Aux délices de la Torah

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Rester sourd aux appels à la venue du machia’h

+ Rester sourd aux appels à la venue du machia'h :

-> Pourquoi est-il écrit : "pitom yavo él hékhalo" (le machia'h "viendra soudainement dans Son sanctuaire" - Mala'hi 3,1)?
Le peuple d'Israël dans cette génération [précedent la venue du machia'h] dira : "Est-il possible que nous voyons le monde fonctionner comme il l'a toujours été, et cependant la guéoula arrivera cette année?"
Mais ils ne savent pas que le machia'h arrivera soudainement.
[midrach Hechalot Rabbati 36,5]

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-> Ce qui est étonnant est que ce même midrach nous enseigne juste avant :
"Au cours de la dernière année, de terribles souffrances et de nombreux décrets difficiles, l'asservissement sera plus sévère, et de nombreuses maladies ; la nature du monde changera et le goût de tout sera repris et tout sera cher ; il n'y aura pas de paix pour "celui qui sort et celui qui entre" ; et les hommes de foi vont mourir, et immédiatement le machia'h va venir"

=> Par ce passage, le but n'est pas de s'effrayer inutilement (de désespérer face à un avenir sombre), car par notre téchouva, bonnes actions, ... on permet à Hachem d'amener le machia'h dans les meilleures conditions. La guéoula est un processus à atteindre, et par exemple le midrach dit que la "voix d'Eliyahou haNavi" (kolo chel Eliyahou) qui arrivera avant le machia'h sera des circonstances effrayantes ou douloureuses (ex: tsunami, tremblement de terre, ...) dans un but de nous réveiller à Hachem (sortir du sommeil du train train de notre vie) pour que l'on soit prêt à cette nouvelle période du machia'h.
Ainsi, plus on a besoin d'un réveil au volume élevé, plus Hachem doit nous envoyer un scénario difficile (cela n'étant bien sûr pas nécessaire si nous nous réveillons dès maintenant).

Mais on peut s'interroger : comment ce midrach (Hechalot Rabbati 36,5) peut d'un côté nous donner une description effrayante d'évènements exceptionnels, et juste ensuite affirmer que les gens vivront une vie normale au point qu'ils seront choqués lorsque le machia'h arrivera.

Le rav Moché Sorotzkin répond que peu importe à quel point les choses semblent terribles et étranges, Hachem laisse toujours de la place pour que l’on considère tout ce qui se passe comme "naturel" et "normal".
Cela s'applique à tous, même à ceux ayant une foi ferme et sincère. En effet, tant que le machia'h n'est pas là, Hachem laisse en nous toujours une place au choix, de voir les événements avec une vision davantage "c'est la nature des choses" plutôt que "c'est 100% d'Hachem".
Ainsi chaque individu doit constamment faire l'effort de dépasser sa naturalité (libre arbitre oblige) et regarder au-delà de la surface pour reconnaître que Hachem communique avec nous.

[voir à ce sujet : https://todahm.com/2022/03/18/tout-ne-se-passe-que-pour-le-peuple-disrael
le rav Sorotzkin dit que nous sommes au courant de la "voix d'Eliyahou" (kolo chel Eliyahou), mais nous ne la percevons pas clairement, car sinon on aurait plus la possibilité de choisir.
Nous allons b'h développer à quel point il est facile sur le moment de passer à côté de ces messages d’Hachem. ]

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+ Exemples de la capacité humaine à dénier la Réalité :

-> La Torah nous dit que lorsque les gendres de Loth ont appris que les anges avaient dit à Loth qu'ils allaient détruire Sodome, ils ont considéré cette possibilité comme une plaisanterie.
Comment était-ce possible? N'ont-ils pas entendu parler de la visite des anges à leur beau-père? N'ont-ils pas vu (ou du moins entendu) que les nombreuses personnes à la porte de Loth ont soudainement perdu la vue?

Selon le midrach (Béréchit rabba 50,9), les gendres de Loth lui ont dit : "Il y a de la musique dehors et toi du dis que Sodome va être renversée (détruite)?"
Le rav 'Hatzkel Levenstein explique que les perspectives d'une personne sont le plus affectées par ce qu'il voit devant ses yeux. En tant que tels, gendres de Loth disaient : "C'est vrai, nous avons entendu dire que les anges sont sur le point de détruire Sodome, mais maintenant tout semble si normal ; il y a de la musique dehors, c'est un jour comme les autres. Comment se pourrait-il que Sodome soit vraiment détruite?"

-> Nos Sages (midrach Béréchit rabba 49,6) rapporte que Hachem a envoyé des tremblements de terre et des inondations (des "catastrophes naturelles") à Sodome, comme avertissements pour amener les citoyens de la ville vers le changement pour aider à éviter la catastrophe, et cela pendant une durée de 25 années avant la destruction de Sodome (selon d'autres midrachim, c'était 52 ans avant!).
Mais les habitants de Sodome n'ont pas tenu compte des avertissements.

[cela doit nous faire réfléchir : est-ce que nous sommes si différents aujourd'hui?
Nous avons tendance à avoir la même vision que les non-juifs, alors qu'en réalité Hachem cherche à nous réveiller spirituellement de nombreuses années avant la venue du machia'h.
A l'image des gendres de Loth, nous avons tendance à se dire, c'est vrai que le machia'h viendra un jour/prochainement, mais là actuellement la musique est bonne, alors kiffons ce monde! ]

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-> Le 'Hazon Ich enseigne que si on ne travaille pas constamment à renforcer notre émouna, inévitablement elle s'affaiblit.
[il n'y a pas de neutralité, soit on s'élève spiritualité, soit on descend. Le yétser ara fait en sorte que petit à petit on s'affaiblit, sans que l'on s'en aperçoit. ]

-> Hachem a envoyé à Pharaon les plaies, bien qu'elles aient été dramatiques et que la Providence Divine était évidente, Pharaon n'en a pas été inspiré.
Le rav Yérou'ham Lévovitz explique que si une personne ne réfléchit pas et n'intériorise pas ce qui se passe, elle peut simplement rire de tout, comme si cela n'avait rien à voir avec elle.
[le rav Israël Moché Sorotzkin dit que souvent lorsque les gens abordent les parachiot relatives aux plaies, il est difficile de se relier à la façon de penser de Pharaon. On présume facilement que si on avait été à sa place alors on aurait agit différemment. Mais est-ce la vérité?
Hachem envoie dans le monde (et dans notre vie) des "plaies" (makot), et notre réponse est-elle si différente? Est-ce qu'on continue à vivre comme si de rien n'était, ou bien est-ce qu'on prend le message à coeur (internalise) en s'améliorant spirituellement? ]

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-> Le rav Yéhochoua Leib Diskin explique que malgré l'évidence qu'Hachem a créé le monde et qu'Il s'en occupe en permanence, il se doit d'exister en nous une possibilité d'hérésie. [chacun ayant un degré plus ou moins important]
En effet, de même que Hachem a créé la lumière et l'obscurité, le bien et le mal, Il a créé un yétser ara spécial pour l'hérésie, afin qu'il puisse y avoir une récompense pour ceux qui restent forts dans leur émouna.

-> Le rav 'Hatzkel Levenstein demande pourquoi la émouna est différente de toute autre connaissance ou sagesse, de sorte qu'il faut constamment travailler à la renforcer, alors qu'avec d'autres domaines d'apprentissage, une fois que l'on acquiert la connaissance, il n'est pas nécessaire de travailler constamment à la retenir.
Le rav Levenstein répond qu'Hachem nous donne constamment des épreuves dans ce domaine afin que nous puissions recevoir une récompense par le fait que nous restons forts.

-> De son côté, le rav Israël Moché Sorotzkin enseigne que puisque l'un des domaines clés de notre service Divin de la période précédant la venue du machia'h est d'arriver à la reconnaissance claire d'Hachem comme source et force directrice derrière toute chose, et notre mérite pour avoir la guéoula dépend de cette émouna, du fait que "én od milévado".
C'est pourquoi Hachem nous envoie de nombreuses épreuves, des luttes dans ce domaine.

Le rav 'Haïm Kanievsky (Or'hot Yocher - hachgakha) dit que de nos jours la Providence divine est particulièrement voilée car Hachem désire nous tester dans ce domaine, mais pour ceux qui la recherche vraiment, elle n'est jamais totalement cachée.

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-> "Mais alors même, Je persisterai, Moi, à dérober ma face" (Vayélé'h 31,18)
=> Pourquoi le verset emploie-t-il une répétition : "haster astir" (Je persisterai à dérober)?

-> Le Sfat Emet enseigne de même :
Si nous savons que D. dissimule Sa face, ce n’est plus vraiment une dissimulation et le malheur n’est plus si grave puisque, à ce moment-là, nous nous soumettons et nous nous repentons. Mais la situation devient vraiment mauvaise lorsque cette dissimulation est elle-même cachée, quand on ne sait pas que D. cache Sa face. Lorsqu’on croit que tout est dû au hasard, on ne pense même pas qu’il faille faire téchouva.
Tel est le sens de la répétition: "Aster Astir Panaï" (הַסְתֵּר אַסְתִּיר פָּנַי - cacher, Je cacherai Ma face) = Je cacherai la dissimulation.
[ainsi, le plus difficile de l'exil est le fait que nous en venons à oublier que Hachem est présent mais caché. En effet, lorsque nous appréhendons les événements qui se passent dans le monde, dans notre vie, comme le résultat du hasard, de la nature, alors on rajoute un voilement et on n'a plus Hachem dans notre vie.
D'une certaine façon, lorsque le roi David écrit : "Je mets constamment Hachem devant moi" (chiviti Hachem lénegdi tamid - Téhilim 16,8), en réalité il nous enseigne qu'il est essentiel pour un juif de voir derrière toute chose Hachem, car sinon on ajoute un voilement et on ne voit plus Hachem constamment devant soi. ]

-> De même, le Gaon de Vilna explique que Hachem nous dit que non seulement Il se cachera, mais nous ne réaliserons pas que le fait qu'il soit caché est la cause de toutes nos souffrances.
Le Gaon de Vilna ajoute que le peuple juif a une puissante force : même lorsque nous sommes punis et éloignés d'Hachem, grâce à la prière, nous pouvons franchir toutes les barrières qui existent.
[Si tel est le cas, pourquoi ne profitons-nous pas de cela pour retrouver une proximité avec Hachem. La réalité est que notre yétser ara nous endort, et nous devons faire des efforts pour rester éveillés à la Réalité.]

-> "Mais alors même, Je persisterai, Moi, à dérober ma face" :
Le rav Moché Sorotzkin enseigne que puisque le but de notre exil actuel est d'en arriver à reconnaître que "én od milévado", d'internaliser le fait que tout se qui se passe vient d'Hachem, alors quand nous ne Le reconnaissons pas, Hachem se cache encore plus (pour ainsi dire).
[plus nous oublions que la Source première est D., alors plus D. se retire en espèrant que nous en viendrons à constater Son absence.
Hachem est partout où on le laisse entrer dans notre vie. Mais si on a des raisons/causes pour tout, alors on ne Lui laisse pas vraiment la place pour y venir.]

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-> "Aux temps pré-messianiques, la face de la génération sera comme la face du chien." [guémara Sota 49b]
Le rav Itzele de Volozhin explique que le chien avec sa compréhension limitée, réagit en mordant le bâton, ne comprenant pas que la cause de sa souffrance est vraiment l'homme qui utilise le bâton pour le frapper.
De même, lorsque le monde ou nous-même recevons un coup, alors nous devons lever les yeux vers le ciel et voir que ce n'est pas le "bâton" qui nous fait mal (mais notre Père au ciel).
[on voit que particulièrement notre génération précédant le machia'h est comparée à la face du chien, dans le sens où nous avons davantage de facilité à nier l'origine des coups de 'bâton' (ex: c'est la nature, c'est le hasard, c'est les politiques, ...).
Ainsi, Hachem nous parle par des événements (vite revenez tous vers Moi avant la guéoula, ayez confiance en Moi, car après il sera trop tard!), et malgré cela jamais dans l'histoire nous avons eu cette capacité à vivre comme si de rien n'était.
D'un côté avec les nouvelles technologies nous sommes au courant de tout ce qui se passe dans le monde, mais d'un autre, cela nous passe au-dessus de la tête. (croyant l'analyse des journalistes, comme par exemple : c'est à cause du réchauffement climatique, c'est à cause de telle décision politique contestée, c'est déjà arrivé il y a x années, ...), au détriment d'y voir un appel au réveil personnel de notre papa Hachem.]

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-> Il écrit : "pitom yavo él hékhalo" (le machia'h "viendra soudainement dans Son sanctuaire" - Mala'hi 3,1)

-> Le rav Moché Feinstein explique que le machia'h peut venir à un moment où nous n'avons aucune raison de penser qu'il arrivera.
[par exemple, de nombreuses personnes vont dire qu'au regard des événements dans le monde (ex: guerre, épidémie), d'un moment opportun (ex: année chemita), alors le machia'h risque fortement de venir. Ensuite, s'il ne vient pas à ce temps fixé alors il peut y avoir une chute d'attention, et c'est justement là quand on baisse la garde, que tout semble revenu à la normal, qu'il peut venir (pitom yavo ).]

-> Selon le Sforno, c'est la manière d'Hachem d'amener la guéoula d'une façon soudaine.
Le rav Eliyahou Dessler développe : bien qu'avant la venue du machia'h, il puisse sembler que rien ne se passe, la Délivrance peut venir soudainement.

-> Le Beit Yossef a reçu du Magguid (un ange du Ciel avec qui Il avait l'habitude d'étudier) l'enseignement suivant :
Bien que normalement lorsqu'un roi prévoit de visiter une ville, il envoie plusieurs messagers pour en avertir le peuple à l'avance : d'abord 10 jours avant son arrivée, puis de nouveau 5 jours avant, puis 4, puis 3, ... lorsque [le roi] machia'h viendra, il apparaîtra soudainement dans la région de Tzion, et même ceux qui viennent à proximité de Jérusalem ne le sauront pas à l'avance. Pour eux aussi, cela deviendra connu soudainement, d'une seconde à l'autre.

