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Questions/Réponses – Paracha Vayé’hi

+ Questions/Réponses - Paracha Vayé'hi :

1°/ "S'il te plaît, ne m'enterre pas en Egypte" (Vayé'hi 47,29)

Une des 3 explications de Rachi est : les morts ensevelis hors de la terre d'Israël "vivent" dans la souffrance des migrations souterraines.
[Ils sont obligés d'endurer la souffrance de rouler à travers des tunnels pour atteindre la terre d'Israël pour la résurrection des morts]

Par ailleurs, la guémara (Kétoubot 111b) enseigne qu'au moment de la résurrection des morts, les tsadikim vont jaillir et se lever à Jérusalem.

=> Quel est l'intérêt de l'enterrer à 'Hevron, si Yaakov devra quand même subir des souffrances pour atteindre Jérusalem?

-> Le Mérafsin Igri répond que ceux qui sont enterrés en dehors d'Israël devront rouler dans le sol jusqu'à atteindre Jérusalem, et là ils ressusciterons.
Par contre, ceux qui sont enterrés ailleurs qu'à Jérusalem, vont d'abord revenir à la vie là où ils sont enterrés, et ensuite ils pourront marcher normalement jusqu'à Jérusalem.
Cette cette 1ere douleur (rouler dans le sol) que Yaakov voulait éviter.

-> Le Arizal écrit qu'il existe une cavité souterraine qui relit directement la grotte de Ma'hpéla ('Hebron) au Kotel. D'ailleurs, c'est par ce trajet que chaque veille de Shabbath, après le midi juif, nos Patriarches vont au Kotel.
On comprend mieux pourquoi, Yaakov ne s'est pas préoccupé d'être enterré à 'Hebron.

-> Rav Dovid Twerski (le 1er Rabbi de Tolna) rapporte les paroles de nos Sages que si une personne est méritante, des anges Célestes vont amener sont cercueil jusqu'en terre d'Israël, au moment de la résurrection des morts, lui évitant ainsi les douleurs liées au déplacement.
De même, les anges vont retirer d'Israël ceux qui ne méritent absolument pas d'y être ressusciter.

=> Yaakov a insisté pour être enterré en terre d'Israël, car dans son énorme humilité, il ne se considérait pas comme un tsadik, ne méritant pas que les anges viennent l'apporter en Israël.

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=> Pourquoi Yaakov veut-il à tout prix éviter d'être enseveli en Egypte?

-> Rachi donne 3 raisons : Car sa terre sera un jour vermine, qui s’agiterait sous mon corps. De plus, les morts ensevelis hors d’Erets Israël "vivent" dans la souffrance des migrations souterraines. Je ne veux pas, enfin, que les Egyptiens me rendent un culte idolâtre.

-> Yaakov a vu prophétiquement que l'Egypte sera frappée par la plaie des poux et que son sol sera criblé de vermine. S'il est enterré dans ce pays, cette vermine grouillera sous son corps.
Selon le Michnat rabbi Eliézer, c'est aussi l'unique raison pour laquelle Yossef a voulu que son cercueil soit immergé dans le Nil plutôt que d'être enseveli dans la terre.
De nombreux commentateurs objectent que c'est un fait connu : les plaies n'ont jamais sévi dans le pays de Gochen (par conséquent, Yaakov ne se souciait sans doute pas tant de cette plaie).
D'après certaines opinions, la plaie des poux a touché Gochen mais n'a pas affecté les Bné Israël.
Selon d'autres encore, compte tenu du prestige de Yaakov, les égyptiens auraient tenu à l'enterrer parmi les nobles du pays, hors de Gochen.

-> Yaakov redoute que sa sépulture ne devienne un lieu de pèlerinage où les égyptiens jugeront opportun de lui rendre un culte et de le considérer comme une divinité.
Il ne veut pas qu'ils viennent prier sur sa tombe ni pour la guérison des malades ni pour d'autres problèmes ou pour être délivrées des plaies qui affligeront la population dans le futur.
Il tient à éviter que les égyptiens, si leurs prières sont exaucées, ne l'attribuent à ses mérites, et au contraire, que cela diminue la gloire de D. si elles ne le sont pas.

-> Yaakov, qui vit que 70 ans en Egypte avec sa famille, est également conscient de l'influence qu'un long séjour dans ce pays risque d'avoir sur ces descendants. C'est pour lui un motif suffisant pour souligner, avec un sérieux solennel, son souhait que ses enfant ne l'enterrent pas en Egypte mais le portent dans le pays de leur ancienne et véritable patrie.
En voyant que Yaakov refuse même de se laisser inhumer dans ce pays, ils réaliseront combien il est important qu'ils n'adoptent pas l'Egypte comme patrie de remplacement.

-> De plus, comme il faudrait alors prendre de la terre autour de son corps pour le réinhumer, Yaakov serait resté en contact avec la terre impure d'Egypte pour toute l'éternité et il ne pouvait supporter cette idée.

-> Yaakov redoute que s'il est inhumé en Egypte, c'est de donner à penser qu'il n'a pas eu le mérite d'être enterré avec ses ancêtres dans le Caveau de Makhpéla. Il craint en outre que Essav, en voyant que sa dépouille est restée en Egypte, n'en profite pour usurper sa place dans le Caveau de Makhpéla.

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-> "Ne m’ensevelis pas, je te prie, en Egypte"

En voyant que ses enfants étaient bien installés en Egypte, Yaakov craignit qu’ils la prennent pour leur patrie, oublient qu’ils naquirent en Israël et substituent le Yarden par le Nil.

Le rabbi Shimshon Raphaël Hirsch explique que ce soucis préoccupait Yaakov en tant que chef de famille ; il désirait renforcer dans le cœur de ses descendants l’espoir de retourner en Terre promise.
Par sa demande de ne pas être enseveli en Egypte, il leur signifia que, même de manière posthume, il ne voulait pas y reposer et qu’il n’y avait donc pas de quoi aspirer à demeurer dans ce pays.

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-> "Les jours d'Israël (Yaakov) s'approchèrent pour mourir" (Vayé'hi 47,29)

=> Que signifie l'expression que les jours se rapprochent pour mourir?

En fait, au moment où le tsadik est prêt à quitter le monde, il bénéficie de perceptions spirituelles très élevées qu'il n'a jamais eu de sa vie. C'est pourquoi, il arrive que le tsadik attende et espère toute sa vie d'arriver à ce jour-là, pour bénéficier de cette lumière extraordinaire.
C'est ce qu'il en fut pour Yaakov. Tous les jours de sa vie, il attendait d'arriver au jour de sa mort, où il recevrait ces connaissances si hautes.
C'est ainsi que tous les jours de sa vie "s'approchèrent", c'est-à-dire qu'il espérait se rapprocher du jour où il allait mourir. Tout au long de sa vie, il avait une proximité avec ce jour-là, espérant et désireux qu'il arrive.
[Agra déKala]

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+ Yaakov quitte ce monde :

-> "Yossef mourut âgé de 110 ans; on l'embauma et il fut déposé dans un cercueil en Egypte" (Vayé'hi 50,26)

-> Comme Yaakov a demandé à être enterré en Canaan, il faudra plusieurs semaines, voire plusieurs mois, jusqu'à ce qu'on puisse porter son corps en terre. Durant ce laps de temps, la décomposition aura sans doute fait des ravages, ce qui sera un déshonneur pour Yaakov.
Par conséquent, Yossef juge préférable de l'embaumer. [Tossefot, Haémek Davar - Vayé'hi 50,2]
Selon le Yalkout Réouveni, c'est-à-dire qu'on ne pouvait s'en remettre à un miracle et supposer que le corps de Yaakov resterait intact pendant plus de 70 jours.

De plus, Yaakov ayant été un tsadik pur et sans faute, la libération de son âme ne dépend pas de l'état de son corps. [Malbim - Vayé'hi 50,2]
D'après une opinion, Yossef n'aurait pas dû faire embaumer son père mais avoir confiance que D. préserverait le corps de la décomposition.
Cette erreur a fait perdre à Yossef 10 années de sa vie (midrach Béréchit rabba 100,3).
D'après d'autres opinions, Yossef a perdu 10 ans de sa vie parce qu'il a gardé le silence en entendant son père se présenter à lui comme "son serviteur".
D'après le Yalkout Ner Sikhlim, Yossef a perdu 8 ans pour avoir gardé le silence lorsque son père se présenta à lui ainsi et 2 ans parce qu'il a embaumé son père.

C'est ainsi que Yossef ordonne aux médecins du roi, spécialisés dans l'art d'embaumer les défunts d'enseigner cette science à ses frères et de les guider dans ce travail, sans autrefois toucher eux-mêmes au corps de son père ; ses frères seuls s'en chargeront. [rabbénou Bé'hayé - Vayé'hi 50,2 ; Séfer 'Hassidim 533]

L'embaumement lui-même prend 40 jours. [Zohar Vayé'hi 250b ; Abarbanel]
Après avoir achevé cette tâche, les égyptiens rendent hommage au souvenir de Yaakov par une seconde période de deuil de 30 jours.
Depuis que Yaakov s'est installé dans leur pays, les égyptiens ont acquis une grande vénération pour Yaakov, non seulement parce qu'il est le père du vice-roi mais aussi parce qu'il est un sage et un véritable saint.
Son arrivée à mis un terme à la terrible famine et sa présence, saluée par le débordement du Nil a apporté la bénédiction à tout le pays. L'Egypte tout entière s'attriste de sa disparition et honore sa mémoire.
[...]

Yossef n'épargne aucun effort pour organiser un enterrement royal. Le cercueil d'or pur, serti de pierres précieuses a été drapé de pourpre.
Des petites bassines remplies de charbons ardents et posées sur des trépieds répandent le parfum capiteux des épices et du vin qui se consument. [Sefer haYacher, Targoum Yonathan - Vayé'hi 50,1]
Une foule compacte de dignitaires de haut rang, d'officiers, de sages, d'érudits, d'aristocrates, de gens du peuple, et même de domestiques accompagnent le convoi (voir Sforno, Ibn Ezra), plus de 100 000 personnes et 43 000 voitures en tout (Tossefot, midrach ha'Héfets - Vayé'hi 50,9).
Tous sont venus parce que Pharaon leur a expressément fait comprendre que telle était sa volonté et par respect pour le Sage hébreu. [Sforno, Haémef Davar - Vaéy'hi 50,7]
Quelques agent royaux disséminés avec pour mission de s'assurer que les Hébreux reviendront en Egypte après l'enterrement. (voir Hadar Zékénim, Tsor haMor)

Les messagers célestes qui ont autrefois escorté Yaakov jusqu'à 'Haran lorsqu'il a dû quitter la maison de son père, se joignent au convoi. [Rabbénou Bé'hayé]
La Présence Divine elle-même ainsi que les créatures célestes vont l'accompagner jusqu'à l'endroit où il trouvera le repos éternel. [voir midrach Béréchit rabba 100,5 ; Tsor hamor - Vayé'hi 50,9]

Devant le convoi, des serviteurs aspergent la route de myrte, d'épices et d'autres essences odoriférantes. [Séfer haYachar]
A la fin du convoi se trouve le cercueil, escorté par Yossef et ses frères qui avancent en phalange selon les instructions que leur avait laissées Yaakov.

Les honneurs accordés à Yaakov seront largement récompensés.
Yossef a ignoré son propre honneur et son statut de vice-roi pour s'occuper personnellement de tous les détails des funérailles. Par une juste mesure de retour, D. le bénira et à sa mort, sa dépouille sera portée en Canaan par les soins personnels de Moché, le plus grand dirigeant que le peuple d'Israël ait jamais connu.
Quant aux égyptiens, ils sont également récompensés d'avoir accordé des honneurs à Yaakov. Après le passage de la Mer Rouge, leur corps sur le rivage ne sera pas laissé en proie à la décomposition et tous seront ensevelis dans la terre.
[rav Yossef Deutsch]

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-> Yaakov sera enterré le 1er jour de Souccot, 77 jours après que Yossef lui ait fermé les yeux, et a été la dernière personne qu'il ait vue avant de mourir. [Yalkout Réouvéni]
D'ordinaire la Torah dit : "vayigva vayamot" (il a expiré et il est mort), mais pour Yaakov elle dit uniquement : "vayigva" (il a expiré), ce qui implique qu'il n'est pas mort (voir Rachi & Ramban sur Vayé'hi 49,33).
[Rachi : Le terme de "mort" n’est pas employé à son sujet, de sorte que nos maîtres ont enseigné : "Notre patriarche Yaakov n’est pas mort!" (Yaakov avinou lo mét - guémara Taanith 5b)]
=> Qu'est-ce que cela signifie, exactement?

-> Certains prennent le verset au sens littéral : bien que Yaakov ait été embaumé et inhumé, il était dans un état comateux. En fait, comme on le verra plus loin, lorsque Essav a contesté le droit de Yaakov d'être enterré au Caveau de Makhpéla, Yaakov a ouvert les yeux et a souri en voyant la vengeance de D. à l'encontre de son frère.
Ceci constitue une preuve supplémentaire que Yaakov a continué à vivre.

-> D'après d'autres commentateurs, ce passage est à prendre dans un sens symbolique.
Yaakov est resté spirituellement vivant car tous ses enfants, sans exception, étaient des tsadikim.
Pour la même raison, la Torah nous dit que Yaakov reviendra à la vie pour rejoindre ses enfants en exil et sera délivré avec eux.
[Voir Rachi sur Téhilim 78,12, où il dit que les Patriarches se sont joints aux Bné Israël lors du passage de la mer Rouge.]

-> D'autres disent que Yaakov n'est pas mort car il n'en a pas du tout ressenti les effets (rabbénou Bé'hayé).
[rabbénou Bé'hayé (49,33) décrit la mort de Yaakov et explique en quoi elle est similaire à celle d'Eliyahou haNavi]

-> Le Alchikh haKadoch explique que Yaakov notre patriarche avait deux néchamot (âmes) : la première, celle de "Yaakov" qu'il reçut dès sa naissance et la seconde, plus élevée, la néchama " d'Israël" qu'il mérita de recevoir après son combat avec l'ange d'Essav. A l'issue de cette confrontation, l'ange lui annonça : "On ne t'appellera plus dorénavant par ton nom Yaakov, mais Israël car tu as combattu avec les anges et les hommes, et tu as triomphé" (Vayichla'h 32,29).
Ainsi, le Alchikh haKadoch nous dévoile que c'est la néchama d'Israël qui se retira du corps de Yaakov pour monter dans les mondes supérieurs. La néchama de Yaakov quant à elle ne le quitta pas, et c'est la raison pour laquelle les Sages s'exprimèrent de façon bien précise dans leur enseignement : "Yaakov notre père n'est pas mort" (guémara Taanit 5b).
Ainsi, à chaque fois qu'il est mentionné le mot "mort" dans la Torah, cela fait référence à Israël, mais lorsqu'apparaît le nom Yaakov, le terme de "mort" n'est pas employé.

