Aux délices de la Torah

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+ "La prière est plus puissante que la prophétie.
En effet, un prophète peut dire à quelqu'un son futur, tandis que la prière a le pouvoir de le changer."

[Rabbénou Bé'hayé -
sur la guémara (Béra'hot 10a) où le prophète Yéchayahou a dit au roi 'Hizkiyahou : "un décret scellé de mort est sur toi, et tu ne peux pas le changer".
'Hizkiyahou lui a répondu qu'il sait de ses ancêtres que même si on a une épée tranchante sur la gorge prête à nous tuer, nous devons garder espoir en priant et en espérant en la miséricorde d'Hachem.

La suite de cette guémara : "Aussitôt ‘Hizkiyahou détourna le visage et se répandit en ferventes prières qui montaient du plus profond de son cœur ...
Yéchayhou lui dit … Voici ce que déclare Hachem, D. de David ton père : "J’ai entendu ta prière et vu tes larmes, Je prolongerai ta vie de 15 ans." (Yéchayahou 38,2-5)."]

[ => Ainsi, même si un prophète pur comme Yéchayahou voit un décret scellé, si nous vidons notre cœur en prière et en émouna en D., alors nous devenons une nouvelle personne qui n'est plus concernée par ce mauvais décret.
Telle est la force de la prière! ]

Lorsqu'un juif regarde ce qu'il ne doit pas observer, alors la sainteté d'Israël qui est en lui le quitte.
[le Beit Aharon - sur Yéchayahou 27,6]

-> Le rav Elimélé'h Biderman rapporte l'explication de nos Sages sur le verset (Yéchayahou 59,18) :
- "ché'i chaviv éné'ha" = lève tes yeux [de visions interdites] ;
- "our'i koulam nikbétsou baou la'h" = [et alors] tu verras les nombreux anges [que cette bonne action a créé], se rassemblant autour de toi [et te protégeant.]

-> Dans le kidouch nous disons : "acher kidéchanou bémitsvotav vératsa banou" (qui nous a fait saints avec Ses mitsvot et qui nous désire).
Normalement, nous devrions dire l'inverse : "Il nous désire, et ainsi Il nous a fait saints avec ses mitsvot".
Le rabbi Moché Mordé'haï de Lelov explique que Hachem nous désire car nous faisons le maximum pour être saints.
[D'une certaine façon, chacun de nos efforts pour être kadoch, renforce le désire d'Hachem pour nous!]

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-> "Pharaon donna un ordre ... Vous ne continuerez pas à donner la paille au peuple pour fabriquer les briques ... qu'ils aillent eux-mêmes et ramassent leur paille. Quant au quota des briques qu'ils fabriquaient ... vous [le] leur imposerez, ne le réduisez pas ..." (Chémot 5,6-7)

=> Si Pharaon voulait rendre plus difficile la vie des juifs, pourquoi ne leur a-t-il pas simplement demandé de produire davantage de briques? Pourquoi voulait-il le même quota?

Le rabbi de Skver explique que le plan de Pharaon était de contraindre les juifs à traverser l'Egypte pour trouver de la paille.
Il voulait qu'ils quittent les 4 coudées de leur environnement personnel pour s'habituer, pour s'imprégner de la culture égyptienne.
Il voulait leur abîmer les yeux [par des visions interdites], car ensuite les égyptiens auraient le dessus.

Avraham et les anges

+ "Les anges lui dirent [à Avraham] : Où est Sarah ta femme? Avraham répondit : Elle est évidemment dans la tente" (Vayéra 18,9).

Ce verset veut nous faire savoir combien Sarah (notre Matriarche) était une femme pudique et discrète.
Rav Yéhouda a dit au nom de Rav, ou selon d'autres, c'est rabbi Its'hak qui a dit : Les Anges savaient très bien que notre mère Sarah était dans sa tente, mais (ils ont posé la question) afin de la rendre encore plus chère aux yeux de son époux.
[guémara Baba Métsia 87a]

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=> Était-il nécessaire que les Anges cherchent à rapprocher Avraham de Sarah, alors qu'il s'agissait d'un couple uni?

