Aux délices de la Torah

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La nécessité d’être reconnaissant

+ La nécessité d'être reconnaissant :

-> "Tu prendras des prémices de chaque fruit récolté par toi dans le pays qu'Hachem ton D. t'aura donné, et tu les mettras dans une corbeille ; et tu te rendras à l'endroit qu'Hachem ton D. aura choisi pour y faire régner Son Nom. Tu te présenteras au Cohen qui sera alors en fonctions, et tu lui diras : "Je viens reconnaître en ce jour, devant Hachem, ton D. que je suis venu dans le pays qu'Hachem avait juré à nos pères de nous donner"." (Ki Tavo 26,2-3)

-> Le Kav haYachar (18) au nom du Baal ha'Harédim, que le sens de cette mitsva (des bikourim - les prémices) est de remercier et de louer le D. de bonté pour tous les bienfaits dont Il nous a gratifiés. Nos Sages ont commenté les mots de notre verset : "Et tu Lui diras" ainsi : "C’est pour dire que tu n'es pas ingrat". Ce qui découle donc de cette mitsva, en ce qui nous concerne, est l'obligation de reconnaissance pour tous les bienfaits qu'Hachem a accomplis et continue à accomplir pour nous.

Voici ce qu'il écrit :
"Il n'existe aucun homme qui n'ait bénéficié d'un miracle. En particulier dans nos générations où les épreuves ne cessent d'augmenter chaque jour : de terribles décrets et de redoutables guerres, le glaive, la famine, des villes assiégées, attaquées, les épidémies.
Celui que Hachem a éclairé d'un rayon de lumière et qui a été préservé de tous ces maux est tenu de se rappeler en permanence la bonté d'Hachem et de ne pas faire preuve d'ingratitude. Plus encore, celui qui jouit de la bénédiction Divine, qui a le mérite de résider chez lui dans la sérénité, la tranquillité et la sûreté, et qui a une subsistance régulière, devra louer et remercier Hachem pour cela."

Le Séfer ha'Harédim insiste énormément sur cette obligation qui, selon lui, est incluse dans le commandement positif : "Tu diras en ce jour à Hachem ton D. : 'je suis venu dans le pays'.".
"De là, dit-il, on apprend que tous ceux qui reçoivent les bienfaits du Ciel et bénéficient de l'abondance que Hachem déverse sur eux ont l'obligation de Le remercier, de Le louer, et de ne pas émettre de griefs contre Lui comme le font ceux qui ont un regard malveillant et se plaignent de Lui d'autant plus qu'Il leur prodigue ses bienfaits."

-> Certains commentateurs expliquent, d'après cela, la juxtaposition de la Paracha des prémices avec celle qui nous ordonne d'effacer le nom d'Amalek (à la fin de la Paracha précédente [Ki Tétsé]).
Nos Sages (Tan'houma Béchala'h 25) expliquent, en effet, que Hachem provoqua l’attaque d’Amalek à cause de l’ingratitude dont firent preuve les Bné Israël lorsqu'ils s'écrièrent : "Est-ce qu'Hachem est parmi nous?"
Hachem dit alors : "Que vienne Amalek l'ingrat (cf. Rachi 'Houkat 20,17) et fasse payer au peuple son ingratitude" (cf. Rachi Béchala'h 17,8 : "Je suis constamment avec vous et disposé à vous prodiguer tous vos besoins et vous dites : ‘Est-ce qu'Hachem est parmi nous ?’").
Ces 2 thèmes (les prémices et Amalek) sont donc juxtaposés pour nous suggérer : "Souviens-toi de ce que t'a fait Amalek", lorsque vous étiez ingrats, c'est pourquoi : "Apportez vos prémices et remerciez ainsi Hachem en toute occasion, car c'est Lui qui vous prodigue tous les bienfaits!"

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+ Remercier Hachem constamment :

Le Chla'h haKadoch (12) rapporte le commentaire de Rachi sur le verset de notre paracha : "Tu te présenteras au Cohen qui sera alors en fonctions, et tu lui diras : "Je viens reconnaître"" : "tu lui diras", cela signifie que tu dois rappeler les bienfaits d'Hachem.
Et il le commente ainsi : "L'homme est ainsi tenu de se conduire vis-à-vis du Hachem, à chaque fois qu'Il lui amène un bienfait ou une réussite. Il devra Le louer et Le remercier pour avoir accompli cette chose, dans Sa bonté et Sa miséricorde."

-> Le Or ha'Haïm haKadoch écrit, pour sa part : "Il n'existe aucun moment ni aucun instant où Hachem n'agit pas en faveur de l'homme du point de vue de son corps ou de ses besoins."

-> L'Admour de Rofchitz ajoute, au nom de son père, Rabbi Ména'hem Mendel de Linsk :
"Il faut constamment remercier Hachem pour tous les bienfaits qu'Il accomplit à chaque instant et cela, pour toutes les sortes de bienfaits, qu'ils soient dévoilés ou dissimulés, comme le dit l’enseignement de nos Sages (guémara Yoma 22b) : "Combien l'homme ignore-t-il et ne ressent que c'est le Maître du monde qui l'a aidé!" "

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+ Remercier Hachem = c'est s'attirer les bénédictions :

-> Il est rapporté dans les livres saints : celui qui adopte comme conduite de remercier Hachem, attire sur lui un déversement de miséricorde et de bonté, et empêche les malheurs de l'atteindre.
La preuve, explique le Sfat Emet, est que nos Sages nous enseignent : "On n'interrompt pas la lecture de la to'hakha (תוכחה) [la paracha des "remontrances", dans les malédictions de Bé'houkotaï et de Ki Tavo], à savoir que l'on ne fait monter personne à la Torah au milieu de cette lecture.
La raison énoncée par nos Sages est que celui qui monte à la Torah doit commencer par dire : "baré'hou ét Hachem hamévora'h" ('Bénissez Hachem qui est béni') ; de ce fait, Hachem dit : "Il n'est pas légitime que Mes enfants reçoivent des malédictions alors que Moi, je reçois une bénédiction!"

=> On voit donc bien que lorsque la louange à Hachem est présente, elle repousse la malédiction.
Le Sfat Emet conclut :
"C'est pourquoi, mon conseil est d'accepter les épreuves avec amour, de remercier et de louer Hachem pour cela. Dès lors, il Lui paraîtra illégitime que l'homme qui Le bénit soit lui-même dans la souffrance, ce qui est facile à comprendre."

-> Le Tiféret Chlomo enseigne :
"On sait bien qu'un homme qui désire demander ce dont il aura besoin dans le futur, doit auparavant exprimer sa reconnaissance sur ce qu’il a eu dans le passé. Il pourra ensuite attirer sur lui la bonté d'Hachem concernant l'avenir.
C'est ce qui est écrit : "Louez Hachem qui est bon, parce que Sa bonté est éternelle" = lorsque l'homme loue Hachem sur le passé, il s'attire grâce à cela de nouveaux bienfaits."

Ce qui précède lui sert à expliquer également pourquoi les Guéonim ont institué de dire pendant les 10 jours de pénitence (Ecris pour une bonne vie tous les membres de Ton alliance - וכתוב לחיים טובים כל בני בריתך), au beau milieu de la bénédiction de "Modim" dans la Amida.
Quel rapport existe-t-il entre cette requête et la bénédiction qui est entièrement consacrée à remercier Hachem?
Et le Tiféret Chlomo de répondre qu'en remerciant Hachem sur l'année écoulée, l'homme est alors en mesure de prier pour une bonne année à venir.

-> Un des Tsadikim de notre génération en déduit la raison pour laquelle on lit la paracha des prémices (bikourim) à la fin de l'année.
Il dit : "C'est afin de suggérer, particulièrement à cette époque de l'année, l'obligation d'exprimer notre reconnaissance envers Hachem pour toutes les bontés dont Il nous a gratifiées durant l'année précédente, comme il y est écrit : "Et tu te réjouiras de tout le bien" (verset 11)."
Le verset du prophète Yéchayahou (55,12) : "Lorsque vous sortirez dans la joie", y fait allusion car il évoque que la sortie de l'année doit se faire dans la joie et la louange pour tout le bien reçu.

-> Il est écrit dans le Séfer Kadoch véNora Chémo :
la guemara (Béra'hot 20b) rapporte que les anges vinrent devant Hachem et Lui demandèrent : "Maître du monde, Tu as écrit dans Ta Torah" (Ekev 10,17) : "(Hachem) qui ne fait pas de préférence et ne se laisse pas corrompre", et pourtant, Tu te laisses corrompre puisqu'il est écrit : "Qu'Hachem dirige Son regard vers toi" (Nasso 6,26) (le terme employé est פנים ישא ,accorder sa préférence)?
- Comment ne leur accorderais-Je pas Ma préférence, leur répondit-Il, alors que J'ai écrit dans Ma Torah (8,10) : "Tu mangeras et tu seras rassasié et tu béniras Hachem ton D.", et eux, veillent (de leur propre initiative) à Me bénir déjà à partir du volume d'une olive ou d'un œuf!"

D'après la Torah, en effet, il n'y a d'obligation de réciter le 'Birkat Hamazon' que si on a mangé du pain à satiété, et les Bné Israël ont pris sur eux de dire déjà ces actions de grâce après avoir mangé seulement le volume d'une olive ou d'un œuf, même sans en être rassasié, et c'est pour cette raison qu'Hachem leur accorde Sa préférence.

