Aux délices de la Torah

Pâtisserie spirituelle depuis 5771 - b'h
 

"Nous ne saurons comment nous servirons Hachem que lorsque nous arriverons là-bas" (Bo 10,26)

=> Pourquoi Moché ne savait-il pas combien d'animaux il faudra pour sacrifier à Hachem et Le servir tant que le peuple n'avait pas quitté l'Egypte et n'était pas dans le désert?

En réalité, ces sacrifices sont des offrandes de remerciement à Hachem.
Lorsque Hachem réalise un miracle pour sauver un homme, celui-ci doit Le remercier, et à l'époque, il apportait un sacrifice.
Or, à chaque fois que Pharaon refusait de laisser partir les Hébreux, cela entraînait une nouvelle plaie et donc de nouveaux miracles se réalisaient, ce qui impliquait d'autres sacrifices à apporter.

=> Ainsi, Moché dit à Pharaon qu'ils ne peuvent pas encore savoir combien de sacrifices il faudra apporter, car cela dépend en vérité de Pharaon.
En effet, plus il refuse, plus Hachem réalise des miracles et plus le nombre de sacrifices augmente.
Ce sera seulement quand il les libérera et qu'ils se retrouveront dans le désert qu'on saura le nombre définitif d'offrandes à apporter à Hachem pour Le remercier et Le servir pour tous les miracles qui auront été réalisés jusque là.

[Ktav Sofer]

<------------------------------------->

"Car de lui (mimeinou) nous prendrons pour sacrifier à Hachem" (Bo 10,26)

-> Le mot "miménou" (de lui - ממנו) est composé des mêmes lettre que "mamon" (argent).

Rabbi Avraham Harrari-Rafoul y voit l'allusion suivante :
Un homme aisé ne devra pas dilapider sa fortune uniquement dans la nourriture, la boisson, les vêtements, ... Il devra également utiliser sa richesse pour accomplir des mitsvot et des bonnes actions, pour faire de la charité, soutenir les érudits et les yéchivot, puisqu’il est écrit "car de lui (l’argent) nous prendrons pour servir Hachem".

<------------------------------------->

-> "Nous ne saurons pas comment servir Hachem jusqu'à notre arrivée là-bas" (Bo 10,26)

-> Ce verset peut s'expliquer de façon allusive.
Certes dans ce monde, un homme peut réaliser de nombreuses mitsvot et penser qu'il est plein de bonnes actions. Mais, nul ne connaît la valeur et la qualité de toutes ses mitsvot, si elles sont pures et parfaites ou si elles sont déficientes et sans grande valeur.
C'est uniquement dans le monde futur que l'on verra la qualité de tout le service Divin que l'on aura réalisé dans ce monde.
Cela est en allusion dans ce verset : "Nous ne saurons pas comment servir Hachem" = c'est-à-dire comment nous L'avons servi et quelle valeur a ce service, "jusqu'à notre arrivée là-bas", dans l'autre monde.
['Hidouché haRim]

<------------------------------------->

-> "Notre bétail viendra aussi avec nous… car nous en prendrons pour servir Hachem notre D., et nous ne savons pas comment servir Hachem avant d’arriver là-bas" (Bo 10,26)

-> Le Malbim (Erets 'Hemda) explique ainsi ce verset :
D’après la guémara (Erouvin 100b) : "Si la Torah n’avait pas été donnée, nous apprendrions la pudeur du chat, le vol de la fourmi, la chasteté de la colombe ..."
C’est ce qui est dit : "nous en prendrons" = nous prendrons des bêtes, "pour servir Hachem", car «nous ne savons pas" encore "comment servir Hachem avant d’arriver là-bas", à la montagne de D., où nous recevrons la Torah.
Pour le moment [avant le don de la Torah], nous apprendrons des bêtes et des oiseaux du Ciel.

"Quiconque mange du 'hamets, son âme sera retranchée d'Israël, du 1er jour jusqu'au 7e jour" (Bo 12,15)

-> On peut s'interroger sur la structure du verset qui aurait dû plutôt dire : "Quiconque mange du 'hamets du 1er jour jusqu'au 7e jour (de Pessa'h), son âme sera retranchée d'Israël".

En réalité, nos Sages disent que chaque juif a une part au monde futur. Ainsi, même celui qui a commis une faute passible de retranchement (karét), comme en l'occurrence le fait d'avoir mangé du 'hamets à Pessa'h, son âme ne sera retranchée et coupée de sa source que pendant la période de la durée de ce monde-ci, de son vivant et après sa mort.
Cependant, dans le monde futur, c'est à dire dans le monde qui suivra la résurrection des morts, son âme réintégrera son origine.

Cela est en allusion dans ce verset : "Son âme sera retranchée du 1er jour jusqu'au 7e jour" = allusion à toute la durée de ce monde qui est appelé à durer 6 millénaires.
Son âme sera retranchée jusqu'au 7e jour exclus, allusion au 7e millénaire. Mais après le 7e ''jour'', c'est-à-dire dans le monde futur, monde tout entier appelé Shabbat, son âme retrouvera son origine et il aura lui-aussi sa part dans le monde futur.

['Hatam Sofer]

"Moché et Aharon se rendirent chez Pharaon et lui dirent : "Ainsi a dit Hachem, D. des Hébreux : Jusqu'à quand refuseras-tu de te soumettre à Moi? Renvoie Mon peuple et qu'il Me serve!" (Bo 10,3)

-> Le rav Aharon Yéhouda Leib Steinman fait remarquer :
Si on traduisait Pharaon devant le Tribunal international des crimes de guerre, de quoi l'accuserait-on?
De crimes contre l'humanité, de sévices sur des prisonniers politiques, de graves entraves à la liberté de ses concitoyens, d'avoir jeté des enfants dans le Nil?

Pourtant, la Torah lui reproche uniquement de ne pas s'être soumis à Hachem et d'avoir refusé d'écouter Sa voix, et elle nous révèle que c'était là sa vraie faute.

Le rav Steinman poursuit en affirmant que ce reproche peut être fait à tout un chacun : car la cause de toutes les fautes et la source de tous les maux proviennent du fait que l'homme ne se soumet pas à son Créateur. L’orgueil le pousse à suivre la voie que lui dicte son cœur.

Hachem a beau nous envoyez des signes, plus ou moins clairs, mais nous ne parvenons pas à se défaire de notre orgueil et de nos mauvaises habitudes.

Le rav Steinman conclut qu'il faut étudier la Torah et comprendre la chance que nous avons de l'avoir reçue : elle affine les traits de caractère de l'homme et l'aide à surmonter son orgueil.
Elle entraîne amour et attachement avec Hachem, et nous apporte la réussite.

["Il n’est d’homme libre [dont de notre orgueil] que celui qui se consacre à l’étude de la Torah" (Pirké Avot 6,2)]

<------------->

-> "Jusqu’à quand refuseras-tu de te soumettre à Moi?"

-> Le Ktav Sofer enseigne :
Bien qu’effrayé par les plaies, Pharaon ne s’est pas soumis à Hachem. Il pensait [uniquement] avoir fauté envers ses idoles ...
En réalité, il aurait été prêt à renvoyer les Bné Israël pour être exempté des souffrances, mais Hachem a endurci son cœur pour qu’il finisse par se rendre compte que Hachem est D.