-> Le rav 'Haïm Chmoulévitch (Si'hot Moussar 10) enseigne :
Selon rabbi Its'hak, les 3 Anges savaient que Sarah était dans sa tente en raison de son caractère pudique et discret.
Leur demande à Avraham : "Où est Sarah?" avait pour seul but de souligner à Avraham la pudeur de Sarah, afin de la rendre plus chère à ses yeux.
Ainsi, les Anges ont tenu, au nom de la recherche du Shalom (paix), à rapprocher encore davantage Avraham et Sarah en vantant la discrétion de Sarah.
Pourtant, Avraham et Sarah formaient un couple uni et soudé, et avaient un âge avancé et un niveau angélique.
Cette enseignement de la guémara veut donc nous apprendre qu'il n'y a pas de limite dans la recherche du Shalom dans un couple, même uni.

De plus, lorsque Sarah, sceptique, réagit ainsi à la nouvelle d'un futur enfantement : "Et (pourtant) mon mari est un vieillard" (Vayéra 18,12), Hachem rapporta différemment à Avraham les propos de Sarah : "Vais-je vraiment enfanter, alors que je suis si vieille" (Vayéra 18,13), même si Avraham s'était lui-même posé auparavant la question : "Quoi! Un (vieillard) centenaire engendrerait-il encore?" (Lé'h Lé'ha 17,17).

Pourquoi Hachem a-t-il modifié les propos de Sarah?
C'est parce que si Avraham avait pris connaissance de l'affirmation de Sarah : "Et mon mari est un vieillard!", il aurait pu être un tant soit peu froissé et cela aurait légèrement troublé le Shalom de ce couple, pourtant soudé.
Hachem veut nous enseigner l'importance d'éviter la moindre division et l'importance du Shalom dans un couple même uni.

[si cela est vrai chez notre Patriarche (à son niveau phénoménal), combien à plus forte raison chez nous (ses descendants).
Nous devons ainsi tout faire pour développer le shalom dans notre couple, et éviter tout ce qui risque de lui porter atteinte, même d'un peu.]

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-> "Ils lui dirent : "Où est Sarah ta femme"? Il[Avraham] dit : "Elle est dans la tente"." (Vayéra 18,9)

-> Rachi rapporte la guémara (Baba Métsia 87a) affirmant que les anges savaient très bien où était Sarah, mais c’était pour mettre sa décence en valeur et pour la rendre encore plus chère aux yeux de son mari.

-> Le rav Shlomo Wolbe pose une question sur cet épisode. Quand on discourt devant de jeunes mariés, lors de leurs Chéva Bérakhot (repas de fête durant la semaine qui suit leur mariage), il est normal de chanter les louanges du ’Hatan et de décrire longuement les qualités de la Kalla. Ceci, pour cimenter les liens du nouveau couple. Mais Avraham et Sarah avaient respectivement 100 et 90 ans à cette époque.
On ne sait pas exactement à quel âge ils se sont mariés, mais cela faisait certainement plusieurs décennies. Après une telle période de vie commune, si la femme n’est pas appréciée par son mari, un tel compliment n’aidera pas à rétablir l’harmonie ...
=> Ainsi quel but y avait-il à rendre Sarah encore plus chère aux yeux de son mari en soulignant sa pudeur? De plus, Avraham était un grand tsadik, le pilier du monde. On n’exalte généralement pas son côté romantique. Comment comprendre l’intention des anges : à savoir de rendre Sarah chère à ses yeux?

D’après le rav Wolbe, ce passage nous enseigne que le fait de "rendre l’un des conjoints plus cher aux yeux de l’autre" est nécessaire durant toute la vie commune des époux.
Cette guémara nous enseigne que l’on peut être marié depuis 30, 50, 60 ans ou plus, avoir souvent été chéri par son conjoint, les liens des mariés doivent tout de même constamment être renforcés, intensifiés. Il est donc essentiel que les conjoints se chérissent toujours davantage.
En l’occurrence, ce sont les anges qui entrainèrent ce renforcement des liens entre Avraham et Sarah, mais nous déduisons de ces versets qu’il incombe au mari et à la femme de toujours s’efforcer de voir l’autre de manière positive, de lui vouer toujours plus de respect et de s’en soucier toujours plus.

