Aux délices de la Torah

Pâtisserie spirituelle depuis 5771 - b'h
 

"La mitsva n'est pas de se souvenir que Amalek est venu nous attaquer, mais plutôt de se souvenir de la raison pour laquelle Hachem lui a permis de nous attaquer."

[Rabbi Tsadok haCohen (Pri Tsadik)
- "Souviens-toi de ce que t'a fait Amalek" - Ki Tétsé 25,17]

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Amalek est le fils de Elifaz, et le petit-fils de Essav.

-> Le nom de son père : Elifaz (אליפז) est une combinaison des mots : "éli" (mon dieu - אלי) et "paz" (l'or - פז).
=> Ainsi, cela représente la notion de : "Mon dieu est mon or!"
Tout son système de croyance était dans son argent et ses possessions matérielles.
Plutôt que de croire en Hachem, son dieu réside dans tout ce qui "brille" extérieurement, dans ce que son égo désire sur le moment.

[notre yétser ara (le Amalek en nous) est tellement fort qu'il arrive à nous vendre des actions contraires à la volonté de D., comme des affaires en or massif!
Mais un juif doit vérifier la marchandise, et si nécessaire se rendre chez des experts (nos sages), car tout ce qui brille n'est pas de l'or.
Notre vie est ce que nous avons de plus précieux, dommage de se la faire voler par des tromperies sur la marchandise!]

-> Le nom Amalek (עמלק) est la combinaison de 2 mots : "am" (peuple - עם) et "malak" (décapiter - מלק), ce mot provient du concept de : "mélika" (מליקה) qui dans le service du Temple était la partie où le Cohen coupait la tête de l'oiseau que l'on allait sacrifier à Hachem.
=> Ainsi, Amalek a pour objectif de couper la connexion entre le peuple juif et leur source Divine, d'endommager la émouna qui nous lie à Hachem.

Amalek marche dans les voies de ses ancêtres, persuadé qu'il n'y a pas de D. dans ce monde, et en ce sens il passe son temps à essayer d'anéantir toute relation entre les juifs et Hachem.

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-> "Et il ne craint pas Hachem" (Ki Tétsé 25,18)

La Torah décrit Amalek comme quelqu’un qui ne craint pas Hachem. Cela parait surprenant de ne trouver à reprocher à Amalek, l’ennemi juré d’Hachem, qui incarne le mal par excellence, que le fait de manquer de crainte d’Hachem!

-> Le Rav Yehouda Leib ‘Hasman explique que le garde-fou qui protège l’homme et l’empêche de tomber dans de graves fautes, c’est la crainte d’Hachem. Quand un homme a peur d’Hachem, de Son Jugement et Ses punitions, même si son cœur le tente à de graves déviations, il saura se maîtriser et se retenir, craignant la Colère Divine et redoutant d’être puni et de souffrir.
Mais quand un homme n’a pas de crainte d’Hachem, alors il risquera de se laisser aller à tous les aléas de son cœur, sans connaître de retenue. Il y a alors lieu de craindre le pire, D.ieu Préserve. Le seul garant préservant d’une chute vertigineuse c’est la crainte d’Hachem.
Ainsi, bien qu’il soit clair que la méchanceté et la corruption d’Amalek soit à un niveau si grave qu’il n’est pas approprié de lui reprocher de manquer de crainte d’Hachem. Au niveau de cruauté, de haine et de dépravation où il se trouve, on n’en est plus à parler de manquer simplement de crainte d’Hachem. Mais malgré tout, c’est uniquement son manque de crainte d’Hachem qui a causé sa glissade jusqu’à en venir là où il en est arrivé.

Chaque homme se doit de mesurer où il en est dans sa crainte d’Hachem. Est-ce que la peur du Jugement d’Hachem et de Ses sanctions occupe une place dans ses pensées et dans son cœur ? Dans le cas échéant, il y a lieu de se remettre en question et de se renforcer dans ce domaine par l’étude des textes qui sensibilisent sur cela. Car sans crainte d’Hachem, la porte est ouverte aux plus graves chutes. Cette réflexion doit nous éveiller à renforcer en nous cette crainte.

"Ceux-là vous écarterez parmi les oiseaux" (Chémini 11,13)

-> La Torah prend la peine d’énumérer tous les oiseaux interdits, car ils sont moins nombreux que les oiseaux permis, les autres étant interdits.
En revanche, en ce qui concerne les animaux, c’est l’inverse, les espèces interdites sont plus nombreuses.

En effet, les animaux proviennent de la terre, qui est ce qui a de plus matériel. De ce fait, elle produit surtout des espèces interdites.
En revanche les oiseaux émanent surtout de l’air (c’est pourquoi ils peuvent voler), qui est plus raffiné et plus pur que la terre, et c’est pourquoi, la majorité des oiseaux est autorisée.

[Kli Yakar]

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"Mais celui-ci vous ne pourrez pas" (Chémini 11,4)

-> Lorsque la Torah mentionne les animaux non cacher, elle commence par indiquer le signe qu'ils possèdent au lieu de dire simplement qu'ils ne sont pas casher à cause du signe qu'ils ne possèdent pas.
Cela suggère que la présence d'un seul signe de casherout (ruminant ou sabot fendu) est pire, car elle symbolise l'hypocrisie de certaines personnes qui tentent de faire connaître leurs rares bonnes actions ou les qualités qu'elles possèdent, au lieu de s'appliquer à se débarrasser de leurs défauts.
[Kli Yakar]

[ainsi, les mitsvot sont pour eux comme des déguisements à leur service, agissant comme des faire-valoir dans leur entourage!]

Le rabbi Nathan Scherman dit que de telles personnes agissent comme le porc qui a l'habitude de s'allonger sur le sol, pattes en avant, comme s'il voulait montrer ses sabots fendus et tromper les gens en faisant croire qu'il est casher.

[ils sont totalement dépendants du regard des autres (regardez mes beaux sabots!), oubliant que ce que désire Hachem, c'est leur cœur!]

-> Le Yashresh Yaakov fait remarquer que pour exister un bon mensonge doit forcément reposer sur de la vérité, et c'est là tout le problème avec ces animaux ne possédant qu'un seul des 2 signes. En effet, ils ont une base pour faire un beau mensonge/illusion, ce qui n'est pas le cas des animaux n'ayant aucun des signes (il n'y a alors pas à discuter!).
Par exemple, le gamal (chameau), peut être traduit par : "gomel" (celui qui accorde des bontés), alors qu'en réalité il n'en est rien.
De même le chafane (שָּׁפָן), possède les mêmes lettres que : "néfech" (l'âme), ce qui laisse penser qu'il fait preuve de gentillesse envers les âmes opprimées, mais cela n'est que de façade.
=> Ces animaux sont non seulement non-cashers par nature, mais également trompeur.

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-> Le Méam Loez (Chémini 11,4-8) écrit que ce verset fait allusion aux hommes qui paraissent très pieux mais qui en leur for intérieur sont emplis de mauvaises pensées et de méchanceté.
Ces hypocrites sont encore plus répugnants aux yeux de D. qu'un homme franchement racha.
Alors qu'un racha ne trompe personne, les hypocrites ne sont pieux qu'en apparence et dupent leurs prochains ...

Hachem désire que les hommes fassent de bonnes actions discrètement sans se vanter.
Le prophète dit : "[Hachem] dit à l'homme ce qui est bon. Que Hachem demande-t-Il? Seulement de faire la justice, d'aimer la bonté et de marcher discrètement avec ton D." (Mi'ha 6,8) ...

Si un homme dissimule ses actions louables, la bénédiction réside dans ses actes.
Si un décret est arrêté contre le monde, par exemple la mort ou la maladie, cet homme sera protégé par Hachem.
En effet, Yov dit : "Si un homme dirige sa voie avec discrétion, Hachem le protégera" (Yov 3,23).
[b'h, voir également : https://todahm.com/2014/08/07/1762 ]

Il est écrit : "C'est un jour [de châtiment] pour le D. des Armées célestes sur chaque haut lieu et sur chaque endroit élevé et bas" (Yéchayahou 2,12)
Ce verset signifie que Hachem punira 2 sortes de personnes :
1°/ celle qui s'enorgueillit publiquement ("chaque haut lieu") = elle éprouve de l'orgueil et le montre ouvertement.
2°/ Cependant, Hachem punira aussi celui qui adopte l'attitude de : "élevé et bas" = intérieurement, ces personnes sont orgueilleuses mais elle se montrent humbles comme la poussière afin de tromper autrui.
Elles veulent qu'on les prenne pour pieuses et religieuses afin de tromper et escroquer leurs semblables. Ce genre d'individus est haï de D., davantage qu'un homme franc, qui aussi mauvais à l'extérieur qu'à l'intérieur, a au moins l'avantage de ne pas duper autrui.
[...]

Il faut se méfier d'une personne qui exhibe trop sa pitié. Il est possible qu'elle agisse ainsi pour tromper ses semblables.
Hachem n'apprécie pas un tel comportement : Il veut qu'un homme observe les commandements et accomplisse des actes de piété supplémentaire ('hassidout) chez lui, là où personne ne peut le voir.
Lorsqu'il se trouve parmi d'autres, il doit agir comme ses semblables sans se distinguer.

