Aux délices de la Torah

Pâtisserie spirituelle depuis 5771 - b'h
 

"Ne prends de lui ni usure ni intérêt" (Béhar 25,36)

-> Selon la guémara (Yérouchalmi Baba Métsia 5,8), celui qui perçoit des intérêts est considéré comme ayant nié l'existence de Hachem.

-> Pourquoi cela est-il puni aussi fortement par rapport aux autres interdictions?

Le rav Zalman Sorotzkin explique que le temps est le bien le plus précieux de l'homme.
Ainsi, on se doit de chérir chaque minute, en s'assurant de l'utiliser au mieux.
Un moment perdu étant la plus grande perte possible de la vie, nous devons en prendre le deuil de ce "temps perdu" (qui est une sorte de suicide personnel : j'ai tué une partie de moi, de ma vie!).

["Il n’y a pas de perte pire, que la perte de temps" (Midrach Shmouel – Avot 5,23)]

Cependant, l'usurier (qui prête avec intérêts) se réjouit de la perte du temps, car il a conscience que ses profits matériels augmentent chaque jour qui passe.

Cette attitude est considérée comme contraire à la vision juive, c'est semblable à de l'hérésie, ce qui explique pourquoi c'est aussi gravement sanctionné par la Torah.

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"Ton argent ne lui donne pas en usure et avec intérêt ne donne pas ta nourriture. Je suis Hachem, votre D., Qui vous ai faits sortir de la terre d'Egypte" (Béhar 25,37-38)

-> Pourquoi la Torah juxtapose l’interdit de prêter à intérêt du fait de craindre Hachem?

Hachem, dans Sa grande bonté, est patient avec l’homme et ne le punit pas comme la rigueur l’exigerait.
Néanmoins, Hachem se comporte avec l’homme mesure pour mesure. Ainsi, si un homme prêterait à intérêt et demanderait à son emprunteur de payer plus que ce qu’il doit, alors Hachem Lui aussi se comportera à l’identique avec lui. Il lui fera payer ses fautes plus que ce qu’Il souhaitait le faire au départ dans Sa Bonté.
Ainsi, Hachem le punira avec bien plus de rigueur.

=> Pour cela, l’homme devrait redouter de prêter avec des intérêts, de crainte qu’Hachem aussi lui fasse payer ses fautes avec bien plus de rigueur qu’en temps normal.
[le Maharitz - rav Yossef Tsvi Doushinsky]

-> autre formulation de cet enseignement du rav Doushinsky :
Tout ce que l'homme possède, lui vient d'Hachem. Mais tout ce que nous avons, Il nous le donne en tant que prêt, qui appelle à être remboursé. Quand un homme reconnaît pleinement que c'est Hachem Qui lui donne tout et qu'il en éprouve une profonde reconnaissance qui le conduit à Le remercier de tout son coeur et Le servir du mieux qu'il peut en accomplissant les mitsvot de toutes ses forces, c'est de cette façon qu'il s'acquitte de sa dette.
Mais évidemment, compte tenu de l'importance et de l'abondance des Bontés Divines, jamais un homme ne pourra s'acquitter même d'un millième de sa dette, malgré tout son Service Divin. Mais Hachem dans Sa Miséricorde se suffit des efforts que l'homme fait pour Le servir et n'exige pas le remboursement total, sinon l'homme ne pourra jamais s'en acquitter.
Mais, comme nous le savons, Hachem se comporte avec l'homme mesure pour mesure. Quand un homme prête de l'argent à son prochain, s'il ne se contente pas d'être remboursé de la dette seule mais qu'il prend des intérêts, il s'expose alors à ce qu'Hachem Lui-aussi se montre strict quant au remboursement de Sa dette et qu'Il prenne même aussi des intérêts sur ce qu'Il lui confie. Evidemment, l'homme se trouverait alors dans une situation impossible.
Une personne qui craint Hachem et redoute que Lui aussi se montre sévère quant au remboursement de Sa dette, se gardera donc très scrupuleusement de ne pas prêter à intérêt.

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-> A partir de ce verset, nos Sages affirment que celui qui prête à intérêt, c’est comme s’il reniait la sortie d’Egypte. Pourquoi cela? Quel en est le lien?

Bien qu’Hachem annonça à Avraham la servitude de ses descendants, malgré tout les égyptiens furent grandement punis de les avoir opprimé. Mais pourtant ils étaient forcés d’asservir les juifs de par ce Décret Divin.
L’une des raisons est qu’ils ont fait souffrir les juifs plus que ce qu’ils devaient, et c’est sur ce surplus qu’ils furent punis.

Celui qui prête à intérêt pense qu’il est permis d’ajouter un surplus à la dette.
Pour lui, les égyptiens n’ont donc pas fauté en ajoutant un surplus à l’oppression des Juifs, et ils n’auraient donc pas dû être punis.
=> Cet homme en vient donc à devoir nier la sortie d’Egypte où les égyptiens furent punis.
[Rabbi Aharon Levine - haDrach véha'Iyoun]

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-> Pour expliquer le rapport entre l’interdiction de prendre des intérêts et la sortie d’Egypte, rabbi David Pinto (Pa’had David) explique :
"Quand quelqu’un prête de l’argent à intérêt, il s’attaque à la foi en Hachem, car il montre que Hachem n’a pas la force de lui envoyer Ses bienfaits, c’est pourquoi il prend des intérêts.
Il lèse aussi l’unité des juifs, car il ne tient pas compte du fait que les juifs sont responsables les uns des autres et qu’il faut aider le prochain, et il lui prend trop d’argent et lui rend la vie difficile.
De plus, il porte atteinte à l’alliance de la circoncision (brit), car le mot ribit (intérêts) est formé des mêmes lettres que brit, et la circoncision est l’un des signes grâce auxquels les bnei Israël ont été délivrés de l’Egypte.
Par conséquent celui qui prête à intérêt porte atteinte à la foi, à l’unité et à la circoncision, donc à la sortie d’Egypte, et c’est cela le rapport entre l’interdiction du prêt à intérêt et la sortie d’Egypte."

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-> "Ne lui donne point ton argent à intérêt, ni tes aliments pour en tirer profit. Je suis Hachem votre D., qui vous ai fait sortir du pays d’Egypte pour vous donner celui de Canaan, pour devenir votre D." (Béhar 25,37-38)

=> Quel lien relie l’interdiction de prêter à intérêt et la Sortie d’Egypte?

On peut citer :
1°/ "[Moi] qui ai su déceler le premier-né de celui qui ne l’était pas, je saurai aussi punir celui qui prête à intérêt à un juif en prétendant qu’il s’agit de l’argent appartenant à un païen". [Rachi]

2°/ Il est possible qu’un homme soit contrarié de devoir prêter sans aucun bénéfice l’argent qu’il a gagné à la sueur de son front. Cependant, il lui faut réfléchir: si quelqu’un lui offrait une grosse somme d’argent à condition qu’il la prête sans intérêt à l’un de ses fils au moment où il en aurait besoin, il accepterait de bon gré et n’y verrait aucun inconvénient. D. nous a fait sortir d’Egypte et nous a donné Son argent et Son or à condition que nous le prêtions sans intérêt à nos prochains. Pourquoi cela nous contrarierait-il?
Aussi, celui qui tient à toucher des intérêts lorsqu’il prête de l’argent renie nécessairement la Sortie d’Egypte et tous les bienfaits dont D. a gratifié Son Peuple. [Ktav Sofer]

3°/ Les Richonim posent la question : pourquoi les égyptiens ont-ils été punis d’avoir fait souffrir les Bné Israël?
Le décret était issu de D-ieu qui avait annoncé : "Ils les asserviront et les feront souffrir pendant 400 an".
Le Raavad répond que la faute des égyptiens tient à ce qu’ils ont asservi les Bné Israël avec dureté alors que le décret voulait que les Bné Israël soient simplement asservis. [voir Rambam - Hilkhot Téchouva 4]
Les égyptiens ont donc pris des intérêts aux Bné Israël : ils ont récolté leur dû (en les asservissant selon le Décret divin) mais ils ont ajouté les souffrances. Par conséquent, quiconque touche des intérêts transgresse le Commandement interdisant le prêt à intérêt et renie la Sortie d’Egypte. Il montre que, selon lui, les Egyptiens n’ont rien fait de mal et ne méritaient pas de punition. [Hadrach véa'Iyoun]

