Aux délices de la Torah

Pâtisserie spirituelle depuis 5771 - b'h
 

"Hachem parla à Moché en ces termes : Consacre-moi tout premier-né, toutes prémices des entrailles parmi les enfants d'Israël, soit homme, soit animal" (Bo 13,2)

-> Rabbi Israël Friedman de Rozhin (Irin Kaddichin) enseigne :
"Consacre-moi tout premier-né" = par "premier-né", la Torah désigne la première pensée qui entre dans votre esprit lorsque vous vous levez le matin.
Dédiez cette pensée initiale à D.

Si vous vous levez en vous sentant joyeux, réjouissez Hachem, quelle que soit la 1ere pensée que vous ayez ("soit homme [liée à la spiritualité], soit animal [liée à la matérialité]"), liez-la à D.

"Ceci est un statut de la loi ('houkat haTorah) qu'a prescrit Hachem, en disant : avertis les enfants d'Israël de te choisir une vache rousse, intacte, sans aucun défaut, et qui n'ait pas encore porté le joug" ('houkat 19,2)

-> Rabbi 'Haïm Halberstam de Tsanz (Divré 'Haïm) commente :
"Ceci est un statut de la loi " = [Les cendres de la vache rousse doivent être aspergées sur une personne qui a été rendue rituellement impure par le contact avec un cadavre].

La cause profonde de tout péché est la convoitise et l'orgueil.
C'est l'origine de la faute d'Adam qui a apporté la mort dans le monde.
[lorsque nous fautons, nous ne faisons pas suffisamment preuve d'humilité pour nous soumettre à la volonté de D., plutôt qu'à la nôtre!]

Pour rectifier ce péché, les cendres de la vache rousse sont aspergées sur la personne impure.

Brûler la vache rousse exprime symboliquement que nous effaçons toute trace de matérialité, de sensualité et de convoitise anormale.
Par cela, le péché originel, cause de la mort, sera réparé et l'impureté quittera la personne souillée par le contact d'un cadavre.

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-> "Avraham dit : … Je ne suis que poussière (afar) et cendre (éfer)" (Vaéra 18,27)

Le Ben Ich 'Haï commente : Avraham a fait preuve d’une humilité à la fois matérielle (son corps est comme poussière, à l’image de tout corps après la mort) et à la fois spirituelle (son âme est comme cendre, élément sans usage).

Nos Patriarches n’ont été des chars d’Hachem que lorsqu’ils étaient en Israël

+ Nos Patriarches n'ont été des chars de la Présence Divine que lorsqu'ils étaient en terre Israël :

"Hachem s'éleva d'au-dessus de lui à l'endroit où Il lui avait parlé" (Vayichla'h 35,13)

-> Nos Sages (midrach Béréchit rabba 47:8) commentent que le terme "s'éleva" (vayaal) nous enseigne que les Patriarches étaient un véritable char pour la Présence divine, c'est-à-dire que chacun de leurs mouvements était le reflet de la volonté de D.
[le fait que D. "se soit levé d'au-dessus d'eux" implique que Sa Présence s'est, pour ainsi dire, reposée sur eux, les dirigeant comme un cavalier dirige le char qu'il occupe.]

Cependant, ce n'est qu'en terre d'Israël que les Patriarches ont été à ce point soumis à la volonté d'Hachem, qu'ils ont pu être appelés le char de D.
[cela témoigne de la grandeur de nos Patriarches et de la terre d'Israël]
[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev - Kédouchat Lévi ]

"Délivre-moi de la main de mon frère, de la main d'Eissav" (Vayichla'h 32,12)

-> L'expression "la main de mon frère" semble superflue.
Essav symbolise la Sitra Achara (forces du mal) [Zohar 3:185a], l'ange de la mort, et le yétser ara. [Baba Batra 15a]
Ainsi, à un niveau plus profond, Yaakov demandait à Hachem d'empêcher ce que symbolisait Essav de devenir son frère.
Cela explique pourquoi le verset dit : "de la main de mon frère, de la main d'Essav".
Yaakov suppliait D. de faire en sorte que le yétser ara ne devienne pas son "frère". Car parfois, à D. ne plaise, le yétser ara tente d'inciter une personne à fauter en déguisant la faute en une mitsva.
De cette façon, le yétser ara peut se lier d'amitié avec une personne et la piéger rapidement dans le péché.
[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev - Kédouchat Lévi]

=> Notre yétser ara essaie de nous tromper en nous faisant croire qu'il est notre "frère", qu'il agit par souci pour nous, pour notre bien, alors que la vérité est tout autre.

