Aux délices de la Torah

Pâtisserie spirituelle depuis 5771 - b'h
 

"Pourquoi est-ce que mon frère (le Gaon de Vilna) n’a-t-il jamais écrit de livre sur les 613 mitsvot?

Mon frère m’a dit qu’il serait faux de dire qu’il n’y a que 613 mitsvot dans la Torah.
Il ne peut pas être possible que depuis le début de la Torah jusqu’à la paracha Bo, qu’il n’y ait que 3 mitsvot.

Mais en réalité, chaque mot de la Torah est une mitsva.
Les mitsvot de la Torah sont trop nombreuses pour être comptées.
Les 613 mitsvot ne sont que des racines d’autres mitsvot.

Un arbre est composé d’un tronc, de branches, et également de fruits.
Avec les graines des fruits, un nouvel arbre peut se développer.
La Torah est comme un arbre de mitsvot, avec des opportunités sans fin d’accomplir des mitsvot.

[Mon frère le Gaon de Vilna] n’a pas écrit de Séfer haMitsvot afin qu’il soit connu que les mitsvot de la Torah sont sans fin. "

[Maalot haTorah]

=> Hachem a multiplié les mitsvot, pour multiplier nos occasions de pouvoir s’attacher avec Lui, et "accessoirement" d'obtenir un maximum de récompenses.

"Qu'elles sont belles tes tentes, Ô Yaakov! Tes demeures, Ô Israël!
Elles se développent comme des vallées, comme des vergers le long d'un fleuve ; D. les a plantées comme des aloès, comme des cèdres au bord de l'eau" (Balak 24,5-6)

-> Le Min'hat El'azar (rabbi 'Haïm El'azar de Munkatch) d'enseigner :
Selon les guémara (Sanhedrin 105b), les tentes mentionnées dans ce verset représentent les synagogues et les lieux d'étude qui sont disséminés dans le monde. Cela étant, la métaphore les comparant à des fleuves semble inappropriée.
En effet, un bâtiment solide comme une synagogue ou une salle d'étude ne peut pas s'écouler comme un fleuve.

Nos Sages (Méguila 29a) nous enseignent qu'au temps du machia'h, toutes les synagogues et les lieux d'étude seront transportés en terre d'Israël.
Ayant cela à l'esprit, la métaphore prophétique est assez appropriée.
Effectivement, les synagogues et les maisons d'étude s'écouleront en cascade vers la terre d'Israël comme un fleuve, vers Jérusalem en un torrent puissant.
Là, les millions de fidèles et d'étudiants trouveront un vaste espace dans l'étendue sans fin de la cité.
Puisse cela s'accomplir, rapidement de nos jours. Amen!

"Au bout de 40 jours, Noa'h ouvrit la fenêtre qu'il avait pratiquée à l'Arche" (Noa'h 8,6)

-> Le Yichma'h Israël (l'Alexander rabbi) enseigne :
Nos fautes créent un mur qui nous sépare de notre Père Céleste.
Les tsadikim, les hommes saints de chaque génération, à travers leur propre pratique des mitsvot percent ce mur, ouvrant des trous aussi grands que des fenêtres.

Ainsi, sous un angle spirituel, le verset véhicule cette pensée : "Noa'h ouvrit la fenêtre qu'il avait pratiquée à l'Arche" = à travers ses prières, Noa'h, le tsadik, fit une ouverture dans le mur qui séparait l'homme à D.

"Le travail (avoda) des 9 jours (allant jusqu'au 9 Av) est de développer notre "force d'imagination".
Un juif doit utiliser toute son imagination créative pour se représenter ce que Jérusalem et le Temple étaient pendant leurs temps glorieux.
Comment les Cohanim étaient habillés de leurs vêtements de prêtes, comment la ville étincelait de beauté et de sainteté, comment les Lévi'im chantaient leurs mélodies entraînantes, comment la terre d'Israël brillait de toute sa splendeur et magnificence.

Si on est capable dans son cerveau de se recréer une telle image, alors la pensée de la destruction du Temple va nous briser/fracasser, et nous serons alors prêts à prendre correctement le deuil de cette destruction."

[rav Nathan Meïr Wachtfogel - Lékét Réchimot]

[pour pleinement se lamenter sur Jérusalem, nous devons travailler à pleinement prendre conscience de ce que nous avons perdu ...]

