Aux délices de la Torah

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"Il [Hachem] me conduira (yan'héni) sur les sentiers de justice" (Téhilim 23,3)

-> Le mot "yan'héni" (me conduira - יַנְחֵנִי) peut se lire à l'envers et à l'endroit.
C'est une allusion au fait que même si tout semble être à l'envers et mauvais dans notre vie, en réalité tout est pour notre bien ultime.
[rav Elimélé'h Biderman]

[en effet, rien ne peut se passer sans un décret d'Hachem, et le roi David dit au verset suivant (v.4) : "Quand bien même j'irai dans une vallée de ténèbres, je ne craindrai pas le mal, car Tu es avec moi. Ta force et Ton soutien me consoleront."
Ailleurs, le roi David déclare : "J’ai placé Hachem en face de moi en permanence" (chiviti Hachem lénegdi tamid - Téhilim 16,8)
Le mot chiviti (שיויתי) est à rattacher au terme : chiv’yon (l’égalité - שיווין ou השתוות) = ainsi quoiqu'il puisse m'arriver cela m'est égal, car j'ai la certitude qu'aucun juif n'est seul car il a toujours son papa Hachem à ses côtés.
Même s'il y a des turbulences dans ma vie, c'est mon père, le boss des boss, qui est aux commandes et Il prend le meilleur des chemins possibles!]

Hachem dit : A chaque fois que Je vous donne des souffrances dans ce monde, rappelez-vous combien de bonté Je vous donnerai dans le monde futur.
[midrach - Sifri Haazinou]

[toute souffrance nous est dosée et envoyée par Hachem avec une précision extrême.
Tout est pour notre bien ultime, et on doit avoir à l'esprit qu'une toute petite souffrance subie dans ce monde équivaut à une dispense d'une énorme dans le monde à venir.]

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-> Lorsqu’un homme souffre dans ce monde, il s’afflige de ses tourments et voudrait s’en débarrasser.
Cependant, lorsqu’il arrivera dans le monde de la rétribution et qu’il recevra une récompense pour chaque peine et épreuve qu’il a endurées dans ce monde, il se réjouira de chacune d’entre elles [pour l'éternité].
['Hafets 'Haïm]

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-> Les souffrances sont aimées par une personne qui les voit comme des messagers d'Hachem afin de renforcer sa connexion, son attachement ... avec le Créateur, et pour l'élever à un monde qui n'est que lumière ...
Heureux est sa part.
['Hazon Ich - Igrot 1,201]

-> Lorsque l'on fait un électrocardiogramme à une personne, s'il est constitué de hauts et de bas, c'est qu'il y a de la vie.
S'il n'y a qu'un trait droit, c'est une personne morte!
Ainsi, les épreuves de la vie permettent à notre cœur spirituel de battre pour Hachem!

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-> Tout celui dont passent 40 jours sans souffrance a reçu sa récompense dans ce monde.
[guémara Erouvin 16b]

-> Dans la guémara (Sanhédrin 101a), rabbi Eliézer qui était malade a dit selon Rachi : "Hachem est en colère contre moi, et Il me donne beaucoup de souffrances."
Ses élèves ont commencé à pleurer, sauf rabbi Akiva qui riait.
Ils lui ont demandé : "Un Séfer Torah est en détresse, ne devons-nous pas pleurer?"

Rabbi Akiva leur a répondu : "C'est pour cela que je suis heureux. J'étais fréquemment inquiet à savoir si rabbi Eliézer avait perdu sa part dans le monde futur (olam aba), car il avait un monde actuel (olam azé) parfait.
Son vin n'a jamais tourné au vinaigre, son lin n'a jamais été détérioré par la tempête, son huile ne s'est pas gâchée, et son miel n'a pas pourri.
Mais maintenant que je vois mon maître qui est affligé [de souffrances] dans ce monde, je sais qu'il va recevoir le monde futur (olam aba). C'est pour cela que je suis heureux."

Rabbi Eliézer lui a demandé : "Rabbi Akiva est-ce qu'il y a quelque chose dans la Torah que je n'ai pas respecté?"
Rabbi Akiva a répondu : "Maître, vous nous avez enseigné : "II n'est pas d'homme juste (tsadik) sur terre qui fasse le bien sans jamais fauter" (Kohélét 7,20)."