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-> Les égyptiens de l'Antiquité embaumaient ou momifiaient les défunts, principalement parce qu'ils croyaient que le corps physique serait important dans l'autre vie. L'objectif de la momification était donc de préserver le corps de la manière la plus authentique possible.
Une autre raison invoquée est que les anciens égyptiens pensaient que l'âme continuait à vivre après la mort d'une personne. Ils pensaient qu'un corps momifié était un lieu ou une maison où l'esprit de la personne pouvait retourner après la mort.

Rabbi Yonathan Eibshitz (Yaarot Dvach 1) estime que la raison pour laquelle les Égyptiens avaient cette pratique était basée sur la deuxième explication donnée. Les égyptiens pensaient que tant que le corps était intact, l'âme résidait dans le corps. Une fois le corps décomposé, l'âme s'en allait.
Les anciens égyptiens pratiquaient la sorcellerie. Ils parlaient aux morts pour tenter de prédire l'avenir.
Tant que l'âme était encore liée au corps, il leur était plus facile d'entrer en contact avec l'âme du défunt.
Les égyptiens d'autrefois n'étaient pas intéressés par la préservation du corps pour le bien du défunt. Leur motivation était basée sur l'intérêt personnel. Le fait que l'âme reste liée au corps leur permettait de communiquer avec le défunt.

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2°/ Lesquelles des 12 tribus meurent avec davantage de maladies que les autres?

-> Rachi (v.49,22) commente : la descendance de Yossef est invulnérable au mauvais œil (guémara Béra'hot 20a).

De même, lorsque Yaakov a béni [les enfants de Yossef : ] Menaché et Efraïm (v.48,16), il a souhaité qu’ils se multiplient comme les poissons, sur lesquels le mauvais œil n’a aucune prise.

La guémara (Baba Métsia 107b) enseigne que sur 100 morts, 99 sont causées par le mauvais œil (ayin ara), et une seule l'est suite à des causes naturelles.
Les Tossefot font remarquer que puisque les descendants de Yossef sont protégés contre le mauvais œil, on aurait pu penser qu'ils vivent beaucoup plus longtemps que le restant des juifs, car étant immunisés contre 99% des causes de mort.
Cependant, dans la réalité nous ne constatons pas de différence de durée de vie entre les différentes tribus du peuple juif.

=> Les Tossefot suggèrent que lorsque le temps de mourir est venu pour un descendant de Yossef, Hachem le frappe alors d'une maladie qui lui sera fatale. C'est ainsi que ces derniers meurent beaucoup plus fréquemment de maladie que les autres tribus.

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-> En se plaçant devant Ra'hel pour éviter que Essav ne la voie, Yossef a mérité une bénédiction le protégeant du mauvais œil comme les poissons qui se trouvent dans l'eau, cachés du regard des hommes.
De plus, Yaakov lui a souhaité que, comme les poissons, ses descendants ne puissent vivre sans la Torah qui est comparée à l'eau.
[cf. midrach Béréchit rabba 97,3 ; midrach Tan'houma Vayé'hi 6]

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[selon nos Sages, toutes les femmes égyptiennes regardaient Yossef, et lui ne les regardait pas.
Ainsi, pour se protéger du mauvais œil, il ne faut pas utiliser ses yeux négativement (choses interdites, jalousie, ...), à l'inverse il faut avoir un regard positif (sur autrui, sur ce que l'on a dans la vie, ...)]

-> b'h, dvar Torah sur la jalousie et le ayin ara : https://todahm.com/2018/12/09/jalousie-et-mauvais-oeil

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3°/ Combien de fois Yaakov a-t-il était enterré?

-> La michna dans Nazir (9,3) nous enseigne que si une personne transfert un corps qui a déjà été enterré, elle doit également prendre avec un peu de la terre qui est autour.

La guémara (Nazir 65a) déduit ces lois de la demande de Yaakov : "tu me transporteras hors de l'Egypte" (Vayé'hi 47,30), commentant que Yaakov a dit à Yossef de prendre également de la terre environnante avec son corps.

=> Selon le sens simple de cette guémara, Yaakov a d'abord été enterré immédiatement en Egypte après sa mort, et 70 jours plus tard, il a été déterré et ré-enterré à 'Hevron.

-> Cependant, le Moshav Zékénim (et le Rambam) affirme que Yaakov n'a jamais été enterré en Egypte.
La guémara peut être comprise comme Yaakov demandant à Yossef de ne surtout pas l'enterrer en Egypte, car après il devront prendre de la terre de ce pays, ce qui leur donnera inutilement du travail supplémentaire.

-> Dans la Torah, d'abord les frères se sont assis en deuil pour leur père (v.50,10), et c'est seulement ensuite que "ses fils le portèrent au pays de Canaan et l'ensevelirent dans le caveau" (v.13).
Or, selon la loi juive (Choul'han Aroukh - Yoré Déa 375,1), la période de deuil débute au moment où l'on procède à l'inhumation et après la fermeture de la sépulture avec la terre. Dès cet instant, les proches doivent se conformer aux lois des endeuillés.

Selon le Panéa'h Raza, cela est en accord avec les paroles du 'Hizkouni, qui maintient que Yaakov a été enterré d'abord en Egypte. En effet, cela explique pourquoi ils ont pu prendre le deuil sur sa mort avant de l'enterrer en Israël.

["L'Egypte le pleura 70 jours" (v.50,3), après cette période Yossef demanda à Pharaon de lui permettre de réaliser sa promesse de l'enterrer en terre d'Israël.]

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-> Parmi les égyptiens qui se joignirent aux funérailles de Yaakov aucun ne mourut, ne tomba malade ou endura des souffrances durant cette année-là.
Ils eurent le mérite immense de porter le deuil d'un saint tel que Yaakov.
En effet, participer à de telles funéraires (d'un tsadik de la génération) revêt une importance considérable.
[Yalkout Réouvéni - rapporté par le Méam Loez (Vayé'hi 50,11)]

[en participant à l'enterrement d'un grand Sage de notre génération, nous méritons également d'énormes bénédictions.]

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-> "Yossef tomba à la face de son père et pleura sur lui" (Vayé'hi 50,1)

=> On peut se demander pourquoi Yossef n'a-t-il pas aussi prononcé un éloge funèbre (Hesped) pour son père, après sa mort? C'est seulement en Canaan qu'on prononça des élégies!

En fait, Yaakov a insisté pour ne pas être enterré en Egypte. Il ne voulait pas que son corps repose dans ce pays impur. Or, nos Sages enseignent que quand on prononce un Hesped sur une personne, c'est comme si on l'enterrait à cet endroit. C'est pourquoi, Yossef n'a pas prononcé de Hesped sur son père en Egypte, pour ne pas même que l'on puisse considérer qu'il ait été enterré en Egypte par l'entremise de ce Hesped.
[Kérem haTsvi]

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-> "Ils arrivèrent jusqu'à l'Aire des ronces (Guoren Haatad)" (Vayé'hi 50,10)

=> Pourquoi est-ce précisément à cet endroit que l'on prit le deuil pour la mort de Yaacov?

En fait, l'Aire des ronces fait allusion à la malédiction que reçut Adam pour la faute originelle qu'il commit. En effet, suite à cette faute, la terre fut maudit de produire des "ronces" et des mauvaises herbes.
Or, Yaakov a amené la bénédiction en Egypte. Ainsi par exemple, par sa venue, la famine cessa. Il apporta donc autour de lui la protection contre la malédiction causée par la faute originelle. En effet, selon nos Sages, il répara, à titre individuel, la faute de la consommation de l'arbre de la connaissance.
En arrivant dans l'Aire des ronces et en voyant les "ronces" qui s'y trouvaient, tout le monde perçut un message qu'à présent que le Juste s'en est allé, sa protection s'arrête et la malédiction peut se rétablir.
C'est donc là que l'on prit le deuil pour sa disparition, comprenant l'impact de son départ de ce monde.
[Panim Yafot]

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+ L'impact de la venue de Yaakov en Egypte :

-> Selon certaines opinions (ex: rabbénou Bé'hayé), la sécheresse a repris après la mort de Yaakov et a duré ensuite 5 terribles années, prouvant de façon éclatante que son arrivée avait interrompu la famine.
Le 'Hatam Sofer explique que Yaakov désirait rester en Egypte car : il était conscient que son absence déclencherait de nouveau la famine. Il ne servait donc à rien de quitter l'Egypte tout en sachant qu'ils devraient y revenir pour s'approvisionner.

L'arrivée de Yaakov à mis un terme à la terrible famine et sa présence saluée par le débordement du Nil a apporté la bénédiction à tout le pays d'Egypte.

Selon d'autres (ex: Ramban), la sécheresse a cessé en Egypte uniquement, mais elle a sévi partout ailleurs sans aucun répit. Tous ont donc pu constater que la prédiction de Yossef était exacte, et que l'Egypte n'a échappé au fléau avant son échéance que grâce à la bénédiction de Yaakov.
[...]
Après son arrivée en Egypte, Yaakov a vécu encore 17 années en Egypte, période durant laquelle Yaakov et sa famille vont mener une vie calme et prospère au pays de Gochen, dans la plus grande pureté.
Le mérite de Yaakov n'a pas seulement apporté la bénédiction à sa propre famille mais à tout le pays.
Son arrivée en Egypte a mis fin à la famine et sa présence a continué à protéger la vie de toute la population. En ce sens, on ne note aucun avortement ni chez les femmes ni chez les bêtes, et dans toute l'Egypte, personne ne souffre plus de maux de dents.
Quant à Yaakov et sa famille au pays de Gochen, ils se sentent en présence de D. qui veille sur eux et les protège.

La vie des Bné Israël paraît dans un 1er temps idyllique, mais après la mort des fils de Yaakov, la situation se dégradera peu à peu et le souvenir des bienfaits de Yaakov et Yossef envers le royaume d'Egypte s'effacera de la mémoire collective.
[rav Yossef Deutsch]

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4°/ Quelles sont les 4 personnes qui ont été enterrées dans cette paracha?

La Torah rapporte que Yaakov a été enterré à 'Hevron (v.50,13).

Le midrach (Pirké déRabbi Eliezer 38) rapporte que Essav a essayé d'empêcher que Yaakov soit enterré dans la Méarat haMakhpéla, et qu'à un moment 'Houchim ben Dan lui a coupé la tête, qui a roulé dans le caveau et y a été enterrée.

La paracha Vayé'hi se termine par la mort de Yossef (v.50,26), qui selon la quémara (Sotah 13a) son cercueil a été plongé dans le Nil.

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-> "Yossef retourna en Egypte, lui et ses frères, et tous ceux qui étaient montés avec lui pour enterrer son père, après qu'il eut enterré son père" (v.50,14)

=> Que vient nous ajouter : "après qu'il eut enterré son père" ?

Selon le Choul'han Arou'h (Yoré Déa 242,17), si 3 personnes marchent ensemble, la personnes la plus respectable doit être au milieu, la 2e plus respectable doit être à droite, et la 3e à la gauche.

Le Birké Yossef y ajoute que dans le cas où il n'y a 2 personnes marchant ensemble, celui qui est le plus honoré doit marcher à la droite, et l'autre personne à sa gauche.

La guémara (Yérouchalmi Taanit 4,2) rapporte que nos 3 Patriarches sont enterrés de cette manière, avec Avraham au milieu, Its'hak à sa droite, et Yaakov au gauche. Cependant, les Patriarches ne sont pas morts en même temps.
Lorsque Its'hak y a été enterré, ils n'étaient que 2, et ainsi il a été positionné à gauche de Avraham.

Cependant, dans notre paracha suite à la mort de Yaakov, ils étaient 3 personnes
Le Rogatchover Gaon explique qu'on a tout d'abord exhumé Its'hak de sa place, pour le faire passer de la gauche à la droite d'Avraham.
Ce n'est qu'ensuite, qu'ils ont pu enterrer Yaakov dans la parcelle qu'occupait avant Its'hak.
C'est ce que vient nous apprendre la répétition de : "pour enterrer son père, après qu'il eut enterré son père"" = il y a eu 2 enterrement : celui de Its'hak et de Yaakov.

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5°/ Pourquoi bénissons-nous nos enfants d'être spécifiquement à l'image de Efraïm et Ménaché, et pas d'autres tribus?

-> Rabbi 'Haïm Yossef Kofman rapporte que selon nos commentateurs c'est la 1ere fois depuis la Création du monde, que tous les frères d'une famille s'entendent bien ensemble.
En effet, il y a eu : Caïn et Evel, Its'hak et Ichmaël, Yaakov et Essav, Yossef et ses frères.

Durant toute sa vie, Yaakov a pu se rendre compte des terribles conséquences de la haine et de la jalousie entre frères, et c'est ainsi lorsqu'il a vu l'amour profond et pur entre Efraïm et Ménaché, il a ressenti que c'est la bénédiction ultime que peut utiliser un juif pour ses propres enfants.

D'ailleurs, on peut noter que les noms : "Efraïm Ménaché" (אפרים מנשה) a une guématria de 726, qui est exactement égale à : "שים שלום" (Fais reposer la paix - shim shalom).

-> Yaakov a changé ses mains, en plaçant sa droite sur la tête de Efraïm, à la place de Ménaché qui est l'aîné, au point que Yossef dise : "Pas ainsi, mon père! Puisque celui-ci est l’aîné, mets ta main droite sur sa tête." (48,18).

Yaakov va quand même mentionner le nom du plus jeûne avant celui de Ménaché, proclamant même : "son jeune frère sera plus grand que lui (l'aîné)" (48,19).

