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La Matsa : à la sortie d’Egypte et dans le désert

+++ La Matsa : à la sortie d'Egypte et dans le désert :

+ A la sortie d'Egypte :

-> Le Targoum Yonatan (Chémot 12,39) explique que les juifs ont pétri la pâte en Egypte, mais n'avaient pas le temps pour la cuisiner.
En quittant l'Egypte, la chaleur du soleil a cuit la pâte en des matsot, et nous en mangeons depuis en souvenir de cela.

Cependant une Tossefta (Pessa'him 2,19) établit que le pain qui a cuit par le biais du soleil n'est pas casher pour être utilisé en tant que matsa.
=> Comment ce fait-il alors que ce pain, qui n'est à priori pas une matsa cashère, en soit à l'origine?

Rav 'Haïm Kanievsky donne la réponse suivante.
La guémara (Baba Batra 84a) cite l'avis qu'au lever du soleil, le soleil passe par l'entrée de l'enfer (guéhinan) et réfléchit ses feux.
La guémara (Shabbath 39a) statue que les feux de l'enfer sont considérés comme un feu réel au regard de la loi juive.

Le peuple juif a quitté l'Egypte au moment du lever du soleil. (*)
Ainsi, le soleil qui a brillé à ce moment a cuit la pâte avec un feu réfléchissant celui de l'enfer.
La matsa était bien casher pour Pessa'h, et elle est apte à servir de base à notre consommation de matsa en souvenir.

(*) Pendant la nuit du Séder, les adultes juifs en Egypte n'avaient pas le droit de passer le seuil de la porte de leur maison, faisant qu'ils auraient dû escalader les fenêtres pour en sortir, et partir alors comme des voleurs!

+ Dans le désert, d'où provenaient les graines pour faire la matsa?

-> La guémara (Yérouchalmi 'Halla 2,1) rapporte que dans le désert des marchands étrangers venaient voir les juifs pour leurs vendre des marchandises.
En théorie, ils pouvaient leurs acheter les grains nécessaires.
Cependant, la loi juive demande que les graines à la base des matsot, soient récoltées avec l'intention d'accomplir cette mitsva.
C'est pourquoi, il n'était pas possible d'acheter ces graines aux marchands non-juifs.

Le rav 'Haïm Kanievky rapporte le midrach (Tan'houma Kédochim 7), selon lequel les juifs plantaient des arbres dans l'eau qui s'écoulait du puits de Myriam, et dont ces arbres produisaient des fruits à une vitesse miraculeuse.
Il est probable qu'ils y ont également planté les graines nécessaires à la réalisation des matsot.

+ Est-ce que la manne pouvait servir de matsa?

Le rav 'Haïm Kanievsky répond que même si la manne avait le goût de la matsa, ce n'était pas réellement de la matsa.
Sur le pain nous faisons la bénédiction : "amotsi lé'hem min aarets" (qui amène le pain de la terre), tandis que sur la manne nous faisions : "amotsi lé'hem min achamayim" (qui amène le pain du ciel).

Cela prouve que la manne était une entité distincte, et ne pouvait pas être utilisée comme de la matsa.

"Tous les sages qui accomplissaient tout le travail sacré vinrent, chacun du travail qu'ils exécutaient" (Vayakél 36,4)

-> La guémara (Béra'hot 6b) enseigne qu'il faut être particulièrement attentif à la prière de min'ha, car c'est à ce moment là que le prophète Eliyahou a été exaucé.

-> Rabbi Yaakov Abe’hessera (Pitou'hé 'Hotam) dit que c'est à min'ha que se révèle, chez l'homme, la crainte de D., car à cette heure de la journée, il est au plus fort de ses occupations matérielles, et le fait de s'obliger à consacrer un court instant à Hachem, est un signe d'amour et de crainte.

Dans le cas contraire, il sera évident que son amour pour D. est factice (qu'est-ce qui est plus important à tes yeux : Hachem ou ton travail?).

