Aux délices de la Torah

Pâtisserie spirituelle depuis 5771 - b'h
 

"La durée de notre vie est de 70 ans, et à la rigueur, de 80 ans" (Téhilim 90,10)

-> Rabbénou Don Its'hak Abarbanel écrit que les 7 jours de Pessa'h symbolisent les 7 décennies de la vie d'une personne.

1°/ Pendant le Séder, il y a de nombreuses mitsvot, en particulier celle d'enseigner à nos enfants les miracles de la sortie d'Egypte.
Cela correspond aux premières années de la vie, qui sont celles de l'éducation, où l'on se développe et apprend énormément.
C'est un jour saint (Yom Tov), symbolisant le fait que ces premières années de la vie sont les plus importantes pour être consacrées à la sainteté, et à apprendre la Torah.

[ à l'étranger il y a 2 jours de Yom Tov, comme les 20 années environ d'apprentissage avant de rentrer dans le monde actif]

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2°/ Il y a ensuite des jours de 'hol hamoéd, où les travaux sont permis, mais le 'hamets reste interdit.

En dehors d'Israël, il y a 4 jours de 'hol hamoéd, symbolisant les 40 années environ de travail avant de parvenir à sa retraite.
Durant ces années, on travaille pour obtenir sa parnassa, mais il faudra toujours rester vigilant à ne pas consommer et à rester éloigné de toute forme de 'hamets (qui représente le yétser ara en nous, ce qui va à l'encontre de la sainteté, de la volonté de D.).

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3°/ Pessa'h dure 7 ou 8 jours (hors Israël), en allusion aux mots du Téhilim : "la durée de notre vie est de 70 ans, et à la rigueur, de 80 ans".

Pessa'h se termine par de nouveau 1 ou 2 jours de sainteté (Yom Tov), qui sont ces 10-20 années environ où une fois à la retraite nous pouvons les consacrer totalement à des fins saintes, dans l'étude de la Torah et la réalisation de mitsvot.

Avant de commencer à réciter la Haggada de Pessa'h, nous procédons à l'annonce suivante : "Quiconque a faim vienne et mange, quiconque est dans le besoin vienne et célèbre Pessa'h avec nous" (dans le passage du : "a la'hma anya").
L'objectif de cela est de faire pénétrer en nos enfants et en nous, l'idée que : "Tous [les juifs] sont responsables les uns des autres." (chékoulam arévim zé bazé - guémara Sanhédrin 27b).

Puisque aucun juif ne peut être pleinement libre tant que son frère juif reste dans l'asservissement et dans l'exil [personnel], par conséquent notre première obligation est d'inviter nos frères qui ont moins de chance que nous à venir partager notre repas.
Ce n'est qu'alors [que nous sommes assurés qu'aucun juif n'est abandonné dans sa misère], que nous pouvons observer le Séder comme il le faut, et sortir de l'exil [tous ensemble].

[le rabbi de Loubavitch - rabbi Mena'hem Mendel Schneerson]

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+ "Yéhouda est allé en exil, accablé par la misère (oni)" (Eikha 1,3 - גָּלְתָה יְהוּדָה מֵעֹנִי)

La matsa est appelée : "un pain de misère" (lé'hem oni - לחם העוני).

Dans ce verset, nos Sages voient une allusion au fait que notre exil actuel provient d'une négligence de la matsa, c'est-à-dire de notre mépris des besoins des pauvres.
Cela met en avant l'échec du peuple juif à remplir ses obligations envers Hachem et envers son prochain juif.

=> Au début du Séder, en levant la matsa et en accueillant les pauvres à notre (a la'hma anya), nous prions de mériter la guéoula très rapidement, en conséquent.

[le 'Hatam Sofer]

[d'ailleurs c'est pourquoi dans ce même passage nous souhaitons l'année prochaine à Jérusalem. En effet, par le mérite de notre tsédaka aux pauvres nous méritons d'activer la venue du machia'h, ce qui implique que l'année prochaine nous serons déjà tous installés à Jérusalem avec le Temple reconstruit. Amen!]

"A Pessa'h, lorsque nous racontons la sortie d'Egypte, le même miracle se reproduit à nouveau.
De cette façon, à notre époque, nous espérons éveiller la même miséricorde Divine qu'il y a eu au moment où nous avons quitté l'Egypte."

[le Noam Elimélé'h - rabbi Elimélé'h de Lizhensk]

Le nom Pessa'h (פסח) peut se décomposer en : פה סח ("pé sha'h" - la bouche parle).
Puisque les lettres ס et צ sont généralement interchangeables, nous pouvons lire Pessa'h comme : פה צח (pé tsa'h - une bouche propre/pure).