=> De là, on peut tirer comme enseignement que même si un homme remercie Hachem sans être "rassasié de miracles ni de prodiges" ni ressentir que toute l'année s'est bien passée, malgré tout, s'il loue Hachem sur un "petit miracle du volume d'une olive'', il méritera que Hachem soit clément à son égard. Et qui n'a pas besoin de la clémence Divine le jour du jugement de Roch Hachana lorsque notre unique souhait est de mériter alors d'être jugé avec miséricorde? Voici donc un excellent conseil pour mériter une douce et bonne année!

-> autres commentaires sur cette guémara (Béra'hot 20b) : https://todahm.com/2021/01/21/39906

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-> b'h, voir également sur ce verset & la reconnaissance : https://todahm.com/2018/10/10/7274-2

"Hachem t’a glorifié à son tour en te conviant à être Son Peuple privilégié ... Il veut que tu deviennes la première de toutes les Nations qu’Il a faites, pour la louange, pour le nom et pour la splendeur ; et pour que tu sois un Peuple consacré à Hachem, ton D., comme il l’a déclaré" (Ki Tavo 26,18-19).

-> Le Baal HaTourim explique ainsi l’expression : "pour la louange, pour le nom et pour la splendeur" = "Autant que les juifs louent et glorifient le Nom, autant cela sera splendeur pour eux".
Ainsi, cite-t-il la guémara (Méguila 15b) : Dans le futur, Hachem sera une couronne sur la tête de chaque tsadik, comme il est dit : ‘En ce jour, Hachem sera une couronne de gloire et un splendide diadème’ (Yéchayahou 28, 5)."
Le Baal Hatourim explique alors : "Cette couronne par laquelle ils ont couronné Hachem lors de leurs prières, leur reviendra sur eux. En revanche, celui qui prononce des paroles profanes à la synagogue, verra son corps entouré de ronces."

Elloul = inverser la rigueur Divine en miséricorde absolue

+++ Elloul : inverser la rigueur Divine en miséricorde absolue :

"Elle se dépouillera de son vêtement de captive, elle demeurera dans ta maison, et pleurera son père et sa mère un mois entier" (Ki Tétsé 21,13)

-> Le Zohar ('Hadach 72b) commente ce verset au sujet de la téchouva : "Elle pleurera son père et sa mère un mois entier" = c'est le mois d'Elloul où Moché est monté sur la montagne pour demander miséricorde devant Hachem.

-> Le rav 'Haïm Vital (Ets Ha Daat) explique ce commentaire du Zohar de la manière suivante :
"Le temps le plus propice où cette téchouva est acceptée est le mois d'Elloul qui est appelé "le mois des jours redoutables".
Car alors ta prière est entendue et les portes du repentir sont grandes ouvertes, comme il est écrit : "Invoquez-Le lorsqu'Il est proche."
C'est le sens profond de l'allégorie : "ani lédodi védodi li" (Je suis à mon Bien-aimé et mon Bien-aimé est à moi - ודודי לדודי אני לי), dont les initiales forment le mot : Elloul (אלול), car alors Hachem devient proche et s’éprend d'amour pour l'homme qui se repent."

-> Le Gaon de Vilna commente le verset : "Je restai prosterné devant Hachem pendant 40 jours et 40 nuits" (Ekev 9,25). Il explique qu'il s'agit des 40 jours entre Roch 'Hodèch Elloul et Yom Kippour durant lesquels Moché ne fit rien d'autre que de se répandre en prières pour intercéder en faveur des Bné Israël.
Le Gaon de Vilna ajoute : c'est pour cela que ces 40 jours furent institués comme jours de prières et de supplications, et qu'à Yom Kippour, Hachem agréa leur repentir.

-> Le Chaar Hamélekh (1,5) explique le thème des 40 jours à l'aide de l'enseignement de nos Sages (guémara Béra'hot 60a) selon lequel : "Pendant les 40 jours de la formation du fœtus, les parents peuvent prier pour que ce soit un garçon", car il est encore possible de le transformer (grâce à la
prière) d'une fille en garçon.
Ces 40 jours entre le début d'Elloul et Yom Kippour, eux aussi, sont assimilés aux jours de "formation du fœtus" de l'année prochaine. L'homme est alors encore en mesure de solliciter la miséricorde Divine afin d'inverser "l'attribut féminin" qui représente (dans la kabbale) la Midat Ha Dine, la rigueur, en "attribut masculin" qui symbolise l'émanation de la miséricorde absolue.

-> Le rav Elimélé'h Biderman ajoute :
Le bon sens exige qu'au lieu de se fatiguer et de travailler difficilement pour sa subsistance durant toute l'année, ce qui de toutes façons ne changera rien, il est préférable d'investir tous ses efforts (en lisant
des Téhilim, en priant, ...) durant tous ces jours et de se préparer ainsi à l'approche du ''Yom Hadine Hagadol'' (le grand jour du jugement : Roch Hachana), où le lot de chaque créature sera fixé.
[par exemple, le Rachab de Loubavitch déclara un jour : "La saison du mois de Elloul, c'est le livre des Téhilim!"]
Grâce à cette préparation, l’homme pourra récolter de confortables bénéfices pendant toute l'année qui s'annonce. Il ne s'agit d'ailleurs pas seulement de sa subsistance, mais de tous les domaines de l'existence.
Combien un homme peut-il influencer sur sa situation en investissant toute son énergie et toutes ses forces à prier convenablement pendant cette période, et combien il s'épargnera ainsi de tracas et d'efforts superflus durant toute l'année à venir!

-> Selon le Maguid de Douvno :
Il y a celui qui se prépare durant tout le mois d'Elloul, jusqu’à Roch Hachana, qui multiplie les efforts pour se repentir, qui supplie de sortir méritant du jugement. Dès lors, le moment venu, il suscite la miséricorde d'Hachem et il est légitime que l'on ait pitié de lui.
A l'inverse, certains traversent tout le mois d'Elloul sans aucune préparation convenable. Et lorsqu'arrive Roch Hachana, ils se souviennent brusquement de demander miséricorde car "juste" maintenant, ils ont rendez-vous avec le Roi et ouvrent largement leur bouche pour prier!

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-> b'h, également sur ce verset : https://todahm.com/2018/10/10/7412-2

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-> En parlant de la femme captive qui est prise pendant la guerre, le verset dit : "Elle doit pleurer son père et sa mère pendant un mois" (Ki Tétsé 21,13).

-> Le Zohar ('Hadach - Ki Tétsé) commente : "un mois" = cela fait référence au mois d'Elloul.

Quel est le lien entre ce verset et le mois d'Elloul?
Le Arizal (Séfer haLikoutim - Ki Tétsé) explique que le "père" dont il est question dans ce verset est Hachem, et la "mère" est le peuple juif.
La Torah enseigne ici que nous devrions pleurer des larmes de joie pendant le mois d'Elloul en raison du grand amour qu'Hachem nous témoigne, le peuple juif, pendant Elloul, ce qui est représenté par le verset (Chir haChirim 6,3) : "ani lédodi védodi li".
Ce sont des jours de proximité exceptionnelle avec Hachem.
En fait, le Arizal écrit (Siddour HaAri - Roch 'Hodech Ellul) que pendant la période allant de Roch 'Hodech Elloul à Hochana Rabba, toutes les portes des 13 Attributs de miséricorde d'Hachem sont grandes ouvertes, nous offrant un accès total à ces Attributs.

En général, lorsque nous pensons au mois d'Elloul, nous nous disons : "Oh, non, nous devons encore subir tout cela!" (se lever tôt pour les séli'hot, faire téchouva, des longues prières et journées de fête, ...).
Mais si nous comprenions l'étendue de la bonté dont Hachem fait preuve à notre égard durant cette période, nous envisagerions cette période de l'année avec une attitude bien différente. Avoir des fautes à notre actif est la pire des choses pour nous, et nous ne nous rendons pas compte des graves dommages qu'ils causent à notre vie.
Hachem, cependant, connaît les dommages qu'elles causent, et c'est pour cette raison qu'Il nous donne l'opportunité de nous purifier et de recommencer chaque année, afin que nos fautes ne s'accumulent pas.

Imaginez un condamné qui est emprisonné pour les crimes les plus graves jusqu'au jour où le juge lui dit : "Sentez-vous mal à propos de ce que vous avez fait, et nous vous libérerons. Nous vous paierons même pour cela, et personne ne se souviendra jamais du crime que vous avez commis. Mais ce n'est pas tout. Après avoir été libéré, tu feras partie de l'élite mondiale".

C'est précisément l'offre qu'Hachem nous fait. Quel que soit la faute que nous avons commise, tant que nous nous repentons, nous sommes non seulement pardonnés, mais aussi récompensés, car la téchouva constitue une mitsva.
De plus, la faute est entièrement et définitivement effacé de tout registre, et si nous nous repentons par amour pour Hachem, alors nos fautes sont transformées en mérites.
En outre, en faisant la téchouva, nous atteignons un statut d'élite, comme l'indique la guémara (Béra'hot 34b) : les plus grands tsadikim ne se tiennent pas à la place des pécheurs pénitents.