"Le jour même tu donneras sa paie (à ton employé) ..., car il est pauvre ... et il n’implorera pas Hachem sur toi" (Ki Tétsé 24,15)

-> Le sens simple de ce verset est que l’on doit payer le salaire de son employé le jour même, pour ne pas que dans la détresse de sa pauvreté, il n’implore Hachem “sur toi”, c’est à dire contre toi.
Ce verset conclut : "Et ce sera pour toi une faute" = d’avoir entraîné sa détresse.

-> Le Imré Shéfer ajoute que l'on peut expliquer ce verset autrement.
Quand quelqu’un est pauvre et manque du nécessaire, cela le trouble et le perturbe, et il ne peut plus servir Hachem sereinement. Une des conséquences de cela est que ses prières régulières manqueront de ferveur et de clarté, car il sera perturbé par ses besoins qui lui manquent.

Ainsi, la Torah recommande de payer le salaire de son employé le jour même , car comme il est pauvre, s’il lui manque le nécessaire, "il n’implorera pas Hachem sur toi", c’est-à-dire qu’il ne pourra pas implorer Hachem et prier vers lui sereinement.
Puisque sa prière en sera perturbée, alors cela sera “sur toi”, à comprendre dans le sens de “à cause de toi”.

=> A cause du fait que tu ne l’auras pas payé, il sera préoccupé par ses besoins, et à cause de toi, il ne pourra pas prier comme il se doit.
"Et ce sera pour toi une faute" = c’est-à-dire que le fait d’avoir provoqué qu’il ne puisse pas prier convenablement, cela aussi te sera compté comme une faute. Et sur ce détail aussi, tu devras rendre des comptes.

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-> "Le jour même, tu lui remettras son salaire (béyomo titen sékharo - בְּיוֹמוֹ תִתֵּן שְכָׂרוֹ) avant que le soleil se couche; car il est pauvre, et il attend son salaire avec anxiété. Crains qu’il n’implore contre toi le Seigneur, et que tu ne sois trouvé coupable» (Ki Tétsé 24,15).

C’est un Commandement de la Torah que de payer le travailleur dans le jour même où il a effectué son travail. S’il l’a effectué le soir, on a jusqu’au lendemain dans la journée pour lui payer.
On apprend que celui qui retient le salaire de l’employé et comme s’il lui enlevait son âme, la vie ; car pourquoi est-il monté sur l’arbre et a risqué sa vie, n’est-ce pas pour gagner son pain? [guémara Baba Métsia 112a]

Ainsi fera-t-il attention d’accomplir cette mitsva : "Le jour même, tu lui remettras son salaire", car c’est une grande mitsva puisque le travailleur donne son âme pour ce salaire. [‘Hida]

Hachem veut que nous développions en nous les sentiments de pitié et de bonté, afin d’assurer à chaque être humain ce qu’il lui faut, à l’heure du besoin. C’est ainsi que nous mériterons nous-mêmes de bénéficier de ses bienfaits. [Séfer Ha’hinoukh]

Notre verset fait référence à la récompense des Temps messianiques relative au Service Divin accompli dans ce monde-ci : "Puisque chaque juif a la capacité d’amener la Délivrance" (comme l’enseigne le Rambam - Hilkhot Téchouva 3,4 – lorsqu’il écrit que n’importe quelle mitsva peut déclencher la délivrance pour le monde entier), il y a donc aussi aujourd’hui pour chaque juif la récompense qui appartient aux Temps messianiques, et il ne lui reste qu’à la dévoiler à travers l’ajout d’une bonne action" [Likouté Si’hot]
Notre verset indique ainsi à quel point il est vital d’attendre la Guéoula et de réclamer d'Hachem qu’Il hâte notre Délivrance.
En effet, se référant à notre verset, le ‘Hafets ‘Haïm déclare : "C’est plusieurs fois par jour que nous demandons la Délivrance. Toutefois, la seule requête ne suffit pas. Il faut exiger la Délivrance, à l’instar de l’ouvrier qui réclame son salaire. La Loi étant que s’il ne le réclame pas, rien n’oblige à le payer le jour même (guémara Baba Metsia 112a). C’est dans cet esprit que nous devons réclamer notre Délivrance."