En tant qu'aîné et connaissant l'impact des paroles de Yaakov, Ménaché aurait pu bondir à ce moment, et protester : "Grand-père, ce n'est pas juste! C'est moi qui dois mériter cette bénédiction! Je veux ta main droite sur ma tête!"
Cependant, Ménaché n'a rien dit, et Efraïm ne s'est à aucun moment vanter de sa supériorité.
=> C'est ce type de relation que Yaakov souhaite à chaque famille juif dans le futur, au point qu'au moment de mourir Yaakov nous laisse comme héritage l'idée suivante : la plus grande source de plaisir des parents est de voir ses enfants vivre en paix et en harmonie l'un avec l'autre, à l'image de Efraïm et Ménaché.

-> Lorsque Yaakov a interverti ses mains pour bénir le cadet Efraïm avant l’ainé Ménaché, il n’a remarqué aucune forme d’orgueil chez Efraïm et aucune forme de jalousie chez Ménaché. Il a alors souhaité qu’il en soit ainsi pour tous les juifs dans toutes les générations. [Egra déKala]

-> De même le rabbi Avraham Zalmans de Novardok enseigne : la jalousie est l’un des 3 défauts qui font sortir l’homme du monde. Or voilà que Ménaché, l’aîné de Yossef, constate que Yaakov a croisé ses mains pour faire passer Efraïm, le plus jeune, avant lui, et pas seulement pour un petit moment, mais à jamais.
L’humiliation était terrible. [il avait conscience du pouvoir phénoménal et éternel des bénédictions de Yaakov!]
Et pourtant, Menaché lui-même ravale son chagrin, son jeune frère restera à jamais plus grand et plus important que lui, alors que de son côté il n’éprouve ni haine ni jalousie.
Devant pareille grandeur, on comprend pourquoi Yaakov a fixé comme bénédiction pour tout Israël et pour les générations : "Que D. te place comme Efraïm et comme Menaché".

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-> La main est posée sur la tête pour faire passer les forces spirituelles de la bénédiction sur la personne à laquelle elle est donnée.
De même le Cohen étend les mains vers la communauté pour la bénir.
[Sforno - Vayé'hi 48,18 ; Rabbénou Bé'hayé - Vayé'hi 48,14]

-> Le Rabbi de Zaloshitz (Ohalé Chem) se demande pourquoi Yaakov a croisé les mains (Vayé'hi 48,14) et n’a pas simplement dit à Efraim et Ménaché de changer de position?
La guémara (Soucca 8a) nous dit que la diagonale d’un carré est 1/3 fois la taille du carré.
Par conséquent, Yaakov croisa les mains en diagonale pour que la bénédiction qu’il était sur le point de donner soit augmentée d’un tiers (1/3).

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-> Le rav Zalman Sorotskin (Oznaïm laTorah) explique que toutes les autres tribus ont vécu de nombreuses années en terre sainte, dans un environnement de sainteté, tous ensemble, auprès de Yaakov.
En revanche, Efraïm et Ménaché sont nés et ont évolué en Egypte, dans ce pays dévoyé/impur, entourés de réchaïm.
L'Egypte symbolise l'exil par excellence. Mais l'assimilation ne les a pas touchés. Malgré tout, ces 2 enfants restèrent fidèles à la tradition de leur père, Yossef, et ne se fondirent pas dans la masse.
Or, nos sages disent qu'à la fin de sa vie, Yaakov vit, par prophétie, la date de la fin des temps, de la fin de l'exil. Quand il vit la longueur de l'exil et du fait que pendant de très nombreuses années, ses descendants devront vivre en diaspora, dans des pays hostiles à la Torah, il souhaita à tous ses descendants de ressembler à Efraïm et Menaché.
Même s'ils vivent dans des pays d'exil et d'impureté, il leur souhaita de parvenir malgré tout à conserver leur spécificité, et ne pas s'assimiler.
L'exemple type de celui qui évolue parmi les nations tout en restant fidèle à sa tradition, c'est l'exemple d'Efraïm et Ménaché, l'exemple à suivre pendant toutes les longues années d'exil.

-> De même, le rabbi Chemouël Houminer (dans Eved HaMélekh) enseigne :
De toutes les Tribus, seuls Ménaché et Efraïm sont nés et ont grandi en Egypte, qui était plongée dans l’impureté. Dans leur maison se rassemblaient toujours des ministres et des mages, comme il est d’usage dans la maison du vice-roi. Là, dans un pays étranger, ils étaient restés de longues années.
Ce n’est pas le cas des autres tribus, qui avaient grandi et avaient été élevés dans la maison de Yaakov, dont l’esprit s’épanchait sur eux. Quand ils sont venus de ‘Haran en terre d'Israël, ils ont mérité de se trouver avec leur grand-père Its’hak.
Malgré tout, quand Yaakov est venu en Egypte, il s’est aperçu qu’Efraïm et Ménaché ne s’étaient pas du tout laissés attirer par l’impureté de l’Egypte, et n’étaient pas impressionnés par ce peuple, ses dirigeants ni ses coutumes. Au contraire, il a vu en eux qu’ils avaient été élevés par Yossef le tsaddik dans les voies de la Torah et de la crainte du Ciel, au point qu’ils ont été trouvés dignes de compter parmi les 12 tribus saintes d’Israël.

=> Le chemin de ce niveau élevé n’avait certainement pas été évident et facile pour Efraïm et Ménaché. Il n’y a aucun doute que de nombreuses épreuves et de grandes difficultés avaient parsemé leur chemin, et pourtant ils avaient vaincu les obstacles et les empêchements, et marchaient uniquement dans le chemin de la sainteté de leurs ancêtres, comme le leur avait enseigné leur père le tsaddik. C’est à cela que doit penser tout homme quand il bénit ses fils et ses élèves, et tout homme d’Israël.

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-> Le 'Hatam Sofer explique que Efraïm et Menaché ont chacun une particularité.
En effet, nos Sages enseignent que Efraïm était le plus proche de Yaakov, après sa descente en Egypte. C'est lui qui étudiait tout le temps la Torah avec son grand-père. Ainsi, Efraïm symbolise celui qui se consacre à l'étude.
Par contre, Ménaché était plus proche de son père, Yossef, il l'aidait dans la gestion de l'état et s'occupait des richesses de l'Egypte. Ainsi, Ménaché symbolise celui qui s'implique dans le monde, à travers un travail, et qui
s'enrichit.

Yaakov savait que chaque parent souhaite ces deux caractéristiques pour ses enfants : qu'ils réussissent dans la Torah, mais aussi qu'ils réussissent professionnellement et qu'ils aient une bonne situation.
Cependant, l'essentiel de la bénédiction de Yaakov, ce qu'il voulait que chaque père transmette à ses descendants, c'est qu'il "place Efraïm avant Ménaché." Certes, chaque père souhaite la orah et la richesse à ses enfants, mais l'essentiel, c'est que son ambition soit qu'en priorité, ses enfants soient des grands en Torah.
=> La richesse oui, pourquoi pas, mais la Torah c'est la priorité : Efraïm avant Ménaché!

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-> Le Rav Chlomo Bloch se rapporte à un principe selon lequel il existe une descente dans les générations (yérida adorot).
Plus les générations passent et plus la grandeur spirituelle diminue. La 2e génération étant moins grande spirituellement que la première.
Malgré tout, 2 personnes ont échappé à cette règle : ce sont Efraïm et Ménaché. En effet, Yaakov dit à leur propos : "Efraïm et Ménaché seront pour moi comme Réouven et Chimon" = c'est-à-dire que bien que Efraïm et Ménaché appartiennent à la génération suivante, par rapport aux tribus, malgré tout Yaakov les élève et les place au niveau des tribus, comme Réouven et Chimon, comme s'ils appartiennent à la génération précédente, puisqu'ils n'ont pas subi la diminution des générations.

=> C'est cela que chaque parent souhaite à ses enfants. Chaque père souhaite que son fils soit au moins aussi grand que lui, voire même plus.
Un parent désire profondément que ses enfants échappent à la règle de la diminution des générations et que tout au moins, ils l'égalent, et ce à l'image d'Efraïm et Ménaché.

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-> Le Ohr ha'Haïm haKadoch dit que Yaakov bénit Efraïm et Ménaché de tellement de bénédictions au point qu'il ne puisse y avoir de bénédictions supplémentaires.
=> Par conséquent, chaque parent qui souhaite toutes les bénédictions pour ses enfants, voudra les bénir à l'image de Efraïm et Ménaché, qui ont été bénis de toutes les bénédictions possibles.

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=> Pourquoi Yaakov a-t-il béni le plus jeune Efraïm avant son frère Ménaché?

-> Yossef avait épousé Osnat qui était la fille de Dina et du prince de Chékhem.
Osnat avait donc une moitié de sainteté (kédoucha) du côté de sa mère Dina, fille de Léa, et une moitié d'anti-sainteté du côté de son père.
Ménaché, le fils aîné de Yossef (totalement kadoch) et de Osnat, a pris du côté de sa mère sa moitié d'anti-sainteté et du côté de son père Yossef la moitié de sa sainteté.
Quant à son frère Efraïm, il a pris de sa mère Osnat la moitié de sainteté dont elle avait hérité et de son père Yossef l'autre moitié de sainteté.
Ainsi, contrairement à son frère aîné Ménaché, Efraïm était totalement saint (kadoch).

C'est pourquoi, lorsque Yossef amena ses 2 fils Ménaché et Efraïm auprès de son père Yaakov pour les bénir, en plaçant l'aîné Ménaché à la droite (en position prioritaire) de Yaakov, ce dernier permuta ses mains en posant sa main droite sur la tête d'Efraïm, le fils qu'il savait plus kadoch (saint) que son aîné.
De plus, c'est pour cette même raison que seule la moitié de la tribu de Ménaché est entrée en terre d'Israël et l'autre moitié est demeurée de l'autre côté du Jourdain ; par contre toute la tribu d'Efraïm a eu le mérite d'entrer en terre d'Israël.
[Ben Ich 'Haï]

-> Le Bné Yissa'har enseigne :
Si Ménaché était l'aîné, pourquoi Yaakov bénit-il Efraïm avant Menaché, avec le bras droit, en croisant les bras?
En fait, les 12 tribus d'Israël correspondent aux 12 mois de l'année. Chaque mois correspond à une tribu selon l'ordre comment ils étaient disposés sous les 4 drapeaux dans le désert.
D'après cela, le mois de Tichri amorce le drapeau de Efraïm, le mois de Mar'hechvan correspond à Menaché. L'inauguration du 1er Temple eut lieu dans le mois de Tichri, celui de Efraïm. Or, les saints livres enseignent que le 3e Temple sera inauguré au mois de Mar'hechvan, celui de Menaché. Puisque l'aboutissement final sera réalisé par la reconstruction du 3e Temple, c'est pourquoi c'est Ménaché l'aîné, à qui revient la plus grande importance.
Et puisque dans l'ordre chronologique, par la force des choses, le 1er Temple a été inauguré en premier, c'est pourquoi Yaakov bénit Efraïm avant Menaché.

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-> "Il les bénit en ce jour en disant : Israël bénira par toi en disant : que D. te place comme Efraïm et comme Menaché, et il mit Efraïm avant Menaché" (Vayé'hi 48,20)

-> Le Targoum Yonathan dit que le jour de la circoncision, on bénit l’enfant en disant : "Que D. te place comme Efraïm et comme Menaché".

=> En quoi cette bénédiction est-elle liée à la circoncision?

-> Nous savons que les 2 fils de Yossef avaient des rôles très différents ; le plus âgé, Ménaché était très impliqué dans le monde matériel, il assistait Yossef, mais parvint à maintenir son niveau de piété.
En revanche, Éfraïm, le plus jeune, était plongé dans l’étude de la Torah.
Le Ktav Sofer souligne qu’Éfraïm est considéré comme plus vertueux, du fait de son érudition.
=> Dans ce cas, pourquoi YaacKov commence-t-il sa bénédiction par Éfraïm, pour ensuite ajouter Ménaché, qui, en dépit de sa grandeur, n’était pas au niveau d’ÉFraïm? Généralement, on commence une bénédiction par le plus petit niveau, puis on continue en s’élevant ...

Le Ktav Sofer explique que le juif peut choisir 2 voies différentes dans sa vie. Il peut consacrer ses journées à l’étude de la Torah, ou bien travailler pendant une grande partie de la journée, tout en fixant des temps d’étude, en effectuant des actes de bonté, ou en soutenant financièrement des personnes qui étudient toute la journée.
La 2e option convient à la plupart des gens ; rares sont ceux qui peuvent se consacrer entièrement à l’Étude.
Le Ktav Sofer affirme par ailleurs que seul un millième de ceux qui entrent dans le beit hamidrach (pour étudier toute la journée, quotidiennement) deviendra apte à trancher la Halakha. Toutefois, chaque père doit élever ses fils, en leur donnant la chance de réussir dans la Torah, d’atteindre les plus hauts niveaux, bien que la probabilité qu’ils les atteignent soit faible, et qu’ils choisiront certainement de travailler pour gagner leur vie et d’étudier quelques heures par jour "seulement".
Ceci, car si l’on ne donne même pas la possibilité à notre enfant de devenir un Talmid ’Hakham, il n’aura aucune chance de réussir dans la voie de la Torah.

Pour revenir au rapport entre la bénédiction et la brit mila, le Ktav Sofer explique que cette dernière représente le début de l’éducation de l’enfant, la première étape de l'éducation ('hinoukh). Il est donc important de bénir le bébé, à ce moment, et de lui souhaiter de devenir comme Éfraïm (c’est-à-dire d’exprimer notre intention de lui donner une chance d’émuler Éfraïm, l’érudit en Torah) et ensuite de lui souhaiter de devenir comme Ménaché (on exprime ainsi l’espoir, s’il n’est pas capable de devenir un grand érudit en Torah, de le voir agir comme Ménaché, qui resta vertueux tout en étant impliqué dans la matérialité).

-> Le ’Hazon Ich soulignait ce point, et disait souvent que chacun doit avoir la possibilité de devenir un grand Talmid ’Hakham (érudit en Torah), bien que la plupart des gens n’atteindront pas cet objectif.
Dans ces mots : "Chacun doit avoir l’opportunité de devenir "le millième", peu importe la probabilité du résultat."
Il ajoutait qu’on ne peut pas être sûr qu’un individu ne pourra pas devenir un grand érudit, dès son jeune âge.
Il raconta que l’un des Grands de la génération n’était pas doué dans l’Étude, il était même considéré comme un vrai cancre, à 18 ans encore. Pourtant il devint l’un des Rabbanim les plus respectés de son temps. Si on l’avait traité avec cette approche, à savoir qu’un élève faible n’a aucune chance de devenir un Grand en Torah, il aurait reçu une plus médiocre éducation et ceci aurait privé le monde d’un Gadol.
[bien évidemment, il peut parfois s’avérer négatif que certains jeunes homes continuent d’étudier intensivement la Torah. Ce sujet est complexe et chaque cas est à traiter isolément, en fonction des circonstances et il convient de s’adresser à un Rav compétent en ce domaine.]