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-> "Tu as dit : "Je te ferai assurément du bien"" (Vayichla'h 32,13)

-> Le sens profond du verbe hébreu doublé "Je ferai assurément du bien" [étév étiv] est que la bonté de la bienfaisance divine doit être apparente.
En effet, les expressions de la bonté divine sont parfois dissimulées, et parfois, elles sont tellement cachées que, au contraire, les expressions divines de bonté peuvent sembler préjudiciables, puisque la bonté intérieure est cachée.
En revanche, lorsque D. accomplit des actes manifestes de bonté à l'égard d'une personne, la bonté est révélée.
[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev - Kédouchat Lévi]

=> Yaakov a demandé à D. que Sa bonté nous soit toujours apparente.

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-> "Tu as dit : "Je te ferai assurément du bien"" (Vayichla'h 32,13)

Pourquoi la Torah dit-elle : "Je ferai assurément du bien" ?
Hachem accorde Sa bonté à la nation juive et Sa générosité aux autres nations également. La différence entre les deux, cependant, est que lorsque D. confère de la bonté au peuple juif, Il le fait pour son bénéfice.
En revanche, lorsqu'Il fait du bien aux autres nations, qui s'opposent aux valeurs juives, c'est à leur détriment, comme il est dit : "Il rétribue ceux qui Le haïssent, en face, pour les faire périr" (Vaé'hanan 7,10). Ainsi, la bonté qu'ils reçoivent n'est pas vraiment à leur avantage.
En revanche, lorsque D. confère des bienfaits au peuple juif, c'est vraiment pour son bien.
C'est pourquoi le verset ajoute le mot "assurément", pour nous enseigner que la bonté de D. nous est accordée pour notre bénéfice.
[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev - Kédouchat Lévi]

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+ Une bonté révélée :

-> "Tu as dit : "Je te ferai assurément du bien"" (véata amarta étev étiv ima'h - Vayichla'h 32,13)

-> Ce verset contient également une prière pour que la bonté d'Hachem ne reste pas cachée et soit révélée.
Le rav Moché Leib de Sassov explique la double expression "hétev étiv" comme signifiant que même si une personne traverse une période difficile, elle doit croire que sa souffrance est pour son propre avantage.
Cependant, il est très difficile pour une personne de faire face à la douleur et à la souffrance, même si elle sait qu'elle en bénéficie. C'est pourquoi Yaakov a demandé au "tov d'être tov". Il a prié pour que la bonté soit révélée afin qu'elle soit clairement visible, ce qui rendrait la situation plus facile à gérer.

[de même lorsque nous souhaitons "shana tova oumétouka", nous espérons que l'année à venir soit bonne (tova) d'une manière visible, ressentie clairement (métouka - douce). ]

-> Le Divré Shmouel dit que le verse utilise une répétition de langage : "hétev étiv ima'h", parce qu'il fait allusion à 2 types de bonté.
Le mot "hétev" se réfère à la prière à Hachem, dont l'essence est bonne et qui fournit de la bonté au peuple juif à tout moment.
Le mot "étiv ima'h" demande que l'on soit capable de voir et de reconnaître la bonté d'Hachem. La vérité est que tout ce que fait Hachem est bon (guémara Béra'hot 60b). Cependant, Sa bonté nous est parfois cachée et nous ne pouvons pas la voir. C'est pourquoi nous lui demandons de nous permettre de comprendre ses voies et de voir clairement que tout ce qu'il fait est vraiment pour notre bien.

-> Nous prions Hachem : "Montre-nous, Hachem, Ta bonté, et Ton salut, Tu nous le donneras" (Téhilim 85,8).
Le rav Barou'h de Mézibou'h explique que tout ce que fait Hachem est miséricordieux et bon, mais que certains actes de bonté nous sont révélés, tandis que d'autres sont cachés à notre compréhension.
Nous demandons à Hachem de nous montrer Sa bonté, ce qui signifie qu'elle devrait nous être révélée de manière à ce que nous puissions comprendre en quoi ce qu'Il fait est bon pour nous.