[le Arizal]

=> Alors que nous sommes tous occupés à déployer d'énormes efforts pour nettoyer notre maison de tout 'hamets, ne devons-nous pas investir au moins autant d'efforts pour nettoyer notre langage?

A Pessa'h, notre bouche va manger pour accomplir des mitsvot (ex: matsa, maror, koré'h, les différents repas), va parler pour faire des mitsvot (ex: raconter la sortie d'Egypte, transmettre la Torah à ses enfants).
=> Nous devons savoir avaler nos mots pour ne pas dire de lachon ara, et nous devons savoir parler pour exprimer des paroles positives à autrui.

"Au 10e jour de ce mois, que chacun se procure un agneau pour sa famille paternelle" (Bo 12,3)

-> Le 10 Nissan, Shabbath précédant la sortie d'Egypte, les juifs ont reçu l'ordre de prendre un agneau (shé - שֶׂה) pour le Korban Pessa'h.
Les lettres de ce mot sont l'acronyme de : שבת הגדול (Shabbath Gadol).

Ce Shabbath marquait la fin officielle des 430 années d'exil en Egypte.
Une allusion à cela se trouve dans les dernières lettres de Shabbath Gadol : ל et ת, dont la guématria est de 430.

Lorsque l'on prend les lettres restantes (autres que les 1ers et dernières) de ce mot : le ב de Sabbath, et גדו de Gadol, on a une guématria de : 15.
Cela correspond à la date du 15 Nissan, 1er jour de Pessa'h, où ce Korban Pessa'h devait être mangé entièrement, avant la sortie d'Egypte.

[Rabbi Zalman Bass]

"Ce sont eux Mes moments fixés (moadaï). Durant 6 jours, l'ouvrage sera fait et le 7e jour est jour de repos complet (Shabbath Shabbathon)" (Emor 23,2-3)

Le Gaon de Vilna dit que nous trouvons dans ce verset une allusion aux fêtes durant lesquelles il nous est permis de faire une méla'ha (travail/activité créatrice) afin de préparer de la nourriture.

En effet :
-> "Durant 6 jours, l'ouvrage sera fait" = il y a 6 jours de fêtes durant lesquels il nous est autorisé de cuisiner (en Israël).
Il s'agit : du 1er jour de Souccot, de Chémini Atsérét, du 1er jour de Pessa'h, du 7e jour de Pessa'h, de Shavouot (1 jour), et du 1er jour de Roch Hachana (le 2 jour étant une décision de nos Sages).

-> "le 7e jour est jour de repos complet" = à Yom Kippour, il nous est interdit de réaliser une méla'ha pour préparer de la nourriture, ce qui explique que la Torah le dénomme : " jour de repos complet" (Shabbath Shabbathon).

"Le 10e jour, le chef des enfants de Dan" (Nasso 7,66)

Il existe une coutume de lire pendant les 12 premiers jours du mois de Nissan les passages de la Torah se rapportant aux offrandes amenées par les chefs de tribu pour l'inauguration du Michkan.

-> Le rav Zalman de Volozhin, un des proches élèves du Gaon de Vilna a dit à ce sujet :
"Le jour de la semaine durant lequel nous lisons les offrandes apportées par la tribu de Dan est également le jour de la semaine durant lequel tombera le prochain Roch Hachana, jour durant lequel Hachem juge (dan) toute l'humanité.

Cela est également en allusion dans la bénédiction que Yaakov donne à Dan, comme il est écrit : "Dan yadin amo" (Dan jugera son peuple - Vayé'hi 49,16)."

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[lorsque Yaakov a béni ses enfants, il a associé la force du jugement terrestre avec la tribu de Dan, et c'est ainsi que cette tribu a apporté son offrande le 10e jour de Nissan qui tombe toujours le même jour de la semaine que le 1er jour de Roch Hachana, jour où D. juge l'humanité.]

Un juif ne peut pas s'imaginer à quel point il sera heureux au Ciel, si rien qu'une seule pensée interdite pouvait lui être retirée de ses actions de ce monde.

[Gaon de Vilna]

=> La téchouva n'est possible que dans ce monde, et nous négligeons trop souvent l'impact phénoménal de quelques mots/secondes de repentir!

