Aux délices de la Torah

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Shabbath – un jour d’unité entre les juifs

+ Shabbath - un jour d'unité entre les juifs :

-> "Moché fit assembler toute la communauté des Bné Israël, il leur dit : "Celles-là sont les paroles qu’Hachem a ordonnées de faire. [Pendant] 6 jours, le travail sera fait, et le 7e jour sera pour vous sainteté, un Shabbath de chômage [consacré] à Hachem ; quiconque y fait un travail sera mis à mort"." (Vayakel 35,1-2)

-> La paracha Vayakel commence par nous raconter que Moché rassembla (Vayakél) toute la nation pour lui donner de brèves instructions concernant le Shabbath puis des injonctions plus détaillées sur la construction du Michkan.
Les commentateurs soulignent que le terme employé pour parler du rassemblement (Vayakél) n’est utilisé nulle part ailleurs dans la Torah et ils expliquent de diverses façons l’accent mis, précisément à ce moment, sur le rassemblement que fit Moché de l’ensemble du peuple. Cet événement eut lieu peu de temps après la faute du Veau d’or et l’un des reproches fait aux Juifs en cette occasion, fut leur manque d’unité.
Celui-ci se manifesta tout d’abord, par le meurtre de ’Hour qui les avait réprimandés. De plus, le Talmud Yérouchalmi affirme que chaque tribu façonna et vénéra un veau différent, ce qui montre que même dans leur rébellion contre Hachem, ils n’étaient pas unis.
Rav Yaacov Kamenetsky souligne que Moché les réunit précisément à cet instant, pour rectifier le manque d’unité dont ils avaient fait preuve.

=> Une autre question peut alors être soulevée. Avant de détailler longuement les détails de la construction du Michkan, Moché rappelle aux Bné Israël la mitsva de Shabbath, qui a préalablement été mentionnée plusieurs fois dans la Torah. Pourquoi était-il nécessaire de parler à nouveau de ce sujet à cet instant précis?

-> Rachi explique que la mention du Shabbath précédant les lois du Michkan nous enseigne que la construction de ce dernier reste soumise aux lois du Shabbath.

-> Selon, le Lékha’h Tov, le verset précité indique que pendant Shabbath, les gens se rassemblent dans les maisons d’étude et étudient ensemble les lois relatives au Shabbath. [alors qu'ils sont tous chacun dans leurs préoccupations de la semaine].

-> Pendant Shabbath, dans la 'Amida de Min’ha, nous disons : "Tu es Un, Ton Nom est Un et qui est comme Ton peuple, Israël, nation unique sur terre". Cette prière montre l’unicité du peuple juif, dans son service Divin.

Le rav Méir Tsvi Bergman (Chaaré Ora - vol.1) évoque cette idée quand il parle de l'âme supplémentaire (la néchama yétéra) que nous recevons pendant Shabbath.
Il écrit : "Il semble que le Néfech de Shabbath est la Néchama Yétéra qui provient de "Celui dont tous les êtres vivants dépendent", il ne s’agit pas d’une âme différente pour chaque membre du peuple d’Israël, mais plutôt d’une même âme à laquelle tout Israël est lié, il s’agit de la Néchama de Shabbath et elle unifie le peuple d'Israël".

Bien que profonde, cette idée prise au sens simple indique que la néchama yétéra (âme supplémentaire) de Shabbath comprend l’âme de tout Juif. Nous savons que le peuple juif est à tout moment, considéré comme une seule entité (kol Israël arévim ét zé lazé - guémara Shvouot 39a), mais on dirait que pendant Shabbath, l’unité du peuple juif atteint un niveau plus élevé.

-> Le Chem miChmouël (Bo 5677) demande pourquoi il n’y a pas de Mitsva de Réiya (de se rendre au Temple) pendant Shabbath, comme c’est le cas pendant Yom Tov.
Il explique que spirituellement parlant, le peuple juif forme une seule entité et il n’est donc pas nécessaire que chacun aille au Temple, il suffit que les Cohanim et les personnes impliquées dans le service du Mikdach le fassent et l’on considère que toutes les âmes juives s’y trouvent, bien qu’elles en soient physiquement éloignées.
En revanche, pendant Yom Tov, les Bné Israël n’atteignent pas le même niveau d’unité et chacun est donc tenu de se rendre personnellement au Temple (Beit haMikdach).