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-> "Tu as dit : "Je te ferai assurément du bien"" (véata amarta étev étiv ima'h)

-> Le Sfat Emet (5633) explique que le pasouk dit qu'une personne ne devrait pas demander à Hachem de lui fournir le succès par le moyen qu'elle pense personnellement être le meilleur.
Par exemple, une personne ne devrait pas demander à Hachem de lui assurer le succès d'une certaine affaire qu'elle pense être bonne. Elle devrait plutôt dire qu'Hachem "fera sûrement le bien".
On doit demander à Hachem de nous fournir le succès de la manière qu'Il pense être la meilleure, car tout ce qu'Hachem fait est vraiment le meilleur.

Téchouva & réprimande d’un tsadik

+ Téchouva & réprimande d'un tsadik :

Il y a une dimension particulière à la réprimande d'un racha par un tsadik.
En effet, les lettres qui composent les mots que le tsadik prononce de sa bouche lorsqu'il réprimande le racha illuminent les yeux de ce dernier, lui permettant ainsi de se repentir.
Cela se produit lorsque le racha mérite que les paroles du tsadik l'impressionnent et l'illuminent. Il est alors facile pour le racha de se repentir.

[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev - Kédouchat Lévi - Vayéra 21,25-26]

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[ainsi en réprimandant avec de la considération/amour, une personne qui a fauté, l'énergie spirituelle contenue dans les mots de notre réprimande peuvent l'aider à se repentir. ]

"Le maître de Yossef le prit et le mit en prison" (Vayéchev 39,20)

=> Après la grande épreuve que Yossef a surmonté (avec la femme de Potiphar), est-ce sa récompense de rester pendant 12 années en prison?

-> Rabbi Yéhouda Tsadka explique que comme le moment n'était pas encore venu pour Yossef de régner, il y avait un risque, s'il restait dans la maison que la femme Potiphar ne revienne à la charge, ou bien d'autres, et alors il devrait lutter continuellement contre ses instincts et se trouver sans cesse dans une situation d'épreuve.

C'est pourquoi la sagesse Divine a décrété que pour la protection spirituelle de Yossef, seul la prison était bonne.
Mais pour qu'il ne soit pas trop malheureux : "Hachem était avec Yossef et penchait à la générosité envers lui" = Yossef sentait que Hachem était avec lui, et il ne s'est pas trouvé malheureux en prison

"Pharaon se réveilla ... et dormit ... et rêva de nouveau" (Mikets 41,4)

-> Le rabbi Aharon de Karlin a dit un jour à ses élèves :
Voyez la différence entre Yaakov et Pharaon.
- Chez Yaakov, il est dit : "Il se réveilla de son sommeil et dit" (Vayétsé 28,16). C'est ce que font les gens pieux et nobles, dès qu'ils se réveillent, ils accomplissent immédiatement : "vayomer" (il dit) = ils disent les bénédictions de la Torah, les bénédictions du matin, le Shéma, la prière, et se mettent à étudier la Torah.

- Mais chez Pharaon, il est dit : "Pharaon se réveilla ... et dormit ... et rêva de nouveau" = dès qu'il a ouvert les yeux, il s'est tourné vers le côté et a continué à dormir.

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[toute la vie est de passer de notre potentiel à la réalité. Est-ce que nos magnifiques capacités vont rester au stade du sommeil, ou bien allons-nous faire les efforts pour qu'elles se traduisent dans la réalité (vayomer).
Au final, nous aurons tous une note : qu'est-ce que j'ai fait de ma vie / qu'est-ce que j'aurai pu en faire.
Notre intérêt est d'avoir la meilleure note, tandis que notre yétser ara a pour objectif qu'elle soit la plus basse possible. Alors à nous de sortir de l'endormissement du yétser ara, et d'agir à l'image de Yossef, et non de Pharaon!]

"Yaakov s'unit pareillement à Ra'hel et aima Ra'hel plus que Léa, et il servit encore Lavan 7 autres années" (Vayétsé 29,30)

-> Le rabbi Moché Leib de Sassov ('Hidouché Remal) enseigne :
Un juif doit toujours être joyeux, c'est un principe fondamental, comme il est écrit : "Adorez Hachem avec joie" (Téhilim 100,2).
La joie est une manifestation d'amour [de D.], c'est le plus haut niveau spirituel atteignable, plus élevé même que pleurer.