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"Le chameau, car il rumine mais son sabot n'est pas fendu ... le chafane, car il
rumine mais son sabot n'est pas fendu ... la arnévét car elle rumine mais son sabot n'est pas fendu ... le porc car son sabot est fendu et son sabot est complètement séparé, mais il ne rumine pas sa nourriture" (Chémini 11,4-7)

-> Rabbi 'Haïm Yossef Kofman fait remarquer que la Torah expose d'abord la qualité (il rumine, sabot fendu), et seulement ensuite le défaut.
C'est une importante leçon d'éducation pour une critique constructive : il faut d'abord exprimer beaucoup de positifs, et seulement ensuite faire une petite remarque (c'est dommage, tu frôles l'excellence, il faudrait juste que tu perfectionnes cette petite chose!).
Sinon le risque est qu'autrui pour se protéger de son imperfection découverte, va se braquer et refuser de la prendre en compte, voir vouloir faire le contraire (c'est moi qui est raison! je fais ce que je veux!).

-> Le rav Israël Salanter fait remarquer que dans le texte les mots décrivant le "défaut" : "son sabot n'est pas fendu", sont écrits :
- pour le chameau au présent (oufarssa énénou mafriss) ;
- pour le chafane au futur (oufarssa lo yafriss) ;
- pour la arnévét au passé (oufarssa lo yafriss).
=> Nous devons juger autrui favorablement car nous ne connaissons pas toute l'histoire.

Rabbi Israël Salanter enseigne que la Torah nous dit en allusion qu’avant de venir donner son opinion en disant qu’Untel est impur, on doit bien réfléchir d’abord et prendre en considération non seulement le présent mais aussi le passé et l’avenir de cet homme.
Ne nous dépêchons pas de juger et de le déclarer impur, même si le passé et le présent ne sont pas ce qu’il faudrait, car peut-être y aura-t-il dans l’avenir des signes de pureté?
Ce n’est qu’après s’être assuré que ni dans l’avenir, ni dans le présent ni dans le passé on ne voit autre chose que des signes d’impureté, qu’on a le droit de dire: "Il est impur".

Rabbi Guttman dit que le Nom Divin (Tétragramme) représente la miséricorde et il renvoie à : "qui est (aya), qui a été (ové), qui sera (yiyé)", puisque Seul Hachem n'est pas limité par la notion de temps, et grâce à cela Il est infiniment miséricordieux.
Nous devons essayer de suivre le comportement de D., en se disant que puisque nous ne possédons pas tous les éléments, alors nous avons certainement une mauvaise vision de l'intégralité des choses.
Le fait de juger positivement autrui est la base de la miséricorde et de la bonté, que nous devons nous témoigner l'un l'autre.

-> On a pu voir précédemment que ce verset fait allusion aux hypocrites : ceux qui s'efforcent de dissimuler leur véritable nature, et affichant une pseudo honnêteté pour tromper leur entourage.
D'ailleurs, le midrach (Vayikra rabba 13,5) commente :
- le chameau = symbolise l'empire de Babylone "parce qu'il rumine", car il éleva Daniel à la dignité ;
- le chafane = symbolise l'empire perse "parce qu'il rumine", car il éleva Modé'haï à la dignité ;
- la arnévét = symbolise l'empire grec "parce qu'il rumine", car il honore les tsadikim : lorsque Alexandre le Grand vit apparaître Chimon haTsadik, il se leva devant lui ;
- le porc =symbolise l'empire romain "parce qu'il ne rumine pas", car il n'honore pas les tsadikim, mais au contraire il les assassine."

=> Durant leur règne respectif, chacun de ces empires s'efforça de paraître bienveillant à l'égard des juifs, alors qu'en leur for intérieur, ils ne songeaient qu'à les détruire.
Ils élevaient et exposaient des tsadikim à la dignité, qu'afin de servir leur propre intérêt.
==> La société environnante peut nous séduire par des choses qui paraissent bénéfiques/cashères (1 signe sur 2) mais sans l'accord de nos Sages, et nous devons encore plus être vigilants car cela est pire que des concepts clairement non cashers.
[on est dans un exil où le juif n'est pas détruit physiquement, mais spirituellement, en le faisant se comporter sur certains points comme les non-juifs!]

-> Le rav Yoël Schwatz fait remarquer :
- les descendants d'Essav, c'est-à-dire le monde chrétien et les tenants de la culture occidentale sont représentés par le porc.
Cet animal doté d'un sabot fendu, symbolise le progrès et l'évolution de la société. De fait, cette civilisation fait bien peu cas du passé, qu'elle relègue systématiquement au second plan (il faut vivre avec son temps!).
Ainsi, les jeunes, qui sont détenteurs du progrès, méprisent leurs aînés, incarnation d'un temps révolu et dépassé.

- à l'opposé, les descendants d'Ichmaël, c'est-à-dire la culture arabe, se glorifient essentiellement de leur passé.
[Le Yalkout Réouvéni dit que les enfants d'Ichmaël on le symbole du chameau (à l'image du chameau qui traîne sa bosse de souvenir avec lui tout le temps!)]
Les anciens ressassent sans cesse les exploits de leurs ancêtres et l'âge d'or de leur civilisation, comme au temps de Saladin.
Cette tendance est incarnée par la nature ruminante du chameau : cette culture reconnaît l'importance du passé, mais elle nie tout espoir futur, car le "pied corné" leur fait défaut.

- face à ces 2 civilisations se dresse le peuple juif, symbolisé par la brebis ("Israël est une brebis pourchassée" - Yirmiyahou 50), qui est à la fois "ruminant" = fidèle aux valeurs véhiculées par le passée ; et également le "sabot fendu" = ses yeux étant continuellement tournées vers l'avenir.
Pour les juifs, tous les événements de l'histoire sont comme d'innombrables maillons, reliant la Création du monde à la venue du machia'h.

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Nous allons voir ci-dessous, b'h, une vision 'hassidique sur ces 2 signes de casherout :
-> Le pied d'un animal est le membre le plus près de la terre. Mais lorsqu'il possède un sabot se crée alors entre lui et la terre une séparation (le mot hébreu : parsa, qui signifie "sabot, a pour racine un mot qui signifie : "séparer").
La terre symbolise ici le monde matériel, tandis que le sabot symbolise la distance qu'un juif doit installer entre lui et ses préoccupations matérielles.
Une adhésion véritable au judaïsme n'est possible qu'en réduisant un attachement excessif à la matérialité.

-> La Torah nous enseigne qu'un juif doit "ruminer" les idées qui l'entourent pour pouvoir (selon les critères de la Torah) déterminer ce qui est du domaine de la sainteté de ce qui ne l'est pas. A l'image du ruminant qui pour bien assimiler sa nourriture la régurgite plusieurs fois pour qu'elle puisse être dirigée facilement par la suite.
[il faut faire attention à l'effet de masse/mouton, l'influence extérieur (besoin d'être comme les autres), ...]

[extrait d'un divré Torah du rav Gérard Touaty]

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"Hachem parla à Moché et à Aharon pour leur dire" (Chémini 11,1)

En général, la Torah dit : "Hachem parla à Moché (et à Aharon) pour dire (lémor)".
Pourquoi ici écrit-elle : "pour leur dire (lémor aléhém)" ?

-> Ce verset introduit le passage des animaux cashers. Or, nos Sages disent sur Moché, que comme il sera amené à parler avec Hachem, il ne devait pas, même nourrisson, consommer du lait d’une égyptienne.
De même, comme tous les juifs seront amenés, dans les temps futurs, à parler avec Hachem, il convient déjà dans ce monde de se purifier et de ne pas introduire des aliments non cashers dans leur bouche.
[Hachem nous interdit donc dans ce monde la nourriture non cashère car dans le futur chacun d'entre nous parlera avec la Présence Divine, comme il est écrit : "Je répandrai mon esprit sur toute chair, si bien que vos fils et vos filles prophétiseront" (Yoël 3,1)]

Cela est en allusion dans ce verset :
- "Hachem parla à Moché et à Aharon" = en vue de leur transmettre les lois de casherout de sorte à ce que les juifs préservent leur bouche ;
- "pour leur dire" = pour pouvoir leur parler dans les temps futurs.

[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev - Kédouchat Levi]

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-> "Si vous vous rendez impurs sur terre [en mangeant des aliments interdits], Je (Hachem) vous traiterai, Moi aussi, comme impurs dans le monde à venir et dans le séjour dans l’au-delà."