"Aujourd’hui (hayom azé) Hachem ton D. t’ordonne d’accomplir ces lois" (Ki Tavo 26,16)

-> Le ‘Hafets ‘Haïm de commenter :
Le yétser ara a l’habitude de toujours se dire : aujourd’hui je n’ai pas le temps, j’étudierai la Torah et j’envisagerai de me repentir plus tard, demain est un autre jour, je m’amenderai.
Il lui dit cela le lendemain aussi, et il se comporte ainsi avec lui pendant toute sa vie.
C’est pourquoi, la Torah nous met en garde : "aujourd’hui Hachem ton D. t’ordonne d’accomplir" = aujourd’hui, sans remettre à demain.

[le yétser ara souhaite que nous soyons un tsadik, mais demain.
Ainsi, tout notre travail est de le vouloir, mais dès maintenant, aujourd’hui!
Par ailleurs, on peut se retrouver étouffé devant l’ampleur du travail à accomplir en spiritualité. Cependant, la Torah nous conseille d’aborder cela, jour par jour, en y investissant le meilleur de nous-même (aujourd’hui je me donne à fond pour être au top, demain on verra!)]

[b'h, l'intégralité de ce divré Torah : https://todahm.com/2019/04/16/8855 ]

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-> "Que signifie "en ce jour"?
C'est que Moché s'est ainsi adressé à Israël : "Que chaque jour, la Torah soit précieuse à vos yeux comme si le jour même, vous veniez de la recevoir au mont Sinaï".
[midrach Tan'houma]

-> "La Torah est aussi précieuse aux yeux de ceux qui l'étudient que le jour où elle fut donnée au mont Sinaï" [rabbi Yéhouda - guémara Béra'hot 63b]

Dans la suite de cette guémara, rabbi Tan'houma étaye l'opinion de rabbi Yéhouda en disant :
"Pour preuve qu'il en est bien ainsi : même si un homme lit le Shéma chaque jour matin et soir, et qu'un seul soir il oublie de le faire, il est semblable à quelqu'un qui ne l'aurait jamais lu de toute sa vie."

=> Pourquoi tant de sévérité envers cet homme, qui durant toute sa vie, n'a omis qu'une seule fois de lire le Shéma?
Le rav 'Haïm Chmoulévitz (Si'hot Moussar 5731) répond que c'est parce que chaque lecture du Shéma constitue une nouvelle acceptation du joug Divin, indépendante de celle des jours précédents.
Bien que les mots restent toujours les mêmes, la lecture d'aujourd'hui n'est pas une répétition de celle d'hier, mais une prise de conscience nouvelle et inédite.
Il en va de même pour la Torah : chaque instant consacré à l'étude est comme une nouvelle réception de la Torah, et en aucun cas la continuité de celle de la veille, bien que son contenu soit le même.

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-> Le Yaavets (commentaire Pirké Avot 1,4) écrit :
"Bois les paroles des Sages avidement" = étant donné que la nature humaine déteste les répétitions, cette michna nous exhorte à ne pas dire : "J'ai déjà entendu ces propos à de nombreuses reprises", mais au contraire à boire les paroles des Sages avec avidité, comme si nous ne les avions encore jamais entendues".

[ => Ainsi, en travaillant sur nous-même à toujours regarder les enseignements de Torah comme si on les entendait pour la 1ere fois, alors on peut en éprouver une sensation de soif.
(cela va à l'encontre d'une tendance naturelle à s'enorgueillir : je connais déjà, j'ai déjà entendu, je sais, ...)
Il en découle que plus nous sommes persuadés de pouvoir apprendre de nouvelles choses de Torah (comme la 1ere fois où nous ne savions rien!), plus nous mettons en place un grand récipient permettant de recevoir le liquide (la Torah étant comparée à l'eau).
A l'inverse, si nous croyons déjà tout savoir, alors nous ne sommes qu'une surface plate sur laquelle l'eau (la Torah) coule, sans nullement y rester! ]

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-> "Atem nitsavim hayom kouléh'em lifné Hachem" = Vous vous tenez aujourd'hui, vous tous, devant Hachem [en ce jour de jugement : Roch Hachana, Kippour] = tâchons d'y venir bien préparés.
[de même on doit s'imaginer le jour du jugement après notre mort, où nous devrons tous nous tenir devant Hachem et répondre de tout ce que nous avons pu faire ou ne pas faire durant notre passage dans ce monde.
Ainsi, si tu as en tête le "hayom" (ce jour où il faudra rendre des comptes), alors tu pourras exploiter au mieux chaque instant de ta vie!]

