). [voir aussi rabbi Na'hman - Likouté Maharan 22:11]
[évidemment qu'on ne désire pas la faute, qu'on fait tout pour l'éviter, mais si à postériori nous avons déjà fauté alors nous devons autant que possible faire en sorte que cela nous soit un tremplin spirituel.
A l'inverse, notre yétser ara nous fait tomber et ensuite il nous fait culpabiliser, nous attrister. En effet, il s'est trop bien la force de la tristesse, du désespoir, mais surtout d'utiliser une chute pour davantage s'élever (à l'image du ressort qui se contracte pour mieux pouvoir s'élancer vers le haut). ]

-> En ce sens, nos Sages (Sanhédrin 99a) affirment : "À la place des baalé téchouva, même les complétement justes ne peuvent s'y tenir".
L'une des explications de cette affirmation est qu'une personne qui a fauté et ensuite réalisé une téchouva dessus, elle a fait une utilisation de la tristesse de son regret sur ses fautes dans un but de la propulser vers les plus hauts sommets spirituels, à un endroit que même les tsadikim parfaits ne peuvent atteindre.

-> C'est à cette rectification que le rabbi de Berditchev fait référence.
Si le feu de la faute a provoqué une descente dans les royaumes de l'impureté, c'est le feu de la spiritualité provoqué par la tristesse que l'on ressent d'avoir fauté qui est nécessaire pour le ramener dans le royaume de la lumière sainte.

-> Comme l'écrit rabbi Na'hman de Breslev (Likouté Moharan 156) :
"La pureté du cœur est atteinte lorsque le cœur d'une personne brûle d'une passion pour Hachem. Pour rectifier le fait que son cœur a brûlé à cause d'une faute ou d'un désir impur, à D. ne plaise, qui a contaminé son cœur, celui-ci doit s'enflammer de passion pour Hachem. Grâce à cela, son cœur atteint la pureté, comme le dit le verset : "Tout ce qui entre dans le feu, vous le ferez passer par le feu et il sera purifié".

=> Nous avons tous commis de très nombreuses fautes qui ont causé des dommages considérables au monde (à notre monde intérieur, au monde Celeste, terrestre, ...).
Mais comme l'affirme rabbi Na'hman de Breslev : "s'il y a un moyen de détruire, il y a un moyen de réparer", et "il n'y a pas de désespoir dans le monde" .
Tout peut être renversé. En utilisant le lourd sentiment de regret résultant de notre faute, pour le porter à renforcer notre avodat Hachem à un meilleur niveau, avec plus de passion (papa Hachem, pardon, certes je suis tombé dans la faute, mais je vais essayer de faire mieux Ta volonté).
Nous utilisons la faute elle-même pour nous aider dans notre croissance spirituelle.
[c'est l'idée enseignée par rabbi Na'hman de Breslev, comme dans le Likouté Moharan 116]

-> Rabbi Lévi Its'hak de Berditchev (Kédouchat Lévi - Emor 21,9) enseigne :
Une faute n'affecte pas seulement l'âme (néchama) de l'individu, mais "elle souille son père" = la transgression affecte et cause une souillure dans les royaumes célestes.
Quel est le moyen de remédier à ces dommages considérables?
La réparation (tikoun) consiste à faire rebondir la culpabilité et la tristesse causées par la faute et à les utiliser pour nous propulser vers de plus hauts sommets dans notre avodat Hachem, en atteignant des niveaux inédits de feu émotionnel et de passion dans notre service.
Lorsque nous faisons cela, non seulement nos fautes sont pardonnées, mais elles sont entièrement transformés, nous enlevons les robes de l'Accusateur et revêtons celles de l'avocat [qui nous défend au Ciel], transformant la faute la plus grave en mérite ultime.

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-> Cela doit également nous rappeler que tout ce qu'un juif pense, dit ou fait a le pouvoir de provoquer des changements majeurs dans les forces célestes.
Chaque mitsva accomplie (même la plus simple, facile) par une personne a pour conséquence de générer des quantités incalculables de bénédictions, de lumière et de bonté Divine dans les sphères spirituelles, et en fin de compte dans ce monde physique également.
À l'inverse, chaque faute transgressée entraîne la diminution immédiate de cette bénédiction, de cette lumière et de cette bonté, et apporte au contraire la destruction et la colère divine sur l'univers.

[libre arbitre oblige, on ne se rend pas compte de l'impact phénoménal de chacune de nos actions.
Les premiers mots d'un juif sont "modé ani (je Te remercie) ... 'hémla raba émounaté'ha (grande est Ta confiance en moi)" = malgré notre risque de fauter, Hachem nous redonne la vie à notre réveil en nous donnant la capacité d'impacter considérablement le monde (en bien, en mal), car Il a confiance en nous.
Alors à nous de Lui prouver qu'Il en a eu raison, qu'Il soit éternellement fier de nous! ]

Tous les juifs sont liés les uns les autres

+ Tous les juifs sont liés les uns les autres :

-> "Réprimande ton prochain juif, et ne porte pas de faute à cause de lui" (Kédochim 19,17)

-> Rachi explique que la fin du verset nous enseigne comment réprimander : nous ne devons pas mettre notre prochain juif dans l'embarras, car c'est une grave faute.

-> Le Targoum Onkelos et Rabbénou Yonah (Chaaré Téchouva 3:72) comprennent que "ne porte pas de faute à cause de lui" nous enseigne pourquoi nous sommes tenus de réprimander = parce que celui qui est témoin de la faute de son prochain juif et qui reste silencieux est tenu pour responsable de cette faute.
"Kol Israêl arévim zé bazé" (tous les juifs sont garants les uns des autres - guémara Shevouot 39a), note Rabbénou Yona. Tout comme un garant doit rembourser la dette d'un emprunteur comme s'il s'agissait de la sienne, chaque juif est responsable de l'observance de la Torah par l'autre.

-> Ainsi, nous pouvons comprendre cette directive comme n'importe quelle autre mitsva. Tout comme il existe une obligation de garder la cacherout, il existe une obligation de s'assurer que les commandements de la Torah sont suivis par d'autres. Une personne est donc responsable de toute transgression qu'elle aurait pu éviter.

Le rav Moché Cordovero va plus loin.
Il (Tomer Deborah 1,4) écrit que l'âme de chaque juif comprend un peu de l'âme de tous les autres juifs. Par conséquent, lorsqu'un juif commet une faute, c'est comme si nous l'avions tous commis, puisqu'un fragment de nous se trouve dans celui qui a fauté.
En raison de ce lien, chaque juif est garant et responsable des actions de son prochain.

-> Le rav Aharon Kotler (Michnat Rabbi Aharon) remet en question cette explication.
Si chaque fois que quelqu'un faute, c'est comme si tout le monde fautait, pourquoi un juif est-il puni pour l'infraction de son compagnon seulement s'il aurait pu l'en empêcher?
Rav Aharon Kotler répond que si l'on n'a pas pu arrêter celui qui a fauté, on considère que la partie de nous qui se trouve à l'intérieur du fauteur a le statut d'avoir fauté sous la contrainte et est exemptée de punition, puisque le péché a été commis contre notre volonté.

Le rav Aharon Kotler ajoute qu'il en va de même en ce qui concerne les mitsvot. De même que celui qui désapprouve la faute d'un autre n'en est pas tenu pour responsable, celui qui approuve la mitsva d'un autre en est considéré comme responsable et il en a aussi le mérite.
Cependant, s'il ne la désire pas, ou pire s'il essaie de l'empêcher, la partie de lui qui se trouve à l'intérieur de son prochain juif est forcée d'accomplir la mitsva, et il ne reçoit donc aucune récompense.

Rachi (Ki Tétsé 24,19) écrit que si l'on laisse tomber une pièce de monnaie par accident et qu'un pauvre la trouve et l'utilise pour subvenir à ses besoins, celui qui a perdu la pièce a accompli la mitsva de la tsédaka.
Sur la base de son explication ci-dessus, le rav Kotler maintient que ce n'est le cas que si la personne qui a perdu l'argent est heureuse que le pauvre ait pu subvenir à ses besoins avec cette pièce.

=> Ainsi, pour se connecter à tout le bien accompli par le peuple juif et en bénéficier, il faut se soucier du statut spirituel du peuple juif et de l'honneur d'Hachem.
[ cela est à ajouter au fait que seule l'unité entre les juifs nous permettra d'accomplir toutes les mitsvot, car certaines sont propres à certaines personnes (ex: Cohen, Roi, ...). Si nous ne formons qu'un, alors on considère comme si nous avions accompli toutes les mitsvot nous-même. ]

-> Le Ram'hal (Déré'h Hachem 2:3:8) écrit qu'Hachem a lié tous les juifs afin que nous puissions bénéficier des mitsvot des uns et des autres, et par conséquent, nous sommes également responsables des fautes des autres.
Hachem veut que chacun reçoive le bien suprême dans le monde à Venir. Cependant, certaines personnes ne le méritent pas. C'est pourquoi [dans Sa bonté] Hachem a relié tout le peuple juif, afin que chaque juif puisse s'accrocher aux mérites de l'autre et ainsi se prélasser dans la gloire d'Hachem pour l'éternité.

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-> Nous retrouvons le principe de "l'âme partagée" du Tomer Devorah dans le verset suivant.
La Torah ordonne : "Tu aimeras ton prochain comme toi-même" (Kédochim 19,18).
Le Ramban souligne qu'il est impossible de se soucier d'autrui autant que de soi-même. La Torah exige plutôt que nous agissions envers les autres comme si nous les aimions autant que nous-mêmes. Nous devons les traiter comme nous voudrions être traités.

Cependant, rabbi Moché Cordovéro (Tomer Devorah) insiste sur le fait que, puisque chaque juif est lié à tous les autres et fait partie d'eux (il y a une petite partie de moi en mon prochain juif!), je dois ressentir la douleur ou le bonheur d'un autre comme si c'était le mien, parce que lui et moi ne faisons qu'un!
[le Malbim explique de la même façon ce verset. ]

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[on peut ajouter un autre aspect : puisqu'en réalité les juifs ne sont qu'un (que seul les corps/matérialité semble diviser), lorsque mon prochain va bien, alors par ricochet je vais également aller mieux.
Le rav Salanter disait par exemple que si quelqu'un dit du lachon ara à Salant, alors un autre juif à Paris pourra en être impacté négativement en profanant Shabbath. [l'inverse est également vrai]
Cela nous responsabilise : Chacun de mes actes impacte tous les autres juifs (en bien ou en mal). ]

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-> Chaque juif fait partie d'un collectif appelé Klal Yisrael (peuple juif).
Le rav Hutner note que le mot "רעך" (réa'ha - ton prochain) est lié au mot תרועה (téroua), les sons brefs et brisés du shofar.
Ce terme décrit quelque chose de cassé ou un morceau de quelque chose de plus grand. (De même, le mot רע (ra), mauvais ou maléfique, signifie en fait "cassé", car le mal est incomplet et imparfait).
Le rav Hutner écrit qu'un compagnon juif est appelé "réa'ha", car chaque membre du peuple juif n'est pas un tout en soi, mais plutôt une partie d'une unité plus grande.