Les initiales des trois mots ביומו תתן שכרו ("Le jour même, tu lui remettras son salaire") forment le mot שבת
Shabbath). Ceci indique symboliquement que si l’on s’occupe sérieusement de la Torah en semaine (le Service Divin : Torah et mitsvot), on profite de la נשמה יתרה (Néchama Yétéra – l’âme supplémentaire du Shabbath) – symbole de la récompense Divine. Et c’est le grand avantage du Shabbath, que de faire rayonner sa bénédiction sur les jours de la semaine.

-> On peut rapporter les 2 histoires suivantes :
1°/ On dit au nom du Arizal que, quand il avait un journalier qui travailler chez lui, il faisait l’impossible pour trouver les sommes nécessaires à le payer avant la prière de Min’ha. Il ne la récitait pas aussi longtemps qu’il n’avait pas payé, car comment aurait-il pu réciter la "Amida" (prier devant Hachem) alors qu’il n’avait pas encore accompli cette mitsva.

2°/ On raconte à propos du ’Hafets ’Haïm : un jour qu’il avait prévu de se rendre à Varsovie ville fort éloignée de Radin, sa ville de résidence, les conditions météorologiques s’annonçaient particulièrement difficiles: les routes étaient recouvertes d’une épaisse couche de neige. Soudain, on s’aperçut que son manteau de fourrure était déchiré et devait être réparé pour pouvoir être porté. On demanda à un enfant d’apporter le manteau à un couturier, en lui demandant de spécifier qu’il y avait urgence! Très vite, l’enfant revint avec le manteau recousu. Le ’Hafets ’Haïm l’enfila, se sépara de sa famille et prit la route. Alors que le cocher entrait dans l’enceinte de la gare, à sa grande stupéfaction, le ’Hafets ’Haïm lui demanda de faire demi-tour.
"Mais pourquoi donc, après un chemin si difficile? Le train pour Varsovie est déjà là!" s’étonna le cocher.
Le ’Hafets ’Haïm lui répondit : "J’ai oublié de payer le couturier pour son travail ; nous devons vite faire demi tour afin que je lui donne son salaire et ce, avant que le soleil ne se couche! Notre Thora nous oblige à payer notre dû le jour même".
Le cocher proposa alors d’être l’envoyé du ’Hafets ’Haïm et de remettre l’argent en question au couturier. Mais le ’Hafets ’Haïm refusa ; il voulait en personne accomplir la mitsva selon les termes du verset : "Le jour même, tu lui remettras son salaire".

"Il [Yaakov] eut un songe que voici : une échelle était dressée sur la terre, son sommet atteignit le ciel et des messagers divins montaient et descendaient le long de cette échelle" (Vayétsé 28,12)

-> Le Ahavat Shalom (rabbi Ména'hem Mendel de Kossov) de commenter :

Nous sommes tous engagés dans une lutte permanente contre le yétser ara, notre inclinaison au mal.
Parfois, le yétser ara utilise l'humilité comme instrument pour nous détourner de D., essayant de nous persuader qu'à cause de notre nature physique grossière, nous sommes incapables d'atteindre la sainteté.
Alors, nous pouvons signaler fièrement au yétser ara que nous possédons une âme qui est une étincelle Divine. Elle nous permet d'atteindre les plus hauts sommets de la sainteté.

Mais de nouveau, le yétser ara nous gonfle parfois d'orgueil, nous faisant croire que nous sommes un saint parfait. Nous répondons alors en étant conscient de notre nature terrestre inférieure.

=> C'est ce processus sans fin d'alternance entre orgueil et humilité qui est symbolisé par l'échelle.
- Lorsque le yétser ara nous dit que comme l'échelle ("dressée sur la terre") : nous nous tenons sur le sol, nous lui répondons que : "son sommet atteignait le ciel".
- Lorsque le yétser ara veut que nous croyions que nous avons atteint les cieux, alors nous controns en disant : "au contraire, comme l'échelle de Yaakov, je me tiens sur le sol!"

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+ "Yaakov s'éveilla de son sommeil et dit : il y a bien Hachem en ce lieu, et je ne savais pas" (Vayétsé 28,16)

-> Que signifie : "Il y a Hachem en ce lieu?"
Cela résulte de : "je ne savais pas", par lequel Yaakov annule sa personnalité, en se rabaissant, car la Présence Divine ne repose que sur celui dont l'esprit est humble.
[Tiférét Chlomo]

[si tu veux que Hachem réside en toi, alors laisse lui de la place, en ne t'enorgueillant pas d'être tout ou bien d'être un moins que rien. Il faut simplement être conscient et fier de ses capacités/qualités, tout en ayant conscience qu'à chaque instant elles nous sont confiées comme cadeau par D., et ce pour que nous en fassions le meilleur usage.]

