Aux délices de la Torah

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La tristesse

+ La tristesse :

-> Le Rambam affirme qu'une personne ne doit pas se permettre de rester dans un état de tristesse (Hilkhot Déot 2:7).
Rabbi Ménachem Mendel de Vatepsk estime que la tristesse est presque identique à l'idolâtrie, dans la mesure où une personne montre qu'elle ne veut pas ce qu'Hachem a décrété.

Selon le Baal Hatanya, une personne qui se plaint et une personne envahie par des sentiments de tristesse comme étant une personne qui agit de manière hérétique à ce moment-là.
Et rabbi Elimélé'h de Lizensk dit qu'une personne plongée dans la tristesse crée une déconnexion entre elle et Hachem.
Avec tout cela, nous pouvons facilement comprendre pourquoi le Rabbi de Koidenov a dit qu'une personne doit faire téchouva sur la tristesse.

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+ La tristesse = outil du mauvais penchant :

-> Les tsadikim ont révélé que la plupart des sentiments de tristesse proviennent du mauvais penchant. En fait, la tristesse est l'une des armes les plus efficaces du mauvais penchant.

Le Baal Hatanya en explique la raison :
Lorsque le mauvais penchant (yétser ara) veut piéger une personne, celle-ci lutte contre lui. Cependant, une personne en état de tristesse devient paresseuse et léthargique et son cœur n'est pas avec elle, elle n'a pas le pouvoir de lutter contre le mauvais penchant.
En effet, lorsque deux personnes se battent l'une contre l'autre, celle qui est paresseuse et léthargique sera rapidement vaincue. Par conséquent, avant que le mauvais penchant n'essaie de pousser une personne à fauter ou à ne pas accomplir une mitsva, il lui enverra de la tristesse.

Le Baal Chem Tov ajoute que c'est la raison pour laquelle il est impossible de vaincre le mauvais penchant si l'on n'est pas dans un état de joie.
Le rabbi Aharon de Karlin affirme : "La tristesse n’est pas une avéra (faute) en soi, mais elle peut mener l’homme à des extrémités auxquelles aucune faute ne pourrait mener!"

Par conséquent, lorsqu'une personne reconnaît qu'elle est triste, elle doit comprendre qu'il s'agit d'une attaque du mauvais penchant et elle doit immédiatement s'en détacher en accomplissant une mitsva dans la joie.
Si cela ne suffit pas, elle doit s'en débarrasser en chantant ou en pratiquant une autre activité mondaine, voire (selon Rabbi Na'hman de Breslov) en éprouvant une joie absurde. [un comportement externe joyeux va influencer notre intériorité]

Si tout cela n'aide pas, une personne doit se remplir de la peur du fait que lorsqu'elle est dans un état de tristesse, elle nie l'existence d'Hachem [c'est-à-dire l'omniprésence, l'omnipotence et la bonté d'Hachem].

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-> Rabbi Pin'has de Koritz dit que lorsqu'une personne est dans un état de tristesse, elle cause de la douleur à la Chékhina, tout comme il est dit dans la guémara ('Haguiga 15b) que lorsqu'une personne est dans un état de douleur/souffrance, la Chékhina est dans la douleur avec elle.

-> Le 'Hozé de Lublin déclare qu'une personne qui éprouve des sentiments de tristesse ne devrait pas être impliquée dans la prise de décisions religieuses, car la tristesse empêche l'esprit d'une personne de se reposer, ce qui la rend sujette à la confusion et aux erreurs.

La tristesse n'est pas une faute, mais elle peut amener les gens plus bas que la pire des fautes.
La joie n'est pas une mitsva, mais elle peut élever une personne plus haut que la plus grande des mitsva.
[Beit Aharon]

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-> L'un des arguments du mauvais penchant pour éloigner l'homme du Service d'Hachem est de le convaincre que du fait de ses fautes, il n'a plus d'espoir. A quoi bon s'écarter de la faute, puisque de toutes les façons il est perdu.
Ainsi, perdu pour perdu, il le pousse à la faute.
Pour lui échapper, il est donc vital de se forcer à rester joyeux, confiant qu'Hachem va l'aider à se repentir pour sauver son âme.
[Révid haZahav]

Parler à la synagogue

+ Hachem dit : "Parce qu'ils ont abandonné Ma Torah que J'ai placée devant eux. Ils n'ont pas écouté Ma voix et ne sont pas allés dans [les sentiers de la Torah]" (Yirmiyahou 9,12).

La Torah nous révèle les péchés qui ont causé la destruction de la terre. Outre la négligence de l'étude, le peuple avait manqué d'honorer la Torah.
Lorsque l'on sortait le rouleau de l'arche avant la lecture, les fidèles annonçaient : "Voici la Torah que Moché a placé" (vézot haTorah achère sam Moché). Par ces mots, ils pensaient s'être acquittés de leur obligation d'honorer la Torah. Ils tournaient ensuite le dos au Séfer Torah et se mettaient à bavarder.
Or, il est écrit : "Ceux qui abandonnent Hachem seront anéantis" (Yéchayahou 1,28).

Cette faute est signalée par les mots : "Parce qu'ils ont abandonné Ma Torah que J'ai placée devant eux" = Cela veut dire qu'ils laissent le rouleau de la Torah ouvert devant eux et s'adonnent à leurs conversations personnelles.
Hachem a ajouté : "et n'ont pas écouté Ma voix" pour dénoncer les hommes qui à la synagogue se lancent des plaisanteries au moment de la lecture de la Torah, transgressant ainsi l'interdiction de parler à la synagogue.
Quiconque se rend coupable de ce grave péché n'a pas de part dans [la proximité avec le] D. d'Israël, car il Lui manque de respect. [Zohar - Térouma]

Deux anges désignés pour cette faute posent leurs mains sur la tête de l'homme qui bavarde et s'écrient : "Malheur à cet homme qui a parlé à la synagogue!"
Cette faute est semblable à la profanation du Shabbath car elle représente une profanation de la Torah.
Lorsque l'officiant procède à la lecture de la Torah, chaque fidèle doit écouter avec crainte.
A ce moment là ... il faut garder le silence comme si on avait la langue coupée. [Zohar - Vayakél]
[...]

"Celui qui écarte l'oreille et n'écoute pas la Torah, sa prière est aussi une abomination" (Michlé 28,9)

[Méam Loez - Pékoudé 38,22-23]

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-> La sainteté d'un synagogue ou d'une maison d'étude est très grande.
Il faut y éprouver de la crainte et de la vénération comme dans le palais d'un roi ...
Il est donc interdit de parler à la synagogue.
On a l'habitude de souhaiter : "Santé!" à quelqu'un qui éternue, et certains décisionnaires l'interdisent à la synagogue.
Le Arizal veillait à ne pas prononcer la moindre parole à la synagogue. Même s'il voyait quelqu'un mal agir, il ne le reprenait pas de crainte d'en arriver à proférer des paroles inutiles. [Ora'h Haïm 151]

[Méam Loez - Pékoudé 40,33]

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-> b'h, sur ce sujet : https://todahm.com/2016/12/26/la-gravite-de-parler-a-la-synagogue

-> également : https://todahm.com/2022/06/19/la-gravite-de-parler-a-la-synagogue-2

"Yissa'har est un âne osseux" (Vayé'hi 49,14)

-> On peut expliquer ce verset de la façon allusive suivante :
Quand un homme accomplit une mitsva, Hachem lui donne une récompense. Cette récompense vient essentiellement du fait des efforts qu'il a dû investir pour accomplir cette mitsva.
En effet, l'homme a un corps physique et matériel, qui est pesant et rend difficile l'accomplissement des mitsvot. Pour les réaliser, il faut se renforcer sur son corps.