4°/ Le midrach [Sifra] enseigne : "‘Je suis Hachem votre D., qui vous ai fait sortir du pays d’Egypte‘ = c’est à cette condition que Je vous ai fait sortir du pays d’Égypte (que vous preniez sur vous la mitsva négative de ne pas prêter à intérêt - Ribiit). Car tous ceux qui reconnaissent la mitsva de Ribiit reconnaissent la Sortie d’Égypte, et tous ceux qui nient la mitsva de Ribiit, c’est comme s’ils niaient la Sortie d’Égypte".
[ le Torat Cohanim (Béhar) affirme : "Quand Hachem fit sortir le peuple juif d’Égypte, Il dit : "Je vous libère à condition que vous ne prêtiez pas intérêt"." ]
=> Pourquoi notre libération d’Egypte a-t-elle été soumise à cette condition?
Le Noda biYéhouda (Ahavat Tsion) fournit la réponse suivante : le but de la Sortie d’Egypte était de conduire le peuple juif en Terre d’Israël, et de lui procurer la protection et de lui permettre d’acquérir la vie du Monde futur (par l’accomplissement des mitsvot dont la majorité ne peut se réaliser qu’en Terre sainte).
Par ailleurs, la guémara (Kétoubot 111a) stipule que ceux décédés hors de la Terre d’Israël seront ramenés à la vie par un roulement de leurs os, les acheminant jusqu’en Terre sainte. Or, nos Sages (midrach Chémot Raba 31) enseignent que ceux qui prêtent à intérêt ne seront pas ramenés à la vie lors de la Résurrections des Morts. Cela signifie que leur sortie d’Egypte par Hachem et leur venue en Terre d’Israël étaient dépourvus de sens du fait que l’accès à la vie du Monde futur (le Monde de la Résurrection) leur sera refusé.
Nous comprenons, du coup, pourquoi D. a soumis notre libération d’Egypte à la condition de respecter la mitsva du Ribiit.

[ La guémara (Kétoubot 111a) affirme que celui qui ne meurt pas en Erets Israël souffrira lors de la résurrection des morts, parce qu’il devra rouler jusqu’à la Terre sainte, depuis son lieu de sépulture. C’est la raison pour laquelle Yaakov insista pour être enterré en terre d'Israël.
Tout ceci s’applique pour celui qui est digne de résurrection, mais pas pour celui qui prête avec intérêt. De ce fait, ce dernier n’a pas de raison de sortir d’Égypte et d’entrer en terre d'Israël, puisqu’il ne méritera pas de revivre, de toutes les façons. ]

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"Ne lui prends pas [d'intérêt] d'avance ni d'intérêt accru. Crains ton D. et que ton frère vive avec toi.
Ne lui fais pas payer d'intérêt d'avance pour ton argent et ne lui donne pas d'aliment pour lequel il devra payer un intérêt accru.
Je suis Hachem, votre D., qui vous a fait sortir d'Egypte afin de vous donner le pays de Canaan, [et] d'être pour vous un D." (Béhar 25,36-38)

-> En hébreu, l'intérêt est appelé : néché'h (נֶשֶׁךְ), de la racine : na'hach, signifiant une morsure venimeuse.
[le Kli Yakar dit que la racine : néché'h, est en connotation avec : néchi'ha (morsure), puisque l'emprunteur voit ses biens mordus par les intérêts pris. ]
En effet, lorsqu'un serpent mord un homme au talon, le venin ne le tue pas immédiatement.
L'homme mordu ne meurt que lorsque le poison atteint sa tête.
Ainsi, en est-il de l'intérêt : un homme qui paie un agio n'en ressent pas le mal immédiatement. Mais peu à peu, il perd son argent et reste sans un sou.
[...]

Si un homme prête de l'argent à un juif, c'est comme s'il niait Hachem et la sortie d'Egypte.
C'est pourquoi Hachem termine cette section en disant : "Je suis Hachem, votre D., qui vous a fait sortir d'Egypte".
Ceci signifie : "Quiconque prête de l'argent sans exiger d'intérêt accepte sur lui le joug du royaume céleste. Il accepte Hachem comme Maître et croit en la sortie d'Egypte."
[...]

La Torah dit : "Tu prendras un intérêt d'un étranger mais tu ne prendras pas d'intérêt de ton frère" (Dévarim 23,21).
Les non-juifs ne croient pas que Hachem surveille le monde ; ils attribuent tout événements à des causes naturelles. Ainsi, il est permis de leur prêter de l'argent à intérêt car cela cadre avec leurs croyances erronées.
Par contre, ton frère juif croit en la providence Divine ; ne lui prends pas d'intérêts.

Lorsque l'homme est jugé dans l'autre monde, certains anges se font ses avocats et d'autres, ses accusateurs.
L'homme coupable d'avoir prêté de l'argent à intérêt ne trouvera aucun avocat.

La punition pour cette faute figure parmi les plus sévères : le coupable ne revivra pas à la résurrection [des morts].
Le prophète : "Il a donné avec usure et pris un intérêt ; il ne vivra pas" (Yé'hezkel 18,13) = celui qui a pris un intérêt à son frère ne vivra pas, ni dans ce monde ni dans le prochain.
Il ne se lèvera pas lors de la résurrection [des morts], car ne croyant pas aux miracles, il ne pourra bénéficier de ce miracle suprême.
[...]

A ceux qui prêtent à intérêt, Hachem dit : "Pourquoi ne prenez-vous pas leçon des armées célestes que Je dirige en Haut? Chacune prête à l'autre sans intérêt.
Depuis l'hiver jusqu'à l'été, la nuit emprunte au jour ; de l'été à l'hivers, le jour emprunte à la nuit.
Lorsque tu prêtes de l'argent à ton ami, voudrais-tu l'engloutir par l'intérêt que tu lui prends ?!

C'est comme si tu Me demandais : Pourquoi ne prends-Tu pas d'intérêt sur la nourriture que Je te donne? Dois-Je prendre un intérêt sur les arbres que Je fais pousser? Dois-Je prendre un intérêt sur les étoiles et les planètes auxquelles Je fournis la lumière? Dois-Je prendre un intérêt sur l'âme que Je t'ai confiée? Dois-Je prendre un intérêt sur ton corps que Je finirai par garder? Si tu ne veux pas prêter à ton ami sans intérêt, J'en ferai autant avec toi ... Je ne te prendrai pas d'intérêt mais Je prendrai le capital : ton corps et ton âme. La terre gardera le principal, qui est ton corps, et Je ne te laisserai pas te lever à la résurrection."

[Méam Loez - Béhar 25,36-38]

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-> Le rabbi Yonathan de Prague disait : "Savez-vous pourquoi les usuriers ne connaîtront pas la résurrection des morts?
Parce que le jour où cela arrivera on leur dira : "Pourquoi vous réveiller? Continuez de dormir, vos intérêts ne cessent d'augmenter"."

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-> "N’accepte de sa part ni intérêt ni profit, mais crains ton Dieu, et que ton frère vive avec toi. Ne lui donne point ton argent à intérêt, ni tes aliments pour en tirer profit" (Béhar 25,36-37)

-> Le Ben Ich 'Haï commente :
Ces deux versets nous apprennent l’interdiction de prêter avec intérêt entre juifs. Si le principe est simple à comprendre, il y a ici une répétition entre les 2 versets qui semble complètement inutile.
Pour le comprendre on peut citer une histoire qui illustre le principe que les usuriers ne se relèvent pas à la résurrection des morts.
Il y avait à l’époque de rabbi Akiva Eiguer, un riche usurier qui avait construit toute sa richesse grâce à l’usure. quand il vint à mourir, La ‘Hevra Kadisha demanda à ses héritiers 2000 pièces d’argent au lieu des 20 pièces habituellement demandées pour une tombe. Les héritiers portèrent l’affaire devant le gouverneur qui convoqua le rav et lui ordonna de s’expliquer sur cette injustice. Rabbi Akiva Eiguer lui répondit que chez les juifs on n’achète pas une concession, mais on la loue jusqu’à la venue du machia'h, qui fera revivre les morts. Et comme nous espérons que ce soit très bientôt, 20 pièces d’argent sont une somme suffisante pour une courte durée. Mais cet usurier ne pourra pas se relever avec ses frères, il devra donc rester en terre un très long moment et cette location longue durée se traduit par un tarif de 2 000 pièces d’argent.

C’est exactement ce que l’on voit dans nos 2 versets :
- le premier (v.36) lui parle de la récompense de celui qui ne prêtera pas pas avec intérêt, "et que ton frère vive avec toi" (וְחֵי אָחִיךָ עִמָּךְ - vékhé a'hikha imakh) s’applique à la résurrection des morts, tu pourras toi aussi te relever avec lui si tu lui prêtes sans intérêt.
- Et "וּבְמַרְבִּית לֹא-תִתֵּן אָכְלֶךָ" (oumarbit lo titen okhlékha - littéralement : dans le profit ne met pas ta nourriture) veut dire qu’à cause du profit tu sera mangé, c’est-à-dire que le corps de l’usurier sera emprisonné dans la tombe qui est appelé "Mangeur" car elle mange la chair de l’homme enterré dedans.
=> Les versets ne se répètent donc pas, mais le premier nous explique que celui qui prête sans intérêt pourra se relever à la résurrection des morts tandis que l’usurier sera prisonnier de sa tombe à cause du profit fait grâce à l’usure.