=> Ainsi, nous bénissons nos fils et leur souhaitons, dès leur brit mila, de s’efforcer de devenir de grands érudits en Torah. Comme l’enseignent le Ktav Sofer et le ’Hazon Ich, il nous incombe de leur donner la chance de réussir.

-> De son côté, le rav Eliyahou Dessler dit qu’il y a un Menaché qui ressemble à Efraïm et un Efraïm qui ressemble à Menaché.
On peut être installé au Beit HaMidrach (maison d'étude) comme Efraïm alors que la tête est dans les affaires de ce monde comme Menaché, et on peut être installé dans une boutique comme Menaché alors que la tête se trouve dans les problèmes du Talmud et les sujets portant sur la crainte du Ciel comme Efraïm.

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-> Comment Efraïm a-t-il acquis un statut supérieur alors qu'il était le plus jeune des 2 frères?
Par le fait qu'il s'est toujours conduit modestement et a servi son grand-père de façon désintéressée, de la même façon que Yéhochoua, son descendant, servira ensuite Moché.
Nos Sages font souvent remarquer que plus une personne se conduit modestement, plus elle est digne d'être élevée.

Les Doudaïm – les mandragores

+ Les Doudaïm - les mandragores :

"Je t’ai retenu pour les mandragores de mon fils" (Vayétsé 30,16) :

-> Quand Réouven apporta des mandragores à Léa, sa mère, Ra’hel les lui demanda.
Léa les lui donna en échange du fait que Yaakov passe cette nuit avec elle, et non avec Ra’hel, comme c’était prévu.

Les mandragores sont une plante qui a la vertu de pouvoir rendre fécond et d'avoir des enfants. C’est pourquoi Ra’hel en voulait tant.

Mais c'était le cas également de Léa, qui avait cessé d’avoir des enfants depuis un certain temps,et elle en avait aussi besoin, et c’est pour cela que son fils lui en apporta.
Malgré tout, elle accepta de les céder à sa sœur. En effet, elle voulait garder dans son cœur la conviction que seul Hachem peut donner des enfants. Elle ne voulait pas faire dépendre sa fécondité à des causes naturelles, comme la consommation de mandragores. Et c’est par cette foi, dont elle fit preuve en cédant les mandragores à sa sœur et en y renonçant pour elle-même, qu’elle mérita de concevoir cette nuit-là.
En effet, Hachem est la cause de toutes les causes, et c’est Lui qui fait tout, sans avoir besoin de se plier à aucune règle de la nature. Et le meilleur moyen d’obtenir ses besoins [personnels] est uniquement de placer fortement sa confiance en Lui.

[d'après le 'Hidouché haRim]

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-> Ra'hel et Léa avaient des intentions pures :

- Léa voulait que Ra'hél soit heureuse de son sort, sans avoir d'amertume, et elle lui dit qu'elle a de quoi se réjouir, certes elle n'a pas d'enfants mais Yaakov est meilleur pour elle que 10 fils.
Elle a mérité l'amour du plus grand de la génération, de Yaakov, l'homme parfait installé dans les tentes, et que donc elle participe à sa part dans le service de Hachem et à sa Torah.
[d'une certaine façon, Léa voulait à tout prix passer la nuit avec Yaakov, pour montrer à Ra'hel l'importance qu'elle avait d'être si aimée aux yeux de Yaakov, même au prix de ne pas avoir d'autre enfant (par le fait de donner à Ra'hél les mandragores)!
De plus elle désirait pour sa sœur des enfants, afin que celle-ci n'est pas honte d'en avoir moins que les servantes.
=> En ce sens, le mot "doudaïm" (mandragores) a pour racine "dodim" (les amours), car elles ont un pouvoir de réveiller l'amour.]

- Ra'hel elle voulait montrer à Léa qu'elle aussi devait se réjouir de sa part, de ses enfants, et ne pas penser que Yaakov ne l'aimait pas.
C'est pourquoi elle a renoncé à la présence de Yaakov pour cette nuit-là, afin de montrer à Léa que la part qui lui était échue: les enfants, était meilleure pour elle que Yaakov.

=> Ainsi, tout ce qu'elle ont fait provenait de leur grand amour l'une pour l'autre.
Il n'y a pas non plus une absence de satisfaction de leur sort, car chacune a compris que c'est ce que D. voulait. Chacune d'elle se contentait de la part qui lui avait été destinée par le Créateur du monde.

Lorsque chacune a vu sa sœur, elle a craint que ce soit elle qui ne soit pas heureuse et qui soufre de son sort, et l'épisode des doudaïm montre l'encouragement que chacune a donné à l'autre.

[d'après le Béer Mayim 'Haïm]

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-> "Hachem m'a donné mon salaire pour avoir donné ma servante à mon mari" (Vayétsé 30,18)

=> Par cette phrase, Léa apporte l'explication du prénom de son fils "Yissa'har". Mais on peut s'interroger. En effet, le contexte de la naissance de Yissa'har aurait plutôt laissé penser que Léa explique ce nom par rapport au fait qu'elle ait "payé" (Sakhor) à Ra'hel le droit de passer la nuit avec Yaakov, en échange des mandragores!

Le Kol Sim'ha fait remarquer qu'effectivement, cette explication-là du nom de Yissa'har est bien la plus juste. Mais malgré tout, Léa s'est bien gardé de la dévoiler. En effet, cette raison décèle une sorte de reproche et d'accusation par rapport à sa soeur qui a été prête à renoncer à passer la nuit avec Yaakov, en échange de mandragores, ce qui n'est pas valorisant.
Bien que Léa pouvait sentir de la rivalité vis-à-vis de sa soeur Ra'hel que Yaakov aimait bien plus qu'elle, malgré tout, elle a choisi d'exprimer une parole bienveillante envers elle, au moment où elle nomma son fils. En effet, elle a préféré occulter la véritable raison du nom Yissa'har pour ne pas mettre à jour un comportement quelque peu négatif de sa soeur, qui a "échangé" son mari pour des mandragores. Au contraire, elle préféra insister sur le fait qu'Hachem l'ait récompensé pour avoir été prête à donner sa servante à son mari. En effet, à travers cette explication, elle est au contraire en train d'apporter un argument de défense en faveur de sa soeur.
En effet, Ra'hel n'a toujours pas eu le mérite d'avoir un enfant. Ainsi, en mettant en lumière le fait qu'Hachem l'a récompensé d'un fils par le mérite d'avoir donné sa servante à son mari, elle est en train de suggérer une prière à Hachem pour qu'Il donne également à sa soeur le mérite d'avoir un enfant, elle qui a également donné sa servante à Yaakov.

Tout cela nous apprend combien un homme doit veiller à être extrêmement vigilent dans ses propos pour ne pas qu'apparaisse même indirectement une quelconque accusation ou dévaluation à l'encontre d'aucun juif, et même si pour cela il doit occulter la vérité. Ses paroles doivent au contraire exprimer des bénédictions et de la bienveillance vis à vis des autres, en suggérant des prières pour qu'Hachem bénisse son prochain, même s'il s'agit de quelqu'un envers qui il peut avoir de l'animosité ou de la rivalité.

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-> Nos Sages ont des opinions différentes sur la nature des doudaïm :

Le Chir haChirim (7,14) rapporte qu'elles ont une odeur agréable.

Selon Rachi, il s'agit : des fleurs parfumées, espèce végétale que les arabes appellent "jasmin".

Pour le Ibn Ezra, le Ramban et de nombreux autres commentateurs, c'est une plante ayant, dans ses racines, une silhouette ressemblant à un être humain avec une tête et des bras.
D'ailleurs, le Baal haTourim fait remarquer que la guématria du mot "doudaïm" est la même que : "ké-Adam" (comme un homme).

Le Rachbam et le 'Hizkouni affirment qu'il s'agit de figues.

Rabbénou Bé'hayé et le Ramban nous apprennent qu’ils favorisent la conception.

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-> Le Zohar rapporte que :
"Depuis le début de la Création, Hachem voulait faire descendre une lumière de bonté ('hessed) dans ce monde, et il l'a ainsi cachée dans les doudaïm.

Lorsque Léa les a donné à Ra'hel, elle a témoigné à Hachem qu'elle était méritante pour être le véhicule diffusant la lumière de Hachem au travers ce monde.
Hachem l'a récompensé avec la naissance de Yissa'har, qui représente le plus haut niveau de l'étude de la Torah.
L'étude de la Torah de Yissa'har prend la lumière que Hachem a caché dans les doudaïm et la répand partout dans le monde."

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-> Les Doudaïm étaient les plantes de fertilité que Réouven est allé chercher pour sa mère Léa lorsqu'elle a cessé d'avoir des enfants (Vayétsé 30,14).
Leur apparence est celle d'un homme. [Tossefot haShalem Vayétsé ; Otsar Pléot Vayétsé ]
Il y a une autre opinion selon laquelle ils ressemblaient plus à un arbre qu'à une plante, et qu'ils avaient l'apparence d'un homme avec un cordon attachée à son nombril jusqu'au sol, et que quiconque l'arrachait du sol mourait. ['Hemdat Hayamim - Vayétsé]

Réouven vint attacher son âne à l'arbre et revint plus tard pour trouver l'arbre déraciné et l'âne mort. [Tsor Hamor - Vayétsé ; Mégadim 'Hadachim - Vayétsé ]
En effet, celui qui entendrait la voix des Doudaïm au moment où on les coupe mourrait. [Tossefot haShalem Vayétsé ; Vayé'hi]

-> Comment pousse les Doudaïm?
Une opinion affirme que la semence de Yaakov est sortie une fois avec son urine et que c'est à partir de là qu'ils ont été créés. [LéBinyamim Amar - au nom du Méchamdé Chamayim]
Une autre opinion affirme qu'elle pousse à partir du sol et qu'après plusieurs années, elle devient un animal vivant, apparaissant comme une personne. [Roua'h Ha'haïm 79,2]

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+ "Réouven est allé aux temps des moissons et il trouva des mandragores dans le champ" (v.30,14)

=> Pourquoi la Torah précise que c'était le temps des moissons? (cf.Rachi)

En fait, la suite de l'histoire c'est que Léa donne les mandragores à Ra'hel en échange de son tour pour se retrouver avec Yaakov. De là, Léa a conçu un enfant et a enfanté Issa'har, qui est celui qui symbolise par excellence l'investissement dans l'étude de la Torah.
Or, la fête de Shavouot qui célèbre le don de la Torah c'est la fête des moissons. Ainsi, ce jour où Réouven a trouvé les mandragores et où Issa'har a été conçu était Shavouot, jour du don de la Torah dont l'étude est la particularité de cette tribu.
['Hatam Sofer]

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+ La prière est meilleure que n'importe quelle ségoula :

-> Réouven apporta les doudaïm à Léa, sa mère, et Ra'hel dit à Léa : "Donne-moi, je te prie, des doudaïm de ton fils" (Vayétsé 30,14)
Elle lui répondit : "Est-ce peu de chose que tu aies pris mon mari, et que tu veuilles aussi prendre les doudaïm de mon fils?" (Vayétsé 30,15)

Léa excellait dans le domaine de la prière. Le verset dit (Vayétsé 29,17) que ses yeux étaient faibles (vééné Léa rakot). Rachi explique que les gens disaient qu'elle était censée épouser Essav. Elle pleurait et priait pour pouvoir épouser Yaakov. Elle priait aussi constamment pour avoir des fils.
Par conséquent, lorsque Réouven arriva avec les doudaïm, qui étaient une ségoula pour avoir des fils, et que Ra'hel les demanda, Léa lui dit d'arrêter de chercher des ségoulot et de prier Hachem à la place.
Elle lui dit que la meilleure chose à faire était de prier Hachem du fond du cœur. Cela serait plus puissant que n'importe quelle ségoula.

Le verset dit ensuite (30,22) qu'Hachem s'est souvenu de Ra'hel, qu'Il l'a entendue et lui a accordé un enfant. Le Malbim explique qu'Hachem a entendu ses prières. Elle avait appris de Léa qu'aucune ségoula n'était meilleure que la prière. Elle commença alors à faire beaucoup de prières et Hachem l'exauça.

"Ils l'aperçurent de loin, et avant qu'il (Yossef) fût près d'eux, ils complotèrent de le faire mourir" (Vayéchev 37,18)

-> Selon le midrach (Béréchit rabba 14,4), les frères cherchèrent un moyen de le tuer sans devoir verser le sang de leurs propres mains.
Ils lancèrent leurs chiens féroces contre Yossef, espérant le tuer et pouvoir prétendre que tout calomniateur mérite d'être jeté aux chiens.

[en effet, selon la guémara (Pessa'him 118a), celui qui dit du lachon hara est digne d'être jeté aux chiens.
Par ailleurs, Yossef ayant été exilé pendant 22 ans, et l'exil étant considéré comme une mort (midrach Téhilim 71), ainsi par conséquent, même si les frères avaient dit au moment de la vente qu'il était passible de mort, l'exil a expié cette faute, et les frères n'avaient alors plus le droit de le détester au moment de leur rencontre ultérieure en Egypte.]

Le Méam Loez (rapportant le Alshich haKadoch) explique qu'ils pensaient que ce châtiment était particulièrement approprié, puisque Yossef avait rapporté qu'ils avaient mangé la chair d'une créature vivante. Sa punition correspondait ainsi à son crime.
Ils mirent leur plan à exécution, mais Yossef en sortit indemne.