Ce verset : Yissa'har est un âne osseux", qui se dit "Yissa'har 'hamor garèm" ( יששכר חמור גרם), peut aussi se traduire par "Il y a une récompense (yéch sa'har - יש שכר) la matière ('homer - חומר) entraîne (gorèm - גורם )", c'est-à-dire que s'il y a une récompense pour les mitsvot, c'est essentiellement en raison de la matière de l'homme qu'est entraînée cette récompense.
En effet, pour réaliser les mitsvot, il faut se battre contre cette aspect de matérialité et dépasser la lourdeur, la pesanteur et les envies du corps.
[Kédouchat Lévi]

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-> Le Noam Elimelé'h fait une commentaire similaire sur notre verset :
on peut apprendre d’ici que si toutes les épreuves apparaissent à l’homme comme des ténèbres épais, elles contiennent en réalité une grande lumière. Dès lors, on ne devra pas se plaindre du yétser ara qui cherche toutes les occasions de nous faire trébucher, car c’est précisément lui qui est la source de la récompense qui nous attend En-Haut.

Le Noam Elimelekh pose une question : à priori, à bien y réfléchir, pourquoi Hachem rétribue-t-il les Bné Israël pour leur accomplissement des mitsvot?
La logique voudrait que, sans cela, ils soient redevables à Hachem de les accomplir en raison de tous les bienfaits qu’Il leur prodigue, et qui sont si nombreux qu’ils ne pourront jamais L’en remercier.

C’est qu’en fait, l’essentiel de la récompense provient de ce que le Créateur nous a donné un yétser ara qui nous incite constamment à nous détourner de Lui et à convoiter les plaisirs matériels. L’homme mène ainsi une bataille permanente au cours de laquelle il doit faire preuve de ruse afin de se garder de tout mal : de l’hypocrisie, du mensonge, de la dérision, de la médisance, des mauvaises pensées, et de tout ce qui y ressemble.
C’est grâce à ce combat, dit-il, et à la peine qu’il nous cause que nous recevons une récompense ...
[ainsi c'est bien ce qui nous semble temporairement obscur (la difficulté de l'épreuve du yétser ara) qui va en la surmontant nous générer une lumière, de belles choses, pour notre éternité dans le monde à Venir.
Ainsi, l'essentiel de la valeur d'un homme et de sa récompense réside dans sa force à surmonter les épreuves de la matières. ]

C’est ce que notre verset vient suggérer en allusion : le nom de Yissa'har, sous sa forme hébraïque, יששכר peut se décomposer en deux mots : יש שכר (yéch cha'har - "Il y a une récompense") (grâce au fait qu’il est comparé à un) "âne musculeux" (חמור גרם - 'hamor garèm), c’est le חומר ('homer), "la matière, le corps", qui entraîne (גרם) sa récompense, lorsqu’il brise ses désirs matériels.
[le verbe "ligrom" (לגרום) = causer, provoquer]

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-> "D. examina tout ce qu'il avait fait c'était très bien." (Béréchit 1,31)
Le midrach (Béréchit rabba 9,7) commente les termes : "très bien " (tov méod), comme faisant référence au yétser ara.
Pourquoi? Car grâce au yétser ara, il nous est possible de grandir en surmontant les luttes spirituelles qu'il nous présente, et à travers cela, accomplir notre but dans la vie." [Séfer 'Hassidim 155]

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-> "Yissa'har est un âne osseux, qui se couche entre les collines"

Rabbi Ye’hezkel Penat a dit : "Je n’ai mérité le peu de Torah que je sais que par un seul quart d’heure. Comment?
On a l’habitude de dire : il y a encore un quart d’heure jusqu’à midi, il n’y a pas le temps d’étudier. Encore un quart d’heure d’ici minh’a, et un quart d’heure d’ici Arvit. Alors que moi, j’étudiais pendant tous ces quarts
d’heure."

C’est ce qui est dit : "Yissa'har est un âne osseux qui se couche entre les collines" = il étudiait et
profitait de tous les "petits" moments que les gens ont l’habitude de négliger.

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-> "Yissa'har est un âne musculeux (des os solides avec peu de chair) qui se couche entre les collines" (Vayé'hi 49,14)

La comparaison de Yissa'har avec un âne demande quelques explications :

1°/ Rachi commente : "Un âne qui a des os = il porte le joug de la Torah à la manière d’un âne vigoureux que l’on charge d’un lourd fardeau. Qui se couche entre les collines = Comme un âne qui voyage de jour et de nuit, sans jamais se mettre à l’abri (ainsi, Yissa'har étudie jour et nuit)"

[En effet, Yissa'har incarne le "pilier de la Torah", comme le fait remarquer Rachi sur le verset : "Et toi, Yissa'har, dans tes tentes" (Vézot haBéra'ha 33,18) : "Puisses-tu réussir en Torah en étant assis dans tes tentes, en étant assis à calculer le calendrier et à fixer les néoménies, comme il est écrit: ‘Et les fils de Yissa'har, instruits à connaître les dates afin de savoir ce que doit faire Israël, leurs chefs (du Sanhédrin) au nombre de deux cents’ (I Divré Hayamim 12,33)".]

2°/ L’âne symbolise la Klipa (écorce du Mal) de la froideur envers les sujets de sainteté, comme l’indique en allusion l’enseignement de la guémara (Shabbath 53a) : "L'âne, même dans la saison de Tamouz (l’été), est frileux".
Aussi, la chaleur dans l’étude de la Torah comparée au feu et incarnée par Yissa'har, permet-elle d’anéantir la Klipa de la "froideur" qui s’apparente sensiblement à l’hérésie (Kéfira)
[voir Hayom Yom du 16 Chevat].

3°/ Yissa'har désigne les maîtres de la Torah qui, comme "l’âne" dénudé d’intelligence propre, doivent se conduire avec humilité, crainte et tremblement face aux paroles divines de la Torah, afin de ne pas s’en écarter d’un iota [Lev Baroukh].

Ainsi, disons-nous, à la fin de la prière (Amida) : "Et mon âme est comme la poussière pour tous. Ouvre mon cœur dans Ta Torah" = c’est parce que je m’annule dans un grande humilité ; "comme la poussière pour tous" que s’ouvre mon cœur à la compréhension authentique de Ta Torah.
[rabbi de Loubavitch - Likouté Si'hot]

4°/ Interprétant le message de Yaakov transmis à Essav : "J’ai acquis un taureau et un âne" (Vayichla'h 32,6), le midrach [Tan’houma] enseigne : "Un âne, c’est Machia’h Ben David, comme il est : '[Voici, ton roi vient à toi ; Il est juste et victorieux,] Il est humble et monté sur un âne' (Zé'haria 9,9)".
Par ailleurs, le Baal HaTourim y voit une allusion à Yissa'har, comparé aussi à l’âne, étudiant la Torah et faisant entendre sa voix dans les maisons d’étude pour annuler "les mains d’Essav".
Ainsi, voyons-nous une indication au lien étroit qui existe entre la venue du machia’h et le mérite de l’étude de la Torah [voir Or HaHaïm haKadoch - Testavé].

5°/ Le nom יִשָּׂשכָר (Yissa'har) se décompose en יש שכר (Yéch Sakhar - il y a une récompense).
Le mot חֲמרֹ ('Hamor – âne) s’apparente au mot חומר (‘Homer – matière: le corps).
Le mot גָּרֶם (Garem – musculeux) s’apparente au mot גורם (gorem – cause).
Ainsi, pouvons-nous déceler dans notre verset le moussar suivant : le côté physique (‘Homer) de l’homme est la cause (gorem) qui l’attire vers le Mal.
Lorsque l’homme domine l’aspect corporel de sa personne et fais le Bien, il mérite alors une récompense (Yissa'har – Yéch Sakhar) [voir Kédouchat Lévi - l'explication est ci-dessus].

6°/ Le guémara (Nidda 31a) enseigne : "[A propos du verset :] 'Yaakov revenant des champs, le soir, Léa sortit à sa rencontre et dit : C’est à mes côtés que tu viendras, car je t’ai retenu pour les mandragores (doudaïm) de mon fils. Et il reposa près d’elle cette nuit-là' (Vayétsé 30,16).
Rabbi Yo’hanan a déclaré : Que signifie: 'Et il reposa près d’elle cette nuit-là'?
Cela enseigne que Hachem a aidé dans cette affaire. Car il est dit: 'Yissa'har est un âne musculeux (garem)' ; c’est l’âne qui a provoqué (garam) la naissance de Yissa'har."