-> Cette idée est soulignée par l'explication que donne le Talmud Yérouchalmi (Nédarim 9:4) du commandement qui précède immédiatement celui de "tu aimeras ton prochain" : celui de "Tu ne te vengeras pas et tu ne garderas pas de rancune envers les membres de ton peuple" (lo tikom vélo titor - Kédochim 19,18).

Le Yérouchalmi propose une parabole : Imaginez que quelqu'un se coupe par erreur la main. La main blessée prendrait-elle alors un couteau et couperait-elle l'autre main? Bien sûr que non!

De la même manière, tous les membres de peuple juif forment une unité, et se venger d'un autre revient à se venger de soi-même.

-> Le fait que nous soyons tous unis a également une signification halakhique.
Il n'est permis de prier que pour Hachem, et non pour les anges. Il est même interdit de leur demander de servir de médiateur entre nous et D. [Rambam, Pérouch haMichnayot, Sanhedrin 10 ; et aussi Hilkhot téchouva 3,7]

De même le Maharam miRottenberg précise que même si l'on se rend compte que c'est Hachem qui répond à notre prière, il est interdit d'utiliser un ange comme médiateur, de peur que l'on en vienne à servir l'ange au lieu d'Hachem.

Alors pourquoi pouvons-nous demander à un tsadik de prier pour nous?

Selon le 'Hatam Sofer (Shout 'Hatam Sofer - OH 166) puisque nous faisons partie du même corps national que le tsadik, il est compréhensible que nous envoyions la "tête" prier au nom du "pied".

-> Une deuxième ramification halakhique est mentionnée par le 'Hazon Ich.
Sur la base du principe : "Tout est entre les mains du ciel, sauf la crainte du Ciel" (guémara Béra'hot 33b), on est tenu de prier pour sa propre crainte du Ciel (yirat chamayim).
Le 'Hazon Ich déclare que l'on peut également prier pour qu'Hachem aide une autre personne à obtenir la crainte d'Hachem.
En effet, puisque nous formons un seul corps, lorsqu'on prie pour un autre juif, c'est comme si ce dernier priait pour lui-même.

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-> [la Torah nous demande d'aimer notre prochain comme soi-même. Les juifs sont comme des membres d'un corps humain. Ainsi, il y en a qu'on "préfère" à d'autres (ex: les yeux, le coeur, ...), d'autres qu'on ne soupçonne même pas d'exister, ... et pourtant ils sont tous nécessaires à notre bonne vie.
De même, chaque juif a dans ce monde un rôle unique que Hachem lui a attribué, et qu'il doit réaliser de son mieux. Il n'y a pas de jalousie négative, chacun a un apport unique au peuple juif.
(la Torah ne nous demande pas d'aimer forcément chaque juif identiquement, mais elle demande d'avoir un respect et un amour pour tous. De même qu'on considère et apprécie chacun des organes de notre corps. (ex: j'aime pas la forme du foie, alors je vais le mettre de côté! ) ]

[ex: le rav Yé'hezkel Weinfeld dit que même si le plus grand tsadik de la génération (même Moché) s'il prie seul, il ne peut pas faire la kédoucha, car la sainteté nécessite une connexion avec d'autres personnes.]

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-> Le Ach Pri Tévoua rapporte qu'en hébreu, les termes caractérisant un être humain (une personne) ont tous un singulier et un pluriel.
Ainsi, on a :
-> Ich (איש) qui est singulier ; et anachim (אנשים) qui est pluriel ;
-> guéver (גבר) qui est le singulier ; et guévarim (גברים) qui en est le pluriel.
-> Seul le mot: Adam (אדם) n’existe qu’au singulier.

Nos Sages (guémara Yébamot 61a) nous enseignent que c’est seulement le peuple juif qui est appelé : adam (אדם), car ce n’est que parmi le peuple juif qu’il existe un sentiment intrinsèque d’unité, qui conduit au fait que toutes les individualités de la nation se fusionnent en une seule, unifiée.

-> Le rav Yaakov Mazeh dit : l'ensemble du peuple juif est une seule et même personne. La douleur d'un juif affecte tous les autres juifs du monde, tout comme une blessure au bras affecte l'ensemble du corps.
Mais les non-juifs ne sont pas appelés adam. Il s'agit de plusieurs personnes différentes, et non d'une entité singulière.

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-> Le rav Zev Leff fait remarquer que le mot hébreu "ani" (je - אני) s'écrit avec un alef (א), numériquement un, représente l'individu. Il se termine avec un Youd (י), numériquement dix, représente un minyan (le tsibour - la communauté. Et un noun (נ), numériquement 50, représente les 50 portes de compréhension et de pureté auxquelles peuvent accéder l'esprit et le cœur, portes que nous devons ouvrir afin de fusionner notre moi individuel avec la nation tout entière.

=> ainsi, vivre juif c'est passer d'une perspective de mon petit "JE" (égo) à un grand "JE", cela d'un collectif, du peuple juif.

+ "Comment puis-je rendre à Hachem toute Sa bonté à mon égard? J'invoquerai le nom d'Hachem" (Téhilim 116,12)

-> Peu importe le bien qu'un individu fait dans sa vie, il est insignifiant comparé à tout ce qu'Hachem nous donne.
Reconnaître cette vérité nous permet de recevoir une générosité illimitée, qui n'est pas méritée, qui nous est donnée simplement par la bonté et la compassion absolues d'Hachem.
[Avné Nezer]

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-> Reconnaître tout le 'hessed (bonté) que l'on reçoit déjà d'Hachem conduit à la grande et puissante révélation que le 'hessed d'Hachem se poursuit à chaque instant.
Celui qui n'a pas développé ce trait de reconnaissance (hakarat hatov) ne reconnaîtra jamais le 'hessed d'Hachem, ni dans ce monde, ni dans le monde à venir.
Il lui manquera complètement cet aspect vital de la vie éternelle.
[rav Eliyahou Dessler - Mikhtav méEliyahou - partie 3 - p.101]

La source de la musique, du chant

+++ La source de la musique, du chant :

+ Exposer son intériorité :

-> La chanson est un véhicule par lequel l'essence d'une personne, ainsi que ses désirs et ses sentiments les plus profonds, sont exprimés et transmis.
Il existe une dangereuse possibilité de découvrir et de déterrer des aspects négatifs de soi-même, qui jusqu'à présent, ont été enterrés et dissimulés en toute sécurité.
De plus, une fois qu'une personne a découvert et exposé une partie de son âme [par la musique, le chant], cette partie est maintenant vulnérable, et sa conduite à ce stade aura un impact sur son essence même et son être intérieur.

Rabbi Kalonymus Kalman Shapira (Hachsharat ha'havrékhim 9) écrit :
"Nous voyons de grands chanteurs et musiciens dont le cœur est éloigné d'Hachem, sans croyance et sans cœur, que le Ciel nous épargne, et même parmi les adorateurs d'idoles, il y a des musiciens.
Car la musique n'est rien d'autre qu'une forme de mise à nu de l'âme et de ses sentiments.
Cependant, il est impossible de déterminer ce qu'une personne fera au moment où elle exprimera ce sentiment, et ce qu'elle accomplira avec la partie de son âme qui est maintenant exposée.

De même qu'il peut y avoir deux personnes joyeuses, l'une canalisant sa joie pour accroître son service à Hachem, tandis que l'autre devient simplement sauvage, il en va de même pour la musique, qui est l'une des clés de l'âme, pour éveiller ses sentiments.
Il est possible pour une personne d'ouvrir son âme et d'en faire sortir une partie, mais non seulement elle n'en fait rien (de constructif), mais au contraire elle souille cette partie de son âme, que ce soit avec une joie sauvage ou avec le cœur brisé de la dépression et du désespoir.
Cela pourrait l'amener à perdre sa confiance et sa foi d'antan et à faire des choses qui ne devraient pas être faites, le Ciel nous en préserve".

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-> Puisque le musicien qui joue ou chante expose son essence intérieure à travers sa musique, l'auditeur absorbe simultanément ces aspects en même temps que la musique qu'il écoute.
Par conséquent, si une personne écoute la musique et le chant d'un musicien dont l'essence est bonne et pure, elle s'y connectera et absorbera des étincelles de cette bonté et de cette pureté dans sa propre essence et son propre être.
Cela fera partie de son identité, et peut-être inconsciemment, l'influencera pour le meilleur.

Malheureusement, l'inverse est également vrai. Si une personne écoute la musique d'un musicien ou d'un chanteur dont l'essence n'est pas bonne et pure, elle se connectera à cette musique et absorbera des étincelles de décadence et d'impureté dans sa propre essence.
Elle s'infiltrera et fera partie de son identité, et même inconsciemment, l'influencera pour le pire.
Il faut donc être extrêmement sélectif dans le choix de la musique et des chansons que l'on écoute, et s'assurer qu'elles émanent d'une personne dont l'essence aura une influence positive sur la sienne.
[rav Elicha Sandler]

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+ Un effet profond :

-> Le Rabbi de Modzhitz (Imré Shaül - Inyané zimra vésim'ha 41) met en garde :
Mon grand-père de Zvohlin, de sainte et bénie mémoire, avait l'habitude de dire : Une personne prend une lourde responsabilité lorsqu'elle chante (littéralement : fait entendre son chant). En effet, l'élévation de l'âme (néfech et néchama) [de ses auditeurs] et sa descente dépendent de la musique.
Tout dépend du musicien, de ce qu'il joue et de la manière dont il joue. La musique est susceptible soit d'élever l'âme vers les plus hauts sommets, soit de l'abaisser vers les plus basses profondeurs .

[il est remarquable de noter sa position, selon laquelle même les instruments (pas seulement les paroles), ainsi que la manière dont la musique est jouée, jouent un rôle déterminant pour savoir si la musique élèvera la personne ou la fera tomber, dégringoler et sombrer. ]

-> Le rav Ahrele Roth (Shomer Emounim - maamar tsahali véroni 6) écrit :
"Un chant joyeux provoque un flux de Divinité et un réveil du monde de la joie, du chant des anges, qui sont désignés pour apporter la joie à Hachem, et ce à condition qu'il ne s'agisse pas d'un chant provenant d'un individu à l'esprit léger.
Dans ce cas, il est méprisé et méprisable aux yeux d'Hachem."

-> Rabbi Na'hman de Breslev (Likouté Moharan 1:3) se lamente :
"Lorsque quelqu'un entend la musique d'un musicien racha, il lui est difficile de servir son Créateur.
En revanche, lorsqu'il l'entend d'un musicien "casher", elle lui est bénéfique."

-> Le rav Avraham Schorr (Halekach véhalibouv 5761 - Chémini 2) enseigne :
"Dans le chant d'une personne qui chante, ses pensées et son intérieur entrent.
Si l'on écoute un chant de quelqu'un qui est éloigné des pensées pures, ces chants terniront le cœur de l'auditeur, peut-être plus que les paroles qui sortent de sa bouche.
En effet, la chanson est comme une flèche empoisonnée qui pénètre le cœur de l'auditeur."