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-> [4 méthodes d'exécution capitale figurent dans la Torah : la lapidation, l'immolation, la décapitation et la strangulation]. Les frères jouèrent aux dès pour voir laquelle ils utiliseraient contre Yossef.
[Ils décidèrent finalement de le jeter dans une fosse (d'un puits), car précipiter un homme d'une hauteur est assimilé à la lapidation].
[Rabbénou Bé'hayé - Vayéchev 37,3]

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-> "Ils complotèrent de le faire mourir" (Vayéchev 37,18)

-> Le Mélo haOmer enseigne :
Les frères de Yossef ont pensé que le Ciel avait écarté Yossef, et que s'ils le tuent, cela ne leur sera donc pas reproché. En effet, ils virent par esprit inspiré que Yossef ne comptera pas parmi les 12 tribus. Ils en déduisirent qu'il a donc été repoussé.
En effet, réellement Yossef ne comptait pas parmi les tribus. Mais la raison de cela était que ce sont ses 2 enfants Efraïm et Menaché qui comptèrent à sa place. En effet, comme le droit d'aînesse a été transmis à Yossef, et que l'aîné hérite d'une double part, Yossef a donc reçu une part double et ce sont ses 2 enfants qui comptaient pour lui.
Car, puisque la tribu de Lévi n'a pas d'héritage car elle s'occupe du Service Divin, il ressort donc que l'héritage sera partagé entre 12 tribus : les 10 (Lévi et Yossef ne comptant pas) et les 2 enfants de Yossef.

=> Certes, les frères virent par inspiration que Yossef ne comptera pas, sans en savoir la réelle raison. Ils pensèrent que cela signifie qu'il a été écarté par le Ciel et en déduisirent que sa mort ne leur sera pas reprochée.

"Yossef ne put se contenir" (Vayigach 45,1)

-> Yossef était à un si haut niveau qu'il fut en mesure d'évaluer lui-même combien il lui était permis de se comporter avec vengeance envers ses frères.
Malgré les grandes difficultés que représentait pour lui cette conduite hostile sous les apparences d'un étranger, il le fit estimant qu'il se devait de se conduire ainsi.

Il était si honnête vis-à-vis de lui-même qu'il savait qu'il agissait de manière désintéressée, jusqu'à ce qu'il ressentît d'avoir atteint la limite lui indiquant qu'il lui était désormais interdit de poursuivre dans cette vie, et dès lors, il ne put se contenir.

=> D'après cela, l'expression "ne put se contenir" ne s'explique pas comme le veut sa 1ere lecture, dans le sens sentimental, mais plutôt dans le sens d'un interdit, comme dans d'autres versets où la non-possibilité se réfère en fait à un interdit de la Torah.

[rav Asher Kalmon Brown - Alé Vradim]

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+ "Et maintenant, ne vous affligez point, ne soyez pas irrités contre vous-mêmes de m'avoir vendu" (Vayigach 45,5)

-> Rav Abba a vu une personne échapper à 2 morts successives. En effet :
1°/ un morceau de bois est tombé sur un serpent venimeux qui s'approchait de lui, alors qu'il dormait ;
2°/ et il a survécu à l'effondrement d'une partie d'une avancée de la montagne.

Rav Abba a demandé à cette personne de lui révéler ses bonnes actions.
L'autre de lui répondre :
"Toute ma vie, il n'est jamais arrivé que je ne pardonne pas à celui qui m'a fait du mal, ni que je lui garde rancune.
A partir d'aujourd'hui, je m'efforcerai même de me montrer bienfaisant envers ceux qui me causeraient du tort."

Lorsqu'il entendit ces paroles, rav Abba pleura et dit :
"Les actes de ce juif sont encore plus grands que ceux de Yossef.
Car, ceux qui opprimèrent Yossef étaient ses frères, aussi était-il plus naturel qu'il ait pitié d'eux. Mais cet homme se comportait également de la sorte envers tout un chacun, et il méritait donc bien que le Créateur accomplisse en sa faveur un miracle après l'autre."

[le Zohar]

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+ "Et maintenant, ce n'est pas vous qui m'avez envoyé" (Vayigach 45,8)

-> Le rav Moché Sternbuch (Taam véDaat) enseigne :
Nous apprenons de ces paroles de consolation de Yossef à ses frères un grand principe de conduite. Il ne suffit pas de pardonner à celui qui nous a offensés, mais il faut lui donner une bonne impression, comme s'il n'avait jamais commis la moindre faute contre nous.
C'est ainsi que Yossef a expliqué à ses frères que D. l'avait envoyé en Egypte (et non eux seuls!), et qu'ils n'avaient pas à s'attrister ni à sentir aucune gêne.

-> Rabbi Yérou'ham Lévovitz dit à ce sujet :
Si celui qui nous a fait du mal veut s'expliquer, et qu'on lui répond qu'il n'a aucun besoin de se justifier, de cette façon on l'empêche d'avoir le sentiment agréable d'avoir demandé pardon, on est donc obligé de l'écouter pour lui rendre ce sentiment agréable.

[on doit être prêt à sacrifier ce si agréable sentiment de supériorité en permettant à autrui de redevenir à nos yeux notre égal.
(Quelqu'un a fauté envers moi, et je lui permets de s'excuser (en le laissant parler, en lui faisant comprendre que cela n'est vraiment rien, ...).
Aux yeux de l'autre : puisque c'est humain de fauter, et puisque j'ai demandé pardon, alors c'est derrière moi, c'est de l'histoire ancienne, et alors tout le monde a de nouveau un rapport de force identique.
=> Je perds ma supériorité afin de revenir au même niveau qu'autrui, pour ne pas qu'il en souffre!
Nous devons suivre l'exemple de Yossef, qui a fait le maximum pour éviter toute souffrance de honte d'infériorité à ses frères!)

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-> Quand Yossef a vu que ses frères étaient pleins de honte, il leur a dit : "Approchez-vous de moi, s'il vous plaît. Et ils se sont approchés".
II a embrassé chacun d'eux et pleuré, ainsi qu'il est dit : "Il embrassa tous ses frères et les baigna de ses larmes" (Vayigach 45,15).

De la même manière que Yossef a apaisé ses frères au moyen de pleurs, Hachem sauvera Israël à travers les larmes, comme il est dit : "Avec des larmes ils reviendront et par des supplications Je les dirigerai" (Yirmiyahou 31,8).
[midrach Tan'houma]

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-> "Je suis Yossef votre frère que vous avez vendu en Egypte" (v.45,4)

Selon le Ohr ha'Haïm haKadoch :
Les frères ressentaient de la crainte à l'image d'un voleur pris sur le fait, et il fit donc en sorte que : ne redoutez rien, car "je suis Yossef votre frère" = ce qui signifie qu'il se conduisait avec eux comme un frère, comme si rien ne s'était jamais passé.
Il a ajouté : "votre frère que vous avez vendu" pour dire que même au moment de la vente, la fraternité ne l'a pas quitté.

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-> Le midrach souligne, au nom de rav Chmouël bar Na'hman : "Yossef s'est exposé à un grand danger, car si ses frères l'avaient tué, personne n'aurait jamais su son identité.
Ainsi, pourquoi dit-il : "Faites sortir tout le monde d'ici?"
Car il s'est dit : "il faut mieux que je meurs et que je ne cause pas de honte à mes frères devant les égyptiens".

[ -> b'h, Par exemple, à ce sujet : https://todahm.com/2018/12/09/7722 ]

"Yaakov vécut dans le pays d'Egypte 17 années ; et les jours de Yaakov, les années de sa vie, furent de 147 ans" (Vayé'hi 47,28)

-> La paracha de Vayé'hi a la particularité d'être fermée (stouma), c'est-à-dire qu'il n'y a pas d'espace entre la fin de la précédente et le début de celle-ci.
[Vayé'hi est considérée comme "fermée", parce qu'elle n'est pas précédée d'un espace vide de 9 lettres comme la plupart des autres parachiyot.]

Rachi apporte 2 explications :
- c’est parce qu’elle contient le récit de la mort de Yaakov, laquelle a marqué le début de la souffrance de l’esclavage, et donc de la "fermeture" des yeux et des cœurs d’Israël.
- Yaakov voulait livrer à ses fils le secret de la fin des temps (cf.Rachi 49,1), mais sa vision a été "fermée".
[la prophétie s'est fermée lorsqu'il était sur le point de révéler ce qui arriverait à la fin des temps]

La fin de Vayigach est : "Israël (Yaakov) s'établit dans le pays d'Egypte ... fructifièrent et se multiplièrent prodigieusement", et le début de Vayé'hi enchaîne tout de suite par : "Yaakov vécut dans le pays d'Egypte 17 années".
=> Que vient nous enseigner le fait qu'il n'y a pas d'espace entre ces 2 parachiot (Vayigach et Vayé'hi)?

-> Selon le Kli Yakar, cela nous informe que les juifs vécurent confortablement, agréablement, en Egypte uniquement pendant le temps de la vie de Yaakov..
A partir de sa mort, la servitude des juifs a commencé.

[Par exemple, la mort de Yaakov a entraîné que Yossef ne pouvait plus s'adresser directement à Pharaon, devant passer par ses conseillers]

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-> Rachi : "Cette paracha est "Stouma" (fermée), parce que les yeux et le coeur des Bné Israël se fermèrent à cause des épreuves de la servitude."

-> Le rav Elimélé'h Biderman enseigne :
Cela signifie : toutes les autres parachiot de la Torah sont séparées les unes des autres par un espace vide correspondant à plusieurs lettres de 'blanc'. En revanche, celle-ci est "Stouma" parce que dans cet espace blanc se trouvent écrits les mots : "Yaakov vécut" (ויחי יעקב).
Certains y voient l’allusion suivante : Il peut sembler parfois à une personne qu’elle traverse soudain un épisode de vie 'fermé' : de difficiles et amères épreuves s’abattent sur elle. Ses yeux et son coeur s’obscurcissent alors et elle ne sait plus vers qui ni quoi se tourner. Elle a l’impression qu’Hachem lui ferme toutes les portes.
Elle doit alors savoir que cette pensée n’est qu’un mirage, car la Torah elle-même écrit dans cette 'fermeture' les mots "Yaakov vécut", pour nous enseigner que tous ces événements n’ont qu’un seul but : la rendre plus forte et la faire vivre, en lui apportant richesse et honneur.
Elle devra donc se renforcer dans une foi intègre que, même si elle ne comprend pas la conduite d’Hachem, il n’en est pas moins vrai que dans cette période, elle est train de construire les moyens par lesquels Hachem lui apportera tout ce dont elle a besoin et tous les bienfaits.

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-> La paracha fermée symbolise la façon dont le cœur et l'esprit des égyptiens s'est fermé après la mort de Yaakov. [midrach Béréchit rabba 96,1 - avec Ets Yossef]
Bien qu'en pratique, l'esclavage n'ait commencé que 77 ans plus tard, l'attitude des égyptiens a commencé à se faire hostile dès la mort de Yaakov.

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-> Le rav Moché Sternbuch écrit que lors du vivant de Yaakov, les Bné Israël bénéficiaient d'une grande bénédiction, et c'est à lui qu'ils l'attribuaient.
Mais lorsqu'il décéda, ils pensèrent qu'en se rapprochant des égyptiens, ceux-ci les aideraient et les protégeraient.
En fait, c'est précisément à ce moment-là que plaçant leur confiance dans les goyim, débuta l'asservissement spirituel : les Bné Israël prirent exemple sur ces derniers et adoptèrent leur mauvaise conduire.

Ainsi, bien qu'à proprement parler, les Bné Israël ne devinrent esclaves qu'à la mort des tribus, c'est au décès de Yaakov que l'asservissement spirituel commença.

Le rav Sternbuch conclut : "Nous devons savoir que notre existence relève du surnaturel, et ce n'est que par le mérite de l'accomplissement de la Torah et des mitsvot que les juifs ont parcouru l'histoire et perdure."

[à défaut d'ouvrir nos yeux à cette réalité, nous les fermons et évoluons dans le mensonge, et c'est un message que transmet la paracha fermée]

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-> On constate un passage entre le nom : "Israël" (fin Vayigach) à "Yaakov" (début Vay'hi).

Selon le Gaon de Vilna, lorsque les juifs font la volonté de Hachem, alors ils sont appelés : Israël.
S'ils ne suivent pas Sa volonté, on fait référence à eux sous le nom : Yaakov.

Le Béer Moché enseigne qu'en commençant notre exil par : "Yaakov vécut", le message est qu'au fond de chaque juif, même s'il descend au plus bas niveau, s'écartant au maximum de D., il y aura toujours une étincelle Divine en lui qui vit (vayé'hi).

=> La paracha est fermée pour nous enseigner que collectivement et individuellement, lorsque nous descendons d'un niveau élevé (Israël) à un niveau spirituel très bas (Yaakov), il y aura toujours du divin qui nous accompagnera.
Rien ne pourra enlever cette partie de D., qui nous aide, qui nous aime, ...
Un juif n'est jamais seul, car Hachem l'accompagne, le soutient absolument tout le temps (en tout lieu, en toute situation, ...).

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-> "Je vous direz ce qui vous arrivera à la fin des jours" (Vayé'hi 49,1)

-> Le midrach explique que Yaakov voulut dévoiler la fin de l'exil, mais alors, la Présence Divine se retira de Lui. Il pensa que ses enfants avaient peut-être fauté. Alors, ils lui répondirent : "Ecoute Israël Hachem est notre D., Hachem est Un". Yaakov voulut dévoiler la fin de l'exil, qui se dit Kets (קץ), de valeur numérique 190.
En fait, il voulut leur dévoiler que l'exil d'Egypte durerait en tout et pour tout 189 ans et ils seront libérés la 190e année.
En effet, le Zohar dit que cet exil fut causé par la faute de la vente de Yossef. Une fois cette faute commise,
chaque tribu portait atteinte au Nom Divin אהיה (éyé) de valeur numérique 21. C'est pourquoi l'exil dura 210 ans, car les 10 tribus ont participé à cette faute. Mais en fait, Réouven n'était pas présent lors de la vente de Yossef. Il ne revint que plus tard. Seulement 9 tribus ont donc porté atteinte à ce Nom Saint, ce qui devrait entraîner un exil d'une durée de 189 ans. Aussi, Yaakov voulut dévoiler la fin de l'exil, le Kets (190), qu'ils seraient libérés la 190e année et non après 210 ans.
Mais en fait, le midrach dit que la Présence Divine s'associa aux 9 frères au moment de la vente et ils furent donc en tout 10, d'où un exil de bien 210 ans. Mais Yaakov oublia de compter la Présence Divine. C'est pour cela que celle-ci se retira de lui à ce moment là. Mais lui, crut que c'était parce que ses enfants avaient commis une faute.