Bien sûr, les pleurs peuvent ouvrir les portes du Ciel, les Portes des Larmes, mais la joie peut briser toutes les portes et les murs.
Or, il est bien connu que Léa pleurait beaucoup. Elle était triste et craintive, pensant que puisque Ra'hel était mariée à Yaakov, elle devrait se marier à Essav.
C'est pour cette raison que Yaakov aimait plus Ra'hél que Léa.

[c'est une grande leçon pour nous : la joie de Ra'hél a eu bien davantage d'impacts que la tristesse (larmes) de Léa, au point que Yaakov : "aima Ra'hel plus que Léa, et il servit encore Lavant 7 autres années".]

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-> "Il (Yaakov) aima encore plus Ra'hel que Léa" (Vayétsé 29,30)

-> Littéralement, le verset dit : "Il aima encore plus Ra'hel de Léa".
=> Mais qu'est-ce que cela signifie-t-il?

-> Rabbi Lévi Its'hak de Berditchev (Kédouchat Lévi) explique :
En fait, au départ Yaakov voulut épouser Ra'hel. Craignant que Lavan ne tente de le ruser, il donna à Ra'hel des signes pour être sûr que ce sera elle que Lavan lui présentera. Mais comme Lavan introduisit finalement Léa, Ra'hel redouta la honte que ressentira Léa qui ne connaîtra pas ces signes et elle les lui dévoila.
C'est donc ce don de soi de Ra'hel qui permit à Léa de se marier à Yaakov sans que celui-ci ne s'en rende compte.
Mais loin d'en vouloir à Ra'hel pour cette "tromperie", Yaakov l'aima encore plus en voyant ses qualités exceptionnelles.

Cela est en allusion dans ce verset : "Il aima encore plus Ra'hel de Léa" = c'est-à-dire que "de Léa", du fait qu'il a épousé Léa, ce qui ne fut possible que par la grandeur d'âme de Ra'hel, de cela il aima encore plus Ra'hel.

Shavouot a la capacité de nous sortir de l'exil.

[Tikouné Zohar 55a]

-> Le rav Gamliel Rabinovitch explique que de même que le jour du don de la Torah, chaque juif a mérité que son âme se libère de toute limitation pouvant l'empêcher de pleinement réaliser son potentiel, il en est de même dans toutes les générations, où chaque année, nous avons tous le mérite d'être libérés de nos contraintes personnelles, en reconnaissant et en nous réjouissant que Hachem nous a choisi en tant que Sa nation et qu'Il nous a donné Sa Torah.

"Aharon éleva ses mains vers le peuple et les bénit" (Chémini 9,22)

-> Bien qu'il soit écrit dans la Torah : "yadav" (ses mains - יָדָו), on doit le lire : "yado" (sa main).
Pourquoi cela?

C'est peut être l'origine de l'habitude des Cohanim de joindre leurs mains en une seule au moment de bénir.
[Tossafot Bra'ha]

-> Cela nous enseigne que la bénédiction ne vient sur les juifs que lorsqu'il y a de l'unité parmi eux.
[Rabbi Yonathan Eibshutz - Néfech Yonathan]

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-> Après avoir achevé son premier service sacrificiel, Aharon a béni le peuple dans la joie et récité pour la 1ere fois la bénédiction des Cohanim (birkat Cohanim).

Aharon, dont la nature ainsi que celle de ses descendants, se caractérise par une profonde générosité et un grand amour du prochain, éprouvait un désir ardent de bénir le peuple.
Pour le récompenser, D. a accordé aux Cohanim la mitsva et le privilège de transmettre au peuple la birkat Cohanim.
[Sfat Emet]

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-> Le Zohar (Nasso 147b) enseigne qu'au moment où les Cohanim lèvent les mains pour bénir le peuple juif, la Présence Divine repose sur leurs doigts et Hachem accorde leurs bénédictions.
[d'ailleurs le livre Chéélot ouTéchouvot du Ritbaz, rapporte que les Cohanim se couvrent leurs mains lorsqu'ils bénissent pour éviter au peuple de voir leurs mains, car il est interdit de les regarder puisque la Présence Divine réside à ce moment-là sur leurs mains et leurs visages.]

Le Zohar dit que cela génère un moment de compassion Divine pendant lequel : "on peut prier pour que nos problèmes soient soulagés, et la sévérité du jugement changée en clémence."