Tel est le sens de la phrase rapportée par Moché au nom de D. : "Jusqu’à quand refuseras-tu de fléchir devant Moi?" = en d’autres termes : "Qu’aurai-je gagné si tu renvoies Mon peuple sans te soumettre à Moi? Plie-toi à Mes ordres, renvoie Mon peuple ‘‘pour qu’il M’adore’’, pour qu’il Me serve justement avec ton accord!"

[Pharaon devait reconnaître D. intérieurement, et non extérieurement dans un but d'éviter les souffrances.]

"Vous garderez les matsot" (Bo 12,17)

-> Rachi commente : "Ne lis matsot, mais mitsvot.
Ainsi, de même qu'on ne laisse pas fermenter les matsot, on ne doit pas laisser "fermenter" les mitsvot : lorsque se présente à toi l'occasion d'accomplir une mitsva, saisis-là immédiatement."

-> De la même façon qu'une matsa qu'on a laissée fermenter perd son statut de matsa et devient 'hamets, et celui qui en mangerait pendant Pessa'h serait passible de retranchement (karét) du peuple à jamais, de la même façon en est-il pour toutes les mitsvot : la différence entre accomplir une mitsva avec empressement (zérizout) ou négligemment ressemble à celle qui sépare une mitsva d'une transgression (avéra).

Cela est également vrai pour les avérot : il est fondamental de les fuir avec une grande rapidité.
C'est pourquoi, nos Sages (guémara Yoma 22b) disent que le roi David fauta à 2 reprises et ne fut pas puni, tandis que Chaoul ne fauta qu'une seule fois et il en fut puni.
En effet, lorsqu'on reprocha à David d'avoir fauté, il s'en repentit immédiatement (cf. Chmouel II 12,3).
En revanche, Chaoul après avoir reçu des reproches (Chmouel I 15,20) affirma avoir accompli la parole Divine, car il était incapable de faire un rapide examen de conscience, et il lui fallut du temps avant de reconnaître sa faute.
[rav Réouven Grozovsky]

<--->

-> "On ne fait pas attendre une mitsva, même si on pense l'accomplir plus tard avec plus de splendeur, car il n'y a pas de qualité plus grande que l'empressement."
['Hafets 'Haïm - michna Broura (90,28)]

-> "N'atteindront le bien que ceux qui s'y précipitent"
[Rabbénou Bé'hayé - 'Hovot haLévavot]

-> "L'homme se lèvera le matin comme un lion pour le service Divin"
[au tout début du Choul'han Arou'h.
Ainsi, le livre compilant les lois juives démarre en mettant en avant l'aspect vital d'avoir du zèle à faire les mitsvot et à ne pas faire des avérot.]

<--->

-> b'h, également sur l'importance du zèle : https://todahm.com/2019/02/14/8341

"Il est interdit à l'homme d'aspirer à plus que son niveau et sa personnalité ne le permettent, à l'exception de la grandeur dans la Torah, pour laquelle le désir doit être illimité."

[rabbi Moché Feinstein]

Même s'il ne s'est pas constitué de minyan dans une synagogue, il faut cependant aller prier dans ce lieu saint, et ne pas se contenter de prier chez soi.
Beaucoup d'hommes prient chez eux, montrant par cela que le Temple n'a que peu d'importance à leurs yeux.
[la synagogue étant considérée comme un Temple en miniature (beit mikdach katan)].
En conséquence, la construction du Temple est retardée.
[...]

[Dans le Zohar (Chémot 17a)], rabbi 'Hiya et rabbi Yossi enseignèrent que l'exil actuel était destiné à durer uniquement [mille ans, qui représentent] un jour de D., comme il est écrit : "[Hachem] m'a rendue désolée, épuisée pendant un jour entier" (Eikha 1,13).

[Puisque le Temple fut détruit en 3828 (68 de l'ère vulgaire), la rédemption aurait dû avoir lieu en 4828 (1068 de l'ère vulgaire)].
Elle fut retardée parce que les juifs ne se sont pas repentis et n'ont pas amélioré leur conduite.
[...]

La rédemption dépend principalement de la prière. Si nous prions avec ferveur, nous serons délivrés.
[A ce sujet,] nous avons la promesse de D., et nous avons la foi en ce que cela dépend de nous ...

A la question de savoir pourquoi nos prières pour la rédemption restent sans effet ... une raison est que Hachem y répond en partie. En effet, D. fait quotidiennement de nombreux miracles en notre faveur, même si nous n'en sommes pas conscients.
Lorsqu'une personne dort, D. peut provoquer la pluie afin que sa nourriture pousse et qu'elle ait à manger. Bien que ce ne soit pas la rédemption, il s'agit d'un élément de celle-ci.

De la même façon, le peuple juif survit journellement dans un monde hostile. Bien que le monde entier soit contre nous, Hachem nous protège perpétuellement. Certes, ce n'est pas une rédemption, mais il s'agit d'un élément de celle-ci.

[Méam Loez - Bo 12,42]

"Ils mangeront ... cette nuit-là ... des matsot" (Bo 12,8)

La Torah nous ordonne de manger de la matsa la 1ere nuit de Pessa'h.
=> Pourquoi de nombreuses personnes ont l'habitude d'utiliser spécifiquement des matsot rondes pour réaliser cette mitsva?

-> Le rav Yéhouda Assad suggère qu'au moment de sortir les juifs ont cuisiné des "galettes azymes" ("ougot matsot" - Bo 12,39) : la pâte n'a pas fermenté puisqu'ils sont partis sans s'attarder.
Le terme : "ouga" est souvent utilisé pour connoter une forme ronde (ex: guémara Taanit 19a).
=> Ainsi pour s'en rappeler nous utilisons des matsot rondes.

-> Le Réma (Ora'h 'Haïm 476,2) écrit que de nombreuses personnes ont l'habitude de manger un œuf au Séder, comme symbole de deuil, puisque la nuit du 9 Av tombe toujours le même jour de la semaine que la nuit du Séder (1er jour de Pessa'h).

Le Pri Mégadim ajoute (Michbétsot Zahav 476,3) que les œufs sont aussi un signe de deuil pour la mort de Avraham, qui a eu lieu la 1ere nuit de Pessa'h.

Rachi écrit (Toldot 25,30) : L’œuf est rond et entièrement fermé. Une personne en deuil reste également la bouche close.

=> Ainsi, nous mangeons des matsot rondes, également en expression de notre deuil pour la destruction du Temple (9 Av), et pour la mort de notre Patriarche Avraham.

<--->

-> Les égyptiens avaient l'habitude de manger des pains carrés, ayant plusieurs coins, en référence aux multiples dieux qu'ils idolâtraient, tandis que leurs esclaves juifs mangeaient des pains ronds.
C'est pourquoi, afin de se souvenir de cette distinction, nous mangeons également des matsot rondes.
[rav Yéhouda Assad]

-> Le Séfer haDrach véa'Iyoun, cite le Ibn Ezra (Vayikra 2,4), qui écrit que les miches de pain offertes en offrandes dans le Temple étaient rondes, et c'est pour cela que nous procédons de même en ayant des matsot rondes au Séder.

-> Le rav Aharon Levin fait remarquer que Hachem semble apprécier les objets ronds, comme le soleil, la lune, la terre et les étoiles qui sont ronds, tandis que que rien n'a été créé avec une forme carrée (guémara Yérouchalmi Maasserot 25b), c'est pour cela que nous nous efforçons de manger des matsot rondes, forme qui semble appréciée aux yeux de D.