[Rachi (Chémini 11,43) - citant la guémara Yoma 39a]

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"Vous vous sanctifierez et vous serez saints, car Je suis saint ; et vous ne souillerez pas vos âmes par toute créature ... car Je suis saint" (Chémini 11,44)

-> Si vous faites un effort sincère pour vous sanctifier, D. vous aidera en vous protégeant contre le risque toujours présent de consommer involontairement des aliments interdits.
[Ohr ha'Haïm haKadoch]

-> D., qui est Saint, désire que Son peuple accède à la sainteté et à l'éternité, en apprenant à connaître le Créateur et en suivant Ses voies, ce qui n'est possible que s'ils s'abstiennent de tout aliment interdit.
[Sforno]

-> "Hachem, l'essence de la pureté et de sainteté, est tellement repoussé par les aliments non-cashers, qu'Il prend distance avec ceux qui en consomment." [Mizra'hi al aTorah]

-> "Bien que dans ce monde l'impact négatif [de manger des aliments non-cashers] apparaît minimal, du Ciel il est considérable."
[le Maharal - sur Yoma 39a]

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-> "La Torah interdit certains aliments, car même si la médecine ne reconnaît aucun mal latent en eux, ne te questionne pas à leur sujet, car le "Médecin Fidéle" (Hachem) qui nous en a averti est de loin plus Sage que toi et qu'eux (les docteurs).
Combien idiot et insensé est celui qui pense qu'il n'y a aucun mal ou but, dans ce qu'il ne comprend pas."

[Séfer ha'Hinoukh - mitsva 73]

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-> "Vous ne rendrez pas vos personnes impures par tous ces reptiles qui se meuvent sur la terre" (v.11,44)

Le Ohr ha'Haïm haKadoch commente :
"Par le mérite de l’observance de cette mitsva, les non-juifs ne domineront pas les juifs, parce qu’ils s’appellent des reptiles qui se meuvent sur la terre.
Quand les juifs veillent à ne pas manger de nourritures interdites, aucun peuple n’a de pouvoir sur eux et ils sont vainqueurs de leurs ennemis".

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-> "Qui vous ai fait monter du pays d'Egypte" (Chémini 11,45)

Selon Rachi, le choix du terme : "aalé" (monter, litt. élever), indique que les lois de la casherout ont été données pour élever le niveau du peuple d'Israël, l'évitant de devenir impur par le biais d'aliments.

Le rabbi Nathan Scherman commente que la consommation d'aliments interdits réduit l'aptitude d'une personne à s'élever et à se sanctifier, elle souille l'âme sans qu'il soit possible de s'en rendre compte et dresse une barrière qui l'empêche de percevoir D.

D'ailleurs, le Rama (Yoré Déa 81,7) écrit que l'on doit également empêcher les enfants de consommer des aliments interdits pour éviter que leur potentiel spirituel en soit affecté [et ce alors qu'ils n'ont pas encore l'obligation d'accomplir les mitsvot!]

-> b'h, également à ce sujet : https://todahm.com/2015/02/16/la-cacherout

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-> La guémara (Béra'hot 29a) rapporte que Yo'hanan Cohen Gadol, après avoir été Cohen Gadol durant 80 années, a ensuite quitté la religion juive en devenant Sadducéen.

Le Arizal affirme que Yo'hanan a mangé des aliments qu'il n'aurait pas dû, et c'est cela qui entraîna sa chute spirituelle.

=> On apprend de là que le fait de manger non-casher cause des dommages tels, que l'on chute dans les profondeurs de l'impureté.
D'ailleurs si les juifs n'avaient pas été vigilants avec cette mitsva pendant leur esclavage en Egypte, ils auraient atteint le 50e et dernier niveau d'impureté, et n'auraient pas mérité d'être délivrés.

[le Béré'h Moché]

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+ Est-ce que si une personne se doit obligatoirement de manger de la nourriture non cachère pour des raisons de santé, cela lui cause quand même une impureté spirituelle?

-> Rav ‘Haïm Soloveitchik (cité dans Torat ‘Haïm) explique que ce n’est pas la nourriture qui entraîne un dommage spirituel, mais plutôt son interdit de la manger.
Ainsi, selon son fils, rav Yits’hak Zev Soloveitchik, une personne qui doit manger de la nourriture non cashère afin de sauver sa vie, ne sera pas négativement impactée.

-> Le ‘Hatam Sofer (Chout ‘Hatam Sofer, Ora’h ‘Haïm 1,83) et le Messé’h Hokhma (Dévarim 6,11) ne sont pas d’accord, et sont d’avis que toute nourriture non cashère a en elle des qualités spirituelles négatives qui vont automatiquement entraîner des dommages après consommation.

-> Le rav ‘Haïm Kanievsky (Or’hot Yochère 13) enseigne que s’il n’y a absolument aucun autre moyen de sauver une vie que de consommer du non-cashère, alors une personne qui en consommera sera négativement impactée, mais le mérite de la mitsva de sauver une vie va protéger cette personne de tout préjudice spirituel.

"Moché dit à Aharon : Approche de l'Autel et accomplis le service de ton offrande de faute et de ton offrande d'élévation et obtiens la réparation pour toi-même et pour le peuple" (Chémini 9,7)

-> Aharon voyait l'Autel comme un taureau, et il craignait de l'approcher.
[Torat Cohanim]

-> Comme Aharon était un homme entièrement voué à D., et qu'il n'avait sur la conscience aucune autre faute que d'avoir contribué à l'édification du Veau d'or, cet acte le hantait à tout instant, comme il est dit : "Ma faute est constamment sous mon regard" (Téhilim 51,5).
C'est pourquoi l'image d'un veau, décidé à repousser ses sacrifices, lui apparaissait à la place de l'Autel (mizbéa'h).
C'est pourquoi Moché lui dit : "Reprends confiance en toi et ne sois pas si humble, car Hachem a déjà agréé tes actions."
[Ramban]

-> Selon Rachi : Aharon était rempli de honte et craignait de s'approcher de l'Autel [en raison de son rôle dans l'affaire du Veau d'or]
Moché l'a encouragé en disant : "Pourquoi as-tu honte? C'est pour cela [pour occuper la fonction de Cohen Gadol] que tu as été choisi!"

-> Le Déguél Ma'hané Efraïm commente : "C'est précisément parce que tu possèdes une telle humilité que tu as été choisi ; D. hait les orgueilleux".

-> Rabbi Yitsélé de Volozhin dit : "Moché lui a dit, pourquoi as-tu honte, c’est pour cela que tu as été choisi."
C’est-à-dire que parce que tu as honte, c’est pour cela que tu as été choisi comme Cohen gadol. En effet Aharon, dans sa grande modestie, se disait : qui suis-je pour approcher Hachem et Le servir?
Jusqu’à ce que Moché lui dise que c’est justement à cause de cette honte elle-même, et à cause de son humilité, qu’il avait été choisi pour être prêtre.

-> Le Ari zal enseigne également : Non seulement c’est parce que Aharon a été choisi qu’il ne doit pas avoir honte (comme le sens simple), mais c’est aussi parce qu’il a honte qu’il a été choisi.
En effet, Hachem affectionne les personnes modestes et humbles, et c’est eux qu’Il choisit pour diriger Son Peuple.

=> Selon la vision juive, plus une personne va rechercher de la grandeur, plus elle va s'en éloigner.
De plus, elle va perdre toute proximité avec Hachem, avec tout le flux de bénédictions que cela implique.
[celui qui veut être au-dessus des autres, sera en réalité en-dessous car il n'a pas D. comme associé dans sa vie!]

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+ "Obtiens la réparation pour toi-même et pour le peuple" (v.9,7)

-> Puisque le peuple devra également apporter des sacrifices pour son expiation, en quoi ceux de Aharon viendraient aussi "pour le peuple"?

Nos Sages (guémara Baba Métsia 107b) enseignent que celui qui veut purifier et améliorer les autres doit d’abord être pur lui-même.
Ainsi, avant que Aharon n’apporte les sacrifices du peuple pour leur expiation, il doit tout d’abord se purifier lui-même par ses propres offrandes.

=> La Torah dit que Aharon devra apporter ses sacrifices non seulement pour son expiation personnelle, mais aussi comme préalable pour se purifier dans le but d’apporter ensuite les offrandes des juifs pour leurs expiations.

[Agra déKala ; Ibn Ezra]

=> Avant de faire des remarques à autrui, il faut d'abord s'interroger si l'on a fait ces mêmes remarques à nous-même, et quel est notre exemplarité actuelle à ce sujet.

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-> Le Nétsiv (v.9,7) se basant sur le Yalkout, enseigne que Aharon a agit 100% léchem chamayim, et qu'il était ainsi totalement irréprochable concernant la faute du Veau d'or.
Il a apporté un sacrifice sur le fait qu'au regard de son attitude extérieure, certaines personnes pouvaient s'interroger et suspecter qu'il s'était impliqué dans la création du Veau d'or (seul Hachem ayant conscience de la pureté de ses pensées/intentions).
Puisque cela est assimilable à une faute, Aharon besoin d'expiation par un korban.

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"Moché dit à Aharon : C'est cela dont avait parlé Hachem, en disant : 'Je serai sanctifié par ceux qui Me sont les plus proches et Je serai glorifié devant tout le peuple', et Aharon se tut" (Chémini 10,3)

-> Le feu qui les a consumés était un décret Divin ; c'était le message silencieux de la volonté Divine. [Ramban]

-> Selon Rachi, Moché a dit à Aharon : "Je savais que le Michkan serait sanctifié par quelqu'un sur qui la gloire de D. repose, et je pensais qu'il s'agirait de toi ou de moi. Je vois à présent qu'ils étaient plus grands que toi et moi."