=> Ainsi, ils s'exclamèrent : "Ecoute Israël (renvoyant au nom de leur père Yaakov), Hachem est notre D., Hachem est Un " = Lui aussi compte comme Un et c'était Lui le 10eme, d'où un exil d'en fait 210 ans et non de 189 ans. C'est parce que tu as oublié de Le compter dans les 10 que Sa Présence s'est retirée de toi. Et non parce que nous avons commis une faute. Tu peux donc te rassurer.
[d'après Rabbi Chimchon de Ostropoli]

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-> D'après certains commentateurs, Yaakov n'a pas révélé à ses fils quand l'exil prendrait fin pour qu'ils ne perdent pas confiance. Il a imploré D. de leur révéler au moins la fin de l'exil en Egypte.
Hachem a consenti et Yaakov a jeté son bâton sur le sol où il est devenu serpent. Il a ensuite introduit la main dans sa tunique et lorsqu'il l'en a retirée, elle était devenue blanche comme la neige.
"Ne croyez aucun messager venu vous dire qu'il est venu vous délivrer, a-t-il dit, sauf s'il vous montre ces 2 signes".
[cf. midrach Yélamdénou ; Tossefot sur Béréchit 49,1 ; rabbénou Bé'hayé]

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-> Selon le Maharil Diskin, cela signifie que même en Egypte Yaakov a vécu totalement avec la présence Divine, comme Hachem lui avait dit : "Je descendrai avec toi en Egypte" (Vayigach 46,4).

-> Cette paracha est "fermée" car la vraie vie est celle du monde à venir.
Le nom : Yaakov (יעקב) a la même guématria que : "la vie dans le monde à venir" (ayé olam aba - חיי עולם הבא).

Yaakov a fermé les yeux pour ne pas observer la vie en fonction de ce que l'on voit naturellement, mais plutôt en étant déjà dans le monde à venir, avec les véritables priorités afférentes.
[adaptation du Sifté Cohen]

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-> Rabbi Tsadok haCohen explique que la descente en Egypte, marquant le début de l'exil, est fermée, car cela renvoie au fait que cela engendre chez nous beaucoup de questions dont la réponse est au-delà de nos capacités de compréhension humaines.

Par exemple : Quelle est la nécessité d'aller en Egypte, pays rempli d'impureté? Pourquoi y subir des horreurs dans le but de recevoir la Torah? Pourquoi la Torah n'a-t-elle pas été donnée en Israël?

Rachi au début du livre de Vayikra explique que la raison des espaces dans la Torah est afin de pouvoir réfléchir au passage précédent.
Ici, il n'y a pas d'espace car la compréhension nous est impossible, nous devons simplement aller de l'avant, persuadés que Hachem gère au mieux, que tout est finalement pour notre meilleur.

[ => c'est un vrai secret que Yaakov nous transmet : dans les difficultés de l'exil, parfois il faut accepter notre petitesse, et se reposer sur l'infinie grandeur de papa Hachem!
Parfois, il faut arrêter de trop réfléchir, trop s'interroger, mais plutôt fermer les yeux (comme dans le Shéma), et avancer plein de confiance en notre papa Hachem, qui est l'Unique (é'had)!]

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-> Le Zohar dit que Adam a donné 70 ans de sa vie pour permettre au roi David d'exister.
Avraham, Yaakov et Yossef étaient des réincarnations de l'âme de Adam, et ils ont également donné 70 ans à David.

Its'hak n'étant pas une réincarnation de Adam, il n'a rien donné à David, et c'est pour cela qu'il a vécu le plus longtemps des Patriarches, au terme des 180 années qui avaient été prévues pour lui.

- Avraham a vécu 175 ans, et il a donné 5 ans à David ;
- Yaakov devait vivre jusqu'à l'âge de Avraham (175), mais a vécu en réalité 147, donnant 28 années à David. (comme l'affirme le Zohar Vayichla'h)
[28 : guématria de koa'h (force - כח) = Yaakov a donné de la force de sa vie au roi David, pour qu'il puisse vivre 28 années] ;
- Yossef devait vivre jusqu'à l'âge de Yaakov soit 147, mais il est mort à 110 ans, donnant ainsi 37 ans à David.
[ainsi : 5+28+37 = les 70 années de la vie du roi David]
[Ets Adaat aTov]

=> La paracha est fermée, comme pour nous rappeler que Yaakov a lui même fermé une partie de sa vie avant le terme qu'il aurait dû atteindre, pour permettre au roi David de vivre.

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-> "La durée de la vie de Yaakov fut de 147 années" (Vayé'hi 47,28)

Avraham a vécu 175 ans et Its'hak a vécu 180 ans.

=> Pourquoi Avraham vécu-t-il 5 ans de moins que Its'hak?

Le Ben Ich 'Haï dit :
Avraham a quitté ce monde à 175 ans, soit 5 ans avant l'âge prévu de 180 ans (date de décès de son fils It'hak), afin de ne pas assister aux 5 transgressions graves de son petit-fils Essav.

=> Pourquoi Yaakov vécu-t-il 33 ans de moins que son père Its'hak, et 28 de moins que Avraham?

1°/ ci-dessus (28 années au roi David).

2°/ Lorsque Lavan poursuivit Yaakov et l'accusa de lui avoir volé ses divinités, Yaakov prononça inconsciemment une malédiction à l'adresse de celui des membres de sa famille chez qui se trouvaient les "dieux" de Lavan.
Yaakov s'écria à l'égard de l'auteur présumé du vol : "celui chez qui tu trouveras tes dieux ne vivra pas (lo yi’hié)" (Vayétsé 31,32).
Cette parole malencontreuse, cette malédiction injustifiée, s'est réalisée (une malédiction même vaine d'un Sage finit par se réaliser). Elle frappa son épouse Ra'hél, qui mourut prématurément.
Cette même prédiction se retourna également contre lui. Voici ce qui entraîna sa mort 33 ans avant le terme naturel, correspondant à la valeur du mot "yi’hié" (יִחְיֶה) qui est de 33.
Il manquait à la durée de sa vie le compte de yi’hié (יִחְיֶה), à savoir 33, dans ses années.
[Baal haTourim - Béréchit rabba 74]

[ "Yaakov vécut ..." (vayé'hi Yaakov - Vayé'hi 47,28) = le Ohr ha'Haïm commente : par sa parole Yaakov a entraîné la mort de Ra'hél avant son temps. Et du fait de cette disparition de Ra'hél 33 ans avant son temps, on lui a retiré aussi à lui 33 ans, et c'est cela que fait allusion le mot "Vayé'hi" qui signifie une tristesse, pour nous indiquer que al vie du tsadik a été diminuée de 33 ans. ]

3°/ Selon le midrach (rapproté par le Daat Zékénim miBaalé haTossfot), lorsque Yaakov déclara à Pharaon : "(le nombre de mes années) est court et malheureux" (Vayigach 47,9), Hachem lui dit : "Je t'ai sauvé d'Essav et de Lavan, je t'ai ramené Dina et Yossef et tu te plains que tes années ont été peu nombreuses et mauvaises! Je jure que Je vais diminuer tes jours de 33 années, correspondant aux 33 mots de ce verset (v.8 et 9)".
Ainsi, Yaakov vécut 147 ans au lieu de 180 comme son père.

4°/ On a retiré 33 années à Yaakov (33 est la valeur numérique du mot "גל" - monticule), car lorsqu’il contracta une alliance avec Lavan, ce dernier appela le lieu du pacte "Yégar chaadouta"(monticule de témoignage - יְגַר שָׂהֲדוּתָא - Vayétsé 31,47), et introduisit ainsi, dans la Torah, 2 mots de langue étrangère et impure (l’araméen).
Yaakov dut réparer le tort commis (extirper l’impureté introduite) dans les 3 "Piliers" du service Divin : Torah, Avoda (les sacrifices) et la bienfaisance (guémilout 'hassadim).
Ainsi, existe-t-il 3 versets faisant référence à ces 3 fondements et comportant le mot "גל" :
- "gal énaï" (גַּל עֵינַי) = "Dessille-moi les yeux pour que je puisse contempler les merveilles issues de ta Loi" (Téhilim 119,18) = la Torah ;
- "gal naoul" (גַּל נָעוּל) = "Une source fermée, une fontaine scellée" (Chir haChirim 4,12) [allusion au Temple dont le Service est celui des sacrifice (korbanot)] = Avoda ;
- "gal méalaï" (גַּל מֵעָלַי) = "Affranchis-moi de la honte et du mépris" (Téhilim 119,22).

C'est pour cela que Yaakov vécut 147 ans, valeur numérique du mot "גל" (écrit avec chaque lettre en complet - bémilouï) = למד גמל.
Par ailleurs, il mérita l'Attribut de Vérité, comme il est dit : "Tu donneras la Vérité à Yaakov" (titèn émet léYaakov - תתן אמת ליעקב - Mikha 7,20), car la réparation du "גל" (gal) dans les 3 "Piliers" du Service Divin fit apparaître la valeur numérique du mot "émet" (3*147 = 441) : אמת.
[Torat Moché - Bé'houkotaï]

"Israël (Yaacov) se prosterna à la tête du lit" (Vayé'hi 47,31)

-> Rachi : Il s’est tourné vers la chekhina, d'où l’on apprend que la présence divine se trouve au-dessus de la tête d’un malade.

-> Une raison à cela est que le malade n’a plus la force de se repentir par des actes et de corriger ses actions.
En raison de son état où il risque de quitter ce monde et qu'il va devoir rendre des comptes devant Hachem, il a certainement des pensées de regret et de repentir sur ses mauvaises actions.
C'est pourquoi, la présence Divine se trouve au-dessus de sa tête, car c’est dans sa tête que traversent toutes ces pensées de repentir.

[rav Yonathan Eibschutz]

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-> Rachi explique que par ce geste (se prosterner), Yaakov voulait remercier Hachem que son fils Yossef soit un tsadik, malgré le fait qu’il ait été captif en Egypte.

=> Mais, qui lui prouverait qu’il restera toujours tsadik et qu’il ne trébuchera pas par la suite?

Nos Sages (guémara Yoma 38b) enseignent qu’un homme qui n’a pas fauté la majorité de sa vie, ne fautera plus.
Yossef vécut 110 ans. Or, la Torah affirme qu’il avait 30 ans quand il régna sur l’Egypte.
Si on y ajoute les 7 années d’abondance, les 2 années de famine (jusqu'à ce qu’il retrouve sa famille) et les 17 ans que son père vécut auprès de lui en Egypte (jusqu'au jour de sa mort), cela lui donne 56 ans lorsque son père mourut (30+7+2+17=56).

Or 56 ans, c’est justement la majorité de sa vie (qui fut de 110 ans), et puisqu'il n’a pas fauté la majorité de sa vie, cela indique donc qu’il ne fautera plus.
=> Son père put donc, sous inspiration, remercier Hachem que son fils soit un tsadik et l’ait été la majorité de son existence, et aussi qu’il le restera donc toute sa vie.

[Messe'h 'Hokhma]

"[Yaakov dit à Yossef: ] D. Qui m'assiste depuis mes débuts (méodi - מֵעוֹדִי) et jusqu'à ce jour (ayom azé - הַיּוֹם הַזֶּה)" (Vayé'hi 48,15)

-> Il y a 2 périodes dans la vie de Yaakov : ses 130 années douloureuses avant de venir en Egypte, et 17 années agréables dans cette terre (une fois réuni avec tous ses enfants).
La guématria de : méodi (מֵעוֹדִי) est de 130, et celle de : azé (הַזֶּה) est de 17.

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-> "Le D. Qui a été mon berger depuis ma naissance jusqu’à ce jour" (Vayé'hi 48,15)

Le Malbim souligne que Hachem s’est conduit avec moi comme un berger envers son troupeau, qui ne décide pas si ses bêtes sont dignes de paître en fonction de leurs actes ou de leur préparation.
Ainsi de même, Hachem me fait paître et me donne ma nourriture en abondance, comme il est habituel pour les besoins de Ses créatures.

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-> "Que la Divinité dont mes pères, Avraham et Its'hak, ont suivi les voies" (48,15)

Le Ohr ha'Haïm haKadoch note que Yaakov invoque Hachem en s'appuyant tout d'abord sur les mérites de ses pères, avant de mentionner le sien.
Les hommes de la Grande Assemblée en ont déduit l'ordre dans lequel agencer les bénédictions de la Amida : commencer par évoquer les Patriarches, aimés par Hachem, puis formuler ses demandes et éveiller la Miséricorde Divine.
Yaakov mentionna son propre mérite par l'expression : "Que la Divinité qui a veillé (haroé) sur moi", laissant entendre qu'il se considérait face à Hachem comme une pièce de bétail devant son berger (roé), prête à le suivre aveuglément en tout lieu.

-> Dans les mots du Ohr ha'Haïm haKadoch :
Yaakov mentionna le mérite des pères, Avraham et Its’hak, car grâce à cette évocation, il commença par réveiller l’amour des anciens, comme dans la prière du "Chemoné Esré" (la Amida) dans laquelle on commence par rappeler le mérite des pères (pour ensuite prier). Puis, il mentionna discrètement son propre mérite en disant : "le D. mon berger", car Yaakov se laissait conduire par la volonté d'Hachem, comme une brebis par son berger".

-> La confiance en D. n’est pas seulement un mérite pour celui qui la possède, mais une source de bonheur, puisqu’il suit ainsi son Créateur avec sérénité, comme la brebis son berger, dont le sort est placé entre ses bonnes mains. Elle peut compter sur lui en toute quiétude, sans craindre pour sa subsistance, ni pour ce qui pourrait lui arriver.

Le Chem miChemouël (‘Hanouca 5683) explique que c’est la raison pour laquelle les dirigeants du peuple juif sont appelés "bergers", car ils apprennent aux Bné Israël à suivre Hachem d’eux-mêmes, sans réfléchir, avec une foi simple, comme il est écrit : "Tu résideras dans la terre en paissant (grâce à) la foi"(Téhilim 37,3).
Le Chem miChemouël écrit : "Puisqu’ils impriment la émouna dans leur coeur, ils sont appelés "bergers", car c’est un principe essentiel et basique, comme l’affirment nos Sages (guémara Makot 24a) : "’Habakouk est venu et a basé toute la Torah sur un seul principe : ‘Le juste vivra par sa émouna’ ... parce que l’essentiel de la émouna est que l’homme s’annule devant Hachem à travers tous ses traits de caractère."