-> Le rav Isroel Elya Weintraub écrit :
"Les chanteurs de chansons instillent automatiquement les émotions de leur cœur dans leur chanson, stimulant ainsi les émotions de l'auditeur dans cette direction.
En conséquence, un musicien qui est "non cachère" a la capacité de faire en sorte que les personnes qui écoutent sa musique deviennent elles aussi "non cachères".
La notion de "non casher" se prolonge entre le chanteur et le musicien."

-> Cette idée s'étend au-delà du chanteur et du musicien eux-mêmes. Vers la fin d'un long responsum, le rav Yaakov Moché Hillel (Vayachev haYam 2:7) avertit qu'il faut être tout aussi vigilant et sélectif en ce qui concerne le caractère du compositeur de la mélodie. Il explique :
"À mon humble avis, tout air composé par un non-juif ou un fauteur (juif), même s'il n'était pas initialement accompagné de paroles, ni de promiscuité ni d'idolâtrie, ne devrait pas être écouté, et ne devrait certainement pas être chanté ou joué, car "la force de l'ouvrier est dans l'ouvrage".
Plus précisément, la musique a le pouvoir particulier d'éveiller chez l'auditeur les émotions mêmes qui étaient présentes dans l'esprit et la concentration du compositeur de cette mélodie, même si elles n'étaient pas accompagnées de mots."

-> Il est intéressant de rapporter qu'à la fin de sa discussion, il admet que les chants des non-juifs, qui se sont déjà infiltrés au cours des millénaires et sont devenus partie intégrante du milieu des chants juifs, ne sont pas interdits.
Le rav Hillel explique :
"En ce qui concerne les chants qui proviennent des chants des non-juifs d'il y a des décennies et des siècles, dont nous ne connaissons ni les paroles ni la structure, il n'est pas de notre ressort de les interdire.
Même la question de "l'effet de l'ouvrier dans son œuvre", qui devrait nous préoccuper, n'est peut-être pas non plus un problème, puisqu'ils ont été sanctifiés par nous au fil des ans et que le souvenir de leur source corrompue et lascive est pratiquement oublié ; ils n'éveillent et ne rappellent plus ces choses méprisables. Il semble donc qu'il n'y ait aucune raison de les interdire."

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-> Il n'est pas étonnant que lorsque les serviteurs du roi Shaoul cherchèrent un musicien qui serait qualifié pour jouer devant le roi et lui remonter le moral, ils recherchèrent des qualités de caractère en plus de l'acuité musicale.
Le Kouzari (maamar 2:65) rapporte : "L'un des jeunes gens appela et dit : "J'ai vu un fils de Yichaï de Beit Lé'hem qui sait jouer de la musique, qui est d'une grande force, d'une profonde compréhension, un homme de taille, et Hachem est avec lui."

Un musicien a accès aux recoins les plus profonds de l'âme de ceux qui écoutent sa musique. Il est donc impératif, avant d'écouter de la musique, de savoir à qui l'on confie son âme et son essence.
La musique émane de l'essence du musicien, puis elle s'infiltre et se connecte à l'essence de l'auditeur. Par conséquent, avant d'écouter de la musique, il convient de se demander si l'expérience aura un effet positif, édifiant et inspirant, ou si elle engendrera de la négativité, voire de la dépravation, dans l'être intérieur.
[rav Elicha Sandler]

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+ Des paroles impures :

-> Jusqu'à présent, l'accent a été mis sur le musicien, les instruments et le compositeur, indépendamment de la nature des paroles particulières sur lesquelles la musique est chantée.
Il est toutefois essentiel de se méfier également des paroles 'décadentes'.

Comme nous l'enseignent nos Sages (guémara Shabbath 33a) :
"À cause de la faute d'obscénité de la bouche, beaucoup de calamités et de décrets sévères sont renouvelés, les jeunes meurent, les orphelins et les veuves crient, et ne sont pas exaucés."

-> En écoutant des paroles entachées et souillées par des insinuations d'immoralité et autres, on cause des dommages dévastateurs à l'âme même, est en réalité coupée de sa source.
Le Réchit 'Hokhma (chaar haAhava 10) écrit :
"Les chansons dont les paroles sont empreintes de désir et de vulgarité empêchent l'âme d'être liée à la vie éternelle ... En effet, certaines personnes de faible valeur sont attirées par ces chansons basses et détruisent leur âme."

[ les mots chantés en musique s'impriment de manière indélébile dans le cœur même de l'auditeur. Ainsi, lorsque mots sont négatifs, décadentes et impures, les dommages sont profondément enracinés en nous. ]

-> Cela permet de comprendre le décret de nos Sages (michna Sota 48a) selon lequel, à la suite de la dissolution du Sanhédrin, aucune musique ne devait être jouée dans les lieux de consommation de boissons.
Le Talmud Yerushalmi explique :
Rav 'Hisda dit : "Au début, la crainte du Sanhédrin était sur eux, et ils n'utilisaient pas de mots vulgaires dans leurs chansons. Maintenant qu'ils ne craignent plus le Sanhédrin, ils utilisent des mots vulgaires dans leurs chansons".

Les conséquences d'une telle pratique pouvant être si dévastatrices, il a été décidé que le préjudice potentiel l'emportait sur le gain énorme que la musique aurait autrement procuré.

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+ En résumé :

-> S'il y a tant à gagner en jouant ou en écoutant de la musique, il est impératif de comprendre qu'il y a aussi beaucoup à perdre. [ce qui existe en bien, existe aussi en mal, libre arbitre oblige]
Si le chanteur, le musicien ou même le compositeur est de mauvaise réputation, sa musique peut être entachée et imprégnée d'éléments négatifs qui, à leur tour, sont absorbés par l'auditeur.
Il peut en résulter des dommages considérables pour l'âme de l'auditeur, sans parler de l'extrême difficulté à servir Hachem de tout son cœur.
Toutefois, si l'on fait preuve de discernement et de vigilance quant à la nature et à l'origine de sa musique, celle-ci peut constituer un réservoir d'opportunités spirituelles et de bénédictions inouïes.

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-> "La musique est susceptible soit d'élever quelqu'un vers les plus hauts sommets [spirituels], soit de l'abaisser vers les plus basses profondeurs".
[rabbi de Modzhitz - Imré Shaül]

-> Si nous chantons des versets, c'est parce que notre intention est d'éveiller notre cœur à leur contenu, de les faire pénétrer en nous, car par le chant, le cœur s'éveille ... en chantant les versets, nous nous éveillons, et de son propre chef, nous devenons heureux.
[Stéïpler]

-> S'ils n'apprennent pas de moussar, alors au moins, le chant (sur les mots des versets) suscitera une certaine crainte du Ciel!
[Stéïpler - cité dans Haggadat haKéhilat Yaakov]

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+ La musique, chant, stimule l'intelligence :

-> Abarbanel (Béchala'h) écrit :
La plupart des gens oublient les histoires simples, même s'ils en ont été préoccupés toute la journée. Pourtant, lorsqu'on les met en musique, qu'on les chante et qu'on les joue, on se souvient toujours d'elles grâce à leur chant ...
C'est à ce propos que nos Sages (guémara Méguila 32a) ont dit : "Au sujet de quiconque lit (la Torah Ecrite) sans un ton agréable, et apprend (la Torah Orale) sans chant, il est dit : "Et je leur ai aussi donné des lois qui ne sont pas bonnes" (Yé'hezkel 20,25) = ce qui signifie que leur souvenir quittera l'esprit".

-> Pour la Torah Ecrite : Rachi (Méguila 32a) explique que "lire sans un ton agréable" fait référence aux "trop" (les cantillations) avec lesquelles la Torah Ecrite est censée être lue. La lecture de la Torah Ecrite de cette manière est ordonnée par Hachem, par le biais d'une halacha léMoche miSinaï.

-> Pour la Torah Orale : les Tossafot (Méguila 32a) expliquent que cela était nécessaire à l'époque où la Torah Orale était transmise de la manière dont elle avait été conçue : uniquement oralement.
Il était donc nécessaire d'employer une technique d'apprentissage qui permette de retenir au mieux les informations.

-> Le Tiféret Israël (Arakhin 4:1) développe cela :
J'ai du mal à comprendre ce que la guémara déclare souvent dans l'explication de michnayot difficiles : "Il manque une ligne à la michna et c'est ce qu'elle aurait dû dire".
Si c'est effectivement le cas, pourquoi n'ont-ils pas simplement édité le texte de cette michna (pour inclure la ligne manquante)? Et pourquoi le Tana a-t-il choisi d'utiliser une terminologie abrégée?

Si je n'avais pas peur d'être aussi novateur, il me semblerait ... que si le Tanna a parfois choisi une terminologie alors qu'à d'autres moments il en a choisi une autre, c'est pour s'adapter à l'air de la chanson qui a été désignée pour cette michna particulière.
C'est pour cette raison qu'il incluait parfois une clause apparemment supplémentaire : "ceci et certainement ceci" (c'est-à-dire que cela va sans dire), car cela alignait les clauses de la michna avec les sections des parties de la chanson.
Par conséquent, même s'il manquait une ligne, ils l'ont laissée ainsi ... car s'ils devaient réarranger les mots, cela embrouillerait le chant désigné, ce qui embrouillerait la mémoire et entraînerait l'oubli de la michna, que le Ciel nous en préserve.

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-> "mizmor léDavid, léazkir" (mizmor de David pour se rappeler - Téhilim 38,1)
Le 'Hida ('Homat Anach) suggère que c'est peut-être la raison pour laquelle le roi David a décrit l'étude de la Torah comme des zemirot (des chants). [Téhilim 119]

-> Le Stéïpler ('Hayé Olam 1:1) enseigne :
Le bénéfice du chant est grand, en dehors du plaisir physique, parce que la chanson éveille le cœur à la motivation, à l'assiduité, à l'étude profonde et à l'éveil.

-> En plus d'améliorer la capacité de la mémoire et de stimuler une étude plus intense, nous constatons que la musique a la capacité d'éveiller la sagesse contenue au plus profond de nous-mêmes.
Le Radak utilise ce concept lorsqu'il souligne l'idée que les chapitres de Tehilim ont été conçus pour être chantés avec un accompagnement musical. En fait, chaque chapitre avait ses propres instruments et mélodies, afin de susciter la pensée, la compréhension et les émotions que Dovid Hamelech cherchait à évoquer avec ce passage particulier.
Le Radak (Téhilim 4,1) écrit : "C'est avec un accompagnement instrumental que les chants, les mélodies et les louanges étaient dits, chacun selon sa mélodie, qui leur était connue. C'était une grande sagesse et cela avait l'habitude d'éveiller l'âme sage."

Se basant sur ces mots, le rav Mattisyahou Salomon (Matnat 'Haïm - Moadim) rapporte les paroles suivantes :
"On ne peut jamais comprendre pleinement un chapitre de Tehilim avec clarté, tant que l'on ne connaît pas cette sagesse et que l'on ne comprend pas et ne reconnaît pas les sons distincts des instruments de musique et la façon dont chaque instrument spécifique s'adapte à un paragraphe spécifique différent de tous les autres. Car ce sont les instruments de musique et la mélodie qui donnent la saveur et la compréhension nécessaires pour appréhender les sujets avec la profondeur voulue."