<--->

[la forme ronde peut renvoyer au fait que : les festivités juives sont cycliques, dans le sens où à chaque fête nous revivons la même puissance et influence originelle (ce n'est pas qu'un simple souvenir du passé).
Cela renvoie au fait que le peuple juif est éternel à l'image du cycle de la lune (alternant des périodes de forte présence, avec une absence en apparence quasi totale), et au fait que tout chose de ce monde à un cycle de vie et que seul Hachem est l'Eternel (à par Lui, toute chose à une date de naissance et une date de fin!), ...]

<------------->

-> L’œuf est un symbole de deuil (Choul'han Aroukh - Yoré Déa 378,9)
=> Si c'est ainsi, pourquoi mange-t-on de l’œuf à Pessa'h

-> Le 'Hatam Sofer (dans ses Drachot vol.2 p.236) donne la réponse suivante.

Cela était une coutume des juifs en Egypte, car pour nos Sages et anciens, tels que Aharon et les Lévi'im, la 1ere nuit de Pessa'h était une nuit de deuil comme le 9 Av.
[aussi longtemps qu'ils étaient esclaves en Egypte, les juifs traitaient la date du premier jour de Pessa'h comme un moment de deuil, semblable au 9 Av. Car de nombreux évènements tragiques ont eu lieu en ce jour.
Ainsi, nous mangeons des œufs au Séder pour nous rappeler du deuil que prenaient nos ancêtres en Egypte à cette date.]

La raison est que :
- c'est en cette nuit qu'a été décrétée la brit ben habétarim (Séder Olam rabba 5) ;
- en ce jour Sarah a été prise comme captive dans le palais de Pharaon (Pirké déRabbi Eliézer 26) ;
- c'est ce jour que Yaakov s'est tenu devant Pharaon lorsqu'il est venu en Egypte ;
- c'est en ce jour qu'a été décrété et qu'a commencé la période d'esclavage très difficile/intense d'une durée de 86 années.

Lorsque Hachem a parlé à Moché dans le buisson, lui demanda d'aller chez Pharaon, c'était Roch 'Hodech Nissan.
C'est le moment où l'esclavage était le plus difficile, et leur souffrance ayant été doublée [par les décrets de Pharaon], et ils étaient alors dans un état de désolation.

Soudainement est arrivé le temps de la joie : le peuple était libéré et devenant la nation de D.

=> Cependant, au Séder, nous mangeons des œufs pour se souvenir de nos moments difficiles passés [et d'à quel point Hachem peut nous libérer rapidement de tous nos soucis!].

<------------->

-> Rabbi Leibele Eiger dit que nous mangeons des œufs au Séder pour indiquer que de même qu'un simple œuf devient un poulet lorsqu'il est couvé au chaud sous une poule, de la même façon de nombreuses choses peuvent se passer pour nous durant le Séder. En effet, notre chaleur, notre enthousiasme et notre joie, on la capacité de nous faire mériter d'énormes choses.

<--->

-> En Egypte, chaque année les juifs avaient l'habitude de se rassembler et ils s'endeuillaient sur leur esclavage en mangeant des œufs, le symbole traditionnel du deuil.
Ils se réunissaient ensemble le 15 Nissan, la nuit où leur esclavage avait été décrétée lors de l'Alliance des morceaux (brit ben habétarim) entre Hachem et Avraham, et ils se désolaient sur leur triste état.
Pour se souvenir de cela, nous mangeons également des œufs à notre Séder.
['Hatam Sofer]

-> Le rav Abba Levin dit que d'une façon similaire nous pouvons également nous imaginer qu'un jour nous mangerons des œufs à notre repas de fête du 9 Av [suite à la venue du machia'h et la reconstruction du Temple], commémorant le fait que ce jour était auparavant un jour de deuil, où nous mangions des œufs symbolisant notre peine sur la perte du Temple.

<--->

-> Les œufs, plat symbolisant le deuil, sont mangés selon la coutume au début de Choul'han Orekh, afin de nous rappeler le deuil que subissaient les juifs lorsque Pharaon a décrété de tuer leurs enfants.
[Yafé l'Lev 476,2]

<--->

-> Selon le Gaon de Vilna (Massé Rav 191), il y a un œuf qui est mangé est c'est celui du plateau du Séder, ce qui est un rappel pour le Korban 'Haguiga qui était apporté à Pessa'h au Temple.
De ce point de vue, l'œuf n'a rien à voir avec le deuil, car "que D. nous en préserve de se rappeler du deuil du 9 Av en ce jour [de fête (Yom Tov) de Pessa'h]".

-> De son côté, le Maharil (Seder haHaggada 27) enseigne :
le mot pour "œuf" en araméen est ביעא, qui est également le mot araméen pour : "demander".
Nous mangeons des œufs la nuit du Séder comme un signe : "que nous demandons le Miséricordieux de nous délivrer".

<------->

-> La coutume consiste à manger un œuf cuit dur.
Le Pné Ména'hem explique qu'un œuf est un aliment qui existe à l'intérieur d'un autre aliment, le poulet, qui est également mangé.
Cela indique que même à l'intérieur de l'exil, les graines de la géoula sont déjà cachées.
Et dans l'œuf lui-même, sous sa coquille dure, se trouve la nourriture, capable de nourrir et de soutenir, la géoula cachée dans l'exil (galout).

"Tout premier-né de l'homme parmi tes fils tu rachèteras" (Bo 13,13)

-> Rachi commente : La valeur du rachat est fixée ailleurs (Kora'h 18,16) à 5 Shekels d’argent.

-> "Consacre-moi tout premier-né" (Bo 13,2), Rachi commente : "Je me les suis acquis, en frappant les premiers-nés en Egypte.".

=> Si la mitsva de rachat du premier-né (pidyon haben) vient en souvenir du fait que les premiers-nés juifs ont été épargnés par cette plaie, pourquoi est-ce que nous la réalisons uniquement dans le cas où c'est le premier-né garçon pour la femme, et non pour le père?

-> Le Avné Choham répond en comparant le pidyon haben avec la mitva des bikourim.
Après avoir investi tant d'efforts à labourer et planter la terre pendant des mois, il semble naturel de profiter de sa récolte.
Ainsi, en apportant les bikourim (ses premières récoltes) au Temple, ont combat l'instinct de s'accorder le crédit de notre production (c'est parce que j'ai travaillé!), et d'en oublier Hachem qui a rendu cela possible.

Sur notre trajet au Temple à Jérusalem, on rencontre une foule unie et joyeuse venant de tout Israël, et forcément cela pousse s'interroger : si des millions de personnes quittent tout pour offrir leurs premières récoltes (souvent beaucoup plus importante que la mienne!), alors moi aussi je me dois d'avoir beaucoup de gratitude à l'égard de D. (qui m'as tellement donné => je suis comblé!).

De même, lorsqu'un couple se marie, il lui semble naturel que durant les années suivantes, la femme va donner naissance à un enfant.
[de même que nous travaillons la terre pendant des mois, de même nous subissons des souffrances pendant les 9 mois et à la naissance, qui nous poussent à dire que nous en sommes à l'origine, oubliant D. (c'est comme cela, telle est la nature!)]

=> Pour empêcher que les parents prennent ce processus pour une normalité (ainsi va la vie!), le premier-né doit être racheté auprès d'un Cohen, rappelant qu'en réalité c'est un miracle, un cadeau unique de D.