-> Le rav Tsadok haCohen dit que nous ne devons jamais désespérer. Au contraire, il est clair de notre histoire, que c'est précisément quand la Délivrance ne semble plus possible à venir, que Hachem l'amène.

-> Le 'Hafets 'Haïm demande : pourquoi la Torah s'attarde sur le récit de l'ange disant à Avraham et Sarah qu'ils allaient avoir un enfant. De plus, pourquoi la Torah souligne-t-elle le fait que Sarah a ri, et on discute à savoir si elle a ri ou pas? En effet, ce n'est pas le genre de la Torah de rabaisser les gens, surtout Sarah Iménou.
Le 'Hafets 'Haïm explique, sur la base du principe de "maassé avot siman labanim", que la Torah vient nous apprendre qu'avant la venue du machia'h, les Guédolim (dirigeants spirituels de la génération) vont dire que le machia'h arrive et les gens ne vont pas le croire. Ils vont rire et diront : ça fait tellement longtemps qu'il doit venir, pourquoi viendrait-il maintenant?
Hachem va se plaindre de ces gens, et Il demandera : "Pourquoi n'avez-vous pas cru? Y a-t-il quelque chose de trop difficile pour Hachem? De plus, le prophète nous a dit que "pitom yavo él hékhalo", que le machia'h viendra soudainement".

-> Le Maguid de Doubno (Séfer Ohel Yaakov - Vayéra) enseigne que Sarah a ri d'incrédulité sur la possibilité d'avoir un enfant à un âge si avancé, car pour elle Hachem n'aurait pas attendu qu'elle atteigne le point où elle ne peut plus naturellement avoir d'enfant. Hachem lui a répondu que même si une personne, qui a des limitations, agirait de cette façon, D. n'a aucune raison d'agir de cette façon car Il n'a aucune limitation.
Le Maguid de Doubno cite un midrach qui affirme que Hachem attend tout particulièrement le dernier moment possible pour amener éventuellement la Délivrance (yéchoua) afin que l'on reconnaisse que la Délivrance ne vient que de Lui. Par conséquent, Il attend que naturellement il n'y ait plus d'espoir, afin que nous voyons clairement que la Délivrance ne pouvait provenir que d'Hachem.

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-> Le Ran (Drachot haRan - fin drouch 11) enseigne que lorsque les juifs ont quitté l'Egypte, ils débattaient constamment pour savoir s'ils allaient sortir d'Egypte.
Nous avons une vision actuelle où l'on connaît l'issue, mais dans le moment ils avaient d'un côté de nombreux miracles montrant qu'ils partiraient, mais il y avait également d'autres événements qui donnaient l'impression qu'ils ne sortiraient pas.
Le Ran conclut que s'il en était ainsi lorsqu'ils ont quitté l'Egypte, il en sera certainement ainsi lorsque nous sortirons de cet exil.

-> Se basant sur le Gaon de Vilna, le 'Hafets 'Haïm compare notre exil à une grossesse, la guéoula à une naissance, et les 'hevlé machia'h sont comparées aux douleurs d'accouchement.
Tout comme ces douleurs peuvent être très intenses et s'atténuer soudainement pendant un moment afin de donner à la mère les forces pour continuer, il en sera ainsi avec la guéoula.
Parfois il peut sembler que tout le processus s'arrête soudainement, que rien ne se passe. Mais c'est pour nous donner une chance de "reprendre notre souffle" afin que nous puissions poursuivre le processus.
Par conséquent, au lieu de désespérer de ces pauses, nous devons réaliser que le machia'h peut vraiment arriver à tout moment.

-> De plus, le Gaon de Vilna explique que bien que nous attendions la guéoula depuis près de 2 000 ans, quand viendra le temps de la guéoula, le processus ira très vite.
De même, le 'Hafets 'Haïm explique que cet exil est comparé à une grossesse et la guéoula à une naissance, et de même que parfois une grossesse peut être plus courte et parfois plus longue, on peut espérer que cet exil se termine rapidement.
[ça va, il reste encore 1-2 mois avant le terme, et tout un coup la femme accouche en avance. Cela est en accord avec le "pitom yavo él hékhalo"! ]

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-> Le rav Its'hak Aizik Chaver enseigne que Hachem nous a caché le moment de la guéoula finale afin que nous en venons constamment à penser qu'il arrive, puis que nous laissons tomber, et ensuite que nous continuons de nouveau à croire et à espérer en la guéoula, car c'est cette émouna qui nous aidera à mériter la guéoula.
[ainsi notre rôle est de toujours maintenir allumée notre flamme d'espoir en la guéoula!
c'est normal d'avoir des hauts et des bas dans ce domaine, au regard de ce que cela permet d'amener.]

-> En ce sens, nous commençons par : "ani maamim" = Je crois [que le machia'h va venir ... j'attends ... il ne vient pas] ... puis véaf al pi chéyitmaméa'h" = mais même s'il tarde, je ne perds pas espoir [j'attends toujours et encore].
[nous sommes des juifs = des maaminim bné maaminim (croyants fils de croyants) = en effet, nous attendons la Délivrance de génération en génération, depuis le début des temps.
De même, dans la prière nous récitons constamment : "ki lichouaté'ha kivinou kol ayom" (j'espère Ta Délivrance chaque jour). ]

Guéoula & haine gratuite

+ Guéoula & haine gratuite :

-> Le Gaon de Vilna (Maor haGadol - likouté Gaon Vilna) indique clairement que la raison pour laquelle notre exil en particulier dure si longtemps est parce que nous n'avons pas encore corrigé la faute de la haine gratuite.

-> Le Arizal essayait sans cesse de développer l'amour de la paix, en particulier parmi ses élèves.
Il leur a dit un jour qu'une période favorable pour la guéoula venait de passer, l'occasion s'étant volatilisée à cause d'une dispute entre eux.

-> Le 'Hida (Dévarim A'hadim) demande : comment pouvons-nous être troublés par le fait que nous sommes en exil et que nous demandons constamment la guéoula, en disant que nous l'attendons, si en même temps nous n'avons toujours pas corrigé la faute de la haine gratuite.
C'est comme planter un arbre tout en utilisant une hache pour l'abattre.

-> Le rav Israël Yaakov Fisher (haskama Séfer Pédout Yaakov), un légendaire possek de Jérusalem, écrit : si quelqu'un ne travaille pas sur la haine gratuite, lorsqu'il rendra son âme à Hachem et qu'on lui demandera s'il attendait la Délivrance, il sera incapable de répondre par l'affirmative, car de son vivant il n'a pas pris la peine d'essayer de corriger la cause de la destruction du Temple.

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-> Le Malbim (Vayétsé 28,10-18) écrit : "L'exil fut provoqué par le péché de la haine gratuite, et il est impossible que nous soyons délivrés avant, si nous nous unissons et devenons une seule nation".

-> Le Maharal (Nétsa'h Israël 4) explique la raison pour laquelle le 2e Temple a été détruit.
Le Temple de Jérusalem constitue le cœur de l'unité de la communauté d'Israël ; c'est lui qui fait de nous une nation.
Du fait de leur désunion, les juifs déméritèrent ce lieu.
[Si nous nous unissons, alors nous méritons la guéoula et le site qui fait de nous une nation]

-> Le rav Shaptil (le fils du Chla haKadoch) écrit dans son Vavé haAmoudim :
"La haine, l'égoïsme et la médisance sévissent parmi nous ... et tels étaient les péchés de l'époque du 2e Temple.
Nos Sages (guémara Yoma 9b) affirment : "Pourquoi le 2e Temple a t-il été détruit, alors que les juifs se consacraient à l'étude de la Torah, aux mitsvot, et aux actes de bonté? C'est à cause de la haine gratuite".
Ceci explique pourquoi selon nos Sages (guémara Roch Hachana 18b), nous pleurons davantage le 2e Temple que le 1er.
Pourtant ceci est difficile à comprendre. En effet, nous devrions au contraire pleurer plus intensément le 1er Temple, du fait que le 2e Temple ne possédait ni l'Arche sainte, ni le rideau (paro'hét), ni les chérubins, ni les Tables de la loi.

En réalité, du fait que la haine gratuite règne [toujours] parmi nous, notre deuil pour le 2e Temple est plus intense, car si ce péché a causé la destruction, il empêche certainement le machia'h de venir.
"Toute génération qui n'est pas témoin de la reconstruction du Temple est considérée comme ayant causé sa destruction" (guémara Yérouchalmi Yoma 1,1 ; midrach Téhilim 137,10) = nous continuons à pratiquer les mêmes attitudes [si négatives à l'égard d'autrui] de l'époque du 2e Temple, et c'est pour cela que notre malheureux et pénible exil dure tant."

-> On a tendance à se dire que ça va c'est pas si grave (ex: ce n'est que des paroles), mais la guémara (Yoma 9b) enseigne : la haine gratuite équivaut aux 3 transgressions majeures [qui causèrent la destruction du 1er Temple] : l’idolâtrie, l’immoralité et le meurtre."

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-> Le 'Hafets 'Haïm (hakdama séfer chmirat halachon) dit que bien que nos Sages disent que la cause de de la destruction du Temple était la haine gratuite, ils entendaient par là que c'était le lachon ara.
Par conséquent, afin de mériter la guéoula, nous devons corriger la faute du lachon ara.
[cela a également été rapporté par de nombreux Kadmonim, dont le Séfer 'Harédim, le Maharal, rabbi 'Haï Vittal, ... ]

-> Nos Sages enseignent que nous n'avons pas mérité d'être délivrés d'Egypte avant d'avoir corrigé la faute du lachon ara.
[une chose qui nous a permis de sortir d'Egypte est le fait de ne pas avoir dit de lachon ara - midrach Vayikra rabba 32,5 ; midrach Téhilim 114,4 ; Pesikta déRabbi Kahana 11,7 ]

En se basant sur cela, le séfer Kav haYachar (chap.82) et le Maharal (Nétivot Olam - Nétivot halachon - chap.9) disent que nous ne sortirons de cet exil que lorsque nous aurons corrigé ce défaut de lachon ara.

Le 'Hafets 'Haïm (Chmirat haLachon part.2,chap.7) écrit qu'en raison du fait que le lachon ara retient la guéoula, il y a une obligation spéciale pour les bné Torah (ceux qui mènent leur vie selon la Torah) de corriger cette faute, simplement parce que cela aidera à reconstruire le Temple.
Concernant ceux qui hésitent à corriger ce problème, il demande : "Pourquoi devriez-vous êtes parmi les tous derniers qui vont aider Hachem à retourner dans Sa maison?".

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-> Le rav 'Haïm Kanievsky dit que l'on doit se renforcer dans l'humilité et être maavir al midotav (pardonner aux autres, ne pas être rigoureux sur son honneur).
Tout comme le chemirat halachon, l'humilité (anava) dépend également de la reconnaissance du "én od milévado".
Si nous comprenons que Hachem est la source de tout, alors nous n'aurons aucune raison d'être d'être fier de quoi que ce soit.
[règle ton problème avec la source de toute chose [Hachem], et non pas l'intermédiaire (qui aura des comptes à rendre, mais cela le regarde avec D.). Absolument rien ne peut nous arriver si Hachem n'a pas émis un décret en ce sens.
Ainsi, le manque de émouna est la source de tous les défauts entre un homme et son prochain. Dans la mesure où l'on réalise et intériorise que Hachem est la seule et unique cause de tout, on est conscient qu'un humain n'a aucune capacité de lui-même de nous faire du mal de quelque manière que ce soit. [Hachem est la cause de toutes les causes.]]

-> Le Gaon de Vilna explique que lorsque nos Sages disent que le Temple a été détruit à cause de la haine gratuite, ils veulent dire qu'il a été détruit en raison d'un manque de bita'hon, car (comme on vient de le voir) tous les traits interpersonnels négatifs résultent d'un bita'hon inadéquat.

-> Le rav Moché Sorotzkin écrit :
si nous grandissons dans notre reconnaissance de "én od milévado", en plus d'être un mérite positif qui nous rapproche de la guéoula, cela sert également à rectifier la faute qui a causé la destruction du Temple. Une telle réparation (tikoun) des causes originelles de destruction, est la force la plus puissante dont nous disposons pour nous démêler des chaînes de l'exil.

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-> Le rav Tsadok haCohen de Lublin (Pri Tsadik - Chémini - ot 9) enseigne que les décrets contre les talmidé 'hakhamim et les difficultés financières qu'ils subissent à la fin de l'exil viendra en conséquence de querelles entre les talmidé 'hakhamim à cette époque.

-> Le Gaon de Vilna (.אפיקי ים סנהדריו צז) écrit que la domination du erev rav, et plus spécifiquement, leur haine envers les talmidé 'hakhamim et l'aversion effrénée de toute forme de soutien pour eux, sont tous les résultats de la haine gratuite qui a causé la destruction du Temple.

La joie véritable d'un homme provient de la force de sa confiance en Hachem (son bita'hon), de sa conviction qu’Il dirige le monde et combine les évènements de manière à mener Ses créatures au but désiré, que tout ce qu'Il accomplit est pour le bien, et que même ce qui peut paraître un malheur n'est que l'expression de Sa bonté.
Avec de telles dispositions, l'homme se sent comme dans les bras de son Père ; il ne s'inquiète pas, ne craint personne. Il ressent uniquement le sentiment que "Hachem est avec moi, je n'ai pas de crainte", et même s'il subit un préjudice corporel ou financier, il ne s'emporte pas ni ne cède à la colère, parce qu'il sait que son sort réside [totalement] dans les mains de son Père céleste.
[rabbi Aharon Yossef Louria]

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-> Le rav Elimélé'h Biderman enseigne :
La joie qui ne provient pas de la foi et de la confiance en D. mais dépend d'une cause extérieure (matérielle ou autre) disparaît dès que celle-ci n’existe plus.