Et Rachi d’expliquer : "Lui, Hachem l’a aidé, en détournant l’âne de Yaacov vers la tente de Léa".
Le Targoum Yonathan Ben Ouziel nous précise : "‘Yaakov revenant des champs, le soir’ : Yaacov vint, depuis le champ, le soir ; Léa entendit le braiement de l’âne, elle sut que Yaakov venait. Elle sortit à sa rencontre et lui dit : ‘C’est à mes côtés que tu viendras’" [voir aussi le Baal HaTourim sur notre verset].

"Israël (Yaakov) dit à Yossef : "Je n'espérais plus jamais voir ton visage. Mais maintenant D. m'a même permis de voir ta descendance" (Vayé'hi 48,11)

-> Il est possible de voir si un individu a commis un péché ou non par la couleur de son visage, [grâce à l'inspiration prophétique].
Suite au péché, le visage prend une teinte jaunâtre, comme la cire d'abeille.
Il existe un remède, connu sous le nom d'Ikarine, dérivée de racines diverses et dotée du pouvoir de faire disparaître cette coloration jaunâtre, mais elle rend stérile.

Yaakov avait redouté que Yossef n'avait su s'opposer au mal lors de ces longues années en Egypte.
C'est pourquoi Yaakov dit :
"Je n'espérais plus voir ton visage, tel qu'il était auparavant. J'étais certain qu'il avait pris la teinte jaunâtre de ceux qui ont péché. En voyant que ton visage était normal, je doutais encore de ta pureté, pensant que tu avais utilisé l'Ikarine. Mais si tel était le cas, tu aurais dû être stérile.
A présent que je vois aussi tes enfants, je suis certain que tu n'as ni consommé ce remède, ni péché.
Si tu n'as point péché après avoir atteint un tel pouvoir, je suis assuré que tu n'as pas non plus péché lors de ta période d'esclavage et lors des multiples épreuves [que tu as traversées]."
[Méam Loez - Vayé'hi 48,11]

"Yaakov resta seul" (Vayichl'ah' 32,25)

-> L'ange attaqua Yaakov alors qu'il était "seul", qui se dit : "lévado" (לְבַדּוֹ).
D'après le rav Israël Sim'ha Schorr, cela fait allusion aux mots : "én od milévado" (אין עוד מלבדו).
L'ange attaquait Yaakov sur son attachement au fait qu'il n'y a rien d'autre qu'Hachem.
Il essayait de briser ce pouvoir de reconnaître la vérité de l'unicité d'Hachem et de toujours garder un lien avec Lui.

[le yétser ara ne voulait pas que Yaakov transmettre cette arme surpuissance à ses descendants.
En effet, on peut citer :
- Selon la guémara (‘Houlin 7b), celui qui concentre ses pensées sur le verset : "Hachem est D., il n’y a rien en dehors de Lui (Hachem ou aElokim én od milévado – Vaét’hanan 4,35), se trouve protégé contre les forces du mal.
- Le rav ‘Haïm de Volozhin (Néfech ha’Haïm 3,12) dit que lorsque l’on est persuadé que : "en od milévado" (que rien n’existe de façon indépendante à D.), alors on se place dans une bulle protectrice et rien ne peut nous nuire.]

-> "un homme lutta avec lui" (v.25)
Le terme "vayivatér" (lutta) a pour racine : "avak" (poussière).
Rachi ajoute : ils faisaient jaillir, par leurs mouvements, de la poussière sous leurs pieds.
Mais la poussière avait également un réalité spirituelle, la guémara (‘Houlin 91a) dit que lorsque Yaakov se battait contre l’ange, la poussière de leur bataille s’élevait jusqu’au Trône Divin.

Certains commentateurs expliquent que Yaakov se battait contre son yétser ara, et l’odeur agréable de cette lutte s’élevait vers Hachem et Lui amenait de la satisfaction.
Ainsi, lorsque nous nous battons contre notre yétser ara, il faut se focaliser sur le positif : nous renforçons la gloire de D. dans ce monde, et chaque miette d’effort que nous faisons s’élève jusqu’à Hachem et Lui apporte une satisfaction énorme, …
Certes c’est fatiguant de lutter contre notre yétser ara, mais plus on y mettra d’efforts, plus cela sera apprécié par D., et plus cela grandira encore davantage Son Nom!

[lorsqu'il y a une tempête de sable, d'un côté cela signifie que beaucoup de sable s'élève, mais d'un autre côté il y a un flou, un manque de visibilité global.
De même dans notre vie, notre yétser nous fait remarquer à quel point il fait sombre, à quel point c'est la tempête dans notre vie, afin de nous déprimer. Mais nous devons avoir en tête qu'en fait certes c'est dur, mais nous envoyons plus de poussières spirituelles à Hachem, et donc nous lui donnons une satisfaction, un plaisir tellement plus important. Nous pouvons être fiers de nous!
C'est un peu le message de 'Hanouca : c'est dans nos moments les plus sombres que nous avons la capacité d'illuminer le plus possible le monde de la grandeur d'Hachem.]

-> "Voyant qu'il ne pouvait le vaincre, il lui pressa la cuisse ; et la cuisse de Yaakov se luxa tandis qu'il luttait avec lui" (v.26)
Le rav Israël Sim'ha Schorr dit que l'ange l'a frappé pour le blesser spirituellement.
Pourquoi précisément à la cuisse?

C'est le membre qui permet de se prosterner, de s'incliner.
Ainsi, en touchant la cuisse il voulait affecter la capacité des juifs à se soumettre totalement devant la Volonté d'Hachem.

[l'idée est qu'une petite déviation, baisse, dans notre service Divin, risque d'entraîner au fil des générations une baisse énorme du judaïsme, au point de voir s'égarer certains de nos descendants.
Ainsi, un parent, un enseignant, doit voir en l'enfant face à lui les milliers de personnes que constituent sa descendance, et nous devons donc s'investir au maximum pour lui transmettre la grandeur et l'importance de se soumettre à la volonté de D.
Conscient de cela, le yétser ara nous fait baisser la garde, et avec le temps les dégâts sont énormes!]

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-> Le rav David Pinto (paracha Balak - la voie à suivre n°631) enseigne :
Quand l’ange tutélaire d’Essav a choisi de frapper Yaakov à la hanche, il faut dire qu’il avait une intention particulière en cela qu’il a choisi de le blesser à la jambe, parce qu’on accomplit avec les jambes de nombreuses mitsvot qu’il est impossible d’accomplir sans elles.
Ceux qui sont zélés accomplissent les mitsvot le plus tôt possible au moyen de leurs jambes, c’est pourquoi il l’a frappé à la jambe pour faire entrer en lui la paresse dans l’exécution des mitsvot, afin qu’il ne puisse pas se dépêcher d’aller les accomplir.
En effet, le mot "tsolea" (boiteux) évoque le mot "atslout" (paresse), et si par malheur Yaakov était resté boiteux, la paresse serait restée pour toutes les générations, et les bné Israël auraient accompli les mitsvot de façon imparfaite, sans préparation, car les actes des pères sont un signe pour les enfants (guémara Sota 34a).

C’est pourquoi quand l’ange a demandé à Yaakov de le renvoyer car l’aube était venue, Yaakov a répondu : "Je ne te renverrai pas avant que tu ne m’aies béni", c’est-à-dire que tu aies annulé la paresse que tu voulais introduire en moi.

Le secret du mariage, c'est que chacun se sente responsable du sourire de l'autre.

[rav Yé'hia Benchétrit]

Zot ‘Hanouca

+ Zot 'Hanouca (le 8e jour de 'Hanouca) :

-> "Ce que de grands tsadikim ne peuvent pas faire pendant la Néïla de Kippour, chaque juif, même le plus simple, peut l’accomplir par ses prières et sa téchouva lors du dernier jour de ‘Hanoucca (zot ‘Hanoucca)."
[rabbi Israël de Ruzhin]

-> La bénédiction "yotsér or" (que nous disons tous les matins) liste 8 louanges : poél guévourot, ossé 'hadachot, baal mil'hamot, zoré tsédakot, matsmia'h yéchouot, boré réfouot, nora téhilot, adom anifla'ot.
Les kabbalistes disent que ces 8 louanges sont en correspondance avec les 8 jours de 'Hanoucca.
La 8e louange est : "adon anifla'ot" = cela signifie que Hachem réalise des miracles.
C'est approprié à : "Zot 'Hanouca", car c'est un jour de miracles et de merveilles.
[rav Elimélé'h Biderman]

-> Le Maharal dit que notre monde a été construit avec le nombre 7 (les 7 jours de la semaine, ...).
Le chiffre 8 représente un monde qui est au-delà de la nature, un monde où les miracles peuvent se produire.
[Zot 'Hanouca est le seul 8e jour d'une fête juive (dans le sens où tous les juifs dans le monde le fête!), il est un jour où les miracles ont de forte chance de se produire!]
Le message de ce jour est que Hachem gère continuellement le monde d'une manière qui dépasse les limitations de la nature.