Hachem est si gentil avec nous. Peut-on imaginer un tribunal humain dire à l'accusé de regretter son crime et de se repentir un mois avant son procès, et il sera alors gracié?
Pourtant, c'est précisément ce que fait Hachem, en nous invitant à nous repentir pendant 30 jours avant notre "procès" de Roch Hachana, afin d'obtenir un jugement favorable.
Mais cela va encore plus loin. Si nous ne profitons pas de cette extraordinaire invitation au repentir et que nous arrivons à Roch Hachana mal préparés pour notre jugement, Hachem nous aime tellement qu'Il dit : "D'accord, nous organiserons un nouveau procès la semaine prochaine". Il nous accorde la période des 10 jours de repentir pour faire téchouva, et le jour du nouveau procès, Yom Kippour, nous vaut automatiquement l'expiation. Tout ce qui nous est demandé, c'est un peu d'effort sincère pour nous améliorer et nous repentir.

Hachem veut tellement que nous soyons purs et que nous puissions jouir de ce monde et de l'autre, et Il nous a miséricordieusement donné le don de la téchouva. Profitons de ce don extraordinaire et utilisons-le pour nous rapprocher d'Hachem, Lui permettant ainsi de nous accorder la bénédiction qu'Il souhaite sincèrement nous accorder.
[rav David Ashear]

Savoir dire NON = dire OUI à Hachem

+ "Qui est le Fort? Celui qui bride son penchant" (Pïrké Avot 4,1)

-> "L’homme n’a pas de supériorité sur l’animal" (roi Shlomo - ומותר האדם מן הבהמה אין - Kohélét 3,19)

Un explication plus profonde est que la capacité supérieure de l’homme sur la bête de refuser, de dire non (ayin - אין). Par exemple, refuser les visions inappropriées, les pertes de temps, ...
[quelqu'un qui ne sait pas dire non, ne saura pas dire non à son yétser ara]

C’est parce que nous disposons du libre-arbitre, la capacité de choisir (bé'hira - בחירה). En fait, le mot בחירה (bé'hira) est l’anagramme de בחר יה (ba'har ya = choisir Hachem). Avec son בחירה (libre arbitre), un homme choisira de s’attacher à Hachem.
Par conséquent, בחר (ba'har) est aussi l’anagramme de חבר ('hibour - un lien), puisque l’on peut s’attacher à Hachem via notre bé’hira, si l‘on en fait bon usage.
Et le mot "ayin" (אין) est l’acronyme de אדם יש נשמה (adam yéch néchama - l’homme a une âme).

Cela nous éclaire sur le nom ישראל (Israël) composé des lettres ישר לא (yachar lo - les gens Droits (yachar) qui peuvent dire Non).

Plus ont dit non à son yétser ara, plus on s’unifie à D.
Le nom אלול (Elloul) y fait allusion puisqu’il se décompose en לא לו . Plus on dit “Non” (לא - lo), plus nous sommes à Lui (לו - lo), à Hachem.

[d'après rav Yéhochoua Alt]

"L'homme a plus d'égards pour son pied que pour la tête de son prochain"
[Maharach de Loubavitch]

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[on peut éventuellement y ajouter que naturellement on préfère écraser (de notre pieds) notre prochain pour mieux se sentir important (avoir la tête haut).
Or être juif c'est aller contre cette tendance animale, pour plutôt marcher dans les "traces" d'Hachem, laisser s'exprimer la divinité (âme) qui est en nous.]

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+ Ne pas faire honte à autrui = c'est mériter des miracles!

-> La guémara ('Houlin 7a), rapporte l'histoire de Rabbi Pin'has Ben Yaïr qui était en chemin pour accomplir la mitsva de libérer des prisonniers. Lorsqu'il arriva tout près du fleuve Guinaï, il lui demanda de séparer ses eaux en deux afin de le laisser poursuivre sa route. Après quelques pourparlers, le fleuve se sépara en deux, et Rabbi Pin'has Ben Yair put le traverser. La guémara nous dit qu'on apprend de cet épisode la grandeur de Rabbi Pin'has Ben Yaür, qui a mérité le même miracle que celui de Moshé, accompagné des six-cent-mille Fils d'Israël.

Le Talmud de Jérusalem (Dmai 61 ; halakha3) rapporte que les élèves de Rabbi Pin'has, qui étaient restés sur l'autre rive du fleuve, demandèrent à leur maître si eux aussi pouvaient passer sans craindre que le fleuve ne se refermât sur eux. A quoi il leur répondit, d'après l'explication du Penei Moché, que quiconque est certain de ne jamais avoir fait honte à un Juif de toute sa vie, et n'a pas négligé de le respecter, peut passer sans craindre aucun dommage.

Rabbi Pin'has a appris à ses élèves que D. accomplit des miracles qui défient les Lois de la Nature, comme séparer les eaux de la Mer des Joncs, pour ceux qui se comportent avec le prochain au-dessus des Lois de la Nature : ceux qui veillent à ne pas faire honte, à ne pas causer de peine, à ne pas blesser, et qui ne négligent pas de respecter un juif.

Dans le monde à venir, comme l'explique Rech Lakich : il n'y a pas de guéhinam dans le monde à venir, mais Hachem fera sortir le soleil de son écrin ; son rayonnement (intense) sanctionnera les réchaïm et guérira les tsadikim.
[guémara Avoda Zara 3b]

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=> Le Guéhinam existe-t-il ou non dans de monde à venir?

-> Le midrach (Béréchit rabba 26,6) signale 3 avis sur le Guéhinam (enfer) :
1°/ selon Rabi Yanaï et Rabi Chimon ben Lakich (Rech Lakich), il n'existe pas de Guéhinam dans le monde à venir, mais un soleil très chaud, sorti de son écrin, qui sanctionnera les réchaïm qui ne pourront pas supporter ce rayonnement intense et brûleront, comme il est dit : "Car voici, ce jour vient, brûlant comme une fournaise : Tous les hautains et les impies seront comme du chaume et ce jour qui vient va les consumer" (Mala'hi 3,19).
2°/ Selon les Rabanan, le Guéhinam existe, selon ce verset : "Telle est la parole de Hachem qui a Son foyer à Tsion et Sa fournaise à Yérouchalaïm" (Yéchayahou 31,9).
3°/ Selon Rabi Yéhouda bar Ilaï, il n'y aura ni Guéhinam ni soleil très chaud, mais un feu sortira du corps du racha pour le brûler.

-> Selon le Ran :
L'affirmation de Rech Lakich, selon laquelle il n'y a pas de Guéhinam (enfer), mais Hachem fera sortir le soleil de son fourneau pour sanctionner les réchaïm, ne concerne que la période du monde à venir, c'est-à-dire après la résurrection des morts.
Par contre, juste après la mort d'une personne, le Guéhinam existe certainement pour expier les fautes.

-> Selon le Maharal ('Hidouché Agadot) :
Dans ce monde-ci, le soleil est placé dans un "écrin" qui filtre ses rayons de façon à atténuer la chaleur reçue qui devient supportable.
Cependant, aux temps futurs, Hachem fera sortir le soleil de son écrin et son rayonnement deviendra : 7x7x7 = 343 fois plus intense, selon ce verset : "Et la lumière du soleil deviendra 7x7x7 = 343 fois supérieure à celle des 7 jours" (Yéchayahou 30,26).

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=> Pourquoi est-ce en même temps que les réchaïm sont sanctionnés et les tsadikim récompensés dans le monde à venir?

-> Selon le Torat 'Haïm :
Dans le monde à venir, Hachem fera savoir à tous (réchaïm et tsadikim) qu'Il est Un et que Son Nom est Un. C'est pourquoi, au même moment, le soleil brûlant sorti de son écrin sanctionnera les réchaïm et récompensera les tsadikim pour leurs actions dans ce monde-ci (olam azé).
En effet, les réchaïm pourraient se dire que les bienfaits et les maux n'émanent pas de Hachem, mais sont des faits accidentels, dus au hasard, ou naturels. Mais lorsqu'ils verront que certains (les réchaïm) seront frappés en même temps que d'autres (les tsadikim) seront guéris, les réchaïm reconnaitront l'unicité d'Hachem et de Son Nom.
Ainsi, la sanction et la récompense ont une même source : Hachem qui juge nos actions.

-> Le Maharach enseigne :
Le soleil est chaud dans sa nature, cependant son rayonnement n'a pas le même effet selon la nature du récepteur. C'est ainsi que sous l'effet du même soleil, le sel durcit et se fige, tandis que la cire fond.
De même, l'effet du soleil intense du monde futur aura un effet différent sur les réchaïm qui "brûleront" (en sanction) et sur les tsadikim qui "guériront".

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=> En quoi le soleil du monde à venir sanctionne-t-il les réchaïm (impies) et récompense-t-il les tsadikim (Justes) selon le principe de mesure pour mesure?

-> Le Einé Its'hak explique :
Les réchaïm se sont "échauffés' pour accomplir de nombreuses transgressions (avérot) durant leur vie sur Terre. Par le principe de réciprocité, mesure pour mesure, ils souffriront dans le monde à venir de l'échauffement excessif du soleil qui sortira de son écrin.
Par contre, les tsadikim se sont "échauffés" dans leur amour pour Hachem, à travers l'étude de la Torah et l'accomplissement des mitsvot durant leur vie sur Terre. C'est pourquoi, mesure pour mesure, ils mériteront d'être récompensés dans le monde à venir par le réchauffement du soleil qui les guérira et leur apportera du plaisir.