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[le rav Yéhonathan Gefen précise à cela, qu'il est vrai que le concept de "kol Israël arévim ét zé lazé" s’applique à chaque mitsva, mais il semble que c’est nettement plus le cas pour le Shabbat, l’accent étant mis, en ce jour, sur l’unité de la nation juive.
Il ajoute que c'est pour cela qu’il faut veiller, particulièrement pendant Shabbath, à éviter toute Ma’hloket (discorde), parce que c’est l’antithèse de ce que représente le Shabbath. ]

Le Birkat haMazon

+ Le Birkat haMazon :

-> Le rav Israël Najara (l'auteur du chant de Shabbath : Ka Ribbon), dénomme le Birkat haMazon comme : "Kli ma'hzik béra'ha" (un récipient qui contient la bénédiction).

-> Celui qui prie ou récite le birkat hamazon intensément, mérite 100 sortes de roses qui entourent le fleuve du gan Eden.
[Rokéa'h - birkat hamazon]

-> "La plus grande des mitsvot et le plus puissant de tous les types de service Divin (avoda) sont les bénédictions" [rav Yossef haYisraëli - Séfer mitsvot zmaniyot - p.504]
Or, le birbat hamazon est la seule bénédiction de la Torah (déOraïta - Ekev 8,10, nous pouvons en déduire que le birkat hamazon est la plus propice de toutes nos prières.
[rav Yé'hiel Spéro]

Lorsque le Rachab a reçu le siddour du Baal Chem Tov, d'un de ses descendants, il a pu remarquer que toutes les pages étaient usées par les larmes. Cependant parmi tout le siddour, une partie étaient la plus nettement déformée par les larmes du Baal Chem Tov : les pages consacrées au birkat hamazon.

-> Si l'on demande aux gens pourquoi nous récitons le birkat hamazon, la majorité répondrait : "parce qu'on vient de manger du pain".
Le rav Yérou'ham Lévovitz rejette catégoriquement cela, et il insiste sur le fait que c'est le contraire.
Nous mangeons du pain afin de pouvoir prononcer le birkat hamazon.
[nous devons réfléchir : que nous apporte notre alimentation par rapport aux apports énormes du birkat]

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-> Rav 'Hanina dit : combien est grande la puissance du birkat hamazon, car il augmente les bénédictions dans les actions de l'homme.
[Zohar]

-> Si on récite le birkat hamazon avec intention (kavana), les bénédictions que nous aurons dites nous accompagneront au moment de notre mort, et proclameront que nous avons béni Hachem avec kavana.
[Zohar]

-> Si quelqu'un est vigilant au sujet du birkat hamazon, ses jours et ses années seront allongés.
[rav 'Haïm Palagi - Kol ha'Haïm]

-> J'ai une tradition de mes rabbanim, que tout celui qui est méticuleux à propos du birkat hamazon, sa subsistance lui sera disponible avec dignité, toute sa vie durant.
[Séfer ha'Hinoukh - Ekev 430]

-> Pourquoi la lettre "pé sofit" (ף) est la seule qui n'est pas présente dans le birkat hamazon?
Car tout celui qui récite le birkat hamazon avec concentration, les anges de la colère (af, kétséf, chékéts - אף קצף שצף) n'ont pas de pouvoir sur lui.
[Tachbatz Katan - cité dans le Ba'h 185]

-> Tout celui qui récite le birkat hamazon avec la concentration requise, alors la colère de Hachem ne régnera pas sur lui. (אַף - af = colère).
[Béer Heitev - Orach 'Haïm 185 - citant le Ba'h]

-> Plus une personne récite le birkat hamazon avec joie et générosité, plus elle va recevoir sa subsistance avec joie et générosité.
[Zohar]

-> Celui qui récite le birkat hamazon à partir d'un texte, avec intention, [par cela] il se retire de lui de nombreuses épreuves et difficultés.
[Atéret Zékénim]

-> Réciter le birkat hamazon à partir d'un texte est une ségoula pour mériter d'avoir des enfants craignant Hachem.
[rav Shloimka Zhviller]

-> Faire le birkat hamazon à partir d'un texte est une ségoula pour mériter des enfants.
[Maharil Diskin]

-> Même un seul birkat hamazon récité avec intention, peut transformer une personne en quelqu'un craignant Hachem (yéré chamayim).
[rabbi Mena'hem Mendel de Kotsk]

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-> Celui qui récite le birkat hamazon comme il le faut, va mériter d'entendre le birkat hamazon du roi David lorsque Hachem fera le festin pour les tsadikim dans les temps futurs.
[Kav haYachar - chap.7]

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-> Je dis à Hachem : "Tu es mon Maître! Mon bonheur n'est pas en dehors de toi" (amart l'Hachem, Elokim ata, tovati bal alékha - Téhilim 16,2)

-> Plusieurs explications sont données sur :"Mon bonheur n'est pas en dehors de toi" (tovati bal alékha - טוֹבָתִי בַּל עָלֶיךָ), et en particulier sur le terme : "bal" (בל) :
1°/ si tu as mangé et récité la bénédiction à Hachem, et que tu as reconnu que Hachem est ton Maître, alors Je [Hachem] vais épuiser (מבלה) toutes les bontés du monde sur toi.
[guémara Yérouchalmi Béra'hot 6,1]