Rabbénou Bé'hayé (Kad Hakéma'h, Erekh Bita'hon) écrit : "au sujet du bita'hon ..., sachons qu'une confiance ferme en D. est considérée comme une promesse d'Hachem Lui-même".
D'après ce principe, on peut faire un raisonnement à fortiori : si lorsqu'un Grand homme de la génération fait une promesse, la joie de celui qui en bénéficie est sans bornes, à bien plus forte raison lorsque l'homme place sa confiance en D. (ce qui est équivalent à une promesse Divine), doit-il se réjouir et exulter!

-> Rabbi Yaakov Aharon Yanovski (dans son Beit Yaakov - Vayéra), élève du rabbi Bounim de Pshischa, écrit :
"Un bon conseil en toute circonstance : maintenir la joie!
Et grâce à cela, la délivrance se fera jour. C'est ce que mon Maître m'a conseillé une fois explicitement, alors que je me trouvais chez lui pour qu'il intercède en faveur de mon fils qui était alors très malade. Il [Rabbi Bounim de Pshischa] m'a dit : "Je n'ai pas d'autre conseil à te donner que d'être dans la joie !''
J'ai alors suivi son conseil et j'ai donné à des 'hassidim de l'argent pour qu'ils mangent et qu'ils boivent en se réjouissant ensemble, et sur le champ, mon fils a guéri, avec l'aide d'Hachem!"

[plus tu te 'forces' à être joyeux (par confiance en D.), alors plus Hachem te donnera de 'vraies' occasions de l'être. ]

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[si une personne désire mesurer son niveau de confiance en D., elle devra s’interroger si cette confiance engendre la joie et le rire.]

La nécessité d’une éducation sur mesure

+ La nécessité d'une éducation sur mesure :

-> Le roi Salomon nous donne le conseil suivant : "Forme/éduque ton enfant selon sa voie" ('hanokh lanaar al pi darko - Michlé 22,6).
[ainsi, si nous voulons qu’un enfant/élève réalise son potentiel maximum, nous devons le laisser se développer avec ses capacités et les dons spécifiques dont Hachem l’a doté.
Hachem nous donne une empreinte digitale unique, afin que nous puissions laisser une empreinte dans le monde que personne d'autre ne peut laisser.]

-> Le rav Chimchon Rafaël Hirsch (Toldot 25,27) enseigne :
Le contraste frappant entre Yaakov et Essav a été causé non seulement par leurs tendances naturelles, mais aussi par des erreurs dans leur éducation. (voir midrach Béréchit rabba 63,10)
Alors qu’ils étaient petits, personne ne prêtait attention aux différences dans leur nature. Ils reçurent la même éducation et la même éducation.
Le principe cardinal de l’éducation de : "Forme/éduque ton enfant selon sa voie", a été négligé. Chaque enfant doit être guidé selon le chemin qui lui est spécialement destiné, qui convient aux qualités et aux tendances latentes dans les profondeurs de sa personnalité, et ainsi il doit être éduqué, à la fois en tant
qu’homme et en tant que juif.
Tenter d’éduquer un Yaakov et un Essav ensemble dans la même classe et de la même manière, les élever tous 2 pour une vie d’étude et de contemplation, signifia inévitablement perdre l’un d’eux.
Un Yaakov puisera dans le puits de sagesse avec un intérêt et un désir toujours croissants, tandis qu’un Essav ne pourra guère attendre le jour où il pourra jeter les vieux livres, et avec eux, une grande mission de vie, suite à une éducation uniforme, très peu attrayante pour sa nature.

Si Essav avait été éduqué différemment, l’histoire du monde serait différente! Essav était un chasseur expert ; Il connaissait l’art de la maîtrise de soi : tendez un piège puis attendez patiemment le moment opportun. Son éducation, si contraire à sa nature, n’a fait que réprimer son vrai moi et l’a forcé à développer la patience, la capacité d’attendre le bon moment. Ce sont des compétences qui ont fait de lui un "ich chadé" (un homme des champs/terrain).
Précisément parce qu’il avait été forcé de rester collé au banc de l’école, il rejetait maintenant tout et était entièrement un homme de terrain.

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-> Le rav Its’hak Hutner ne parlait pas à 2 garçons en même temps parce que ce qu’il voulait dire à l’un, ne correspondait pas à l’autre. Il dit que son travail consistait à se connecter à chaque individu et à voir ses dispositions particulières.
Une personne ne peut parler à 2 ‘mondes’ en même temps. Personne n’est comme les autres. Cette idée est suggérée par le fait qu’à l’origine, un seul homme a été créé (Adam haRichone).

-> Le rav Its’hak Shurin demanda à son grand-père le rav Yaakov Kamenetzky, ce qu’il devait garder à l’esprit alors qu’il inaugurait une yéchiva. Il répondit : "Ne faites pas de lits de Sodome!"
Le rav Yaakov Kamenetzky expliqua qu’un lit Sodome fait référence à la pratique cruelle consistant à exiger que tout le monde soit de taille uniforme et à couper les jambes ou à étirer l’individu qui ne correspondrait pas à la taille standard.
Tout comme nous ne pouvons pas nous attendre à ce que tout le monde soit avocat parce que tout le monde n’est pas fait pour cela, nous ne pouvons pas non plus nous attendre à ce que tout le monde suive le même chemin dans la spiritualité. Il y a un dicton : "Vous êtes né original. Ne mourez pas comme une copie".

-> Le verset indique : "afin que tu le relates aux oreilles de ton fils" (oulmaan tessapèr béozné bin'ha - Bo 10,2). Le mot : "bin'ha" (בנך) est au singulier, indiquant que nous devons parler à chaque enfant individuellement, tel qu’il est.
Ceci ressemble à un puzzle de plusieurs pièces. Il n’y a pas 2 pièces semblables qui vont au même endroit.

De même, il est écrit dans la Torah à propos du récit de la sortie d'Egypte : "vé'égadéta lévin'ha" (והגדת לבנך - Bo 13,8), généralement traduit par : "Et tu le racontera à tes enfants". Or "lévin'ha" (לבנך) est au singulier. [même si on a plusieurs enfants, il faut avoir un message qui soit personnalisé à chacun d'eux! ]
Au moment des différents types d'enfants, dans la Haggada nous disons : "é'had tam, véé'had ...". Parce que nous devons considérer chacun d’eux comme un individu. [en effet, le texte aurait pu écrire les 4 fils à la suite, sans ajouter avant chacun le mot "é'had" (un - אחד)]
[rav Yéhochoua Alt]

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-> L’Alter de Kelm n’a jamais eu plus de 30 étudiants dans sa yéchiva, car il disait qu’il élève des bergers et non des moutons.
Chacun des Patriarches (Avot) est devenu ce qu’il était parce qu’il exprimait chacun un trait différent, Avraham (le ‘hessed), Its’hak (le din) et Yaakov (le émet).
[d'ailleurs, il est suggéré que le mot אחד (é'had), est l'acronyme de : émet (אמת), 'hessed (חסד), din (דין), qui sont les 3 traits des Avot.
(d'une certaine façon dans le Shéma lorsque l'on dit : "Hachem é'had", on prend conscience que pour Hachem soit pleinement révélé dans toute Sa splendeur, qu'Il soit Unique, alors à l'image des Avot on doit chacun développer les capacités uniques que l'on a en nous, en nos enfants, élèves, ...)]

La racine de ceci est que chacun de nous est une lettre dans le Séfer Torah qui compte 600 000 lettres liées aux 600 000 âmes-mères d'Israël. Tout comme chaque lettre est placée différemment dans la Torah, il en va de même pour chaque personne avec ses qualités, ses talents et ses capacités.
Nous avons donc tous ce qui nous est unique et nous devons être éduqués en conséquence.

J’ai confiance, donc je vis!

+++ J'ai confiance, donc je vis!

"Voici les années la vie de Sarah" = un homme qualifié de "vivant" est un homme qui ne s'inquiète d'aucune situation et est heureux en toute circonstance!" [grâce à sa confiance en Hachem]
C'est à ce propos que la Torah dit : "Et tu choisiras la vie" (Nitsavim 30,19).
[Beit Avraham - 'Hayé Sarah]

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"La vie de Sarah fut (vayiyou 'hayé Sarah ) de 127 années, ainsi fut la vie de Sarah" ('Hayé Sarah 23,1)

-> Rachi : "Toutes (ses années) furent égales en bien".

-> Le 'Hida fait remarquer que le mot "vayiyou" (ויהיו) peut se lire à l'endroit comme à l'envers.
C’est une allusion au fait que Sarah accepta tous les événements de sa vie avec amour et joie, même lorsque celle-ci se déroulait ''à l'envers'', autrement dit à l'encontre de sa volonté personnelle.
Elle conserva toujours la même conviction qu'Hachem se trouve à ses côtés à chaque instant, à chaque époque, en toute circonstance, et qu'Il prodigue du bien à tous. Toutes ses années furent équivalentes en bien avec la même certitude que tout ce qu'Hachem accomplit est bénéfique.
Même si, momentanément, un évènement peut sembler malheureux, il finira par s'avérer être un bienfait et une bénédiction.

-> Le rav Elimélé'h Biderman enseigne :
l'enseignement que l'on peut en tirer est qu'il est impossible de traverser ce monde sans se tenir au pilier de la émouna, comme l'exprime le prophète ('Habakouk 2,4) : "Le juste vivra par sa émouna".
Car celui qui n'a pas encore mérité de jouir de la lumière de la émouna ne perçoit dans son existence que peine et souffrance. Car son cœur s'irrite à chaque évènement, qu'il soit le fait du Ciel ou des hommes. En toute circonstance, il se ronge le cœur en regrettant son attitude, de s’être provoqué à lui-même un préjudice physique, moral ou financier, à cause d'une ''erreur''. Il pense que s'il avait agi autrement, la chose ne serait pas arrivée à cause de lui (bien entendu, tout cela n'est que le fruit de son imagination et ne traduit pas la réalité).
En outre, il est constamment obnubilé par la peur du lendemain, s’investit de tout son être dans la poursuite effrénée de l'argent, et fournit des efforts démesurés dans tous les domaines matériels afin d'assouvir ses besoins physiques.

En revanche, heureux est l'homme qui place sa confiance en Hachem et reconnaît qu’Il est la source de tous les événements passés, présents et futurs, qu’Il nourrit et pourvoit aux besoins de toutes les créatures, et que personne ne peut lui causer le moindre préjudice sans décret Divin préalable. Cet homme lui-même ne peut se faire de dommage ou gagner ne fût-ce qu'un centime de plus que ce qui a été décidé à son égard.
Dès lors, son existence n’est que joie, sérénité et tranquillité. Il est heureux et nullement tourmenté par ses efforts personnels pour subvenir à ses besoins.
[ainsi, quand la Torah nous demande : "Et tu choisiras la vie" (Nitsavim 30,19), elle nous demande grâce à notre émouna en Hachem, d'en arriver à ne pas s'inquiéter et à vivre dans la joie en toute circonstance. ]

-> Le rav Elimélé'h Biderman dit également :
Il faut savoir que surmonter une épreuve dans une période de difficultés et d’obscurité est ce qui permet à l’homme de s’élever au plus haut point.
L’un des tsadikim de notre époque explique d’après cela le verset : "Avraham se leva de devant son mort (Sarah)" ('Hayé Sarah 23,3) en se référant au commentaire de Rachi d’un autre verset employant le même terme hébraïque.
"Ainsi fut levé (acquis) le champ de Efron" ('Hayé Sarah 23,17). Rachi explique que ‘son champ subit une élévation en passant du domaine ordinaire au domaine du roi (Avraham)’.
Ici aussi ("Avraham se leva"), on expliquera donc que Avraham subit une élévation spirituelle à la suite de la mort de Sarah, car il prit conscience alors qu’elle ne survint que pour l’éprouver et le faire grandir. Et même si elle ne lui semblait être qu’un malheur, elle lui fut bénéfique.

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-> Le Baal haTourim fait remarquer que le mot "vayiyou" (ויהיו) a une valeur numérique de 37, allusion au fait que l'essentiel des années de la vie de Sarah furent les 37 ans qui s'écoulèrent depuis le jour de la naissance de Its'hak, alors qu'elle était âgée de 90 ans jusqu'à sa mort à l'âge de 127 ans.

=> Comment peut-on dire que toutes les années de la vie de Sarah furent équivalentes en bien lorsque la majorité de son existence fut remplie de souffrances et de peines?

-> Le rabbi de Pchevorsk y répond ainsi :
les mots de Rachi : "koulan chavin létova" (toutes égales pour le bien - כֻּלָּן שָׁוִין לְטוֹבָה), ont des initiales qui forment le mot : "chékhél" (l'intelligence - שכל), allusion au fait qu'en vivant avec sagesse et discernement, on peut parvenir à "bien" vivre même les années difficiles. Et dans ce domaine, la plus grande des sagesses est d'avoir la foi dans l’existence d’un Créateur qui dirige le monde et dans le fait que tout ce qu'Il accomplit est fondé.
[en ce sens, une des plus grandes qualités est d'être "tamim" avec Hachem, dans le sens d'aborder la vie avec simplicité (puisse que rien ne peut arriver sans décret d'Hachem pour notre bien final). En voulant être trop intelligent, trop malin, ... alors on s'attire bien des soucis. Pour la belle vie, c'est la émouna! ]

-> Le 'Hazon Ich enseigne :
Tout le monde doit traverser ce monde. Certains le font avec le sourire, tandis que d'autres le font dans la tristesse, les larmes.
Nous avons tous la possibilité de vivre dans le rire, tout dépend de la façon dont nous abordons la vie.