-> Le rav Its'hak Maltzan (Sidour haGra) enseigne :
"Les sons des instruments de musique éveillent et préparent l'âme à l'action, ainsi qu'à l'accomplissement intellectuel."

-> Le Steipler a également commenté un jour :
"[Les gens] chantent au moment où ils apprennent la guémara ... parce que notre intention est d'étudier et que la musique nous permet de mieux comprendre. "

-> "Chantez l'intelligence" (zamérou maskil - Téhilim 47,1).
Selon le Méïri (Beit haBé'hira - Téhilim47) : c'est-à-dire non pas une chanson banale, mais une chanson qui éveille le cœur et donne de l'intelligence à ceux qui l'écoutent!

Le rav Mattisyahou Salomon (Matnat 'Haïm - Moadim) estime que le Meïri veut dire que la musique peut éveiller la compréhension quelque peu endormie de l'âme pour la rendre plus éveillée et plus alerte, et donc plus compréhensive.

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-> b'h, voir également : La musique et le chant = chemin vers la téchouva : https://todahm.com/2023/05/30/la-musique-et-le-chant-chemin-vers-la-techouva

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+ Petite histoire :

-> On raconte (séfer haNiggounim - intro) que le rav Schnéour Zalman de Liadi se trouvait un jour dans la ville de Shklo, une ville regorgeant de gens brillants, sages et érudits en Torah.
Ils se sont rassemblés autour du rav Schnéour Zalman et l'ont assailli de questions talmudiques et d'interrogations. Avant de répondre, le Rabbi chanta d'abord devant eux l'une de ses chansons qui était remplie de dvékout intenses.
L'effet sur les sens des auditeurs était si fort qu'ils s'éveillaient avec des sentiments profonds de joie et d'allégresse de l'âme, à tel point que toutes leurs questions disparaissaient d'elles-mêmes!

[le chant est capable de faire émerger la sagesse intérieure pour motiver et faciliter une compréhension plus profonde. Même l'intelligence et la mémoire d'une personne peuvent être renforcées et stimulées par un chant approprié. ]

La confiance en Hachem peut surmonter les choses préjudiciables et un mauvais mazal.
La confiance est si puissante qu'elle nous protège dans ce monde et dans le monde à venir.
[Maharal - Nétivot Olam, Netiv haBita'hon - chap.1]

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-> "Celui qui met sa confiance en Hachem sera entouré de bonté" (Téhilim 32,10)
Selon le midrach (Yalkout Chimoni Téhilim), cela inclut même une personne racha.
Le 'Hafets 'Haïm mentionne fréquemment qu'une personne peut être loin d'être parfaite, mais si elle s'accroche fermement à sa confiance en Hachem, alors sa foi la protégera [Chmirat haLachon - partie II, ch.19 ; Chem Olam]

-> L’auteur du Léchem écrit que rien ne fait obstacle au bita'hon.

-> Nos Sages disent : "la bénédiction ne réside que dans une chose cachée des yeux" (en habrakha chora bédavar hasamouï min aayin) = le fait de placer notre confiance en Hachem qui est caché à nos yeux.
Si nous faisons cela, la délivrance [de nos problèmes] peut également venir par des moyens cachés ou par des moyens dont nous n'aurions jamais rêvé.
[Méor Einayim - Vaeth'anan]

[Une personne en quête de délivrance à ses problèmes qui imagine plusieurs possibilités de sauvetage limite l'intervention d'Hachem en sa faveur. (d'une certaine façon : puisque tu ne penses pas à Moi, alors Je te laisse te débrouiller dans les limites de la naturalité, sans Mon aide)
Lorsqu'une personne a confiance en Hachem, les possibilités sont illimitées. ]

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-> La crainte d'un autre être humain peut entraîner la souffrance d'une personne (Rabbénou Bé'hayé - Ekev), car c'est nier qu'Hachem contrôle la situation.
Aucun être humain ne peut nous faire du mal à moins que cette souffrance n'ait été décrétée par Hachem. C'est l'intention du verset : "Un piège apporte la terreur à une personne, mais celui qui se confie à Hachem sera sauvé du malheur". (Michlé 29,25)

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-> Lorsque nous nous ne faisons rien pour accroître notre confiance en Lui, alors Hachem supprime la providence Divine spéciale qui accompagne chaque personne, ce qui entraîne un véritable danger.
C'est la raison pour laquelle la Torah stipule que les soldats qui avaient peur devaient être renvoyés chez eux. Leur anxiété les rendait indignes d'un miracle (Ramban - Choftim 20,8).

-> "Avaler le maror (l'amertume de la vie) sans le mâcher ne permet pas de remplir notre obligation" (guémara Pessa'him 115)
Le Tiféret Yéhouda dit : nous apprenons ainsi que nous manquons à notre devoir tant que nous ne diluons pas notre sentiment interne d'amertume par la foi et la force d'âme.

-> En récompense de la confiance de l'homme, Hachem élimine la peur, comme il est dit : "Il ne craint pas les mauvaises nouvelles, car la confiance en Hachem est fermement ancrée dans son cœur." (Téhilim 112:7 - Gaon de Vilna).

De même, il est écrit : "Sa délivrance est proche de ceux qui Le craignent" (Téhilim 85:10).
Et ailleurs : "C'est Moi, Moi seul, qui te réconforte ; qui es-tu pour avoir peur d'humains mortels et d'hommes qui deviendront comme de l'herbe?" (Yéchayahou 51,12).

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-> Hachem ne donne pas à ceux qui s'inquiètent. Il donne à ceux qui demandent.
[rabbi Elimélé'h de Lizhensk]

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-> Avoir des pensées négatives sur ce qui peut arriver est préjudiciable au bien-être d'une personne. Ces pensées peuvent faire en sorte que ses soucis deviennent la réalité, car l'âme d'un homme s'attache à ce qui occupe ses pensées.
S'il pense au jugement, celui-ci s'accrochera à lui.

Inversement, s'il se fie à la bonté d'Hachem, c'est là que son âme s'attachera, et la bonté d'Hachem l'entourera. [Likouté Yékarim 207]

-> S'inquiéter à propos de la pauvreté donne à l'ange de la pauvreté le pouvoir de nous faire du mal.
[Maharal - 'Hidouché Aggadot - guémara Baba Métsia 33]

-> davantage sur ce sujet de l'impact de nos pensées négatives : Pense bien et tout ira bien : https://todahm.com/2020/03/31/13093-2

La musique et le chant = chemin vers la téchouva

+ La musique et le chant = chemin vers la téchouva :

-> Le rav Sim'ha Bounim de Peshischa dit sur le ton de l'humour :
"Le monde dit en plaisantant : "Un 'hazzan est un imbécile". Pourquoi en est-il ainsi?
Parce que le monde de la chanson est très proche du monde de la téchouva. Si un chanteur qui chante se trouve si près du monde de la téchouva et ne se repent pas, c'est qu'il est vraiment un imbécile".

-> Le rav Israël de Modzhitz (Imré Shaul) poussait cette réflexion plus loin :
"On dit que la Chambre de la Musique est adjacente à la Chambre de la téchouva. Et moi, je dis que la Chambre de la Musique est en fait la Chambre de téchouva".

-> Le Tikuné Zohar (11) énumère les différentes Chambres Célestes, leurs fonctions respectives et les conditions requises pour y accéder. Parmi ces Chambres se trouve la Chambre de la Musique.
À propos de cette chambre, il est dit : "Il y a la Chambre de la Musique, qui ne peut être ouverte que par la musique. C'est donc par la musique que le roi David s'est approché de cette Chambre."

-> Tout cela permet de mieux comprendre les paroles suivantes du rav Uri de Strelisk (Imré Kadoch 84) :
"Si une personne est incapable de s'approcher d'Hachem, il lui est possible de s'en approcher grâce à la chambre de la Musique."

=> Pourquoi cette méthode est-elle plus facilement accessible?
Peut-être parce que la Chambre de la Musique fait partie des Chambres Célestes les plus proches de nous.
Comme l'écrit le rav Ahrele Roth (Shomer Emounim - maamar tsahali véRoni 2) :
"La Chambre de Musique provient des Chambres les plus proches de nous, mais elle s'élève de plus en plus haut, jusqu'à la hauteur des Chambres les plus élevées."

-> Lorsqu'elle est utilisée correctement, la musique peut être un moyen inestimable d'amener une personne à un véritable repentir.
En effet, le Gaon de Vilna (Biour haGra - Divré haYamim 1:23:4) écrit :
Grâce au pouvoir de la chanson, nous pouvons vaincre le mauvais penchant (yétser ara)."

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+ La mélodie du korban 'hatat = d'abord susciter le remord complet, puis susciter la joie :

-> Nous constatons que dans le Temple, lorsqu'une personne offrait un korban (sacrifice) pour expier ses fautes, la musique jouait un rôle essentiel dans le processus d'expiation.
Comment cela se faisait-il?

La musique était parfois jouée juste avant l'offrande pour une faute (korban 'hatat) pour pénétrer le cœur de la personne qui apportait le korban et l'inciter à une véritable humilité et à un repentir sincère.
Le rav Shmouel de Sochatchov explique que si les Cohanim sentaient que le repentir de la personne n'était pas encore entier et complet, ils demandaient aux Lévi'im de jouer une mélodie émouvante et déchirante pour l'inspirer à se repentir complètement, et c'est alors seulement qu'ils offraient son korban.

Le rav de Sochatchov (Shem miChmouël - Sim'hat Torah 5681) précise :
"Si le Cohen qui offre le korban sent que le propriétaire ne s'est pas encore complètement repenti, il demande aux Lévi'im d'enflammer le cœur du propriétaire [du sacrifice], pour qu'il se repente par le biais de sa chanson."

-> D'autres semblent soutenir que pour s'assurer de la sincérité du repentir d'une personne, il était d'usage de faire jouer de la musique au moment de l'offrande d'une faute (korban 'hatat).
Le rav Klonimus Kalman Epstein (Maor vaChémech - Chémini) explique :
"Lorsqu'un homme se présentait devant les Cohanim pour faire expier son âme, ils veillaient d'abord à humilier son cœur, afin qu'il revienne de tout cœur et se repente avant qu'ils n'offrent son korban.
Ils demandaient aux Lévi'im qui "parlaient" le chant, d'éveiller la personne avec un son agréable, au point que le cœur du fauteur se brise en lui. C'est alors que cela serait propice à son expiation."

-> Cette idée est développée par le rav Shlomo de Karlin (Shéma Shlomo - Nasso) :
"Il en était ainsi à l'époque où le Temple était debout et où le mizbeach (l'autel) était établi.
Lorsque le Cohen servait la avoda (service) et obtenait le pardon pour son peuple, les pensées des personnes dont il offrait les sacrifices "lui parvenaient", (afin qu'il sache) si elles songeaient à des pensées de téchouva complète ou non.
S'ils n'ont pas encore fini d'enflammer leur cœur avec le repentir et la passion nécessaires, le Cohen l'indique alors aux Lévi'im, qui commencent à jouer avec plus d'agitation et de passion.
Il s'agissait d'éveiller la personne qui offrait le sacrifice et de l'amener à une téchouva complète."