Notre verset fait allusion à cela : "tous les sages ... vinrent" à l'heure de min'ha, chacun venant de son "travail qu'ils exécutaient".
De plus, la guématria des initiales des mots de ce verset : וַיָּבֹאוּ, כָּל-הַחֲכָמִים, הָעֹשִׂים, אֵת כָּל-מְלֶאכֶת הַקֹּדֶשׁ--אִישׁ est égale à 103, comme celle du mot : min'ha (מִנְחָה).

"Ils feront un éphod en or, laine azur (té'hélét) et pourpre (argaman), écarlate et lin tordu, oeuvre d'artiste" (Tétsavé 28,6)

Nous allons voir, b'h, un commentaire de Rabbi Yaakov Abe’hessera (Pitou'hé 'Hotam).

La valeur numérique du mot éphod (אֵפֹד) est égale à celle de "pé" : bouche (פה).
L'expression : "ils feront l'éphod d'or" se comprend comme une incitation à garder sa langue en restant silencieux le plus possible, en allusion à l'adage : la parole est d'argent et le silence est d'or (il a plus de valeur!).

-> "Quel est l'homme qui souhaite la vie, qui aime de longs jours pour goûter au bonheur? Préserve ta langue du mal, tes lèvres de discours perfides" (Téhilim 34,13-14) ;

-> "Rabban Gamliel dit : Je n'ai rien trouvé de meilleur pour le corps que le silence" (Pirké Avot 1,17) ;

-> "Rabbi Akiva affirme que : le silence est une haie de protection pour la sagesse" (Pirké Avot 3,13) ;

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Le mot "Argaman" (אַרְגָּמָן) fait allusion aux différentes sortes de paroles, car ses lettres sont les initiales de :

-> assour (אסור) : cela renvoie aux paroles futiles, qui sont interdites ;

-> réchout (רשות) : inclut toutes les paroles autorisées, comme celles relatives aux relations commerciales indispensables pour la subsistance ;

-> gamour (גמור) : cela fait allusion à l'étude de la Torah (comme la guémara) ;

-> mitsva (מצוה) : se réfère aux paroles de remontrances, qui sont une mitsva ;

-> Ni'hrat (נכרת) : c'est les paroles médisantes ou grossières (entraînant la peine de karét).

Ainsi : "té'hélét (תכלת) véargaman" signifie : le but (ta'hlit - תכלית) pour lequel la bouche a été créé, c'est de veiller à respecter les prescriptions liées au langage, évoquées dans les lettres du mot Argaman.

Par ailleurs, l'écarlate provient de la cochenille, et cela enseigne qu'il faut se considérer avec humilité comme un misérable ver de terre même au moment où l'on dit des paroles autorisées.

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-> Le Abir Yaakov fait également remarquer que les 3 mots : éphod (אֵפֹד) ; pé (bouche - פה) ; mila (מילה - renvoyant au sexe masculin), ont la même guématria de 85.

Il existe 2 sortes de circoncision : celle de la bouche et celle du sexe, et l'intégrité de la 2e dépend de la 1ere.

Garder sa bouche de propos vains et des insanités, c'est garder la pureté de sa circoncision.

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"Le Pectoral ('Hochen) ne se séparera pas de sur le Ephod" (Tétsavé 28,28)

Le Pectoral était le "vêtement" qui était placé sur le cœur du Cohen Gadol (grand Prêtre).
Le Ephod était l'habit qu'Aharon devait porter par-dessus sa tunique et la robe. Ce mot : Ephod (אפד), a la valeur numérique du mot : "pé" (פה – la bouche), soit de 85.

=> Le verset fait donc allusion au fait que le cœur (allusion au Pectoral) et la bouche (allusion au Efod) devaient être bien attachés ensembles pour ne pas se séparer.
En effet, la bouche doit refléter ce que pense et ressent le cœur, il ne doit pas y avoir de désaccord entre eux. La bouche ne doit pas s’éloigner du cœur en disant ce que l’on ne ressent pas.
Ce verset fait donc allusion à l’importance de prononcer uniquement des paroles vraies.