-> L’histoire suivante sert de parfait exemple quant à l’attitude à avoir envers son conjoint.
Rav David Hirschovitz était un fervent disciple du célèbre roch Yéchiva de Mir, le rav ’Haïm Chmoulevitz. Lors d’un voyage en Erets Israël, il lui rendit visite et le rav Chmoulevitz l’invita à déjeuner chez lui. Lors du repas, l’attitude du Rav Chmoulevitz troubla son élève, car elle ne semblait pas adaptée au statut du rav.
Dès qu’il entra chez lui, ce dernier demanda à sa femme ce qu’elle comptait leur servir à manger. Puis, il s’attabla et mangea tout son plat, ne laissant aucun reste. Son assiette était redevenue toute propre. Il demanda à sa femme ce qu’elle avait mis comme épice pour que le repas soit si bon. Quand celle-ci lui répondit, il demanda à être resservi et il termina à nouveau son assiette. "Vraiment délicieux!"

Rav Hirschovitz n’en croyait pas ses yeux! Une fois la rabbanite sortie de la pièce, il demanda à son rav : "Que se passe-t-il? À Mir, vous n’étiez concentré que sur votre étude ; c’était votre seule occupation, jour et nuit, au point qu’il fallait parfois vous rappeler de manger! Et quand vous finissiez de manger, il fallait parfois vous rappeler de réciter la bénédiction qui suit le repas, parce que vous aviez oublié que vous aviez mangé ..."

Et là, 40 ans plus tard, le rav Chmoulevitz demandait la recette du plat et dévorait sa part! L’élève ne comprenait pas.
Le rav Chmoulevitz répondit :
"Sache que je suis un grand Maguid Chiour [conférencier] en Erets Israël. Je ne te raconte pas ceci par orgueil. J’ai travaillé sur ces cours pendant 40 ans, je les ai dispensés à Mir, en Europe et à Shanghai. Je les ai retravaillés, améliorés, lus et relus. Ces cours sont des mines d’or! Sache que quand un jeune élève de 17 ans vient me complimenter à la fin d’un cours en me disant qu’il l’a apprécié, cela me réjouit énormément, ma journée est complètement différente! Pourtant quels sont le niveau et les connaissances de ce jeune homme? Il ne saisit pas la profondeur de la question posée, sans parler de la clarté de l’interprétation du passage de guémara ... Malgré tout, son compliment me réjouit, il me fait du bien, car telle est la nature humaine ...

Ce repas est comme l’un de ces cours pour ma femme. C’est toute son occupation et sa préoccupation : elle se soucie de moi et prépare tout ce dont j’ai besoin. Donc, pour lui faire plaisir, je mange ce qu’elle me sert avec appétit et plaisir. Je termine toute mon assiette. Mais je ne suis pas devenu glouton ; c’est son Chiour et je veux lui montrer que je l’apprécie."

Rav Chmoulevitz était alors marié depuis plus de 50 ans, mais il savait que tout individu a besoin d’être complimenté, peu importe le nombre d’années de mariages déjà célébrées.
Les Anges nous enseignent que la relation de couple se tisse et se développe sans cesse.

La bonne année civile

+ La bonne année civile!

-> "A Roch Hachana, certaines de nos prières ne sont pas acceptées à cause des accusateurs, mais quand le nouvel an non-juif arrive et que l’on peut constater la différence entre les juifs qui décrètent à Roch Hachana que la terre et tout ce qu’elle contient appartiennent à Hachem, et les goyim qui passent cette soirée en débauche, alors les accusateurs s’effacent et les prières de Roch Hachana peuvent enfin monter.
Enfin peut commencer la bonne année juive débutée en Tishri!"
[le Ohév Israël – Rabbi Avraham Yéhochoua Hechel d’Apta]

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[on peut éventuellement ajouter qu'en assistant à l'attitude des non-juifs qui sont enfoncés dans les futilités, les grossièretés de ce monde, alors comparativement nous apprécions le fait d'être juif, de pouvoir vivre une vie pleine de sens, de Vérité.
Ils font des efforts pour du vide, nous faisons des efforts pour un monde éternel sublime, proche d'Hachem.
On a beau avoir plein de raisons de se plaindre dans la vie, mais le fait d'apprécier la chance d'être vivant et juif nous octroie une joie qui supplante tout. Ainsi leur "bonne année", fait notre "bonne année" !!]

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-> Un soir de 31 décembre, le Rabbi de Loubavitch se trouvait dans son bureau avec l’un de ses secrétaires, Nissan Mindel.
Ce dernier ne fut pas peu stupéfait de s’entendre souhaiter par le Rabbi : "Bonne année!"
Devant la mine passablement hébétée de Nissan Mindel, le Rabbi dit dans un sourire : "N’est-il pas écrit : "Hachem tient la chronique des peuples" (ה' יִסְפֹּר בִּכְתוֹב עַמִּים - Téhilim 87,6)?"
Le Rabbi savait imprégner de sainteté les domaines les plus étrangers à la tradition juive.