[nos Sages disent que d'une manière générale nous ne devons pas compter sur les miracles. Cependant, 'Hanouca est une période où la réalité de ce monde est élevée dans le domaine des miracles, et alors il est possible de demander à Hachem des miracles.]

-> Le Bné Yissa'har (Kislev Tévét 2,10) écrit : "Nos Sages ont souvent dit que 'Hanoucca est propice pour qu'une femme puisse avec des enfants ... A mon avis, cette ségoula ne fonctionne qu'à Zot 'Hanouca."

-> Le rabbi Pin'has de Koritz dit que Zot 'Hanouca est un jour propice pour la parnassa.
Il apprend cela des 8 louanges que nous disons dans vayévaré'h David (Divré haYamim 29,11) : "lé'ha Hachem aguédola, véaguévoura, véatif'érét, véanétsa'h, véaod, ki kol bachamayim ouvaarets lé'ha Hachem amamla'ha, véamitnassé lé'hol léroch, véaochér.
La richesse (ochér) est la 8e louange, en correspondance avec le 8e jour de 'Hanoucca.

-> Le Harougat haBossem dit que tous les jours de 'Hanouca sont propices pour obtenir de la parnassa.
Il est écrit : "car pour la subsistance, Hachem m'a envoyé devant vous" (Vayigach 45,5).
Le terme : "chéla'hani" (m'a envoyé - שְׁלָחַנִי) est l'acronyme de : "léad'lik nér 'Hanouca chémonat yamim" (allumer les bougies de 'Hanouca 8 jours - להדליק נר חנוכה שמונת ימים).

-> Le rav Elimélé'h Biderman rapporte que Zot 'Hanouca est un jour propice pour la réfoua chéléma.

-> Zot 'Hanouca est un jour propice pour hâter la guéoula.
En effet, il est écrit : "Telle fut l'inauguration de l'Autel, au jour où il fut oint, de la part des chefs d'Israël" (Nasso 7,84).
On a : "zot 'hanoukat amizbéa'h" (Telle fut l'inauguration de l'Autel) en parallèle à "Zot 'Hanouca".
Et également : "imacha'h" (où il fut oint - הִמָּשַׁח), mot qui provient de : "machia'h" (משיח), qui est également l'acronyme de : "madlikin chémonat yémé 'Hanouca" (on allume les 8 jours de 'Hanouca - מדליקין שמונת ימי חנוכה).
[rabbi Avraham de Radomsk - Séfer 'Hessed léAvraham]

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-> Le passage dans la guémara qui aborde 'Hanouca commence par : "maï 'Hanouca" (Qu'est-ce que 'Hanouca - מאי חנוכה - guémara Shabbath 21b).
Il est intéressant de constater que la guématria de : "maï" (qu'est-ce que - מאי) est de 51, et si on la multiplie par 8 (le nombre de jours de 'Hanouca), alors nous obtenons : 408, qui est la guématria de : "zot" (זאת).
Le rav Gedalia Schorr explique que si nous passons notre 'Hanouca à essayer d'internaliser ses messages, alors à la fin de la fête nous sommes capables de proclamer : "Zot 'Hanouca!" (c'est ça 'Hanouca! - זאת חנוכה).

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-> Les 8 bougies de 'Hanouca sont le même concept que : Chémini Atsérét.
En ce sens nos Sages affirment que Zot 'Hanouca est le [dernier] moment où nous pouvons être inscrits pour une bonne année (gmar 'hatima tova).
[Beit Aharon]

-> b'h, à ce sujet : https://todahm.com/2017/09/27/la-periode-de-tichri-a-hanoucca

-> Le Rokéa'h enseigne que la paracha Emor (chap.23) liste les yamim tovim. Il s'y trouve que les derniers jours de fête juive listés sont Souccot et Chémini Atsérét, et ensuite la Torah aborde les lois de l'allumage de la Ménora (cf. Emor 24,2).
Le Rokéa'h dit que la Ménora fait allusion à la fête de 'Hanouca, et puisque 'Hanouca est écrite juste après Souccot - Chémini Atsérét, alors cela implique que 'Hanoucca doit également durer 8 jours (de même que Souccot dure 8 jours avec Chémini Atsérét).

-> En se basant sur ce lien entre 'Hanoucca et Chémini Atsérét, le rav Elimélé'h Biderman enseigne :
Rachi (Emor 23,36) explique la raison d'être de Chémini Atsérét : c'est comme un roi qui aura invité ses enfants à un festin pendant plusieurs jours. Lorsque le moment est venu pour eux de prendre congé, il leur dit : "Mes enfants! Restez s’il vous plaît encore un jour chez moi! Votre départ m’est pénible!"

=> De la même façon, on peut expliquer qu'après 7 jours de 'Hanouca, Hachem dit aux juifs : "J'aime tellement vos mitsvot : votre allumage des bougies, votre Hallel, ... S'il vous plaît restez encore un jour avec moi. Votre départ m’est pénible!"

Selon le Zohar (Noa’h 63 ; Tsav 31b) : "Pendant ces jours de fêtes (Chémini Atséret), la seule [nation] qui est avec le Roi, est la nation juive.
Celui qui est tout seul avec le Roi peut Lui demander tout ce qu’il désire et Il l’accordera."
=> Cela s'applique à Chémini Atsérét, mais également à 'Hanouca : quoiqu'on puisse demander à Hachem en ce jour, Il nous l'accordera.

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-> Le Sfat Emet (Maamaré Sfat Emet - 'Hanoucca 5640) enseigne :
Le 8e jour de 'Hanoucca correspond à Chémini Atsérét, le 8e jour de fête qui suit les 7 jours de Souccot.
De même que Chémini Atsérét englobe l'essence de toute la fête de Souccot, de même Zot 'Hanoucca contient en lui tout le rayonnement spirituel des jours de 'Hanoucca le précédent.

De même que Chémini Atsérét est un jour où nous exprimons nos remords et notre difficulté à quitter le Yom Tov, de même le dernier jour de 'Hanoucca est un moment de regret que cette merveilleuse semaine touche à sa fin.
Ce sentiment de regret, en soi, est une grande source de mérite et nous permet de bénéficier du rayonnement spirituel de 'Hanoucca pendant une année entière.

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-> Le Gaon de Vilna enseigne que le Hallel que nous récitons les 8 jours de 'Hanoucca vient compléter les 8 jours où l'on manque le Hallel pendant l'année.
En effet, les 6 derniers jours de Pessa'h nous ne lisons que le Hallel abrégé, et à Roch Hachana (qui selon la Torah ne dure qu'un jour), et à Yom Kippour, nous n'y disons pas du tout le Hallel.
Le dernier yom tov de Pessa'h nous disons un Hallel abrégé car c'est le jour de la traversée de la mer Rouge où la création de D. était en train de se noyer, et il n'est pas convenable de pleinement se réjouir. Cela a été étendu aux jours de 'hol hamoéd de Pessa'h.
A Roch Hachana et Kippour, nous ne récitons pas le Hallel, car selon nos Sages : "Comment se peut-il que le Roi soit assis sur Son Trône de jugement, les livres de la vie et de la mort sont ouverts devant Lui, et qu'Israël soit en train de faire une Chira"
=> Ainsi, ces jours sont des jours où techniquement nous aurions dû réciter un Hallel complet, mais quelque chose a empêché de le faire.
C'est en ce sens que le Gaon de Vilna enseigne que les 8 jours de 'Hanouca viennent réparer cela.