[le Déguel Ma'hané Efraïm – Rabbi Moché 'Haïm de Sedlikov]

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-> "Les vêtements de Kéhouna venaient arranger les membres du corps, car il est certain que tous les membres d'Aharon, l'élu de D., ont changé quant il est devenu comme un ange de Hachem ... l'éclat des vêtements laissaient une trace dans le corps de ce tsadik ... pour qu'il maîtrise tous les désirs des son corps, afin que l'oubli ne puisse le dominer."
[Sfat Emet - Tétsavé 644]

["ils seront sur le cœur de Aharon" = ces vêtements de Kéhouna ont laissé une impression permanente sur le cœur du Cohen, afin que le cœur domine toujours les désirs.]

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"Tu placeras les 2 pierres sur les bretelles du Ephod, pierres de souvenir pour les enfants d'Israël" (Tétsavé 28,12)

-> L'éphod, avec ses 2 pierres (une sur chacune des 2 bretelles) sur lesquelles étaient inscrits les noms des tribus ("6 de leurs noms sur une pierres et les noms des 6 restants sur la seconde pierre, selon leur ordre de naissance" - v.28,10), servait de rappel permanent à Aharon (le Cohen Gadol) de prier pour les besoins du peuple d'Israël.
La pierre sur la bretelle de l'épaule droit symbolisait les besoins spirituels des juifs, et la pierre à gauche leurs besoins matériels.

Aharon était responsable à la fois de la spiritualité et de la matérialité de tout le peuple d'Israël, et lorsqu'il réalisait son Service (avoda), il devait prier à Hachem pour le bien-être total de chacun des juifs.
[Béer Yossef]

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"Ils feront le Ephod" (Tétsavé 28,6)

-> Pourquoi est-ce que ce verset utilise le pluriel : "ils feront"?
Le midrach (Aggadat Béréchit 80) demande : Pourquoi les noms des tribus étaient-ils inscrits sur les pierres de l'Ephod?
Tous les juifs ont été appelés au mont Sinaï : Cohanim ("vous serez pour Moi un royaume de Cohanim et un peuple saint" - Yitro 19,6).

Cependant, tous les juifs ne peuvent pas véritablement accomplir le Service (avoda) dans le Temple. C'est pourquoi, les noms de tout le peuple d'Israël (ceux de toutes les tribus) étaient inscrites sur les pierres, et c'est ainsi que lorsque le Cohen Gadol réalisait son Service, portant le Ephod, c'était comme si chaque individu du peuple juif était en train de l'accomplir avec lui.
C'est pour cela que le verset utilise le pluriel ("ils feront") en se référant à l'Ephod.
[Béer Moché]

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+ "On les ajusta sur les épaulières de l'éphod, comme pierres de souvenir (avné zikaron) pour les Israélites" (Pékoudé 39,7)

-> Pourquoi l'Ephod possédait des "pierres de souvenir"? Que devaient-elles rappeler aux juifs?

Le Messé'h 'Hokhma répond qu'elles rappelaient que leurs noms étaient inscrits sur les saintes pierres de Ephod, et que cela les dissuadaient de commettre des fautes.
Il rapporte ensuite l'exemple de Yossef avec Potiphar, qui au moment de la faute a vu le visage de son père l'avertissant : "Un jour dans le futur, ton nom sera inscrit parmi ceux de tes frères sur l'Ephod. Est-ce que tu souhaites renoncer à ce privilège en fautant avec cette femme?".
La réalisation de cette conséquence l'a poussé à y renoncer.

=> Un juif doit toujours se rappeler de son origine sainte, et ce que signifie être juif, sinon il est totalement aux mains du yétser ara.