L'allumage des lumières de 'Hanouca est un moment propice dans les Cieux au cours duquel la Midat Ha Din (la mesure Divine de rigueur) s'annule au profit de la Midat haRa'hamim (la mesure Divine de miséricorde).
De plus, d'après le Zohar l'allumage de la Ménorah qui se trouvait au Temple suscitait la Midat haRa'hamim dans le monde au même titre que la sonnerie du Shofar de Roch Hachana, et qu'il en est de même pour l'allumage des lumières de 'Hanouca (qui ont pour origine l'allumage de la Ménorah dans le Temple), qui transforme la Rigueur et la colère Divine en Miséricorde et en bienveillance Divine.
[rabbi 'Haïm Palaggi - Réfoua vé'Haïm]

-> Le Baal haTourim (Térouma) fait remarquer que : "dans toute la paracha de la Ménorah, il n'est jamais mentionné la lettre ס (qui évoque le Satan) pour indiquer qu'à l'endroit des lumières de la Ménorah, aucun Satan ni ange destructeur n'est présent."

"[Rabbi Yo’hanane Ben Zakaï avait l’habitude de dire: ] Si tu as une graine dans ta main et que quelqu’un te prévient que machia’h est là, plante d’abord la graine et, ensuite, sors l’accueillir"
[Avot de Rabbi Nathan (version B - 31)].

"Je donnerai pour toi et tes enfants ... pour l'éternité, l'alliance du sel pour toujours" (Kora'h 18,19)

-> Selon Rachi : Hachem contracta avec Aharon une alliance éternelle et durable, à l'image du sel qui conserve et rend durable la nourriture.

-> Le Kédouchat Lévi fait le commentaire suivant :
Cette alliance du sel contractée après la faute de Kora'h vient aussi en réponse à la révolte de Kora'h.
D'après la tradition, le Lévi connote la rigueur et le Cohen relève de la bonté. Kora'h, qui était Lévi, voulait devenir Cohen, car il souhaitait neutraliser toute la rigueur pour que seule la bonté puisse s'exprimer. Son erreur était que pour que la véritable bonté puisse s'installer, on a aussi parfois besoin de la rigueur.
C'est le sens de l'alliance du sel. Chaque chose qui existe est constituée d'un dosage entre les 4 éléments (eau, feu, air et terre). Or, d'après nos Sages, le sel c'est l'élément du feu qui est contenu dans l'eau. De plus, l'eau symbolise la bonté et le feu la rigueur.
Il en ressort que le sel symbolise la rigueur contenue dans la bonté. C'est précisément cette dimension qui se
devait de répondre aux arguments de Kora'h qui ne voulait que d'une bonté pure, dépourvue de toute rigueur.

"Cette nuit-là, le sommeil du roi fut troublé" (Esther 6,1)

-> À propos de ce verset, le Targoum Chéni affirme que l'ange Mikael a montré à A'hachvéroch une vision dans laquelle Haman désirait tuer le roi.
Mais comment l'ange a-t-il pu montrer une fausse vision au roi?

Nous pouvons comprendre cela de la manière suivante :
En réalité, bien qu'A'hachvéroch l'ait épousée, il n'a jamais souillé Esther en ayant des relations conjugales avec elle, à D. ne plaise. Comme l'explique la guémara, Esther a envoyé un démon qui est apparu à A'hachvéroch sous la forme d'Esther chaque fois qu'elle devait être intime avec le roi. [voir Zohar 3,275b]
De plus, la guémara (Méguila 13b) dit : "Elle s'est immergée et a été intime avec Morde'hai", son véritable mari.
Par conséquent, son véritable mari était seulement Morde'haï, jamais A'hachvéroch. Il ne faut surtout pas penser qu'Esther a eu des relations intimes avec A'hachvéroch.