2°/ si tu as mangé et récité une bénédiction à Hachem, toutes les bontés du monde seront réunies ensemble (יבללו) et elles vous seront octroyées.
[guémara Yérouchalmi Béra'hot 6,1]

3°/ Si tu as mangé et récité une bénédiction à Hachem, Hachem n'amènera aucune bonté sur le monde sans t'y inclure (מבלעדיך).
[guémara Yérouchalmi Béra'hot 6,1]

4°/ Si tu as mangé et récité une bénédiction, toutes les bontés du monde se produiront (יובלו) et viendront sur toi.
[Yalkout Chimoni Téhilim - remez 667]

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-> L'âme supplémentaire (néchama yétéra), que nous recevons le Shabbath, tire beaucoup de plaisir du birkat hamazon, car c'est une nouveauté qu'elle ne vit pas au Ciel. [Rama de Pano - Assara Maamarot]
C'est pourquoi l'objectif principal des repas du Shabbath est de donner du plaisir à l'âme supplémentaire en récitant le birkat hamazon.
[Agra déKalla - paracha Vayéra]

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-> Il est intéressant de constater que nous disons dans le birkat hamazon : "véal Toratékha chélimadtanou" (pour Ta Torah que Tu nous as enseigné), et ensuite : "véal 'haïm 'hein va'hessed ché'honantanou" (et pour la vie, la grâce, et la bonté dont Tu nous as gratifié).
=> Cet ordre est étrange. Pourquoi d'abord la Torah, et ensuite le fait d'être en vie, et non l'inverse qui serait plus logique (je suis en vie, alors je peux étudier!)?
Le rav de Poniovitch explique : car sans la Torah, quelle vie cela peut-il bien être?

-> Au moment d'arriver au dernier paragraphe du bikart hamazon, nous proclamons avec une grande certitude : "ceux qui recherchent Hachem ne manquent d'aucun bien" (védorché Hachem lo ya'hchérou kom tov - Téhilim 34,11).

[On a tendance à se débarrasser de notre prière, de nos mitsvot, à réduire notre investissement dans la Torah, ... comme si on en sortait gagnant.
Ainsi, en reprenant le fil de notre vie normale avec cette lecture du birkat hamazon, le message est : jamais on perd à faire la volonté d'Hachem, au contraire! ]

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-> Le 'Hovot haLévavot enseigne que le plus grand ennemi des juifs est le yétser ara.
Le Raavad (Séfer Baalé haNéfech) écrit que l'arme la plus puissante du yétser ara est de nous faire croire que c'est notre main, notre propre force, qui nous a permis d'être vainqueurs dans la bataille de la parnassa (ko'hi véotsem yadi assa li ét ha'hayil hazé).
Nos Sages enseignent que le moment le plus risqué pour renforcer cette orgueil (c'est grâce à MOI), a lieu lorsque notre estomac est plein (ex: on pense indirectement : c'est bon Hachem, je n'ai plus besoin de toi, je gère tout seul = car j'ai plus faim).
Précisément à ce moment là, un juif a le birkat hamazon qui lui permet de se reconnecter à l'humilité et à la gratitude.

-> Le rav Shimshon Pinkous enseigne qu'il existe moment où l'existence d'Hachem se manifeste le plus puissamment à tout celui qui y prête attention.
Il ne s'agit pas de Yom Kippour, ni de Shavouot. Mais, c'est le moment où une personne qui est faible et affamée va faire une bénédiction, elle va manger un morceau de pain et alors elle devient revigorée.
A ce moment, cette personne peut atteindre le plus haut niveau de certitude que Hachem existe, car elle mange directement des mains du Créateur, et elle vient de vivre un miraculeux retour de ses forces.
Le rav Pinkous appelle cela : "la reconnaissance du Créateur par le bais du miracle de manger" (hakarat haboré al yédé a'hilla).
Néanmoins, manger est une activité du quotidien, symbole de matérialité.
[en ce sens le birkat hamazon est une magnifique opportunité pour profiter de ce moment propice, et en tirer toutes les forces de certitude en Hachem.
Le Rambam (Hilkhot Avoda Zara 1,2) rapporte que malgré la culture d'idolâtrie environnante, Avraham a découvert l'existence d'Hachem en étudiant les merveilles naturelles du monde environnant.
Ainsi, en tant que ses descendants on peut prolonger ce comportement. Certes, on a fait une bénédiction avant de manger, mais c'est peut être en partie pour nous car on avait faim. Par contre, en prenant le temps d'apprécier et de remercier Hachem, alors on se saisit de cette opportunité pour renforcer notre découverte interne d'Hachem, à l'image d'Avraham.
En ce sens, l'essentiel d'un repas est le renforcement de notre lien avec Hachem que le birkat hamazon va permettre de renforcer.]