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-> "Il a donné avec usure et pris un intérêt ; il ne vivra pas" (Yé'hezkel 18,13)
Le Malbim explique qu’il ne vivra pas dans le monde futur.
[on a vu précédemment le Méam Loez à ce sujet : celui qui a pris un intérêt à son frère ne vivra pas, ni dans ce monde ni dans le prochain. Il ne se lèvera pas lors de la résurrection [des morts], car ne croyant pas aux miracles, il ne pourra bénéficier de ce miracle suprême. ]

-> La guémara (Sanhédrin 92b) décrit la fameuse prophétie de Yé’hezkel, quand il fit ressusciter des gens ayant commis de très graves fautes ou n’ayant pas eu le mérite d’accomplir des mitsvot.
Le Pirké déRabbi Eliézer (chap. 32) précise que le prophète put ressusciter tout le monde, à l’exception d’un homme. Quand il demanda pourquoi cet individu ne pouvait pas revivre, on lui répondit que c’était à cause de ses prêts avec intérêt.

-> Le rav Yéhonathan Gefen écrit :
Pourquoi seule cette faute entraîne-t-elle une conséquence si grave? [ne pas revivre]
Celui qui vient demander un prêt se trouve dans une situation désespérée, l’aider revient à "lui redonner vie", comme le verset l’affirme : "Il vivra avec toi" = c’est-à-dire qu’il sera en mesure de pourvoir à ses besoins.
Mais quand on lui prête avec intérêt, on ne le sauve pas, étant donné qu’il devra ensuite rembourser plus que la somme empruntée. Ainsi, mesure pour mesure, le prêteur ne méritera pas la vie lors de la résurrection des morts, parce qu’il n’a pas donné la vie à ce pauvre. [d'après le ’Hafets ’Haïm (Ahavat ’Hessed - 2e partie - chap.16) ]

Cette réponse semble logique, mais elle ne suffit pas. En effet, plusieurs autres mitsvot enjoignent d’aider l’indigent (comme la tsédaka [charité], l’hospitalité, et autres formes de ’Hessed), mais dans aucun de ces cas, celui qui s’empêche d’aider le pauvre en refusant d’accomplir ces commandements n’est puni si sévèrement.

Quand on prête avec intérêt, c’est pire que de ne pas du tout aider le pauvre, parce que l’on empire sa situation on intensifie son "manque de vie". D’où le mot Néché'h, qui signifie littéralement "morsure". Quand on emprunte avec intérêt, le préjudice du Ribbit ressemble à la morsure d’un serpent. Celle-ci grossit et s’étend dans tout le corps, elle est très nuisible.
[...]

Cette idée peut s’appliquer à différents domaines de la vie. Par exemple, si quelqu’un s’engage à donner une certaine somme à un nécessiteux ou à une personne récoltant des fonds pour une noble cause. C’est bien sûr une grande Mitsva, mais parfois l’engagement n’est pas tenu tout de suite et quand la personne qui doit recevoir l’argent revient à la charge, le donateur ne lui répond pas. Ceci peut générer une grande angoisse, plus grande encore que s’il ne s’était pas engagé du tout. Idem pour les autres sortes de ’Hessed – il faut veiller à ne pas causer plus de souffrance à la personne qui est déjà dans le besoin.

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-> "N’accepte de sa part ni intérêt ni profit, mais crains ton D., et que ton frère vive avec toi" (Béhar 25,36)

Il est écrit dans la guémara (Baba Metsia 71a) au nom de Rabbi Yossi : "Rends-toi compte de l’aveuglement de ceux qui prêtent à intérêt : ils sont traités de racha, pénètrent dans la vie privée d’autrui, amènent des témoins, un scribe muni d’une plume et d’encre, et font écrire et signer des contrats. Une telle personne fait preuve de reniement face au D. d’Israël."

=> En quoi celui qui transgresse cet interdit était différent de tout autre pécheur, pour être défini comme "ayant renié le D. d’Israël" ?

Le ‘Hazon Ich a alors répondu :
"Nos Sages expliquent que la subsistance de chacun est déterminée d’un Roch Hachana à l’autre. Celui qui prête à intérêt montre par son attitude que d’après lui, la part qui lui est destinée ne peut lui parvenir comme cela a été décrété dans le Ciel mais plutôt par des chemins tortueux, en donnant de l’argent avec intérêt. De surcroît, il se lève et le confirme par un écrit et une signature ... il s’agit donc d’un reniement absolu du D. d’Israël."

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-> "Ne lui donne point ton argent à intérêt, ni tes aliments pour en tirer profit" (Béhar 25,37)

Le roi Chlomo affirme : "Donner au pauvre, c’est prêter à D., qui paie à chacun son dû" (Michlé 19,17).
Ainsi, en d’autres termes celui qui donne de la tsédaka à l’indigent prête en quelque sorte au Créateur, qui lui remboursera cet emprunt et lui ajoutera encore davantage pour son bienfait, comme il est dit : "Attendez-Moi à cette épreuve, dit Hachem : [vous verrez] si Je n’ouvre pas en votre faveur les cataractes du ciel, si Je ne répands pas sur vous la bénédiction au-delà de toute mesure" (Malakhi 3,10).

=> Comment expliquer que Hachem, qui observe toute la Torah, rembourse à l’homme davantage que ce qu’il a donné au pauvre? Cette action ne s’apparente-t-elle pas à l’interdit de ribit [prêter ou emprunter à intérêt]?

Rabbi Barou'h Yérouchalmi (Barou'h Mibanim) répond : Hachem n’est pas le réel emprunteur de l’argent ; Il ne l’est que dans la mesure où Il rembourse à la place de l’indigent qui, lui, est le débiteur.
Or, l’interdit de ribit ne s’applique qu’au débiteur et au créditeur ; aussi, Hachem a le droit de rembourser à ce dernier davantage que ce qu’il a prêté.

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-> b'h, voir également : http://todahm.com/2020/09/09/36871

1 + 2 = 3

א + ב = ג

Chez les juifs, lorsque : א (pour Emouna - אמונה) s'ajoute à : ב (pour bita'hon - בטחון), on obtient alors : ג (guéoula - גאולה)

Si on a la émouna (foi théorique), qui se traduit dans notre vie au quotidien (bita'hon - foi dans la pratique), cela conduit à l'arrivée du machia'h (guéoula).

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-> Le Yalkout Chimoni (Eikha 997) affirme que la délivrance future se produira en récompense de notre émouna.

"Si vous obéissez à Mes décrets et observez Mes mitsvot" (Bé'houkotaï 26,3)

-> Rachi : "Donnez-vous de la peine dans la Torah afin de l’observer et de la pratiquer"

-> Selon la guémara (Nidda 30a), un ange enseigne toute la Torah à chaque enfant lorsqu'il est dans le ventre de sa mère.

Rav 'Haïm Chmoulévitch fait l'observation suivante : Pourquoi n'accordons nous pas le même respect à une femme enceinte qu'à un érudit en Torah, comme le fait de se lever lorsqu'elle entre dans une pièce, car elle a en elle un enfant qui connait toute la Torah?

Il répond que le plus important dans nos connaissances en Torah c'est les efforts que nous avons fait pour les acquérir.
Ce qu'on honore principalement c'est les efforts, les heures d'études, les sacrifices personnels qui ont conduit à son érudition.

L'enfant dans le ventre de sa mère est certes un érudit en Torah, mais puisqu'il a reçu ses connaissances en cadeau, nous ne l'honorons pas.

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-> Le rav 'Haïm de Brisk commente d'une façon identique le verset.
Nos Sages (guémara Sanhédrin 99b) : "“L’homme naît pour le labeur” = pour peiner dans l’étude de la Torah".
Lorsque le fœtus se trouve dans le ventre de sa mère, un ange lui apprend toute la Torah. Aussi, ne manque-t-il de rien, hormis d’une chose : la peine accompagnant l’étude.
C’est la raison pour laquelle il doit venir au monde, afin d’ajouter à l’étude de la Torah cet ingrédient indispensable. Tel est le sens des mots "L’homme naît pour le labeur".

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-> Ce terme : "Bé'houkotaï" (dans Mes Décrets - בחוקותי), provient de la racine : חק ('Hok - un décret), qui donne aussi le terme : "חקיקה" ('Hakika), qui signifie : "gravure".
=> Quand on marche dans les Décrets Divins en fournissant de grands efforts dans l’étude (comme l’explique Rachi), alors cette étude s’imprégnera en soi et laissera dans le cœur une trace indélébile, comme si l’étude se sera gravée dans son cœur.
[d’après le 'Hidouché haRim)]

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-> "Si vous marchez (תלכו) dans Mes préceptes" (Bé'houkotaï 26,3)

-> Rachi nous explique que ce verset fait référence aux efforts que l'homme investit dans l'étude de la Torah.