-> A un mariage sous la 'houpa, le 'hatan brise un verre et on lui souhaite immédiatement : "Mazal Tov!" Comment comprendre le lien existant entre ces 2 choses?
L'Admor Ra'hmistrivka explique : c'est que l’on veut en fait nous enseigner que même si [dans ta vie] "un verre s'est brisé", on doit encore proclamer "Mazel Tov'' à voix haute et se réjouir.

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-> b'h, également sur la notion de Sarah & émouna : https://todahm.com/2020/12/27/29765

La valeur essentielle d’une mitsva dépend des efforts que nous y investissons

+ La valeur essentielle d'une mitsva dépend des efforts que nous y investissons :

"Elle remplit sa cruche et monta ... Le serviteur courut à sa rencontre" ('Hayé Sarah 24,16-17)

-> "Parce qu'il vit que l'eau montait vers elle" (Rachi au nom du midrach Rabba 60,5)

-> Le Ramban explique que Rachi, semble-t-il, déduit cette explication du fait qu'il n'est pas écrit dans le verset : "elle puisa et elle remplit", mais : "Elle remplit sa cruche et monta".
Le Ramban dit : "On lui fit un miracle, la première fois, parce qu'après, il est écrit : "Elle puisa" (verset 20)".
Cela signifie qu'après qu'Eliézer lui eut demandé : "Laisse-moi boire, s'il te plaît, un peu d'eau" et qu'elle l'abreuva, Rivka lui dit : "Pour tes chameaux aussi je puiserai de l'eau". Elle courut alors vers le puits pour la puiser, et à ce moment-là, l'eau ne monta pas vers elle, mais : "Elle puisa pour tous les chameaux", ce qui veut dire qu'elle le fit elle-même.

=> Pourquoi, en vérité, Hachem ne fit-Il pas à la tsadéket Rivka le même miracle que la première fois, afin de lui épargner d'avoir à puiser de l'eau?

-> Le Kédouchat Lévi répond :
Au début, avant qu'Eliézer ne demande à boire, elle avait l'intention de puiser pour elle-même et non pour accomplir une mitsva (puisqu'il ne lui avait encore rien demandé) ; pour cette raison, elle bénéficia d'un miracle et l'eau monta vers elle afin qu'elle ne soit pas obligée de la puiser.
Cependant, ensuite, elle revint au puits afin de prodiguer du bien aux chameaux ; c'est la raison pour laquelle l'eau ne monta pas, cette fois-ci, jusqu'à elle. Car, au contraire, une mitsva a d'autant plus de valeur qu'elle est accomplie avec peine et effort.

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-> Lorsque les trois anges se trouvèrent chez Avraham, l'un d'entre eux lui dit : "Je reviendrai à toi, comme à présent (kaét 'haya - כעת חיה) ,et ta femme Sara aura un fils" (Vayéra 18,10).
Le Séfer Hapardess (attribué à Rachi) fait remarquer que l'on ne trouve nulle part mentionné qu'un ange revint chez Avraham. Et, dès lors, où voit-on que ses paroles se réalisèrent?

Il répond en expliquant que l'intention de l'ange en disant : "kaét 'haya" (כעת חיה - litt. "comme au moment vivant") était d'annoncer à Avraham qu'il reviendrait à un moment où Its'hak aurait besoin d'une vitalité renouvelée, c'est-à-dire au moment du sacrifice, où l'ange revint pour le sauver.
Et en effet, il est écrit plus loin : "L'ange d'Hachem l'appela du Ciel et lui dit : 'Avraham, Avraham!', et il répondit : 'Me voici' ; et il lui dit : 'Ne porte pas ta main sur le jeune homme et ne lui fais pas le moindre mal!'". Et il s'agissait alors du même ange qui lui avait dit : "Je reviendrai à toi".

Il en résulta finalement que le mérite d'Avraham, qui se sacrifia entièrement pour accueillir ses invités/anges, alors qu'il était faible, 3 jours après sa circoncision et qu’il faisait très chaud, fut celui qui, plus tard, permit de sauver son fils Its'hak.

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-> Le rav Eliémél'h Biderman enseigne :
"Telle est la volonté d'Hachem : si un homme se sacrifie pour accomplir précisément ce qui est difficile pour lui (et chacun sait pertinemment ce qui l’est pour lui) en l'honneur d'Hachem, lui aussi méritera la délivrance et la miséricorde Divine dans le domaine où il en a besoin."

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[ ainsi, il existe une manière 'minimale' de faire une mitsva selon la loi juive, mais nous passons alors à côté de ce que nous pouvons réellement obtenir en l'accomplissant.
En effet, l'essentiel de la valeur d'une mitsva provient de l'effort que nous avons pu investir pour la faire.
(ainsi lorsque c'est dur, ce n'est pas que Hachem ne nous aime pas, que ce n'est pas fait pour nous, ... mais plutôt que Hachem [qui sait ce dont nous sommes réellement capables] nous envoie une occasion d'encore plus se rapprocher de Lui par la mitsva, d'encore plus produire de mérites pour nous, nos proches, tous les juifs, ... et cela pour l'éternité).
On peut y ajouter le fait d'avoir une kavana, de la réaliser avec joie, ...
L'essentiel est d'embellir nos mitsvot dans notre intériorité (ex: joie, intention), et dans une autre mesure de le faire dans sa réalisation extérieure (ex: en ayant une belle table/habit pour Shabbath, ...). ]

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-> "Or Its’hak revenait de visiter la source du Vivant-qui-me-voit" (24,62).

Rabbi Enikh Alexander pose la question : "D'où provient la joie qu’éprouve un homme?"
De "la source du Vivant-qui-me-voit", car lorsqu’une personne est convaincue que Hachem la dirige à chaque instant, que même si elle se trouve, pour l’heure, sur la terre aride et désolée du (désert) du Néguev, démunie de tout, Il la protège, L'observe constamment, ce sentiment lui procure de la joie.

[Le nom ''Its'hak'' suggère la joie puisqu'il a été ainsi nommé, pour donner suite à l'exclamation de Sarah : "Ts'hok Assa Li Elokim" (D. m'a donné une joie - Vayéra 21,6)]

-> Le rabbi d'Alexander explique ce pasouk en disant qu'il est connu qu'une personne qui reconnaît qu'Hachem supervise toujours tout ce qu'elle fait sera naturellement heureuse. Ainsi, le verset dit : "véIts'ha ba". Le bonheur vient à une personne. (Le mot "Its'hak" représente le bonheur et le rire, comme le montre Vayéra 21,6).
D'où vient ce bonheur? De "Bé'er la'haï Ro'i" = une personne atteint cette joie lorsqu'elle reconnaît qu'Hachem la regarde. (Même si une personne "habite dans le pays du Néguev", c'est-à-dire un endroit sec, désertique et désolé, et qu'elle ne possède rien, Hachem la surveille toujours.
Lorsque l'on sait cela, on est heureux. En effet, celui qui sait qu'il est constamment surveillé par Hachem (et sous Sa Providence Divine) sera toujours joyeux.

Etre convaincu que sa subsistance provient d’Hachem

+ Etre convaincu que sa subsistance provient d'Hachem :

"L'homme entra dans la maison et déchargea les chameaux ; on apporta ... et de l'eau pour laver ses pieds et les pieds des hommes qui l'accompagnaient" ('Hayé Sarah 24,32)

-> "La toilette des serviteurs des patriarches est plus importante aux yeux de D. que la Torah de leurs enfants" (midrach Béréchit rabba 60,5).

=> Quelle importance cette toilette a-t-elle pour être écrite dans la Torah, et plus encore, pour être considérée comme supérieure à la Torah des fils de nos patriarches?

-> Le Arougot Habossem explique que "les pieds" que l’on cite dans le verset font allusion aux efforts personnels de l'homme pour obtenir sa subsistance (hichtadlout).
Or, si certes, l'homme est tenu et a reçu le commandement de faire une hichtadlout, cependant, il est également tenu parallèlement d’être absolument convaincu que tout ce qu'il reçoit lui vient du Ciel et, en aucune façon, de son hichtadlout. Et de même qu'il existe un concept de "Avak Ribit" (la "poussière" de la défense du prêt à intérêt (cf. guémara Baba Metsia 61b)), ou bien encore de "Avak Lachon Hara" (la "poussière" de médisance (cf. guémara Baba Batra 165a)), il existe également celui de "Avak Avoda Zara" (la "poussière" d'idolâtrie [ex: le culte de soi-même, du "moi je/j'ai"]).
"La poussière des pieds" évoquée ici y fait allusion : elle consiste à mettre sa confiance dans son hichtadlout (symbolisée par les "pieds") et à penser que c'est elle qui permet de faire des profits.
C’est oublier qu’elle n'est en fait qu'une condition imposée par le Créateur et que la subsistance elle même provient de "Sa main tendue et grande ouverte".

-> Ceci permet de comprendre pourquoi Avraham dit aux anges : "Prenez, de grâce, un peu d'eau et rincez vos pieds" (Vayéra 18,4).
Rachi explique : "Il pensa qu'ils étaient des commerçants arabes qui se prosternaient à la poussière de leurs pieds", ce qui suggère que ces ''commerçants'' croyaient, certes, en Hachem mais pensaient néanmoins que leur hichtadlout dans leur commerce (symbolisée par les "pieds", comme précédemment) les aidait à subvenir à leurs besoins.
En cela ils transgressaient donc l'interdiction de "Avak Avoda Zara" (la "poussière" d'idolâtrie). C'est pourquoi Avraham les envoya se laver de cette faute pour qu'ils prennent conscience et sachent désormais que tout leur venait du Ciel.

-> Ce fut aussi pour la même raison qu'Eliézer eut besoin "d'un peu d'eau pour rincer ses pieds et ceux des gens qui étaient avec lui" ('Hayé Sarah 24,32) = comme ils venaient, en effet, d'investir leurs efforts afin de trouver un parti pour Its'hak, ils risquaient de penser que c'était grâce à cette hichtadlout qu'ils étaient parvenus à trouver Rivka.
Par conséquent, ils se dépêchèrent de "rincer leurs pieds", afin de rester convaincus que ce n’étaient pas leurs ''pieds'' (leur hichtadlout) qui les avaient fait réussir, mais uniquement Hachem.
=> C'est cette "toilette" que nos Sages qualifient de "plus importante aux yeux de D. que la Torah de leurs enfants'' (midrach Béréchit rabba 60,5).

-> Le Arougot haBossem conclut :
"Tirons de cela une leçon de morale dans tous les domaines du service Divin : si ce n’était l’aide donnée par Hachem, l'homme ne serait même pas en mesure de lever le petit doigt. Dès lors, il n'a aucune raison de s'enorgueillir, car tout vient de Lui!"

Le Arougot Habossem explique, d'après ce qui précède, un verset du prophète : "Béni soit l'homme qui espère en Hachem, et dont Hachem est l'espoir" (Yirmiyahou 17,2).
Cette apparente répétition vient suggérer que la véritable confiance en D. (bita'hon) consiste à mettre entièrement sa confiance en D. sans penser que son hichtadlout a une part quelconque dans la réussite de ses entreprises.
L'homme doit être persuadé que toutes ses actions, son empressement et ses efforts, ne sont que vains et néants, et que tout n'est que le fruit de la parole Divine. C'est pourquoi le verset précise : "Béni soit l'homme qui espère en Hachem", et ajoute aussi : "et dont Hachem est l'espoir", pour exclure celui qui, tout en ayant confiance en Hachem, compte également sur l'empressement de ses actions.

A l'opposé, il est écrit dans le même chapitre du prophète Yirmiyahou (verset 5) : "Maudit soit l'homme qui place son espoir dans un être humain" = cela ne signifie pas seulement un autre être humain, mais inclut aussi l'homme lui-même, celui qui croit dans sa propre force et dans l'œuvre de ses mains, en pensant qu'ils sont la source des bienfaits et de la bénédiction dont il jouit, et qui ignore que tout provient du Hachem.

-> Cette explication rejoint celle du Malbim au sujet de la suite du même verset : "et qui prend pour appui un être de chair " (Yirmiyahou 17,5) = cela évoque celui qui pense que c'est la force "naturelle" du corps qui met sa chair en mouvement, et qui ne se rend pas compte que même les mouvements de sa propre chair ne sont possibles que grâce à la volonté d'Hachem.
Un tel homme ne peut donc voir aucun signe de bénédiction dans ses entreprises.

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-> "Hachem se montra favorable à Hével, mais à Caïn et à son offrande il ne fut pas favorable" (Béréchit 4,5).

Le 'Hafets 'Haïm explique que Caïn (קַיִן) porte ce nom parce que Eve s'exclama (à sa naissance) : "J'ai (pro)créé (kaniti - קָנִיתִי) un homme [conjointement] avec Hachem" (Béréchit 4,1), ce qui suggère qu'elle créa Caïn avec Hachem et qu'elle fut même son associée dans cette entreprise. C’est pour cette raison que la réussite ne lui sourit pas.
En revanche, le nom "Hével" se réfère au fait de considérer les choses de ce monde comme vaines ("ével avalim" : "vanité des vanités"), autrement dit de prendre conscience qu'il n'y a pas lieu de s'enorgueillir (puisque tout dépend d'Hachem). Ce fut pour cela qu'Hachem le choisit.

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-> Le 'Hazon Ich dit :
"il faut savoir qu'en ce qui concerne la subsistance, ce qui inclut l'argent destiné aux yéchivot, tout a déjà été fixé à Roch Hachana. Seulement, dans la mesure où Hachem nous a donné un devoir d'hichtadlout, celui qui le négligerait pourrait se le voir reproché.
Néanmoins, il semble qu'à propos d'une telle hichtadlout, le Ciel n’aurait rien à reprocher si on s'en s'abstenait".

-> Le rav Elimélé'h Biderman commente ces paroles :
cela signifie que, même si l'homme est tenu d'agir pour obtenir sa subsistance, il est cependant évident que ce ne doit pas être au détriment de la qualité de ses relations avec autrui, ou sur le compte d'un cours régulier de Torah, ou de la prière avec un Minyan, écourtée pour les besoins de la cause.