[ => Chaque juif, chaque tribu d'Israël avait son nom sur une pierre précieuse de cet habit du Cohen Gadol, car même si tous les juifs ne peuvent pas faire le Service au Temple, chaque juif possède une sainteté interne énorme, et se doit de l'exprimer dans la réalité.
En effet, contrairement à ce que le yétser ara nous laisse croire, nous ne sommes pas quelconques, nous sommes les plus belles pierres précieuses, et devons agir avec toute la hauteur spirituelle que cela impose! ]

"Les 1 775 [Shékels], il en fit des crochets pour les piliers, recouvrit leurs sommets et les enrubanna" (Pékoudé 38,28)

Il faut savoir que les lettres de la Torah revêtent une grande sainteté ; chacune d'elles recèle d'infinis mystères et sont à l'origine de nombreux mondes.

Comme le corps pour l'âme, elles sont les "habits" de ces mondes inaccessibles, et il faut donc veiller à leur sainteté lors de l'étude de la Torah et la prière.

Leurs formes figurant dans les rouleaux de la Torah se retrouvent spirituellement dans les sphères supérieures, ainsi que leurs "combinaisons" (tséroufim) et leurs valeurs numériques (guématria).

Il y a en tout 27 lettres dans l'alphabet (22+5 finales).
La valeur numérique de toutes ces lettres est égale à : 1 775.

=> Ainsi, le verset peut se comprendre : Les 1 775, c'est-à-dire les 27 lettres, le Créateur "en fit les crochets pour les piliers" des mondes supérieurs, en donnant une forme concrète à ces lettres pour les rendre accessibles, que nous puissions les comprendre, nous qui sommes des être de matière.

Source (b"h) : dvar Torah du Abir Yaakov - Rabbi Yaakov Abe’hessera - dans son Pitou'hé 'Hotam

"Lorsqu'un homme (adam - אָדָם) parmi vous apportera une offrande à Hachem" (Vayikra 1,2)

Pourquoi la Torah emploie-t-elle le mot "adam", plutôt que "ich" pour désigner un homme?

-> Selon Rachi, c'est pour nous enseigner que de même qu'Adam, auquel la terre entière appartenait, n'a jamais offert d'animaux volés en sacrifice, ainsi personne ne doit apporter d'offrandes provenant d'un vol.

-> Le midrach (Vayikra Raba 2,7) enseigne : pourquoi est-il dit "un homme" (Adam)? Parce que de même que le premier homme (Adam) n’a rien sacrifié qui provenait d’un vol, vous non plus n’offrez pas un sacrifice qui provient d’un vol, parce que Je suis Hachem, qui hait les sacrifices qui proviennent du vol.

-> Selon le Ktav Sofer, cela renvoie à l'attitude d'Adam, qui après sa faute, apporta aussi un sacrifice, s’est repenti et il a obtenu par cela d’apaiser son Créateur.

Mais pourquoi le prendre comme référence du fauteur qui calme la Colère Divine par son repentir?

En fait, Adam n’avait qu’une seule mitsva à respecter, et en la transgressant, il passa outre la totalité des lois qu’Hachem lui ordonna.

=> Notre verset vient nous apprendre qu’à l’instar d’Adam, même si un homme a énormément fauté et même s’il a contrevenu à toutes les mitsvot de la Torah, s’il se repent, Hachem lui pardonnera.

-> Le Abir Yaakov rapporte que le terme "adam" désigne uniquement un membre du peuple juif, tandis que "ich" inclut tous les êtres humains.
Or, le sacrifice expiatoire n'existe que pour les juifs, d'où l'utilisation du terme : adam.

En effet, selon le Rabam (Hilkhot Maasé haKorbanot 3,2) : "Les hommes, les femmes ou les esclaves (faisant partie du peuple juif) peuvent apporter tous les sacrifices. D'un non-juif, seuls les holocaustes sont accéptés ... mais pas les offrandes de paix, les sacrifices expiatoires et les offrandes de culpabilité."