-> Le Zohar (Térouma 152) enseigne :
Lorsque Hachem a créé le monde, Il savait qu'il y aura une nation qui choisira de suivre la Torah.
Hachem voulait que Sa nation bien-aimée sache quotidiennement qu'Il l'aime plus que toute autre chose dans le monde, et ainsi Il a créé le besoin quotidien de manger.

[ex: chaque morceau de cookie porte le message suivant de la part d'Hachem : "Je t'aime".
En nous nourrissant, Hachem nous rend plus facile l'étape suivante : ouvrir nos yeux et reconnaître Qui nous nourrit.
Le birkat hamazon nous permet d'avoir en tête l'idée fondamentale : c'est Hachem uniquement qui nous nourrit. Cette conscience réveille alors notre reconnaissance, nous poussant à Le remercier pour Son attention et Sa bonté constantes à notre égard.]

-> Rabbi Shimshon Raphaël Hirsch (Ekev 8,11-18) enseigne :
"Le birbat hamazon introduit au sein même du processus banal de notre alimentation une conscience de la providence spéciale d'Hachem, qui a été complétement démontré dans le miracle de la manne.
Chaque morceau de pain mangé est considéré au même titre qu'un cadeau direct d'en-Haut [Hachem], de même que la manne était envoyée aux juifs dans le désert."

Le rabbi Nathan Scherman commente : "En apparence, la manne semble clairement un cadeau provenant du Ciel (Hachem), tandis que le pain est le résultat des efforts de l'agriculteur. Mais en réalité, ils sont identiques : c'est Hachem qui fournit".
Le rav Israël Najara enseigne que Hachem souhaite insuffler en chaque juif une croyance forte dans la Providence Divine, et c'est pour cela qu'Il nous a ordonnés de le remercier après avoir mangé (birkat hamazon), pour que l'on se renforce dans le fait qu'il n'y a absolument rien d'autre que Sa Force qui nourrit.

-> Dans le birkat hamazon, seule la première bénédiction est relative à la manne (notre subsistance), tandis que dans le restant des prières on va se focaliser sur notre amour et désir pour la terre d'Israël, pour Jérusalem, et pour le Temple.
Même avant de dire le birkat hamazon, nous exprimons notre désir pour la guéoula, avec le Tehilim d'introduction : "Chir hamaalot", ou "al naarot bavél".
Pourquoi cela?

Un père aimant ne souhaite pas uniquement délivrer de la nourriture à son fils de loin. Il désire énormément résider avec son fils sous le même toit, partager sa table et baigner dans l'amour de son enfant.
La terre d'Israël fait référence au Palais du Roi (Hachem).
De même que la nourriture témoigne de l'amour d'Hachem à notre égard, le fait de rappeler dans le birkat hamazon à plusieurs reprises la terre d'Israël et Jérusalem, cela réveille en nous une dimension supplémentaire de notre lien avec papa Hachem, car normalement nous devrions être réunis tous ensemble en terre d'Israël, ce qui arrivera très bientôt. b'h
[le birkat hamazon transmet l'idée que Hachem non seulement nous comble du meilleur, mais également Il désire ardemment que nous soyons au plus proches de Lui.
Le birkat hamazon nous donne donc non seulement des forces physiques, mais surtout des forces spirituelles, de la fierté d'être juifs, fils adorés du Maître du monde, Hachem.]

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[parfois on préfère éviter de manger du pain, content de notre stratagème pour se décharger de devoir réciter le birkat hamazon. Mais plutôt que de le fuir, on doit courir, sauter sur l'occasion pour le faire! ]

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-> b'h, également sur le Birkat haMazone : https://todahm.com/2013/12/01/birkat-hamazone

Voyez, je vous ai donné ce pays! Venez prendre possession du pays qu’Hachem a juré à vos pères, Avraham, Its’hak et Ya’akov, de donner à eux et à leur postérité après eux (Ekev 8,1)

-> Le Ben Ich 'Haï commente :
Quand on lit ce verset, on est en droit de se demander comment Hachem peut dire aux Bné Israel: "Voyez, je vous ai donné ce pays", alors qu’ils sont encore dans le désert, en transit, et qu’il n’ont pas encore pris possession du pays ni même ne s’en sont pas encore approché pour le voir de leur propres yeux?