On peut noter que le terme תלכו (télé'hou - vous marcherez), est composé des mêmes lettres que le mot כותל (kotel - un mur). Cela est intéressant, car le mur bloque l’accès, et empêche d'avancer. Quand on arrive devant le mur, on ne peut plus marcher, on est bloqué.
Parfois, l'homme aimerait bien accomplir une certaine mitsva, s'éloigner d'un certain interdit. Mais ses habitudes voire ses tendances naturelles l'en empêchent. Il a l'impression qu'il n'y arrivera jamais. Comme si un mur se dressait devant lui, et lui rendait impossible l’accès à cette bonne pratique.
Comment faire pour briser cet obstacle qui l'empêche d'avancer? Comment transformer le כותל (mur) en תלכו (vous marcherez)?

La réponse est donnée par Rachi : "Si vous faites des efforts dans l'étude". Si un juif veut se renforcer dans la pratique d'une Mitsva de Torah, mais qu'il la trouve trop dur, un mur lui bloque l’accès. Alors, s'il s'astreint à étudier les lois de ce sujet dans le détail, en les approfondissant, en s'investissant dans leur compréhension et dans leur sens. Alors, il verra naturellement, que ce mur disparaîtra.
C'est ainsi que de facto : "vous marcherez" et avancerez dans la pratique, même si elle vous paraissait au début, insurmontable. C'est par l'étude que l'on avance!
[rav Mikaël Mouyal]

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b'h, aussi à ce sujet :
- Efforts vs résultats dans l'étude de la Torah : http://todahm.com/2023/05/30/efforts-vs-resultats-dans-letude-de-la-torah
- Torah & nécessité de faire des efforts pour l'acquérir : http://todahm.com/2021/09/10/torah-necessite-de-faire-des-efforts-pour-lacquerir
- L’étude de la Torah permet de nous épargner des souffrances : http://todahm.com/2022/05/18/letude-de-la-torah-permet-de-nous-epargner-des-souffrances

"Aharon dit à Moché : "Je t'en prie, mon seigneur, ne nous impute pas dans une faute, car nous avons été sots et nous avons fauté." (Béahaloté'ha 12,11)

-> La paracha Béahaloté'ha se termine par l'incident de Myriam parlant du lachon ara sur Moché, lorsqu'elle a découvert qu'il s'était séparé de sa femme.

-> "[Hachem dit : ] De bouche à bouche Je lui parle, dans une claire vision et non avec des énigmes, et l'image de Hachem, il contemple [une vision par derrière - Rachi]" (Béahaloté'ha 12,8)

Les commentaires de Rachi sont très intéressants :
-> "Je [Hachem] lui ai dit de se séparer de sa femme."

- "Vous auriez dû respecter Mon serviteur même si ce n’avait pas été Moché, et Moché même s’il n’avait pas été Mon serviteur, et ce d’autant plus qu’il est "Mon" serviteur.
Car "le serviteur d’un roi est roi lui-même" (Chevou'oth 47b).
Vous auriez dû vous dire que l’amour que lui porte le roi n’est pas sans fondement (Midrach Tan'houma).
Et si vous dites que Je ne sais pas ce qu’il fait, vous commettez une faute encore plus grave (Sifri)."

-> Le Or ha'Haïm haKadoch (v.12,11) explique que Aharon a pris conscience qu'il y avait 2 aspects dans leur faute :

1°/ le fait d'avoir dit du lachon ara en critiquant le comportement de Moché ;

2°/ la folie de comparer leur niveau de prophétie avec celui de Moché.
Pour Aharon cela est encore plus grave que le lachon ara qu'ils ont pu dire.

-> Le rav Avraham Pam dit que de là on apprend la gravité de se considérer comme capable d'argumenter avec les décisions des géants en Torah.

Il ne faut même pas que l'idée de remettre en question les paroles des Sages de notre génération puisse traverser notre esprit.
Nous nous devons de toujours suivre leurs décisions, sans jamais chercher à les contredire, car c'est ainsi que le peuple juif peut être assuré d'être entre de bonnes mains.

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-> Le rav Chlomo Auerbach, qui était un des géants de sa génération a dit que le rav Chakh était un des 36 tsadik cachés sur lequel le monde tient.

Comment pouvait-il être caractérisé de "caché" alors que tout le monde religieux le connaissait très bien?

Rav Auerbach disait que les impressionnantes connaissances qu'on avait conscience de lui (par ses très nombreux cours en publics), n'étaient en réalité qu'une infime partie de sa sagesse.
C'est pourquoi il était bien un "tsadik caché".

Nous ne voyons qu'une partie émergée des géants de notre génération (que nous avons déjà du mal à appréhender de notre niveau), et comme les iceberg la quasi-totalité se trouve enfouie.
=> Ainsi, comment pouvons-nous oser remettre en question leurs décisions?

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-> Le Rambam (Hilkhot Yessodé haTorah 7,6) décrit les différences entre la prophétie de Moché et celle des autres prophètes.

Moché était réveillé et debout lorsqu'il recevait la prophétie, tandis que les autres prophètes la recevaient dans un rêve, dans une vision ou une transe.

Hachem parlait à Moché comme "un homme parle avec son ami" ; tandis que les autres avaient la visite d'un ange leur rapportant les paroles sous forme énigmatique à interpréter.

Les prophètes devaient se préparer spirituellement, et pendant la révélation ils étaient dans un état de terreur, tandis que Moché était toujours prêt pour la recevoir, et cela a nécessité de se séparer de sa femme.

"Lorsque l'Arche voyageait, Moché disait : "Lève-toi Hachem, et que Tes ennemis se dispersent, que ceux qui Te haïssent fuient devant Toi".
Et lorsqu'elle faisait halte, il disait : "Réside sereinement, ô Hachem, parmi les myriades des milliers d'Israël". "
(Béahaloté'ha 10,35-36)

-> Rachi fait remarquer que dans le Séfer Torah, ces 2 versets sont encadrés, de part et d'autre d'un noun (נ) renversé, indiquant qu'ils ne sont pas à leur place.
Ils ont été insérés ici pour ne pas évoquer l'une à la suite de l'autre, 3 fautes consécutives dont les juifs se sont rendus coupables.

-> Selon la guémara (Shabbath 115b-116a), ces symboles avant et après nous enseignent que ces 2 versets sont un livre (Séfer) à part entière.
Ainsi, la Torah est composée de 7 livres : Béréchit, Chémot, Vayikra, Bamidbar jusqu'à ces versets, ces versets, le restant de Bamidbar, et Dévarim.

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-> Le peuple juif serait allé directement en terre d'Israël, s'il n'avait pas fauté dans le désert.

La largeur du Jourdain, qui est la frontière de la terre d'Israël, était de 50 amot.
La Torah a inversé ici les noun (lettre ayant une valeur de 50) pour nous dire que le peuple juif a fauté et ne passera pas le Jourdain, qui avait une largeur de 50 amot.

[le Rokéa'h]

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-> Les 1eres lettres de chacun des versets du Téhilim 145 (Achré) suivent l'ordre de l'alphabet.
La seule lettre qui manque est le "noun" (נ), car elle représente : la chute (néfila - נפילה).
Le roi David ne voulait pas parler de la chute et des fautes du peuple juif.

Selon le Zohar (se basant sur Chir haChirim 2,9), Hachem est comparé à une biche.
De même qu'une biche regarde en arrière lorsqu'elle est en fuite, de même Hachem "tourne toujours sa tête" en arrière vers nous, et ce même lorsqu'il semble qu'Il s'enfuit de nous.

La Torah a inversé ici les noun pour nous apprendre cette leçon : même lorsque nous chutons et que Hachem nous quitte, Il nous "regarde toujours".

[le Tiféret Yonathan]

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-> Rabbi Yo'hanan (guémara Béra'hot 4b) explique que le noun est l'initiale de "néfila" (action de tomber) qui fait allusion à la chute du peuple juif en exil par rapport à sa grandeur lorsqu'il se trouvait sur sa terre.
Selon le Rachba : il n'est pas honorable dans un tel téhilim, qui évoque la grandeur d'Hachem, de mentionner l'exil et le déclin spirituel de Ses enfants qui Lui causent beaucoup de peine.

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-> La lettre noun (נ) n'est pas présente dans le Achré, car elle représente la chute du peuple juif.
La lettre samé'h (ס) représente le soutien de Hachem lorsqu'une personne tombe, comme le verset du Achré le dit : "Hachem soutient tous ceux qui tombent" (somé'h Hachem lékol anoflim - Téhilim 145,14).

Le mot : נס (miracle - néss) est composé de ces 2 lettres, indiquant qu'après une chute du peuple juif, Hachem apporte son soutien, et c'est en cela que consiste un miracle.