[Si le soleil, source de lumière et de chaleur, constitue ne bénédiction (béra'ha), le soleil sorti de son écrin dans le monde-à-venir constitue une super-bénédiction. Les réchaïm en souffriront, car ayant rejeté les mitsvot, ils ne sont pas préparés à cette super-bénédiction, tandis que les tsadikim, ayant pratiqué les mitsvot sont prêts pour cette super-bénédiction qui leur sera bénéfique. ]

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[l'idée est que dans le monde à venir toute la Vérité sera tellement éclatante qu'elle nous éblouira.
ex: Combien de souffrances pourrait-on avoir sur ce qu'on aurait pu faire dans notre vie et que l'on a pas fait (notre yétser ara nous anesthésiant)? Et inversement, combien de bienfaits nous amènera ces rayons de Vérité pour la moindre chose que nous aurions fait ou retenu de faire selon la volonté d'Hachem. ]

Celui qui ne comprend pas le sens des ennuis qui l'ont accablé et par conséquent ne se repent pas, "se conduit avec cruauté ". Cruauté envers qui? Envers lui-même, "car il ajoute au malheur d'autres malheurs".
[Rambam - Hilkhot Taanit 81,3]

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-> "De la bouche du Supérieur n’émanent ni les maux ni les biens?" (Eikha 3,38)

-> Rachi l'interprète en ces termes :
"Tout homme devrait se lamenter sur ses péchés, car ce sont eux qui attirent le mal sur lui ... Le mal arrive à celui qui commet le mal, et le bien à celui qui fait le bien. Par conséquent, pourquoi un homme devrait-il être en colère, si ce n’est à propos de ses péchés?"

Savoir pardonner autrui

+ Savoir pardonner autrui :

-> Le Rambam (Hilkhot Téchouva - chap.2) enseigne :
"Il est interdit d'être cruel et de refuser d'être apaisé. On doit au contraire s'apaiser facilement, et se mettre en colère difficilement; et à l'instant où celui qui a fauté nous demande pardon, on doit lui pardonner de tout cœur, sincèrement. Même s'il nous a causé beaucoup de tort et a fauté lourdement, on ne se vengera pas, et on ne tiendra pas rancune. Telle est la conduite d'un descendant d'Israël, au cœur pur.

-> Le 'Hafets 'Haïm (Michna Beroura 606,8 et Chaar Hatzioun alinéa 8 ) écrit :
"Dans le Ciel, l'homme est jugé mesure pour mesure. Il doit pardonner même si l'autre lui a causé du tort volontairement, en le défiant ; ainsi il méritera que lui soient pardonnées ses fautes intentionnelles. Celui qui dépasse son penchant mérite qu'on passe sur toutes ses fautes.
Au moment de pardonner et de renoncer, on voit le dommage énorme qui découlera de ce renoncement, ce qui rend cette action encore plus difficile à effectuer. Mais il faut savoir qu'on ne perd rien quand on renonce, bien au contraire : c'est le renoncement lui-même qui entraîne un gain, tandis qu'on perd sans cela."

-> Celui qui s'empresse de pardonner est digne de louanges, et qu'il est empreint de l'esprit de nos Sages.
[ 'Hovel Oumazik (5,10)]

-> Rabbi Chlomo Zalman Auerbach avait demandé que, lorsqu'on l'enterrerait, on ne fasse pas de discours. Seule une chose devait être dite. Son fils, Rabbi Avraham Leib de Tibériade, lut devant 300 000 personnes un texte où son père demandait que si, Dieu l'en préserve, il lui était arrivé de blesser quelqu'un, ce dernier veuille bien lui pardonner. Comment un Rav de son envergure aurait-il pu blesser quelqu'un?
Il ne se contenta pas d'une demande générale, mais précisa ce qu'il entendait par "blesser" : il se pouvait qu'on soit venu lui poser une question et qu'il n'ait pas répondu de suite...
Rabbi Chlomo Zalman Auerbach écrivait : "Je demande votre mansuétude, et que chaque personne ici présente à mon enterrement dise qu'elle pardonne à Rabbi Chlomo Zalman Auerbach, fils de Rav 'Haïm Leib."

Il ajouta à cette demande une explication qui en donnait 2 raisons :
- La première, c'était que l'on soit bon et généreux avec lui, et pas assez cruel pour ne pas lui pardonner. En effet, ces affaires allaient le poursuivre là-Haut, et il risquait de souffrir terriblement à cause de cela.
- La deuxième, c'est qu'il n'était pas avantageux de ne pas pardonner. En effet, si l'on ne pardonne pas, celui qui nous a fait du mal sera sanctionné et subira des préjudices, mais celui à cause de qui on sanctionne sera puni pour cela, si bien qu'en l'absence de pardon, tout le monde est perdant.

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+ Quelles conséquences si on en pardonne pas autrui (d'après le rav Yaakov Pozen - Adéraba) :

-> Rabbi Yaakov Galinski (vé'igadéta) nous dit que tant qu'un homme n'a pas apaisé son prochain, il ne reçoit pas de pardon sur les fautes effectuées envers D.
Voici sa source : Il est écrit dans la guémara (Yoma 85b) : "Rabbi Eléazar ben Azaria explique le verset : "de toutes vos fautes devant D. vous vous purifierez" (A'haré Mot 16,30) : les fautes faites envers D. sont pardonnées à Yom Kippour, et les fautes faites envers son prochain ne sont pas pardonnées à Yom Kippour."

-> Le Min'hat 'Hinoukh, quant à lui, dit que chaque faute commise envers son prochain contient aussi une faute envers D., et qu'après avoir apaisé son prochain, nous avons l'obligation de la reconnaître et de nous repentir pour ce qui concerne la faute commise envers Dieu.
Mais tant que l'on n'a pas apaisé son prochain, il n'y a pas de pardon pour la part relative à D., et le repentir reste sans effet.

-> Le Rif se demande ce que ces paroles de Rabbi Éléazar Ben Azaria ajoutent à la Michna. En effet, l
Michna dit déjà que les fautes effectuées envers D. sont pardonnées à Yom Kippour, mais que les fautes effectuées envers son prochain ne sont pas pardonnées à Yom Kippour. S'il voulait dire que ceci est tiré du verset : "de toutes vos fautes devant D. vous vous purifierez", pourquoi ne pas simplement le citer?

Le Rif répond que Rabbi Éléazar Ben Azaria vient ajouter que si nous avons fauté envers notre prochain, le pardon de l'ensemble de nos fautes, même celles qui sont sans rapport avec celle-là, dépend de ce que nous apaisions celui à qui nous avons fait du mal.
Il tire cet enseignement du verset : "Car ce jour-là Il vous pardonnera, pour vous purifier de toutes vos fautes devant D.
Le dernier mot, "vous vous purifierez", vient nous dire que ce pardon promis ne sera effectif que lorsque vous vous purifierez des fautes commises envers votre prochain.

[selon cet avis du Rif,] Même si nous avons fauté envers une seule personne, une seule fois, peut-être pas gravement, et que nous ne faisons pas en sorte d'obtenir son pardon, cette légère faute, D. nous en préserve, bloque le pardon de toutes les autres !

-> En contrepartie, il pèse une responsabilité sur la victime, comme l'écrit Rabbi 'Haïm Palaggi : même si on l'a blessée, qu'on a eu tort, que l'offense est importante; même si la victime a le droit, strictement, d'en tenir rigueur, et n'est pas obligée de pardonner, elle doit avoir en tête que sa colère a pour conséquence d'empêcher l'autre d'obtenir le pardon pour toutes les autres fautes!

-> Le Choul'han Aroukh va plus loin (Ora'h 'Haim 422,1) : celui qui refuse de pardonner est appelé 'cruel', et Dieu, qui rend mesure pour mesure, risque de se montrer cruel envers lui le jour du Jugement.
En refusant de pardonner, il fait du tort à l'ensemble du peuple d'Israël, comme le dit le Tour sur le midrach : lorsque Samaël, l'ange accusateur, voit que l'assemblée d'Israël est sans fautes, le jour de Yom Kippour, il dit : "Maître du monde, il est un peuple sur Terre qui est comparable aux anges de service. De même que les anges de service ne sont entachés d'aucune faute, Israël n'est entaché d'aucune faute. De même que la paix règne parmi les anges de service, la paix règne en Israël. D. entend le témoignage de l'ange accusateur, et leur pardonne."

-> Le Lévouch écrit à ce propos que si la paix ne règne pas, le Satan aura la possibilité de porter des accusations en disant : "Maître du Monde, ceux qui se tiennent devant Toi, et Te demandent de pardonner leurs fautes, méritent que Tu Te conduises comme eux. Ils refusent de se pardonner l'un l'autre, Toi non plus, ne leur pardonne pas!"
Il en profite pour mentionner leurs fautes et ajoute : "Celui-ci a fait une petite faute envers son prochain, qui refuse de lui pardonner. A plus forte raison, les fautes qu'ils ont commises à Ton égard, qui sont immenses et innombrables, pourquoi les leur pardonner?"