En fait c’est justement le secret du "bita’hon" - la confiance en Hachem, qu’Il veut nous apprendre dans ce verset.
Alors que la promesse de la terre d'Israel se rapproche, elle n’est pas encore dans leur mains, et Hachem leur explique comment là mériter et concrétiser ce rêve.
C’est en s’imaginant que, oui, ils y sont déjà, qu’ils ont réellement pris possession du pays où coulent le lait et le miel, alors que ce n’est pour l’instant qu’une promesse, qu’un projet qui même s’il a été formulé par le Créateur du monde ne s’est pas encore réalisé. Mais s’ils se conduisent et se considèrent comme déjà les habitants de ce pays, alors ils prouvent à Hachem leur attachement à Lui et leur confiance aveugle en Lui. Par ce mérite ils mériteront la terre sainte.

Il y a également une condition, c’est que ce pays a été promis aux pères en raison de leur sainteté et de leur droiture, il nous faut donc perpétuer leur conduite pour être digne d’être appelée leur postérité et ainsi mériter de recevoir et de conserver la terre d’Israël.

C’est ce que dit le verset :
Si vous vous considérez comme si "Voyez, je vous ai donné ce pays!" = c’est-à-dire que vous êtes déjà les maîtres des lieux, alors vous pouvez : "Venez prendre possession du pays qu’Hachem a juré à vos pères, Avraham, Its’hak et Ya’akov, de donner à eux"
"et à leur postérité après eux" = c’est-à-dire vous-même si vous perpétuez cette conduite et cet attachement pour Hachem et sa Torah.

Le 'Hatam Sofer (Responsa partie Yoré Déa, 234) est d'avis que même si toute l’élite intellectuelle et spirituelle du peuple juif devait se retrouver en Exil et qu’il ne restait en terre d'Israël que de simples bergers ou paysans, ce seraient eux uniquement qui pourraient instituer les débuts de mois, et par cela la date des fêtes.
Même les plus grandes sommités rabbiniques en dehors d’Israël ne peuvent pas définir quel jour tombera le jeûne de Kippour ou la fête de Pessa’h.
S’il ne reste pas de juifs en terre d'Israël, toutes les fêtes s’annuleront, et par cela toute la Torah, et ensuite le peuple juif s’effacera.

L’étude de la Torah expie les fautes comme les sacrifices

+ L'étude de la Torah expie les fautes comme les sacrifices :

"Ordonne Aharon et ses fils pour qu'ils disent : voici la Torah de l'holocauste" (Tsav 6,2)

=> Il est nécessaire de comprendre pourquoi dans ce verset est employée l'expression "pour qu'ils disent" (lémor - לֵאמֹר). En général, celle-ci est utilisée dans la Torah pour signifier de transmettre ce qui a été dit aux autres. Or, ici, à qui d'autre Aharon et ses fils (qui représentaient alors les seuls Cohanim) pouvaient-ils s'adresser étant donné que tout le reste des Bné Israël était impropre au Service des sacrifices?

-> Le rabbi Bounim de Pshis'ha répond à cette question d'après ce que nous enseignent nos Sages (guémara Ména'hot 110) : "Tout celui qui étudie la Torah n'a besoin ni d'holocauste (ola) ni de sacrifice expiatoire ('hatat), ni d'offrande de pain (min'ha), ni de sacrifice coupable (acham)".
Hachem ordonna que les Cohanim s'adressent en vérité aux Bné Israël et qu'ils leur enseignent que s'ils étudient la Torah, ils n'auront pas besoin des sacrifices.

D'après cela, on peut apporter un nouvel éclairage sur le commentaire de Rachi à propos de ce verset : "On n'emploie le langage "ordonner" (tsav) que pour exhorter à l'empressement, plus particulièrement lorsqu'il s'agit d'une perte financière".
En effet, en transmettant un tel enseignement aux Bné Israël, il y avait lieu de craindre un manque à gagner pour les Cohanim puisque les Bné Israël n'apporteraient plus de sacrifices.
C'est pourquoi il était nécessaire d’utiliser cette expression en les encourageant à l'empressement.

"Le peuple sortit ramasser (la manne)" (Béaaloté'ha 11,8)

-> Un jour, le 'Hafets 'Haïm demanda à un disciple : "Nos Sages enseignent que la manne pouvait avoir tous les goûts. Quand un homme pensait à un certain goût, on pouvait ressentir ce goût dans la manne. Mais si un homme ne pensait à rien de particulier, dans ce cas la manne prenait quel goût?"
Le 'Hafets 'Haïm n'attendit pas la réponse et poursuivit de lui-même : "Si on ne pensait à aucun goût, alors la manne n'avait aucun goût. Et sais-tu pourquoi? Parce que la manne était une nourriture spirituelle, qui descendait du ciel. Et dans le spirituel, on ne peut ressentir du goût que si on met de la pensée. Ainsi, celui qui étudie la Torah, prie ou encore fait des mitsvot sans concentration et sans penser à ce qu'il fait, il n'en ressentira aucun "goût". Mais plus il mettra de la pensée et de la ferveur, et plus il en sentira le goût".