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-> b'h, également sur la notion de hichtadlout : https://todahm.com/2019/10/02/10637-2

Le pouvoir de la musique

+ Le pouvoir de la musique :

-> La musique a le pouvoir de nous approcher d’Hachem. De fait, le rabbi Ouri, le Saraf de Strelisk (Imré Kadoch 84), écrit que si une personne ne parvient pas à s’approcher d’Hachem, alors il est possible de trouver cette proximité par le biais de "la Chambre du chant" (eikhla anigoun - היכל הניגון).
Le Shomer Emounim (maamar Tsahali Véroni 2) écrit que "la Chambre du chant" est l’une des plus proches de nous ; pourtant, le chant s’élève jusqu’aux plus hautes sphères.

-> Le Sefer ha'Hinoukh (384) écrit que face à la nature physique de l’homme, des réveils spirituels sont nécessaires pour le reconnecter à sa spiritualité. Sinon, dans son état naturel, il reste en léthargie spirituelle. Il n’y a rien de plus grand qu'un nigoun (mélodie) pour réveiller spirituellement.

Le Rabbi de Piacsezna (Hachsharat Avreikhim 9) écrit que la musique est une forme de révélation de l’âme et des sentiments ... La musique est l’une des clés de l’âme, qui l’éveille et donne une expression à ses émotions

-> Le Gaon de Vilna (Sia'h Its'hak - Siddour haGra) écrit que nos âmes ont été empoussiérées, en proie à la peine et au désespoir après leur descente ici-bas, on peut revigorer nos coeurs avec les chants.

Le Shomer Emounim (maamar Tsahali Véroni 9) écrit que pour s’extraire de sa mélancolie, il faut s’efforcer de chanter une chanson joyeuse, même contre sa volonté, jusqu’à ce que son coeur s’égaie et retrouve la joie. Cela marche à merveille.

Selon le Steïpler ('Hayé Olam 1,1), le bénéfice de la musique est grand, en dehors du plaisir physique, elle remue le coeur, incite à la diligence, à l’étude profonde et génère l’éveil.

-> Pourquoi la musique procure-t-elle un tel plaisir?
Le rav Aharon Berakhia de Modène (Maavar Yabok - Sifté Tsadik 31), élève du Rama de Pano, écrit que l’âme tire plaisir de la musique qui lui rappelle celle qu’elle entendait des Anges du Service (les malkhé haCharét), ainsi que les chants des sphères célestes.
De ce fait, incarnée, quand elle entend de la musique, l’âme en tire une jouissance, comme lorsqu’elle était attachée à sa Source.

De même, Rabbi Shlomo Alkabetz (Manot haLévi) écrit que la musique est agréable pour l’âme, lui rappelant ce qu’elle entendait en-Haut, avant sa descente.

-> Rabbi Israël de Shklov (1770-1839 - dans l'introduction au Péat haShoulkhan), rapporte que son rav, le Gaon de Vilna louait grandement la Sagesse de la musique ('hokhmat mousica).
Le Gaon de Vilna disait que la plupart des explications de la Torah, les secrets des chants des Levi'im et les secrets des Tikouné Zohar ne peuvent être compris sans cette sagesse.
De nombreux chants et rythmes proviennent du mont Sinaï et ont été ramené sur terre par Moché Rabbénou. Beaucoup de chants en dérivent, et les autres sont que des hybrides.

-> Le rav Matisyahou Salomon (Matnat 'Haïm) dit qu'une mélodie ou une composition musicale peut amener une personne à une compréhension plus claire et à une appréciation plus approfondie de la sagesse.

-> Le 'Hatam Sofer qui, apparemment, n'avait pas l'oreille musicale, aurait dit une fois : je serais prêt à donner la moitié de ma part dans la Torah pour acquérir le sens de la musique. [rapporté dans le livre Rabbénou Moché p.127]
Le Zohar mentionne souvant l'importance de la musique. Les kabalistes enseignent que l'étude des 10 Séfirot est basée sur les règles musicales.

-> Le 'Hafets 'Haïm (Michna Broura 54,3-5) enseigne, au nom du Maté Moché, que les forces spirituelles négatives (klipot) obstruent les prières de monter [vers D.], mais grâce aux [chants] des Pessouké déZimra nous les coupons".
[selon nos Sages, le mot "chant" (zimra) provient du terme "zomer" (couper/élaguer), car nous coupons les impuretés spirituelles comme préparation pour prier Hachem.
Ainsi, par exemple dans la prière du matin, nous récitons les chants des Pessouké déZimra, dans un but de préparer le terrain (en taillant toutes les négativités bloquantes) pour permettre à notre prière de monter au Ciel. ]

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-> "Le frère [de Yaval] s'appelait Youval, il était l'ancêtre de tous ceux qui jouent de la harpe et de la flûte" (Béréchit 4,21).

-> Selon le Radak : Youval a été l'initiateur de l'art de la musique.
-> Selon le Ibn Ezra : la harpe et la flûte représentent les instruments de musique. [La musique] est une grande sagesse.

-> Le Ramban (chaar haGuémoul) écrit :
"L'idée de la harpe et des autres instruments de musique dans le Temple fait allusion au discernement intellectuel qui repose dans l'âme. Dans le monde physique, il n'y n'y a rien de plus subtil et raffiné que la musique."

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-> "En vérité, toute l'idée du chant est la conquête des émotions de l'âme sur les pouvoirs du corps"
[Chem miChmouël - Vaykira]

-> La musique est une forme de révélation de l'âme et de ses sentiments ...
La musique est l'une des clés de l'âme, qui l'éveille ainsi que ses sentiments.
[Rabbi Klonimus Kalman de Piacsezna - Hachsharat Avreikhim 9]

-> Le concept de musique est l'idée d'éveiller l'essence même de la personne et ses pensées les plus profondes qui autrement ne lui seraient pas révélées, pour quelque raison que ce soit.
[rav Moché Yé'hiel Elimélé'h de Lobartov - Imré Tal - maamar haNigoun

-> Combien l'âme peut être éveillée par la musique et le chant, pour être élevée du matériel à la plus haute demeure de son Créateur.
[rav Yéhouda Ariyé de Modène - Beit Yéhouda sur le Ein Yaakov (Arakin 11a)]

-> "Rien n'est capable de susciter la joie et l'amour d'Hachem, comme la musique".
[Shomer Emounim - maamar Tsahali Véroni 2]

-> La façon dont une personne agit ici-bas reflète la façon dont elle va être traité en-Haut.
En chantant une chanson joyeuse avec des intentions célestes, on se connecte au Monde de la Joie (olam hasim'ha). D'elle-même la joie coule automatiquement dans notre coeur.
[Shomer Emounim - maamar Tsahali Véroni 5]

-> Un chant joyeux provoque un flux céleste et un réveil du Monde de la Joie, à partir des chants des anges qui sont nommés sur le chant pour apporter de la joie à Hachem.
[si c'est un chant de sainteté, il tire une effusion et une grande et impressionnante lumière de la sainteté des anges et de la Chambre du Chant.]
En chantant des chansons joyeuses avec des intentions pour le Ciel, on devient alors lié au Monde de la Joie, et la joie coule automatiquement dans notre coeur.
[Shomer Emounim - maamar Tsahali Véroni 9]

-> Par le chant et l'attachement à la joie, la joie devient active et augmente [en nous] de plus en plus.
[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev - Kédouchat Lévi (Béchala'h)]

-> Les oiseaux chantent devant nous au ciel pour rassasier nos âmes, et pour éveiller nos coeurs à la joie.
[Rav Avraham - fils du Gaon de Vilna]
[Hachem a fait en sorte qu'il y ait pleins d'oiseaux qui chantent, pour nous fournir un réservoir naturel de musique, afin qu'il soit facilement disponible à nos oreilles pour attirer ses auditeurs vers la joie! ]

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-> Rabbi ‘Haim Vital (Ets 'Haïm - chaar roua'h hakodech) écrit que le Arizal était capable de comprendre le chant des oiseaux. Il explique que le jour où le Temple fut détruit, les secrets de la Torah furent pris par les klipot (forces du mal). Toutes les créatures, même les animaux impurs, les oiseaux et les rampants ont un ange tutélaire. Depuis la destruction du Temple, ces anges tutélaires des animaux impurs connaissent les mystères de la Torah et insufflent de profonds secrets de la Torah dans le gazouillis des oiseaux.
Une personne qui comprend ces gazouillis peut donc recueillir de nombreux secrets de la Torah en écoutant leurs chants. Il conclut : "En fait, j’ai personnellement vu mon maître, le Arizal, le faire!"

[A la lecture de cela, on peut avoir une mauvaise perception de la réalité du Arizal. En effet, il faut avoir en tête que le Arizal (comme tout grand en Torah) investissait absolument toutes ses forces dans l'étude de la Torah.
En ce sens, Rabbi'Haïm Vital (Chaar haguilgoulim - chaar roua'h hakodech 11b) écrit : "Un jour, j’ai demandé au Arizal comment il avait atteint sa sagesse kabbalistque phénoménale. Il a répondu qu’il y avait travaillé très dur.
J’ai rétorqué : "Mais le Ramak (rabbi Moché Cordovéro) et moi-même avons aussi travaillé très dur, mais nous n’avons pas atteint votre niveau de perfection". Le Arizal répondit : "C’est vrai, vous avez étudié plus dur que quiconque à notre époque, mais pas aussi dur que moi ... Parfois, je m’isolais pendant 6 nuits consécutives sans dormir et me plongeais dans un passage du Zohar". ]

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+ Pérék Chira :

-> Rabbi Nathan Scherman (Pérék Chira) enseigne :
Pérék Chira est une compilation de chants que personne d'entre nous ne peut entendre. Il contient les versets qui sont "chantés" respectivement par 85 composants de la Création : les corps célestes, les montagnes et les océans, les animaux, les oiseaux, les poissons, et les insectes.

Il y a 3 opinions au sujet de qui "chantent" réellement ces 85 chants du Pérék Chira.
Certains disent que chaque création chante littéralement son propre chant, les êtres humains ne peuvent bien sûr pas les entendre, tout comme il y a beaucoup de sons dans la nature que les sens humains ne peuvent pas détecter, mais qui existent néanmoins.
Une 2e opinion est que le chant est fait par les anges. Comme nos Sages l'enseignent, même un brin d'herbe a un ange qui guide sa croissance (lui disant : Pousse!), et ces anges chantent les chants respectifs de ceux dont ils s'occupent.
La 3e opinion est que les chants ne sont pas réellement prononcées, elles sont implicites dans l'existence des créatures et de leurs rôles dans l'univers. Par conséquent, celui qui comprend la fonction du soleil, de l'océan ou d'un chat ou d'un chien, comprendrait ce que nous devrions en tirer, et c'est son chant.
[on voit à quel point le chant à Hachem est fondamental au sein de la création.]

-> Le rav Shimshon Raphael Hirsch écrit qu'il y a 2 révélations de D. dans le monde : par le biais de la nature (comme le montre le Pérék Chira, toute la création loue Hachem), et également par le biais de la transmission directe de la Torah, qui est également un chant.
En effet, il est écrit : "Et maintenant, écrivez pour vous ce chant (chira - שִּׁירָה), qu'on l'enseigne aux Bné Israël et qu'on le mette dans leur bouche, afin que ce chant me serve de témoignage à l'encontre des Bné Israël" (Vayélé'h 31,19).

[le Nétsiv développe l'idée qu'à l'image d'un chant, la Torah est plus allusive que explicite, et elle est une allusion à de profondes significations, parfois d’une seule lettre, d’un mot, ...
(de plus à l'image du chant de la création, la Torah englobe tout.)]

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+ La musique = notre langue maternelle :

-> "La musique est le langage de l'âme".
[rav Shaül de Modzhitz - Imré Shaül - Inyané Zimra 43]

-> La langue est la plume du cœur. Le chant est la plume de l'âme.
[Rabbi Chnéour Zalman de Lyadi - le Baal haTanya]

-> Pourquoi la musique est-elle le langage de l'âme?

Pour comprendre cela, il faut distinguer les 2 composants principaux de l'être humain : le corps physique qui commence sa création dans le ventre de sa mère ; et l'âme qui existe déjà bien avant dans les sphères célestes.
Là-bas, l'âme a pu s'habituer à l'ambiance céleste, dont une caractéristique importante est la musique.

-> la guémara ('Haguiga 14a) nous rapporte : "chaque jour, des anges de service sont créés à partir du Nehal Dinor. Ils chantent une chanson puis cessent d'exister".
Le Arizal (Likouté Torah - Emor) explique ainsi ce processus : "il y a des anges qui sont créés chaque jour qui chantent, et qui cessent d'exister. Cela est dû à l'exposition sur eux de la Lumière du Ein Sof, plus que de mesure".

-> le 'Hayé Adam (20,1) écrit : "les circuits des cieux ... chantent constamment et offrent des louanges en Son honneur".

-> Le Shomer Emounim (maamar Tsahali Véroni 3) enseigne :
"Tout le service des anges et des corps célestes est de louer et de chanter devant Lui [Hachem], avec des chants, de la musique, de la joie, ... avec le désir de leur âme et avec une grande crainte et amour, se réjouissant d'accomplir la volonté de Celui qui est béni, et Son Nom est béni pour toujours".

-> Le rav Yonathan Eibschutz (Yaarot Dvach 2,7) écrit :
"Combien est grande la puissance de cette sagesse [la musique], pour les anges en-Haut ainsi que les circuits des cieux (galgalé chamayim), qui font tous de la musique et chantent une musique et des chants agréables."