-> La guémara (Shabbat 149b) écrit que celui à cause de qui l'autre est puni, n'est pas admis dans l'entourage de D. De qui la guémara parle-t-elle précisément?
De Navot le Yizrééli, que A'hav, privé d'héritage dans le Monde futur, a accusé à tort, a assassiné et dépossédé de ses biens. L'esprit de ce même Navot, lorsqu'il a voulu se venger de A'hav, a été exclu de l'entourage de D.

De même D. dit à David : "Jusqu'à quand cette faute te poursuivra-t-elle ? C'est à cause de toi que fut détruite Nov, la ville des Cohanim, que Doeg HaAdomi a été malmené, à cause de toi que Chaoul et ses trois fils sont morts. Veux-tu que J'anéantisse ta descendance, ou que Je te livre aux mains des ennemis?"
Qui est capable de comprendre une chose pareille? Est-ce la faute de David si Doeg a été jaloux de lui, a inventé une fausse accusation contre la ville de Nov, la ville des Cohanim, à cause de lui, et a excité Chaoul contre lui?

Sauf que d'autres ont été punis à cause de lui ... Au final, même si l'autre est coupable, si nous refusons de lui pardonner, qu'à cause de nous il a des ennuis à Yom Kippour et qu'il s'ensuit pour lui des malheurs et des préjudices, la responsabilité nous en reviendra. Pourrons-nous nous pardonner de telles conséquences?
Même s'il ne s'est pas repenti, et continue à mal agir, on a intérêt à lui pardonner. C'est notre intérêt personnel, comme il est écrit dans la guémara (Roch Hachana 7a) : "Celui qui pardonne, toutes ses fautes lui sont pardonnées."

Ce principe n'est pas valable seulement pour Yom Kippour, mais pour tous les jours de l'année. Rabbi Yossi soutient que nous sommes jugés chaque jour, et que nous prions donc chaque jour pour le salut et pour la réussite; pour cette même raison, nous devons nous empresser de pardonner, et ainsi mériter le pardon de nos propres fautes et voir se réaliser nos souhaits.

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+ L'humiliation et le pardon simultanés :

-> Le 'Hida (Méirat Einayim) rapporte une histoire qu'il a entendu raconteur par l'auteur du Ohr ha'Haïm haKadoch. Elle se passa dans la ville où il vivait.
"L'un des dirigeants communautaires, qui était ministre du roi, manqua de respect à un sage. Le Rav l'appela pour l'apaiser, et commença à lui dire des paroles de conciliation. Mais l'homme répondit au Rav : 'Pourquoi vous donner ce mal? Alors que le ministre me dénigrait, je lui avais déjà pardonné. Le Zohar, en effet, nous dit que les fautes d'Israël pèsent, en quelque sorte, sur les ailes de la Providence. Or si je ne pardonne pas à cet homme qui a fauté en me manquant de respect, sa faute reste entière et fait souffrir la Providence. C'est pourquoi je me suis empressé de pardonner, pour que la faute n'ait pas le temps d'exister, de sorte que l'humiliation et le pardon ont eu lieu en même temps, et que la Providence n'a pas eu à souffrir'."

=> Le 'Hida dit : "À la lumière de cette histoire, nous comprenons pourquoi celui qui pardonne est pardonné : en pardonnant à son prochain, il évite une souffrance à la Providence, et par mesure de réciprocité, on lui pardonne ses fautes."

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+ Précision sur la notion de "pardon" :

-> Rabbi Mena'hem Stein nous enseigne : "Il faut savoir que le terme pardon (Me'hila), vient de la racine "Ma'hol" (ronde, cercle).
Pardonner vraiment, c'est repartir en arrière, comme si la blessure n'avait pas existé. Quand on a été touché profondément, en général il n'est pas possible d'effacer complètement.

-> Dans le livre HaKarmel, on rapporte au nom du Malbim que pardonner, c'est effacer la faute ou la blessure de la réalité.
Le Roi David (Téhilim 130,4), s'adresse à D. en Lui disant : "Le pardon est Ton fait, c'est pourquoi on Te révère".
Rachi explique que le pardon ne peut se trouver que chez Di. Seul le Créateur a une force telle qu'I peut laver complètement, et faire disparaître une action déjà commise, selon le principe : "Il écartera tes fautes, et tes péchés seront pardonnés" (Yéchayahou 6,7), dans le sens où la faute est écartée de la réalité.
[d'ailleurs, on ne doit pas hésiter à Hachem qu'iIl nous aide à ce qu'autrui nous pardonne ou à ce que nous pardonnons totalement autrui.

-> Selon certains, le pardon, 'Me'hila', s'apparente à un forage profond, à une galerie souterraine, qui se dit aussi "Me'hila". Il faut trouver des passages enfouis, des chemins souterrains, pour parvenir au coeur de celui qui a été blessé, afin qu'il pardonne sincèrement, le pardon superficiel des lèvres n'ayant presque aucune valeur.

La force de l’amour envers son prochain

+ La force de l'amour envers son prochain (selon le rav Yaakov Pozen) :

-> La Torah nous ordonne : "Tu ne mépriseras pas l'Egyptien car tu as été étranger dans son pays" (Ki Tétsé 23,8).
Rachi explique : "Ils t'ont hébergé au moment où tu en avais besoin."

Pharaon savait que tout ce qu'il avait reçu venait du seul mérite de son acte de bonté. Il voulut mettre cette connaissance au service de son intérêt personnel pour étendre son pouvoir sur Israël. Il est écrit "Ils nous ont [rendu] mal (otanou)" et pas "ils nous ont fait du mal (lanou)".
On peut comprendre "ils nous ont rendus mauvais" = c'est-à-dire que Pharaon a voulu rendre les fils d'Israël méchants les uns envers les autres, et déraciner la qualité de bonté ancrée en eux, dans l'espoir de donner une nouvelle impulsion à l'asservissement et le faire durer plus longtemps.

Le Tana Debé Eliyahou (chap.4) dit que le peuple d'Israël, au contraire, "s'est rassemblé en un faisceau uni, et s'est engagé par une alliance à ce que chacun se conduise avec bonté envers l'autre, pratique la circoncision, n'abandonne pas la langue de la maison de Yaacov, et n'apprenne pas l'égyptien à cause des coutume idolâtres."
Ils ne se sont pas contentés de prodiguer des actes de bonté : ils ont juré de le faire. Si par exemple quelqu'un était rapide dans la fabrication des briques et en produisait plus que le quota imposé, il donnait les briques supplémentaires à son voisin épuisé.

Par ailleurs, le midrach (Chemot rabba 5,20) rapporte que lorsque les contremaîtres arrivaient et voyaient que le quota de briques n'était pas atteint, ils demandaient aux surveillants : "Qui n'a pas terminé son travail?". Sans la bonté qui les caractérisait, chacun se serait exclamé : "J'ai fait mon travail, c'est mon voisin qu'il faut frapper!".
Or il est écrit : "Les surveillants furent frappés". Le midrach explique : "Ils étaient valeureux et se sont sacrifiés pour épargner Israël ; ils ont subi des coups pour alléger les souffrances du peuple."
Ils ont préféré supporter des coups dans leur propre chair plutôt que de dénoncer ceux qui n'avaient pas complété leur tâche.
[selon le rav Yonathan Eibschutz, l'objectif des égyptiens en élevant certains juifs à des positions plus élevées que d'autres, était de créer des disputes, de la haine, au sein de la nation juive. En effet, les égyptiens savaient que les pires tragédies sont arrivées aux juifs à cause de la "haine gratuite" (sin'at 'hinam) entre eux. ]

Dans la mesure où Dieu agit dans ce monde selon le principe que "celui qui agit avec bonté envers une créature mérite d'être traité avec bonté par le Ciel", à l'instant même commença la délivrance d'Israël, et les dix plaies s'abattirent sur les Egyptiens ...

Ainsi, l'amour du prochain est capable d'éveiller la clémence en faveur d'Israël, et d'apporter la délivrance du monde. C'est ce mérite qui a permis la libération d'Egypte au peuple juif.

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Quand D. s'adresse à Moché, il lui dit : "Moi aussi, J'ai entendu la plainte des Bné Israël" (Vaéra 6,5)
Le 'Hatam Sofer se demande pourquoi il est écrit "Moi aussi". Quelqu'un d'autre a-t-il aussi entendu leur plainte?

Le 'Hatam Sofer explique : "Moi aussi, J'ai entendu la plainte des Bné Israël", ne signifie pas qu'il y ait eu à ce même moment une prise de conscience, ou une supplication pour la délivrance. C'est que D. a entendu que chaque Juif écoutait les cris de souffrance des autres, et que chacun se souciait des difficultés de l'autre. C'est alors qu'Il dit : "Moi aussi, J'ai entendu" = Je veux entendre, Moi aussi, les souffrances que chacun d'entre vous a entendues de son prochain, et ce sera le levier de votre délivrance."