Parfois des gens accomplissent toutes les mitsvot sans ressentir de goût. Ils peuvent même avoir l'impression que la Torah est une contrainte et non un plaisir. La raison est qu'ils ne mettent pas de pensée dans ce qu'ils font.
Mais quand on sert Hachem avec conscience, alors on en ressentira une joie et un plaisir intense.

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-> Le midrach (Chir Hachirim (966 Yalkout Chimoni) enseigne : "la manne était bonne pour le Klal Israël, ils en recevaient largement et ils pouvaient y trouver 546 goûts différents, valeur numérique du mot matoq (doux). Comme cela est écrit dans le Chir Hachirim : "oupir'yo matok lé'hiki" (son fruit était doux à mon palais)".

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-> Le Chav Chematata (dans son introduction) explique que la manne avait comme particularité de pousser un homme vers la Torah et les mitsvot comme l'écrit le Beit Yossef (dans son Séfer Maguid Mecharim).
Le Midrach Yalkout Réouvéni (Béchalla'h) rapporte que l'ange qui distribuait la manne était l'ange chargé de l'étude la Torah, ce qui confirme que la manne poussait ceux qui la consommaient vers l'étude de la Torah.
Inversement, la manne privait des taavot (désirs) vers la matière et vers ce monde-ci car un désir pour la Torah ne peut pas se maintenir chez une personne qui éprouve un désir pour la matière ; et l'apparition d'un désir pour l'un implique forcément la disparition d'un désir pour l'autre.
Il en ressort que ceux qui mangeaient tout le temps la manne et ne consommaient pas d'autres aliments (viandes ou autres aliments qu'ils possédaient [dont ceux achetés à des marchands non-juifs]) voyaient se développer en eux une forte volonté vers l'étude et un dégoût de la matière, vu que la manne les privait de taava (désir).

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-> "Le peuple alla déambuler, ils récoltèrent (la manne), la moulurent dans la meule ou la pilèrent au pilon et la cuisirent au four ... et son goût était comme celui des beignets à l’huile" (Béaaloté'ha 11,8)

-> Le Zohar (2, 62b-63a) commente en disant "Maï Chatou? Chétouta Havou Nasbé Lagavmayou Béguine Dé Lo Havou Bné Mnéémouta" = ce qui signifie que parmi les Bné Israël se trouvaient des gens de cette génération qui choisirent d’aller dans la voie de la stupidité. Et en quoi consistait-elle?
En cela qu’ils "la moulurent, la pilèrent et la cuisirent".
Cela, affirme le Zohar, fut provoqué par leur manque de émouna. En d’autres termes, si leur foi avait été suffisamment solide, ils auraient été convaincus que leur nourriture allait parvenir jusqu’à leur bouche, prête à être consommée sans qu’ils aient à se fatiguer autant à la moudre et à la piler.

-> Par ailleurs, le même Zohar enseigne que la manne répandait un parfum de paradis parce qu’en tombant du ciel, elle traversait le Gan Eden.
De même, certains parmi les Bné Israël en ressentaient tous les goûts les plus exquis du monde.
Cependant, le méritaient que ceux qui ne faisaient pas d’efforts outre mesure pour la consommer. Par contre, ceux qui la moulaient à la meule n’en sentaient que le goût mentionné dans le verset "comme celui des beignets au miel", et pas plus.

=> Il en ressort qu’à cause de son inquiétude due à son manque de émouna, l’homme, loin de gagner quoi que ce soit, finit même par s’occasionner une perte.

"Le peuple murmura des mauvaises paroles" (Béahaloté'ha 11,1)

-> Rachi explique que quand le peuple quitta le mont Sinaï pour se diriger vers la terre sainte, Hachem leur fit parcourir en un jour un chemin de trois jours, ce qui les épuisa. C'est de cela que le peuple s'est plaint.

=> Pourquoi Hachem a-t-Il eu besoin de les fatiguer de la sorte ?

-> Nos Sages disent que la terre sainte s'acquiert par des épreuves. L'homme doit surmonter des difficultés pour
la mériter. Cela est la raison profonde pour laquelle le peuple d'Israël a dû passer 40 ans à tourner dans le
désert avant d'entrer en terre sainte.
Le 'Hidouché haRim ajoute qu'au départ, Hachem souhaita leur simplifier cette difficulté en leur octroyant une épreuve plus légère. C'est pourquoi, Il les fit parcourir en un seul jour une distance de 3 jours. Cette fatigue allait servir à constituer cette fameuse épreuve. Le projet était qu'ensuite, ils puissent y entrer immédiatement.
Mais le peuple, fatigué par la route, commença à murmurer contre Hachem et se plaindre de cette épreuve. Par cela, ils trébuchèrent. L'épreuve n'a pas été surmontée.
Dès lors, ils ne pouvaient plus entrer immédiatement en terre sainte, car ils n'ont pas surmonté l'épreuve nécessaire pour la mériter. Il s'en suit la faute des explorateurs et le séjour de 40 ans dans le désert.