-> En fait, la grande force et la douceur de cette musique sont si irrésistibles que les êtres humains ne peuvent pas la supporter.
Le Zohar (Vayakel 196a) dit :
"Sans le fait que le coeur des gens est scellé et que leurs yeux sont fermés, ils ne seraient pas capables de résister à la douceur du son produit par le circuit du soleil (דגלגלתא דשמשא), alors qu'il va et offre des louanges devant Hachem".

D'ailleurs, selon une opinion dans la guémara, notre incapacité naturelle à entendre le chant angélique est précisément le moyen par lequel le régiment des troupes de San'hériv est mort.
La guémara (Sanhédrin 95b) affirme : Rabbi Its'hak Naf'ha dit : "[l'ange Gavriel] a ouvert leurs oreilles pour qu'ils entendent le chant des 'Hayot (créatures célestes), et ils sont morts".
[l'oreille humaine ne pouvant supporter la sainteté d'une mélodie venant du trône céleste du fait qu'elle est en contradiction avec sa condition matérielle. Ainsi, nos Sages nous révèlent que Hachem a utilisé ce moyen pour éliminer en une seule nuit les 185 000 chefs de troupes de l'armée de San'hériv et leurs soldats partis à l'assaut de Jérusalem au temps du roi 'Hizkiya.]

-> Non seulement les corps célestes et les anges chantent, mais même les âmes qui ont quitté leur corps physique se joignent au choeur céleste de chants et de louanges.
Le rav Eliyahou de Vidach (dans son Réchit 'Hokhma - chaar ha'aava 10) enseigne :
"Après que les âmes quittent [le corps dans lequel elles sont], elles remercient et louent Hachem ... puisque tous [les éléments des] sphères Supérieures s'agitent en chants."

-> Le rav Matisyahou Salomon (Matnat 'Haïm - Moadim) écrit :
"Les sons des hôtes Célestes sont tous entendus à travers le chant et la musique, au point que l'on peut dire que la musique est la langue des cieux".

[ainsi on n’est pas étonné que l'âme soit familière et parle couramment cette "langue".
C'est parce l'âme est d'abord exposée à la musique, et ensuite seulement au fait de parler. En ce sens, Onkelos (Béréchit 2,7) explique qu'une fois que l'âme est insufflée dans le corps alors il devient un "esprit parlant".
(ainsi, on passe d'une réalité où la langue principale est la musique, à notre monde actuel où c'est plutôt le parler.)]

-> Rabbi Yaakov Skili (Torat hamin'ha - Béaaloté'ha 56), un élève du Rachba écrit :
Lorsque l'âme entend ces sons [de musique], elle se souvient de sa première demeure et comment alors qu'elle était devant son Créateur, elle a entendu ces sons. Cela éveille en elle la joie. C'est pourquoi les instruments de musique éveillent les gens à un état de prophétie.

-> On peut citer davantage le Maavar Yabok (Sifté Tsadik 31) abordé précédemment :
"L'âme tire du plaisir de la musique, parce qu'elle est habituée à la musique au travers le chant des Anges du Service et le chant des circuits Célestes ( שיר הגלגלים).
Ainsi, même lorsqu'elle [l'âme] est confinée dans un corps et qu'elle entend de la musique, elle en retire du plaisir, tout comme elle en avait l'habitude lorsqu'elle était attachée à Sa Source [Trône Divin au Ciel].
A partir de la jouissance de la musique, il devient possible d'avoir l'esprit de la Présence Divine (Chékhina) qui vient reposer au-dessus, tout comme il résidait au Ciel."

-> Rabbi Shlomo Alkabetz (Manot haLévi 1,8) développe ce sujet :
"L'âme humaine aime la musique parce qu'elle l'entendait très régulièrement au Ciel.
Nous le savons à partir de la signification directe et véridique des versets bibliques qui décrivent comment les anges d'en-Haut ouvrent leur bouche en bénédictions, en louanges et en glorifications (מלאכי מרום פותחים את פיהם מברכין משבחין מפארין) ... dans une expression claire ... en faisant entendre le son de leurs ailes.
La musique peut faire en sorte que les gens aient tellement de joie qu'ils ont l'impression d'avoir quitté leur corps. Ils perdent la trace de l'endroit où ils se trouvent.
Pour certains, la musique douce est si apaisante qu'elle les met en sommeil. L'âme quitte simplement le corps qu'elle gardait et alors c'est comme si [elle n'était plus là et on] devient aussi immobile qu'un "cadavre", profondément endormi.

Par exemple, de nombreux nourrissons ne peuvent pas dormir du tout à moins d'entendre une berceuse.
En effet, n'ayant quittés le Ciel que récemment ils ont encore besoin de musique douce et ne peuvent pas se reposer sans elle.
Et de même, une personne malade, épuisée de sa force physique, peut se renforcer spirituellement par la musique."

-> Selon le Manot haLévi (Esther 1:8), l'intention première du festin d'A'hachvéroch était de tenter les juifs de pécher. A'hachvéroch était conscient que la musique possède une puissante composante spirituelle qui réussirait à inciter les juifs à se repentir. Il n'autorisa donc aucune musique lors du festin.

Le Manos HaLevi ajoute l'observation perspicace suivante : Nous constatons que les jeunes enfants, les infirmes et les personnes âgées sont excités par la musique, plus que le reste de la population. Cela s'explique par le fait que lorsqu'un nouveau-né entend de la musique, cela éveille dans son subconscient le souvenir des anges chantant dans le ciel, qu'il a connu récemment, avant sa naissance. Comme les infirmes et les personnes âgées sont quelque peu détachés de leur corps physique, ils sont également fortement affectés par la nature spirituelle de la musique.

-> Le rav 'Haïm Vittal (chaaré kédoucha 4,2) explique le chemin vers la prophétie :
"La prophétie ou roua'h akodech est désignée par les termes "sommeil", "rêve" ou "vision" ...
A travers la douceur de la musique, l'isolement [de l'âme] descend sur eux en raison de la douceur du son, et ils se débarrassent de l'âme. Le musicien finissait par arrêter la musique, et les élèves des prophètes restaient dans cet état élevé d'attachement (dvékout) et de prophétie."

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-> "La racine de la prière est la joie du coeur en Hachem, comme il est dit : "Glorifiez-vous de son saint nom ; que le cœur de ceux qui recherchent Hachem soit en joie!" (Téhilim 105,3).
C'est pourquoi David, roi d'Israël, avait l'habitude de jouer toutes ses prières et chansons sur une harpe. C'était pour remplir son coeur de joie de son amour pour Hachem".
[Séfer 'Hassidim 18]

-> Le roi David est appelé : "le doux chanteur d'Israël" (né'im zmirot Israël - Chmouël II 23,1).

-> Les psaumes du Séfer tehilim étaient chantés avec un accompagnement musical. En fait, chaque chapitre avait les instruments ad hoc et la mélodie appropriée pour faire naître la pensée requise, la compréhension et les émotions que le roi David cherchait à éveiller à travers ses mots.

Le Radak (Téhilim - chap.4) écrit :
"Certains Téhilim étaient chantés avec un accompagnement acoustique appelé "naguinot", et d'autres avec un instrument appelé "cheminit".
Ces chansons, mélodies ou louanges étaient chantées avec l'accompagnement, [chaque Téhilim avait] l'air qui lui était assigné. C'était une sagesse profonde qui réveillait l'âme de l'intellect."

-> Fort de ce commentaire du Radak, Rabbi Matityahou Solomon (Matnat 'Haïm - Moadim) fait la citation suivante :
"Nul ne peut prétendre pleinement comprendre clairement un téhilim sans connaître sa profondeur musicale, sans saisir et reconnaître les différents sons des instruments et leur association et correspondance précise avec tel et tel téhilim. Car c’est cela qui donne toute sa saveur et son goût pour appréhender les psaumes (téhilim) dans toute leur intériorité".

-> Le rav David Greenfeld (Bineot Déché - Béréchit) écrit :
le roi David s'éveillait tous les jours à minuit [juif] au son que produisait sa harpe suspendue au-dessus de son lit. Lorsque la brise du Nord commençait à souffler, elle faisait vibrer les cordes.
Il se levait alors et chantait des louanges et des hymnes à Hachem (guémara Béra'hot 3b) basés sur des données musicales issues des sphères supérieures.

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-> Le chant et les louanges suite à un miracle ont 2 aspects. Le premier est pour exprimer notre gratitude et remercier (pour le miracle). Cela à lui seul permet de créer de la proximité et un attachement à Hachem parce que le chant réveille l'âme.
Mais il y a un autre aspect, celui de permet de générer une plus grande conscience de la Providence d'Hachem et Sa grandeur.
[rabbi Aharon Kotler - michnat rabbi Aharon - vol.3]

-> Le rav 'Haïm Friedlander (Sifté 'Haïm - vol.2) développe l'idée que de même qu'une chanson est une fusion mélodieuse de tonalités individuelles, la vie est une synthèse de différents événements qu'Hachem nous envoie.
[une tonalité peut ne pas être très douce/agréable, mais avec une vision globale c'est elle qui va permettre de sublimer d'autres passages. Grâce à D., tout est pour le bien, et parfois un moment d'obscurité permet d'avoir une luminosité ultérieure beaucoup plus puissante.]

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+ La musique dans le Temple :

-> Nos Sages enseignent : le fait d'omettre le chant invalide le sacrifice, selon l'avis de Rabbi Méïr.
Cependant, les autres Sages soutiennent qu'une omission du chant n'invalide pas le sacrifice. [guémara Arakhin 11a]
[ainsi selon un avis, le service au Temple doit obligatoirement être fait accompagné d'un chant.]

-> La Michna (Tamid 7,4) rapporte que les Lévi'im chantaient un chant spécial pour chaque jour, et suite à la destruction du Temple nos Sages ont incorporé cette pratique dans notre prière du matin.

La guémara (Roch Hachana 31a) explique comment chacun de ces Téhilim est en parallèle avec ce qui s'est passé le jour correspondant lors des 6 jours de la création (ex: 1er jour de la création & 1ere jour de la semaine ; ...).

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+ La musique permet de faire la mitsva d'accomplir une mitsva dans la joie :

-> Rabbénou Bé'hayé (introduction à Nasso) écrit :
Le fait de se réjouir en accomplissant une mitsva est une mitsva en soi. Tout comme la mitsva est le "service" d'Hachem, la joie de faire des mtisvot est appelée "service" ...
Il y avait des chants dans le Temple, ainsi que dans le Michkan ; des chants qui étaient avec la voix et avec des instruments, afin qu'ils puissent amener l'âme d'une personne sur le chemin de la joie.
Ainsi, la Torah écrit que les Lévi'im "faisaient le service du service" (laavod avodat avoda - Nasso 4,47).
Nos Sages (guémara Arakhin 11a) expliquent : "Quel est le service du service? la chanson".
Les Lévi'im avaient comme instruction de chanter et d'ainsi susciter la joie de la mitsva d'offrir un sacrifice, afin que la mitsva soit accomplie avec joie.
[Rachi : "le service du service" = c'est la musique exécutée par les cymbales et les harpes.
(d'une certaine façon la musique permet de faire le service des sacrifices, mais également celui d'être dans la joie ["servir Hachem ton D. dans la joie" - Ki Tavo 28,47].
En ce sens, seul le fait d’être dans la joie permet de parvenir à une réalisation ultime des mitsvot d'Hachem. )]

-> Le haKtav véhaKaballa (Nasso 4,47) enseigne :
De la même manière qu'un commandement est un service à Hachem, de même la joie du commandement est appelé un service, tel qu'il et écrit : "parce que vous n'avez pas servi Hachem avec joie" (Ki Tavo 28,47).
La joie perfectionne notre service. C'est pourquoi la musique que les Lévi'im produisaient pour susciter la joie [de ceux qui apportaient les sacrifices, et qui par exemple pouvaient être attristés à l'idée de la faute qu'ils ont pu commettre comme impliqué par le sacrifice sous leurs yeux], est surnommé " le service du service".

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-> Le chant ouvre les portes du ciel. La tristesse les referme.
[rabbi Naftali de Ropshitz]

-> Les danses dédiées à D. sont des prières.
[Baal Chem Tov]

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+ Dissiper la morosité :

-> "Trois choses restaurent (la tranquillité) d'esprit. Elles sont : le son, l'apparence et l'odeur" (guémara Béra'hot 57b).
Rachi explique que le "son" dans ce contexte fait référence aux "sons des types de chansons".

Le Maharcha ('Hidouché Aggadot) commente :
"restaurent d'esprit" = cela veut dire : s'il est dans un état d'inquiétude et de chagrin, ces 3 choses le calment et lui enlève son angoisse.

-> Le Gaon de Vilna (Sia'h Its'hak - Siddour haGra) dit :
"Si nos âmes se sont effondrées à cause de la douleur et que le désespoir s'est abattu sur nous, nous pouvons encore animer notre coeur au travers de la chanson".

-> Le Shomer Emounim (maamar Tsahali Véroni 9) écrit :
"Celui qui est rongé par la tristesse et souhaite s'éveiller au bonheur devrait se fortifier et chanter une chanson joyeuse pendant un certain temps, jusqu'à ce que son coeur se transforme, contre sa volonté, en joie, et il verra des merveilles de cela.

-> Il est écrit : "l'esprit divin avait abandonné Saül, et il était en proie à un mauvais esprit suscité par le Seigneur. Les serviteurs de Chaül lui dirent : "Hélas! Un mauvais esprit de D. te tourmente. Daigne ordonner, Seigneur, que tes serviteurs qui t'entourent se mettent en quête d'un habile joueur de harpe, afin qu'il en joue quand D. t'enverra ce mauvais esprit, et cela te fera du bien ...
lorsque l'esprit venu de Dieu s'emparait de Saül, David prenait sa harpe, en jouait avec les doigts; Saül en éprouvait du soulagement et du bien-être, et le mauvais esprit le quittait." (Chmouël I 16,14-23).