-> Un fois le 'Hatam Sofer dit sur " Moi aussi, J'ai entendu la plainte des Bné Israël" = celui qui cherche un bon conseil, afin de solliciter l'aide de D., doit aider les autres précisément à ce moment-là, quand il est en difficulté. C'est alors qu'il méritera que D. lui vienne en aide et le délivre de ses maux.
[à l'image des juifs en Egypte, lorsque ça va pas très bien pour nous, qu'on aurait plutôt tendance à regarder sa boudine, à se plaindre, mais qu'au lieu de cela on va s'ouvrir à l'extérieur (pas qu'à notre intériorité, à mon "moi je") et qu'on va aider autrui, alors par cela particulièrement on amène la délivrance sur nous. ]

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-> Juste avant le don de la Torah, il est dit : "Israël campa là, face à la montagne" (Yitro 19,2).
[Selon le Ohr ha’Haïm haKadoch (Yitro 19,2) :"les Bné Israël sont devenus comme une personne, et ce n'est qu'alors qu'ils ont mérité de recevoir la Torah." ]
Le rav Its'hak de Vork explique que le mot "campa" (vayi'hen) vient du mot : 'hen (la grâce). On apprend de cela que la véritable union n'est possible que lorsque chaque juif trouve grâce aux yeux de son prochain.
[Il en découle que la Torah n'a pu être donnée que grâce à cette amour envers notre prochain. Lorsque nous aimons autrui comme soi-même, alors il y a une unité, condition préalable pour recevoir la Torah, et toutes les bénédictions de papa Hachem. ]

-> L'auteur du Chem Michmouel dit à ce propos :
"Or c'est une grande chose que les voies de mon prochain trouvent grâce à mes yeux, les avis n'étant jamais identiques. Mais il y a encore plus fort que cela : aimer l'autre, même lorsque ses voies ne trouvent pas grâce à mes yeux."

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-> Hachem éprouve une satisfaction particulière lorsque la paix et l'unité règnent dans le peuple d'Israël. Il est dit dans les récits de nos Sages : "D. a dit à Israël : 'Mes fils bien-aimés, Me manque-t-il quelque chose, que J'aie à vous demander? Or Je ne vous demande qu'une seule chose : que vous vous aimiez l'un l'autre, que vous vous respectiez mutuellement et que vous vous craigniez mutuellement."

-> Dans le livre Otsar Margaliot, on explique dans ce même esprit le verset "Les Chérubins étendaient leurs ailes vers le haut ... et le visage de l'un était tourné vers son frère." (Térouma 25,20).

La guémara (Baba Batra 99a) se demande pourquoi est-il dit ici : "Le visage de l'un était tourné vers son frère", alors que dans Divré Hayamim (3,13), il est écrit : "le visage tourné vers l'intérieur".
La guémara répond : Ici, c'est lorsqu'Israël accomplit la volonté de son Créateur, là quand Israël n'accomplit pas la volonté de son Créateur.

Lorsqu'ils tournent leur visage et leur cœur l'un vers l'autre, lorsque chacun s'enquiert de l'autre, se réjouit du bonheur de l'autre et se désole de ses malheurs, c'est là qu'Israël accomplit la volonté de son
Créateur.
Tandis que lorsqu'ils ont "le visage tourné vers l'intérieur", chacun ne se préoccupant que de ses propres intérêts, et de ceux de sa famille ("béito", l'intérieur), C'est "là qu'Israël n'accomplit pas la volonté du Créateur".

Etre vexé sans vexer en retour

+ Etre vexé sans vexer en retour :

-> "La Terre est suspendue à une cheveu ... Le monde se maintient par le seul mérite de ceux qui se retiennent de parler au cœur d'un conflit" (guémara 'Houlin 89a).

-> "Celui qui n'écoute pas la colère des autres et reste calme a le mérite que 100 malheurs lui soient annulés."
[guémara Sanhédrin 7a]

Rachi commente : Heureux soit celui qui subit l'humiliation et se tait, d'autant plus s'il s'habitue à un tel comportement. Grâce à son silence, il s'évite 100 peines.

-> "Tout celui qui est capable de dépasser ses mauvais traits de caractère a le mérite que ses fautes lui soient pardonnés"
[guémara Roch Hachana 17a]

Rachi commente : "Celui qui est capable de dépasser ses mauvais traits de caractère et n'est pas pointilleux sur le mal qu'on lui fait mérite que ses fautes lui soient pardonnées.
La stricte justice ne s'appliquera pas à lui de la même manière qu'il a été capable d'outrepasser sa tendance naturelle".

-> Il est bon de garder à l'esprit que le fait de refréner nos réactions au moment d'une offense constitue une expiation de nos fautes plus grande encore que celle de Yom Kippour.
[Chla Hakadoch - Chaar haOtiyot - 200]

-> Rabbénou Yona (Chaaré Téchouva - 1ere chap, 28) dit que celui qui sait retenir sa colère bénéficie d'une opportunité de taille. En effet, si quelqu'un a une chance de s'en sortir au Jour du jugement, c'est bien lui, car de lui seul il est dit que toutes ses fautes lui sont pardonnées.
Rabbi Dov Yafé disait : "Vous vous rendez compte du cadeau que ça représente! On a l'opportunité de racheter toutes nos fautes!"

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-> La guémara (Roch Hachana 17a) rapporte :
"Rav Houna, fils de Rav Yéhochoua, tomba malade. Rav Papa vint lui rendre visite, et vit qu'il était sur le point de mourir. Il demanda qu'on préparât son linceul. Finalement, Rav Houna guérit, et Rav Papa n'osait plus le croiser.
On demanda à Rav Houna : 'Qu'as-tu vu?'. Il répondit : 'Il avait été décrété que je devais mourir ; Et D. a dit : puisqu'il ne se met pas en colère, ne soyez pas pointilleux à son égard. Comme il est dit : Il supporte la faute et pardonne le péché. Il supporte la faute de qui? De celui qui pardonne le péché'"
[Rachi : "il ne tient pas rigueur aux autres, de même ne soyez pas rigoureux avec lui".]

-> Rabbi Ye'hiel Meir Tsouker nous invite à approfondir cette réflexion. Le monde a été créé avec l'Attribut de justice, indispensable à son maintien. La justice, en effet, établit des limites claires entre le Bien et le Mal. Et qui dit limite, dit que la mort fait nécessairement partie de ce monde, et la Justice détermine le temps exact qui reste à vivre à chacun.
Il en était de même avec Rav Houna. La Justice avait déterminé le moment exact de sa mort : la Justice pose les limites. Mais voici que D. dit à l'attribut de Justice : "Tu n'as pas de prise sur lui, car il dépasse sa colère, il ne tient pas rigueur à ceux qui contestent ses paroles, et ne s'obstine pas sur ses avis. Nous ne pouvons pas agir à son égard avec d'autres attributs que ceux qu'il incarnait, sa vie doit donc
être prolongée".

-> Nos Sages (guémara Taanit 25b) rapporte également :
"Il advint que Rabbi Eliézer se plaça devant l'assemblée pour mener la prière, il prononça 24 bénédictions qui restèrent sans réponse.
Rabbi Akiva vint à son tour et dit : 'Notre Père, notre Roi, nous n'avons que Toi. Notre Père, notre Roi, aie pitié de nous pour Ta gloire', et la pluie se mit à tomber.
Leurs élèves se mirent à faire des commentaires, si bien qu'une Voix Céleste se fit entendre : 'Aucun des deux n'est plus grand que l'autre. Mais il y en a un qui retient sa colère, et l'autre qui ne retient pas sa colère'."

Le rav Pozen explique :
Rabbi Akiva, lui, n'a pas eu besoin des 24 supplications du rituel mentionné dans le traité Taanit. Il lui a suffi d'une phrase pour que la Royauté Céleste ne soit plus que bonté et générosité.
Du fait que Rabbi Akiva travaillait sa patience et ne se conduisait pas avec ses prochains selon la stricte loi, l'Attribut de justice divine s'est alors annulé, et a été remplacé par l'Attribut de bonté et de générosité.

[ainsi soit je réponds à celui qui m'a vexé pour avoir un sentiment de supériorité naturel d'avoir gagné (car j'ai le dernier mot, je me laisse pas faire), soit je suis la volonté d'Hachem allant contre ma nature, et alors je gagne que Hachem agisse avoir moi selon Son Attribut de générosité, et non plus de rigueur (puisque je ne tiens pas rigueur à autrui). Cela m'ouvre alors les portes des meilleurs bénédictions! ]

-> Le roi David (Téhilim 69,13-14) dit : "Ceux qui sont assis aux portes déblatèrent contre moi, les buveurs de liqueurs fortes me chansonnent. Toutefois, ma prière s'élève vers Toi, Hachem, au moment
propice".
Voici l'explication qu'en donne le Malbim :
"À l'instant où ceux qui sont assis aux portes déblatèrent contre moi, et où ceux qui se saoulent entonnent des chants où ils se moquent de moi, c'est précisément là que 'ma prière s'élève vers Toi, car ce moment de moqueries est un moment propice."

[Certes sans être maso, nous devons autant que possible avoir conscience que : quand on décide de rire et de médire de nous, c'est un temps de délivrance. ]

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+ Les offenses d'autrui = test personnel de émouna visant à nous combler de bénédictions :

-> Rabbi Its'hak Zilberstein (Alénou léChabéa'h) écrit :
J'ouvris un livre peu connu, qui a été rédigé par un brillant élève du Ram'hal, et je fis la lecture d'un texte, qui rapporte une explication lumineuse du verset : 'Lorsque tu verras l'âne de ton prochain trébucher sous sa charge, garde-toi de l'abandonner (Azov). Aide-le (Azov) avec lui" (Michpatim 23,5).
L'auteur demande pourquoi la Torah, pour exprimer le fait qu'on aide notre prochain, emprunte le mot "azov" (abandonner)?