Un pydian haben se fait uniquement sur le premier-né de la femme, venu d'une voie naturelle, et non pas en césarienne ou fausse-couche, car dans ces cas il est déjà évident que l'ordre naturel n'a pas été respecté, et il n'est alors pas nécessaire d'en avoir un rappel.

<--->

-> Quelle était l'utilité de mettre du sang autour des portes des juifs pour les protéger, sachant que Hachem n'a aucune difficulté à les différencier?

Le rav Akiva Eiger et le rav Yossef Sonnenfeld apportent la réponse suivante.
Un premier-né d'une mère peut être facilement identifiable, tandis que pour un homme cela est plus difficile (surtout en Egypte, cette capitale de l'immoralité).
L'Ange de la mort a ainsi tué tous les premiers-nés maternels, tandis que Hachem a tué les premiers-nés paternels, puisque seul D. pouvait avoir une traçabilité totale du réel père de chaque naissance.

=> Pour les premiers-nés juifs, leur survie n'a pas été miraculeuse, puisqu'ils n'ont jamais été en danger de mort, Hachem ne voulant pas les tuer.
Par contre, pour les premiers-nés maternels, il a fallu un véritable miracle, car comme l'enseigne la guémara (Baba Kama 60a), une fois que la permission de tuer a été accordée à l'Ange de la mort, il ne fait pas la différence entre les tsadikim et les réchaïm.
=> Puisque Hachem les a miraculeusement sauvés (aucun juif n'est mort cette nuit là), ils deviennent sacrés dans toutes les générations à venir, et nécessitent d'être libérés, rachetés par un Cohen.

<------->

-> "Prends les Lévi'im à la place de tous les premiers-nés israélites" (Bamidbar 3,40-45)

Hachem dit à Moché : "Les premiers-nés, destinés à accomplir Mon service, s'en sont rendus indignes depuis la fabrication du veau d'or.
Les Lévi'im ont pris leur place. Cependant, puisque les premiers-nés israélites avaient été mis à part et sanctifiés dans ce but, ils ont gardé une certaine sainteté. Cette sainteté doit à présent être transférée aux Lévi'im, par un procédé de rédemption et de substitution.
Tu dois donc dénombrer tous les premiers-nés israélites, puis effectuer le remplacement de chaque premier-né par un Lévi."

Moché se mit alors à compter tous les premiers-nés israélites âgés de plus d'un mois car c'est seulement à cet âge qu'un nourrisson est considéré comme viable.
Le résultat fut de 22 273 premiers-nés.
[Méam Loez – Bamidbar 3,40-45]

<--->

-> "Tout premier fruit des entrailles d’une créature quelconque, lequel doit être offert à Hachem, homme ou bête, sera à toi. Seulement, tu devras libérer le premier-né de l’homme, et le premier-né d’un animal impur, tu le libéreras aussi. Quant au rachat, tu l’accorderas à partir de l’âge d’un mois, au taux de 5 sicles d’argent, selon le sicle du sanctuaire, valant 20 Guéra" (Kora'h 18,15-16)

-> A l'origine, D. avait destiné la fonction de Cohen au fils aîné de chaque famille juive pour la représenter au Sanctuaire, comme il est dit : "Consacre-Moi tout premier-né, toutes prémices des entrailles parmi les Bné Israël, soit homme, soit animal : c'est Mon bien ['Je Me les suis acquis, en frappant les premiers-nés en Egypte' - Rachi]» (Bo 13,2).
Puis survint l'affaire du "Veau d'Or". Lorsque Moché descendit du Mont Sinaï, à la vue de ce spectacle, il brisa les Tables de la Loi et posa l'ultimatum suivant : "Choisissez! Soit D., soit l'idole" [ "Qui aime Hachem me suive" (Ki Tissa 32,26)].
Seule la Tribu de Lévi, qui n'avait pas adoré l'idole, se rangea du côté d'Hachem [ "Tous les Léviim se groupèrent autour de lui (Moché)"]. Alors D. décréta que les fils aînés de chaque famille seraient désormais privés de leur statut de Cohen et que la Kéhouna (prêtrise) serait l'exclusivité de la Tribu de Lévi, comme il est dit : "Moi-même, en effet, l'ai pris les Léviim entre les Bné Israël, en échange de tous les premiers-nés, prémices de la maternité, des Bné Israël ; les Léviim sont donc à Moi" (Bamidbar 3,12).
Ainsi, tout fils aîné est-il techniquement un "Cohen" en puissance, qui ne peut assumer son rôle. Il doit donc "être remplacé" par un Cohen de la Tribu de Lévi.
Le père de l'enfant, quand celui-ci a 30 jours accomplis, est tenu d'offrir au Cohen 5 pièces d'argent comme valeur d'échange.
Ce Commandement a aussi une motivation plus profonde : celle de nous souvenir de la Sortie d'Egypte, quand D. tua les fils aînés des Egyptiens et épargna ceux des Juifs. Puisque l'amour pour le premier-né est si fort, c'est le moment approprié pour reconnaître de nouveau que tout ce que nous possédons appartient à D;, comme l'enseigne le verset suivant : "Car tout premier-né M'appartient: le jour où l'ai frappé tous les premiers-nés du pays d'Egypte, l'ai consacré à Moi tout premier-né en Israël, depuis l'homme jusqu'au bétail, ils M'appartiennent, à Moi Hachem" (Bamidbar 3,13).

Concernant la somme de "5 sicles d'argent", le Zohar (Bo, 42a) explique que ces 5 sicles correspondent à la lettre "Hé" (valeur numérique 5), qu'Hachem a ajoutée au nom d'Abraham et par laquelle ce Monde a été créé.
En effet, le midrach (Béréchit Rabba 12,9), sur le verset : "Telles sont les origines du Ciel et de la Terre, lorsqu'ils furent créés (béhibaréam - בְּהִבָּרְאָם)" (Béréchit 2,4), fait remarquer que le mot "béhibaréam" (en les créant, qui peut aussi se lire Bé Hé Baréam (בה בראם), avec la lettre "Hé", Il est a créé) est l'anagramme de Bé Avraham" (par le mérite d'Avraham - בְּאַבְרָהָם).

Une autre explication, concernant les "cinq sicles d'argent", est rapportée par le midrach (Béréchit Rabba 84,18) : Puisque les frères de Yossef ont vendu le fils aîné de Ra'hél contre 20 pièces d'argent, soit 5 Sélaïm (Vayéchev 37,28), chacun d'entre eux devra racheter son premier-né contre 5 Selaim [équivalent aux sicles].
[d'après feuillet de la communauté Sarcelles - Kora'h 5779]

<--->

-> [Prends de plus] un rachat ... 5 sicles (Shékels d’argent) pour chacun, selon la valeur du sanctuaire où le sicle équivaut à 20 guéra. Remets cet argent à Aharon et à ses fils comme rachat pour [les premiers-nés]. (Bamidbar 3,46-48)

Cette somme de 5 Shékels d’argent correspond au prix de la vente de Yossef (cf. Vayéchev 37,28) ...
De plus, puisque Yossef était le premier-né de sa mère Ra'hel, Hachem ordonna que chaque premier-né soit racheté en échange de 5 Shékels d’argent.
[Méam Loez]

-> Chacun des 10 frères reçut 2 dinars [sur la vente de leur frère], avec cette somme chacun s’acheta des chaussures.
[Le rabbi Yossef Deutsch affirme que cette somme de 20 dinars d’argent équivaut à 75 dollars actuels, soit uniquement moins de 8 dollars par frère!]
[...]
C’est parce que Yossef, qui était un premier-né, a été acheté pour un prix aussi bas que le rachat des premiers-nés, plus tard, sera également fixé au prix très bas de 5 Shékels d’argent.
[rabbi Yossef Deutsch]

<--->

-> "Consacre-moi tout premier-né, toutes prémices des entrailles parmi les enfants d'Israël" (Bo 13,2)

Pourquoi l’aîné d’une femme doit-il être rachété au Cohen pour 5 sélaïm [pièces]?