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-> "Vous êtes appelés "adam", mais les non-juifs ne sont pas appelés "adam"." (guématria Baba Métsia 114b).
b'h, voir le passage sur ce sujet : https://todahm.com/2019/10/02/10766-2

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-> "Un homme d’entre vous qui offrira un sacrifice pour Hachem" (Vayikra 1,2)

Le Zohar dit : "Un homme - à l’exception du premier homme".

Rabbi Méïr Yérouchalmi (Divré ‘Hakhamim) enseigne :
Les Sages ont dit que celui qui fait vœu d’offrir un sacrifice doit dire "c’est un sacrifice pour Hachem" et non "pour Hachem c’est un sacrifice", à cause du risque qu’il ne meure et que le Nom de D. ait été prononcé en vain.
La guémara dit que le premier homme a donné 70 de ses années au roi David.

=> Apparemment, comment savait-il combien d’années il allait vivre?
Comme il lui avait été promis que "le jour où tu en mangeras, tu mourras certainement", et qu’un jour de Hachem est de mille ans, il ne craignait pas de mourir avant cela, donc il a pu donner de ses années à David.
C’est pourquoi Adam pouvait dire "pour Hachem c’est un sacrifice", car il lui était promis de ne mourir que "le jour où tu en mangeras".

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+ La paracha Vayikra parle essentiellement des sacrifices. Le 2e verset, qui ouvre ce passage, commence par le terme : "Adam". Nos Sages expliquent que celui qui apporte un sacrifice doit le faire à l'image d'Adam, le premier homme. C'est à dire que de la même façon que tout appartenait à Adam, qui était le seul dans le Gan Eden, et donc que le sacrifice qu'il apporta après sa faute ne venait pas d'un vol. Ainsi, quand quelqu'un apporte un sacrifice, celui-ci doit lui appartenir et ne doit pas venir d'un vol.
=> Mais pourquoi avoir besoin de préciser cela particulièrement au sujet des sacrifices, alors qu'aucune mitsva ne peut être faite avec du vol?

-> Le Kli Yakar se base sur le Ramban qui dit que tout le sens du sacrifice est de considérer que ce que l'on applique à la bête, c'est ce qu'on aurait dû faire sur soi-même. En réfléchissant à cela, on pourra se repentir et mettre un terme total à la faute.
Tel était l'essentiel de ce que le sacrifice devait suggérer. Dans la suite de cette idée, il explique que les propriétés d'une personne sont quelque part le prolongement de son être. L'argent qu'un homme possède, il l'a gagné par ses efforts et fait quelque part partie de lui-même.
C'est ainsi que quand quelqu'un apportait un sacrifice, puisque l'animal lui appartenait, il faisait un peu partie de sa personne. Quand on l'abattait et on le sacrifiait, on pouvait ainsi considérer comme si on a un peu abattu et sacrifié son propriétaire, et cela contribuait à entériner la pensée que c'est comme si on l'avait sacrifié lui-même.
Mais si l'animal provient du vol et ne lui appartient pas, il ne pourra pas être considéré comme le prolongement de son être. Ainsi, quand on le sacrifiera, on ne pourra pas considérer que c'est comme si on avait sacrifié son propriétaire. Cette offrande n'aura donc pas sa valeur.
Un sacrifice volé n'a pas simplement le manque commun à toutes les mitsvot venant d'un vol. Mais, il contient aussi un manque inhérent au sacrifice en particulier.