Le Zohar ('Hadach III p.147) écrit que lors de la bénédiction des Cohanim, c'est un moment favorable où sont bénis les anges et les habitants de la terre.

-> "[La birkat Cohanim] est le plus grand moment de "ét ratson" (moment très propice pour que nos prières soient agrées) que nous possédions en ce monde. C'est le moment où les portes du Ciel sont ouvertes que demander de plus?"
[rav Pinkous - Néfech Chimchon sur Téhilim (p.135)]

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+ Pourquoi les Cohanim bénissent-ils avec leurs mains (birkat Cohanim)?

-> "Et maintenant, il pourrait étendre sa main et cueillir aussi du fruit de l’arbre de vie" (Béréchit 3,22)

Le Rama de Pano commente :
"Lorsque Adam mangea du fruit de l’arbre de la Connaissance du bien et du mal, ses bras ne le suivirent pas, ils refusèrent de s’étendre, ses mains ne s’ouvrirent pas et ses doigts ne voulurent toucher le fruit".

=> Il fut contraint de saisir le fruit directement avec sa bouche.
Les Cohanim bénissent leurs frères juifs avec leurs mains, car puisque celles de Adam (englobant toutes les âmes à venir) n’ont pas fauté, elles revêtent ainsi une force particulière et sont le vecteur de la bénédiction.
[Ben Ich 'Haï - Adéret Eliyahou]

[de la même façon qu’elles ne se sont pas étendues pour fauter, de la même façon elles peuvent s’étendre pour déverser sans déperdition les bontés provenant de D., en passant par les Cohanim.]

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-> "Aharon étendit ses mains vers le peuple et le bénit" (Chémini 9,22)

Rachi commente : "Il les bénit" = Il s’agit de la bénédiction des cohanim : ‘‘Que Hachem te bénisse, que Hachem éclaire Sa face, que Hachem lève Sa face ...’’.

=> Le Siftei ‘Hakhamim demande pourquoi, après avoir dit que cela représente la "birkat cohanim", Rachi a détaillé l’ordre de cette bénédiction, pourtant connue de tous.

Le Rav Tsvi Pessa’h Frank (Har Tsvi) précise : contrairement à la birkat cohanim mentionnée clairement dans la paracha Nasso, ici, elle n’avait pas encore été donnée (comme l’explique le Ramban). Mais Aharon a choisi lui-même de bénir le peuple, puis D. l’a approuvé et lui a donné l’ordre de bénir Son peuple Israël avec amour par les mêmes bénédictions qu’Aharon avait choisies.
Nous comprenons à présent pourquoi Rachi a détaillé la bénédiction des cohanim : "Que Hachem te bénisse, que Hachem éclaire Sa face, que Hachem lève Sa face..." En effet, bien que cette bénédiction n’ait pas encore été donnée, Aharon a pensé bénir le peuple de cette façon.

[tous les Cohanim à travers l'histoire bénissent par ces même mots que Aharon a spontanément prononcés par amour pour le peuple juif, et qui sont devenus un ordre Divin.]

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+ "Aharon éleva les mains vers le peuple, le bénit, et descendit après avoir fait l’expiatoire, l’holocauste et les rémunératoires" (Chémini 9,22).

-> Rabbi David Pinto (la voie à suivre n°822) enseigne :
Les commentateurs s’interrogent sur le sens de l’expression "il descendit". Aharon était-il donc sur un endroit surélevé pour devoir en descendre afin de bénir le peuple?
[...]

Aharon savait qu’il devait faire quelque chose qui provoquerait la descente de la Présence Divine, c’est pourquoi il a cherché à s’élever dans la qualité de l’humilité, et à éliminer radicalement en lui toute trace d’orgueil.
C’est ce que dit le verset : "Aharon descendit" = cela signifie qu’il s’est fait descendre lui-même, il s’est abaissé devant le peuple et a élevé les mains pour le bénir.
Nous devons expliquer pourquoi Aharon a voulu s’élever justement dans la qualité de l’humilité et se débarrasser de toute trace d’orgueil. L’explication en est qu’il craignait que son statut de Cohen gadol et les vêtements somptueux dont il était revêtu ne provoquent chez lui de la suffisance, c’est pourquoi il s’est débarrassé de tout soupçon d’orgueil pour être véritablement prêt et digne de ce que la Présence Divine descende par l’offrande des sacrifices.
Aharon se considérait comme un simple Cohen et non comme LE Cohen gadol, il est descendu vers le peuple et l’a béni dans l’esprit que même la bénédiction d’un homme simple a une certaine importance.
Quand Hachem a vu l’intériorité d’Aharon, et son désir de s’élever dans l’humilité, qui est la racine de toutes les qualités, Il a immédiatement révélé Sa gloire aux yeux de tout le peuple, ainsi qu’il est dit : "Il descendit après avoir fait l’expiatoire, l’holocauste et les rémunératoires", et immédiatement après : "La gloire de Hachem se montra à tout le peuple".