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-> b'h, citations de nos Sages sur l'humilité : https://todahm.com/2018/12/25/lhumilite-quelques-citations-de-nos-sages
-> b'h, citations de nos Sages sur l'orgueil https://todahm.com/2018/12/25/lorgueil-quelques-citations-de-nos-sages

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+ "Yaakov s'éveilla de son sommeil et il dit (vayikats Yaakov michénato vayomer - וַיִּיקַץ יַעֲקֹב מִשְּׁנָתוֹ וַיֹּאמֶר) : il y a bien Hachem en ce lieu, et je ne savais pas"

Les lettres finales de ces mots forment : "tsibour" (public, communauté - צבור), c'et-à-dire que dans il y a une communauté (au moins 10 personnes, un minyan) alors "il y a Hachem en ce lieu", car "Hachem se tient dans l'assemblée Divine" (Téhilim 82,1), et leur prière est [forcément] acceptée.
Mais "moi" = s'il y a une seule personne, "je ne savais pas" = l'homme ne peut pas être sûr que sa prière soit acceptée [car cela dépend du fait d'avoir des mérites suffisants, et d'une perfection dans la récitation de la prière du début à la fin].
[Afiké Torah ; Baal haTourim]

-> Le Mégalé Amoukot ajoute que צבור a la même guématria que : רחמים (ra'hamim - la miséricorde).
En effet, lorsque nous prions avec un minyan cela éveille la miséricorde d'Hachem, et cela permet à nos prières d'être exaucées.

-> b'h, au sujet du fait de prier avec la communauté : https://todahm.com/2016/12/27/prier-avec-la-communaute

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+ "Yaakov s'éveilla de son sommeil" 

-> Nos Sages (midrach Béréchit rabba 69,7) interprètent ainsi :
Rabbi Yo'hanan a dit qu'il ne faut pas lire : "michnato" (de son sommeil - מִשְּׁנָתוֹ), mais "mi-michnato" (de son étude).

Yaakov qui était le pilier de la Torah, passa toute son existence à servir D., et même lorsqu'il s'arrêtait d'étudier pour assumer ses besoins matériels, son âme restait complètement attachée au Créateur et à la Torah.
Quand il mangeait, c'était pour donner des forces à son corps, de sorte à pouvoir accomplir son service Divin.
Ainsi, il ne dormait pas pour le plaisir, mais pour reprendre des forces afin de continuer à étudier avec davantage de vigueur.
=> Toutes ces actions faisaient pour lui partie intégrante de son étude. C'est pourquoi lorsqu'il se réveilla de son sommeil, c'était comme s'il se réveillait de son étude.
[issu d'un cours du rabbi David Pinto]

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-> Yaakov a rêvé d'une échelle se tenant au sol et atteignant le ciel (Vayétsé 28,12).
Lorsqu'on vit une vie de divinité, on produit de la Torah même lorsque l'on dort.
[rabbi Barou'h de Médziboz]

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-> "Yaakov s'éveilla de son sommeil et dit : il y a bien Hachem en ce lieu, et je ne savais pas"

Yaakov a eu un rêve prophétique avec une révélation extraordinaire, où Hachem va lui promettre la protection, des bénédictions, des enfants, ...
Cependant si Yaakov avait su la sainteté de cet endroit (lieu futur du Temple), il n'y aurait pas dormi.
Le Sfat Emet dit que cela nous enseigne que la crainte d'Hachem (yirat chamayim) est plus importante que tout.
En effet, Yaakov était prêt à renoncer à une sublime révélation Divine et aux bénédictions (pour lui et sa descendance : tous les juifs de l'histoire). En effet, aucun gain ne peut justifier le fait de faire quelque chose d'interdit par Hachem.

