Aux délices de la Torah

Pâtisserie spirituelle depuis 5771 - b'h
 

"Il l'a appelé : moéd" (kara alaï moéd - Eikha 1,15)

-> Le rav 'Haïm Yossef Kofman explique que le 9 Av est appelé un : "moéd (une convocation - מועד).
En réarrangeant ces lettres, on a le mot : "madoua" (pourquoi? - מדוע), et également : "oméd" (marquer un arrêt - עוֹמֵד).

La raison est qu'en ce moéd (מועד), nous devons marquer une pause dans notre routine quotidienne (עוֹמֵד), pour prendre du recul et réfléchir sur מדוע = pourquoi le Temple a-t-il été détruit?

[A chaque génération où le Temple n’est pas reconstruit, c’est comme s’il avait été détruit.
S’il n’y a pas de Temple, ce n’est pas qu’à cause de nos ancêtres, c’est principalement de notre faute (sinon il aurait été reconstruit!).
=> Cette année, qu'est-ce qui ne va pas dans ma vie au point d'être personnellement responsable de la destruction du Temple?

De plus, à partir du moment où j'affirme désirer le retour du Temple, la venue du machia'h, ... alors cela implique : Que puis-je concrètement améliorer dans ma vie quotidienne pour contribuer à sa reconstruction?]

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-> Madoua - Pourquoi?
Selon nos Sages, c'est parce que nous vivons une vie de mensonges (shéker - שקר), où au lieu de rester chacun à notre place, nous laissons notre égo envahir le monde, et donc la place d'autrui, causant de la haine gratuite (sinat 'hinan).

En réarrangeant les lettres de : שקר (mensonge), on obtient : "kécher" (un lien - קשר).
En travaillant principalement à améliorer nos relations avec autrui, en générant de l'amour gratuit (aavat 'hinam), nous contribuons à permettre la reconstruction du Temple, et donc le retour de ce lien d'intense proximité avec notre Père à tous : Hachem.

"Imaginez un instant comment vous vous sentirez si vous donniez par pure générosité un cadeau à quelqu'un, et qu'immédiatement après il se plaindrait de ne pas avoir reçu 2 fois plus.
Vous regretteriez certainement de lui avoir offert ce présent.

Ne pas savoir apprécier ce que Hachem nous octroie, c'est agir exactement de la même manière!"

[le Maguid de Doubno]

"Lorsque vous êtes né, vous avez pleuré et tout le monde s'est réjoui.

Vivez votre vie de telle manière que lorsque finalement vous mourrez, tout le monde pleurera et vous vous réjouirez [grâce à la conscience de toutes les bonnes actions que vous aurez pu accumuler et qui vous accompagneront pour l'éternité!]."

[rabbi Naftali de Berditchev]

"Si une personne se bat dans ce monde afin de comprendre la Torah, et ce même s'il lui manque la capacité de la comprendre, elle ne doit pas en être découragée.
En effet, dans le monde à venir, lorsqu'elle s’assiéra dans la yéchiva du Ciel, elle aura alors la possibilité de comprendre la Torah pour laquelle elle aura lutté dans ce monde.
Ses efforts seront très largement récompensés."

[Séfer 'Hassidim - de rabbi Yéhouda ha'Hassid]

"Prends pour toi des aromates : du nataf, du ché'hélét et du 'helbéna ... ils seront tous égaux en poids" (Ki Tissa 30,34)

-> Nos Sages déduisent que 11 ingrédients entraient dans la fabrication de l'encens, qui était offert 2 fois par jour (le matin et l'après-midi) sur l'Autel, à l’intérieur du Michkan.
Le parfum de l'encens symbolise le devoir et le désir d'Israël de servir D. de la façon qu'Il agrée.

-> Alors que toutes les senteurs des encens dégageaient une bonne odeur, la 'helbéna était la seule qui avait une mauvaise odeur.
Rachi (citant la guémara Kéritot 6b) commente : la Torah l’a inclus dans la composition de l’encens afin de nous apprendre à ne pas tenir pour indigne de nous, dans nos réunions de jeûnes et de prières, la présence de pécheurs d’Israël, lesquels doivent au contraire être comptés comme étant des nôtres.