-> Rabbi 'Haïm Palagi (Kaf ha'Haïm) rapporte que Moché a perdu le droit d'être Cohen au bénéfice de son frère Aharon, lorsqu'au buisson ardent il a refusé à plusieurs reprises d'être celui qui allait libérer le peuple juif.
Ainsi, Moché dit à Aharon : "Ne refuse pas ou n'aie pas honte de faire le Service Divin, car c'est pour cela que tu as été choisi, et si tu refuses alors tu perdras une opportunité en or, comme j'ai pu le faire!"

-> Aharon pleurait à haute voix, mais en entendant les paroles consolatrices de Moché, il s'est arrêté (Ramban), réconforté de savoir que ses enfants avaient sanctifié le Nom de D. (Sforno).
Selon la guémara (Zéva'him 115b) : "lorsqu'Aharon s'est rendu compte à quel point ses fils étaient proches de D., il se tut".

-> Le 'Hatam Sofer explique que si Aharon a tout d'abord pleuré, mais ce n'était nullement en protestation contre Hachem, mais plutôt car il pensait être responsable de leur mort par son implication dans la faute du Veau d'or.
Moché l'a alors réconforté en lui disant que leur mort était un moyen de sanctifier le Michkan, et qu'elle avait amené un énorme kidouch Hachem.
Dès qu'il a su que leur mort n'avait pas été entraînée par ses fautes, mais en l'honneur du Ciel, alors il est resté silencieux.

De plus, Aharon voulait remercier Hachem de lui avoir donné de tels enfants, mais par humilité de ne pas avoir le niveau de remercier D. dans la tragédie, et par peur d'en venir à émettre une protestation, il est resté silencieux.
[le 'Hatam Sofer]

-> "il se tut = vayidom (וַיִּדֹּם). Le 'Hafets 'Haïm dit que ce mot est similaire à : "domèm" (objet inanimé - דומם), en allusion à Aharon qui était de marbre en ayant accepté la nouvelle de la mort de ses 2 enfants.

Le Hafets ‘Haïm se pose la question sur l’emploi du terme "vayidom" pour "se taire" au lieu du mot "hé’hérich", plus couramment utilisé.
Et d'expliquer : Même lorsque quelqu’un se tait (ma’harich), on peut deviner son humeur grâce aux expressions de son visage. En revanche, on ne peut déceler aucune expression sur un objet inanimé (domem), puisque son aspect ne révèle pas son intérieur.
Le niveau d’Aharon était tel qu’à ce moment-là, il était comme "inanimé" : on ne pouvait déceler sur son visage aucun signe de souffrance ou de deuil, même par un changement de physionomie : elle ne s’est pas altérée, et aucun nuage n’est passé sur son visage.

-> Dans la Guemara (Shabbat 30a), il est dit que la Présence Divine ne réside pas là où il y a de la tristesse, mais dans la joie de la mitsva.
Il est dit quelque chose de similaire sur la prophétie (Midrach Gadol Vayigach) : la prophétie ne repose pas là où il y a la tristesse, mais dans la joie de la mitsva.
Le Tsor haMor dit que comme la Parole Divine s’est adressée à Aharon, alors c’est une preuve éclatante qu’il a vraiment accepté de tout cœur la décision d'Hachem, avec amour et une joie parfaite. Car sans cela, la Présence Divine ne se serait pas adressée à lui. Et c’est cela sa récompense.

-> Le Ménorat haMaor enseigne qu'en récompense de la grande humilité démontrée par Aharon (telle est la volonté de D., et j'accepte avec amour de ne pas comprendre), il a mérité (ainsi que ses descendants) de pouvoir bénir tout le peuple juif par la bénédictions des Cohanim (birkat Cohanim), qui contient 60 lettres, comme la guématria du mot : "il se tut" (vayidom - וַיִּדֹּם).

-> Les tsadikim ont l'habitude d'accepter que Hachem les traite avec rigueur ... Moché a dit à Aharon : "Aharon, mon frère, tes enfants sont morts uniquement en l'honneur de Son saint Nom". ...
Aharon resta silencieux et il a été récompensé pour son silence. D'ici, il est dit : "Quiconque accepte [son décret] et se tait, cela augure de bonnes choses pour lui".
[midrach Yalkout Chimoni]

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-> Le Baal haTourim écrit que dans toute la Torah, on ne trouve que 2 fois le mot : vayidom (il se tut).
Dans notre paracha (Chémini), il est dit : "Aharon se tut", et dans le livre de Yéhochoua, dans le récit de la guerre contre les 5 rois de Canaan, il a été fait un miracle et le soleil a interrompu sa course, ainsi que le dit le verset : "le soleil s’arrêta (vayidom)" (10,13).
Quel rapport y a-t-il entre ces 2 versets?
Ils nous disent en allusion que la grandeur de "Aharon se tut" est quelque chose de tout à fait aussi surnaturel que de voir le soleil s’arrêter, ce qui va à l’encontre des lois de la nature.
Lorsque ses 2 fils tsadikim sont morts le même jour, Aharon s’est imposé le silence.

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-> Rabbi David Pinto (la voie à suivre n°876) écrit :
"Aharon se tut" : "Le silence d’Aharon révèle qu’il a accepté le jugement Divin sans poser de questions, qu’il a accepté la sentence avec amour, sans mettre en cause la décision de Hachem de punir ses fils, qui plus est le jour de l’inauguration du Michkan. Il a compris que D. savait prendre la décision la plus juste : S’Il avait jugé bon de faire mourir ses fils le jour de l’inauguration du Sanctuaire, qui est un jour aussi joyeux pour D. que celui de la Création du monde, c’était certainement la meilleure décision, même si elle était difficile à accepter.

Le silence d’Aharon vient délivrer un message aux générations suivantes : il ne faut pas poser de questions sur les actions de D. Même s’il nous arrive un événement qui nous semble incompréhensible, il nous faut accepter la sentence Divine avec amour, et remercier D. pour le mal comme on Le remercie pour le bien.

-> Rabbi David Pinto (la voie à suivre n°1132) dit :
"Il y a lieu de se demander pourquoi Hachem choisit un moment de joie pour appliquer une sanction si sévère, plutôt que de le faire à une autre occasion. C’est qu’il désirait enseigner au peuple juif qu’il existe 2 manières de Le servir, dans le bien-être et dans le tourment. Les enfants d’Israël et Aharon avaient entamé avec enthousiasme le service des sacrifices, enchantement auquel s’étaient jointes les sphères supérieures. Cependant, survint tout d’un coup une tragédie, D. ayant rappelé à Ses côtés les âmes de 2 fils d’Aharon. Ce retournement de situation visait à leur signifier qu’il est aussi possible de servir Hachem au travers de souffrances.
Il arrive que l’homme doive faire face à d’immenses difficultés, comme Aharon qui perdit subitement 2 enfants lors des joyeuses festivités de l’inauguration du Michkan. Une douloureuse peine emplit alors son cœur et, pourtant, il lui incombait de la surmonter pour poursuivre son service Divin. Ceci nécessitait d’énormes forces d’âme, ce dont il fit preuve en faisant comme si rien de grave n’était arrivé et en continuant à apporter les sacrifices comme il était prévu ...

Celui qui sert D. alors qu’il doit faire face à l’adversité, tandis que "toutes Tes vagues et Tes ondes ont passé sur moi", Le sert de la manière la plus sublime. Car, en continuant avec dévotion à rester fidèle à la Torah et aux mitsvot en dépit de ses épreuves, il sanctifie le Nom et l’honneur d'Hachem et est considéré comme l’un de Ses proches.
Si déjà un service Divin effectué dans la sérénité, en jouissant d’un gagne-pain honorable et d’une bonne santé, est assimilable au service de D. dans le Michkan, a fortiori, il est considéré comme tel s’il est réalisé au travers de difficultés. Hachem le porte d’autant plus en estime, en vertu de l’enseignement de nos Sages selon lequel, "un acte dans la peine a plus de valeur que 100 sans peine"
(Avot de Rabbi Nathan 3)."

-> Rabbi David Pinto (la voie à suivre n°1028) enseigne également :
"Le verset de Michlé (12, 25) conseille : "le souci abat le cœur de l’homme", ce qui n’est pas le cas lorsqu’on le partage : lorsqu’on se met à parler, à confier sa peine à d’autres, on allège en quelque sorte le poids que l’on porte dans son cœur.
Pourtant, Avraham Avinou choisit de garder le silence, de ne pas extérioriser ses sentiments. En fait, il accepta avec amour le décret, conscient qu’il émanait d’Hachem, si bien qu’il n’en ressentit pas la moindre peine. C’est pourquoi il ne ressentit pas le besoin de se décharger et opta plutôt pour le silence – un silence d’or.

C’est également le parti que prit Aharon : ne pas extérioriser son ressenti, mais garder un silence remarquable et accepter le jugement céleste avec amour et joie ; c’est pourquoi il reçut sa pleine récompense et Hachem s’adressa à lui en privé."