=> Cette guémara (Sanhédrin 101a) nous enseigne que lorsqu'une personne a une vie totalement parfaite (sans aucune souffrance), alors cela pourrait attester du fait qu'elle ne recevra pas de monde futur (olam aba).

D'ailleurs, la guémara (Baba Batra 16b-17a) affirme : "Hachem a donné un goût du monde futur à 3 personnes : Avraham, Its'hak et Yaakov."
[ainsi une vie de total Gan Eden dans ce monde n'est pas possible, sauf si nous recevons dans ce monde limité notre récompense future.]

Notre émouna est récompensée déjà dans ce monde

+ Notre émouna est récompensée déjà dans ce monde :

-> Le Choul'han Aroukh ('Hochen Michpat 339) écrit : "C'est une mitsva de payer ses employés à temps".

Nous avons un principe que Hachem observe la Torah (cf. guémara Yérouchalmi Roch Hahcana 1,3).
Ainsi, nous devrions apparemment recevoir chaque jour la récompense pour les mitsvot que nous avons accomplies.
Cependant, selon nos Sages (guémara Erouvin 22) : nous ne recevons pas de récompense pour les mitsvot dans ce monde.

=> Pourquoi Hachem ne nous récompenset-tIl pas immédiatement, comme la mitsva le demande?

Le 'Hanoukat haTorah (rabbi Herschel de Krakow) répond :
Hachem a enseigné à Moché les mitsvot, et ensuite Moché nous les a enseignées.
Ainsi, nous sommes similaires à des travailleurs qui ont été embauchés par une tierce partie.
Le Choul'han Aroukh ('Hochen Michpat 339,6) spécifie : "Lorsqu'on demande à un messager (chalia'h) d'embaucher des travailleurs ... aucun des deux ne transgresse l'interdit si un travailleur est payé en retard."

En se basant sur cela, nous comprenons pourquoi notre récompense est repoussée jusqu'au monde futur.
En effet, il y avait un intermédiaire : Moché, qui était le messager d'Hachem pour nous enseigner les lois de la Torah, et ainsi la récompense des mitsvot peut être décalée jusqu'au monde futur.

Cependant, le peuple juif a entendu 2 mitsvot directement d'Hachem.
En effet, la guémara (Makot 23) dit que Moché nous a enseigné 611 mitsvot.
Les 2 premiers des 10 Commandements ("Je suis Hachem, ton D." et "Tu n'auras pas d'autres dieux"), qui nous obligent à la émouna, ont été entendus directement de la "bouche" Hachem, sans aucun intermédiaire.

C'est pourquoi le 'Hanoukat haTorah conclut que bien que nous ne recevons pas de récompenses dans ce monde pour nos mitsvot, nous sommes récompensés pour notre émouna, même dans ce monde.
Lorsque nous nous renforçons et avons confiance que tout vient d'Hachem, alors nous pouvons attendre une récompense le jour même, en accord avec la loi juive (demandant de payer son salarié dans les temps).

-> C'est le sens du midrach (Chémot rabba 23,65) : "Ce que le peuple juif mange dans ce monde, c'est par le mérite de la émouna."
En effet, dans ce monde nous sommes récompensé pour notre émouna, ce qui n'est pas le cas des autres mitsvot.

Il se peut qu'un homme accomplisse son obligation de prier, mais il n'en tire rien et sa prière ne lui apporte rien.
Car l'essentiel est que se renforce en lui la émouna, par la méditation et la pensée.
C'est la même méthode que dans l'étude du moussar où il faut se représenter les principes mentalement et les appliquer dans les actes.
Pour cela, la description d'un livre ne suffit pas ; en fait, l'illustration vise essentiellement à ce qu'on intègre le message, auquel cas on en aura tiré un intérêt.
[...]

La prière (téfila) est un grand moment [personnel] de pensée juive (moussar).
De même que l'étude du moussar doit rapprocher l'homme de la vérité et d'Hachem, de même la prière doit faire entrer dans le cœur de l'homme que tout est entre les mains d'Hachem et tout ce que l'homme doit recevoir dépend en détails de la Providence du Créateur.