Mais pourquoi cela?

-> Une des explications est que lorsque les réchaïm s’associent aux prières des autres personnes, alors la prière de ces derniers s'en trouve renforcée.
En effet, même si ces personnes ne sont pas assez méritantes, cependant comparées aux réchaïm, leurs défauts deviennent insignifiants, et en comparaison elles sont considérées comme très méritantes.
=> C'est ainsi que lorsque les réchaïm s’associent aux prières, cela renforce le mérite des autres et leurs prières ont plus d’impact.

[Beit Shmouël Aharon]

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-> "Rabbi 'Hana dit au nom de Rabbi Chimon ‘Hassida : Tout jeûne auxquels ne participent pas des pécheurs d’Israël n’est pas un (véritable) jeûne, car le 'helbéna a une mauvaise odeur et pourtant elle est comptée parmis les (onze) composants de l’encens."
[guémara Kéritout 6b]

L’ensemble des personnes présent à une prière s’appelle le : tsibour, dont les initiales renvoient à : tsadikim, bénonim et réchaïm.
=> Prier n’est pas une réunion d’élites, mais c'est une union de tout le peuple ensemble vers un but unique.

[à l'image de la joie d'un père qui voit tous ses enfants qui se retrouvent ensemble malgré leurs différences, Hachem prend tellement plaisir à nous voir unis, qu'Il en déverse largement Ses meilleurs bénédictions sur nous!]

-> Rabbeinou Bé'hayé commente :
"L’encens vient nous enseigner que nous ne devons pas négliger les réchaïm et les fauteurs en les excluant de nos jeûnes et de nos prières.
Nos Maîtres ont d’ailleurs dit que toute assemblée exempte de fauteurs n’est pas une assemblée. En effet, le Nom de D. est exalté et sanctifié lorsque les réchaïm se repentent et viennent s’ajouter au nombre des tsadikim.
Si cela ne se produit pas, les tsadikim en sont incriminés au nom de la responsabilité qui incombe à chaque juif vis-à-vis de son prochain."

-> Lorsque Hachem voit que les réchaïm font téchouva grâce à l'influence des personnes justes, alors Il nous traite avec davantage de miséricorde.
[Sifté 'hakhamim]

-> Le Nom Divin est grandement sanctifié lorsque les réchaïm font téchouva et désire s'élever vers le niveau des personnes justes.
[Prishah]

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Il est intéressant de constater que les réchaïm, les fauteurs sont :
-> à la fois exclus du compte du minyan, puisqu'il y a déjà 10 juifs justes (la 'helbéna venant comme la 11e épice).
Cela représente la nécessité de maintenir une séparation, une zone de sécurité, pour qu'ils ne nous influencent pas négativement.

-> mais également ils sont indispensables, car sans eux nous n'arrivons pas aux 11 épices nécessaires pour confectionner l'encens du Service Divin.
Cela signifie qu'à nos yeux ils ne sont jamais rejetés : ce sont nos frères dans le besoin spirituel, et nous aspirons de tout notre cœur à ce que la mauvaise odeur du 'helbéna se transforme en une épice de bonne odeur.

=> Il y a cette dualité à maintenir pour les impacter positivement, sans risquer de s'affaiblir soi-même à leur contact.

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-> Le Kli Yakar apporte l'explication suivante.
Une personne n'a pas le droit de s'affliger elle-même inutilement. C'est pourquoi, une personne juste ne devrait pas selon la loi se permettre de jeûner en réponse à une tragédie, car sa droiture l'empêche d'être tenu responsable pour tout malheur.
Ainsi, la seule justification pour les justes est d'incorporer des personnes moins justes qu'elles, afin de pouvoir jeûner pour elles (le peuple d'Israël étant lié), ce qui rend leur alors autorisé le fait de s'affliger.

[d'une certaine façon, quelque soit notre niveau spirituel, nous jeûnons en espérant que tout juif situé à un niveau inférieur au nôtre pourra évoluer vers davantage de spiritualité.
Un jour de jeûne est certes une remise en question personnelle, mais également l'expression de notre désir intense que tout autre juif, même le plus grand racha, puisse se débarrasser de sa partie mauvaise pour mettre au grand jour toute sa beauté interne latente.]