Cela correspond aux 5 commandements qui incombent à l’homme et dont les femmes sont exemptes, et qui sont : résider dans la soucca, la mitsva de loulav, écouter le shofar, porter des tsitsit et mettre les téfilin.
Puisque les femmes sont exemptées de ces mitsvot, leurs fils seront rachetés pour 5 sélaïm afin qu’elles reçoivent une récompense comme si elles avaient accompli ces 5 commandements.
Nous apprenons d’ici que Hachem ne prive personne de sa récompense.
[Michnat Rabbi Eliezer]

<---------->

-> Lors du rachat d’un 1er né (pidiyon haben), le Cohen demande au père : "Qu’est-ce que tu préfères : ton enfant ou bien les 5 sélaïm [pièces]?"

=> Quel père va répondre en public devant tous ses proches : je préfères quelques pièces à mon fils?

En réalité, selon le rav de Poniovitch, l’idée est de faire réfléchir le père sur ses priorités dans la vie.
Est-ce qu’il va préférer "sacrifier" son fils pour amasser le plus d’argent possible (se donnant bonne conscience en lui achetant des cadeaux)?
Ou bien va-t-il fixer comme priorité l’épanouissement de son enfant selon ce qu’il est (et non ce que le père aimerait qu’il soit!), le guidant sur le bon chemin et le comblant d’amour?

[un exemple de reformulation de cette question peut être : est-ce que tu préfères donner de l’écoute/de l’affection à ton enfant ou bien être sur ton téléphone, ordinateur?]

-> Le désir pour l’argent est plus important que toute autre attirance matérielle, puisque c’est la seule qui est insatiable.
Il y a une limite à ce qu’une personne peut manger, et au nombre de fois où l’on peut commettre un faute terrible, mais il n’y a pas de limite concernant la quantité d’argent que nous pouvons accumuler.
La quête de richesse peut devenir la plus grande des obsessions, et trop souvent, les enfants sont le prix à payer à cette course vers la richesse.
[rav Tsadok haCohen de Lublin]

<---------->

-> b'h, également : https://todahm.com/2019/02/04/10183-2

-> ce sujet du rachat du premier-né est également abordé dans la paracha Kora'h : https://todahm.com/2023/03/09/40057

"J'endurcirai le cœur de Pharaon ... et Pharaon ne vous écoutera pas" (Vaéra 7,3-4)

=> Est-ce que cela signifie qu'il n'avait plus de libre arbitre?

-> Le Rambam (Hilkhot Téchouva 6,3) et le rav 'Haïm de Volozhin écrivent que parfois les fautes d'une personne sont si importantes qu'elle reçoit la pire de toutes les punitions : être empêché de faire téchouva afin qu'elle meurt coupable sans parvenir à expier ses fautes.

Comme exemple, ils citent Pharaon, car il a d'abord fauté intentionnellement par cruauté mettant en esclavage toute la nation juive, et refusant de les libérer.
Une partie de sa punition, a été que Hachem a endurci son cœur et lui a refusé la capacité de changer d'avis afin qu'il puisse être puni jusque qu'il soit contraint de libérer les juifs.

-> Le 'Hafets 'Haïm et le rav 'Haïm de Berlin maintiennent que Hachem ne retire jamais le libre arbitre d'une personne.
Ils expliquent que Hachem a retiré de Pharaon l'aide Divine qui est disponible à toute personne qui souhaite se repentir.
Néanmoins, le libre arbitre de Pharaon était intact, et bien que cela lui soit plus difficile car sans assistance Divine, s'il le voulait vraiment, il avait toujours la capacité de changer son esprit.

-> Le Radak (Chmouel 1 2,25) écrit que si les fautes de quelqu'un sont trop importantes, Hachem va lui retirer sa capacité à se repentir, pour le punir et qu'il serve de dissuasion pour les autres afin qu'ils évitent de suivre ses mauvaises conduites.
Cependant, il ajoute que s'il fait une téchouva de tout son cœur, et qu'il manifeste publiquement qu'il s'est repenti de ses mauvaises voies, alors sa téchouva sera acceptée.

<---------->

-> Le cœur de Pharaon a été endurci et les portes de la téchouva scellées devant lui.
Néanmoins, j'envie Pharaon pour l'incroyable kidouch Hachem qu'il a entraîné (indirectement) par son obstination.
[le Kédouchat Lévi - Rabbi Lévi Its'hak de Berditchev]

-> Pharaon favorisa le repentir des juifs davantage que de nombreux jeûnes.
La Torah dit donc littéralement : "Pharaon rapprocha (ik'riv)" (Béchala'h 14,10) = il rapprocha Israël de son Père céleste.
[Méam Loez - Béchala'h 14,13-14]

-> Dans la méguilat Esther, il est écrit : "Le roi ôta son anneau de sa main et le remit à Haman" (v.3,10)

Nos Sages (guémara Méguila 14a) commente :
"Plus grande fut la cession de l’anneau royale [à Haman] que les 48 prophètes et 7 prophétesses qui livrèrent leurs messages aux enfants d’Israël sans parvenir à les remettre sur le droit chemin, alors que le fait d’avoir ôté l’anneau royal les ramena sur la bonne voie."

<---------->

+ "Jusqu’à quand vas-tu refuser de te soumettre devant Moi?" (Bo 10,3)

-> Le verset ne dit pas : "Jusqu'à quand ne vas-tu pas te soumettre", mais plutôt : "vas-tu refuser de te soumettre".

En effet, Hachem ne reproche pas à Pharaon de ne pas se plier, d'autant qu'Il a Lui-Même endurci son cœur l'empêchant par-là de se soumettre. Mais malgré tout, Pharaon aurait pu et aurait dû néanmoins vouloir obéir à Hachem.

C’est là où se situait toute la faute de Pharaon : il a refusé de se soumettre, il ne témoigna d’aucune volonté positive. Hachem lui a certes endurci le cœur, mais lui, au lieu de regretter cette situation et d’espérer s’attendrir, au contraire il se réjouit d’avoir ce cœur dur, en en devenant même arrogant!

=> Même si un homme n’arrive pas à vaincre son mauvais penchant, il doit tout au moins désirer y arriver, avoir honte de cette situation puisque désirant tout au fond de son cœur s'annuler devant le Maître du monde [Hachem].
[Sfat Emet]

<---------->

+ "Le cœur de Paro est endurci, il refuse de renvoyer le peuple" (Vaéra 7,14)

Le Alcheikh haKadoch (dans son Torat Moché) explique ainsi cette dureté du cœur :
Les Sages ont dit sur les tsadikim que leur cœur est sous leur contrôle.
Cela signifie que les tsadikim dominent leur cœur, qui est à la source de tous les désirs et de toutes les pulsions.
Mais les réchaïm sont soumis à leur cœur, ils sont sous la domination de leurs instincts et de leurs désirs à chaque instant.