L'ordre des fêtes juives commence par Pessa'h (mois de la naissance du peuple juif).
Ainsi, selon nos Sages les 6 premiers jours de 'Hanoucca viennent compléter les Hallel manquants des 6 jours de Pessa'h ('hol hamoed + 1 yom tov).
Le 7e jour de 'Hanouca correspond au Hallel de Roch Hachana.
Le 8e jour (le Zot 'Hanouca), nous disons le Hallel qui aurait dû être récité à Yom Kippour.

=> Selon cela, le 8e jour de 'Hanouca correspond à Yom Kippour, et de même que ce dernier est le jour où les juifs sont signés pour une bonne année, alors de même à Zot 'Hanouca les juifs sont confirmés pour une bonne année.
[ce jour à la force de totalement changer en bien, la décision de Yom Kippour.]
[rav Elimélé'h Biderman]

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-> Rabbi 'Haïm Kanievsky (Sia'h 'Hanoucca ouPourim) écrit :
Il est rapporté dans les ouvrages de Kabbala que 'Hanoucca est la fin du jugement de Roch Hachana.
A Roch Hachana, les décrets pour l'année à venir sont écrits, à Yom Kippour ils sont scellés, et à Hochana Rabba les décrets sont transmis aux agents célestes pour être apportés sur terre.
Les décrets commencent à être envoyés à Hochana Rabba et la "livraison" est finalisée à Zot 'Hanoucca.

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-> Le Yichma'h Israël ('Hanouca 53) enseigne que lorsque la Torah utilise le terme : "zot" (זאת), elle fait référence à quelque chose que nous pouvons voir avec nos yeux.
Il explique que Zot 'Hanouca est un jour d'une telle sainteté que les tsadikim parfaits arrivent à l'identifier et à la voir de leurs yeux.
En ce jour, même si nous ne la voyons pas, nous sommes heureux de la joie de ces tsadikim qui arrivent eux à la voir.

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-> La guémara (Shabbath 21b) rapporte l'avis de Beit Chamaï, selon laquelle nous devons diminuer chaque soir le nombre de bougies à allumer.
La guémara dit que cela correspond à la diminution du nombre de sacrifices à apporter chaque jour de Souccot.
=> Quel est le lien entre les deux?

Selon nos Sages, il y a 70 jours entre Souccot et 'Hanouca, et ces jours ont la même particularité que les jours séparant Pessa'h de Shavouot.
La 1ere nuit de Pessa'h, chaque juif reçoit une quantité d'énergie spirituelle qui est trop importante pour être internalisée en une seule fois. C'est pourquoi, nous devons compter 50 jours, et chaque jour nous internalisons une partie de cette énergie spirituelle, jusqu'à avoir tout intégrés à Shavouot.
De la même façon à Souccot, nous recevons une grande quantité d'énergie spirituelle, et il nécessite 70 jours pour l'absorber totalement.
[du 15 Tichri (début Souccot) à fin Tichri = 16 jours + 'Hechvan (29 jours) + 24 jours en Kislev avant 'Hanouca = 70 jours]

A Souccot, 70 taureaux sont sacrifiés en korbanot en correspondance avec les 70 [racines de] nations non-juives.
Chacune de ces nations a un pouvoir unique d'interrompre la croissance spirituelle du peuple d'Israël.
Chaque sacrifice retire le pouvoir d'une de ces nations, et ramène la force des nations dans le domaine de la sainteté.
Nous offrons les sacrifices avec un ordre descendant, un de moins chaque jour, afin de représenter la diminution de la puissance des nations.

Cependant, le Ohév Israël explique que durant les 7 jours de Souccot, nous ne faisons que retirer rapidement et superficiellement la puissance des 70 nations.
C'est pourquoi après Souccot, nous commençons une période de 70 jours, chaque journée représentant la diminution de pouvoir d'une nation et son transfert dans le domaine de la sainteté (kédoucha).
[il y a 70 jours depuis le 1er jour après Souccot en Israël & galout, et le dernier jour de 'Hanoucca]

Lorsque 'Hanouca arrive, il ne reste plus que 8 jours (pour arriver au terme des 70 jours), et ce sont les jours les importants car nous avons besoin de la force des bougies de 'Hanouca pour vaincre ces 8 nations qui sont les plus puissantes.
Pendant ces 8 jours a lieu les plus importantes batailles contre les mauvaises énergies spirituelles de ce monde.
L'idée de Beit Chammaï est d'allumer les bougies en compte à rebours, pour indiquer que c'est la dernière ligne droite pour affaiblir la force du yétser ara.

C'est ainsi qu'au 8e jour de Hanouca, les forces d'impureté [des nations] sont éradiquées et transférées dans la sainteté, provoquant que chaque juif peut arriver à ressentir l'étincelle d'Hachem qui est en lui.
L'huile pure qui est contenue profondément en chaque juif peut briller, en fonction du niveau de la personne.

=> C'est cela 'Hanouca, l'aboutissement d'une période qui a démarré à Souccot.

-> Le Bné Yissa'har (début de 'Hodech Kislev) écrit que Yaakov est mort le 1er jour de Souccot, et il a été enterré à 'Hanouca.
En effet, après sa mort à Souccot, il y a eu 70 jours de deuil en Egypte, et ensuite encore 7 jours de deuil à Goren ha'atud. Ainsi, il semble que Yaakov a été enterré à Zot 'Hanouca.
La guémara (Sota 13) dit qu'en ce même jour, Essav a été tué.
Ainsi, Zot 'Hanouca est le 8e jour de 'Hanouca, le jour d'enterrement de Yaakov, celui de la mort d'Essav, qui représente la destruction de la puissance des nations luttant contre le peuple juif.
[Le rav Tsadok haCohen (Pri Tsadik - 'Hanouca 18) écrit que la lettre ע qui a une valeur de 70, se trouve en tête du nom d'Essav (עשו) car il est à l'origine des 70 puissances d'impureté].

La guémara ajoute également qu'à Goren ha'atud, les rois de la terre de Canaan ont placé leurs couronnes autour du cercueil de Yaakov.
Il y avait 36 couronnes entourant le cercueil.
Or, les 7 jours de deuil en ce lieu on commencé à 'Hanouca, et ces 36 couronnes sont en correspondance avec les 36 bougies allumées à 'Hanouca.
La valeur du mot : "kéter" (couronne - כתר) est de 620.
Or, dans la Torah il y a 613 mitsvot, auxquelles nous ajoutons les 7 mitsvot de nos Sages, dont la 7e est 'Hanouca. Ainsi, 'Hanouca symbolise le fait de compléter la couronne (kéter) de la Torah.
[il y a 620 mots dans les 10 Commandements.]
Par ailleurs, les 36 couronnes représentent les 36 traités de guémara, qui sont chacun une couronne à part entière.
'Hanouca, le Yom Tov de la Torah Orale, a 36 bougies, une pour chaque traité.
[l'étude de la Torah a la capacité de réduire les forces d'Essav, du yétser ara et des forces du mal.
La lumière produite par un juif repousse beaucoup d'obscurité des autres nations.]

[ce divré Torah se base principalement sur une adaptation personnelle de paroles du rav Israël Sim'ha Schorr]

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-> Le rav Shlomo Zalman Auerbach (Halikhot Shlomo - Tichri-Adar 16:40) enseigne au sujet du 8e jour de 'Hanoucca :
Le 24 Kislev, les 'Hachmonaïm sont sortis victorieux de leur bataille contre les grecs.
Pendant toute la durée de la guerre, les 'Hachmonaïm ont été en contact avec des morts, et ils se sont ainsi rendus spirituellement impurs.
En conséquence de leur impureté, la Ménora qu'ils ont construite le 25 Kislev, était elle également impure.
A partir du 1er jour de 'Hanoucca, les Cohanim ont commencé le processus de purification qui comprenait le fait de s'immerger dans un mikvé et d'être aspergé par les eaux de la vache rousse le 3e et le 7e jour, de ce processus.
Le processus de purification s'est terminé le 7e jour de 'Hanoucca.
Puisque ce n'est que le 8e jour de 'Hanoucca que les Cohanim ont pu allumer pour la première fois la Ménora dans un état de pureté, ce jour est spécial et plus élevé que les autres jours de 'Hanoucca.