"Acher, son pain est bien gras" (Vayé'hi 49,20)

-> Nos Sages enseignent que Acher fils de Yaakov se tient aux portes de l’enfer et ne laisse pas y entrer quiconque s’est consacré à l’étude de la michna (compilation de la loi orale).

C’est pourquoi, le verset dit que le pain de Acher est "gras" (chéména - שמנה), terme qui est composé des même lettres que "michna" (משנה).
En effet, Acher protège ceux qui se sont consacrés à la michna.
De plus, le verset parle du pain de Acher qui est gras, allusion à la recommandation du Maguid (ange) qui a enjoint à rabbi Yossef Caro d’étudier un chapitre de michna avant de prendre son repas et de manger son pain.

[Rabbi Its'hak Faladji - Yafé Lélev]

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-> Un père était troublé par sa fille qui ne trouvait pas de partenaire, après des sorties pendant des années. Une nuit, le Yéhoudi ha-kadoch lui apparut en rêve et lui révéla qu’il existait 3 types de zivougim : le zivoug de Shabbat et du peuple juif, celui du corps et de l’âme, et le zivoug d’un mari et d’une femme.
Ces 3 zivougim ne sont qu’entre les mains d’Hachem, et Lui seul peut les coupler. Ceci est évoqué dans les mots "d’Acher, son pain sera gras et il pourvoira aux jouissances des rois" (מאשר שמנה לחמו והוא יתן - Vayé'hi 49,20).
Quelles sont les lettres après celles du nom אשר Acher (=מאשר peut être compris comme les lettres au-dessus de : א , ש , ר car la lettre מ au début d’un mot signifie « de »- la provenance -, mais aussi « plus que », et donc ce qui est au-dessus)?
Au-dessus du א se trouve le ב, au-dessus du ש le ת, et au-dessus du ר se trouve un ש.
Ces 3 lettres forment le mot שבת . Cela fait allusion au zivug du Shabbat et du peuple juif.
Le mot שמנה est lui composé des mêmes lettres que le mot שמנה .נשמה signifie aussi gras, faisant allusion au corps matériel. Par conséquent, nous avons une allusion au zivoug du corps et de l’âme.
Enfin, le mot לחמו correspond au zivoug d’un mari et d’une femme parce qu’une femme est appelée allusivement "le pain de l’homme".
C’est le sens profond de la bénédiction d’Acher : מאשר שמנה לחמו והוא יתן (méAcher chéména la'hmo véou yiten) = ces 3 zivougim, Seul Hachem peut les ‘donner’.

Quand le père se réveilla, ce rêve s’enracina en lui au point qu’il atteint le niveau d’émouna que seul Hachem était capable de trouver un chidoukh pour sa fille. Animé de cette puissante foi, Hachem lui envoya alors immédiatement un partenaire pour sa fille qui se fiança rapidement.

"Tout le pays d'Egypte commença à ressentir la famine, et le peuple mit à crier auprès de Pharaon pour du pain. Pharaon dit à tous les Egyptiens : "Allez à Yossef, ce qu'il vous dira, vous le ferez"." (Mikets 41,55)

-> Rachi commente : Yossef leur disait de se faire circoncire, [et c'est à cette condition qu'il leur donnerait de quoi manger].

=> Quel est l'intérêt d'un tel décret? Pourquoi imposer à des non-juifs de se circoncire?

-> Rabbi Yonatan Eibeschuetz apporte 2 réponses :
- 1°/ Dans le Yaarot Dvach, il enseigne que Yossef savait par inspiration Divine que sa famille était amenée à descendre en Egypte, et qu'au fil du temps, les juifs allaient s'installer et prendre leurs marques dans ce pays.
Ainsi, Yossef craignait que la génération suivante ne cherche à s'intégrer voire même à s'assimiler aux égyptiens, et que cela l'amène à arrêter de se circoncire pour ressembler aux égyptiens.

=> C'est pourquoi, pour éviter de telles fâcheuses conséquences, Yossef a anticipé les choses et a émis le décret que les égyptiens doivent se circoncire. De la sorte, même si dans l'avenir les juifs cherchent à ressembler aux égyptiens, au moins ils ne lâcheront pas la circoncision.
En effet puisque les égyptiens seront aussi circoncis, pour leur ressembler, les juifs ne se priveront pas de se circoncire.

De cette façon, ce décret de Yossef venait pour protéger la mitsva de la cironcision (mila) pour les juifs des générations suivantes.

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- 2°/ Dans son Tiféret Yonathan, il rapporte l'enseignement des commentateurs selon lequel la circoncision (mila) réduit le désir et les pulsions de l'homme.
Or, nos Sages disent que les égyptiens étaient embourbés dans la débauche, les mœurs étaient particulièrement dépravées/immorales en Egypte.

D'autre part, nos Sages rapportent que la débauche amène à la pauvreté : "Celui qui se laisse aller à la perversion finira par en venir à demander du pain et il n'en trouvera même pas".
[par exemple, dans le Séfer haMidot (partie sur l'argent, point n°66) de rabbi Na'hman de Breslev, il est écrit : "L'immoralité sexuelle entraîne la pauvreté".]

Ainsi, Yossef craignait que malgré ses réserves, la pauvreté et la faim se renforcent en Egypte du fait de l'immoralité de ses habitants.
Pour tempérer leurs pulsions et tenter de réduire la débauche dans ce pays, Yossef décréta que les égyptiens doivent se circoncire.
=> De cette façon, Yossef cherchait à préserver les réserves de blé, et d'éviter que la pauvreté et la famine se renforcent aussi en Egypte.

-> D'ailleurs, le Kli Yakar ajoute que c'est parce que Yossef a préservé son alliance de la circoncision (mila) et n'a pas succombé à la tentation de se débaucher avec la femme de Potifar, qu'il mérita que ce soit justement lui qui nourrisse l'Egypte et engrange de la récolte pendant les années d'abondance pour préparer les années de famine, sans que sa récolte ne pourrisse.

=> En effet, car si la débauche entraîne la pauvreté, le fait de résister à cette faute amène la bénédiction au niveau de la récolte (subsistance/parnassa).

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-> Le Alchikh haKadoch explique que la famine qui devait sévir dans le monde provenait des influences astrales. C'est ainsi que cette famine était annoncée à travers les 7 vaches maigres du rêve de Pharaon.

Le chiffre 7 évoque la marche naturelle du monde basée sur les 7 astres dont l'influence se succède pendant les 7 jours de la semaine.
Pour dépasser cette famine émanant des astres, Yossef imposa aux égyptiens de se circoncire, car la circoncision permet d'élever l'homme au-dessus des astres et des étoiles.

En effet, le prépuce fige l'individu sous le règne naturel du monde et la circoncision le libère des influences astrales. D'ailleurs, cela est une des raisons pour laquelle un juif doit se circoncire le 8e jour de sa vie, car le chiffre 8, qui est au-dessus du 7, représente justement la dimension qui dépasse la nature et les astres.

=> En imposant que les égyptiens se circoncissent, Yossef cherchait à élever l'Egypte à une dimension surnaturelle, en vue de la libérer du décret astral concernant la famine.

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-> Le Maskil léDavid rapporte le commentaire de Rachi qui dit que quand les frères ont vendu Yossef, ils ont conclu entre eux un vœu pour interdire à quiconque de révéler cette vente, et d'ailleurs Hachem Lui-même s'est associé à eux pour s'engager à garder ce secret.
C'est d'ailleurs pourquoi Hachem n'a pas révélé à Yaakov que son fils se trouve en Egypte [malgré le fait qu'il avait l'inspiration Divine!].

Puisque Yossef connaissait ce vœu, il ne pouvait pas informer sa famille et leur donner des nouvelles.
D'un autre côté, il s'imaginait bien dans quelle peine se trouvait son père pour penser avoir perdu son fils bien-aimé. Et Yossef se sentait avoir le devoir de le rassurer pour calmer son angoisse.

=> Il trouva la solution de décréter que les égyptiens se circoncisent. Yossef comptait sur le fait que très probablement, une telle chose se diffuserait dans les alentours.
Un tel décret [aussi incroyable] selon lequel tous les égyptiens doivent se circoncire devra forcément se répandre.

Ainsi, Yossef comptait sur le fait qu'en Canaan aussi, on apprenne cela et que Yaakov en entende parler. Et certainement, s'il entend qu'en Egypte, un homme a décrété que tout le monde doive se circoncire, il saura qu'une telle loi ne peut venir que d'un juif, et il se doutera alors que certainement cela vient de Yossef.
Et cela rassurera son père Yaakov, car il en conclura que Yossef est toujours vivant

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-> Yossef désirait suivre l'exemple d'Avraham, Its'hak et Yaakov, qui avaient converti des non-juifs par la manière douce et en utilisant la logique afin de les amener au judaïsme.

=> Yossef espérait amener les égyptiens par la circoncision à reconnaître le D. vrai et à se soumettre à Sa loi universelle.
[le Yéfé Toar rapporté dans le Méam Loez - Mikets 41,53-54]

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-> "Tout le pays d’Egypte était affligé par la famine, le peuple demanda à grands cris à Pharaon du pain. Pharaon répondit à tous les Égyptiens : "Allez chez Yossef ; ce qu’il vous dira, vous le ferez"." (Mikets 41,55)

Rachi explique sur les mots "Ce qu’il vous dira, vous le ferez" : "Parce que Yossef leur avait dit qu’ils devaient se circoncire".

En tant que vice-roi, Yossef gérait toute la nourriture engrangée en Égypte. En échange des bienfaits qu’il avait prodigués aux Égyptiens en subvenant à leurs besoins, Yossef leur demanda de se circoncire.
=> Les commentateurs se demandent pourquoi il fit une telle requête alors que les non-juifs n’ont pas l’obligation de faire la brit mila.

-> Le rav Yérou’ham Leibovitz (Daat Torah - Béréchit - Biourim) propose une réponse intéressante.
Il rapporte un verset de la paracha Vayigach (la paracha suivant Mikets) dans laquelle les égyptiens reconnaissent tout ce que Yossef a fait en leur faveur : "Ils dirent : "Tu nous as fait vivre"" (Vayigach 47,25).
Le midrach (Béréchit rabba Mikets 90,6) raconte qu’ils reconnurent ensuite qu’il leur avait sauvé la vie dans le Olam Hazé (ce monde-ci) et dans le Olam Haba (le monde à Venir) = cela signifie qu’il les a aidés dans le domaine spirituel et matériel.
Les commentateurs de ce midrach (Ets Yossef - Matnot Kéhouna) expliquent comment Yossef les a préservés spirituellement : il les força à pratiquer la brit mila (circoncision).
Cela leur fut d’une grande aide, bien qu’ils restèrent non-juifs. En effet, la Orla (l’excroissance) que l’on retire est source d’une grande impureté et le fait de l’enlever est bénéfique aux non-juifs également.

Le rav Yérou’ham Leibovitz explique ensuite pourquoi Yossef leur imposa la circoncision : il les avait tant aidés matériellement, en leur sauvant littéralement la vie durant la famine qu’il se sentait responsable de les aider aussi spirituellement.

En effet, la meilleure façon d’aider son prochain est de le soutenir au niveau spirituel.
C’est un concept discuté par les commentateurs concernant la mitsva d’aimer son prochain comme soi-même.

-> Le Ben Ich ’Haï affirme que malgré la place prépondérante qu’elle occupe dans la Torah, une grande partie de cette mitsva (’aimer son prochain comme soi-même) est négligée par plusieurs personnes. Selon lui, bien que beaucoup de gens aient conscience qu’elle exige une sollicitude vis-à-vis du bien-être physique du prochain, ils réalisent moins l’obligation qu’elle impose sur le plan spirituel.
Il ajoute que lorsque l’on aide son ami dans la spiritualité, on accomplit la mitsva de façon bien plus parfaite que quand on lui prodigue un bienfait dans la matérialité.

Le Ben Ich ’Haï explique (Péniné Ben Ich ’Haï - Parachat Kédochim) :
"Lorsque l’on soutient l’autre physiquement, on exprime notre préoccupation pour son corps. Mais l’essence de la personne provient du côté divin qui est en elle, de son âme, qui ne tire aucun profit de la matérialité.
Par contre, si l’on réprimande son ami et qu’on l’empêche par là de transgresser les mitsvot d’Hachem, on manifeste un souci pour son âme et l’on montre que notre amour pour son bien-être spirituel est bien plus grand que celui porté sur son aise matérielle."
=> Le Ben Ich ‘Haï nous enseigne donc que pour accomplir au mieux la mitsva d’aimer son prochain, on ne peut pas limiter sa gentillesse à la matérialité, mais il faut s’efforcer de l’aider encore plus dans la spiritualité.

-> Dans le même ordre d’idées, le Or’hot Tsadikim (Chaar Nédivout) nous précise qu’il y a 3 sortes de dons : l’apport d’argent, l’assistance physique (don de soi) et la transmission du savoir.
Il détaille ces 3 formes, puis termine le chapitre en se focalisant sur le fait d’enseigner la Torah aux autres.
Il écrit : "Il faut être particulièrement généreux en ce qui concerne les connaissances en Torah ; instruire autrui et rapprocher son cœur du Ciel. C’est le meilleur don : lui permettre l’accès au Monde Futur."

=> Rav Yérou’ham nous informe que Yossef était d’un tel niveau qu’il sentait que sa bonté envers les égyptiens était incomplète s’il ne sauvait pas aussi leurs âmes.
Cet enseignement est très pertinent dans notre quotidien.

-> Il existe plusieurs façons d’aider les autres dans ce domaine. Le Ben Ich ’Haï évoque la réprimande, mais dans la génération présente, il est très difficile de faire un reproche correctement, sans causer de tort.
On peut, en prenant moins de risques, partager sa Torah avec les autres. D’ailleurs, nos Sages affirment à diverses reprises que l’enseignement de la Torah est un objectif prioritaire ; la guémara (Roch Hachana 23b) fait savoir que celui qui apprend et qui n’enseigne pas ressemble à un myrte dans le désert.
Le Maharal (Hidouché Haggadot 23b) explique que le myrte est l’arbre le plus parfumé ; il fut créé pour que les gens profitent de son odeur agréable. Un myrte dans le désert ne réalise pas son objectif puisque personne ne jouit de lui. De même, la Torah est là pour être transmise et celui qui y renonce ne réalise pas son but sur terre.