C’est ce que D. a dit à Moché : "Le cœur de Paro est endurci" vis-à-vis de lui-même = il est sous la domination de son cœur et il est livré à ses instincts, c’est pourquoi "il refuse de renvoyer le peuple."

<------------------>

-> "Hachem endurcit le cœur de Pharaon" (Vaéra 9,12)

-> Les commentateurs s'intéressent à savoir comment Hachem a-t-Il pu endurcir le cœur de Pharaon, entraînant son refus de libérer le peuple. Mais cela ne s'oppose-t-il pas au libre arbitre? Hachem a pour démarche de préserver le libre-arbitre.
Rachi explique qu'Hachem a endurci le cœur de Pharaon dans le but de multiplier Ses merveilles et ainsi, montrer au peuple juif Sa Grandeur. Mais cette explication est étonnante. En effet, comment Hachem peut-Il priver un homme de son libre arbitre dans le seul but de réaliser de grands miracles et ainsi permettre à d'autres personnes, ici les Hébreux, de connaître Sa Grandeur? Cela ne semble pas juste!

En fait, le midrach explique que chaque plaie venait apporter une punition aux égyptiens relative aux souffrances infligées aux Hébreux. Ainsi, les plaies ne venaient pas uniquement pour convaincre les égyptiens de libérer les Hébreux, mais aussi pour les punir de tout le mal qu'ils leur assenaient. Ainsi, Hachem ne voulait pas libérer les Hébreux tant que les égyptiens ne furent pas punis pour toutes les atrocités qu'ils ont commises. C'est ainsi que quand Pharaon a risqué de libérer le peuple du fait de la pression des plaies, Hachem a dû lui endurcir le cœur pour ne pas qu'il les libère.

Ainsi, l'Egypte a pu être punie jusqu'au bout pour tout le mal infligé aux Hébreux. Aussi, les égyptiens méritaient bien qu'Hachem les prive de leur libre arbitre, pour les punir de tout le mal qu'ils avaient déjà commis. Néanmoins, nos Sages enseignent que Hachem a créé le monde pour la Torah et les enfants d'Israël, c'est-à-dire pour que les juifs puissent y accomplir la Torah. Cela implique que tous les événements qui s'y déroulent doivent avoir également un lien avec ce but d'aider le peuple juif à mieux servir Hachem. Même si Hachem a endurci le cœur de Pharaon pour punir l'Egypte du mal commis, il est nécessaire que ces punitions aient aussi le but d'aider le peuple juif à mieux servir Hachem.
C'est cela que Rachi vient expliquer. Hachem voulait réaliser de grandes merveilles pour montrer encore plus Sa Grandeur à Israël.
Bien sûr que le but premier était de punir l'Egypte. Mais cet événement doit aussi pouvoir servir de leçon aux juifs pour leur service d'Hachem. C'est dans cet esprit qu'un juif doit vivre au quotidien. Tout ce qu'il entend dans le monde, que ce soit des guerres, des famines ou autres catastrophes, même ce qui semble ne concerner que les nations et paraît complètement indépendant du peuple juif, doit aussi nous éveiller à réfléchir sur notre Service d'Hachem et l'améliorer.
[rapporté par le rav Mikaël Mouyal]

-> "Moché dit devant Hachem : Voici, J'ai les lèvres obstruées et comment Pharaon m'écoutera-t-il?" (Vaéra 6,30)

-> "Moché dit à Hachem : ... je ne suis pas homme de paroles ... car j'ai la bouche pesante et l'élocution embarrassée" (Chémot 4,10)

-> Yossef a donné un signe pour reconnaître celui qui sera le sauveur d'Israël.
Lorsqu'une personne viendra et dira : pakod pakadti (je me suis bien souvenu de vous - פקד פקדתי), les juifs sauront qu'elle va les sauver.

Comment pouvaient-ils être certain que Moché n'avait pas entendu ces mots d'autres personnes?

C'est pour cette raison que Hachem a fait en sorte que Moché avait un défaut de langage, faisant entre autre qu'il ne pouvait pas prononcer la lettre פ (pé).
Néanmoins, il pouvait miraculeusement prononcer parfaitement bien les mots : פקד פקדתי, ce qui confirma qu'il était le véritable sauveur.
[Adérét Eliyahou]

Le Ramban et le Steïpler suggèrent que dans la promesse de Yossef (cf. Vayé'hi 50,25 : "D. Se souviendra assurément de vous" - pakod yifkod Elohim ét'hem) était inclus l'assurance qu'aucun charlatan ne viendrait utiliser cette expression, et que la 1ere personne l'invoquant sera la bonne désignée par Hachem.

<--->

"pakod pakadti" : il s’agit de la formule secrète, transmise par Yaakov à son fils Yossef et que celui-ci révéla à ses frères (voir Ramban sur Chémot 3,16), que le Libérateur d’Israël devait prononcer pour s’identifier. Précisément, c’est Séra’h la fille d’Acher, encore vivante au moment de la sortie d’Egypte et connaissant cette formule, qui permit d’authentifier Moché comme l’envoyé de D-ieu (voir Tossafot – Sotta 13).
=> Pourquoi cette expression est-elle doublée?

-> Le Baal HaTourim (sur Vayé'hi 50, 24) fait remarquer que le précurseur de la délivrance d’Egypte – Yossef HaTsadik – régna 80 années en terre d’Egypte (valeur numérique de la lettre Pé). Par ailleurs, observe-t-il également que le Libérateur de l’Exil d’Egypte – Moché Rabbénou – était âgé de 80 ans quand il libéra le Peuple juif de son premier Exil.
On retrouve ainsi, à travers la valeur numérique, le double caractère de la lettre "Pé" attestant du symbole de la délivrance d’Egypte. [פָּקֹד פָּקַדְתִּי]

-> En relation avec deux libérateurs opéreront en Egypte : Moché et Aaron. (voir Targoum Yonathan Ben Ouziel - Vayé'hi 50,25).

-> La Délivrance d’Israël s’est faite en 2 étapes : la sortie d’Egypte et l’ouverture de la mer Rouge.
Egalement : c’est une allusion à la Délivrance passée et à la Délivrance future. (midrach Chémot rabba 3,11)

-> La Délivrance eut un double effet : sauver Israël et frapper l’Egypte.
La partie cachée (Milouï) du mot פקד (Pakod) : פא קוף דלת fait allusion à la durée de l’asservissement des hébreux : א (une année = l’année meurtrière qui précéda la fin de l’exil), וף (soit : 86 ans = la durée de l’esclavage) et לת (soit : 430 ans = la durée de l’exil). [Maharal]

<---------->

-> L'homme est la synthèse d'une partie physique et d'une partie spirituelle.

Le pouvoir de parler est le résultant de cette fusion entre le corps et l'âme.
Dans la majorité des êtres humains, la relation entre les éléments matériels et spirituels est plus ou moins équilibré, et le résultat est une capacité de parler qui est normale.
Cependant, chez Moché, la relation entre le corps et l'âme n'était pas du tout équilibrée, puisqu'il était principalement une âme. La résultante était qu'il avait des défauts de prononciation.
[Maharal - Guévourot Hachem 28]

<--->

-> Pourquoi est-ce que Moché exprime 2 fois sont inquiétudes concernant son défaut de prononciation : paracha Chémot (v.4,10) et Vaéra (v.6,30) [cf. ci-dessus]?