-> Dans même, le Ktav Sofer explique que tout ce qui donne la valeur aux sacrifices, c'est la pensée de repentir et de regret qui l'accompagne. Quand l'animal qui est sacrifié a permis à son propriétaire de se repentir et de renforcer la pensée que c'est lui qui aurait plutôt dû être sacrifié, alors cela est une élévation pour la bête offerte qui a servi à rapprocher un juif de son Créateur.
Mais quand un homme sacrifie un animal sans y associer la pensée de repentir, alors cela est un peu considéré comme si la bête a été abattue pour rien.
A quoi cela a servi qu'elle soit abattue si son offrant ne s'est pas élevé par son intermédiaire?
Dès lors, on considère comme si l'offrant a "volé" et spolié la vie de cet animal, puisqu'il a entraîné qu'il meurt en vain, sans aider au repentir. Quand on dit que la bête sacrifié ne doit pas être volée, cela fait allusion au fait que son propriétaire doit l'offrir avec la pensée de repentir et d'appliquer à soi ce qu'on applique à l'animal. Ainsi, il n'est pas mort pour rien.
Mais s'il n'a pas ces pensées, on considère qu'il aura volé cet animal, car il lui a arraché sa vie et la lui a "volé", puisqu'il l'a tué sans objectif.

Ces paroles du Ktav Sofer peuvent également être formulées de la façon suivante :
Il ne faut pas comprendre ce "vol" au pied de la lettre. Il s’agit du fait que l’on vole la bête elle-même, puisque apparemment, il faut comprendre pourquoi il est permis au pécheur d’apporter un sacrifice d’une bête, alors que selon la stricte justice, l’âme du pécheur doit mourir. Or voilà qu’on apporte une bête à sa place.
Apparemment, quelle faute a commise la bête pour devenir un rachat? Est-ce que ce n’est pas du vol?
Mais l’essentiel, quand on apporte un sacrifice qui rachète, c’est l’humilité de l’homme qui se repent et s’abaisse, et cet abaissement ne sera pas parfait à moins qu’il ne voit de ses yeux ce que l’on fait à la bête, et qu’on aurait dû faire à lui-même.
C’est pourquoi il amène une bête pour s’élever, et par cela elle s’élève aussi, parce qu’elle est la cause d’une amélioration chez l’homme. Or de même qu’il nous est permis d’égorger une bête pour la manger afin de fortifier le corps, et que cela l’élève aussi, comme on le sait, et la mène à sa perfection, ainsi qu’il est écrit : "le but final de la bête est l’égorgement", ce qui veut dire qu’elle se trouve par l’égorgement amenée à son état de perfection, sans aucun vol, puisqu’elle a été créée pour cela et s’en réjouit ; de même et à plus forte raison est-il permis d’amener une bête pour racheter son âme, sans que cela constitue un vol.
On comprend maintenant que le vol dont il s’agit ici n’est pas un vol dans le sens habituel de prendre quelque chose à quelqu’un, mais c’est le vol de l’âme de la bête si on la sacrifie sans se repentir en même temps, car alors il n’y aura pas de rachat et la bête n’arrivera pas à sa perfection.
C’est pourquoi le verset dit : "un homme" (Adam), car on sait que le premier homme (Adam) a passé toute sa vie à jeûner et à se repentir, sans compter sur le sacrifice.

-> Le rav Moché Sternbuch (Taam véDaat) dit que nos Sages ne viennent pas ici enseigner (sur le terme ''Adam'') que la bête à sacrifier ne doit pas être volée, car cela est évident. Comme on l'a dit, aucune mitsva ne peut venir du vol, et il en est de même pour les sacrifices.
[par exemple, ce que l'on fera avec un loulav provenant du vol n'aura aucune valeur, en plus de la faute d'avoir volé autrui]
En fait, nos Sages viennent enseigner que l'animal à sacrifier, même s'il n'est bien-sûr pas volé, ne doit pas non plus contenir la moindre trace de vol. L'argent que l'on utilisera pour acheter cet animal devra être pur de tout vol. Aucune pièce ne devra été acquise de façon illicite.
En effet, quand quelqu'un commet une faute, il crée dans le Ciel des anges accusateurs, qui tenteront de le condamner auprès d'Hachem. En apportant le sacrifice, le fauteur obtiendra réparation de son péché. Ainsi, il pourra écarter l'accusateur. C'est pourquoi, le sacrifice devra être épuré de toute trace de vol, car nos Sages enseignent qu'un tas rempli de péchés, c'est la faute du vol qui accuse en premier. Le vol est la faute la première à accuser. Quand on apporte un sacrifice pour écarter l'accusateur, il faut donc bien veiller à ce que ce sacrifice n'ait aucune trace de vol, pour ne pas renforcer l'accusateur là où on voudrait surtout l'écarter.