-> Le rav 'Haïm de Tzanz (Chaar Yissa'har - Tichri - maamar Shouva Israël 20) détaille plus largement :
"Lorsque le fauteur venait apporter son korban (sacrifice), le Cohen lui demandait la nature de la faute pour lequel il apportait ce korban. Avec un esprit attristé, l'homme lui disait où il avait trébuché ...
Le Cohen fait alors signe aux Lévi'im qui se tiennent sur leur estrade, et à l'aide de leurs instruments de musique, ils commencent à jouer un air qui suscite des émotions et des pleurs.
Les propriétaires (du sacrifice) commencent à faire la semi'ha (posent leurs mains) sur leur korban et confessent : "J'ai péché et commis telle ou telle transgression. Je suis revenu, je me suis repenti et c'est mon expiation".
Au cours du grand réveil [sur leur faute], il pleurait d'une âme amère, dans la confession et le remords.

Lorsque le Cohen voyait le cœur du propriétaire, comment son âme avait presque quitté son être avec une grande amertume lorsqu'il parlait, il faisait alors signe aux Lévi'im. Ceux-ci commençaient alors à jouer un chant joyeux sur leurs instruments de musique afin de restaurer son esprit.
Ils égorgent immédiatement son korban, et c'est ainsi qu'il accomplira son expiation."

-> Le rav Yissa'har Shlomo Teichtal (Téchouvot Michné Sachir - OH 24) soutient qu'il est inapproprié pour le fauteur de ressentir une quelconque joie lorsqu'il offre son sacrifice parce qu'il a commis une faute. Cela pose un problème, car tout service divin doit être accompli dans la joie. Il affirme que le chant des Lévi'im fournit la solution à ce dilemme.
Il explique : "Les Cohanim et les Lévi'im étaient donc nécessaires pour compléter la joie et les chants afin de satisfaire à l'exigence de "servir Hachem avec joie"."

Il ajoute ensuite qu'une fois que les Lévi'im commenceraient à chanter, cela inciterait le fauteur à se repentir par amour pour Hachem et par désir de se rapprocher de Lui :
"Il me semble que lorsque le fauteur apportait son korban, il était habité par un esprit humble et triste à cause de sa faute, qui l'avait éloigné du Créateur, et il revenait à Hachem de tout son cœur.
Ce n'est qu'une fois que les Cohanim et les Lév'im ont commencé leur service dans la joie et l'allégresse que la joie s'est éveillée dans son cœur.
Il achèvera alors son repentir par amour, par joie et par proximité avec Hachem."

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+ La musique facilite notre attachement à Hachem :

-> Le terme "téchouva" est traduit habituellement par "repentir", mais en réalité son origine est "chav" qui signifie : "revenir".
L'essence de la téchouva est revenir à un état d'unité avec Hachem [la faute créant une séparation, distanciation, que la téchouva va retirer]. [Maharal - Nétsiv haTéchouva]

=> Comme se fait-il que la musique partage une affinité étroite avec la Chambre et le Monde de la Téchouva?

-> La musique est un véhicule efficace par lequel une personne peut atteindre un état de connexion, d'unité avec son Créateur.
C'est par la musique que l'on peut pénétrer les barrières qui empêchent souvent l'expression de nos aspirations profondes et de nos sentiments de véritable attachement à Hachem (dvékout).

En effet, le Chem miChmouël (Pessa'h) dit :
"Le chant est une dvékout dépouillé de tout vêtement. C'est l'attachement de la cause à la Cause (la création au Créateur) sans aucune barrière ou frontière."

-> Il est écrit : "Chantez, justes, avec Hachem" (ranénou tsadikim b'Hachem - Téhilim 33,1).
Le Réchit 'Hokhma (chaar haAhava 10) commente :
Il aurait été plus approprié de dire : "Chantez les justes à Hachem", tout comme il est dit : "Chantez pour Lui, jouez de la musique pour Lui" (chirou lo zamrou lo - Téhikim 92,1) et non "Chantez avec Hachem".
Il est plausible de dire que l'intention du roi David était d'affirmer que même un chant ordinaire provoque une dvékout ...
C'est pourquoi il est dit : "Chantez, justes" = lorsque les justes chantent, ils sont immédiatement attachés à Hachem.
[la musique peut nous réveiller spirituellement, et faire que nous sommes davantage attachés à Hachem. Le terme "téchouva" (תשובה) se décompose en "tachouv hé" ('תשוב ה - revenir vers Hachem), et la musique peut fortement nous le permettre. ]
[...]
(Il faut) susciter le chant et la louange ... afin de s'attacher à son Créateur, car le chant engendre la dvékout, lorsqu'on se souvient de Sa bonté et de Sa bienveillance multiples à son égard.

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+ Profiter de de la musique pour s'éveiller à la téchouva et s'attacher à Hachem :

-> Amener les gens à un état accru de dvékout était également l'un des principaux objectifs des chants des Léviim dans le Temple.
Le Chem miChmouël (Béhaaloté'ha) explique :
"La mission des Lévi'im était d'élever les juifs et de les attacher à Hachem, conformément à leur attribut de dvékout, et ce par le biais du chant!"

-> Rabbi Na'hman de Breslev (Likouté Etsot - Néguina 11) écrit :
"La musique et les instruments de musique ont le grand pouvoir d'attirer une personne vers Hachem.
C'est pourquoi il est bon qu'une personne s'habitue régulièrement à se divertir en chantant, afin de réjouir son âme et de s'attacher à Hachem, en particulier le Shabbath, le Yom Tov et lors de la mitsva des mariages."

-> Ailleurs, rabbi Na'hman de Breslev (Si'hot haRan 273) écrit :
"Il est bon pour une personne de s'habituer à s'animer par le chant. Car le chant est une chose très, très grande et très noble. Il a le grand pouvoir d'éveiller et d'attirer le cœur d'une personne vers Hachem.

"Car lorsque je suis assis dans les ténèbres, Hachem est ma lumière" (Mi'ha 7,8)

-> Le Malbim écrit : "Car même lorsque je suis assis dans les ténèbres de la tristesse, Hachem est ma lumière ; si je n'ai pas la lumière corporelle du succès matériel, j'ai toujours la lumière de D., la lumière de la émouna, la lumière de l'espoir dans le délivrance d'Hachem".

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-> Rabbi Na'hman de Breslev (Si'hot haRan 102) enseigne :
"La vie des hérétiques n'est pas une vie, même dans ce monde, car dès qu'il se passe quelque chose qui ne leur plaît pas, sans parler des tragédies qui les frappent, ils ne savent pas vers qui se tourner, car ils pensent que tout dépend des caprices de la nature.
Ils n'ont rien pour se consoler et aucune parole pour se donner de la force.

Mais un homme de foi qui place sa confiance en Hachem a une très belle vie. Même si une tragédie devait l'atteindre, à D. ne plaise, il est encore capable de se réconforter, car il est convaincu que tout est pour le mieux ; soit que la douleur expie ses fautes, soit qu'elle lui permette de mériter quelque chose de bon à la fin, car l'intention d'Hachem n'est certainement que pour le bien.
Par conséquent, l'homme de foi mène une vie vraiment bonne, à la fois dans ce monde et dans l'autre.
Mais les hérétiques n'ont pas de vie du tout, ni dans ce monde, ni dans l'autre."

-> Rabbi Na'hman écrit ailleurs (Si'hot haRan 32) :
"En vérité, la foi est quelque chose de très fort, et une vie de foi est très forte. Lorsqu'une personne a la émouna, même si de terribles souffrances s'abattent sur elle, elle est capable de se consoler et de se fortifier, car D. aura certainement pitié d'elle ; en fin de compte, les choses se passeront pour le mieux.
Sa douleur est pour son bien, c'est une expiation ; en fin de compte, Hachem fera du bien à cette personne, que ce soit dans ce monde ou dans l'autre."

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-> Au cours de la vie, le chemin de l'âme est marqué par des chutes dévastatrices et des hauteurs vertigineuses, des sentiments de proximité et d'éloignement d'Hachem.
Comme l'écrit le rabbi Tsadok haCohen (Tsidkat haTsadik 13) : "tout comme le temps est un cycle de jours et de nuits, la vie de l'homme est aussi un cycle de lumière et d'obscurité, d'ascension et de chute".
Ces cycles sont normaux, il faut s'y attendre et même les anticiper, car ce sont eux qui constituent ce merveilleux manège qu'est la vie. Personne n'a jamais réussi à s'en passer, et personne n'a jamais réussi à vivre sans eux. [à l'image d'un électrocardiogramme vivant qui est constitué de hauts et de bas, à l'inverse d'un mort qui est tout plat, uniforme.
Puisque les difficultés sont inévitables dans notre vie, décidons d'être heureux maintenant plutôt que d'attendre utopiquement que tout soit parfait pour se permettre de l'être. ]

Bien que ces cycles de hauts et de bas physiques, émotionnels et spirituels échappent souvent à notre contrôle, la manière dont ils affectent notre équilibre intérieur dépend entièrement de nous.
La question est uniquement de savoir comment nous choisirons d'aborder ces défis et de réagir à nos innombrables difficultés.
[à m'image du temps changeant (grand soleil, tempête, vent, ...), notre temps intérieur est changeant. Notre façon d'appréhender les choses qu'Hachem nous envoie fait que nous pouvons majoritairement être joyeux, que nous dansons de joie malgré la pluie. ]

Le rabbi de Berditchev enseigne que le secret qui permet de surmonter n'importe quelle tempête, qu'elle soit physique, émotionnelle ou spirituelle. Ce secret s'appelle : la émouna.

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-> Un de mes amis m'a dit un jour que le test décisif pour déterminer la force du lien d'une personne avec la judaïcité n'est pas la quantité de Torah qu'elle étudie ou le temps qu'elle passe à prier.
[Par exemple,] il s'agit simplement de la façon dont elle réagit lorsqu'il se pique l'orteil. Quelqu'un qui n'est pas connecté à la émouna et à Hachem de la manière la plus profonde commence à bafouiller, à crier, peut-être à marmonner quelques mots qu'il ne dirait pas normalement. Mais la réaction instinctive d'un vrai juif est de dire, tout en sautillant sur son bon pied : "barou'h Hachem barou'h Hachem barou'h Hachem gam zou létova ..." et ainsi de suite. Sa douleur dure beaucoup moins longtemps que celle de la première personne. En fait, sa douleur ne commence jamais.
À la douleur physique de son orteil palpitant se mêle une joie intérieure, un sentiment d'expiation et un sentiment de contrôle total. Sa journée n'est pas gâchée et son humeur est intacte.
Cette attitude permet une vraie vie dans ce monde et favorise une vraie vie dans l'autre.
[selon nos Sages : "un homme ne peut pas même se cogner le petit doigt ici-bas sans que cela n’ait été décrété auparavant dans le Ciel" ]

Selon le rabbi de Berditchev, c'est l'explication des paroles chantées par le roiDavid : "Je bénirai Hachem à tout moment ; Sa louange est toujours dans ma bouche" (Téhilim 34,1).
Le roi David a compris que quoi qu'il puisse arriver à une personne, c'est toujours pour le mieux, même si la situation peut sembler sombre au départ.