L'image que l'ange a montrée à A'hachvéroch est celle d'Haman qui projette d'assassiner le mari d'Esther, qui est en fait Morde'haï, bien qu'A'hachvéroch ne le sache pas.
Bien que Morde'haï soit en réalité le mari d'Esther, A'hachvéroch pensait à tort qu'il était lui-même son mari et qu'il était donc la cible d'Haman.
Avec cette explication, il est clair que l'ange Mikael n'a pas, à D. ne plaise, montré une fausse vision à A'hachvéroch.
[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev - Kédouchat Lévi - Pourim n°6 ]

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=> L'ange Mikael a fait croire à A'hachvéroch qu'Haman complotait pour le tuer.

"Noa’h, homme de la terre, s’avilit et planta une vigne. Il but de son vin et s’enivra, et il se mit à nu au milieu de sa tente" (Noa'h 9,20-21)

-> À la fin du déluge, quand Noa’h rejoignit la terre ferme, il dut entreprendre une tâche décourageante, celle de reconstruire le monde. Il commença par planter une vigne.
Rachi explique : Lorsqu’il était entré dans l’arche, il avait emporté des rameaux de vigne et de figuier.
Certains commentateurs disent que le problème du vin est qu’il peut être très néfaste s’il est mal utilisé, comme ce fut le cas lors de cet incident. Par conséquent, ils estiment que Noa’h aurait dû planter quelque chose qui provoque moins de dégâts que le vin.
De plus, certes Le vin peut grandement réjouir l’individu et l’aider à se sentir plus proche d’Hachem, mais Noa’h aurait dû commencer par quelque chose de plus nécessaire à la reconstruction du monde.

Cependant n’oublions pas que Noa’h était un grand tsadik, on ne peut donc pas interpréter son erreur de manière superficielle.
=> Comment comprendre son attitude?

-> Le Yalkout Chimoni (Noa'h 9,20) explique que lorsque Noa’h but du vin, il ressentit une grande joie.

Le rav Méir Rubman (Zikhron Méir) précise que quand Noa’h regagna la terre ferme, il fit face à une destruction absolue, le monde dans lequel il avait vécu était complètement anéanti et tout être vivant avait disparu.
Il se sentit accablé et découragé par cet horrible spectacle. Il savait que de tels sentiments ne l’aideraient pas à redonner au monde un aspect spirituel, parce que la Présence Divine ne réside que lorsque l’on est joyeux d’accomplir la volonté d’Hachem (selon la guémara Shabbat 30a).

Sachant que le vin avait la capacité de réjouir les gens, il décida de planter une vigne et d’en utiliser le fruit pour faire descendre la Présence Divine sur terre.
Cette explication pose néanmoins une difficulté : si ses intentions étaient louables, pourquoi ses actions provoquèrent-elles tant de dégâts?

-> Le rav Sim’ha Wasserman explique qu’il avait d’autres motifs, moins nobles, qui l’incitèrent à commencer à reconstruire le monde par la plantation de vigne.
Devant une telle désolation, Noa’h éprouva le besoin de s’égayer et de sortir de l’horrible situation à laquelle il était alors confronté. Par conséquent, il choisit de planter une vigne, et son vin lui permettrait d’échapper au terrible malheur qu’il vivait.
Ce choix fut considéré comme un échec pour quelqu’un du gabarit de Noa’h et il eut donc des conséquences négatives. Nos Sages ('hazal) le critiquent et affirment qu’il aurait dû chercher à reconstruire plutôt qu’à fuir.
Rav Wasserman note que nos Sages ne disent pas que Noa’h a commis une grave faute, mais qu’il fit quelque chose de "‘hol" (de la racine "vaya’hel", terme employé pour évoquer l’erreur de Noa’h), un manque de pureté et de grandeur.

[le verset (v.9,20) commence par : "vaya'hel (וַיָּחֶל) Noa'h", que Rachi commente : Vaya'hèl ("commença") [à rapprocher de ‘houlin ("œuvre profane")] veut dire qu’il s’est profané lui-même, car il aurait dû commencer par planter autre chose. ]

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-> Noa’h, homme de la terre se dégrada ; il planta un vignoble" (Noa'h 9,20)

-> Le midrach (Béréchit Raba 36,3) rapporte que Rav Bera’hia dit : "Moché est plus apprécié que Noa’h ; Noa’h passa de l’appellation "Ich Tsadik" à celle de "Ich Adama", tandis que Moché passa de "Ich Mitsri" à "Ich Élokim"."