[l'état d'impureté des 'Hachmonaïm ne les a pas empêchés d'allumer la Ménora dans la cour du Temple, en raison du principe : l'impureté est outrepassée en ce qui concerne la communauté (guémara Pessa'him 80a ; Pri 'Hadach - début des lois sur 'Hanoucca).
Il est intéressant de constater que bien que les 'Hachmonaïm et la Ménora étaient impurs, ils ont quand même été vigilants à rechercher une fiole d'huile pure avec laquelle allumer la Ménora.]

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+ L'achèvement de toutes les rectifications :

-> Le séfer Tiféret Israël dit que tous les tikounim qui sont faits à partir de Roch Hachanah et les jours suivants se terminent le jour de Zot 'Hanoucca (8e jour de 'Hanoucca).
C'est ce que suggère la Michna (Ména'hot 85b) : "Tékoa (תקוע) est la principale source d'huile". [l'idée est que les oliviers de Tékoa sont la principale source d'huile utilisée dans les offrandes de repas. ]
Allusivement cela indique que tous les tikounim à partir du moment où l'on souffle le shofar à Roch Hachana sont perfectionnés avec l'huile des lumières 'Hanoucca. C'est le moment où la réparation (tikoun) est achevée.
[éventuellement, on peut noter la similitude entre תקוע et תקיעה (tékiya - un type de sonnerie du Shofar). ]

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+ Zot 'Hanoucca apporte la parnassa :

-> Le séfer Imré Noam (Zot 'Hanucca - ot 1) écrit :
"Il est connu que les tsadikim disent que Zot 'Hanoucca est un moment propice pour apporter des moyens de subsistance abondants pour le peuple juif. C'est parce que Zot 'Hanoucca représente la mida de mal'hout (la Royauté), comme le disent les nos saints Livres que la guématria de 'Zot 'Hanoucca' (avec le kollel) est égale à celle de 'mal'hout'. "

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+ Instiller la santeté dans le cœur :

-> Le rav Tsadok haCohen de Lublin (séfer Pri Tsadik - ot 23) explique que la raison pour laquelle ce jour est appelé "Zot 'Hanoucca" est de symboliser qu'à partir de ce jour, nous avons instillé dans nos cœurs toute la sainteté (kédoucha) de toutes les tribus d'Israël (shévatim), comme nous l'avons lu dans la Torah à propos de tous les korbanot que chaque tribu (shévet) a apportés.
Il explique que le mot "Zot" (ceci), indique que nous pointons du doigt et montrons que la lumière de 'Hanoucca brûle dans nos cœurs.

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-> Selon certaines opinions, c'est le 8e jour de 'Hanoucca que les 'Hachmonaïm ont terminé de réparer l'Autel du Temple, qui avait été vandalisé par les grecs. [ce qui en fait un jour spécial]
[Sia'h 'Hanoucca ouPourim - p.26]

Le 10 tévét – un jour déterminant

+ Le 10 tévét - un jour déterminant :

-> Le 'Hatam Sofer (dans ses drachot sur la fin du livre de Dévarim) explique que le 10 tévét est un vrai jour de jugement (yom hadin).
De même qu'en bas les ennemis du peuple juif ont assiégé Jérusalem et ont initié les tristes événements qui ont duré 2 ans et demi avant la destruction du Temple (Hachem attendant la téchouva de son peuple), de même dans le Ciel il y a un jugement céleste (le 10 tévét).

La guémara (Yérouchalmi Yoma 5) affirme : "Toute génération qui n'a pas vu le Temple reconstruit c'est comme si elle -même l'avait détruit" = cela signifie que chaque année en ce jour du 10 tévét, Hachem juge à nouveau : est-ce que le Temple sera détruit cette année ou bien reconstruit? Est-ce que le machia'h pourra se révéler et sera annoncé par Eliyahou haNavi qui le devancera ou non?

[Selon nos Sages si le jeûne du 10 tévét tombait un samedi alors on devrait jeûner pendant Shabbath (à l'image de Yom Kippour), ce qui n'est pas le cas pour le 9 av, qui lui est décalé.
Cela souligne la particularité du 10 tévét : c'est un jour de jugement (alors que le 9 av est un jour désigné où l'on s'attriste sur la perte du Temple, et en ce sens il peut être décalé)]

=> Le 'Hatam Sofer conclut : Le jeûne du 10 tévét n'est pas seulement un deuil sur le passé, mais il concerne bel et bien l'avenir car c'est en ce jour que chaque année est décidé l'avenir de Jérusalem et du Temple, pour notre génération (d'où le : "c'est comme si elle -même l'avait détruit"!).
[le 9 av n'est que la constatation de la triste décision qu'il y a eu en ce jour, par notre faute!]

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Le 8, 9 et 10 tévét constituent 3 jours de détresse :
- le 8 tévét commémore la traduction de la Torah en langue grecque (Septante), considérée comme une catastrophe analogue à celle de la confection du Veau d’Or (Massékhet Traité Soferim 1,7).
- le 9 tévét commémore la disparition d’Ezra Hasofer et de Né’hamya, les fondateurs du Second Temple [Sidour du Rav Yabets].
- le 10 tévét commémore le début du siège de Jérusalem par les armées de Nabuchodonosor (voir Yé’hezkel 24,1-2).
[au 10 du mois de tévet, Névou'hadnétsar (Nabukodonozor), roi de Babylonie, assiégea la ville de Jérusalem, dans le but de la détruire, comme il est dit dans le livre de Yéh’ézkel (chap.24) : "La parole d’Hachem s’adressa à moi la 9e année, au 10e mois (tévet), au 10e jour du mois, en ces termes : Toi, fils de l’homme, prends note de cette date, c’est en ce jour-ci que le roi de Babylonie a assiégé Jérusalem". ]

=> Bien que ces 3 jours présentent des significations différentes, ils ne sont pas moins étroitement liés : pendant les 3 jours qui suivirent la traduction de la Torah dans la langue grecque (c’est-à-dire les 8, 9 et 10 tévét), une obscurité épaisse recouvrit le Monde [méguilat Taanit].
Cette obscurité s’explique par le fait que la traduction de la Torah dans une langue étrangère occulte la profondeur sans fin contenue dans les lettres hébraïques qui composent la Torah. Ce drame est donc en rapport avec la disparition des "luminaires" qu’étaient Ezra et Né’hamya (dont le premier est d’ailleurs comparé à Moché Rabbénou), ainsi qu’avec le siège de Jérusalem, venu obscurcir la splendeur du Temple.

Concernant le 10 tévét, seul jour [des trois] retenu comme jeûne collectif, il est dit : "Fils de l’homme, note-toi le nom de ce jour, du jour-même où nous sommes : le roi de Babylone assiégea Jérusalem aujourd’hui même (בעצם היום הזה)" (Yé’hezkel 24,2).
Le fait de ne pas mentionner la date du jour dans ce verset, suggère que l’on veuille plutôt indiquer ici la place du jour dans l’année ; une position faisant allusion au malheur. Ainsi, le Prophète a voulu viser le 98e jour de l’année depuis le premier Tichri (qui est une allusion aux 98 Malédictions de Dévarim) qui est aussi le 275e jour depuis le premier Nissan (valeur numérique du mot רעה - ra’a - mauvaise).
Ainsi, lorsque ‘Hechvan et Kislev sont défaillants (mois de 29 jours), le jour "prédestiné au malheur" (le 98e jour depuis Tichri ou 275e jour depuis Nissan) coïncide avec le 10 tévét.
Lorsque ‘Hechvan est défaillant et Kislev entier (mois de 30 jours), ce jour coïncide avec le 9 tévét. Lorsque les mois de ‘Hechvan et Kislev sont tous d’eux entiers, il coïncide avec le 8 tévét.
Le 10 tévét tombe alors le 100 jour de l’année depuis Roch Hachana (en allusion dans l’expression de Yé’hezkel (24,1) : "le 10e jour du 10 mois" : 10x10 = 100).
[Drachot ‘Hatam Sofer - 8 tévét p.78].