Ailleurs, David dit à Hachem : "Béyadé'ha itotaï" (Mon temps est entre tes mains - Téhilim 31,16).
Il a pu réaliser que toutes les circonstances de sa vie étaient micro-gérées par Hachem qui l'aimait au-delà des mots et ne voulait que ce qu'il y avait de mieux pour lui.

Il y a toujours une raison de chanter, de louer D. pour les petites choses que nous tenons pour acquises alors même que les vents de tempête de la vie soufflent et tentent d'abattre les murs mêmes de notre personnalité.
La émouna est la clé. C'est le seul et unique secret d'une existence parfaitement agréable.

Quelle que soit l'étape de la vie dans laquelle nous nous trouvons et quelles que soient les circonstances extérieures, nous avons toujours une raison de chanter notre conviction que rien de mauvais n'arrive jamais ; tout est pour le mieux.
[rav Yaakov Klein]

Le cadeau du Shabbath

+ Le cadeau du Shabbath :

-> Hachem a appelé Moché et lui a dit : "J'ai un grand cadeau dans Ma salle des trésors. Son nom est 'Shabbath' et Je voudrais le donner au peuple juif". [guémara Shabbath 10b]

-> Le rabbi Lévi Its'hak de Berditchev (Kédouchat Lévi - Ki Tissa) explique que la raison pour laquelle Shabbath est appelé "un grand cadeau" n'est pas due aux plaisirs physiques, aussi agréables soient-ils.
Shabbath est appelé "un grand cadeau" en raison de l'incroyable unité entre l'âme générale du peuple juif et le Ohr Ein Sof (Lumière Infinie) qu'il provoque, qui entraîne un énorme afflux de pureté et de sainteté dans nos cœurs et nos âmes.

Il écrit : "Il est certain que Shabbath est 'un grand cadeau'. Il s'agit d'une référence à la lumière et à la sainteté qui [en ce jour] viennent d'en haut et s'écoulent dans les cœurs du peuple juif, ainsi qu'à l'esprit de sainteté, à l'intellect rafraîchi et à la générosité spirituelle qui viennent du monde élevé qui est appelé "Douceur", car le plaisir et la force vitale sont là ; il y a la [source de] vie cachée".

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-> Le jour du Shabbath est appelé "jour de joie" (Sifrei - Béaaloté'ha), "jour de repos" (dans la prière) , "un goût du monde à Venir (olam aba)" (Mékhilta - Ki Tissa) , "la source des bénédictions" (Zohar II 88a), "le jour de l'âme" (Zohar 205a) et "le jour où les mondes s'élèvent [spirituellement]" (rav Avraham Kluger - Yi'houd haShabbath).

-> Rabbi Aharon de Karlin raconte un épisode qui s'est produit à une occasion où le Baal Chem Tov saluait le Shabbath dans les champs, entouré de troupeaux de moutons en train de paître.
Le rabbi de Karlin (Beit Aharon - Bo) écrit que lorsque le Baal Chem Tov a commencé à chanter le chant de "Lé'ha Dodi", tout le troupeau de moutons s'est levé sur ses pattes arrière comme des êtres humains et a commencé à chanter avec lui.
Rabbi Kluger (séfer Yi'houd haShabbath) explique que lorsque Shabbath arrive, un phénomène appelé : "l'élévation des mondes" (aliyat haOlamot), se produit. Soudain, alors que le soleil descend sous l'horizon rose et que tout est calme, le monde physique et tout ce qu'il contient s'élèvent à un état de sainteté incroyablement élevé.
L'étincelle divine à l'intérieur de chaque particule de la matérialité est augmentée et ainsi chaque créature, à quelque niveau que ce soit, est beaucoup plus en accord avec sa Source.
C'est pourquoi les moutons qui se tenaient autour du saint Baal Chem Tov ont été contraints, par la force de sa prière, de se lever comme un membre du niveau de la création au-dessus d'eux et de chanter pour leur Créateur.

-> Rabbi Shlomo Carlebach raconte l'histoire d'un 'hassid du Tséma'h Tsédek qui s'était rendu un jour pour passer le Shabbath avec le saint rabbi de Ruzhin. À l'entrée du Shabbath, le maître hassidique le prit par la main et l'accompagna jusqu'à une grande fenêtre d'où ils contemplaient une vaste étendue de la terre et du ciel.
Il lui demanda : "Voyez-vous les nuages des 6 jours de la semaine faire place aux nuages du Shabbath? Entendez-vous le vent des 6 jours de la semaine qui fait place au vent de Shabbath?"

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-> Le rav Kalonymus Kalman Shapira of Piaseczna ('Hovat haTalmidim - Chelocha maamarim 3:3) écrit :
Lorsque le Shabbath arrive, une âme supplémentaire s'ajoute à l'homme juif. En lui ... la sainteté d'Hachem, se révèle avec une plus grande intensité.
Même au niveau physique, son corps ressent l'arrivée du saint Shabbath ...
Lorsque Shabbath arrive, tout le sable et la poussière des jours de la semaine sont enlevés avec force de son cœur et de son esprit ; la lumière et l'éclat de Royauté d'Hachem (Malkhout) qui l'emplissent maintenant [en ce jour] bannissent l'obscurité intérieure et lui, ainsi que le monde entier, sont transformés.
Shabbath n'est pas simplement un jour ordinaire imprégné d'une sainteté extérieure. Non, le Shabbath est saint dans son essence même ; sa sainteté est son essence.

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-> Le rabbi Lévi Its'hak de Berditchev (Kédouchat Lévi - Ki Tissa) écrit :
"Puisque Hachem voulait mériter le peuple juif dans le monde à venir, c'est pourquoi Il leur a donné la Torah et les mitsvot. Mais Hachem voulait leur permettre de goûter à la récompense spirituelle du monde à venir [même dans ce monde], et c'est pourquoi Il leur a donné le Shabbath, qui est un délice spirituel, un aperçu du Olam aba.
Le Shabbath, chaque juif est capable de goûter au plaisir spirituel".

-> Le rabbi de Piaseczna (Hachsharat haAvréhim chap.11) décrit l'ambiance du 3e repas de Shabbath : "
En général, il faut savoir que le moment de la séouda chélichit est le Yom Kippour de la semaine. Tout comme Yom Kippour révèle l'âme et la nettoie de la poussière de l'année, la séouda chélichit purifie l'âme et révèle tous ses désirs et les soupirs silencieux qui ont été dissimulés en elle pendant la semaine."

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+ Nécessité de s'y préparer :

-> C'est le grand cadeau du Shabbath. C'est ce qu'un vrai juif attend avec impatience : la connexion la plus intime avec la Divinité qu'apporte le Shabbath, un avant-goût du monde à venir, un petit paradis.

Le rabbi de Berditchev dit qu'en raison de l'importance considérable du Shabbath, il faut passer toute la semaine à désirer et à se préparer à son arrivée, ainsi qu'à la sainteté et à la force de vie spirituelle qui l'envahiront.
Il ne fait aucun doute que pour accéder pleinement à tous les aspects du grand cadeau qu'est le Shabbath, une énorme préparation est nécessaire.
En effet, le rabbi de Berditchev écrit : "L'accomplissement sera fonction du degré de préparation", car le don de Shabbath ne peut s'écouler dans nos vies si l'on n'a pas préparé le récipient. Ce n'est que lorsque nous nous préparons pour le Shabbath tout au long de la semaine et que nous nous assurons que nous sommes dans un état approprié pour accueillir le saint Shabbath que nous formons les récipients les plus solides qui peuvent contenir son immense lumière.

Malgré cela, le rabbi de Berditchev nous avertit de ne jamais penser que notre préparation nous a "valu" les bénédictions du Shabbath.
Le Shabbath est toujours appelé "un grand cadeau", car il ne se mérite pas. Quels que soient les efforts que nous déployons pour préparer le Shabbath, sa grande bénédiction ne vient pas en paiement de nos actions, mais comme un grand cadeau, né de l'amour infini d'Hachem pour Ses précieux enfants.
Le rabbi de Berditchev écrit : "Et même s'il s'est préparé, cela reste un 'grand don', car même si l'on se prépare avec toutes sortes de préparations, on n'est toujours pas apte à recevoir la sainteté et la générosité spirituelle qui vient d'Hachem le Shabbath ; c'est certainement toujours un don gratuit.
La préparation n'est nécessaire que pour lui donner le récipient et la force de recevoir."

-> Rabbi Tsadok haCohen de Lublin (Pri Tsadik - maamar richon sur Shabbath kodech) écrit que cette idée est évoquée dans le verset "Pendant 6 jours de la semaine, tu travailleras et tu feras tout ton travail, mais le 7e jour sera un Shabbat pour Hachem, ton D " (Ki Tissa 34,21).
"Pendant 6 jours de la semaine" = en fonction de la quantité d'efforts déployés par un juif pour se préparer pendant la semaine à la lumière du Shabbath ; "le 7e jour sera le Shabbath d'Hachem, ton D." = c'est combien il lui sera possible d'obtenir du "grand don" de ce jour saint.

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-> Tout comme la préparation de la semaine a un effet direct sur l'aspect de notre Shabbath, la façon dont nous vivons le Shabbath a un effet direct sur la semaine suivante.
Sur le plan spirituel, le Shabbath est la source de la bénédiction spirituelle (mékor habéra'ha) de la semaine suivante.
Notre réussite dans tous les domaines de notre vie quotidienne au cours de la semaine à venir, tant dans le domaine de la sainteté que dans celui de la vie quotidienne, dépend de la manière dont nous nous sommes liés au Shabbath. (voir Zohar 88a).
[rav Yaakov Klein]

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+ Résumé de notre étude :

-> Le Shabbat est un jour où la terre s'élève et s'unit au monde spirituel d'en haut, provoquant un flux d'énergie spirituelle considérable dans le monde en général et dans l'âme générale du peuple juif, dont chaque juif fait partie.
Cela nous remplit de clarté et d'une conscience accrue du Divin, d'un véritable sentiment de proximité avec notre Père céleste.
Bien qu'aucune préparation ne puisse nous permettre d'accéder aux bénédictions du Shabbath, afin de permettre à cette lumière extraordinaire de reposer parmi nous, nous devons passer les 6 jours de la semaine à désirer ardemment et à nous préparer à être des récipients adéquats.
L'effet du Shabbath sur notre vie sera proportionnel à l'énergie que nous consacrons à la préparation de Shabbath pendant la semaine.
Et plus le Shabbath aura d'effet sur notre vie, plus nous connaîtrons le succès spirituel au cours de la semaine suivante.

La date de la venue du machia’h (selon le Ben Ich ‘Haï)

+ La date de la venue du machia'h (selon le Ben Ich 'Haï) :

-> Bien que D. nous ait donné des descriptions de la venue du machia'h par l'intermédiaire des prophètes, il a veillé à ce que le moment fixé pour l'arrivée du machia'h reste caché.
Avant de mourir, Yaakov appela ses fils et leur dit : "Réunissez-vous, et je vous dirai ce qui vous arrivera à la fin des jours" (Vayé'hi 49,1). Pourtant, nous ne trouvons pas dans les versets suivants qu'il leur ait révélé la fin. Le midrach (Béréchit rabba 98,2) explique que lorsqu'il a essayé de la révéler, la Présence divine s'est soudainement éloignée de lui.