Le Malbim commente :
Une fois que l'esprit d'Hachem avait quitté Saül, il n'est pas resté comme les autres gens. Au contraire, il s'inquiétait constamment, contemplant sa punition et la perte de son royaume, qui résultait de son péché ... jusqu'à ce qu'il soit consumé par la mélancolie ...
Ses serviteurs ont choisi la musique car elle peut déplacer l'âme d'un trait de caractère à un autre, et elle est capable de libérer de la dépression en passant à d'autres pensées, plus heureuses.

-> Le Rambam (Chmoné Prakim 5) comprend cela comme un conseil général :
"Celui qui est dépassé par la dépression [passagère] peut la dissiper en écoutant des chansons avec différents types de musique."

-> Le rav Yonathan Eibschutz (Yaarot Dvach 2,7) écrit :
la sagesse de la musique est la sagesse du chant ... ce sont des chants justes qui réjouissent les coeurs, en supprimant la mélancolie et en permettant à l'âme d'acquérir la joie, afin que l'esprit d'Hachem s'y repose, à l'image des prophètes.

-> il est intéressant de noter que Yaakov était abattu pendant toute la période où il pensait avoir perdu Yossef, perdant à cause de cette tristesse sa capacité de se connecter à Hachem par la prophétie.
Le midrach (haGadol Vayigach 45,26) rapporte que c'est sa petite-fille Séra'h fille de Acher qui est venue annoncer à Yaakov la nouvelle que Yossef était toujours en vie, pour cela elle a utilisé une harpe.
Le Avot déRabbi nathan dit que : "l'Inspiration Divine qui l'avait quitté est revenue de nouveau sur lui à ce moment".

[la tristesse bloque notre connexion avec la spiritualité, et empêche la Présence Divine de pleinement résider sur nous. D'où l'importance de la musique.]

-> La joie qui était ressentie au Temple à Succot était incomparable, et cela par l'énorme impact des chants et des danses de la sim'hat beit hachoéva.
[michna (Soucca 5,1) : "tout celui qui n'a pas été témoin de la sim'hat beit hachoéva (cérémonie de libation des eaux au Temple pendant Souccot) n'a jamais connu de la vraie joie".]

-> Rabbi Yéhochoua ben Lévi dit : ... [Le prophète] Yona ben Amitaï est allé à Jérusalem pour la fête de Souccot, et il a participé aux réjouissances de la cérémonie de libation des eaux, et l'Inspiration Divine a reposé sur lui.
Cela nous ensigne que l'Inspiration Divine ne réside que sur quelqu'un dont le coeur est joyeux.
[guémara Soucca 22b]

-> Cette spécificité de la musique permettant d'atteindre un état d'esprit pouvant recevoir la prophétie est mentionné à plusieurs reprises dans la Torah.
Par exemple :
1°/ les prophètes utilisaient des instruments musicaux pour atteindre la prophétie :
"[le roi] David, avec les chefs de l’armée, assigna une place à part, dans le service du culte, aux fils d’Assaf, de Hêman et de Yedoutoun, qui pratiquaient l’art de la harpe, du luth et des cymbales" (Divré haYamim I 25,1)

2°/ "[le prophète Elicha dit : ] Eh bien! Amenez-moi un musicien. Tandis que celui-ci jouait de son instrument, l'esprit d'Hachem s'empara du prophète" (Méla'him II 3,15).
Le Radak commente : "Depuis le jour où le maître d'Elicha est parti, l'esprit de prophétie ne reposait pas sur lui car il était en deuil, et l'Inspiration Divine ne repose que sur une personne dans une état de joie.
D'autres disent qu'à cause de sa colère envers le roi d'Israël il était triste ...
C'est pourquoi, afin d'obtenir la joie nécessaire à la prophétie, il a dit : "Eh bien! Amenez-moi un musicien"
[on voit que la musique permet d'élever l'esprit, faisant que Hachem peut de nouveau résider sur nous, au point que les prophètes regagner leurs forces prophétiques. ]

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-> Le Kouzari (partie.2, chap.65) écrit :
"Sans aucun doute, la musique était très développée parmi [les anciens juifs]. Cela les inspirait spirituellement, tout comme de nos jours les gens disent que la musique peut modifier radicalement l'humeur d'une personne.
Mais il est invraisemblable [de penser] que la musique d'aujourd'hui est de la même qualité qu'elle ne l'était à l'époque.
[A notre époque] elle a perdu son statut et a été consignée à des serviteurs et des scélérats.
Elle a diminué en importance tout comme notre peuple a diminué en importance [spirituelle]."

-> selon certaines opinions, depuis la destruction du Temple il faut limiter la musique afin de diminuer la joie et avoir un sentiment incomplétude face à ce manque.
[cela devient plus stricte pendant les périodes du Omer et des 3 semaines menant au 9 Av.]

-> Rabbi Na'hman de Breslev (Likouté Moharan II 8,10) développe l'idée du chant dans le futur suite à la venue du machia'h :
Dans le futur, lorsque le monde sera renouvelé, l'univers entier fonctionnera au niveau des merveilles, uniquement selon la Providence divine et non selon la nature.
Ensuite un nouveau chant émergera. Comme le dit le verset : " Chantez à Hachem un chant nouveau, car il a accompli des merveilles" (Téhilim 98,1).
Ce chant du futur est un chant de la Providence de D., une chanson de merveilles. Car alors Hachem dirigera le monde avec Providence et merveilles.

Il y a aussi un chant de la nature, comme dans le verset : "Les cieux racontent la gloire de Dieu, et le firmament proclame l’œuvre de ses mains" (Téhilim 19,2).
C'est le chant de la nature, des lois astronomiques. C'est le niveau de chant et de louange qui est chanté à Hachem pour la façon dont le monde est géré maintenant, via la nature.
Mais dans le futur, il y aura un nouveau chant de merveilles, de Providence, car alors le monde sera gouverné [clairement] par la seule Providence [d'Hachem].

-> En ce sens, nous disons dans le chant de Shabbath "tsour michélo" :
"Que le Temple soit reconstruit, la ville de Sion rempli de nouveau,
Là-bas, nous chanterons un nouveau chant, et avec joie nous monterons (vécham nachir chir 'hadach, ouvirnana naalé).

[avec la guéoula, nous aspirons à l'harmonie des temps futurs, qui produira un chant tellement sublime qu'il n'a jamais été entendu auparavant.]

La grandeur de chaque juif

+ La grandeur de chaque juif :

-> "Les juifs sont plus chers [aux yeux] d'Hachem que les anges de service"
['havivim Israël lifné Hachem yoter mimamla'hé acharét - guémara 'Houlin 91b]

-> Le Ohr ha'Haïm (Emor 22,12) écrit que la source de l'âme du juif est beaucoup plus élevée que celles des anges de service.

[ ainsi, lorsqu'un juif se purifie, il s'élève à des niveaux de sainteté qui lui confèrent le pouvoir de dominer les anges de service et ceci représente le but ultime d'Israël, comme nous l'ont enseigné nos Sages : "A l'avenir, les justes seront plus proches du Créateur que les anges de service" (guémara Yérouchlami Shabbath פ"ו ה"ט). ]

-> C'est la raison pour laquelle Rabbi Na'hman de Breslev (Likouté Moharan) nous avertit que cette élévation suscite une très grande jalousie de la part des anges envers l'homme. Ainsi, nous avons le devoir de nous protéger, et il n'y a qu'une seule possibilité : nous rattacher à toutes les âmes d'Israël.

On trouve un exemple de cela dans la guémara (Shabbath 88b) :
"au moment où Moché s'est élevé dans les hauteurs pour recevoir la Torah, les anges de service dirent à Hachem : Maître du monde, qu'est-ce que cet être humain fait parmi nous? Hachem leur répondit : Il est venu recevoir la Torah.
Les anges de service rétorquèrent : ce trésor précieux est caché depuis 974 générations avant la création du monde et Tu souhaites la donner à un être de chair de sang? Qu'est-ce donc que l'homme pour que Tu t'en souviennes? Le fils d'Adam pour que Tu le protèges ? (Téhilim 8,5) Laisse la Torah parmi nous dans le ciel.
Hachem dit à Moché : donne-leur une réponse. Moché lui répondit : Maître de l'univers, j'ai peur! Peut-être vont-ils me brûler avec le souffle de leur bouche.
Hachem lui dit : attrape Mon Trône de gloire et répond leur".

=> A ce moment où les anges "jalousent" la supériorité de sainteté des juifs, Moché saisit le Trône de Gloire où se trouvent toutes les âmes d'Israël, s'unissant aux autres âmes des juifs.
On apprend de là l'importance de privilégier l'unité entre nous, car cela est notre protection et notre source de bénédiction.
[Hachem n'a pu donner la Torah (le plus grand trésor) qu'à partir du moment où tous les juifs étaient unis "comme un seul homme"]
Ainsi, on apprend de là le niveau spirituel énorme de chaque juif, et la nécessité de préserver le shalom.

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-> "Il (Hachem) insuffla dans ses narines une âme de vie (néchama)" (Béréchit 2,7)
Il est expliqué dans le Zohar Hakadoch : Celui qui a insufflé, c'est une partie de Lui-même qu'Il a insufflé. Ainsi, D. donna une "partie de Lui-même" et l'insuffla dans le corps de l'homme pour le créer. Tel est le fondement de l'âme : une étincelle divine qui donne la vie.

-> Cependant, il faut savoir que l'âme vivante qu'a insufflée le Créateur à Adam Harichon ne fut attribuée qu'aux enfants d'Israël, qui sont appelés "les enfants d'Hachem", comme il est écrit : "vous êtes des enfants pour Hachem votre D." (Réé 14,1), tandis que les autres peuples de la terre ne reçurent pas l'âme provenant de la source de sainteté de "la bouche de D.", comme cela est rapporté dans le Zohar ('Hadach Béréchit 14a) :
"Les Sages ont enseigné : Chaque jour une voix céleste proclame : Réveillez-vous Mes enfants de sainteté issus des mondes supérieurs et accomplissez le service pour votre Maître Qui vous a distingué du reste des peuples. Il vous a attribué une sainte néchama qui provient du Trône de Sa gloire.
Rabbi Yoda a demandé : s'il en est ainsi, d'où provient l'âme des autres peuples?
Rabbi Éléazar de répondre : il est écrit : "Il insuffla dans ses narines une âme de vie". Il s'agit de la sainte néchama qui provient du Trône Céleste du Roi suprême.
Parallèlement, il est également écrit : "et Adam devint une âme vivante". Qu'est-ce qu'une âme vivante?

Rabbi Eléazar répond : il s'agit de la force qui fut transmise aux animaux domestiques, aux animaux des champs, aux poissons qui furent créés à partir de la terre, comme il est écrit : "que la terre produise des êtres vivants selon leur espèce".
Ainsi, lorsque le juif faute, il redevient "une âme vivante" comme les âmes de tous les autres peuples.
Rabbi Its'hak a enseigné : "La Torah se plaignit de l'homme et elle déclara : Hachem a créé l'homme et lui a insufflé une âme sainte pour qu'il puisse accéder à la vie dans le monde futur, tandis que l'homme à cause de ses fautes retourne au niveau "d'âme vivante" qui provient de la terre, c'est-à-dire redescend au niveau de l'animal."

-> Pour comprendre ce passage du Zohar Hakadoch, apportons les paroles du Arizal (Likouté Torah Téhilim 32) qui nous éclaire :
"Lorsque Hachem créa Adam Harichon, seules les âmes d'Israël demeuraient en lui et s'il n'avait pas fauté, les peuples de la terre n'auraient jamais existés. En effet, ce n'est qu'après la faute avec l'arbre de la connaissance que se mélangèrent en lui une multitude d'âmes appartenant aux nations du monde et c'est le sens des paroles du Talmud lorsqu'il désigne les âmes d'Israël :
"Vous êtes Adam" tandis que les nations ne sont pas appelées "Adam" (guémara Yébamot 61a) = car seules les âmes d'Israël étaient incluses à l'intérieur d'Adam Harichon à l'origine."

-> Rabbi 'Haïm de Volozhin (Néfech ha'Haïm - 1,15) écrit :
"La raison pour laquelle l'âme est appelée néchama est qu'elle provient du mot néchima, qui signifie la respiration. Ne viens pas croire qu'il s'agisse de la respiration de l'homme, mais si l'on peut s'exprimer ainsi, de l'expiration de la Bouche d'Hachem, comme il est écrit : "Il insuffla dans Ses narines une âme de vie".

-> Bien que le Maître de l'univers lui ait insufflé "une âme de vie", les âmes des nations pénétrèrent à l'intérieur d'Adam Harichon après avoir consommé de l'arbre de la connaissance du bien et du mal et c'est ainsi qu'il devint "une âme vivante" ne provenant plus du Souffle divin mais de la terre comme tous les êtres vivants.
[Tsor ha'Haïm - Bamidbar]

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-> Le verset "ki 'hélek Hachem amo" (Haazinou 32,9) peut être traduit par : "le peuple de D. est une part de Lui-même (Hachem)".

Le Or Ha'haim (Nitsavim 29,19) écrit : "Sache que les âmes du peuple juif ont leur racine dans la sainteté sous les cieux, comme dans le sens mystique du verset : "Les cieux sont Mon Trône" (Yéchayahou 66,1) et leurs âmes sont gravées de sous le Trône de Gloire."

Selon le midrach Hanéélam (Vavéra 113a) : "Le Trône de Gloire ... existait avant tout et D. prit du Trône de Gloire la néchama pure pour éclairer le corps (du juif)."

-> "Hachem, la Torah et le peuple juif sont un" (Zohar - A'haré Mot 73a)
-> Hachem a commandé à Moché : "Ils Me feront un sanctuaire et Je résiderai parmi eux" (25,8). Selon le Alchikh haKadoch cela signifie : "à l'intérieur de chacun d'eux".
[ainsi une différence entre un juif est un non-juif est qu'un juif est un lieu de résidence pour Hachem! ]

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-> Le Gaon de Vilna (יהל אור - Béréchit 28, amoud 238) dit que la néchama d'un juif est fait d'un matériel différent de celui d'un non-juif.
Alors que l'âme d'un non-juif vient du Chamayim (Ciel), l'âme d'un juif trouve son origine dans l'olam haatsilout, le plus élevé de tous les mondes, où réside la Chékhina elle-même.