La michna dans Pirké Avot (2,9) déclare : "Si tu as appris beaucoup de Torah, ne t’enorgueillis pas (Al Ta’hzik Tova Léastmékha), parce que c’est pour cela que tu as été créé."
D’après son sens simple, on comprend de cette michna qu’il ne faut pas se sentir fier de ses réalisations dans l’étude de la Torah parce que c’est le but de la vie.
Cependant, plusieurs commentateurs proposent une interprétation différente et comprennent les mots de la michna au sens littéral. Ils pensent que si quelqu’un a appris beaucoup de Torah, il ne doit pas garder ce bien pour lui-même, mais en faire profiter les autres et l’enseigner. Pourquoi?
Parce que son objectif sur terre est d’apprendre et d’enseigner.
[Rav Yehonathan Gefen]

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-> Yossef veillait scrupuleusement à préserver sa sainteté au point qu’il fut appelé "tsaddik yéssod olam" (Juste fondement du Monde - qui garde l’Alliance de la Mila). Cette qualité lui faisait répugner les hommes incirconcis.
Malgré cela, disent nos Sages dans le midrach, le fait d’avoir marqué les égyptiens du sceau de la Sainteté lui fut compté comme une faute. En effet, le tsaddik doit être tolérant même envers ceux qui sont le contraire de son caractère.
[Sfat Emet]

-> L’imposition de la Mila aux Egyptiens est à mettre en rapport avec le phénomène de moisissure de blé qui se produisait chez eux, mais non chez Yossef. Aussi, ce dernier attribuait-il cette différence aux bienfaits de la brit mila. Celle-ci a, en effet, le pouvoir de conférer la pérennité de vie et de biens à ses adhérents, comme le prouve l’histoire du peuple juif.
Yossef considérait donc l’accomplissement de la Brit Mila comme un antidote de la déchéance et comme une garantie de durée et de persistance (à noter que le mot ברית – Brit (alliance de la Mila) est traduit en araméen, dans le commentaire de Onkelos (Lé'ha Lé'ha 17,11), par le mot קימא – Kima qui signifie "survie"). [voir Rabbénou Bé’hayé].

Yossef de la prison au titre de vice-roi d’Egypte

+++ Yossef de la prison au titre de vice-roi d'Egypte :

-> En prison, Hachem bénit Yossef, qui devint très rapidement le protégé du gouverneur de la prison, qui conscient de l'innocence de Yossef, voyait que D. était avec lui, comme il est écrit : "Le gouverneur de la prison ne vérifiait rien de ce qui passait par sa main, parce que Hachem était avec lui, et ce qu'il entreprenait, Hachem le faisait réussir" (v.39,23).
[...]

D'ailleurs, le geôlier ne garda pas Yossef en prison à cause du travail qu'il accomplissait, mais parce qu'il l'aimait beaucoup.
Il lui confiait des tâches faciles, comme laver les ustensiles de cuisine ou faire les lits.
[aucune mesure de quelque importance n'est décidée dans la prison sans son approbation, et Yossef bénéficie en prison du même statut et privilège qu'auparavant dans la maison de Potiphar (Targoum Yonathan).]
[Méam Loez - Vayéchev 39,21-23]

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-> Potiphar a veillé à ce que Yossef ne soit pas avec des détenus meurtriers, mais plutôt dans une prison contenant des détenus politiques et dignitaires royaux démis de leurs fonctions.
[Ramban ; Rabbénou Bé'hayé]

-> Potiphar accorde quelques heures de permission par jour à Yossef.
Tous les matins, on fait sortir Yossef de la fosse [de sa prison souterraine] pour le conduire à la demeure de Potiphar où il devient son serviteur. Il lave la vaisselle, dresse la table et sert les repas à son maître.
[midrach Béréchit rabba 87,10 avec Yéfé Toar]

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-> Rachi (v.40,1) dit que D. a suscité l'accusation du maître-échanson et du maître panetier afin que le peuple cesse de parler de Yossef et commence à jaser sur ces 2 nouveaux incidents, survenus immédiatement après que Yossef ait été mis en prison.

[il est à noter que ces 2 dignitaires n'ont été incarcérés que 9 ans après les faits qui leurs sont reprochés, car pendant cette période ils bataillaient juridiquement pour prouver leur innocence.
Cependant, malgré leurs excellents avocats, au bout de 9 années de débats, Pharaon déclara qu'en attendant qu'une décision soit prise à leur sujet, ils iraient en prison.
Yossef est resté en prison durant 12 ans en tout : 9 ans seul, 1 année avec les 2 hauts dignitaires, et 2 années après qu'ils soient sortis de prison.]

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-> Certains commentateurs sont d'avis que le maître-échanson et le maître panetier ont chacun comploté pour tuer Pharaon, et d'autres qu'ils sont innocents, Hachem ayant mis en place cela pour mener Yossef au palais.

On peut citer le Rokéa'h (v.40,19) disant que le maître-panetier avait intentionnellement introduit un caillou dans le pain pour que Pharaon s'étouffe en le mangeant.

Le Yéfé Toar rapporte que la mouche mise dans le vin était chargée d'une dose de venin mortel.

-> Selon le 'Hemdat Yamim (cité par Torah Chéléma v.40,1), Pharaon a été prévenu en rêve que ses dignitaires cherchaient à attenter à ses jours.

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+ L'échanson conta son rêve à Yossef. Il dit : "Dans mon rêve, une vigne était devant moi. A cette vigne étaient trois pampres. Or, elle semblait se couvrir de fleurs, ses bourgeons se développaient, ses grappes mûrissaient leurs raisins. J'avais en main la coupe de Pharaon; je cueillais les raisins, j'en exprimais le jus dans la coupe de Pharaon et je présentais la coupe à la main du roi." (Vayéchev 40,9-11)

-> Yossef comprit immédiatement que les 3 branches représentaient : Avraham, Its'hak et Yaakov, les 3 Patriarches.
Leurs enfants étaient destinés à l'asservissement en Egypte et leur libération devait survenir grâce à 3 messagers de D. : Moché, Aharon et Myriam. [par lesquels ils bénéficieront de la manne, des colonnes de nuée et du puits]

La coupe dans la main de Pharaon symbolisait la coupe des malheurs par lesquels D. allait frapper l'Egypte en châtiment des souffrances infligées à Israël.
Le mot "coupe" est répété 4 fois dans ce passage. Ils correspond aux 4 grands empires de l'antiquité : Babylone, la Perse, la Grèce et Rome.
Ces 4 puissances finiront par boire la coupe de l'amertume (cf. Yirmiyahou 25,15-30), [en rétribution des souffrances qu'elles ont fait subir aux juifs]
De même que les bourgeons, les fleurs et la vignes éclosent presque instantanément, la libération d'Egypte devaient survenir de façon soudaine.

Yossef comprit tout cela de son rêve. Il pensa : "L'échanson m'a transmis un bon enseignement. Je vais donc lui donner une bonne interprétation de ses rêves".
[Méam Loez]

-> Il est à noter que le mot "coupe", qui revient à 4 reprises dans ce passage, fait également allusion aux 4 coupes de vin que nous buvons le soir du Séder
Avant même que Yossef ne devienne vice-roi et que ses frères ne descendent en Egypte, le processus menant à la délivrance a été mis en place.
[rabbi Yossef Deutsch]

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-> Le Ben Ich 'Haï (Halakhot alef - akdamat 'Hanouca) écrit :
"Les trois rameaux" (de vigne du rêve du maitre échanson) : Yossef Hatsadik, ainsi que les ‘Hachmonaïm, ont mérité un miracle car dans 3 choses ils étaient parfaits : dans la pensée, la parole et l’action.
Les 3 choses par lesquels le service divin se parfait.

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+ Le maître panetier, voyant qu'il avait interprété dans un sens favorable, dit à Yossef : "Pour moi, dans mon songe j'avais trois corbeilles à claire voie sur la tête. La corbeille supérieure contenait tout ce que mange Pharaon en fait de boulangerie; et les oiseaux le becquetaient dans la corbeille, au dessus de ma tête." (Vayéchev 40,16-17)

-> Yossef vit que les 3 corbeilles correspondaient aux 3 types de souffrance qu'Israël allait endurer en Egypte : le dur labeur des briques et du mortier, les travaux des champs, et le décret condamnant tout nouveau-né mâle à être noyé dans le Nil.

Yossef comprit par ce rêve que Pharaon allait prononcer de terribles décrets à l'encontre d'Israël.
Il pensa : "Puisque ce rêve m'annonce de mauvaises nouvelles, je vais en donner une mauvaise interprétation".

Yossef ne permit pas au panetier de raconter complètement son rêve. Ce dernier étant négatif, il ne désirait pas l'entendre en entier.
C'est pourquoi la Torah dit : "Yossef répondit et dit" = cette formulation indique qu'il coupa la parole au panetier et ne lui laissa pas achever le récit de son rêve.
[Méam Loez]

-> Les oiseaux symbolisent les ennemis du peuple d'Israël qui les attaqueront et les disperseront aux 4 coins de la terre comme des miettes qu'un oiseau éparpille çà et là en picorant un morceau de pain.
Les 3 paniers symbolisent les empires qui asserviront le peuple juif : la Babylonie, la Perse et la Grèce.
Les pâtisseries, dans le panier du dessus, représentent les romains qui lèveront de lourds impôts et opprimeront de nombreuses nations.
[midrach Béréchit rabba 88,6]

-> L'oiseau symbolise également le machia'h qui picorera l'empire romain et le réduira à néant.
[midrach haGadol Béréchit 40,17-18]

-> Au-delà du message négatif pour les juifs, Yossef a compris que si les oiseaux picoraient directement sur la tête du maître-panetier, c'est qu'il était un homme mort, car normalement les oiseaux redoutent de s'approcher d'une personne vivante.
['Hida - Pné David]

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-> "Dans 3 jours, Pharaon te fera trancher la tête" (Vayéchev 41, 19) :

=> Pourquoi Yossef a-t-il interprété le rêve du maître panetier en lui annonçant sa mort?

Le Imré Daat explique :
En fait, dans son rêve, le maître panetier vit des oiseaux picorer le pain qui se trouvait dans la corbeille au dessus de sa tête. Or, en général, les oiseaux (non domptés) ont peur de s'approcher de trop près des êtres humains. Il n'est donc pas habituel qu'ils s'approchent tant d'un homme au point de picorer le pain au dessus de sa tête, sans aucune appréhension.
Yossef fut étonné d'une telle chose. Il en déduisit que pour qu'un tel fait soit possible et que les oiseaux n'aient aucune peur de s'approcher de lui, c'est que cet homme n'est pas vivant, mais qu'il est mort. Il déduisit donc de ce rêve qu'il annonce la mort du maître panetier.

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-> Le maître panetier : "j'avais trois corbeilles à claire voie sur la tête"
-> L'échanson : "J'avais en main la coupe de Pharaon"

-> Le rav Elimélé'h Biderman dit que le maître panetier représente une personne qui accomplit la volonté d'Hachem en la mettant au-dessus de sa tête, c'est-à-dire par habitude, sans joie et enthousiasme.
[je fais les mitsvot parce que je dois les faire, mais je n'en suis pas plus content que cela]
Ainsi, une telle personne est comme morte spirituellement (car Hachem désire le cœur!).
A l'inverse l'échanson avec sa main, représente le fait de prendre en main, d'agir, pour réaliser les mitsvot avec énergie, fierté et enthousiaste.
Une telle personne est bien vivante spirituellement parlant.

-> Le maître panetier met tout au-dessus de sa tête = cela symbolise le fait qu'il désire toujours ce qui est au-dessus de lui, il n'est jamais content, toujours à la recherche d'une nouvelle chose manquante.
Ainsi, il n'est pas vivant car il n'est pas heureux de ce qu'il a.
[à l'image d'un mort, il ne profite pas de son présent, mais il a la tête dans le futur (quand j'aurai ça alors...) et parfois dans le passé (j'aurai dû ...).]
A l'inverse l'échanson a la coupe dans la main, cela symbolise un "lé'haïm" à Hachem, en Le remerciement pour tout ce qu'il a pu m'octroyer.
L'échanson est joyeux de ce qu'il a dans le présent, il est donc bien vivant.

-> La hichtaldout est la réalisation de la malédiction de devoir "travailler à la sueur de son front".
C'est une punition liée à la faute d'Adam et 'Hava, où l'on se comporte comme si cela venait de nous, afin de dissimuler la réalité du miracle : Hachem nous donne en cadeau notre parnassa.
Lorsqu'il fait sa hichtaldout, un juif doit agir avec ses mains, mais avoir sa tête active et connectée à Hachem, la source de toute chose.
Ainsi, le maître panetier met tout au-dessus de sa tête = il agit en étant persuadé que tout ne vient que grâce à son travail, à sa force, son intelligence, ... Hachem existe sûrement, mais c'est moi qui m'auto-gère.
Puisque son être est rempli d'égo (moi je, c'est moi qui, ...), il ne laisse aucune place pour que Hachem (source de toute vie, de toutes bénédictions) réside en lui, et ainsi il n'est pas vraiment vivant.
A l'inverse, l'échanson fait sa hichtaldout avec sa main, mais il a en tête la émouna, la certitude qu'au final il aura ce que Hachem voudra lui donner.
Puisqu'il permet à Hachem de résider en lui, l'échanson est bien vivant, et il est rempli de bénédictions.

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-> Au-delà du fait qu'un rêve avait un contenu favorable aux juifs, et l'autre défavorable, il y ici une allusion pour nous : si les juifs le méritent, ils s'élèveront comme le maître-échanson (qui sortit de prison et retrouva son haut poste à la cour royale), sinon ils mourront comme le maître-panetier (qui ne sortit de prison que pour être tué).
[midrach Bamidbar rabba 1 - rapporté par rabbi Yossef Deutsch]

[cela peut également être une image de notre vie dans ce monde, où notre âme est prisonnière temporairement dans un corps.
Une fois que notre temps est écoulé, nous aurons droit à un jugement du Roi des rois (Hachem), qui débouchera soit sur le fait de tendre vers une vie plein de spiritualité à la cour royale, ou bien une mort spirituelle, loin de D. car n'ayant pas assez mis à profit notre court passage dans ce monde.]