-> La Torah nous raconte qu’en sortant de l’arche, Noa’h planta une vigne. Elle le décrit alors comme un "Ich Adama" (un homme de la terre). Nos Sages expliquent qu’après avoir planté cette vigne, il s’enivra en en buvant le vin, ce qui provoqua les événements tragiques menant à la malédiction de son fils ’Ham.
=> Comment se fait-il que Noa’h subit une chute spirituelle si rapide et passa du "Ich Tsadik" au "Ich Adama"?

-> Le Messé'h 'Hochma fait remarquer d'un côté qu'il faut faire attention que notre temps et énergie consacrés à autrui ne viennent pas nuire à notre croissance et à notre développement personnel.
Mais d'un autre côté, il rapporte un midrach (Béréchit rabba 36,3) qui dit qu'au début Noa'h était vu comme un juste parfait (Noa'h 6,9 - "ich tsadik"), mais le fait de focaliser sa vie que sur lui-même (ex: se concentrant que sur sa propre spiritualité, sans selon le Sforno chercher à faire connaître Hachem et Ses voies à ses contemporains) va le transformer en un homme de la terre (Noa'h 9,20 - "ich aadama").
A l'inverse Moché est décrit au début comme un égyptien en exile (Chémot 2,19 - "ich mitsri"), mais ses efforts pour le peuple juif vont l'élever au sommet de la perfection, lui faisant mériter le titre de : homme de D. (Dévarim 33,1 - "ich aElo'im").
=> Cela nous apprend que l'on ne perd jamais à faire du 'hessed à autrui.

-> Rav Leib Helman (dans son 'Hikré Lev) parle de ce sujet. Pour comprendre les actions de Noa’h à sa sortie de l’arche, il convient de considérer l’immense difficulté de sa situation dans l’arche, durant toute la période du déluge.
Tout d’abord, le midrach Tan’houma raconte que Noa’h et ses fils étaient tenus de nourrir tous les animaux présents dans l’arche. Or, ces derniers mangent à des horaires différents ; certains mangent au milieu de la nuit, d’autres en journée. Donc, Noa’h devait constamment rester réveillé pour nourrir les animaux. L’unique fois où il arriva en retard pour donner au lion son repas, ce dernier le griffa, ce qui lui laissa une blessure à vie.
Noa’h ne pouvait espérer dormir que quelques minutes, par intermittence, durant une année entière. Nos Sages affirment d’ailleurs que les mots du Téhilim : "Fais-moi sortir de la geôle de mon âme" furent prononcés par Noa’h durant cette période éprouvante.

Rav Helman ajoute une 2e facette, moins apparente, à la souffrance de Noa’h. Rachi estime que Noa’h et sa famille ne savaient pas combien de temps ils allaient devoir rester dans l’arche et ils ne savaient même pas s’ils allaient survivre au déluge.
En effet la Torah affirme qu’"Élokim se souvint" (Noa'h 8,1). Rachi explique que l’attribut du Jugement divin (Élokim) se transforma en miséricorde grâce aux prières des tsadikim dans l’arche. Sans ces prières, ces derniers auraient péri.
De plus, avant le déluge, Hachem dit : "J’établirai Mon alliance avec toi. Tu entreras dans l’arche" (Noa'h 6,18). Le Ramban explique que cette alliance est une référence à la promesse que Noa’h et sa famille survivraient au déluge et sortiraient vivants de l’arche. Cependant, Rachi explique l’alliance de manière tout à fait différente : c’est une promesse que les fruits ne pourriraient pas et que les Réchaïm ne tueraient pas Noa’h.
Ainsi, selon Rachi, Noa’h et sa famille ne savaient absolument pas s’ils allaient survivre au déluge.

Cette interprétation intensifie exponentiellement les souffrances de Noa’h. Une épreuve est bien plus difficile à traverser si l’on ne connaît pas son dénouement. Quand l’individu est certain que son épreuve va prendre fin, elle devient beaucoup plus facile à supporter, même si elle doit durer longtemps.