A présent, ils devaient traverser des difficultés plus dures et longues. C'est ainsi qu'Hachem procède. Quand Il compte envoyer une épreuve ou une souffrance à l'homme du fait d'une faute commise par exemple, Il opte d'abord pour une épreuve relativement légère. Mais si l'homme se plaint et ne la surmonte pas, alors il devient nécessaire de passer à une épreuve plus lourde.
Cette idée doit nous accompagner pour nous aider à nous réjouir des petites épreuves, en sachant que celles-ci viennent peut-être nous sauver de plus lourdes, et que dans Sa grande Bonté, Hachem commence d'abord par envoyer une épreuve plus légère. Ne nous plaignons pas et remercions Hachem pour celle-ci, car Il cherche à nous épargner des épreuves plus difficiles qu'on se sera soi-même envoyé pour ne pas avoir surmonté la plus simple, alors que c'était en fait une Bonté d'Hachem.
[rapporté par le rav Mikaël Mouyal]

Hachem entend la prière de chacun

+ Hachem entend la prière de chacun :

"N'agrée pas leur offrande" (Kora'h 17,15)

-> Le rav Elimélé'h Biderman enseigne :
Les commentateurs (cf. le Rambam) expliquent que l'offrande dont il s'agit ici concerne la prière.
Moché supplia ainsi Hachem de ne pas exaucer celle de Kora'h et de son assemblée qui désiraient que ce dernier serve en tant que Cohen Gadol.

En réfléchissant un tant soit peu, on ne pourra s'empêcher d'être surpris. Kora'h veut contester la prêtrise et ébranler la confiance des Bné Israël dans leur Maître Moché, sème la destruction au sein du peuple, la dissension avec Moché et Aharon sanctifiés tous deux par Hachem.
Et après tout cela, Moché craint encore qu'Hachem entende sa prière et lui accorde la prêtrise alors qu'elle avait déjà été octroyée à Aharon.
=> On ne peut que se rendre à l'évidence de la force immense de la prière et constater qu'elle ne dépend nullement de la situation où se trouve un homme.
Serait-il le pire des fauteurs, cette force que représente la prière demeure considérable, au point que Moché dut lui-même supplier Hachem : "N'agrée pas leur offrande", "ne prête pas l'oreille à leur requête".

Fille d’Haman – Impact d’une mitsva involontaire

"Haman se hâta de rentrer chez lui en état de deuil, la tête couverte" (Esther 6,12)

-> La guémara (Méguila 15a) commente :
"Comme [Haman] conduisait [Morde'haï à cheval] dans la rue où il habitait, la fille d'Haman, qui se tenait sur le toit, l'aperçut. Elle pensa que l'homme sur le cheval était son père et que l'homme qui marchait devant lui était Morde'haï. Elle prit un pot de chambre et le vida sur la tête de son père.
Il leva les yeux vers elle et elle comprit que c'était son père. Elle sauta du toit, se suicidant.
Le verset dit donc ... "Haman se hâta de rentrer dans sa maison, en deuil, la tête couverte" = "en deuil" de sa fille, et "la tête couverte" = parce que sa fille avait répandu de l'ordure sur lui."

Quant à la fille d'Haman, qui leva les yeux et vit que c'était son père, elle tomba du toit sur le sol et mourut, comme il est écrit : "Haman rentra précipitamment dans sa maison, en état de deuil, la tête couverte."
Or, il y a un point particulier dans ce passage de la guémara. Si la fille d'Haman se tenait sur le toit, pourquoi la guémara dit-il qu'elle a "leva les yeux"? Il aurait fallu dire "elle baissa les yeux et vit que c'était son père".
[ en effet, notre texte de la guémara affirme qu'Haman a levé les yeux [pour voir qui avait jeté de la saleté sur lui], et non sa fille. Dans le midrach Léka'h Tov sur ce verset, le récit dit : "Elle leva la tête et réalisa que c'était son père ..." ]

L'explication est la suivante :
Lorsque la fille d'Haman a jeté des ordures sur son père, elle avait l'intention fauteuse de s'en prendre à Mordé'haï. Cependant, elle découvrit bientôt qu'elle avait en fait jeté la saleté sur Haman et qu'elle avait involontairement accompli une action vertueuse. (voir Tossefot Kidouchin 32b)
[en humillant son père Haman, elle réalisa une mitsva ]
Lorsqu'une personne réalise une action et qu'elle n'est pas sûre qu'elle soit méritoire, elle doit vérifier si sa conscience s'est élevée spirituellement grâce à cette action.
Si c'est le cas, alors elle peut être assurée que son action était louable.