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-> Rabbi Nissm Yaguen (Nétivé Or) commente également en ce sens :
Yaakov s'approchait des 80 ans ... il s'allonge et s'endort, et voilà que Hachem se dévoile à lui en disant : "Je suis Hachem, le D. d'Avraham ton père et d'Its'hak ; cette terre sur laquelle tu reposes, Je te la donne à toi et à ta postérité. Elle sera, ta postérité, comme la poussière de la terre ; et tu déborderas au couchant et au levant, au nord et au midi ; et toutes les familles de la terre seront heureuses par toi et par ta postérité. Oui, Je suis avec toi ; Je veillerai sur chacun de tes pas et Je te ramènerai dans cette contrée, car Je ne veux point t'abandonner avant d'avoir accompli ce que Je t'ai promis" (Vayétsé 28,13-15).
Des nouvelles tellement merveilleuses et joyeuses! Exactement ce qu'il espérait, après avoir investi toutes ses forces dans le service Divin, lors de son départ pour l'inconnu.

On aurait pu attendre de Yaakov qu'il respire à plein poumon, qu'il se réjouisse et qu'il ait un merveilleux moral.
Mais non, plutôt : Assurément, Hachem est présent en ce lieu et moi je l'ignorais" (v.16), et saisi de crainte, il ajouta : "Que ce lieu est redoutable" (v.17).

Si on nous avait annoncés de telles nouvelles, on aurait été dans un état de joie indescriptible. Mais Yaakov ne prête pas attention aux promesses à son profit, il n'est pas joyeux pour tout le bien promis, la seule chose qui l'intéresse : gare à moi, je me suis endormi dans la maison d'Hachem ...

La crainte des Cieux ressemble à cela : avoir peur d'Hachem à chaque instant, peut-être je ne me conduis pas convenablement, peut-être pas comme il fallait, ressentir une grande honte du fait du doute d'une faute minuscule. Ceci est la vraie crainte d'Hachem (yir'at Hachem), et cette crainte est en mesure de renforcer l'homme dans toutes les situations.

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-> "Yaakov s'éveilla de son sommeil et dit : il y a bien Hachem en ce lieu, et je ne savais pas" (v.28,16)

Rachi (v.11) rapporte que pendant 14 années à la maison d'étude d'Ever, il n'a pas dormi la nuit, puisqu'il étudiait non stop.
Le rabbi Yéhochoua de Belz explique que pendant ce premier sommeil en 14 ans, Yaakov a découvert les hauts niveaux de vision prophétique que l'on peut atteindre durant notre sommeil.
[selon la guémara (Béra'hot 57b) : "un rêve à 1/60e de la prophétie"]
Néanmoins, il a dit (v.17) : "én zé ki im bét Elohim" (אֵין זֶה כִּי אִם בֵּית אֱלֹהִים) = ce n'est pas ce que Hachem veut.
En effet, Hachem désire notre travail, nos efforts, et non pas que nous soyons des endormis de la vie. [anesthésiés par notre yétser ara!]
[à notre niveau c'est une mitsva de dormir pour avoir les forces de faire la volonté de D., néanmoins l'idée est qu'Hachem aurait pu nous mettre dans notre tête toute la Torah, mais ce qu'Il veut c'est que nous peinons pour l'acquérir.]

-> "Des messagers divins [des anges] montaient et descendaient le long de cette échelle" (Vayétsé 28,12)
Selon le midrach : les anges dansaient (montaient et descendaient dans une danse) sur Yaakov, car ils étaient si heureux de lui.
Le 'Hidouché haRim commente : "si un juif savait les hauteurs que son service Divin (avodat Hachem) atteint, il ne raterait aucune occasion de faire une bonne action."

=> Nous devons avoir conscience qu'il en est de même pour chaque juif : les anges se réjouissent à chaque fois que nous faisons des bonnes actions, et c'est nous qui n'en n'avons pas conscience.
Si nous en avions conscience de cela, nous prendrions alors davantage la mesure de ce qui nous apparaît comme une simple action et qui est en réalité quelque chose aux conséquences énormes et infinies (une mitsva impacte positivement les mondes supérieurs & inférieurs, et nous octroie une récompense infinie en quantité et en durée), et cela nous pousserait à courir après chaque opportunité d'en réaliser une.
[on comprend que Yaakov qui avait conscience de cela, a pu se dire : ce n'est pas ce que Hachem veut = je ne peux pas rester à rien faire, il faut courir de mitsva en mitsva!]