[ issu du dvar Torah : https://todahm.com/2022/03/17/une-vie-pleine-de-sens-dans-un-environnement-non-juif ]

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-> L'âme du juif émane de la source de vie située sous le Trône de Gloire. Elle s'appelle l'âme de Vie (nichmat 'haïm) et elle entre en l'homme lorsqu'il atteint l'âge de 13 ans, car à cet âge-là il mérite d'acquérir la Torah.
Cette âme lui vient car grâce à elle, il est disposé à étudier la Torah et à en comprendre les mystères.
Jusqu'à 13 ans, il n'a en lui que l'âme appelé l'âme vivante (néfech 'haya) qui lui donne la faculté de parler.
Les nations elles aussi ne possèdent que l'âme vivante car elles n'ont pas voulu accepter la Torah.
[ Méam Loez - Vaét'hanan 4,7-8]

[issu du dvar Torah : https://todahm.com/2022/09/20/les-privileges-que-d-a-accorde-aux-juifs ]

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-> Tout juif est considéré comme un tsadik, par le simple fait qu'au fond de lui-même, il désire faire ce qu'il faut aux yeux d'Hachem.
['Hafets 'Haïm - intro Séfer Chmirat haLachon]

Eliézer, le serviteur d’Avraham

+++ Eliézer, le serviteur d'Avraham :

"Il [Eliézer] dit : je suis le serviteur d'Avraham" ('Hayé Sarah 24,34)

-> Lorsque Loth et Avraham se séparèrent, Avraham nomma Eliézer administrateur sur tous ses biens et ses serviteurs.
Eliézer était le fils de Nimrot, fils de Kouch frère de Canaan, fils de 'Ham, fils de Noa'h.
Quand Avraham sortit vivant de l'épreuve de la fournaise ardente, Nimrod lui donna son fils Eliézer comme serviteur.
[comme l'a fait Pharaon en donnant comme esclave sa fille Hagar, comme il est écrit : "Mieux vaut pour ma fille être servante dans la maison d'Avraham que princesse dans une autre maison" (midrach Béréchit rabba 45,2).]

Cependant Eliézer était le descendant d'un peuple maudit, c'est la raison pour laquelle Avraham refusa catégoriquement d'unir la fille d'Eliézer avec son fils Its'hak comme il lui dit : "Mon fils est béni et tu es maudit ; le maudit ne s'unit pas avec le béni" (Rachi - 'Hayé Sarah 24,39).

=> Pourtant, lorsqu'Eliezer se rendit chez Lavan, celui-ci l'accueillit et lui dit : "Viens béni de d'Hachem! Pourquoi te tiens-tu dehors alors que j'ai débarrassé la maison" ('Hayé Sarah 24,31)?
Comment Lavan pouvait-il appeler Eliezer " béni d'Hachem" , alors qu'il portait sur lui le témoignage de la malédiction?

-> En effet, il est à noter que :
A l'époque il était su que toute personne ayant une couleur de peau noire était forcément un descendant de 'Ham qui fut maudit par son père Noa'h. [midrach haGadol 19,8]
Le guémara (Sanhédrin 108a) nous enseigne : "Ils sont trois à avoir enfreint l'ordre d'Hachem de se séparer de leur compagne durant tout le séjour dans l'arche : le chien, le corbeau et 'Ham le fils de Noa'h. Pour cette action perpétrée dans le noir, 'Ham fut puni mesure pour mesure. Il sortit de l'arche la peau noire et tous ses descendants resteront à jamais avec la peau noire."

-> Le rav Beniahou explique que dans les mondes supérieurs, la décision fut prise qu'Eliezer, fidèle serviteur d'Avraham, soit accepté au sein du peuple élu à la condition qu'il serve Avraham notre patriarche fidèlement et avec foi.
Lorsqu'il arriva chez Lavan afin de prendre Rivka d'après les instructions de son maître, Lavan lui dit : "Viens béni d'Hachem! Pourquoi te tiens-tu dehors alors que j'ai débarrassé la maison" ?
Nous apprenons qu'il retira tous les objets de culte d'idolâtrie, car Lavan était très riche et avait une grande maison qui disposait d'une pièce entièrement consacrée à cet effet. Il élimina toute trace d'idolâtrie en l'honneur d'Eliezer qui était un très grand juste.
Cette étape entraîna la réparation le "tikoun" (réparation) d'Eliezer. Ce n'est pas anodin si Eliezer qui avait la peau noire, rencontra Lavan, qui signifie littéralement "blanc". Car à ce moment-là, la peau d'Eliezer devint blanche.

[Des sages enseigne qu'un ange est venu et a mis ces paroles dans la bouche de Lavan.
Certains avis soutiennent qu'avant de s'appeler Lavan, son nom était Kouchan Réchatim, il fut appelé Lavan après sa rencontre avec Eliezer qui est devenu blanc.
D'autres avis soutiennent que son nom était Bilam avant de devenir Lavan après sa rencontre avec Eliezer. ]

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=> Si Eliezer, fidèle serviteur d'Avraham, fut accepté parmi le peuple élu de D., comment cela se traduisit-il concrètement?

-> Le Arizal explique qu'Eliezer se réincarnera en Kalev ben Yéfouné, l'un des 12 explorateurs envoyés par Moché en terre d'Israël. Lors de sa venue en Israël, kalev ben Yéfouné se précipita à 'Hebron pour prier au caveau de Makhpela et supplier "son maître" Avraham de ne pas tomber dans la faute avec les autres explorateurs.

Avant la naissance d'Itshak, Avraham parla à D. en disant : "Que me donneras-Tu alors que je m'en vais sans postérité et que l'intendant de ma maison est Eliezer de Damas? ... Tu ne m'as pas donné de descendance ; et voici celui qui est né dans ma maison héritera de moi" (Lé'h Lé'ha 15,2-3).
Avraham vit par prophétie qu'Eliezer son fidèle serviteur se réincarnerait quelques générations plus tard en Kalev ben Yéfouné qui héritera de 'Hebron. Et c'est ce que comprit aussi Lavan lorsqu'il parla à Eliezer en ces termes : "Viens béni d'Hachem! Pourquoi te tiens-tu dehors alors que j'ai débarrassé la maison".

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+ b'h, quelques autres enseignements au sujet d'Eliezer :

-> Le Pardes Yossef donne l'enseignement suivant :
"Selon le Pirké déRabbi Eliézer et le midrach Yalkout Chimoni, Eliézer le fidèle serviteur d'Avraham, n'était autre que le géant Og, qui est devenu par la suite le roi de Bachan (Og mélé'h aBachan).
D'après le Rachbam, il était tellement grand, qu'il avait besoin d'un lit spécial fait de fer afin de pouvoir supporter sa taille et son poids incroyables.

On comprend mieux pourquoi Eliézer a demandé à Rivka : "Y a-t-il dans la maison de ton père de la place pour nous, afin de passer la nuit?" ('Hayé Sarah 24,23).
En effet, il était si immense, qu'il n'était pas certain de pouvoir rentrer dans la maison.
Mais il a été rassuré, lorsque Lavan lui a dit : "Pourquoi te tiens-tu dehors alors que j'ai débarrassé la maison" ('Hayé Sarah 24,31) = maintenant qu'elle est vide, il y a de la place pour toi! "

[selon Rachi : J’ai nettoyé la maison = De toute idole]

-> Le Méam Loez ('Hayé Sarah 24,67) écrit :
En récompense pour l’accomplissement de sa mission, Eliézer fut affranchi par Avraham de son état d’esclave.
[D’après certains commentateurs,] il devint un roi identifié comme étant Og, le roi de Bachan. [Pirké déRabbi Eliézer]
Selon une autre opinion, Its’hak éleva Eliézer au rang de souverain des anges, et il entra vivant au paradis.

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-> On l'appelait Daméssek Eliézer car il était "dolé ou machké mi Torat rabo" : il puisait et abreuvait les autres de la Torah d'Avraham.
La guémara (Yoma 28b) dit même qu'il était à la tête de la yéchiva (roch yéchiva) dans la maison d'étude d'Avraham.

-> L'expression : "qui était maître de tout ce qui lui appartenait" ('Hayé Sarah 24,2), signifie qu'Eliézer, comme son maître Avraham, dominait entièrement son mauvais penchant.
[midrach Béréchit rabba 59,8]

-> Eliézer, jusqu'à ce jour, monte la garde à l'entrée de la caverne de Makhpéla.
[guémara Baba Batra 58a]

-> Nos Sages (guémara Sanhédrin 75a) nous enseignent que pour 3 personnes la terre s'est rétrécie : Eliézer le serviteur d'Avraham, Yaakov notre Patriarche, et Avichaï ben Tsarouya.
D'après le midrach Tan'houma, les explorateurs ont également bénéficié de ce miracle puisqu'Hachem allait les punir à raison d'un jour par année, Il a donc abrégé leur voyage.

Rachi ('Hayé Sarah 24,42) affirme que la terre s'est rétractée pour Eliézer.
De son côté, le midrach (Yalkout Chimoni) nous apprend qu'au lieu de 17 jours de trajet en chameau de Kyriat Arba à 'Haran, le voyage d'Eliézer n'aura duré que 3 heures.

-> Eliézer est l'un des [très] rares individus qui n'est pas mort, mais qui est entré vivant au Gan Eden.
[voir Kalla rabbati chap.3 ; et Déré'h Erets chap.1 de Séder Nézikin]

-> Il est écrit dans le Déré'h Erets Zouta :
10 Justes sont entrés vivants au gan Eden : 'Hanokh, Eliézer le serviteur d'Avraham, Séra'h la fille d'Acher, Batia la fille de Pharaon, le prophète Eliyahou, Eved le roi de Kouch, Hiram le roi de Tyr, Rabbi Yéhochoua ben Lévi, Yavets le fils de Rabbi Yéhouda haNassi, le machia'h.

-> Le Ram'hal enseigne :
"Bien que la purification du corps par l'âme soit l'essentiel de la vie dans ce monde ici-bas ... à cause de la faute d'Adam, toute créature doit passer par l'étape de la mort. [il n'y a aucune possibilité pour une âme de se purifier totalement en ce monde de la faute d'Adam, sans passer par la mort] ...
Si ce n'était à cause de la faute d'Adam, l'âme aurait pu assainir le corps d'une façon complète, au point que l'homme aurait pu entrer vivant dans le monde futur, comme Eliyahou haNavi et 'Hanokh l'ont fait en montant vivants au gan Eden."

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Il est écrit au sujet de 3 personnes, qu'ils avaient un visage ressemblant à celui de Avraham :
- pour Lot (Rachi - Lé'h Lé'ha 13,8) ;
- pour Its'hak (Rachi - Toldot 25,9) ;
- pour Eliézer (midrach Béréchit rabba 60,7). D'ailleurs, c'est pour cela qu'à son arrivée dans la maison de Bétouel et de Lavan, au début, ils pensaient à tort que c'était Avraham.

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+ "Il [Eliezer] dit : Je suis l'esclave d'Avraham" ('Hayé Sarah 24,34)

La Torah rapporte que quand Eliezer s'est assis avec la famille de Rivka pour leur expliquer le but de sa mission, la première parole qu'il tient à dire c'est : "Je suis l'esclave d'Avraham". Comme s'il était impatient de dire cela au point de ne rien pouvoir dire avant.
=> Cela peut paraître un peu étonnant. Ce n'est pas tellement habituel qu'un homme tienne tellement à dire qu'il est un esclave. Cela ne le met pas à son avantage!

-> Rabbi 'Haïm Chmoulevitch rapporte que le midrach enseigne que Eliezer ressemblait physiquement à Avraham. Quand Lavan le vit, il a cru qu'il s'agissait d'Avraham qu'il connaissait puisqu'il était de sa famille.
C'est pour cela qu'il lui dit : "Viens, toi qui est béni d'Hachem", en pensant qu'il parlait à Avraham.
Eliezer, qui avait compris cela, tenait le plus rapidement possible à corriger cette erreur. Et dès que l'occasion de parler lui fut donnée, il s'empressa de préciser qu'il était l'esclave d'Avraham, et pas Avraham lui-même.
Et même si ce n'est pas lui qui a fait croire cette erreur et qu'il n'était pas en faute, malgré tout, le fait que la famille de Rivka puisse penser qu'ils avaient affaire à Avraham, lui conférait un certain honneur, car ils avaient du respect pour Avraham. Et pour Eliezer, il n'était pas possible de profiter d'un honneur illusoire, qui venait d'une erreur. Et il saisit la première occasion pour corriger cela et rétablir la réalité, qu'en fait cet honneur ne lui revient pas.

Parfois, on peut se retrouver face à une situation où quelqu'un nous honore, nous félicite ou nous fait une louange qui n'est pas justifiée. Il commet une erreur pensant que l'on a fait quelque chose qui mérite une louange, mais il s'est trompé.
Non seulement, il ne convient pas de profiter de cette satisfaction illusoire, qui ne nous revient pas, car cela nous égare dans un comportement qui nourrit de l'imaginaire et cela éloigne de la réalité.
Mais Eliezer nous apprend qu'il convient même de s'empresser de corriger cet erreur à la première occasion qui nous est donnée, pour ne pas en tirer profit même pendant une certaine durée.

=> L'homme doit s'éloigner de la recherche des honneurs, encore plus si elles sont illusoires. Il est plus constructif de s'attacher aux vraies valeurs qui nous remplissent profondément, plutôt que de se laisser séduire par des éloges et des paroles mielleuses qui nous bercent d'illusions et ne nous remplissent que de vide.