[Bné Yissa'har - Nissan 1,8]

Par l'utilisation de cette lettre, la Torah nous demande de ne pas déprimer après une faute.
Certes, nous avons fauté (noun), mais Hachem vient immédiatement nous relever (samé'h), à la condition que nous désirons aller de l'avant (les 2 versets entre les noun parlent des mouvements à faire en fonction de la Torah : avancer (mitsva de faire) et s'arrêter (mitsva de ne pas faire)).

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-> On a vu que la lettre noun renvoie à la notion de chute (néfila) [suite à une faute].
Le fait que ce passage est entouré de 2 noun tournés/inversés, nous enseigne qu'après une chute non désirée, il faut tout faire pour la tourner à notre avantage : par la téchouva, en apprenant de nos erreurs, ...

[Un tsadik n'est pas celui qui ne tombe pas, c'est celui qui se relève et qui va de l'avant plus fort]

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-> Ces 2 noun inversés sont liés au fait que le grand mérite des juifs provenait des 2 mots [qu'ils avaient prononcés] au mont Sinaï : "naassé" (nous ferons) et "nichma" (nous écouterons).
En effet, Hachem descendit au mont Sinaï accompagné de 600 000 anges qui posèrent sur la tête de chaque juif 2 couronnes portant le Nom explicite de D., car tous avaient répondu : "Naassé vénichma".

A ce moment-là, les juifs se transformèrent en êtres spirituels et furent aimés de D. encore davantage que les anges. Cependant, ils quittèrent précipitamment le mont Sinaï comme un homme fuit un incendie, impatients de se libérer du joug que leur imposaient les commandements de la Torah.
Les lettres noun inversées symbolisent le fait que leur situation était à présent inverse à celle où ils s'étaient exclamés : "Nous ferons et nous écouterons".
D'ailleurs, les letres du terme noun (נון) sont les initiales des mots : Naassé VéNichma (נעשה ונשמע).
[...]

La lettre noun indique que ce passage (Bamidbar 10,35,36) aurait dû figurer 50 passages plus haut dans la Torah, près du verset : "Pendant la marche ..." (Bamidbar 2,17).
[Méam Loez - Béaaloté'ha 10,35-36]

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-> C'est notre travail d'inverser les "noun" avec la puissance du "naassé vénichma", aussi bien qu'avec une émouna totale, et alors nous mériterons les 2 noun suivants : "Na'hamou na'hamou ami" ( Consolez, consolez, Mon peuple, dit votre D.) avec la venue du machia'h, rapidement de nos jours.
[rav Zev Leff]

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-> "Cette section a été écrite ici pour marquer la séparation entre un malheur et un autre." (Rachi - Béaaloté'ha 10,35)

-> Selon le Saba de Slabodka, nous avons là un témoignage concret de l'amour infini que Hachem porte aux enfants d'Israël : leur dignité Lui est plus chère que tout, et rien ne justifierait que leur honneur soit bafoué.

En ce sens, nos Sages enseignent (Yalkout Chimoni - Bamidbar 10) en ce sens : "Hachem a dit : Écrirons-nous donc un drame après l'autre? Certainement pas! Alors inscrivons entre eux une section de gloire.
C'est pourquoi il est dit ici : "Lorsque l'Arche partait ..." [rappelant la tendresse qu'éprouve D. envers Israël]."

Par l'interruption marquée entre ces 2 événements tragiques, Hachem montre aux enfants d'Israël qu'en dépit de leurs fautes et de leurs funestes conséquences, Il continue à les chérir, à les honorer, et Sa Présence Divine reste à leurs côtés dans touts leurs déplacements.

Le Maharcha (guémara Shabbath 115a) explique que la lettre noun, initiale de néfila (chute), symbolise les catastrophes ...
Le passage est encadré par 2 noun inversés pour montrer que D. mettra fin à nos chutes et qu'Il les "inversera" pour notre bien.

Selon le Léka'h Tov, puisque nous devons imiter Hachem et suivre Son exemple, combien devons-nous respecter notre prochain et combien devons-nous l'honorer même lorsqu'on le voit mal d'agir!
A l'instar de ces 2 sections séparés, on s'abstiendra de l'accabler en additionnant ses écarts de conduite, pour ne jamais cesser de l'aimer.
Bien que l'on soit tenu de lui formuler des reproches, on devra à tout prix éviter de l'humilier.
On s'efforcera au contraire de rehausser son estime aux yeux de son entourage.

[nous devons aller à l'encontre de notre nature qui souhaite écraser/faire chuter autrui pour mieux se donner de la valeur, et agir à l'inverse de cela.]

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-> Ces versets abordent le fait que lorsque l'Arche (Aron) devait partir, Moché lui disait de se mettre en marche, et lorsqu'elle devait s'arrêter, Moché le lui demandait.

Nous savons que l'Arche ne bougeait pas selon l'ordre de Moché, mais selon celui de Hachem.
Ainsi, l'adhésion de Moché à la volonté de D. fut si entière que ses propres désirs convergeaient totalement avec ceux de D.

De plus, à chaque mouvement de l'Arche, il faisait une prière pour que la présence divine soit toujours intensément perçue par le peuple.

=> Par ces 2 versets qui sont le 5e Séfer de la Torah, nous voyons à quel point un homme doit s'identifier totalement avec la volonté de Hachem.
Nous devons calquer les mouvements de notre vie sur ceux de l'Arche, symbole de la Torah.

[inspiré de paroles du rav Chimchon Raphaël Hirsch]

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-> Ces 2 versets ont été placés là entre 2 fautes.
La 1ere est pour le fait que les juifs ont quitté [avec empressement] le mont Sinaï, se détournant de la présence divine ; la 2e porte sur les récriminations qui ont suivi (car en s'enfonçant dans le désert immense et sauvage, le peuple s'interrogea alors sur ses moyens de survie). [guémara Shabbath 116a]

Tout de suite après, il y a une 3e faute qui porte sur l'insatisfaction du peuple pour la manne.

Pourquoi est-ce que la séparation est-elle entre la 1ere et la 2e faute?

La 2e et 3e faute ont résulté de la 1ere : le fait de se détourner de Hachem et de Sa Torah.
La Torah nous protège de la faute.
Celui qui est totalement plongé dans la Torah ne veut rien d'autre que la Torah.
Le peuple juif ne s'est plaint de sa situation uniquement parce qu'il n'était pas plongé dans la Torah.

Dans la Torah, il y a une séparation après la 1ere faute pour nous enseigner que le fait de se détourner de la Torah est la racine de toute cause nous poussant à fauter.

[Ben Ich 'Haï - Ben Yéhoyada - Shabbath 116a]

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+ "Ils parcourent de la montagne de Hachem" (Béahaloté'ha 10,33)

-> Selon le Ramban, les juifs ont quitté le mont Sinaï à la manière d'un enfant qui quitte l'école après une longue journée de cours.
Ils sont partis avec précipitation, avant que Hachem ne change d'avis et ne leur donne de nouveaux commandements.
C'est ce comportement qui a été la base de l'errance dans le désert.
Le Ramban d'ajouter : "Peut-être que s'il n'y avait pas [cette attitude], ils seraient entrés directement en terre d'Israël".

Les juifs auraient dû quitter le Sinaï avec des regrets, avec tristesse de partir de l'endroit où ils ont vécu une telle union avec Hachem.

-> Après la traversée de la mer Rouge : "Moché fit décamper Israël" (Béchala'h 15,22)
Rachi de commenter : "Il les a forcés à partir, car les égyptiens avaient orné leurs cheveux de parures d'or et d'argent et de pierres précieuses, et les enfants d'Israël s'affairaient à les extraire de la mer ... le butin de la mer a été plus important que celui d'Egypte ... voilà pourquoi il (Moché) a dû les faire partir contre leur gré."

L'Alter de Slabodka (Ohr haTsafoun) enseigne qu'ils ne voulaient pas quitter car ils accomplissaient la volonté de Hachem en collectant des richesses.

=> Si le fait de quitter d'immenses richesses matérielles a été si difficile, combien à plus forte raison le fait de quitter le mont Sinaï, source d'immenses richesses spirituelles.

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-> "Cette voix, c'est la voix de Yaakov, mais ces mais sont les mains d'Essav" (Toldot 27,22)

Nous avons besoin du son de la Torah (kol Yaakov) afin d'être à l'écart des attaques d'Essav (yédé Essav), qui n'attendent que le moment où l'on abandonne la Torah.

-> "Le puits était vide, il n’y avait pas d’eau" (Vayéchev 37,24)

Selon Rachi : "Il n’y avait certes pas d’eau, mais il y avait des serpents et des scorpions".
Le Gaon de Vilna explique que lorsqu'il n'y a pas d'eau (qui est une référence à la Torah), alors il y a des serpents et des scorpions, c'est-à-dire des punitions et la mort.