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-> Le rabbi Mendel de Kotzk enseigne :
Lorsque Hachem amène une néchama (âme) dans ce monde, Il l'envoie par le biais d'une longue échelle qui va du Ciel à la terre.
Après que l'âme atteint la terre, Hachem reprend l'échelle et dit : "Maintenant grimpe de nouveau par toi-même"
[à l'image d'un parent qui dit plein d'amour à son fils apprenant à marcher : "Maintenant viens vers moi!"]

L'homme s'interroge alors sur comment peut-il grimper vers le ciel sans échelle?
Certaines âmes abandonnent. Certaines âmes sautent vers le ciel, puis retombent au sol, et alors elles abandonnent.
D'autres, sautent encore et encore, jusqu'à ce que Hachem a de la miséricorde et les amènent jusqu'au ciel.
En effet, lorsqu'une personne essaie, alors Hachem l'aide.

-> Le rabbi Mendel de Kotzk dit également :
Quand on se tient sur une échelle, on prend soin de vérifier, avant de continuer à monter, que l'on ne risque pas de tomber.
Eh bien c'est ainsi que l'on doit se conduire dans le service de D. : on doit gravir progressivement échelon après échelon.

[cela implique de connaître sa place sur l'échelle de la vie et nos capacités d'évolution. Dans tous les cas, on doit être content de ce que l'on a (que l'on soit haut ou bas sur l'échelle, car on est là où D. nous a placé pour réaliser notre vie), et agir du mieux que nous pouvons, sur la durée, pas à pas, vers papa Hachem!
Au final, on nous jugera personnellement : combien d'échelons as-tu pu monter sur le nombre total que tu aurais potentiellement pu faire?]

[le yétser ara parfois va nous pousser à faire un énorme bon spirituel, mais qui va ensuite nous conduire à être peu efficace. Il nous donne un grand gain immédiat, pour que sur la durée on obtienne moins que ce qu'on aurait pu avoir en agissant avec constance.
Par exemple, il va nous pousser à se coucher tard pour étudier, mais ensuite on va être fatigué et faire une prière bâclée, moins bien étudier, ...

Le Baal Chem Tov enseigne : "Quand le mauvais penchant échoue à pousser un homme au péché, il le convainc de se livrer à des jeûnes et à des mortifications. Il veut ainsi l'affaiblir et réduire ses forces au point de l'empêcher de servir D. comme il convient". ]

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-> "Certainement, Hachem est présent dans cette endroit et je ne le savais pas" (Vayétsé 28,16)

Rachi explique que ce que voulait dire Yaakov c'était que s'il avait su que cet endroit était saint et bénéficiait de la Présence Divine, alors il ne se serait jamais permis d'y dormir du fait de sa sainteté. Dans cette vision prophétique qui se révéla cette nuit-là à Yaakov, Hachem lui montra tout le devenir du peuple Juif au long de son histoire. De plus, Hachem lui fit de merveilleuses promesses. Et malgré toute cette vision si élevée qu'il vécut, Yaakov s'inquiéta et se demanda si le fait d'y avoir dormi n'était pas une faute et un manque de respect vis à vis de la sainteté de cet endroit.

-> Le Baal Chem Tov fait remarquer que cette attitude de Yaakov nous apprend comment réagir lorsque l'on accède à des perceptions spirituelles ou des ressentis dans le service d'Hachem que nous ignorions jusque là. L'homme pourrait, face à une telle élévation d'âme en ressentir une satisfaction et une fierté, se sentant plus élevé que le commun des mortels qui n'ont pas eu le mérite d'un tel dévoilement. Mais ce n'est pas ainsi que Yaakov a réagi. Au moment où il vécut cette élévation d'âme, il se mit aussitôt à réfléchir sur lui-même, à se remettre en question et se demander s'il était vraiment apte à une telle grandeur, s'il n'a pas commis d'erreur qui serait en contradiction avec ce dévoilement Divin. Et immédiatement, il se reprocha d'avoir dormi dans ce lieu sacré.

C'est ainsi qu'un Juif doit réagir quand il ressent une proximité particulière avec Hachem, quand il sent une élévation d'âme et un élan de spiritualité le portant vers de plus hautes perceptions que d'ordinaire. Il ne doit surtout pas s'en enorgueillir, se sentant plus digne et plus méritant que les gens "simples".
Au contraire, toute proximité supplémentaire avec Hachem doit faire accéder à plus d'humilité et une plus grande remise en question, s'interrogeant sur son mérite et se demandant si son comportement est suffisamment correct et raffiné pour mériter cette élévation. Et dans le cas échéant, on doit s'efforcer de s'améliorer et de corriger encore plus ses erreurs et ses défauts pour pouvoir être digne de cette plus grande proximité avec Hachem.