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-> On souligne ici la grandeur d’Aharon, puisque quand ses 2 fils, des Tsaddikim, trouvèrent la mort brutalement, il garda le silence, silence qui lui valut une récompense.
Mais il existe un niveau encore plus élevé que celui-là, comme nous le trouvons chez le doux chantre d’Israël, le roi David, l’oint d’Hachem. Ainsi, après tous les malheurs et souffrances qui s’abattirent sur lui, il dit : "De la sorte, mon âme Te chantera sans relâche" (Téhilim 30,13), autrement dit, qu’il continuerait à entonner des chants de louanges!
[d’après le Tiféret Chlomo]

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-> Le Chla haKadoch chérissait particulièrement la leçon de morale cachée dans le silence d’Aharon au moment où Moché a pris la parole, comme il est écrit : "Aharon garda le silence", et dont Rachi commente : "Il a été récompensé de son silence. Et quelle rétribution a-t-il reçue? De se voir adresser à lui seul la parole Divine, puisque le passage concernant ceux qui boivent du vin n’a été dit qu’à lui".
Le Chla haKadoch en conclut : "Chacun apprendra d’ici à ne pas dédaigner la morale et à l’accepter avec amour".

Rabbi Yaakov Neuman (Darké Moussar) écrit : "De par notre nature, nous n’aimons pas les faiseurs de remontrances. Nous pensons que nul n’est plus intelligent que nous et que nous n’avons plus besoin d’éducation ou de leçons de morale. Notre entêtement ne laisse pas de place aux reproches."

[Hachem communique avec nous pour notre bien en nous envoyant des épreuves. A nous des les accepter (sans rouspéter, se plaindre, trouver des raisons extérieures, ...) avec amour, avec joie de pouvoir s'améliorer, et en appréciant cette main tendue par Hachem pour que l'on soit plus proche de Lui pour l'éternité.]

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-> "Ne faites pas pousser vos cheveux et ne déchirez pas vos vêtements et ... Israël pleurera ceux qu'Hachem a brûlé" (Chémini 10,6)

=> Quel rapport entre le fait qu'Aharon et ces 2 autres enfants restants ne doivent pas porter le deuil en laissant pousser les cheveux et en déchirant les vêtements, et le fait que le peuple d'Israël quant à lui pleurera la mort de Nadav et Avihou ?
En fait, si Aharon avait lui aussi porter le deuil et qu'il allait déchirer ses vêtements et laisser pousser ses cheveux, alors on aurait pu interpréter les pleurs du peuple comme venant du fait de la peine de voir Aharon s'endeuiller et s'affliger. Il n'y aurait donc pas de preuve que le peuple pleure la mort de ces deux Justes, puisque ces pleurs pourraient être compris comme venant pour la peine d'Aharon.
Mais à présent que la Torah dit à Aharon et ses 2 autres enfants de ne pas s'affliger et ne pas porter le deuil, à présent il est clair que les pleurs du peuple ne peuvent pas venir du fait d'Aharon, puisque ce dernier n'était pas en deuil.
Dès lors, il est clair que le peuple "pleurera ceux qu'Hachem a brûlé", à savoir que les pleurs du peuple venaient assurément du fait de leur peine pour la mort de Nadav et Avihou eux-mêmes, qui sont ceux qu'Hachem a brûlé.
['Hatam Sofer]

Le 'Hatam Sofer émet l'idée que si Aharon pleurait et faisait dépendre la mort de ses fils de ses fautes, alors le Michkan ne serait pas sanctifié, et les bnei Israël ne craindraient pas de le toucher.
[en effet, malgré la grandeur de Nadav et Avihou, ils sont morts pour leur attitude qui n'était pas en phase avec l'immense respect envers la Chékhina qui est attendue dans le Michkan. Mais s'ils étaient morts à cause des fautes d'Aharon (comme Aharon pourrait le laisser comprendre en pleurant ses fautes), alors cela signifie que ce n'est pas si grave d'aller à notre guise dans le Michkan, à l'image d'aller dans un bar! (cela doit nous renforcer dans notre attitude dans une synagogue, qui est un petite Temple/Michkan)]. C'est pourquoi, soucieux que les juifs captent fortement cette leçon, alors immédiatement : "Aharon se tut".

-> "ceux qu'Hachem a brûlé"
Selon le Ohr ha'Haïm haKadoch on peut expliquer cette précision d’après la guémara (Shabbat 105b) : "Quiconque pleure et prend le deuil sur un homme juste voit toutes ses fautes être pardonnées, et il ne pleurera plus".
C’est à cela que fait allusion la phrase "ceux qu'Hachem a brûlé" = s’ils pleurent sur ceux qu’a brûlés Hachem, Il ne brûlera plus rien.

-> Au moment de la mort de Nadav et Avihou, le verset dit : "tout le peuple d'Israël a pleuré leur mort". Puisque leur perte a été ressentie à un niveau individuel, alors la mort de ces 2 tsadikim a permis d'expier les fautes à la fois individuellement, que collectivement.
['Hatam Sofer - issu du dvar Torah : https://todahm.com/2018/08/08/6915-2 ]

-> b'h, voir également : https://todahm.com/2017/09/26/5552-2

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-> Le Méam Loez (Chémini 10,3) enseigne :
Moché consola Aharon : Ne t'afflige pas. Tu ne devrais pas pleurer mais plutôt te réjouir. Hachem n'a-t-Il pas dit : "Je serai sanctifié parmi ceux qui Me sont proches, et devant tout le peuple, Je serai glorifié".

Au mont Sinaï, Hachem avait dit à propos du Michkan : "Là Je communiquerai avec les juifs et Je serai sanctifié par Ma gloire" (Chémot 29,43).
Dans ce verset, Hachem désignait le jour où le Michkan serait érigé et où la Présence Divine y reposerait, c'est-à-dire le 1er Nissan.
Ce jour-là, Son Nom allait être sanctifié dans le Michkan parmi les hommes les plus honorés, les plus éminents d'Israël.
A cause d'une petite infraction touchant à l'honneur du Michkan, les juifs sauraient qu'ils doivent sanctifier le Nom Divin car même les plus grands hommes sont punis s'ils le profanent.

Lorsque Hachem juge les tsadikim, le peuple Le craint. Il est élevé et loué.
Les gens comprennent que D. punit même les plus grands sans leur montrer de considération particulière pour leurs bonnes actions. A plus forte raison punit-Il ceux qui transgressent Ses commandements!

Cette punition rehausse également l'honneur du Michkan et fait dire aux gens : "A cause d'une petite faute, d'un léger manque de respect envers le Michkan, une chose pareille est arrivée aux fils d'Aharon!"
Dès lors, tous veilleront à révérer le Michkan.

"Redoutable est Hachem, de Ton sanctuaire" (Téhilim 68,36) = les gens craignent Hachem car dans le sanctuaire Hachem punit ceux qui Lui étaient consacrés.
Moché dit à Aharon : "Lorsque j'entendis ces paroles au Sinaï, je ne savais pas si cette sanctification du Nom Divin se produirait par moi ou par toi car tu m'es supérieur. Mais à présent je comprends que que tes fils étaient les plus saints parmi le peuple et même supérieur à nous.
Hachem les choisit comme instruments pour la sanctification de Son Nom. Ne t'afflige donc pas pour eux mais réjouis-toi d'avoir eu des fils aussi éminents.

"Je serai sanctifié parmi ceux qui Me sont proches, et devant tout le peuple, Je serai glorifié" = au mont Sinaï, Hachem dit : "Je serai sanctifié par ceux qui sont les plus proches de Moi, c'est-à-dire par les plus éminents. Lorsque le peuple verra que Je juge les tsadikim, Mon Nom sera sanctifié."

Après les paroles de Moché, Aharon se tut. Il accepta le jugement Divin et ne s'en affligea plus. Il comprit que ses enfant étaient des hommes éminents et craignant Hachem ...

Par son silence, Aharon montra qu'il acceptait le jugement Divin avec amour.
Il reçut le privilège de recevoir seul la parole de Hachem.
En effet, il est écrit dans le chapitre suivant : "Hachem parla à Aharon" (Vayikra 10,8) sans que le nom de Moché ne soit mentionné.

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-> Lorsqu'un juif manifeste sa foi en D., D. le récompense par toutes sortes de bénédictions.
[Rabbi Aharon Kotler - Chémini 9,5]
[nos moments difficiles sont des occasions en or pour prouver la valeur réelle de notre émouna. C'est le thermomètre de notre foi, de notre attachement à D.!]

-> Par exemple, Rachi rapporte qu'en récompense de son silence devant le décret Divin, Aharon a eu le privilège de recevoir seul et directement de D. l'enseignement interdisant aux Cohanim d'accomplir le service et de rendre une décision halakhique en étant ivre.

[Rabbi Bounem de Pschischa enseigne que D. veut que Ses serviteurs trouvent leur joie dans la Torah et l'accomplissement de Ses commandements, et non grâce à des stimulants extérieurs comme l'alcool.
Si un Cohen accomplit le service du Temple sans aucune joie, c'est qu'il est déficient.]

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-> La guémara (Nidda 31b) dit que nous attendons 8 jours pour faire une brit mila qu'afin que les invités ne se réjouissent pas, alors que les parents sont tristes.
Pourquoi seraient-ils tristes?

C’est parce que la femme est impure (tamé) durant les 7 premiers jours suivant la naissance, et que le mari et la femme ne peuvent ainsi pas avoir de contact physique.
Lorsque le 8e jour arrive tout le monde peut être pleinement joyeux.
[Précision: à cette époque la femme était interdite durant seulement 7 jours après l’accouchement d’un garçon].