=> On comprend pourquoi contrairement aux autres fautes, il n'est pas décrit de punition pour cette faute d'être parti précipitamment du mont Sinaï.
En effet, tout abandon de la Torah entraîne naturellement des conséquences néfastes, c'est un règle établie par Hachem.

[l'inverse est vrai : toute étude de la Torah amène des torrents de bénédictions!]

"En tout ennemi d’Israël [un juif(ve)], il y a un ennemi du Créateur de l’univers"

[Rachi - Béahaloté'ha 10,35]

"L'homme Moché était extrêmement humble, plus que tout homme sur la face de la terre!" (Béahaloté'ha 12,3)

-> Selon le Ibn Ezra, Moché était si humble qu'il était impensable de l'accuser d'un quelconque sentiment de supériorité envers ses frères.

-> Selon le rav Nathan Scherman, en disant que Moché était un homme humble, la Torah fait ressortir ce qu'est la véritable humilité.

Loin de ressembler à un sentiment d'infériorité, l'humilité procède d'une autocritique permanente faisant prendre conscience du fait que l'on n'a pas exploité pleinement ses capacités, ou si on les a exploitées que les dons innés que l'on possède imposent une responsabilité plus grande et que nul ne peut s'enorgueillir d'accomplir simplement son devoir [d'agir selon la vérité, la volonté de Hachem].

-> Il faut faire attention à ne pas s'enorgueillir d'être humble.
Une personne qui a de super capacités se doit de toujours en être consciente, de les utiliser au mieux, car c'est pour cela que Hachem lui donne la vie.

On devra rendre compte de l'utilisation que l'on aura fait des outils momentanément mis à notre disposition par Hachem.
Si j'ai de beaux outils, ce n'est pas que je suis supérieur à autrui. Si je les ai, c'est uniquement car ils me sont nécessaires dans ce que Hachem souhaite que je fasse de ma vie.

Il peut être très agréable de fermer les yeux sous couvert d'une fausse humilité car cela vient comme justification à notre paresse naturelle.
En effet, pourquoi devrais-je faire des efforts pour réaliser de grandes choses, car après tout je ne suis rien, même pas de la poussière!

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-> Rabbi Yossef dit : "Une personne doit toujours apprendre de Son Créateur, car Hachem a mis de côté toutes les montagnes et collines, et a choisi le mont Sinaï".
[guémara Sotah 5a]

Le don de la Torah requiert de l'humilité, et c'est pour cela que Moché, le plus humble des hommes, a pu acquérir plus de Torah que quiconque.

Si l'humilité est si importante, pourquoi la Torah n'a-t-elle pas été donnée dans un terrain plat?

Rabbi Mendel de Kotzk répond qu'il n'est pas difficile pour un terrain plat d'être humble, car il n'a pas de quoi s'enorgueillir.
Le mont Sinaï a un peu de hauteur, et malgré la possibilité de se la "raconter" (regardez les terrains plats comment je suis haut par rapport à vous!), il est quand même resté humble.

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-> Rabbi Yo'hanan dit : "Hachem ne fait pas résider sa présence divine (Ché'hina) sur une personne sauf si elle est forte, intelligente, riche et humble, et tous ces traits se trouvaient chez Moché."
[guémara Nédarim 38a]

La guémara (Shabbath 92a) mentionne une autre condition pour recevoir la prophétie : avoir une grande taille.

-> Hachem dit : "Moi et lui [celui qui est arrogant] ne peuvent pas résider dans le même monde"
[guémara Sotah 5a]

Il est ainsi évident que l'humilité est une condition nécessaire pour que la présence divine soit sur nous.
Mais en quoi les autres conditions en sont-elles des prérequis?

Rabbi 'Haïm de Volozhin explique qu'on parle ici de véritable humilité.
Seule une personne qui est riche, forte, intelligente, grande de taille, a sur quoi s'enorgueillir, et en restant quand même humble, elle démontre une véritable humilité, et mérite d'être un Sanctuaire pour la présence divine.

Une personne peut être en apparence très humble, mais pour "valider" cela, il faut la voir traverser ces occasions de devenir arrogante (que je suis intelligent!, que je suis riche!, ...).

Il est intéressant de noter que chacune de ces capacités est un don temporaire de D., que l'homme va Lui voler en se l'appropriant (MA sagesse c'est grâce à moi, de même pour MA richesse, ...), et en "kiffant" penser être meilleur que son prochain.

[Dans sa fameuse lettre le Ramban écrit : "Est-ce que cela n'appartient-il pas à Hachem?" (alo lélokim ou) ]

Moché possédait toutes ces capacités comme personne, et malgré tout il est resté humble, ce qui fait qu'il a véritablement mérité d'être dénommé : "extrêmement humble, plus que tout homme sur la face de la terre".

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-> "L'homme Moché était très humble, plus que tous les hommes qui sont à la surface de la terre" (Béahaloté'ha 11,3)

=> Que signifie la précision : "Plus que tous les hommes qui sont à la surface de la terre"?

-> Le 'Hozé de Lublin explique :
En fait, il arrive que l'homme se sente 'bas', se sente insignifiant. Il baisse la tête, son visage se tourne vers la surface de la terre. Il ne ressent pas de vitalité, ni goût à la vie. Il ne trouve pas l'élan pour réagir. Il se dit sans cesse : "Mais qui suis-je? Je suis si petit, si insignifiant que je ne mérite pas de Servir Hachem. Comment pourrai-je faire de grandes choses? Comment pourrai-je m'approcher de Hachem? Cette possibilité n'est réservée qu'à des élites! Et non à un être aussi petit que moi!"

Mais la Torah vient enseigner que cette attitude n'est pas de l'humilité, malgré les apparences. Un homme humble pourra se comporter avec grandeur, diriger un peuple, monter au ciel et parler avec Hachem sans manger ni boire, faire de grandes choses ...
Extérieurement, il pourra paraître présomptueux, voire même quelque peu orgueilleux. Kora'h est même allé accuser Moché d’orgueilleux : "Jusqu'à quand allez-vous vous surélever au-dessus de la communauté d'Israël?!"
Mais la Torah témoigne néanmoins : "Moché était très humble, plus encore que tous les hommes qui sont à la surface de la terre", la tête baissée, les yeux rivés sur la surface de la terre, et n'osant pas agir ni se montrer.
Car l'humilité réside dans le coeur et non dans les apparences. Si un homme a les yeux baissés, se sentant petit, mais dès qu'ils fait une bonne action, ils s'en trouve grandi. Ou encore, dès que quelqu'un lui manque de respect, il boue intérieurement. Alors ce n'est pas de l'humilité.
En revanche, Moché avait bien de la grandeur, il faisait de grandes choses, sans hésitation ni appréhension, mais avec un coeur qui se sentait véritablement et sincèrement, plus petit que les autres. Il ne se sentait pas supérieur.
C'est cela la véritable humilité. Celle où le coeur est en accord avec la vérité : le coeur ressent véritablement son insignifiance. Et cela n'empêche pas de faire pour autant de très grandes choses et pro
diges.

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-> Le Ktav Sofer (Vayikra 161b) enseigne que la Torah appelle Moché par le nom de sa mère adoptive, plutôt que par celui donné par ses parents, pour bien mettre en avant qu'il a été élevé dans un palais (de Pharaon) avec tous les fastes, comme un fils d'un grand roi.

Il avait toutes les raisons pour devenir hautain, mais cependant il ne se considérait pas supérieur au plus bas des esclaves.
C'est pourquoi, il a pleinement mérité son titre du plus humble de tous les hommes.

[la Torah a également gardé le nom donné par la fille de Pharaon par reconnaissance pour son acte qui a permis de sauvé Moché, et par ricochet l'ensemble du peuple juif]

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Nous allons voir (b'h) quelques enseignements du rabbi David Feinstein.

-> Les lettres du mot : anav (une personne humble - ענו) peuvent constituer le mot : avon (faute - עון).
Chacun est confronté dans sa vie à un choix : l'humilité ou la faute, et il n'y a pas de position médiane (c'est l'une ou l'autre).

-> Nos Sages enseignent (guémara Sotah 5a) qu'idéalement une personne doit posséder 1/64e d'orgueil, qui est nécessaire pour l'estime de soi et la confiance.
Que se passe-t-il si l'on augmente ce ratio à 1/63e?
Le nombre 63 en lettres hébraïques forme : גס (gass), faisant référence à l'arrogance, à une personne grossière.

Ainsi, la ligne séparant l'humilité de l'arrogance est très fine, sans situation neutre.

-> La guémara ('Houlin 89a) identifie 3 personnes comme étant spécialement humbles : Avraham, Moché et le roi David.

Leur humilité peut se voir dans la façon dont ils s'adressaient à Hachem :
- Le roi David : "Moi, je suis un vermisseau, et non un homme" (Téhilim 22,7) ;
C'est quand même un être vivant.
- Avraham : "Moi poussière et cendre" (Vayéra 18,27)
C'est une matière inanimée.
- Moché : "Nous, que sommes nous" (וְנַחְנוּ מָה - Béchala'h 16,7)
Cela implique de se considérer tellement sans valeur, encore moindre que de la poussière ou qu'un vermisseau.