[rav Yé'hezkel Lévinstein]

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-> Le Saba de Kelm zatsal explique pourquoi les Sages des anciennes générations n’avaient pas l’habitude d’étudier le moussar, bien qu’il existe des ouvrages à ce sujet sous leur plume.
Rabbénou Yona, dans son Chaaré Téchouva (2,15), affirme que nous devons quotidiennement effectuer un examen de conscience. Mais, à son époque aussi, il n’existait pas une étude fixe de ce sujet, comme cela est de coutume de nos jours.
Le Saba explique que, chez les Richonim, la prière avait la même influence que l’étude du moussar a aujourd’hui, car ils priaient du plus profond de leur cœur. Ainsi que l’explique le Kouzari, la prière déverse sur l’homme un courant de foi et de pureté de l’âme.

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-> La prière doit être présente en nous à chaque instant de la journée, dans toutes nos activités.
Qu’est-ce que j’ai de la peine lorsque je vois des gens qui disent à la fin de la prière : "alénou léchabéa'h" et ferme le sidour, en se déconnectant ainsi de la prière.
Ils reviennent rapidement à leur état d’homme matériel et loin d’Hachem, au lieu de garder ce lien puissant avec Hachem …
La prière doit être le fruit d’une connexion permanente avec Hachem, avec Sa crainte, avec Sa Providence, avec notre soumission et humilité devant Lui ; il n’y a rien de pire que l’interruption qui empêche toute croissance spirituelle, tout lien fort avec Hachem."
[rav Yérou'ham Lévovitz]

-> "Si seulement un homme pouvait prier toute la journée" (guémara Béra'hot 21a)

-> "Je ne suis que prière" (le roi David - Téhilim 109,4 - vaani téfila).
Le Métsoudat écrit : Je suis un homme de prière.
Rachi explique : Je prie Hachem en permanence.

-> Rabbénou Yona (Béra'hot 20b) demande pourquoi les femmes sont-elles astreintes à la prière, alors qu'il s'agit d'une mtisva qui dépend du temps?
Il répond : "ce n'est pas une mitsva qui dépend du temps, car il faudrait prier à chaque instant de la journée ... elle ressemble donc à une mitsva qui ne dépend pas du temps".

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-> "Le mot mitpallel (prier) vient du mot piloul, rigueur/jugement, la forme mitpallel (pronominale) veut dire que l’homme se fait rigueur à lui-même.
De plus, le mot mitpallel est proche du mot ballal : mélanger, insérer un autre élément à un mélange ... et là aussi c’est le but de la prière : faire rentrer en nous (mélanger ou insérer) la vérité absolue en ce qui concerne Hachem et Sa direction du monde avec le plus de rigueur possible.
L’homme doit se faire rigueur à lui-même en prenant conscience de la vérité absolue, c’est-à-dire que tous les coins et recoins de son être et de sa vie, à chaque instant, sont entre les mains d’Hachem.

Grâce à sa prière, l’homme pourra acquérir une perfection d’âme et vivre en permanence à la lumière d’Hachem ...

Il en ressort que la prière, d’après la définition juive, est le contraire de la prière telle que les gens la connaissent.
Il ne s’agit pas d’exprimer son intériorité à l’extérieur, il ne s’agit pas non plus de raconter son ressenti à Hachem qui est en face de nous, comme le pense le peuple.
[Certes, il y a également, mise à part la prière ce qu’on appelle : te'hina, bakacha ou si'ha où nous pouvons parler à Hachem et Lui raconter ce que l’on ressent.]

Il n’en reste pas moins que la prière c’est exactement l’inverse : non pas faire sortir à l’extérieur mais faire rentrer à l’intérieur de son cœur la vérité concernant la providence divine.

C’est pourquoi la prière s’appelle une Avoda (un travail) chébalev (du coeur), car celui qui prie est en train de se travailler et de se réparer afin que son cœur prenne conscience de la vérité la plus authentique concernant tous les domaines de sa vie.
[s’il racontait seulement ses problèmes : ce ne serait pas une Avoda!]
De plus, si la prière consistait à raconter ses sentiments à Hachem, comment nos sages pourraient-ils l’obliger 3 fois par jour. Comment pourrait-on lui fixer un texte précis (que ferait celui qui n’a rien à raconter?)

La prière c’est un réveil du cœur et un moyen de vivre dans notre intériorité en prenant conscience de toutes les valeurs éternelles qui ont toujours besoin d’être renforcées et protégées concernant la Providence, et la Emouna (foi).

Celui qui a des angoisses ou des demandes particulières pourra s’en servir pour que la prière soit encore plus importante à ses yeux, ou encore plus indispensable (mais ces besoins ne restent qu’un moyen et ne sont pas le but premier de la prière)."