Comme la fille d'Haman avait accompli une mitsva en humiliant son père en lui jetant des ordures, cette mitsva a fait que ses yeux, métaphore de sa conscience, ont été "élevés", car après avoir accompli une mitsva, la conscience spirituelle d'une personne s'élève.

C'est donc ce que la guémara veut dire lorsqu'elle affirme qu'elle a levé les yeux, est tombée du toit et est morte.
Cela signifie, que par sa bonne action, elle s'est détachée de la Sitra A'hara (force d'impureté/mal), le conduit par lequel sa force vitale est arrivée, et qu'elle a ainsi précipité sa propre mort.
Sinon, c'est parce qu'elle regrettait d'avoir accompli cette mitsva qu'elle est morte.

[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev - Kédouchat Lévi - Pourim n°8 ]

Qu’est-ce qui a été donné au don de la Torah?

Le Shabbath, au 6e jour du mois de Sivan de l’an 2448 depuis la Création, tout le peuple d’Israël, ainsi que les âmes de toutes les générations futures, se rassemblèrent au pied du Mont Sinaï pour recevoir la Torah.
Cependant, la Torah que nous avons reçu au Sinaï était déjà en notre possession depuis de nombreuses générations. Nos ancêtres avaient étudié et accompli toute la Torah avant qu’elle soit donnée (guémara Yoma 28b).
=> Ainsi, aucun principe nouveau ne fut-il dévoilé au Sinaï. Qu’est-ce donc qui nous fut donné lors du "Don de notre Torah"?

-> Le midrach (Chémot Rabba 12,4) explique la signification de cet événement par la parabole suivante : "Un jour, un roi décréta que le peuple de Rome avait l’interdiction de descendre en Syrie et le peuple de Syrie avait l’interdiction de monter à Rome. De la même façon, lorsque D. créa le Monde, Il décréta que ‘Les cieux appartiennent à D. et la terre a été donnée à l’homme’ (Téhilim 115,16). Mais quand Il voulut donner la Torah à Israël, Il abrogea Son premier décret et déclara : Les règnes inférieurs peuvent monter vers les règnes supérieurs et les règnes supérieurs peuvent descendre dans les règnes inférieurs.
Et Moi-même [Hachem] Je commencerai, comme il est écrit : ‘Et D. descendit sur le Mont Sinaï’ (Chémot 19,20) et puis, ‘Et à Moché, Il dit: monte vers D-ieu’ (Yitro 24,19)".

Durant les 26 premières générations de l’histoire, il existait une un décret divin qui séparait la réalité en 2 mondes hermétiques : le Spirituel et le Matériel.
Le Spirituel ne pouvait pas être réellement introduit ici-bas, sa réalité même s’opposant à toute concrétisation, et le Matériel ne pouvait être rendu transcendant et divin, sa nature le maintenant confiné dans la limitation des règnes inférieurs. Dès lors, la Torah, qui est la Sagesse divine, ne pouvait avoir aucun effet réel sur le Monde matériel. Elle ne concernait que l’âme de l’homme et la réalité spirituelle des Cieux. Bien que ses concepts pussent être, et furent effectivement, appliqués à la vie physique, celle-ci ne pouvait pas être élevée.
Au Sinaï, D. révoqua le décret qui séparait la matière et l’esprit en deux domaines distincts. Hachem descendit sur le Mont Sinaï, et apporta la spiritualité des Cieux à la Terre. Il convoqua Moché au sommet de la montagne, donnant à l’être humain la capacité d’élever son être physique et le Monde matériel à un degré d’existence supérieur. La Torah pouvait désormais sanctifier la vie matérielle.
Après l’épisode du Sinaï, quand un homme matériel prend une pièce d’argent matérielle, gagnée par son labeur et ses talents matériels, et la donne à la tsédaka, ou quand il cuit de la farine et de l’eau et en fait une matsa et la consomme la première nuit de Pessa’h, ou quand il donne à un morceau de cuir une forme et des mesures spécifiques, y insère des parchemins sur lesquels sont écrits certains versets et les lie à sa tête et à son bras en tant que téfilin, l’objet limité et matériel avec lequel il a accompli la mitsva est transformé et sort sanctifié.
Ainsi, ce n’est qu’après le Sinaï qu’une mitsva put concrétiser le spirituel et sanctifier le matériel.
[d'après le Collel - feuillet de la communauté Sarcelles 5779]