"Hachem dit à Moché : Voici (én - הֵן) tes jours approchent pour mourir" (Vayélé'h 31,14)

-> Au moment où Hachem annonce à Moché sa mort, et lui dit : "Voici (הן) tes jours approchent pour mourir", Moché lui répond : "Moi je T’ai glorifié avec le mot הן (voici), quand j’ai dit : "הן (voici) à Hachem appartient les Cieux", et Toi Tu annonces ma mort avec ce même terme".

Alors Hachem remarqua : "Tu te rappelles des entrées mais pas des sorties! Quand Je t’ai demandé d’aller sortir les Hébreux d’Egypte, ne m’as-tu pas rétorqué : “Voici (הן) les enfants d’Israël ne me croirons pas"?"

=> Quel est le lien logique derrière ce dialogue entre Hachem et Moché?
En quoi le mauvais “voici” annule le bon?
Bizarrement, on a l’impression d’être devant un règlement de compte!

Moché était à un très haut niveau où il a réussi à dévoiler la grandeur d’Hachem, puisque ceux qui étaient auprès de Moché, voyaient la Main d’Hachem de façon claire et dévoilée.
Ainsi Moché a réussi à dévoiler que le monde appartient à Hachem, et il espérait que par ce mérite, il puisse entrer en terre sainte.

Seulement, le problème est que justement du fait de cette grandeur, Moché ne pouvait pas entrer en terre sainte. En effet, si Moché faisait entrer le peuple en Israël, la conquête se déroulerait miraculeusement.
L’intervention Divine serait dévoilée, comme cela était son niveau. Or, après la faute des explorateurs, le peuple a chuté spirituellement et leur dimension ne leur permettait plus d’entrer en terre sainte de façon miraculeuse.
C’est pourquoi, Moché ne pouvait plus entrer en Israël. Ce devait être Yéhochoua, dont le niveau était plus bas, qui le remplace.

=> Puisque Moché savait cela, pourquoi a-t-il tant insisté pour y entrer? Pourquoi a-t-il récité 515 prières pour pouvoir entrer en terre sainte, sachant que cela ne lui était pas possible ?

C’est que Moché pensait que par ses prières, il pourra élever et raffiner le peuple pour les hisser à son grand niveau.
En effet, cela fait partie de la force de la prière de pouvoir élever ceux pour qui l'on prie. C'est pourquoi, Moché a tant prié pour élever le peuple et lui permettre de revenir à ce niveau leur rendant possible une conquête miraculeuse, digne d’un dirigeant comme lui.
Cependant, Hachem n’a pas accepté cette demande de Moché, car Il lui fit remarquer qu’en réalité, il était défectueux justement dans ce point là.

Moché, qui espérait élever le peuple par ses prières, a montré dans le passé qu’il ne croyait pas tant en cette force de la prière.
En effet, quand Hachem envoya Moché libérer le peuple, il rétorqua : "Voici (הן) les enfants d’Israël ne me croirons pas" = il exprima l’idée selon laquelle les juifs étaient à un très bas niveau qui impliquerait que certainement ils ne croiront pas en lui.
Mais alors à ce moment-là, pourquoi Moché ne s’est-il pas immédiatement muni de courage pour déverser son cœur et prier Hachem pour qu’Il élève le peuple et le raffine au point de les mener au niveau d’avoir cette foi en lui qui leur manquait.

=> A présent, on comprend bien la logique du dialogue entre Moché et Hachem.
Hachem montra à Moché une certaine contradiction dans sa démarche.
- D'une part, il souhaite de tout cœur entrer en terre sainte par le mérite d’avoir dévoiler Sa Présence dans le monde quand il dit : "Voici à Hachem appartient les cieux".
- D'un autre côté, Hachem lui montra que 40 ans plus tôt, Moché a fait remarquer à Hachem que le peuple n’allait pas avoir confiance en lui : "Voici les enfants d’Israël ne me croirons pas".

Ainsi, pourquoi n’a-t-il pas alors saisi la force de la prière pour hisser le peuple à ce niveau de foi nécessaire?
Le fait que Moché n’a pas saisi cette occasion de prier pour raffiner le peuple montra que très en finesse, il ne croyait pas si fermement que la prière peut raffiner et élever l’homme.
=> De ce fait, quand il souhaitait recourir à la prière pour élever le peuple et lui permettre d’entrer en terre sainte sous sa direction, alors Hachem n’a pas répondu favorablement à cette prière.