Daniel a eu des visions des quatre empires qui domineraient Israël et de la venue du machia'h.
Pourtant, il lui fut dit : "Mais toi, Daniel, ferme les paroles et scelle le livre jusqu'au temps de la fin" (Daniel 12,4). Pourquoi D. ne permet-il pas que la fin soit révélée?

Si nous observons les réactions des gens lors d'occasions joyeuses, nous remarquerons que la joie s'estompe avec le temps parce que nous savons qu'elle sera bientôt terminée.
Il en va de même pour la souffrance. Si une personne sait que sa souffrance est limitée dans le temps, elle se sentira déjà soulagée vers la fin. En revanche, s'il pense que sa souffrance ne cessera jamais, son malheur ne s'atténuera pas avec le temps.
La joie de l'ère messianique ne s'estompera pas, car elle ne sera pas suivie de souffrances.
C'est ainsi qu'il est écrit : "Les rachetés d'Hachem reviendront et chanteront à Sion. Une joie éternelle sera sur leur tête. Ils obtiendront l'allégresse et la joie, le chagrin et les soupirs disparaîtront" (Yéchayahou 35,10) = ils n'auront pas à s'inquiètent que leur joie soit suivie de souffrance.

Il est écrit dans le midrach (Yalkout Téhilim 816) : "C'est ainsi que la Communauté d'Israël a dit devant Hachem : "Mon âme refuse d'être consolée." Pourquoi?
Parce que je ne connais pas la fin, comme il est écrit : "Hachem, fais-moi connaître ma fin" (Téhilim 39,5)."

La souffrance de notre exil est essentielle pour l'expiation de nos péchés.
La douleur apportera la joie éternelle de la rédemption finale.
Il est donc nécessaire que "les jours de votre deuil soient achevé" (Yéchayahou 60,20).
Si D. avait révélé la fin, à mesure qu'elle approchait, quelle que soit l'ampleur de nos souffrances, elles seraient mêlées à une joyeuse anticipation. Dans Sa sagesse, Hachem nous a donc caché la fin, de sorte que, même vers la fin de notre exil, nous resterions dans le chagrin, comme nous l'étions lorsque le Temple a été détruit pour la première fois, et c'est précisément de ce chagrin que jaillira notre joie!

Le midrach (Dévarim rabba 2,37) suivant insiste sur ce point :
"La Communauté d'Israël dit : "Maître du monde! Cette âme qui Te loue, combien de temps restera-t-elle dans la poussière?"
Hachem répondit : "Par vos vies! La fin viendra et vos âmes se réjouiront"."

À première vue, nous pourrions nous demander comment la réponse répond à la question. Après tout, la Communauté d'Israël croit également que la fin viendra ; sa question n'était pas de savoir si elle viendra, mais quand!
La réponse de D., cependant, signifie : Comment puis-je vous révéler la fin? Car si Je le faisais, à l'approche de la fin, vos âmes se réjouiraient, même si vous étiez encore en exil. Dans ce cas, votre deuil ne serait pas achevé. C'est pourquoi je dois vous le cacher.
[Ben Ich 'Haï - Malah' haBrit - Vayéhi]

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-> La fin de cet exil n'a pas été révélée, afin que la joie ne commence pas avant le temps de la guéoula. Car si la fin était connue, le chagrin de l'exil ne serait pas suffisant pour redresser Israël.
[...]

La joie de la rédemption de cet exil, qui suit la destruction du second Temple, est différente de la joie de la rédemption qui a suivi la destruction du premier Temple.
Après la destruction du premier temple, "ils se sont réjouis devant toi comme la joie de la moisson" (Yéchayahou 9,2). Lorsqu'un agriculteur voit pour la première fois les hautes tiges de grains dorés dans son champ, il est rempli de joie en prévision de la récolte qui aura lieu des mois plus tard.
De même, après la première destruction, le peuple savait que son exil ne durerait que 70 ans, après quoi il reviendrait à Jérusalem et reconstruirait le Temple. Leur joie a donc commencé tôt.

La joie de la rédemption après la seconde destruction du Temple est "comme celle qu'on éprouve en partageant le butin" (Yéchayahou 9,2). Les soldats en guerre sont dans un état de peur et de tension qui ne se dissipe pas même une heure avant la victoire. Ce n'est que lorsque l'ennemi a été mis en déroute et que les vainqueurs partagent le butin qu'il y a de la joie.
De même, la joie de la rédemption/guéoula finale ne commencera que lorsqu'elle commencera réellement.
[Ben Ich 'Haï - Ben Ich 'Hayil 4 , haGadol 5]

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-> Il suffit que la personne en deuil soit en deuil. [guémara Sanhedrin 97b]

La guémara fait référence à Israël, qui pleure l'exil sans savoir quand son deuil prendra fin.
La dernière année de deuil est donc aussi difficile que la première. Le chagrin qu'ils subissent à cause de la dissimulation de la fin est suffisant pour expier leurs fautes.
[Ben Ich 'Haï - Bénayahou]

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-> Le fils de David (le machia'h) viendra soit dans une génération totalement innocente, soit dans une génération totalement coupable.
[guémar Sanhedrin 98a]

-> Le machia'h viendra soit "dans une génération totalement innocente" = qui s'est repentie par amour de D. , "soit dans une génération totalement coupable" = qui s'est repentie par crainte de D.

Le mot : 'hayav (coupable - חייב) peut être divisé en חי יב soit : 18 × 12, ce qui équivaut à 216, la guématria de יראה (yir'a - la crainte).

216 est aussi la guématria de גבורה (guévoura - la stricte justice).
Le repentir, que ce soit par amour ou par crainte de D., modère l'Attribut Divin de stricte justice.
[Ben Ich 'Haï - Ben Yéhoyada]

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-> Si tout Israël se repent comme un seul homme, il sera immédiatement délivré.
[Sanhedrin 97b - Rachi]

-> L'âme de chaque juif a une racine dans la sainteté et une klipa (force du mal/impureté) qui la contrebalance, car "D. a fait une chose qui contrebalance l'autre" (Kohélet 7,14).
Si seulement quelques juifs se repentent, il restera quelques édifices de toutes les klipot, correspondant aux juifs qui ne se sont pas repentis. Mais si tout Israël se repent en même temps, tous les édifices de toutes les klipot s'écrouleront. Le mauvais penchant cessera alors d'exister et la rédemption/guéoula viendra.

C'est ainsi qu'il est écrit à propos d'Edom, qui représente le mauvais penchant, "Ils bâtiront, et moi Je démolirai" (Mala'hi 1,4) = ils construiront des édifices à partir des fautes d'Israël, mais Je démolirai ces édifices par la repentance d'Israël.

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-> Rabbi Eliezer dit : En Nissan, ils ont été délivrés [d'Égypte], mais en Tichri, ils seront délivrés dans le futur.
Rabbi Yéhochoua dit : En Nissan, ils ont été délivrés, et en Nissan, ils seront délivrés dans le futur.
[guémara Roch Hachana 10b]

-> Un Sage parle de la guéoula céleste par les 70 anges gardiens des nations ; l'autre Sage parle de la guéoula terrestre par les 70 nations.
Étant donné que la rédemption/guéoula future concernera à la fois les nations et leurs anges gardiens, elle ne sera pas suivie d'un exil.
[...]

La guémara stipule que si une personne fait le vœu de ne pas boire de vin le jour de la venue du machia'h, il lui est interdit de boire les jours de la semaine, mais il lui est permis de boire le Shabbat et les jours de fête, car le machia'h ne viendra ni l'un ni l'autre (guémara Erouvin 43a).

Toutefois, selon la guémara, le machia'h ne viendra qu'en Nissan ou en Tishri. Pourquoi, alors, la personne qui a fait le vœu devrait-elle se voir interdire de boire du vin pendant les jours de la semaine des dix autres mois de l'année?

Il existe deux temps pour la rédemption : la fin fixe, que D. amènera, que nous en soyons dignes ou non, et un temps antérieur, que le peuple d'Israël peut provoquer lui-même par ses bonnes actions. Lorsque la guémara nous dit que le machia'h ne viendra qu'au cours du mois de Nissan ou de Tichri, elle parle de la fin fixée.
En ce qui concerne la rédemption antérieure, Eliyahou haNavi a dit à Rabbi. Yéhochoua ben Lévi que le machia'h viendrait aujourd'hui si les juifs obéissaient à D. (guémara Sanhédrin 98a).
Étant donné que si les juifs se repentent, le machia'h peut venir n'importe quel jour de la semaine de l'année, une personne qui fait le vœu de ne pas boire de vin le jour de la venue du machia'h n'a pas le droit de boire n'importe quel jour de semaine.
[Ben Ich 'Haï - Ben Yéhoyada]

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-> Toutes les fins sont passées. Le sujet [de la guéoula] ne dépend que du repentir et des actes de bonté ...
Rabi Eliezer dit : Si Israël se repent, il sera racheté/délivé. Sinon, il ne sera pas racheté.

Rabbi Yéhochoua lui répondit : Hachem établira sur eux un roi dont les décrets seront aussi durs que ceux d'Haman. Israël se repentira alors, et Il les ramènera au bien (למוטב).

[guémara Sanhédrin 97b]

-> Il y a deux temps pour la rédemption : le temps final fixé par D. et dans lequel le machia'h doit venir même si nous n'en sommes pas dignes, et un temps antérieur qui dépend de la valeur/mérites d'Israël.

L'expression "toutes les fins sont passées" se réfère à ces temps d'arrivée plus précoces et possibles.

En ce qui concerne la guéoula anticipée, Rabbi Eliezer dit : "Si Israël se repent", tout le monde "sera racheté/délivré". Si ce n'est pas tout le monde qui se repent, mais seulement quelques-uns, voire la majorité, "ils ne seront pas rachetés".

Mais Rabbi Yéhochoua dit que D. "élèvera sur eux un roi dont les décrets seront aussi durs que ceux d'Haman" = les souffrances qu'ils subiront du fait de ces décrets suffiront à remplacer le repentir et à permettre une rédemption rapide.

"Israël se repentira alors, et Il les ramènera au bien (למוטב)" :
En hébreu, l'expression "au bien" devrait être לטוב (latov), mais la guémara utilise une variante : למוטב (lémoutav).

Ce mot est composé des lettres : מול ט"ב (moul ט"ב - face au ט et au ב). Dans l'alphabet hébraïque, les lettres précédant ט et au ב sont י"ג dont la guématria est 13 (soit אחד - é'had - un).

La guémara fait allusion au fait que lorsque les juifs se repentiront, D. leur rendra le titre d' "un", de sorte que l'on pourra à nouveau dire d'eux : "Qui est comme Ton peuple Israël, une nation une sur la terre" (I Divré haYamim 17,21).