-> Il trouve la réponse dans la traduction d'Onkelos ... L'intention de la Torah, à travers ce verset, est de nous enseigner que les coups durs qui nous atteignent parfois ne sont pas le fait des prochains ni des voisins. C'est D. Lui-même qui nous les envoie, afin de nous éprouver et de voir si nous allons les surmonter, ou bien nous révolter.
Il écrit : "Si 'Aide' (Azor) est exprimé avec le mot 'abandon' (Azov), c'est parce que D. nous envoie l'opportunité, par cette épreuve, d'abandonner la haine de notre prochain, pour l'amour de notre Créateur."

Ainsi, dans ce genre de circonstances, les phrases telles que : "Mais qu'ai-je donc fait à ce scélérat pour qu'il me fasse autant de mal?" ou encore : "Je ne vais pas me laisser faire, je lui rendrai la pareille!" sont des propos hérétiques. De telles déclarations témoignent d'un manque total de confiance en D.
En effet, la conséquence de cette attitude, c'est que l'on décharge toute sa colère sur son prochain, qui n'était qu'un envoyé pour générer le dégât. Il faut être idiot pour ne pas comprendre que ceci est une épreuve de notre Créateur, qui ne cherche qu'à nous envoyer une abondance de bénédictions et de réussite. Mais Il nous demande, au préalable, de surmonter l'épreuve à laquelle Il nous soumet.

Les 'caméras Célestes' enregistreront exactement chacune de ses réactions : a-t-il choisi de se taire, ou a-t-il réagi sous le coup de la colère? A-t-il renoncé en faveur de son prochain, ou a-t-il demandé le remboursement exact de sa dette? Son sort, ainsi que l'abondance des bénédictions, s'il les mérite, seront fixés selon les résultats.

Le Brit Olam poursuit :
"Et s'il agit ainsi [qu'il surmonte son penchant et ne décharge pas sa colère sur son prochain] quelle est sa récompense? C'est que D., Lui aussi, abandonne tous les reproches qui pesaient contre lui, du fait de ses fautes. En effet, il n'est pas un homme juste sur terre qui fasse le bien et qui n'ait pas fauté, mais de même que cet homme a abandonné les griefs qu'il avait à l'encontre de son prochain, ainsi D. abandonne Ses accusations, et lui pardonne toutes ses fautes."

Le Brit Olam ajoute que cet homme est comparable à un "enfant venant de naître".

[lorsque autrui nous tue par ses mots, nous avons la possibilité en s'appuyant sur notre émouna de renaître tout propre de faute, et Hachem qui agit mesure pour mesure avec bonté hors nature envers nous.
Hachem ne nous envoie pas de situation que nous ne pouvons surmonter, et plutôt de penser qu'Il nous veut du mal, on doit tendre vers la réalité des choses : par amour Il nous envoie une épreuve/test difficile pour nous combler d'un maximum de bonnes choses.]

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-> La guémara (Nédarim 66b) écrit :
C'est l'histoire d'un homme, originaire de Babel, qui se rendit en Israël. Dans les 2 pays, on parlait araméen, mais les mots n'avaient pas toujours le même sens : Il prit pour épouse une femme qui n'était pas très intelligente. Il lui dit : 'Prépare-moi deux lentilles'. A Babel, quand on demandait un peu de lentilles, on disait 'deux lentilles. Mais cette femme prit les mots au pied de la lettre, et quand il vint manger, il trouva dans son assiette ... deux lentilles! Il se fâcha, mais retint la leçon.
Le lendemain, il lui dit : 'Prépare-moi une marmite'. Dans son pays, pour dire 'beaucoup', on disait 'une marmite. Mais son épouse se conforma à ses paroles. Lorsqu'il s'attabla, il trouva une montagne de lentilles, le contenu d'une marmite, dans son assiette. On ne dit même pas qu'il se mit en colère. Il lui dit : 'Amène-moi deux 'boutsiné', c'est-à-dire des pastèques en babylonien. Elle partit lui chercher deux bougies, 'boutsiné' dans le langage d'Israël.
Il lança : "Va donc les casser … de Baba, la porte". Et elle, d'aller chez Baba ben Bouta, qui siégeait au Tribunal, et de casser les bougies sur sa tête.
Il lui demanda : "Pourquoi as-tu fait cela?"
Elle répondit : "C'est ce que m'a demandé mon mari."
Il continua : "Tu as accompli la volonté de ton mari, D. te donnera deux fils, en référence aux 2 bougies, qui seront aussi érudits que Baba ben Bouta."

-> Le Ben Ich 'Haï écrit, au sujet de la réaction de Baba Ben Bouta, qui a pardonné l'affront et n'a pas cherché à défendre son honneur (Baba Batra 3b) :
"C'est pourquoi, lorsque Hérode assassina tous les Sages d'Israël, de crainte qu'ils ne mènent une révolte, puisqu'il n'était pas apte à être roi, il épargna Baba Ben Bouta. En effet, il était 'connu pour ne jamais tenir rancune ni se venger, pour pardonner à tout homme ayant fauté à son encontre, et qui plus est pour rendre le bien à celui qui lui fait du mal'."

-> Le rav Pozen ajoute :
Non seulement il mérita d'être épargné, mais il fut à l'origine d'un cadeau immense ; c'est lui qui conseilla à Hérode de reconstruire le Temple, encore plus somptueux qu'avant. Grâce à lui fut initiée la reconstruction du Temple. Son humilité permit au monde entier de bénéficier d'un cadeau immense.

[lorsque l'on passe sur notre honneur, alors Hachem nous traite avec beaucoup d'honneurs (nous aurons pleinement conscience de cela dans le monde à venir, libre arbitre oblige)]

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-> Dans le livre Ménorat haMaor (chapitre 18), est relaté le récit suivant du midrach :
"Rabbi Abba se tenait à l'entrée de la ville de Lod. Il vit arriver un homme qui avait fait une longue route, fatigué par le voyage. Ce dernier entra s'installer dans une ruine, à l'entrée de la ville, dont l'un des murs était branlant. Il s'endormit à l'ombre du mur.
Rabbi Abba continua à l'observer, et vit un serpent s'approcher pour le mordre. Une bête, cachée dans la ruine, se précipita sur le serpent et le tua. L'homme se réveilla, et vit le serpent mort tout près de lui. Il se leva pour quitter ce lieu. À peine avait-il fait un pas, que le mur s'écroula à l'endroit précis où il s'était allongé. Il était sauf.

Rabbi Abba vint à sa rencontre, et lui demanda : "Quelles sont tes actions? Car D. a fait pour toi deux miracles. Tu ne les as pas mérités sans raison!"
L'homme répondit : "Il n'est pas un homme qui m'ait fait du mal, et à qui je n'aie pas pardonné immédiatement. Et si je n'arrivais pas à lui pardonner immédiatement, il ne m'est pas arrivé une seule fois de me coucher sans lui avoir pardonné, si bien que je ne pensais plus au mal qu'il m'avait fait. Qui plus est, je m'efforçais alors de lui faire du bien".

Rabbi Abba se mit à pleurer et dit : Les actions de cet homme dépassent celles de Yossef Hatsadik! Yossef a dû pardonner à ses frères. Lui pardonne à des gens qui ne sont pas ses frères, ni même des membres de sa famille. Il mérite que D. fasse pour lui un miracle à la suite de l'autre.

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-> Si tu ne réponds pas à une humiliation, cela t'épargne plus de mille souffrances. Si nous avions conscience de cela, nous verrions l'humiliation comme un "cadeau".

[rabbi Moché Leib de Sassov]

-> Rabbi Eliézer de Viznitz (dans son Damasek Eliézer) dit combien il est stupide de défendre son honneur par le conflit. On devrait, au contraire, apprécier une situation qui prolonge notre vie, et considérer notre rival comme un envoyé de D., qui vient nous sauver de la mort.

-> Selon le 'Hafets 'Haïm :
Toutes les souffrances sont envoyées par D. Même lorsque c'est un homme, en face, qui nous insulte et nous fait honte ; même lorsqu'il s'agit d'une dispute, où celui qui nous frappe est en plus coupable d'être rentré dans une dispute, chaque coup et chaque souffrance sont envoyés par le Ciel.
Il est fait usage d'un intermédiaire, lui-même coupable (qui devra rendre des comptes pour cela), pour effectuer une mission punitive.
Le 'Hafets 'Haïm de conclure : "c'est pourquoi il n'a pas à se soucier de répliquer à celui qui l'insulte, mais doit aller plus loin, et remercier D. de lui avoir donné cette occasion de rachat".

-> Il est écrit dans le Séfer ha'Harédim (65,111) :
"Celui qui veut arriver à la bonne attitude, doit tout d'abord se faire sourd, comme s'il n'avait entendu aucun propos dégradant, puis se montrer niais, comme s'il n'avait rien compris au discours.
Dans le cas où le propos est explicitement compris, qu'il se réjouisse de l'occasion qui lui est fournie de bien faire, qu'il dise : "J'ai fauté, je me suis trompé, j'ai péché", et que ses fautes soient lavées par sa honte."