Telle est la grandeur du peuple juif par rapport aux autres nations. Quand ils s'élèvent et sentent la Bienveillance d'Hachem, ils savent se faire plus petits et se travailler pour être à la hauteur de ce rapprochement d'Hachem. Plus on grandit, plus on se rapproche d'Hachem, plus on s'élève vers des niveaux spirituels, et plus on doit se repentir, se remettre en question, et se sentir plus petit devant cette Bonté Divine Qui se dévoile à soi.

"Hachem lui dit : "Aussi, quiconque tuera Caïn sera puni au septuple."
Et Hachem le marqua d'un signe, pour que personne, le rencontrant, ne le frappât." (Béréchit 4,15)

-> Quelle était la nature de cette marque?
Le midrach explique que D. scella le signe du Shabbath sur son visage.
=> Comment comprendre cela?

Le Avodat Israël (rabbi Israël Hopstein de Koznitz) de répondre :
D. avait condamné Caïn à être : "errant et fugitif par le monde" (v.4,12). Mais puisque Caïn avait le libre arbitre, il aurait pu échapper à la malédiction en choisissant une demeure fixe de façon à ne pas errer.
Nous devons conclure que la malédiction d'inquiétude et d'instabilité était de nature spirituelle. Caïn était victime de paranoïa, un trouble de persécution, qui provoqua en lui une compulsion de bouger sans cesse, fuyant devant un poursuivant imaginaire.
Son esprit dérangé ne le laissait tout simplement pas se stabiliser dans un seul endroit.

Bien sûr, si Caïn avait dirigé ses pensées vers D., et s'était attaché à Lui, toutes ses peurs imaginaires et ses phobies se seraient évanouies.
Fondamentalement, le cœur de sa malédiction était que son esprit était perturbé, incapable de se concentrer sur le Créateur.
Il était fugitif sans repos (mentalement), c'était un homme dominé par une peur irrationnelle.

Le midrach nous raconte qu'au moins le Shabbath, il était capable de s'attacher au Créateur.
Pendant, le Shabbath, son trouble mental le laissait tranquille, et pour ce seul jour saint, il était capable de voir le monde dans une perspective authentique.
=> C'est cela le signe du Shabbath qui a été placé sur le visage de Caïn.

[Lorsque Rivka apprit qu'Essav prévoyait de tuer son frère Yaakov, elle lui dit de fuir à 'Haran, chez son frère Lavan. Elle dit, ] "Tu resteras chez lui quelque temps, jusqu'à ce que s'apaise la fureur de ton frère. Lorsque l'animosité de ton frère ne te menacera plus et qu'il aura oublié ce que tu lui as fait, je t'enverrai ramener de là bas : pourquoi m'exposer à vous perdre tous 2 à la fois?" (Toldot 27,44-45)

=> Il est étonnant que Rivka prononce la même phrase à 2 reprises : "jusqu'à ce que s'apaise la fureur de ton frère. Lorsque l'animosité de ton frère ne te menacera plus".
Qu'essayait-elle de dire à Yaakov?

Le Panim Yafot (rabbi Pin'has Horowitz) répond :
La traduction littérale de la déclaration de Rivka est : "jusqu'à ce que la colère de ton frère se calme de ta part" (ad shouv af a'hikha mimé'ha => mimé'ha = de toi!).

Rivka dit à Yaakov : "Fuis 'Haran et restes-y jusqu'à ce qu'Essav s'apaise de sa fureur contre toi, et abandonne son plan de te tuer".
Mais comment allait-il savoir que la fureur d'Essav s'était calmée et qu'il serait en sécurité pour rentrer à la maison?

La réponse est : "de ta part" (mimé'ha) = de toi, en examinant tes propres sentiments.
Lorsque le jour viendra où tu ne ressentiras plus de colère envers lui, alors tu pourras être certain qu'il ne portera plus de rancœur à ton égard.
En effet, les émotions humaines suscitent un réponse mutuelle : la bienveillance engendre la bienveillance, la haine engendre la haine.

[tu veux qu'autrui t'aime, alors commence par l'aimer, par avoir un regard positif sur lui dans ton cœur!