=> Aharon aurait pu tenir cette plainte, alors que le peuple juif était en train de célébrer une fête historique : l'inauguration du Michkan.
En effet, si Hachem souhaite que tout le monde soit heureux à une brit mila, alors ne doit-il pas en être de même pour cette énorme joie? Est-ce que les enfants de Aharon n'auraient-ils pas pu mourir ultérieurement?
Cependant, Aharon est restait silencieux, et il n'a nullement remis en question Hachem.
[le Gaon de Vilna]

[Rabbi Yonathan Eybeschütz fait un commentaire similaire : Aharon avait un argument à présenter devant D. : tout comme pour la circoncision, la Torah avait évité que tous soient joyeux à l’exception des parents, il aurait été convenable de ne pas provoquer la mort de ses 2 fils, afin de ne pas porter atteinte à la joie du moment. Malgré cela : "Aharon se tut".]

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-> Hachem dit à Moché : "2 des fils d'Aharon sont destinés à mourir. J'ordonne donc qu'ils restent assis jour et nuit pendant 7 jours à l'entrée du Michkan comme des endeuillés.
Un homme en deuil ne quitte pas sa maison pendant 7 jours pour se promènent ou aller au travail afin que son deuil ne quitte pas son esprit.
Ici aussi, les fils d'Aharon ne doivent pas quitter leur "maison" : le Michkan, pendant 7 jours. Qu'ils prennent le deuil avant même de mourir!"

Moché ne révéla pas explicitement cet ordre à Aharon et à ses fils.
Il fit l'allusion suivante : "Vous demeurerez à l'entrée du Ohel Moed, jour et nuit pendant 7 jours. Vous garderez ainsi la charge de D. et vous ne mourrez point, car tel est l'ordre que j'ai reçu" (Tsav 8,34)
[...]

Hachem, qui connaît l'avenir, ordonna à Aharon et ses fils de prendre le deuil à l'avance car Nadav et Avihou allaient mourir le 8e jour de leur installation. Or ce jour-là allait être pour eux une fête où ils ne prendraient pas le deuil.
Il fallait donc que la période de deuil soit observée avant le décès.
[Méam Loez - Tsav 8,34-45]

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-> "Moché parla à Aharon et à ses fils survivants, El'azar et Itamar" (Chémini 10,12-13)

Le verset décrit El'azar et Itamar comme les "fils survivants" d'Aharon.
Le décret initial voulait que ses 4 fils mourussent à cause de la faute du Veau d'or. Cependant, la prière de Moché fit annuler la moitié du décret.
El'azar et Itamar furent épargnés ; ils sont donc appelés les "survivants", ceux qui échappèrent à la mort à ce moment-là.
[Méam Loez - Chémini 10,12-13]

"Pourquoi n'avez-vous pas mangé l'offrande de faute à l'endroit saint" (Chémini 10,17)

-> Même si ce verset vient juste après que Moché : "s'irrita contre El'azar et Itamar" (v.16), malgré tout il leur formula cette réprimande avec un amour total.

Cela est en allusion dans les initiales de ce verset. En effet, dans la Torah ce verset s'écrit : "מדוע לא אכלתם את החטאת במקום הקודש" (mdaoua lo a'haltém ét a'hatat bimkom akodéch), dont les initiales forment les mots : "מלא אהבה" (malé aava), c’est-à-dire "rempli d’amour".

Car quand une remontrance sort de la bouche de Moché, elle est remplie d’amour et ne vise qu’à apporter du bien à autrui.

[Rabbi Israël Its'hak d'Alexander]

"Si les choses ne se passent pas comme tu le souhaites, alors désires qu'elles soient comme elles le sont dans la réalité"
[Rabbi Mordé'haï Lévovitz]

[Nous avons tous notre perception personnelle de ce qui est bien pour nous, et Hachem a la sienne.
Savoir se satisfaire de ce que l'on a, c'est confirmer que seul D. comprend/maîtrise ce qui se passe dans le monde.
C'est faire vivre notre émouna que quoiqu'il puisse nous arriver dans la vie (petite ou grande chose), c'est Hachem qui l'a décrété avec amour et pour notre bonheur ultime.

Certes il y a des périodes mouvementées, mais c'est papa Hachem qui est aux commandes, et avec cette conscience on ne peut être que serein et joyeux!!]

"Il n’y a pas de mot qui ne sorte de la bouche de l’Homme qui n’ait sa répercussion, qui ne monte et n’éveille une force ...
Quand on prononce des paroles saintes, des paroles de Torah, elles se transforment en sons qui montent, éveillent Hachem et tressent une couronne sur Sa tête.
Il y a ainsi de la joie, à la fois dans le monde supérieur et dans le monde inférieur."

[Zohar 3,105a]

"Chaque juif est un "membre" de la Présence Divine (ché'hina).
Tant qu'un membre est attaché à un corps, il y a toujours un espoir pour qu'il puisse être guéri, mais une fois coupé, il dépérit.
De même, un juif peu importe jusqu'où il a pu s'éloigner de Hachem et de la Torah, il restera toujours connecté à l'éternité, à moins qu'il est pu commettre une des fautes qui entraîne son âme d'être coupée de l'éternité du peuple juif."

[Baal Chem Tov]

"Un père est obligé d'apprendre à son fils comment nager" (guémara Kidouchin 29a)

-> Le secret pour nager est de ne jamais laisser sa tête totalement sous l'eau (ou très brièvement).
Nous vivons dans un monde [matériel] qui nous attire vers lui, et nous devons toujours être vigilant à avoir notre tête au-dessus de l'eau, c'est-à-dire à ne pas se permettre d'être totalement submergé par les préoccupations du quotidien.
[rabbi Ména'hem Mendel de Kotzk]

=> Un père doit apprendre à ses enfants à savoir nager dans les jours de sa vie, car le yétser ara est une force très puissante qui attire progressivement vers les abîmes, empêchant de nager, d'évoluer dans la spiritualité autant que l'on pourrait le faire.
Un juif se doit de toujours respirer de l'air saint, et d'utiliser chaque occasion pour développer son attachement avec Hachem.

La Torah & l’eau

+ La Torah & l'eau :

-> "L'eau ne fait référence qu'à la Torah"
[guémara Avoda Zara 5b - én mayim ella Torah]

-> La guémara (Béra’hot 61b) compare les juifs aux poissons dans l’eau, qui ne peuvent pas survivre en dehors de leur habitat, à l'air libre.
Rabbi Akiva de conclure : "De même, la Torah est notre source de vie et peut nous sauver. Sans elle, nous allons certainement mourir."

-> "De même que les poissons, qui grandissent dans l’eau, boivent avec soif chaque goutte d’eau qui descend du ciel, ainsi les juifs, qui grandissent dans l’eau (de la Torah) boivent avec avidité chaque nouveau commentaire, comme s’ils n’avaient jamais goûté à la Torah."
[guémara Avoda Zara 19a]

Un midrach (Béréchit Rabba 97,3) illustre également cette soif des juifs pour la Torah : "Un poisson vit dans l’eau, et lorsqu’une goutte de pluie descend du ciel, le poisson la boit avec soif comme s’il n’avait jamais goûté d’eau auparavant."

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-> La guémara (Taanit 7a) enseigne :
"Pourquoi est-ce que les mots de Torah sont comparés à l'eau?
Pour nous enseigner que de même que l'eau coule d'un point haut vers un point bas, de même les paroles de Torah restent uniquement chez celui qui est humble."

-> Etudier la Torah c'est se connecter, ne faire qu'un avec Hachem, or comment cela est-il possible chez un arrogant car : Hachem dit au sujet d’un orgueilleux : "Moi et Lui, nous ne pouvons pas demeurer ensemble!" (guémara Sotah 4b).

[=> plus on retire de soi notre égo, plus Hachem peut résider en nous!]

Rabbi Shachter fait remarquer que plus on se rapproche de D., plus on se rend compte de Son infinie grandeur, et plus nous réalisons à quel point nous Lui en sommes loin et petits (humilité).
=> C'est ainsi que plus une personne devient grande en Torah, plus elle devient humble, car pouvant davantage reconnaître la grandeur d'Hachem.

-> Par exemple, lorsque rabbi Akiva Eiguer (un des plus brillants commentateurs de la guémara) ne parvenait pas à résoudre une difficulté relevée sur un passage des Tossefot, il concluait en toute humilité : "Je n'ai pas eu le mérite de comprendre leurs saintes paroles".

-> La Torah a été donnée sur une montagne basse, en allusion à l'importance de l'humilité (guémara Sotah 5a).

Mais quelle était la nécessité de la transmettre sur une montagne (ayant de la hauteur!), et non pas à une altitude zéro, dans une plaine?

Le rav Karelenstein répond que d'un côté nous devons être humble, en reconnaissant que tous nos succès sont totalement dépendants de Hachem, et que comparés à Lui nous ne sommes rien.
Mais en même temps, nous devons reconnaître que l'étude de la Torah a une capacité à élever spirituellement une personne à de très hauts niveaux.