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-> Le 10 tévét est le jour où la destruction du Temple a été décidée, et son exécution fut scellée dans le Ciel pour le 9 Av, deux ans et demi plus tard [c’est en fait le 10 tévét qu’aurait dû avoir lieu l'exil des Bné Israël et le non le 9 Av. Mais Hachem eut pitié d’eux et ne les exila pas en plein hiver, ce qui aurait causé leur mort certaine. Il attendit donc jusqu’à l’été - midrache Tan’houma Tazria 9].
Et de même chaque année en ce jour du 10 tévét, on décide au Tribunal céleste si le Temple sera ou non reconstruit.
[‘Hatam Sofer]

=> C’est la raison du jeûne, non seulement en tant que jour de deuil et de téchouva, mais surtout pour annuler un mauvais décret qui pourrait être promulgué en ce jour.
(à noter que "Chaque génération qui ne voit pas la reconstruction du Temple est considérée comme si elle avait elle-même causé sa destruction" - guémara Yérouchalmi Yoma 1, 1)

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Plusieurs évènements sont arrivés le 10 Téveth. On peut citer :
1°/ Les 3 Prophètes ’Hagaï, Zékharya et Malakhi décédèrent le 10 tévét. [Chalchélet haKabala]

2°/ En ce jour Hachem décréta sur Caïn d’être errant et de parcourir le monde pour obtenir le pardon d’avoir tué Abel. [rav Yonathan Eibschutz - Yaarot Devach]

3°/ Yaakov Avinou fut enterré en ce jour. [‘Hatam Sofer]

4°/ Yossef haTsadik fut vendu en ce jour. Et de même que la vente de Yossef fut la cause de la descente des Béné Israël en Egypte et de leur asservissement [et d’après le Zohar ‘Hadach Vayéchev, la cause de tous les exils], de même le siège de Jérusalem déclencha le processus de la destruction du Temple.

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+ Le 10 tévet = le seul jeûne pouvant potentiellement tomber à Shabbath :

-> "La parole de D. me parvint ... le 10e mois, le 10e jour du mois, en disant : 'Fils de l'homme, écris pour toi le jour [de la semaine], ce jour même' ; le roi de Bavel mit le siège à Jérusalem ce jour même" (Ye'hezkel 24,1-2)

-> "Ces 4 jeûnes sont parfois repoussés lorsqu'ils tombent un Shabat, à l'exception du 10 Tévèt qui ne tombe jamais un Shabbat ... et même s'il tombait un Shabbat, il n'aurait pas été permis de le repousser à un autre jour, car il est écrit : 'ce jour même', comme pour Yom Kippour"
[Aboudraham - Séder Tefilat Hataaniot]

-> Cette déclaration d'Aboudraham est citée dans Beth Yossef (Ora'h 'Haïm 550) qui ajoute : "Je ne connais pas sa source".
Certaines autorités affirment que l'opinion d'Aboudraham se retrouve dans les Techouvot Haguéonim. Cependant, Rachi (Meguila 5a) et Rambam (Hilkhot Taaniot 5.5) affirment que, si le 10 Tévèt était tombé un Shabbat, le jeune serait repoussé au lendemain. [Minhagué Maharil (Hilkhot Chiva Assar BéTamouz VéTicha BéAv 1) fait la même remarque. ]

-> Le rav Yonathan Eibschutz (Yaarot Devach - Vol.2 ; drouch 12) calcule que l'année où le roi de Bavél a commencé le siège de Jérusalem, le 10 Tévèt tombait un Shabbat. Il explique que c'est la raison pour laquelle D. dit au prophète Yé'hezkel (24,1-2) d'écrire le jour de la semaine : le prophète reçut l'ordre d'inscrire le fait que le malheur commémoré par le jeûne d'Assara BéTévèt a eu lieu un Shabat, et le jeûne lui-même devrait donc être observé même si la date coïncidait avec un Shabat.

-> Le rav 'Haïm Soloveitchik de Brisk écrit : "Telle est la différence entre tous les autres jeûnes et le 10 Tévèt : tous les autres jeûnes sont basés sur des événements et doivent être observés le mois [où ils se sont produits], comme le disent les versets, et peuvent être reportés. Mais à propos du 10 Tévèt, il est écrit : 'ce jour même' Yé'hezkel (24,1-2). Par conséquent, c'est une halakha qui s'applique spécifiquement à ce jour, et il ne peut pas être reporté au lendemain". [il est donc maintenu même s'il était amené à tomber un Shabbath]

-> Le rav David Hofstedter (Darach David) aborde ce sujet que le 10 Tévet n’est pas contre-indiqué pour tomber pendant le Shabbath. Il explique :
La dégradation spirituelle du peuple juif depuis son entrée en terre d’Israël jusqu'au la destruction du Temple ('hourban) provenait de la grande abondance matérielle dont il jouissait et de sa poursuite de la richesse.
La Torah nous met en garde : "Garde-toi d'oublier Hachem, ton D. ... Peut-être que, lorsque tu auras mangé et que tu seras rassasié, que tu auras bâti de belles maisons où tu vivras, que ton gros et menu bétail aura prospéré, que tu auras amassé une abondance d'argent et d'or et que tes biens se seront multipliés, ton cœur s'enorgueillira et tu oublieras Hachem ton D. qui t'a fait sortir de la maison d'esclavage qu'était l'Egypte." (Ekev 8,11-14).
Avant la destruction du Temple, les prophètes avaient déjà mis le peuple en garde contre la poursuite excessive des biens matériels à cette époque et qui a fait négliger le service divin.
[voir Yéchayahou 22.13 qui condamne : "la réjouissance et la joie, l'abattage de gros et menu bétail, la consommation de viande et de vin - 'mangez et buvez car demain nous mourrons'." ]

Cette faute doit être rectifiée en réduisant l'abondance matérielle, ce qui incite les Bné Israël à revenir au service de leur Créateur. C'est pourquoi la richesse matérielle du peuple juif cessa à la destruction du Temple, comme le dit la guémara (Sota 48a) : "Depuis le jour où le Temple a été détruit, il n'est pas de jour sans malédiction, la rosée ne tombe pas pour amener la bénédiction et le goût [délicieux] des fruits s'est perdu". Lorsque le peuple juif souffre d'une perte de prospérité, cela l'encourage à se tourner vers D. et à L'appeler ; cela corrige la faute que la Torah décrit comme "oublier Hachem".

La perte de l'abondance matérielle débuta le Dix Tévet, lorsque Névou'hadnetsar commença le siège de Jérusalem (II Méla'him 25.1). A cette époque, une terrible famine se répandit dans la ville, comme le raconte la Meguilat Eikha (4,4) : "De soif, la langue du nourrisson se collait à son palais. Les enfants demandaient du pain, mais personne ne pouvait leur en donner".
Cette faim et cette soif étaient la conséquence de la poursuite de la richesse et de l'oubli de D., comme le dit le prophète Yéchayahou (5,11-13) : "ceux qui se lèvent tôt le matin et recherchent le vin alcoolisé, qui restent tard la nuit lorsque le vin brûle en eux. La harpe et la lyre, le tambourin et la flute, et le vin, sont leurs festivités, et ils n'observent pas les actes de D. ni ne voient l'œuvre de Ses mains. C'est pourquoi Mon peuple fut exilé par manque de connaissance, ses hommes vénérables mourront de faim et ses masses seront assoiffées."
=> Non seulement la faim était une punition pour les fautes des Bné Israël, mais c'était aussi le début du processus de réparation de leurs fautes. La perte de l'abondance matérielle conduisit en effet le peuple à cesser sa recherche du matériel, à se repentir et à revenir vers D.

Il semble donc que le jeûne du 10 Tévèt ne soit pas seulement un commandement destiné à encourager la téchouva, comme c'est le cas des autres jeûnes. Il est également le moyen, pour le peuple juif, de se détacher de la poursuite des plaisirs physiques, ce qui était à l'origine de leurs fautes.
En utilisant le 10 Tévèt pour couper cet attachement par le jeûne, nous réparons l'oubli de D. qu'ont causé les excès matériels.

En gardant cela à l'esprit, nous pouvons comprendre pourquoi jeûner le jour d'Assara BéTévèt ne présente aucune contradiction avec le respect du Shabbat. Shabbat est la source de toute bénédiction matérielle pure et convenable, et le jeûne du 10 Tévèt complète le Shabbat en mettant toute cette abondance à sa bonne place, comme un moyen de servir Hachem. En observant le jeûne du 10 Tévèt, nous prenons conscience du but fondamental du Shabbat. Ainsi, ses bénédictions pourront-elles se réaliser de façon optimale.'