Le Noam Elimélé'h explique ainsi ce verset :
"Le tsaddik est constamment en état d’attachement aux mondes supérieurs, mais à cause de son aspiration constante à ce que Hachem fasse du bien au peuple d’Israël et lui accorde abondance et bénédiction, il descend un peu de son niveau et de son attachement. Pourtant, cette descente est en soi positive, car lorsque les hommes sont témoins de son attachement à D. et de son désir de leur faire du bien, cela fait entrer dans leur cœur la crainte et l’amour de D., et ils s’éveillent à vouloir Le servir".
Dans la suite, le Noam Elimélé'h ajoute que : "Il le bénit et descendit après avoir fait l’expiatoire, l’holocauste et les rémunératoires" signifie qu’il est ainsi descendu de son niveau, car le tsaddik vérifie où il en est à chaque instant, de crainte d’avoir fauté de façon imperceptible ou en pensée, et il est sans cesse en état de repentir. Cela se trouve en allusion dans les expiatoires et les holocaustes, qui viennent pour expier les pensées, tandis que les rémunératoires font allusion à l’attachement à D. avec lequel il fait la paix dans les armées célestes. A cause de son désir, il descend un peu de ces niveaux".

Essayons d’expliquer cette notion que le tsadik se trouve toujours attaché aux mondes supérieurs, mais que son désir de faire du bien aux juifs entraîne un léger détachement des mondes supérieurs. Cela signifie que la bienveillance envers le peuple d’Israël qui se trouve en bas dans des mondes moins élevés le fait descendre de son attachement aux mondes supérieurs. Et en vérité, c’est une bonne chose, car lorsque le peuple d’Israël s’aperçoit que le tsaddik a un si grand amour pour lui, la crainte et l’amour de Hachem s’éveillent en son cœur et il désire Le servir de tout cœur.
Aharon était également habité d’un grand désir du bien du peuple d’Israël et aspirait à le bénir. Mais pour le bénir, il fallait descendre un peu de son niveau élevé et de son attachement aux mondes supérieurs ...

C’est cela la voie du tsadik : se trouver sans cesse en état de repentir même pour des fautes qu’il n’a pas commises. Et de cette façon, les fautes des juifs sont effacées et ils s’élèvent dans les niveaux de la sainteté et de la pureté, au point d’engendrer la paix dans les armées célestes et que Hachem puisse faire résider Sa Présence Divine parmi eux."

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-> "Aharon leva ses mains vers le peuple et les bénit" (Chémini 9,22)

=> Pourquoi n’est-ce qu’à ce moment qu’Aharon bénit-il le peuple, et non pas auparavant?

-> Le Mikré Dardéké propose l’explication suivante : le Choul’han Aroukh tranche qu’un Cohen qui n’aime pas la communauté des fidèles qu’il est censé bénir ou bien n’est pas apprécié d’eux ne les bénira pas.
Or, ayant été contraint de forger le veau d’or, peut-être Aharon en éprouvait-il une certaine rancœur envers le peuple juif qui l’avait conduit à cela. De leur côté, peut-être les enfants d’Israël éprouvaient-ils une colère à son égard du fait qu’il les avait fait fauter. Du fait de ce ressentiment réciproque, Aharon ne pouvait bénir le peuple de la birkat Cohanim.
Mais à présent que tous les sacrifices avaient été offerts et qu’Hachem avait pardonné à tous, l’amour était rétabli et il était évident qu’Aharon pouvait les bénir et dire avec un amour véritable "Qu’Hachem te bénisse et te protège ...". Car pour bénir un homme de tout cœur, il faut ressentir à son égard un sentiment d’amour.