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-> En se basant sur la guémara (Shabbath 89a), le Mabit (dans son Beit Elohim) enseigne qu'après que Moché ait reçu la Torah au Ciel, tous les anges lui ont offert des cadeaux. Même l'ange de la mort lui a donné quelque chose : la 'helbéna, indispensable à la réalisation des encens.
Celle-ci est la seule des 11 épices entrant dans la composition de l'encens à dégager une mauvaise odeur, mais en se joignant aux autres la senteur se transforme en une aussi douce et agréable que les autres.

Dans une communauté dont les membres sont bons et droits en leurs cœurs, et qu'ils accomplissent un retour sincère et complet vers Hachem (minyan d'épices de bonne odeur), alors l'ange de la mort ne peut exercer sur eux aucune emprise (aucune accusation, mauvais décret).
Bien au contraire, ce sont eux qui le dominent et le soumettent au point que lui-même répond : "Amen", exactement comme la 'helbéna, individuellement malodorante, mais qui non seulement ne sent pas mauvais avec les 10 autres épices, mais va contribuer à la diffusion d'une bonne odeur globale.

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+ Si on a le choix entre soit prier dans un minyan composé que de personnes vertueuses, ou bien prier dans un minyan qui comprend des réchaïm, lequel doit-on choisir?

-> Le rav Aharon Leib Steinman n'est pas certain, mais il écrit qu'il est quand même préférable de prier dans un minyan de personnes uniquement vertueuses, à l'image des encens qui sentaient encore mieux sans la 'helbéna.

-> Le Séfer 'Hassidim enseigne que nous devons faire attention à ne pas prier à côté d'un racha, car cela va entraîner d'avoir de mauvaises pensées durant notre prière et la présence Divine s'éloignera de nous.

"Personne ne convoitera ta terre quand tu monteras pour paraître devant Hachem, ton D., 3 fois par an" (Ki Tissa 34,24)

Ceci est l'un des plus grands miracles cachés promis explicitement par la Torah.
b'h, regardons cela plus en détail.

-> La guémara (Pessa'him 8b) affirme que cela s'applique également aux animaux sauvages qui ne convoiteront pas nos possessions pendant notre absence au Temple : "Ta vache va brouter dans le pâturage et aucun animal sauvage ne l'attaquera. Tes poulets seront libres dans leur poulailler et aucune fouine/belette ne leur fera de mal."

-> A ce sujet, le midrach rabba (Chir haChirim 7,1) rapporte les histoires suivantes :

1°/ Une fois un juif est parti à Jérusalem pour Yom Tov, et par inattention il avait oublié de fermer sa maison à clé.
A son retour, il a trouvé un serpent enroulé autour de la poignée de sa porte, décourageant toute personne à essayer d'y entrer.

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2°/ Une fois un juif est parti pour les Yom Tov, et il avait oublié par mégarde sa récolte de blé empilée dans le champ.
C'est ainsi que tout le fruit de son difficile travail, toute sa fortune à venir pouvait être prise par chacun des passants à proximité.
A son retour de Jérusalem, il a été accueilli par une patrouille de lions qui avaient surveillé sa récolte en son absence.

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3°/ Une fois, un juif qui était parti pour les Yom Tov, avait oublié de rassembler ses poulets dans le poulailler, les laissant libres et sans aucune protection.
A son retour de Jérusalem, il a retrouvé des carcasses de chats sauvages à proximité, sans aucune explication si ce n'est que Hachem surveille ceux que Le servent.

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4°/ Il y avait 2 frères juifs vivants à Ashkelon, qui avaient des voisins non-juifs qui attendaient l'occasion de se remplir les poches en prenant la richesse de leurs voisins juifs.
Ils ont ainsi comploté entre eux : "Lorsque les juifs iront à Jérusalem pour prier, nous viderons leurs maisons de tous les objets de valeur".

A leur retour du pèlerinage pour la fête, les 2 frères ont rendu visite à leurs voisins non-juifs afin de leur donner des cadeaux qu'ils avaient ramener pour eux de Jérusalem.
Leurs voisins semblaient alors confus : "D'où viennent ces cadeaux? Vous êtes partis quelque part?"
Les juifs de répondre : "Bien sûr! Nous nous rendons toujours à Jérusalem pour la fête".