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b'h, sur la notion de jeûnes :
- Les jeûnes : https://todahm.com/2022/08/07/les-jeunes
- Le sens d'un jeûne : https://todahm.com/2020/03/23/le-sens-dun-jeune

Quand les Bné Israël sont arrivés à la caverne de Ma'hpéla (pour enterrer Yaakov), Essav voulut empêcher l'enterrement de Yaakov.
Essav cita le verset : "Dans la plaine de Mamré à Kiryat Arba qui est 'Hévron" (Vayichla'h 35,27), où le nom de Kiryat Arba est justifié par rabbi Its'hak par le fait que 4 couples y sont enterrés : Adam et 'Hava, Avraham et Sarah, Its'hak et Rivka, Yaakov et Léa.
Essav (dit aux fils de Yaakov) : Yaakov y a enterré Léa, et donc la (8e) place restante est la mienne.
Les fils de Yaakov répliquèrent : Mais tu as vendu mon droit d'aînesse (ma part double), ai-je vendu ma part simple (d'héritage)?
Les enfants de Yaakov lui dirent : Oui, car notre père avait dit à Yossef : "(Tu m'enterreras) dans la sépulture que j'ai acquise au pays" (Vayé'hi 50,5).
Essav demanda : Montre-moi le contrat de vente ; ils répondirent : Ce contrat se trouve en Egypte. Qui ira le chercher? C'est Naftali, rapide comme la biche, selon le verset : "Naftali est une biche qui s'élance ; il apporte de beaux messages (Imré Shafer)" (Vayé'hi 49,21).
Selon rabbi Abahou, ne lis pas "Imré Shafer", mais "Imré Shéfer", c'est-à-dire le contrat de vente.
'Houchim fils de Dan, était sourd ; il demanda (aux fils de Yaakov) : "Que se passe-t-il?"
Ils répondirent : "Essav empêche l'enterrement jusqu'au retour de Naftali." Il dit : "Mon grand-père resterait déposé (sur le sol) sans respect?"
Il prit un gros bâton et frappa Essav à la tête ; les yeux de Essav se détachèrent et tombèrent sur les pieds de Yaakov.
Yaakov ouvrit alors ses yeux et sourit, en accord avec le verset : "Le tsadik se réjouira quand il verra la vengeance ; il baignera ses pieds dans le sang des réchaïm" (Téhilim 58,11).
A cet instant, s'est réalisée la prophétie de Rivka : "Pourquoi devrai-je vous perdre tous 2 le même jour?" (Toldot 27,45).
Bien que Yaakov et Essav ne soient pas morts le même jour, ils ont été enterrés le même jour.
[guémara Sota 13a]

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-> Yaakov n'a pas ordonné à ses fils de se munir du contrat de vente du droit d'aînesse, afin que 'Houchim tue Essav le jour-même de l'inhumation de Yaakov, contribuant ainsi que la prophétie de sa mère Rivha se réalise.
[Or ha'Hama]

-> Les fils de Yaakov, devant le refus d'Essav de laisser enterrer son frère Yaakov à Makhpéla, négocient avec Essav en espérant le convaincre avec leurs arguments.
De parole en parole, de question en réponse, alors que Yaakov était déposé sans respect sous le soleil de 'Hévron, ses fils se sont peu à peu habitués à cette situation et ils se sont ainsi désensibilisés jusqu'à ne plus pouvoir ressentir l'outrage fait à leur père, et ils ont ainsi perdu le pouvoir de réagir.
Par contre, 'Houchim qui était sourd, et qui n'avait pas participé à ces négociations, croyait qu'on faisait encore des prières ou des hespédim pour son grand-père.
Dès qu'il apprit soudainement la situation, il réagit avec toute sa sensibilité demeurée intacte : "Mon grand-père va rester déposé là et subir cet outrage jusqu'au retour de Naftali?"
'Houchim frappa aussitôt Essav à la tête pour faire cesser cette situation inadmissible.
[rabbi ‘Haïm Chmoulévitch – Si’hot Moussar (si’ha 97)]

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=> A quoi font allusion les yeux d'Essav qui se détachent et qui tombent sur les pieds de Yaakov?

-> Essav, par ses yeux hautains et malveillants envers son frère, a provoqué le départ de Yaakov qui a dû fuir chez Lavan en "courant" à pied.
En allusion à ceci, les yeux d'Essav sont sortis de leur orbite et sont tombés sur les pieds de Yaakov.
[Ein Eliyahou]

-> C'est à cause des 2 larmes qui ont coulé des yeux d'Essav, lorsque Yaakov l'avait devancé pour recevoir la bénédiction de son père Its'hak, que le 2e Temple a été détruit par les descendants d'Essav.
Que tombe Essav l'accusateur d'Israël et que ce dernier retrouve sa couronne.
C'est en allusion à cela que les yeux d'Essav se sont détachés.
De plus, les faits rapportés font allusion aux 70 nations qui tomberont aux pieds de Yaakov à l'époque du machia'h.

Celui qui a frappé Essav est 'Houchim (חשים), dont les lettres réarrangées forment le nom du : machia'h (משיח).
[Ben Ich 'Haï]

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=> Comment expliquer que Yaakov se "réjouisse" du malheur d'Essav?

-> Bien que la vengeance constitue un acte de justice dans ce monde, il y a lieu de distinguer 2 types de vengeance :
- la vengeance personnelle contre son prochain, qui nous aurait humilité ou frustré, interdite par la Torah :"Ne te venge pas" (Vayikra 19,18), car il faut faire confiance à la Justice Divine ;
- et la vengeance exercée par le Ciel, qui grandit la Gloire d'Hachem et qui consolide Son Trône, dont le tsadik peut se réjouir.

Ainsi, Yaakov ne s'est certainement pas réjoui, après sa mort, de la mort tragique de son frère, au titre d'une vengeance personnelle sur le comportement odieux de son frère à son égard.
Mais il est "réjoui" de la vengeance Divine effectuée par l'intermédiaire de son petit-fils 'Houchim, ce qui a grandi la Gloire d'Hachem (kavod Chamaïm) ; c'est de cette vengeance de haut niveau, qui a rétabli la Justice dans le monde, que Yaakov s'est "réjoui", et c'est pourquoi il a souri.
Cette vengeance est approuvée même par l'Ange de la mort qui a permis au tsadik Yaakov d'ouvrir ses yeux, un court instant, pour lui donner le mérite d'assister à la vengeance d'Hachem à l'encontre de son frère.
[rabbi ‘Haïm Chmoulévitch – Si’hot Moussar (si’ha 27)]

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-> Selon Tossefot (guémara Guitin 55b), 'Houchin n'a pas tué Essav : il l'a bien frappé à la tête et les yeux d'Essav sortirent de leur orbite, mais c'est finalement Yéhouda qui a achevé et tué Essav.

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-> Le caveau de Makhpéla ne peut contenir que 4 couples, soit 8 emplacements, or il y avaient déjà 7 personnes inhumées, ne laissant plus qu'une place.

Essav argumente que Léa y est enterrée :
- selon Rachi, c'est pour dire que Yaakov avait déjà utilisé sont droit en inhumant son épouse, lui laissant le droit d'être enterré dans la dernière place disponible.
- le Kéren Ora apporte l'explication suivante :
L'intention d'Essav était de dire qu'il tenait à être inhumé auprès de Léa, qui devait être initialement son épouse (cf. guémara Baba Batra 123a).
Mais c'est en raison des prières et des pleurs (jusqu'à abîmer ses yeux et perdre ses cils) de Léa, qu'elle a finalement épousé Yaakov.
Et maintenant, Essav demande à être réuni à Léa après sa mort, s'il n'a pas eu le mérite de l'avoir comme épouse de son vivant.
Essav a donc porté ses yeux sur Léa qui était l'épouse de Yaakov pour l'éternité (contrairement aux biens matériels, le lien entre mes 2 âmes du couple est éternel), et 'Houchim lui a retiré ses yeux et la vie, car quiconque convoite ce qui n'est pas à lui n'obtient pas ce qu'il désire et il perd même tout ce qu'il possède.