Notre verset est : "L'homme Moché était extrêmement humble" (Béahaloté'ha 12,3).
Le terme "extrêmement" se dit : méod (מאד), et il a la même guématria que : ma (quoi - מה), mot employé par Moché ("que sommes-nous?"), le plus humble des hommes.
Par ailleurs, on peut remarquer que : מאד : le מ (Moché) ; א (Avraham) et ד (David).
L'ordre des lettres du mot suit l'humilité décroissante.

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-> Rabbi Méïr Shapira s'interroge : est-ce seulement à cause de cette formule ("que sommes nous?") qu'il a prononcée que Moché est considéré comme plus humble que Avraham ("Je ne suis que cendre et poussière")?

Il répond : "La différence vient de ce que c'est à l'adresse de D. qu'Avraham a prononcé sa formule, alors que celle de Moché s'adressait au peuple.

Cela rappelle l'histoire du rabbi Yonathan Eibschutz qui voit à l'office un homme prier avec ferveur. Il récite un texte du rituel : "Dans ma vie, je ne suis que poussière, a fortiori après ma mort."
Le rabbi dit : "C'est à côté d'un tel homme que je veux prier!"
Un peu plus tard, il voit cependant le même homme se mettre dans une grande colère pour avoir été appelé à la lecture de la Torah en 4e position seulement : "Et qu'est-ce que le fidèle appelé en 3e position a donc de plus que moi? Je vais lui montrer qui je suis!"
Surpris le rabbi s'adresse à lui : "Comment est-ce possible? Il y a encore quelques instants, tu disais n'être que poussière et cendre et maintenant tu parles de cette façon!"
- "La vérité, rabbi, c'est que face à Hachem, je ne suis que poussière et cendre, mais face à ce vaurien ... !""

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-> Le mot : anav (humble - עניו), est écrit dans la Torah sans la lettre youd (ענו).
Pourquoi cela?

La lettre youd (י) est la plus petite de l'alphabet. Elle est manquante et malgré tout le mot peut être lu.
Cela nous enseigne que nous n'avons pas besoin de monopoliser toute la place autour de nous pour être quelqu'un de grand (et ce au détriment d'autrui).
Moché était très effacé (à l'image du youd absent), malgré le rôle très important qu'il assumait pour le peuple juif (le mot anav pouvant quand même être lu).

Le Méam Loez (Béaaloté'ha 12,3) apporte 2 autres raisons :
1°/ L'absence de youd [provient du fait que, sans cette lettre, ce mot peut se lire "anou" (ils répondirent).] Lorsque les juifs entendirent les paroles de Myriam et de Aharon et virent Moché garder le silence, ils répondirent (anou) : "Moché est très humble".

2°/ Le mot anav (humble) est écrit sans youd. Bien que Moché fût parfait dans ce trait d'humilité, la Torah omit à dessein la lettre youd car Moché avait, lui aussi, omis la lettre youd lorsqu'il dit : "Produirons-nous (notsi) de l'eau pour vous de ce rocher" au lieu de : "Produira-t-Il (yotsi, avec un youd) de l'eau?"
C'était Hachem et non Moché qui devait faire jaillir l'eau du rocher.
Comme Moché avait amoindri l'honneur de D., la Torah ôta la lettre youd du mot anav.

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-> Pourquoi est-ce que l'humilité de Moché est-elle rapportée dans le contexte du lachon ara de Myriam et Aharon sur lui?

La Torah nous dit que le fait qu'une personne dise : "cela m'importe peu que vous parlez en mal sur moi!" (humilité), cela ne doit pas nous servir d'excuse pour justifier notre lachon ara.

Par ailleurs, cet épisode montre que même en privé avec uniquement son frère et sa soeur, Moché est demeuré plus humble que quiconque.
Le vrai test se fait souvent dans notre intimité avec nos très proches, où la peur du regard des autres n'est plus présente.

[divré Torah du rabbi Yéhouda Gross]

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+ Autres réponses à : Pourquoi est-ce que l'humilité de Moché est-elle rapportée dans le contexte du lachon ara de Myriam et Aharon sur lui?

-> Le Ibn Ezra explique que le reproche que Myriam et Aharon firent sur le comportement de Moché (le fait de penser qu'être prophète n'implique pas que l'on doive se séparer de son conjoint) sous-entendait que Moché se sentait différent des autres prophètes. Moché se sentait supérieur à tous les autres puisque aucun autre prophète ne quitta son conjoint, alors que Moché, lui, s'était séparé de sa femme.
Ainsi, leur critique impliquait que Moché se comporte avec une pointe d'orgueil et de supériorité. C'est pourquoi, la Torah tient de suite à rectifier ce sous-entendu en scellant que Moché est l'homme le plus humble de tous, et ce n'est absolument pas une quelconque forme d'orgueil qui le poussa à quitter sa femme.
Mais plutôt, c'est simplement le fait du très haut niveau de sa prophétie qui impliquait cela. La Torah tient à ce que personne ne s'imagine que Moché s'est pris pour plus grand qu'il n'était, et que ce soit cette orgueil qui le motiva à se séparer de sa femme. Jamais Moché n'a eu une telle pensée.

-> Le Panim Yafot explique que comme Hachem le fit remarquer à Myriam et Aharon, Moché était un prophète exceptionnel, et du fait de sa grandeur inégalable, il se devait de se réserver exclusivement à Hachem et ne pouvait pas vivre une vie conjugale. Ainsi, il est clair que si Aharon et Myriam connaissait la véritable grandeur de leur frère, ils auraient compris son attitude et n'aurait rien dit à son sujet. Seulement, ils ignorèrent à quel point Moché était grand.
En effet, Moché, dans son humilité, cachait constamment sa grandeur et se comportait avec simplicité. De la sorte, personne ne pouvait se douter de sa vraie grandeur, et c'est cela qui causa que Myriam et Aharon, non conscient du réel niveau de leur frère, se permette de parler sur lui.
La raison de cette médisance était donc bien la grande humilité de Moché qui, cachant sans cesse sa grandeur, cela pouvait laisser à se tromper sur la grandeur de sa prophétie.
[au point où Hachem Lui-même doit venir assurer dans Sa Torah qu'il est "extrêmement humble, plus que tout homme sur la face de la terre". ]

-> Le Yichma'h Moché ajoute à cette dernière explication que Hachem aime l'humilité et réside avec ceux qui détiennent cette qualité. C'est l'ego qui éloigne d'Hachem. Plus un homme est modeste, plus il sera proche d'Hachem.
Ainsi, si Moché était le plus grand prophète, c'était parce qu'il était l'homme le plus humble. Et son exceptionnelle proximité avec Hachem causa qu'il devait se séparer de sa femme.
=> Dès lors, l'humilité de Moché est la réponse à la médisance de Myriam et Aharon. Son humilité était la raison de la grandeur de sa prophétie et donc était la cause du fait qu'il devait se séparer de sa femme.

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Nous allons voir b'h, une autre vision de ce verset rapportée par Rabbi David Ashear dans son "Living Emouna 3".

Il est écrit : "Moché était extrêmement humble de tout homme" (mikol adam).

-> Le Séfer Maamarim rapporte que lorsque Moché est monté sur le mont Sinaï pendant 40 jours, il a eu le privilège de voir le Séfer de Adam haRichon, qui contient toutes les personnes ainsi que tous les actes réalisés au travers toutes les générations jusqu'à la fin des temps.

Moché a alors vu la période précédant la venue du machia'h (ikvéta déMéchi'ha), qui est la notre selon nos rabbanim.

Cette génération a une faible compréhension de Qui est Hachem (par rapport aux autres générations).
C'est une période où Hachem est caché, et durant laquelle les mitsvot sont faites sans pleinement les vivre.

Cependant, malgré les défis du moment (ex: internet), les juifs continueront à servir Hachem avec une force et des sacrifices personnels impressionnants.
Lorsque Moché a vu cela, il est devenu humble.

=> Moché a vu que notre génération est pleine de défis pour notre émouna ; malgré cela les juifs acceptent la volonté de Hachem et Le servent du mieux qu'ils le peuvent.
Cela a émerveillé Moché, qui en est devenu très humble!