Le rav Yossef Sorotzkin explique que Moché avait 2 préoccupations principales :
1°/ il avait peur qu'on ne le comprenne pas et d'être un agent inefficace pour transmettre le message de Hachem.

2°/ le Rambam (Hilkhot Yessodé haTorah 7,1) écrit que pour recevoir la prophétie, une personne doit être physiquement parfaite et entière, sans défaut. Moché avait peur que les gens soient septiques de l'accepter comme une prophète légitime, puisque pensant à tord que son défaut de prononciation l'invalide à recevoir la prophétie.
[le fait que Aharon sera son interprète lève ces doutes]

<--->

-> Autre explication :
Le Assoufat Maara'hot explique que l'Egypte était le pays le plus matérialiste et qui cultivait le plus les plaisirs du corps.
La sortie d'Egypte consistait à ce que le peuple juif puisse, après être descendu dans la matérialité de l'Egypte, en sortir et en remonter.
L'objectif était de réussir à élever et éclairer le matériel par le spirituel. C'est pourquoi, la sortie d'Egypte devait déboucher sur le don de la Torah et l'acceptation de ses mitsvot. Car par l'accomplissement des mitsvot, qui exigent des supports matériels, les juifs permettent justement d'attirer la lumière Divine sur la matérialité, pour l'élever.

La préparation à cela était la sortie d'Egypte, qui devait introduire cette dimension de raffinement de la matière.
Or, quand un homme descend dans la matérialité, même si le but est de l'élever, cela comporte malgré tout le risque de s'enfoncer dans la matérialité et d'y sombrer, au lieu de l'élever.
=> Pour éviter un tel risque, il faut recevoir la force d'un homme qui est complètement séparé de la matière, et qui est épuré de toute trace de matérialité.
Seul Moché, qui correspondait à cette description, pouvait donc être le libérateur.
En effet, puisqu'il transcendait complètement la matérialité,
il pouvait donner la force au peuple de sortir d'Egypte en élevant la matérialité, tout en étant protégé du risque de s'y enfoncer.

<------------------------------------------------->

-> "Comment Pharaon m'écoutera-t-il?" (Vaéra 6,30)

Ce verset révèle l'énorme humilité de Moché.
Si l'immense Moché rabbénou était si humble, alors il est certain que toute autre personne qui n'a pas sa grandeur, se doit d'être humble.
[midrach haGadol]

-> Il est écrit : "Les enfants d'Israël n'écoutèrent pas Moché, à cause du souffle court et du travail pénible" (v.6,9)

Le Sfat Emet enseigne : "Moché pensait cependant qu'ils ne l'ont pas écouté à cause de son défaut de prononciation.
L'humilité de Moché était telle qu'il pensait qu'il était à blâmer du fait qu'ils n'avaient pas écouté, et c'est pour cela qu'il a déclaré : "les enfants d'Israël ne m'ont pas écouté, et comment Pharaon m'écouterait-il?"."

-> Le Maayan Bét haChoéva rapporte l'idée que Moché s'est encouragé en se disant : même si à priori Pharaon ne m'écoutera pas en raison de mes défauts de prononciation, néanmoins j'accomplirai la mitsva (volonté de D.) d'aller parler à Pharaon, et cela sera un bénéfice au profit du peuple juif.

[ainsi, même à son très haut niveau, Moché se travaillait constamment : Hachem contrôle absolument tout, et je dois suivre Sa volonté.]

<--->

-> Pourquoi est-ce que Moché n’a pas prié Hachem pour qu’Il le guérisse de son fort défaut de prononciation?

Le Ramban (Chémot 4,10) explique qu’il préférait garder son handicap afin de pouvoir se rappeler toute sa vie des miracles que D. a fait pour lui dans sa jeunesse.

[par exemple : Hachem a envoyé l'ange Gavriel pour qu'il lui bouge sa main vers les braises ardentes qui lui ont brûlé la langue entraînant son défaut de prononciation, plutôt que vers le tas d'or, signifiant une mort certaine par Pharaon.
=> On peut comparer cela à quelqu'un qui a miraculeusement survécu à un terrible accident, et qui souhaite garder un signe lui rappelant pour toujours la bonté de D.]

<---------->

-> "Hachem dit à Moché : Vois, J'ai fait de toi un maître sur Pharaon et Aharon ton frère sera ton interprète" (Vaéra 7,1)

Lorsque des rois se rencontrent, celui qui est le plus important n'a pas besoin de parler la langue de l'autre, et il peut utiliser un interprète.
Hachem dit à Moché qu'étant le "maître" de Pharaon, il n'aura pas à lui parler directement, Aharon le faisant à sa place, et c'est cela qui démontrera sa supériorité sur Pharaon.
['Hatam Sofer]

<--->

-> "Souvenez-vous de la Torah de Moché (תּוֹרַת מֹשֶׁה), mon serviteur" (Mala'hi 3,22)
=> Pourquoi la Torah est appelée en son nom?

Généralement, une personne qui a la langue agréable, qui articule clairement, peut convaincre des masses de gens de suivre chacun de ses mots, et même si de façon inhérente ils ne sont pas bons, les gens vont le croire.
[c'est si joliment dit (la forme), alors c'est que c'est forcément vrai (le fond)!]
Moché avait des défauts de prononciation, et si la Torah qu'il transmettait était agréable, cela ne provenait pas de sa façon de la présenter, mais plutôt du fait qu'elle est intrinsèquement agréable et bonne.
[le Chla haKadoch]

-> Le Ran rapporte qu'au moment du don de la Torah tous les juifs ont été guéris de leurs handicaps (ex: les muets parlaient, les aveugles voyaient, ...).
=> Pourquoi Moché a-t-il gardé son handicap de parole?

Il l'a gardé afin de témoigner que le peule juif a accepté la Torah par amour pour Hachem et en reconnaissance de la Véracité de la Torah, et non pas parce qu'ils auraient été séduits par ses belles paroles.

Le Ran (dans ses drachot) explique que Moché devait diriger le peuple, le libérer d'Egypte et lui donner la Torah.
Or certains auraient pu dire que c'est par la force de sa parole et la beauté de son élocution, que Moché a réussi à autant influencer les foules. Les juifs ne l'ont pas suivi parce que ce qu'il disait est vrai et qu'ils se sentaient impliqués, mais parce qu'il a réussi à les convaincre par son talent.

Pour éviter une telle erreur, Hachem a occasionné que Moché ait justement de grandes difficultés à parler. Ainsi, il devenait évident que toute sa force lui venait de l'authenticité de son message et du fait qu'il était envoyé par Hachem pour transmettre Sa Parole.
Mais il devenait impossible de dire qu'il a réussi à les attirer par la force de sa parole. De cette façon, cela permettra aux autres générations d'accepter la Torah, car le peuple n'a pas accepté la Torah sous l'influence d'une quelconque manipulation de Moché, ce qui n'engagerait donc pas les générations futures.
=> C'était seulement la Vérité du message qui a contraint les juifs à accepter la Torah. Dès lors, l'engagement pourra être éternel, car la Vérité est absolue et ne change pas selon les périodes.