-> Le rav Mikaël Mouyal explique que l'essentiel du sacrifice, qui monte vers les Cieux par le feu Céleste, symbolise le fait de tout rattacher et de tout rapprocher d'Hachem. Par l'offrande, on reconnaît que le monde entier appartient à Hachem. Dès lors, on pourrait penser que puisque l'on révèle que le Seul Propriétaire de tout est Hachem, ainsi plus personne n'a de propriété sur rien au monde.
Ainsi, celui qui doit offrir un sacrifice pourrait risquer de se dire que même s'il vole une bête pour l'offrir, ce n'est pas réellement du vol, car par le sacrifice, il s'avérera qu'en fait c'est Hachem le Véritable Propriétaire. C'est pourquoi, il était nécessaire de préciser, dans le cadre du sacrifice, que l'on devait apporter une bête nous appartenant, et non volée.

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-> Rabbi David Pinto (la voie à suivre n°253) enseigne :
Comment l’homme en arrive-t-il à pécher? Qu’est-ce qui l’y entraîne?
Nos Sages ont dit (guémara Sota 3a) : "Personne ne faute à moins que ne soit entré en lui un esprit de stupidité".
Cela veut dire que tous les péchés ont pour source l’orgueil. Quand quelqu’un s’enorgueillit, qu’il se sent supérieur à ceux qui l’entourent, cet orgueil le conduit à toutes les fautes possibles, parce qu’il ne peut pas accepter de remontrances des autres, et il ne peut pas modifier ses mauvaises habitudes.
Par conséquent, quand quelqu’un veut se repentir totalement devant le Créateur, il doit commencer par se dépouiller de son orgueil. Il doit décider en lui-même qu’il ne veut pas être abject devant Hachem, qu’il veut habiter dans Sa
proximité, or Hachem ne peut pas habiter à proximité d’un orgueilleux. C’est seulement ainsi qu’il pourra se
rapprocher de D.
Nous apprenons ce principe capital dès le premier mot de la paracha Vayikra. La lettre aleph est écrite plus
petit délibérément, pour enseigner à chacun que si un juif souhaite offrir un sacrifice à Hachem, si un juif veut s’approcher de Hachem, il doit avant tout être humble et bas à ses propres yeux. Il doit être petit, comme le aleph est petit, et c’est seulement quand il se conduira ainsi, avec humilité, qu’il pourra véritablement se rapprocher de Hachem et Lui être agréable.
C’est pourquoi la Torah continue en nous disant dans le verset suivant : "Un homme d’entre vous qui offrira un sacrifice" = Quand quelqu’un veut se rapprocher de D., veut ressembler à un holocauste entièrement consumé devant Hachem, il doit arriver à "mikem", à ce que ce soit véritablement lui qui se sacrifie, tous ses 248 membres et 365 nerfs, en l’honneur du Créateur. Et s’il se conduit avec humilité, la Torah le lui compte comme s’il avait sacrifié toute son âme devant Hachem.