[Ben Ich 'Haï - Ben Yéhoyada]

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-> Fais de moi un signe (אות) pour le bien, afin que mes ennemis le voient et en aient honte.
[Téhilim 86,17]

-> La guématria (avec le kollel) de אות est ת"ח. Le Zohar y voit une allusion au fait que l'année juive ת"ח (1648 de l'ère chrétienne) aurait pu être l'année de la guéoula.
Au lieu de cela, elle est devenue l'année des infâmes pogroms de Chelminski.
Au printemps de cette année-là, Bogdan Chelminski incite les Cosaques à résister à l'armée polonaise. Après le succès de leur rébellion, des bandes de Cosaques sont allées de ville en ville en Ukraine, massacrant des milliers de juifs.
Avec l'aide de Dieu, le peuple juif a survécu.
[Ben Ich 'Haï - 'Haïm véhaShalom]

[cela met en avant qu'il peut y avoir des dates précises où la guéoula peut se produire (même le Zohar de Rabbi Chimon bar Yo'haï!), mais rien peut se passer, voir même des choses horribles pour notre peuple.]

-> Il y a 2 temps différents : "en son temps"= un temps fixe auquel D. a juré d'amener le machia'h indépendamment de la valeur d'Israël ; "je le hâterai" = si Israël est digne, D. amènera le machia'h avant le temps fixé (Sanhedrin 98a).
Le temps fixé se situe à la fin des six millénaires qui ont suivi la création du monde, c'est-à-dire quelque temps après l'an 5500 (soit 1740!). .
Personne ne peut cependant connaître cette date avec exactitude.
[Ben Ich 'Haï - Od Yossef 'Haï - drouchim Bo - Bamidbar]

[nous sommes dans une période où d'une seconde à l'autre la guéoula peut arriver soit parce que nous sommes méritants, soit parce que c'est la date limite fixée par Hachem depuis le début, indépendamment de notre comportement. ]

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-> Un grand nombre des 613 mitzvot de la Torah ne peuvent pas être observées en l'absence du Temple. C'est pourquoi le 3e Temple sera reconstruit au cours du 6e millénaire, immédiatement après la venue du machia'h : le peuple pourra alors accomplir toutes les mitsvot et entrer dans le 7e millénaire dans un état de perfection spirituelle.
[Ben Ich 'Haï - Torah Lichma]

-> Le temps de la guéoula finale se situe à la fin du 6e millénaire, c'est-à-dire à n'importe quel moment entre 5501 et 6000.
Lorsque nos Sages disent que la fin est cachée, ils veulent dire que personne ne sait en quelle année de cette période.
Quoi qu'il en soit, le machia'h doit venir au moins un certain nombre d'années avant l'an 6000.
[Ben Ich 'Haï - Torah Lichma 472]

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-> En ses jours (בימיו) le tsadik fleurira, et il y aura abondance de paix jusqu'à ce que la lune soit épuisée. (Téhilim 72,7)

-> Les 6 millénaires du monde correspondent aux 6 jours de la création, car le jour de D. est un millier d'années, comme il est écrit : "Mille ans sont à Tes yeux comme un jour" (Téhilim 90,4 ; midrach Béréchit rabba 8,2).

Dans notre verset, le mot בימיו (béyamav - en ses jours), "en ses jours", peut être divisé en בימי ו (béyamé vav - aux jours de vav = 6).
Notre verset dit donc : "Aux jours du 6e millénaire, le tsadik (le machia'h) s'épanouira/fleurira.
[Ben Ich 'Haï - 'Haïm véhaShalom]

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-> Le roi David est vieux, il avance en âge (ba bayamim - בא בימים - littéralement : il avance en âge). (I Méla'him 1,1)

-> Ici, le "roi David" fait allusion à son descendant, le machia'h.
Il est "vieux" = la révélation de son royaume a été retardée. Mais il vient vraiment. Quand?
Divisez le mot בימים (bayamim - dans les jours), en ב ימים (deux jours) = référence aux 5e et 6e millénaires, appelés les deux mille ans du machia'h (guémara Sanhédrin 97a).
[Ben Ich 'Haï - Birkat 'Haïm - haftara 'Hayé Sarah]

[nos Sages ont enseigné que "le monde durera 6 000 ans : deux mille = le vide ; deux mille = la Torah ; deux mille = les jours du machia'h" (guémara Sanhédrin 97a)
Ainsi, depuis l'an 240 (année 4000), nous sommes dans la période que nos Sages appellent : "jours du machia'h".]

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-> "Israël espère en Hachem, dès ce moment et pour toujours" (Téhilim 131,3)

-> Les 5e et 6e millénaires correspondent à l'époque où le machia'h est attendu (guémara Sanhédrin 97a).
Dans notre verset, le mot "dès ce moment" (méata - מעתה), peut être divisé en מעת ה (depuis le 5e millénaire).
Le Téhilim dit : "Depuis ce moment" = [depuis l'année 5000 - soit l'an 1240] Israël doit espérer qu'Hachem apportera la guéoula d'un jour à l'autre.

[ainsi, nous avons une forte probabilité que le machia'h puisse arriver chaque jour! ]

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-> Qu'ils ne révèlent pas la fin (kéts - קץ) et qu'ils ne la retardent pas [ou ne l'éloignent pas] [en fautant beaucoup (Rachi)].

-> Le mot קץ (kéts - fin) aune guématria de 190 en hébreu.
Dans l'Alliance entre les parties, Hachem a dit à Avraham : "Sache que tes descendants seront étrangers dans un pays qui ne leur appartiendra pas. Ils les soumettront et les opprimeront pendant 40 ans" (Lé'h Lé'ha 15,13).
Cependant, le peuple juif n'est resté en Égypte que 210 ans sur ces 400 ans. Les קץ (soit 190) années restantes devaient être rattrapées par d'autres exils après leur entrée en Terre sainte [Israël].

Mais après avoir conquis la Terre sainte, ils ont fauté et ont été exilés en raison de leurs nouveauses fautes. La "dette" de קץ (des 190) ans restait donc à payer, mais seulement après avoir expié tous leurs fautes. Ce n'est qu'après avoir payé cette dette que le machia'h viendra.
Ainsi, s'ils continuent à fauter en exil, ils retarderont le paiement de la dette. Ils sont donc invités à ne pas "retarder la fin (קץ) en fautant beaucoup".

De plus, "le machia'h ne vient qu'à l'improviste" (guémara Sanhedrin 97a). Par conséquent, nous ne devrions pas trop parler de sa venue, comme l'a dit rabbi. Zéra : "Je vous demande à tous de ne pas en parler" (Sanhedrin 97a).
En conséquence, parler constamment de la venue du machia'h retarde la fin.

En revanche, "ils ne doivent pas éloigner la fin" = ils ne doivent pas penser que l'espoir de la venue du machai'h est lointain. Ils ne doivent pas dire : "S'il n'est pas venu dans les générations précédentes, lorsque les juifs étaient des anges comparés à nous, il ne viendra certainement pas de nos jours! Au contraire, nous devons toujours attendre la guéoula.
[Ben Ich 'Haï - Ben Yéhoyada - guémara Kétoubot 11a]

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-> Lève-toi, aide-nous (lanou - לנו), délivre-nous par Ta bonté (Téhilim 44,27)

-> En Égypte, Israël a délivré 202 des 288 étincelles de sainteté, de sorte que 86 devaient encore être délivrées dans d'autres exils.
Dans notre verset, le psalmiste demande à D. de l'aide pour לנו qui a une valeur de 86, ce qui est une allusion à ces 86 étincelles qui attendent d'être délivrées.
Une fois cela accompli, Hachem va immédiatement "nous délivrer par Ta bonté" en amenant le machia'h.
[Ben Ich 'Haï - 'Haïm véhaShalom]

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-> Alors nos bouches seront remplies de rires et nos langues de chants. On dira alors parmi les nations : "Hachem a fait de grandes choses avec ce peuple. Si Hachem avait fait de grandes choses avec nous [également], nous nous serions réjouis. (Téhilim 126,2-3)

-> Parfois, Hachem sauve Israël parce que nous sommes absolument justes ; d'autres fois, parce que nous sommes justes par rapport aux nations.
Dans ce dernier cas, les nations participent également aux bénéfices de la rédemption/guéoula d'Israël, puisqu'elles ont eu une part de responsabilité dans sa réalisation.

Notre passage [des Téhilim] exprime l'espoir que la rédemption finale se produira parce que nous sommes parfaitement justes.
"Nos bouches seront remplies de rires et nos langues de chants" = voyant qu'elles n'en tirent aucun profit, les nations diront : de toute évidence, "Hachem a fait de grandes choses avec ces gens-là", parce qu'ils avaient un mérite absolu.
"Si Hachem avait fait de grandes choses avec nous, en jugeant Israël par rapport à nous, nous nous serions réjouis", car nous aurions reçu une part de la générosité [bienfaisance d'Hachem en récompense].
[Ben Ich 'Haï - Yédé 'Haïm 560]

[ainsi, nous devons donner le meilleur de nous même pour que la guéoula permette le plus de kidouch Hachem. Papa Hachem délivrant Ses enfants adorés parce qu'ils le méritent et non pas parce que c'est la date limite fixé, parce que en comparaison des autres nations ils sont les moins pires, ... ]

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-> Le guémara souligne que la venue du machia'h est décrite de différentes manières.
Selon Daniel : "Voici qu'au sein des nuages célestes survint quelqu'un qui ressemblait à un fils de l'homme" (Daniel 7,13).
En revanche, Zé'haria décrit le machia'h comme "un pauvre monté sur un âne" (Zé'haria 9,9).
Le guémara conclut que si nous sommes dignes, il viendra sur les nuées du ciel. Si nous sommes indignes, il sera pauvre et monté sur un âne.
[Sanhedrin 98a]

-> Si le peuple d'Israël est parfaitement juste ("méritant"), le machia'h viendra en raison d'un "éveil par le bas". Un éveil par le bas est comme les nuages, qui commencent par des vapeurs de la terre qui s'élèvent vers le ciel. Là, les vapeurs forment des nuages qui font tomber la pluie sur la terre.

Cependant, si le peuple d'Israël n'est pas parfaitement juste, D. devra délivrer [les juifs] en lui faisant une grande faveur, c'est-à-dire en comparant ses actes avec ceux des non-juifs.
Ainsi, même s'il est "pauvre" en mitsvot et en bonnes actions, comparé aux nations, qui sont comme un âne (voir Yé'hezkiel 23,20), le peuple juif apparaîtra comme bon.
[Ben Ich 'Haï - Ben Yéhoyada]

-> Ailleurs, le Ben Ich 'Haï ('Haïm véhaShalom) commente cette même guémara :
Cela signifie que si nous sommes indignes, Hachem trouvera un mérite pour nous délivrer.
Il le fera en nous comparant aux nations méchantes, "dont la chair est comme la chair des ânes" (Yé'hezkiel 23,20). [le machia'h viendra alors sur un âne]
Mais si nous sommes dignes, nos bonnes actions brilleront même en comparaison avec les anges du Ciel. [le machia'h viendra alors sur des nuages célestes]

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-> Le descendant de David [le machia'h] ne viendra pas tant que les rois indignes n'auront pas disparu d'Israël.
[guémara Sanhedrin 98a]

-> La guémara ne parle pas spécifiquement des rois, mais des dirigeants en général.
Il existe des dirigeants dépourvus de qualités, mais qui parviennent néanmoins à accéder au pouvoir, que ce soit par la violence ou par d'autres moyens.
[Ben Ich 'Haï - Ben Yéhoyada]