[rabbi Chimchon Raphael Hirsch (Vayéra 20,7)]

"Lavan embrassa ses fils et ses filles, et les bénit" (Vayétsé 32,1)

-> La Torah nous dit que Lavan a béni ses filles pour nous enseigner que lorsqu'un père bénit ses enfants avec une grande sincérité, alors cela se réalisera certainement.
[Sforno]

[si c’est vrai avec Lavan, le racha, alors à plus forte raison chaque parent juif a un pouvoir énorme de bénir ses enfants.]

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-> Par leurs prières et leurs mots purs, les tsadikim ont la capacité de nous amener la subsistance et d'autres bontés.
Lorsque nous prions des profondeurs de notre cœur, il est certain que nous avons alors le même pouvoir de prière.
[Noam Elimélé'h - Haazinou]

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-> "Qu’est-ce qui est considéré comme un moment propice [afin que nos prières soient acceptées]?
C’est lorsque la communauté prie." [guémara Béra'hot 8a]

Le Beit Aharon commente : "Je suis certain qu'on peut accomplir autant avec une prière en communauté (tsibour) qu'avec les prières du plus grand tsadik de la génération."

=> Il est évident que les prières des tsadikim sont nécessaires et énormes, mais nous ne devons pas prendre à la légère nos prières venant du plus profond de notre cœur, celles de nos parents, ainsi que les prières faites en tsibour.

"La meilleure préparation pour la prière est d'aider dans sa maison, comme contribuer à ce que les enfants soient prêts à aller à l'école."
[rabbi Eliézer Mendel de Lélov]

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Le rabbi Bounim de Pschisha enseigne qu'il y a une règle : lorsqu'on fait du 'hessed, cela génère un effet boomerang, et du 'hessed nous revient dessus.

[en ce sens nos Sages nous conseillent de donner à la tsédaka avant la prière.
La charité commence par aider nos proches, dans notre foyer, par des actes, des paroles positives, ... et alors on peut espérer en effet boomerang de voir découler de notre prière un maximum de bontés d'Hachem.]

Si vous manquez de parnassa, c'est un signe que vous n'étudiez pas [assez] la Torah, car la Torah amène la parnassa.
Comme il est écrit : "sans Torah, point de farine" (Pirké Avot 3,17).

[Ohr ha'Haïm haKadoch - début de Bé'houkotaï]

Observe la récompense de ceux qui font de la tsédaka et du 'hessed.
Ils ne sont pas à l'ombre ... des anges ... ils sont à l'ombre d'Hachem.
Comme il est écrit : "Combien précieuse est ta bonté, Hachem, l’Homme s’abrite à l’ombre de Tes ailes" (Téhilim 36,8)

[midrach Ruth rabba 5,4]

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-> Le 'Hafets 'Haïm (Ahavat 'Hessed 2,4) explique que sous les ailes d'Hachem implique que c'est Hachem lui-même qui nous juge.
Or même les anges les plus miséricordieux ont un élément de rigueur, qui va contribuer à nous juger sévèrement.
Seul Hachem peut nous témoigner 100% de miséricorde, de compassion.
Ainsi être jugé sous Ses ailes c'est s'assurer un jugement le plus favorable possible.

Viendra un jour où l'homme se reprendra et à force de réflexion, finira par comprendre les prières récitées pendant tant d'années à la hâte et sans kavana.
Quand il découvrira les diamants perdus à chaque mot, il s'arrachera les cheveux de dépit pour être passé à côté d'un tel "Gan Eden".
Comment a-t-il pu laisser pendant tant d'années la prière, qui est l'un des délices de ce monde, lui filer entre les doigts sans se baisser pour la relever?

[Séfer Ki Ata Imadi (p.101)]

Il est interdit à l'homme de réciter sa prière dans la tristesse, sans quoi son âme ne peut recevoir la lumière d'en Haut qui se déverse sur lui à ce moment-là.

C'est seulement au moment où il récite le vidouï et confesse ses fautes en détail qu'il est bon qu'il s'attriste.
Par contre, pendant le reste de sa prière, il s'attirerait un grand dommage en s'attristant ...

Il ne faut pas mépriser [le fait de servir Hachem dans la joie], ca la récompense est très grande.

[d'après le Arizal - Chaar haKavanot]