Revenons à la question posée précédemment : pourquoi Noa’h planta-t-il une vigne dès qu’il regagna la terre ferme?
Il traversa une période pleine de difficultés, il vécut parmi des réchaïm qui se moquaient de lui sans pitié, puis il passa un an de véritable enfer, sans même savoir s’il allait s’en sortir. De plus, Noa’h pouvait se dire qu’il avait particulièrement bien rempli sa vie : il était le fondateur du monde, l’unique personne qui avait mérité la vie sauve.
Dans un pareil cas, il est compréhensible de penser qu’il est temps de profiter de ce monde. C’est ainsi que Noa’h planta une vigne et se mit à jouir de son vin.
Le rav Helman soulgine que toutefois, il commit une erreur, ce monde est un lieu de labeur et c’est dans le monde à venir que l’on profite de notre travail. Même à la fin de sa vie, l’homme n’a pas le droit de penser qu’il ne lui est plus nécessaire de fournir des efforts et de s’efforcer de grandir.

Rav Helman ajoute que selon lui, Noa’h inventa le concept de la "retraite", adopté ensuite par ses descendants (les Bné Noa’h), mais non par le peuple juif.
Rav Yissa'har Frand précise : "Il existe une pratique courante, presque universelle ; celle de prendre sa retraite une fois que l’on termine sa mission. C’est un concept inventé par les fils de Noa’h et qui débuta par Noa’h lui-même. Ce fut le cadeau de Noa’h dans ce monde : l’idée de la retraite. Ses descendants suivirent sa voie. Si vous êtes chanceux, vous pouvez vous mettre à la retraite à 62 ans et à 66 ans, vous pouvez bénéficier d’une retraite à taux plein. Si vous êtes millionnaire, vous pouvez prendre votre retraite dès 54 ans, et ainsi de suite. Quoi qu’il en soit, à un certain moment, vous prenez votre retraite. Et ensuite, que faites-vous? Aucune idée! Vous pouvez voyager à travers le pays, lire le journal, apprendre à jouer au bridge. Mais ce n’est pas ce que le Maître du monde attend de vous, ni d’aucun être humain. La retraite est un concept auquel le juif ne devrait jamais penser. Cela ne veut pas dire qu’il ne faut jamais s’arrêter de travailler. Mais il ne faut pas adopter cette attitude et se dire : "Ça y est! J’ai terminé, je peux m’asseoir et me détendre, sans rien faire, à partir de maintenant"."

=> Noa’h nous enseigne qu’un juif, en dépit des défis qu’il rencontre au cours de sa vie ainsi que des succès qu’il accumule, ne doit jamais se dire : "Je peux prendre ma retraite". [tant qu'il y a de la vie, tant qu'on a des forces, on doit les employer à davantage se rapprocher de D. en faisant sa volonté.]

"Mordé'haï avait élevé Hadassa, c'est-à-dire Esther" (Méguilat Esther 2,7).
On appelait cette jeune fille tantôt Hadassa, tantôt Esther. [guémara Méguila 13a]

-> "Et la Présence Divine se tenait parmi les hadassim (les tsadikim) dans les profondeurs de l'abîme (métsoula)" (Zékharia 1,8).

Le Maharal explique :
L'intention de ce verset est que la Présence Divine se tient parmi les tsadikim, comparés à la myrte (hadassim), qui ont été exilés en terre de Bavél désignée : "métsoula" (profondeur de l'abîme) dans ce verset, car même entourés de réchaïm, ils ont su se maintenir dans leur droiture.
C'est pourquoi Esther, cette tsadékét, qui a su se maintenir dans sa piété même dans le palais de ce racha A'hachvéroch, mérite le surnom de Hadassa, car elle était enveloppée par la Présence Divine.

-> Pourquoi Esther fut-elle appelée Hadassa?
De même que la myrte a une bonne odeur et un goût amer, Esther fut bonne pour Mordé'haï, mais fut amère pour Haman.
[midrach rabba Esther 2,7]

-> Le Ben Ich 'Haï enseigne :
Les tsadikim, dont Esther fait partie, sont désignés : hadassim, car leur lieu de résidence principale est au Gan Eden où ils ne sont nourris que de bonnes "odeurs" symbolisées par la myrte (hadass).
De plus, la valeur numérique du mot : "hadass" (הדס) est de 69, qui a la même guématria que le mot : "'haïm" (חיים - vie) de 69, auquel on ajoute 1 (le mot lui-même - le kollel).
Il y a donc une allusion au fait que les tsadikim sont sources de vie, d'où le nom de Hadassa attribué à cette tsadékét Esther, qui a redonné vie à son peuple.

Enfin, le hadass (myrte) est caractérisé par le groupement de ses feuilles par 4 ; de même les tsadikim tendent vers la perfection sur 3 plans : celui de la pensée, celui de la parole et celui des actes.