-> Rabbi Chimon David Pinkous (Tiféret Avot) rapporte : "Une fois, une femme vint me voir, pour me demander que “le Rav prie pour mon fils ...” Elle me glissa alors, contre mon gré, un billet de 20 shekels. J’acceptai l’argent pour ne pas la froisser et allai immédiatement m’acheter au coin de la rue un morceau de gâteau et de la boisson. Une fois revigoré par cet en-cas, je sortis le billet portant le nom du fils de cette dame, le bénis et priai pour lui avec ferveur, du fond du cœur."

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b'h, voir également :
- https://todahm.com/2015/06/23/3387
- https://todahm.com/2020/07/21/la-birkat-cohanim

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-> A propos de l’inauguration du Michkan, le 1er Nissan 2449, il est dit : "Aharon étendit ses mains (יָדָו - Yadav) vers le Peuple et le bénit" (Chémini 9,22)

-> Rachi enseigne : il s’agit de la bénédiction des Cohanim.
[Selon le midrach : "A ce moment-là, Aharon mérita les présents de la Prêtrise. A ce moment-là, il mérita le rôle de bénir le peuple pour lui et sa descendance jusqu’à la Résurrection des Morts" ]

-> Il est écrit ידו (yado - sa main) mais nous le lisons יָדָיו (yadav - ses mains). Les mains sont l’organe de transmission des bénédictions. Ainsi, cette singularité est-elle le signe d’une intention toute particulière de la part de celui qui délivre la bénédiction.

=> Pourquoi est-il écrit qu’Aharon a levé une "seule" main pour bénir les Bné Israël?

On peut citer les commentaires suivants :
1°/ Cela t’apprend qu’Aharon a levé les deux mains pour bénir le Peuple mais qu’il les a serrées l’une contre l’autre si bien qu’on aurait dit que c’était une seule. [Chaar Bat Rabim]
Cette main alors unique est celle de la droite. Elle représente la main triomphante, comme il est dit : "Ta droite (יְמִינְךָ - yéminé'ha) Seigneur, est insigne par la puissance ; Ta droite (יְמִינְךָ), Seigneur, écrase l’ennemi" (Béchala'h 15,6).
Rachi explique, au nom du midrache (Mékhilta), que la double mention du mot : "Ta droite (יְמִינְךָ)" indique que lorsqu’Israël accomplit la Volonté d'Hachem, la "gauche" devient la "droite" [les deux mains n’en forment alors, symboliquement parlant, qu’une seule : une main droite renforcée].

Dans le même ordre d’idée, la ‘Hassidout (Ohr haTorah) explique, selon propos du Zohar, "qu’il n’y a pas de gauche [symbole de Rigueur] en Atik [un niveau de lumière divine supérieur aux Quatre Mondes : Atsilout – Bryia – Yétsira – Assyia]". Il n’y a donc que "droite" dans "Atik" - Expression exclusive de la Bonté.
Ainsi, trouvons-nous dans "Atik" le symbole de deux "mains droites". Aharon, à travers la Bénédiction des Cohanim, savait attirer cette dimension de lumière divine au sein d’Israël. C’est pourquoi il est écrit ידו (Yado/sa main) – sa main droite, mais nous le lisons יָדָיו (Yadav/ses mains), pour dire que ses deux mains étaient comme deux mains droites, connectées aux deux "mains droites" d’Atik.

2°/ Le Beit Yossef sur le Tour Choul’han Aroukh (Ora’h ‘Haïm 128) rapporte que les Maîtres de la Kabbale expliquent notre verset ainsi : Bien que les Cohanim doivent lever les deux mains pour la "Bénédiction des Prêtres" (Birkat Cohanim), la main droite doit être légèrement plus haute que la gauche.
Bien qu’Aharon "leva ses mains" (les deux mains), il est écrit "Yado" (sa main) parce qu’il a levé la main droite un peu plus haut (voir aussi Choul’han Aroukh Ora’h ‘Haïm 128, 12).
L’élévation de la main droite au-dessus de la main gauche exprime l’idée de la domination de l’Attribut de "Bonté" חסד – ‘Hessed (symbolisé par la main droite) sur l’Attribut de "Sévérité" דין – Din (symbolisé par la main gauche).
Cette conduite intentionnée se retrouve chez Yaacov à l’occasion de la bénédiction qu’il donna à ses petits-fils. Le Patriarche sembla alors vouloir concentrer son pouvoir de bénédiction dans sa main droite.