A l'image de l'eau qui reflète ton visage, le cœur d'autrui reflète les émotions qui sont dissimulées dans ton cœur à son égard.
Si tu as l'impression qu'autrui ne t'apprécie pas, alors développe beaucoup d'amour dans ton cœur, et il en viendra à t'apprécier d'avantage!]

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-> "Comme le reflet du visage dans l'eau, tel le cœur de l'homme pour l'homme" (Michlé 27,19)

-> "Notre maître [le rav 'Haïm de Volozhin] a enseigné qu'il existe un remède certain pour celui qui aurait des ennemis : il s'efforcera de penser qu'ils sont des tsadikim parfaits et il les jugera favorablement.
Ils se transformeront alors sur le champ en amis".
[rav Its'hak de Volozhin - dans son Pé Kadoch]

A partir de cela le rav Its'hak de Volozhin dit que l'on peut également apprendre l'inverse : si quelqu'un désire vérifier si untel le hait, il faudra qu'il examine s'il n'entretient pas lui-même un ressentiment à son égard dans son cœur.
C'est ce que Rivka dit à Yaakov : comment sauras-tu que la colère de ton frère s'est estompée?
Lorsque disparaîtra "la colère ... de toi", c'est-à-dire lorsque tu feras disparaître la colère que tu éprouves à son égard.
Rav Its'hak ajoute que ce n'est pas seulement un signe mais également une raison : si un homme extirpe de son cœur tout ce qu'il reproche à son prochain, alors ce dernier cessera lui aussi de le haïr.

[en ce sens les 'hassidiques mettent en pratique ce concept : en inondant d'amour autrui, il va forcément en venir à avoir des liens d'affection, des sentiments positifs réciproques.]

Le Baal Shem Tov enseigne que la principale récompense que nous recevons pour l'observation de la Torah et des mitsvot provient des efforts accomplis pendant nos périodes de petitesse, d'étroitesse (morale).  [ex: comme lorsque nous sommes comme étouffés par des souffrances (physiques ou morales). ]
[voir Ben Porat Yossef - parachat Vayéchev ]

Seul le décret d'exil en Egypte était prédéterminé : D. a fait savoir à Avraham que ses descendants allaient résider en Egypte.
Leur oppression par les égyptiens n'était pas l'intention première de Hachem. Elle a été causée par les fautes des juifs.

[Maskil léDavid - rapporté par le Méam Loez (Réé 16,3)]

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-> "Car c'est avec précipitation que tu as quitté le pays d'Egypte" (Réé 16,3)

-> Rachi commente : Quant à la hâte, elle n’était pas de ton fait, mais du fait des égyptiens, ainsi qu’il est écrit : "Les égyptiens se forcèrent sur le peuple" (Chemot 12,33).

-> Le Maharil Diskin écrit que de minuit à l'aube, les juifs étaient en train d'écrire les parchemins des téfilin sur la peau (cuir) du sacrifice de Pessa'h, et ce avec une grande joie de l'anticipation de recevoir la mitsva de mettre les téfilin, le jour suivant.

=> La précipitation de quitter l'Egypte provenait des égyptiens, et la mitsva de manger à la hâte est en souvenir d'à quel point les égyptiens voulaient que nous quittions le pays.

Le rav Ménaché Reizman dit que lorsque les juifs se sont assis pour accomplir la mitsva du Korban Pessa'h, enfermés dans leur maison avec l'interdiction d'en sortir, ils ne savaient pas qu'alors ils seraient libérés d'Egypte.
De même, les égyptiens refusaient totalement de leur permettre de partir (Pharaon a fait part de son refus à Moché, et les autres égyptiens ont fait de même lorsque les 1ers nés égyptiens apeurés par la plaie ont demandé à leurs parents de libérer les juifs).
Lorsqu'à minuit la plaie des 1ers nés a frappé, tout a changé : Pharaon et tous les égyptiens ont supplié les juifs de partir au plus vite.

=> La leçon est de prendre conscience d'à quel point Hachem en un instant a rendu une chose totalement impossible, possible.
Peu importe à quel point une situation peut nous sembler sombre, désespérée, notre papa Hachem peut tout changer en un clin d’œil.
[on se rappelle de cette réalité, pleine d'espoir, en accomplissant la mitsa de manger à la hâte.]