-> Le rav 'Haïm de Volozhin (Néfech ha'Haïm) dit que l'on peut distinguer 2 types d'objets que la loi juive traite différemment :
- ceux servant à une mitsva (ex: Soucca, loulav, Shofar, tsitsit) qui n'ont pas de sainteté particulière une fois qu'on a terminé de s'en servir (même si on les jette avec respect) ;
- et ceux ayant de la kédoucha (ex: téfilin, mézouzot, Torah) que nous devons mettre dans un lieu spécial.

Pourquoi une telle différence de traitement?

Le rav 'Haïm de Volozhin explique que la kédoucha provient soit directement d'un écrit de la Torah, soit indirectement lorsque l'objet est en contact avec un écrit de la Torah (boîte de téfilin, ce qui entoure un séfer Torah, ...).
Le reste ne possède pas de sainteté, et n'est respecté que pour avoir permis d'accomplir une mitsva.

=> Le rav Schachter dit que le contact avec la Torah créé de la sainteté.

A l'inverse des non-juifs, le corps d'un juif possède de la kédoucha, et il y a une mitsva de l'enterrer.
Le rav Schachter explique que le corps d'un juif possède de la sainteté car un juif étudie la Torah, ce qui n'est pas le cas pour un non-juif (il n'a pas une telle mitsva dans les 7 lois noa'hique).

Cependant, comment comprendre que cela soit vrai également chez un juif qui n'a jamais étudié la Torah de toute sa vie?

Le rav Schachter répond que cela se base sur la guémara (Nidda 30b) affirmant que dans le ventre de la mère, un ange enseigne toute la Torah au bébé, et celui-ci oublie tout avant d'en sortir.

Ainsi cela ne veut pas dire qu'une personne va absolument tout oublier, car en réalité il va rester des marques cette Torah étudiée dans son âme (néchama).
=> C'est pourquoi, même pour un juif qui ne va pas étudier la Torah de son vivant, il est toujours considéré comme contenant de la sainteté de par les traces de Torah laissées dans son âme avant sa naissance.

[=> même passivement l'inerte (un objet, un corps) devient saint, alors combien davantage chez nous après chaque mot de Torah que l'on étudie!
Chaque lettre de Torah nous sanctifie, nous élève encore plus!!]

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-> "De même que l'eau a la capacité d'élever une personne de l'impureté à la pureté, de même la Torah élève une personne de l'impureté à la pureté."
[Sifrei Ekev 11,22]

Le 'Hafets 'Haïm (Biour Halakha 571,2), citant le 'Hayé Adam, écrit que pour atteindre l'expiation de nos fautes, nous devons faire téchouva et étudier plus que d'habitude, car : "la Torah est un mikvé de pureté, et elle est [également] comparée au feu, tout ce qui apporté dans le feu [du yétser ara] doit être apporté dans le feu [de la Torah], et sera alors purifié."

[Plus nous mettons d'efforts dans l'étude, plus la purification sera efficace!]

-> "De même que l'eau purifie l'homme de l'impureté, ainsi la Torah purifie l'homme impur ... De même que l'eau nettoie le corps, la Torah nettoie le corps, comme le dit le roi David : "Ta parole purifie beaucoup" (tséroufa imraté'ha méod - Téhilim 119,140)."
[midrach Chir haChirim rabba 1,19]

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+ "Que mon enseignement ruisselle comme la pluie" (Haazinou 32,2)

-> Rachi commente : La Torah que j’ai donnée à Israël, elle est la vie donnée au monde, tout comme la pluie est la vie donnée au monde quand le ciel distille de la rosée et de la pluie.

-> Le rav Hadar Margolin explique : de même que l'eau est la source de vie physique, de même la Torah est la source de vie spirituelle.
De même qu'après une journée de jeûne nous sommes heureux de pouvoir boire de l'eau, de même à chaque fois que nous nous abreuvons de Torah, nous devons être joyeux d'arroser notre intériorité éternelle.

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-> Le midrach (Yalkout Chimoni - Yéchayahou 480) dit : "les paroles de la Torah sont comme de l'eau ... L'eau qui tombe en gouttelettes se transforme en rivières et en fleuves comme les paroles de Torah : deux halakhot aujourd'hui et deux halakhot demain, jusqu'à ce que l'on devienne une fontaine débordante".

[cela est à mettre en parallèle avec les paroles du roi Chlomo : "Car c'est par d'habiles stratégies que tu dois entreprendre la guerre [contre ton yétser ara]" (Michlé 24,6) ]

-> Rachi cite un midrach semblable dans son commentaire sur le verset : "La sagesse est devant celui qui comprend, mais les yeux du sot sont aux confins de la terre" (Michlé 17,24)
Le sot dit : La sagesse est hors de ma portée ; elle est aussi éloignée [que les confins de la terre]. Comment puis-je étudier les 30 chapitres de Nezikin, les 30 chapitres de Kélim et les 24 chapitres de Shabbath?
Mais pour le sage, c'est simple : 'Je vais étudier deux chapitres aujourd'hui et deux autres demain, car c'est ce qu'ont fait les hommes sages qui m'ont précédé."
[le Gaon de Vilna explique ce verset de la même façon.]

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-> Moché décrivit le don de la Torah par la phrase : "face à face, Hachem t'a parlé" (panim bépanim dibér Hachem ima'hem - Vaét'hnan 5,4).
Cette image (face à face) fait également allusion à la capacité de la Torah à montrer à chaque individu son potentiel. Cela repose sur l'idée que [la Torah est comme] un miroir dans lequel chaque personne se voit.
De la même manière qu'une personne regarde la Torah, la Torah lui renvoie son image. Plus une personne est disposée à exposer son moi intérieur à la Torah et à se laisser emporter par le désir de comprendre les profondeurs de la Torah, plus elle méritera de comprendre sa part unique dans la Torah, cette partie de la Torah qui parle à la racine de son âme.

Comme on le sait, nos Sages Sages ont souvent comparé la Torah à de l'eau : "les mots de la Torah sont comparés à de l'eau" (nimchélou divré Torah lamayim - guémara Taanis 7a). [de même : "l’eau ne fait référence qu’à la Torah" - guémara Avoda Zara 5b - én mayim ella Torah]
Peut-être nos Sages font référence à ces qualités de miroir de la Torah, à sa capacité à montrer à quelqu'un son véritable potentiel.
En outre, plus on s'efforce d'atteindre ses capacités en matière de Torah, plus la Torah reflète sa lumière sur ceux qui l'étudient.
[Sfat Emet - Shavouot 5639]

Les sacrifices – quelques réflexions

"De nombreuses raisons sont données pour expliquer les sacrifices (korbanot), mais cependant malgré tout ce qui a pu être expliqué, cela reste toujours très au-delà de notre compréhension ...
En effet, le Rambam écrit que tous les sacrifices rentrent dans la catégorie des 'houkim, ces commandements dont les raisons nous sont cachées.

Lorsqu'un juif offre un sacrifice, il démontre sa soumission inconditionnelle à la volonté de Hachem.
C'est comme s'il déclarait : "Je ne comprends pas pourquoi cette offrande va réaliser de grandes choses pour moi et pour le monde entier, mais je suis certain que cela va accomplir de grandes choses car c'est ce que D. nous a enseigné dans Sa Torah."

Ainsi, le sacrifice d'un korban est une grande déclaration de foi de la part de celui qui l'amène, et c'est grâce à cette approche de la Torah et des mitsvot qu'un juif gagne sa part dans le monde à venir."

[rav Yéhouda Zev Segal]

[naaché vénichma = la grandeur d'un acte ne réside pas dans notre capacité à en appréhender la raison, mais dans le fait que c'est la volonté de Hachem.

Accepter que c'est au-delà de notre compréhension car provenant de D., c'est se permettre de placer Hachem et nous-même à leur juste place.
C'est également accepter qu'un juif fait des actes à la portée phénoménale, puisque venant de D., et non de l'intellect humain.]

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-> Rabbi Guttman enseigne qu'offrir un sacrifice c'est comme déclarer : "Hachem, je désire être proche de toi. Il n'y a rien d'autre dans le monde que TOI.
S'il te plaît prend cet animal à ma place, et expie mes fautes (ou bien en signe de remerciement).
En effet, je souhaite uniquement être lié à Toi!"

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-> "Si la Torah nous donne la possibilité de sanctifier un animal (en tant que Korban), à combien plus forte raison doit-on réaliser que cela nous permet de nous sanctifier nous-même! ...

Nous devons ressentir que Hachem ne rejette aucun d'entre nous, même s'il est tombé du haut niveau qu'il devrait être.
La conscience de cela doit nous encourager à toujours continuer à grimper spirituellement, malgré nos moments difficiles et nos chutes."

[Rabbi Klonymous Kalmsh Shapira de Piaseczna]

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-> "La fonction des Korbanot est de faire résider la présence Divine parmi le peuple juif"
[Sforno - Emor 23,2]

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-> Lors d'un Shabbath passé chez un de ses disciples, Rabbi Yaakov Abou'hatséra lui a dit :
"La voix que tu as entendue en plein milieu de la nuit [de vendredi], était une transmigration de l'âme (guigoul néchama) de la chèvre que nous avons consommée ce vendredi soir [pour Shabbath].
Elle m'a dit : "Merci de m'avoir libérée. De même que tu as réparé mon âme et m'a permis d'atteindre ma juste place au Gan Eden, de même que Hachem puisse ajouter de la grandeur à ta grandeur et que tu sois béni d'une longue vie"."