( "Moché anav méod" = Moché était très humble ; "mikol aadam" = [à la vision] de tout homme [de notre génération précédant le machia'h et restant fidèle à Hachem malgré toutes les difficultés en terme de émouna] )

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-> Lorsque Moché eut quitté Hachem et fut redescendu sur terre, Satan vint devant Hachem et Lui dit : "Maître du l'univers, où est la Torah?"
Hachem répondit : "Je l'ai donnée à la terre" ...
Satan revint devant Hachem et Lui dit : "Maître de l'univers, je l'ai cherchée par toute la terre et je ne l'ai pas trouvée".
Hachem répondit : "Va auprès du fils d'Amram".
Satan se rendit chez Moché et demanda : "La Torah que Hachem t'a donnée, où est-elle?"
Moché répondit : "Qui suis-je pour que Hachem m'ait donné la Torah?"
Hachem intervint : "Moché, dis-tu la vérité? (Je te l'ai donnée!)"
Moché répondit : "Maître du monde, ce trésor précieux dont Tu fais chaque jour Tes délices, puis-je (me déclarer seul possesseur de ses bienfaits) et m'en attribuer le mérite?"
Hachem répondit à Moché : "Puisque tu es si modeste, le nom de la Torah sera attaché au tien", comme il est dit : "Souvenez-vous de la Torah de Moché (Torat Moché), Mon serviteur" (Mala'hi 3,22).
[rabbi Yéhochoua ben Lévi - guémara Shabbath 89a]

=> Qu'est-ce qui a valu à Moché qu'Hachem attache la Torah à son nom : "Torat Moché"?

-> Selon le Maharal (Tiféret Israël 23) :
Il semble que la Torah, entièrement spirituelle, ne pouvait s'attacher à un être humain composé partiellement de matière.
Cependant, cette incompatibilité n'est valable que pour un homme orgueilleux, car l'orgueil constitue un écran qui éloigne l'homme de son Créateur.
Mais Moché qui a dit : "ma ani" (qui suis-je?) dans son humilité, qui ne s'attribue aucun mérite ni aucune importance, et qui est prêt à annuler toute sa personnalité devant Hachem, peut recevoir la Torah et s'attacher totalement à Hachem.

-> Le Maharcha enseigne :
Hachem vient dire à Moché : "Puisque tu as diminué ta part de mérite dans ce don de la Torah et que tu l'as fait dépendre exclusivement de Moi, à Mon tour, je ne ferai dépendre la Torah que de toi, Moché, et elle sera appelée sur ton nom : "Torat Moché" à toutes les générations."
[même les enseignements nouveaux ('hidouchim) des sages des générations futures seront désignés : "Torat Moché", et te seront attribués en raison de ta grande humilité.]

Le Maharcha rapporte que Moché a dit à Hachem : "Moi, né d'une femme, être de chair et de sang, je ne suis pas digne de cette révélation [des secrets cachés de la Torah] ; si ce n'est que Tu m'as recouvert de Ton rayonnement, j'aurai été incapable de comprendre les secrets enfouis dans la Torah."

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-> "Et Moché était très humble, plus que tout homme sur la surface de la terre" = car l'humilité véritable est celle dont on fait preuve en toute circonstance, devant le plus grand comme devant le plus petit des hommes.
[Tsor ha'Haïm]

"Moché implora Hachem en disant : "Ô D., de grâce (na), D., guéris-là, de grâce (na)"." (Béahaloté'ha 12,13)

Moché faisant une prière, il ne peut implorer que Hachem. Pourquoi la Torah n'écrit-elle pas alors : "Moché implora en disant" ?

Nos Sages enseignent que quand une personne souffre, Hachem aussi "souffre" avec elle.

Ainsi, selon le Yichma'h Moché, l’essentiel de la prière de Moché était tourné vers Hachem, implorant la guérison de Myriam afin que D. arrête de "souffrir" du fait de sa douleur.

=> Il faut comprendre le verset comme disant : "Moché implora pour Hachem" : il pria surtout pour que Hachem calme Sa peine.

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-> Le 'Hida (Na'hal Kadmonim) écrit :
"J'ai entendu au nom des Sages des générations passées, que dans les cieux, il avait été transmis à Moché le secret selon lequel le double emploi du mot : "na" (נָא) dans une requête assurait son exaucement.
Voilà pourquoi, lorsqu'il a prié en faveur de sa sœur Myriam atteinte de tsara'at, il a imploré Hachem en ces termes : "Ô D., de grâce (na), D., guéris-là, de grâce (na)".

-> "Laisse-moi passer, de grâce (na), pour que je voie ce pays" (Dévarim 3,25).
Après avoir ainsi supplier Hachem de le laisser entrer en terre d'Israël, il est écrit : "Hachem S'est irrité contre moi ... Il me dit : Ne continue pas de Me parler avec cette parole".

Si Moché avait ajouté un 2e "na" dans sa requête, et avait demandé : "Laisse-moi passer, de grâce, que je voie, de grâce", elle aurait été agréée.
C'est pourquoi Hachem l'a immédiatement sommé : "Ne continue pas de Me parler avec cette parole".

"Même après avoir commis de nombreuses fautes, il ne faut jamais tomber dans la tristesse.
Le repentir doit se faire dans la joie.

En effet, le simple fait de réfléchir à la grande Bonté d’Hachem, comment Il réside avec nous même dans toutes les impuretés de nos fautes et Il nous accompagne, cela même doit déjà suffire à nous remplir de joie intense de mériter tant d’amour de la part de notre Créateur."

[Rabbi de Slonim - Torat Avot]

"J'ai destiné les Lévi'im à être donnés à Aharon et à ses fils, d'entre les enfants d'Israël, pour accomplir le service des enfants d'Israël dans la Tente d'Assignation et pour procurer la réparation aux enfants d'Israël, afin qu'il n'y ait pas de plaie parmi les enfants d'Israël quand les enfants d'Israël s'approchent du Sanctuaire" (Béha'aloté'ha 8,19)

Selon Rachi, les enfants d'Israël sont mentionnés 5 fois dans ce verset, pour montrer l'immense amour, affection que D. leur porte, et ces 5 évocations font allusion aux 5 livres de la Torah.

Pourquoi la Torah fait-elle connaître précisément dans ce verset, l'amour que D. porte aux enfants d'Israël?

Le 'Hidouché haRim donne la réponse suivante :
En réalité, initialement il était prévu que ce soient les aînées d’Israël qui effectuent le Service dans le Sanctuaire. Mais, suite à la faute du Veau d’or qui a aussi concerné les aînés, Hachem les remplaça par les Lévi'im qui n’ont pas fauté.
["J'ai pris les Lévi'im à la place de tout 1er-né d'entre les enfants d'Israël" (Béaaloté'ha 8,18)]
Malgré cela, les enfants d’Israël acceptèrent de renoncer au droit de servir au profit des Lévi'im, car ils avouèrent et reconnurent leur part/implication dans la faute du veau d’or.

=> C’est pourquoi, Hachem Qui aime tant la Vérité, voulut montrer Son amour pour Israël justement dans ce contexte où ils se soumirent à la Vérité et admirent leur faute ainsi que ses conséquences, la perte de leurs droits à Servir dans le Sanctuaire et n’ont pas cherché à se justifier.

Pour ne pas qu'ils en viennent à s'attrister, à être atteints d'un sentiment d'infériorité (par notre faute nous sommes "condamnés" à être à un niveau moindre puisque n'ayant pas été choisis pour le service dans le michkan), la Torah les mentionne à ce moment à 5 reprises, pour bien souligner tout l'amour que Hachem porte à chaque juif.
[quelque soit son implication/rôle dans la spiritualité, un juif est toujours aimé par D., uniquement par le fait qu'il est juif!]

 

Ainsi selon le 'Hidouché haRim, de même que la Torah est composée de 5 livres séparés, qui sont des unités indépendantes mais qui ensembles combinées forment une seule Torah, de même les juifs sont divisés en : Cohanim, Lévi'im et Israëlim, représentant des unités séparées ayant chacune leurs propres fonctions, mais qui combinées forment une seule grande Nation, extrêmement précieuse et importante à Hachem.

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-> Selon le Torah Or, ce verset nous apprend ainsi, que par l'étude et la pratique de la Torah, il est possible de se hisser plus haut encore que le service dans le Sanctuaire (la avoda).

Les membres de la tribu de Lévi ont certes été désignés pour la prêtrise et pour le service dans le Michkan.
Néanmoins, la couronne de la Torah reste à la disposition de quiconque veut s'en coiffer.

=> Tout juif désireux de l'acquérir est apte à la saisir et à en orner sa tête!

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-> "Afin qu'il n'y ait pas de plaie parmi les enfants d'Israël quand les enfants d'Israël s'approchent du Sanctuaire" (Béha'aloté'ha 8,19)

-> Rabbi Meïr de Zhikov enseigne :
"Ne repousse pas ta visite dans le sanctuaire jusqu'au moment où tu auras des problèmes.
Fréquentes les synagogues même lorsque tu n'es pas dans un état de détresse."

[nos Sages disent qu'il vaut mieux prier avant d'avoir une difficulté, car sinon Hachem va nous envoyer une difficulté pour qu'on se souvienne de Lui, et qu'on se tourne vers Lui en prières.]