-> Le Rabbi Its'hak Zilberstein conseille à une personne offensée : "Qu'elle s'isole dans un coin (de la maison) et dise "Que ce soit Ta volonté [D.] que le silence que je garde soit considéré à Tes yeux comme un grand acte et qu'il me nettoie de mes fautes", car je supporte cette peine pour me plier à ce que Tu as ordonné dans Ta Torah : "les personnes humiliées n'humilient pas en retour, elles subissent l'humiliation et ne répondent pas" et au sujet de ces personnes, Tu as écrit : "Ceux qui aiment D. rayonneront comme le soleil dans sa gloire " (Choftim 5;31)".

[une honte est une occasion peu chère de se laver de nos fautes, d'obtenir des bénédictions. Ainsi, pourquoi se plaindre de faire une bonne affaire?
A l'image du soleil qui brille à son zénith, dans le monde de vérité on rayonnera de joie d'avoir mérité une si bonne affaire! ]

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-> Dans la guémara (Méguila 28b), il est écrit :
C'est aussi ce que répondit Rabbi Né'hounia le Grand à Rabbi Akiva, qui lui demandait grâce à quel mérite il était arrivé à cet âge avancé : "Je ne me suis jamais laissé emporter à régler son compte à celui qui m'avait fait du mal".
On apprend de cela que le salaire de celui qui renonce à la vengeance est la longévité.

-> Nos Sages (guémara 'Haguiga 4b) nous rapporte :
Rav Bivé bar Abayé rencontrait souvent l'ange de la mort. Ce dernier lui raconta qu'un jour, il avait envoyé son émissaire tuer une femme du nom de Myriam, tresseuse de cheveux; l'émissaire se trompa et ramena l'âme d'une autre Myriam, nourrice de son métier.
Rav Bivé lui demanda : "D. ne fixe-t-Il pas le nombre d'années de vie de chacun? Que fait-on des années restantes d'un homme qui est mort avant son heure?"
L'ange de la mort lui répondit : "S'il y a un érudit qui sait contenir sa colère, on lui attribue ces années en supplément".

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-> "Hachem s'adressa à Moché et à Aharon : Il leur donna des ordres pour les Bné d'Israël et pour Pharaon, roi d'Egypte" (Vayéra 6,13).
Rachi explique : "et au sujet de Pharaon, roi d'Egypte = D. leur a ordonné de s'adresser à lui avec respect".
Pour quelle raison?

Le 'Hatam Sofer explique : si on lui causait la moindre humiliation, cela viendrait racheter ses fautes, et on ne pourrait plus lui infliger les 10 plaies.
Aussi, Hachem les mit-Il en garde de ne surtout pas humilier Pharaon.
[Pharaon, qui asservit 600 000 hommes, du peuple d'Israël : s'il subit une humiliation, il ne pourra plus
subir la punition des 10 plaies. Comprenons combien de plaies et de maladies sont évitées à celui qui subit une humiliation sans se plaindre]

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-> Nos Sages disent : "Ceux qui se font vexer/offenser sans répliquer, qui s'entendent humilier sans rien répondre, qui agissent par amour et accueillent les épreuves dans la joie, le verset dit à leur égard : "Tes bien-aimés rayonneront comme le soleil dans sa gloire" (Choftim 5,31)."
[guémara Guitin 36b ; guémra Shabbath 88b ; guémara Yoma 23a]

=> 1°/ Pourquoi exprimer la même chose de 3 façons différentes?
=> 2°/ Pourquoi choisir cette comparaison? Quel est donc leur point commun avec le soleil?

1°/ Pourquoi exprimer la même chose de 3 façons différentes?
Selon rabbi Yossef Yabetz, on énumère ici les 3 niveaux correspondant à 3 façons d'y réagir.
- 1er niveau = "ceux qui se font vexer sans répliquer", sont ceux qui sont vexés, mais se justifient, et expliquent en quoi les critiques formulées à leur encontre ne sont absolument pas justifiées, sont totalement infondées, et que leur comportement et leurs actions n'ont rien à voir avec tout cela. Même s'ils n'ont pas envie de se taire, et qu'ils sont enclins à se justifier, ils font l'effort de surveiller leurs paroles, et de ne pas vexer en retour celui qui les a blessés, car les propos qu'ils ont entendus les ont fait souffrir profondément.

- 2e niveau = "qui s'entendent humilier sans répondre", sont d'un niveau supérieur aux premiers : ils parviennent à stopper toute velléité de réponse, ne cherchent pas à se justifier ni à expliquer les reproches qu'on leur adresse. Ils entendent des propos qui leur font honte, mais ne répondent pas, s'empêchent de parler dans le vif de la dispute. Cependant, ils sont emplis de rancœur, et souffrent d'avoir été attaqués sans l'avoir mérité.

- 3e niveau = Les troisièmes sont du niveau le plus élevé, ils "agissent par amour et accueillent les épreuves dans la joie". Ceux-ci ne cherchent pas d'excuses ni de justifications, ne sont pas peinés comme les précédents. Ils se réjouissent des épreuves qui leur sont envoyées, acceptent l'humiliation qu'ils ont subie, dans l'espoir que par ce mérite D. pardonnera leurs fautes.

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2°/ Pourquoi choisir cette comparaison? Quel est donc leur point commun avec le soleil?

-> Le Ora'h Mécharim explique :
Le soleil réchauffe, par son rayonnement, le monde entier, jusqu'à faire fondre la neige et la glace ; il en est de même avec l'homme patient.
On le voit humilié, il est en réalité grand, valeureux et noble. Petit à petit, à la lumière de sa patience, se réchaufferont même ceux qui avaient pris parti contre lui. Leur amour, gelé à son encontre, commencera à s'éveiller. Au final, non seulement il aura évité que la dispute n'enfle, mais il l'aura annulée entièrement, et c'est ce qui le fait ressembler au soleil.

-> Les Baalé Hatossafot expliquent que les astres célestes ont été créés aussi grands l'un que l'autre.
La lune, suite à son plaidoyer, a été rapetissée, tandis que le soleil est resté grand, son mérite ayant été d'avoir entendu la lune sans rien avoir ajouté.
Les gens qui savent se taire quand on les blesse sont comparables au soleil, qui entend des attaques sans répondre, et mérite de grandir grâce à cela.

-> Le rav Yaakov Israël Pozen (Adéraba) rapporte :
Pourquoi le soleil a-t-il été choisi dans cette comparaison?
Hachem créa 2 astres célestes dans le ciel, "Le grand astre, pour régner le jour, et le petit astre, pour régner la nuit" (Béréchit1;16). Rachi explique : "Il les a créés égaux, mais Il a amoindri la lune qui n'était pas d'accord, et qui disait que deux rois ne pouvaient partager la même couronne".

Nos Sages ajoutent ('Houlin 60b) : "La lune a dit à Dieu : 'Maître du Monde, 2 rois peuvent-ils avoir la même couronne? D. lui a répondu : 'Commence donc par te diminuer' ".
Les paroles de nos Sages sont loin d'être de simples allégories, notamment d'après l'avis du Rambam, pour qui "chaque étoile, chaque planète, est dotée d'un esprit, d'une conscience et d'une forme d'intelligence. Elles vivent et se développent en sachant que c'est D. qui a créé le monde par Sa parole. Leur connaissance est inférieure celle des Anges, mais supérieure à celle des Hommes » (Lois des Fondements de la Torah 83,9).

Rabbi Dan Ségal explique, quant à lui, que les mots de la prière : "Il les créés avec connaissance, compréhension et intelligence» ne qualifient pas l'action de D., mais les attributs qu'Il a donnés aux astres.

Que fait le soleil, face à la lune qui ne supporte pas qu'il soit aussi grand qu'elle?

Non seulement, il ne lui viendrait pas à l'idée de se plaindre également, mais il entend le plaidoyer de la lune sans rien répondre. Ce qu'il advient finalement, c'est que la lune se trouve diminuée tandis que le soleil garde sa majesté.
Ceci vient nous enseigner que celui qui cherche à diminuer son prochain ne parvient pas à ses fins, et en outre, il se retrouve lui-même diminué.

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+ Une solution inattendue :

-> Rabbi Eliyahou Roth disait souvent : "Lorsqu'on voit notre prochain agir d'une façon qui nous déplaît, on se demande pourquoi il fait des choses aussi tordues. Il faut bien se dire que si c'est le cas, c'est que son esprit est tordu, et que selon son raisonnement tordu, il agit comme il se doit. Si l'on réfléchissait comme lui, on agirait de même.

Si inversement, l'autre raisonnait comme nous de façon sensée, il agirait comme nous".

-> De son côté, le rav Yaakov Israël Pozen écrit :

Celui qui agresse les autres est, en général, une personne qui est elle-même en grande souffrance, et qui se décharge de façon négative.

Si l'on se trouve agressé, et qu'on a ce principe à l'esprit, on ne verra pas l'autre comme un agresseur, mais comme une personne en détresse qui a besoin d'aide.

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-> b'h, également sur ce sujet : L'importance de ne pas répondre aux disputes :

L’importance de ne pas répondre aux disputes