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-> "Hachem sauve l'homme et l'animal" (adam ouvééma tochia Hachem - Téhilim 36,7)
Nos Sages enseignent que lorsque l'on sacrifie un animal, il y a une réparation (tikoun) pour l'âme de cet animal.
Assez fréquemment, une âme d'un fauteur est envoyée en bas dans ce monde afin de rechercher un moyen de réparation, qui va lui permettre d'être élevée pour l'éternité dans le monde à Venir.
De telles âmes peuvent se retrouver dans le corps des animaux, et lorsque ceux-ci sont égorgés d'une manière cashère, alors cela va les purifier et les libérer, leur permettant ensuite de trouver un repos éternel au Gan Eden.

=> Il faut accepter que nous ne pouvons pas appréhender tout ce qui se passe dans ce monde.
Ainsi, faisons confiance à Hachem en réalisant dans la joie Ses mitsvot, car c'est véritablement ce qu'il y a de mieux à faire!

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"Lorsqu'un homme parmi vous apportera (adam ki yakriv mikém) une offrande à Hachem" (Vayikra 1,2)

-> Le terme : "mikém" (parmi vous - מִכֶּם) est l'acronyme de : "mida kénégéd mida" (mesure pour mesure - מידה כנגד מידה).
Lorsqu'une personne est témoin de la punition de sacrifice d'un animal, cela doit réveiller en elle l'idée que cela provient de ses fautes à elle, que normalement elle devrait être à sa place. Elle reconnait alors de tout cœur ses fautes et fait téchouva comme il le faut.

Il en est de même lorsque nous avons des souffrances dans la vie, qui sont en réalité une bonté de D. pour nous pousser à observer nos actions, et en venir à faire téchouva sur nos fautes "oubliées".
[adapté du Ben Ich 'Haï]

-> Le Gour Aryé dit qu'au fond de lui-même, chaque juif désire faire la volonté de D.
En observant notre mort par procuration sur l'animal, cela permet d'affaiblir notre yétser ara et de faire ressortir notre véritable nature.
[face à la mort, on se laisse moins bercer d'illusions futures!]

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-> L'objectif d'apporter un sacrifice est d'en venir à contempler : Je suis celui qui a fait une faute, cependant la Torah me demande de sacrifier un animal à la place. Cela semble injuste pour l'animal qui n'a rien fait de mal.

La raison pour laquelle il va être tué, est qu'il existe un ordre naturel dans la Création. Il y a une notion de soumission à ce qui est supérieur.
Ainsi, une personne qui égorge un animal doit penser : les animaux que je n'ai pas créé et dont chaque besoin est pris en charge par le Maître du monde, sont égorgés car ils sont à un niveau inférieur au mien.
=> Il en devient alors évident qu'un homme doit se soumettre à Hachem, et être capable de tout sacrifier pour faire la volonté du Maître du monde.

En ce qui nous concerne, à chaque fois que nous consommons de la viande, nous devons nous interroger : si je peux la manger c'est que je suis dans l'ordre naturel au-dessus d'elle. Mais est-ce que je remplis mon rôle avec Hachem, qui est supérieur à tout? ou bien je me comporte comme un animal, suivant librement ses envies (et non Sa volonté)?

[d'après le Yichma'h Moché]

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-> Lorsqu'une personne apporte son fils pour accomplir la mitsva de la circoncision le 8e jour, c'est considéré comme un sacrifice pour Hachem.
[Zohar haKadoch - Chéla'h]

-> Le "korban mila" est plus précieux à Hachem que tout autre sacrifice.
[Zohar - Lé'h Lé'ha]

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-> Nous apportons des sacrifices parce que le peuple juif a vécu parmi des nations qui rendaient des cultes aux animaux et à leurs représentations. Par conséquent, D. a ordonné d'égorger ces animaux pour le service de D. afin que les juifs éradiquent de leur cœur tout vestige des croyances idolâtres dont ils on pu s'imprégner en exil.
[Rambam - Moré Névoukhim 3,46]

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-> Le Ramban donne l'enseignement suivant :
Tous les actes de l'homme résultent de 3 niveaux d'expression : la pensée, la parole et l'acte.
Ainsi, D. déclare que si une personne commet une faute, elle a 3 obligations :
1°/ elle offre un sacrifice et appose les mains sur la tête de l'animal, ce qui correspond aux actes destructifs qu'elle a commis.
[selon la guémara ('Haguiga 116b), en appuyant de tout son poids sur la tête de l'animal pour le sanctifier, l'homme se libère de l'animal qui l'habite et s'efforce de son mieux d'atteindre l'unité avec D. ]
2°/ elle confesse ensuite verbalement sa faute, pour réparer toute parole qu'elle a pu exprimer en commettant la faute.
3°/ elle fait brûler sur l'Autel les organes internes de l'animal, y compris les reins qui représentent les parties du corps humain d'où émanent les pensées, les pulsions et les penchants de l'homme.
Le sang aspergé sur l'Autel symbolise l'âme (néfech) de l'homme qui offre l'animal.
On fait également brûler les bras et les jambes de la bête, à l'image des mêmes parties qui chez le fauteur ont conduit à commettre la faute.

=> De par sa faute, le fauteur mériterait de subir le même sort que l'animal offert en sacrifice, si ce n'est la pitié Divine qui l'en épargne en acceptant cette offrande à sa place. Il vit cela pleinement en le ressentant sur les 3 niveaux d'expression humain.
De plus, en offrant un sacrifice, un homme répond à un désir primordial d'accomplir un acte totalement désintéressé, afin d'éveiller en lui-même un sentiment de reconnaissance, d'admiration, d'amour envers le Créateur.
Le mot : "korban" (sacrifice) exprime : "kirva véa'hdout" (l'intimité et l'unité). En effet, [alors que la faute distance l'homme de D.], le sacrifice va permettre un rapprochement (korban -> karov), un sentiment d'union avec papa Hachem.

-> Le rav Shimshon Raphaël Hirsch ajoute à ces paroles du Ramban, que le mot : "korban" exprime l'idée que l'homme offre ses tendances animales à D. afin d'affiner et de purifier sa nature, entraînant qu'il atteint un sentiment de proximité à D., et ce qui est le bien ultime, comme l'écrit le roi David : "Pour moi, la proximité à D. est le bien" (Téhilim 73,28).

[une faute est entraînée par un vent de folie, et va développer l'animalité qui en nous. En sacrifiant un animal, on exprime à quel point nous souhaitons nous débarrasser de cette tendance, pour développer notre kédoucha, ce qui permet davantage de proximité avec D. ]

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-> De nos jours en l'absence de Temple, c'est notre prière [venant du cœur] qui remplace les sacrifices, comme le prophète l'affirme : "Nos lèvres remplacent les bœufs" (Hochéa 14,3).
De plus, il est écrit : "Quiconque s'adonne à l'étude du sacrifice expiatoire (le 'hatat) est considéré comme ayant offert un sacrifice expiatoire" (guémara Ména'hot 110a).

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-> "Il abattra le gros bétail" (Vayikra 1,5)

Dans un sacrifice, la première étape était d'abattre l'animal. Puis, il y avait la seconde partie avec l'aspersion du sang ainsi que la combustion des parties offertes.
Nos Sages disent que l'abattage est valable même par un non Cohen, ce qui n'est pas le cas des autres étapes. Car l'abattage de la bête symbolise le travail personnel de supprimer le mal qui est en soi. Cela passe par le fait de se forcer à ne pas suivre le mauvais penchant.
Le second volet du sacrifice symbolise le fait d'élever le mal et de le transformer en bien.
Cela n'est pas donné à tout le monde. Ce sont surtout les Justes (tsadikim) qui peuvent s'occuper de cela. Mais par contre, l'abattage est valable par tous. Car même s'il est difficile de transformer le mal en bien, malgré tout le fait de se contraindre à ne pas écouter le mal en soi, cela tout le monde en est capable et doit donc le faire.
[Zéved Tov]

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-> "Il dépouillera l'holocauste et le coupera en morceau" (Vayikra 1,6)

L'holocauste (qui se dit Ola - celle qui monte) symbolise l'orgueil, qui mène l'homme à se monter et se grandir à ses yeux. Celui qui souhaite "dépouiller l'holocauste", c'est à dire enlever et retirer l'orgueil de lui-même, à l'image du fait d'enlever la peau de l'animal, alors le conseil pour cela est de le couper en morceau.
Celui qui pense aux bonnes actions qu'il a réalisées et en retire de l'orgueil, s'il les coupe en morceau, c'est-à-dire qu'il les décortique et analyse chaque détail de ces actions, les passant au crible et à la critique, alors il verra combien d'imperfections remplissent chacun de ses actes, et il saura alors rester humble.
[Arvé Na'hal]

[en mettant en morceaux le sacrifice, on en vient à mettre en morceaux notre vie, et y porter un regard plus rempli d'humilité]