<--------------->

+ "Moché parla devant Hachem, en disant : Voici, les enfants d'Israël ne m'ont pas écouté, et comment Pharaon m'écouterait-il? Et j'ai les lèvres obturées! (aral séfataïm)" (Vaéra 6,12)

-> Lorsque Hachem a demandé au prophète Yona de se rendre à Ninvé pour les réprimander pour leurs fautes, Yona a désobéi.
En effet, il avait peur que les habitants de Ninvé écoutent ses réprimandes et fassent téchouva, ce qui aurait entraîné une terrible accusation contre le peuple juif qui ont ignoré les avertissements de plusieurs prophètes.

=> La remarque de Moché est identique.
Le peuple juif n'a pas écouté Moché, et il n'a pas cru qu'ils seraient libérés d'Egypte.
Moché avait peur que d'aller chez Pharaon, et qu'il l'écouterait, cela entraînant alors une accusation envers les juifs : [même] Pharaon a écouté, tandis que vous non!
['Hatam Sofer]

<--->

+ "Moché parla à Hachem et dit : "Voici, les Bné Israël ne m'ont pas écouté. Comment donc Pharaon m'écoutera-t-il, puisque j'ai les lèvres closes?" (Vaéra 6,12)

-> De nombreux commentateurs s'interrogent sur l'argument de Moché qui semble être défectueux. Le verset dit précédemment que la raison pour laquelle le peuple juif n'a pas écouté Moché était "le manque de souffle et le dur labeur". Si c'est le cas, comment le fait qu'ils ne l'aient pas écouté prouve-t-il que Pharaon ne l'écouterait certainement pas? Ils avaient une raison spécifique d'être incapables d'écouter, ce que Pharaon n'avait pas.

Le séfer Yisma'h Moché répond en citant le verset : "Yona se leva pour s'enfuir à Tarchich" (Yona 1,3).
Nos Sages (Yalkout Chimoni - remez 549) disent que Yona a pensé : si les non-juifs font téchouva, ce sera une plainte contre le peuple juif pour n'avoir pas fait de même et n'avoir pas écouté Hachem. C'est pourquoi Yona n'a pas voulu se rendre à Ninive pour exhorter les résidents non juifs à faire téchouva, comme il lui avait été ordonné de le faire.

C'est dans cet esprit que le Yisma'h Moché explique que lorsque Hachem a dit à Moché de parler à Pharaon, Moché a répondu que "les Bné Israël ne m'ont pas écouté et que Pharaon ne les écoutera pas". Son intention était de demander : "De quoi cela aura-t-il l'air si Pharaon écoute?"

En d'autres termes, il craignait que Pharaon ne l'écoute, ce qui pourrait être une plainte accusatoire contre les juifs qui ne l'ont pas écouté.
Il dit ensuite : "Et moi, j'ai les lèvres closes". Son intention était de dire que si Pharaon l'écoutait, ses lèvres devraient être fermées, car il n'aurait aucun moyen de défendre le peuple juif.

<--------------->

-> "Déjà les enfants d'Israël ne m'ont pas écouté, alors comment Par'o m'écouterait-il?" (Vaéra 6,12)

=> Quand Hachem envoya Moché parler à Par'o, il se permit d'argumenter et de mettre en avant un raisonnement qui démontre que cette mission ne pourrait pas réussir. Hachem ne lui en fait aucun reproche. Tout cela est étonnant.

En fait, il existe 13 méthodes d'interprétation de la Thora écrite pour déduire les lois de la Thora orale. La première est le raisonnement à fortiori. De plus, la Thora fait état de 13 Attributs de Miséricorde Divine. La première est exprimée par le Nom El (אל).
De plus, chaque méthode d'interprétation correspond à un attribut de Miséricorde et permet de le révéler.

Il en ressort que le raisonnement à fortiori révèle l'Attribut El. Or, cet attribut exprime la Bonté Divine, comme le dit le verset : "La Bonté de El (אל) toute la journée". La particularité de cet attribut par rapport aux autres est qu'elle exprime la Bonté Divine absolue, même en cas d'absence de tout mérite.
Or, quand Hachem envoya Moché chez Pharaon pour lui demander de libérer le peuple, il Lui fit valoir que les juifs ne méritaient pas la délivrance. Ainsi, Moché voulait attirer l'Attribut El, pour déclencher la libération des Hébreux, même sans mérite. Pour cela, il lui fallait formuler ce raisonnement à fortiori.
Hachem ne lui en fit donc aucun reproche, car cette démarche était nécessaire. Et effectivement, Moché atteignit son but et put attirer le Nom El qui permit la délivrance, comme il est dit : "El (אל) Qui les sortit d'Egypte".
[Imré Yossef]

<------------------------>

-> "Moché dit devant Hachem : Voici, J'ai les lèvres obstruées et comment Pharaon m'écoutera-t-il?" (Vaéra 6,30)

-> "Moché dit à Hachem : ... je ne suis pas homme de paroles ... car j'ai la bouche pesante et l'élocution embarrassée" (Chémot 4,10)

-> Le Zohar(Bo 125a) enseigne :
"A chaque fois que Moché s'exprimait, tant qu'il était en exil en Egypte, il le faisait en bégayant. Cette situation perdura jusqu'à ce qu'Israël se rapproche du mont Sinaï et reçoive la Torah".
C'est seulement lorsqu'il quitta l'exil d'Egypte, lors du don de la Torah, que Moché fut guéri et put retrouver l'usage complet de la parole. Ainsi la promesse d'Hachem : "Moi Je serai avec ta bouche" (véano'hi éyé im pi'ha).

-> Comment comprendre les paroles du "Tant que ta parole est en exil en Egypte"?
Les Bné Israël ne pouvaient pas étudier la Torah en Egypte puisqu'ils ne l'avaient pas encore reçue. Ils ne pouvaient pas non plus apprendre la Torah acquise par Avraham, Its'hak et Yaakov en raison de la difficulté de l'esclavage qui pesait sur eux. Ainsi, les égyptiens incarnaient également l'exil de la parole car quelle est l'utilité de la parole lorsqu'on ne peut pas la mettre au service de la Torah?
[ce qui nous différencie des animaux, c'est cette capacité à utiliser positivement la parole]

C'est le sens des paroles de Moché lorsqu'il dit : "Je suis incirconcis des lèvres.
Puisque la bouche des Bné Israël ne pouvaient pas s'affairer à la Torah à cause de la servitude, Moché prophétisa qu'il était incirconcis des lèvres puisqu'il était l'équivalent de tout Israël.

-> Le Zéra Kodech (le rav de Ropshitz - Moadim daf 11) explique que l'exil en Egypte n'était rien d'autre que l'exil de la parole, car là-bas, les Bné Israël ne pouvaient pas s'affairer aux paroles de Torah.
C'est la raison pour laquelle tous les rois d'Egypte sont mentionnés avec le titre de Pharaon (פרעה), dont les lettres sont les mêmes que : pé ra (la bouche mauvaise – פה רע).
Empêcher Israël de prononcer des paroles de kédoucha revenait à leur planter quelque chose dans la gorge.
Ils étaient incapables de sortir ne serait-ce qu'un seul son.

L'idée plus profondément est que les égyptiens n'ont pas laissé la possibilité à Israël d'émettre des paroles bénéfiques de leur bouche. Or aucun bénéfice ne peut être octroyé au monde sans paroles de Torah.
[c'est pourquoi le soir de Pessa'h, la fête de la liberté, nous disons : Péssa’h (פסח) qui signifie : "la bouche raconte" (pé sa’h - פה סח), afin de rappeler allusivement l'exil de la parole.
(Selon nos Sages, un homme libre est celui qui est esclave d'Hachem, esclave de la Torah).]