Les non-juifs leur ont demandés : "A quelle date êtes-vous partis? Quand êtes-vous revenus? "
Suite à leur réponse, ils étaient perplexes, et ils ont dit : "Mais alors pourquoi durant toute cette période nous vous avons vu entrer et sortir de chez vous comme à l'accoutumée?"

La vérité devient claire : Hachem avait envoyé des anges qui ressemblaient et qui agissaient comme ces 2 frères juifs, faisant paraître qu'ils étaient toujours présents chez eux, protégeant leurs biens de leurs voisins jaloux.

Les non-juifs se sont alors exclamés : "Béni est le D. des juifs. Vous ne L'abandonnez pas et Il ne vous abandonne pas. Vous avez mis votre confiance en Lui, et Il a envoyé Ses anges pour vous protéger."

=> Avec la perte du Temple, nous avons perdu de tels miracles aussi évidents aux yeux de tous : juifs et non-juifs.

Hachem a créé tout ce qui existe à partir du néant.
On doit apprendre de là à ne jamais désespérer, même si nous avons beaucoup fauté.
En effet, si nous faisons téchouva, alors Hachem pourra nous renouveler et nous recréer “tout neuf”, comme si nous n'avions encore jamais existé et jamais fauté.

[Divré Yé'hezkel]

Il a également écrit dans le même ordre d'idée :
"L’homme, comme le monde entier, a été créé à partir du néant.
Ainsi, de même qu’Hachem l’a créé du néant, même s’il faute et s’éloigne d’Hachem au point de devenir comme "néant", comme s’il n’a plus aucun mérite et comme s’il est totalement "nul", malgré tout, si un homme se repent, alors Hachem l’aidera.
Du "néant" où il peut se trouver, Hachem le fera ré-exister et l’aidera à réparer ses fautes."

La Torah entière est faite des Noms de Hachem.
Lorsqu'une personne étudie la Torah, c'est comme si elle mentionnait constamment le Nom de D., et Hachem vient alors la bénir.
Il est en effet écrit : "en tout lieu où Je permettrai que Mon Nom soit invoqué, Je viendrai à toi et te bénirai" (Yitro 20,21).

[le Maharcha - guémara Béra'hot 21a]

"D. réside au milieu du peuple d'Israël pour écouter ses prières et agréer son service, Il veille à sa destinée sans aucun intermédiaire.
Israël n'a donc rien à redouter des forces de la nature et c'est ce qui confère au peuple juif son éternité."

[Sforno -
sur : "Je ferai résider Ma présence parmi les enfants d'Israël" - Tétsavé 29,45]

"Tu confectionneras des vêtements de sainteté" (Tétsavé 28,2)

-> Dans ce verset, les "vêtements de sainteté" (bigdé kodéch) font référence aux paroles de Torah qui habillent une personne, comme il est écrit : "Elle [la Torah] l'habille d’humilité, de crainte [du Ciel]" (Rabbi Méïr - Pirké Avot 6,1).
[le ‘Hida – חומת אנך]

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-> De même qu'une personne recouvre son corps d'habits physiques, son âme désire être recouverte par des habits spirituels.
Chaque bonne action qu'une personne réalise dans ce monde va "habiller" son âme.

Une personne pourrait penser qu'elle ne doit se préoccuper de fournir des habits uniquement à son corps, et que Hachem va se charger d'habiller son âme, mais cependant nos Sages nous enseignent que cette attitude n'est pas correcte : "Tout est dans les mains du Ciel, sauf la crainte du Ciel" (guémara Béra'hot 33b).

Cela signifie que :
- en réalité une personne n'a pas de maîtrise sur comment elle habillera son corps, de telles préoccupations sont décidées au Ciel.
- par contre, une personne a le contrôle sur les "vêtements" de son âme : les mitsvot et les bonnes actions.

=> Il est essentiel de travailler à ce que notre âme soit habillée convenablement.

[Ben ch 'Haï - Od Yossef 'Haï - Tétsavé 28,8]