[Source : issu d’un dvar Torah du rav Mikaël Mouyal]

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en effet le midrach (Dévarim Rabba Vayélekh 9) rapporte :
A quoi est-ce que cela ressemble? A quelqu’un qui a honoré le roi et lui a apporté un cadeau, une épée tranchante. Le roi dit : 'Coupez-lui la tête avec!'
Ainsi, Moché a dit : 'Maître du Monde, je T'ai glorifié avec "én", ainsi qu'il est écrit : "voici (én - הֵן) qu'à Hachem ton D. appartient les Cieux et les Cieux des Cieux" (Ekev 10,14), et c'est avec "én" que Tu me condamnes à mort'?
Hachem lui a répondu : 'Ne te souviens-tu pas que Je t'ai envoyé sauver Israël d'Egypte et que tu M'as dit ; "Et si (vé'én - וְהֵן) ils ne me croient pas" (Chémot 4,1), donc 'Voici (én - הֵן) que tes jours approchent de la mort'".

En observant les voies de la providence, nous voyons que Hachem se conduit avec nous mesure pour mesure, ainsi qu'il est dit :"avec la mesure que l'homme utilise, on le mesure lui-même du Ciel" (Michna Sotah 1,7). Que ce soit pour le meilleur ou pour le pire.
Quand Moché a prié pour demander à rentrer en terre d'Israël, nous trouvons que Hachem lui a dit : "Assez (rav la'h - רַב לָךְ)! Ne me parle plus" (Vaét'hanan 3,26). C'est parce que dans la discorde de Kora'h, Moché avait utilisé ces mêmes mots : "Assez (rav la'hém - רַב לָכֶם), enfants de Lévi" (Kora'h 16,7).

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+ "Hachem dit à Moché : Voici (én - הֵן) tes jours approchent pour mourir, appelle Yéhochoua"

-> Selon le midrach (Dévarim rabba Vayélé'h 9), cela ressemble à une noble dame qui avait apporté au roi un très bel habit. Le roi a gardé l'habit, et au moment où cette noble dame allait mourir, le roi a ordonné de la recouvrir avec cet habit.

Hachem a dit à Moché : "Tu m'as loué par én (הֵן), et je décrète ta mort mort par én (הֵן)".
Quel est le rapport?

Le Maguid de Doubno dit au nom de la guémara (Moéd Katan 28), que "én" (הֵן) en grec signifie : "un", et désigne ainsi quelque chose d'unique.

La lettre "hé" (ה) est la seule lettre qui ne peut pas s'unir avec une autre lettre pour former 10 (ex: dalet et vav font 10 ; idem pour guimél et zaïn). Seul le hé reste seul.

De même dans les dizaines, le noun (נ) reste seul.
Ainsi, ces 2 lettres forment le mot : én (הֵן), qui montre quelque chose d'unique.

=> C'est pourquoi Moché a dit :"én" (הֵן) à Hachem = à savoir Hachem est un, l'Unique.
Et Hachem lui a répondu : Toi aussi tu es "én", la génération a baissé de niveau et toi tu es le chef unique de cette génération.

C'est pourquoi suite à sa mort, les Anciens de la génération ont dit : "Malheur à cause de cette honte" = quand Moché a appelé Yéhochoua, ils ont compris qu'ils n'étaient alors plus dignes d'avoir un chef comme Moché.

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"Appelle Yéhochoua et tenez-vous dans la tente d'assignation" (Vayélé'h 31,14)

Le midrach rapporte qu'après qu'Hachem ait parlé à Yéhochoua, Moché lui demanda : "Qu'est-ce qu'Hachem t'a-t-Il dit?"
Il lui répondit : "Quand Hachem te parlait, à toi, est-ce que je savais ce qu'Il te disait?"
Alors Moché cria : "Mieux vaut 100 morts mais pas une seule jalousie!"
=> Cela est étonnant : pourquoi Yéhochoua ne voulait-il pas dévoiler à Moché ce qu'Hachem lui a dit?

En réalité, ce qu'Hachem dit à Yéhochoua c'est justement : "Quand Moché te demandera qu'est-ce que Je t'ai dit, tu lui répondras : "Quand Hachem te parlait, à toi, est-ce que je savais ce qu'Il te disait?" En effet, Moché ne voulait pas mourir. Il souhaitait continuer à vivre même en tant qu'élève de Yéhochoua. Or, Hachem ne voulait pas reprendre son âme sans son accord. Ainsi, Hachem demanda à Yéhochoua de dire cette phrase à Moché, pour qu'il ressente cette pointe de jalousie liée à la difficulté de devenir l'élève de Yéhochoua et qu'il accepte de mourir.
Et il s'avéra que ce plan fonctionna à merveille.
[Gaon de Vilna]