Cependant, en plus de tout cela, l’homme doit se préparer, pour l’amour du Ciel ...
L’homme qui arrive, malgré son humilité, comme si tout lui appartenait, cela ressemble à un vol ... c’est comme un sacrifice qui provient d’un vol, et cela, Hachem l’a en horreur.
C’est ce que nous apprenons du premier homme, qui n’a pas apporté de sacrifice provenant d’un vol.
[puisqu'il n'y avait personne d'autre que lui dans le monde, il ne pouvait pas se sentir supérieur à son entourage, et alors il n'a pas vraiment développé une notion d'orgueil (même inconsciemment).
Ainsi, la Torah nous demande de nous voir comme Adam, l'unique homme sur terre, sans comparaison possible.
On peut ajouter que Hachem souhaite que tous les juifs se voient comme provenant d'un seul et même corps : le Adam haRichon, et en ce sens nous ne sommes pas en compétition, mais plutôt si autrui va mieux alors je vais mieux. Je ne me sens pas supérieur à mon prochain, car spirituellement il est une partie de moi-même (à l'image de différents membres d'un corps. Tous les juifs proviennent d'une seule âme : celle d'Adam, mais chacun provient d'une partie différente [la tête, les pieds, ...]). Tous les juifs ne sont qu'un, que seule la matière divise.
Le Ram'hal dit même qu'en chaque juif il y a une petite partie de l'âme de tous les autres juifs.]

Plus encore que tout cela, la véritable humilité mène l’homme à sacrifier son égoïsme devant Hachem. Mais cette humilité n’a pas le droit d’être feinte, de contenir un petit peu d’orgueil : seul celui dont l’humilité est réelle peut se rapprocher de Hachem."

"[Yaakov] la reconnut et dit : La tunique de mon fils! Une bête sauvage l'a dévoré! Yossef a sûrement été déchiqueté (tarof toraf Yossef) " (Vayéchev 37,33)

En exprimant sa peur que Yossef ait été tué, Yaakov emploie : "tarof toraf", qui littéralement signifie : "déchiré déchiré".
Pourquoi emploie-t-il cette expression redondante?

-> Le Nétsiv répond que c'est comme si Yaakov disait : Cela aurait été déjà suffisamment tragique qu'il ait été tué par un homme ... mais comment se peut-il qu'il ait été tué par un animal, une créature qui n'a pas de libre arbitre?

Puisque cela serait un drame encore plus grand, Yaakov exprime son chagrin sur cette double circonstance (il est tué, et en plus par un animal), par l'emploi d'une expression redondante.

-> La guémara (Sanhédrin 38b) et le Zohar, enseignent qu'une bête sauvage ne peut pas prendre le dessus sur un homme, sauf si cette personne lui apparaît comme un animal.

Yaakov pensait que Yossef était un tsadik.
Comment se peut-il alors qu'il ait été comme un animal aux yeux de la bête sauvage?

Etant profondément troublé, il a employé le mot : "déchiré" par 2 fois.

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+ "Une bête sauvage féroce ('haya raa) l'a dévoré"

=> Y a-t-il une bête sauvage qui est féroce et une bête sauvage qui n'est pas sauvage?

-> Le Séfer Birkat Eliyahou explique que Its'hak avait été ligoté sur l'autel (lors de la Akédat) et avait donné sa vie pour la sanctification du Nom de D., mais un bélier avait été offert à sa place et cela avait été considéré comme si lui-même avait été brûlé.
Or le feu du Ciel qui était descendu sur l'autel avait la forme d'un lion, c'était donc une "bête sauvage non féroce".

=> C'est de cela que Yaakov se désolait en disant : "Une bête sauvage féroce l'a dévoré", comme quelqu'un qui se plaint : Si seulement c'était une bête bénéfique qui l'avait dévoré, c'est-à-dire un feu dévorant venu du Ciel sous la forme d'un lion, et non une bête féroce corporelle, qui est comparée à une "bête sauvage féroce".

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+ "Yaakov déchira ses vêtements [de douleur], et il mit un cilice sur ses reins, et il porta longtemps le deuil de son fils" (Vayéchev 37,34)

-> Yaakov porta le deuil de Yossef durant 22 ans.
Yossef avait 17 ans quand il fut vendu (v.37,12), et 30 lorsqu'il parut devant Pharaon (v.41,46) => soit 13 ans.
Puis vinrent les 7 années d'abondance, ce qui donne 20 ans.
Enfin, Yaakov émigra en Egypte après 2 ans de famine (v.45,6), et on obtient donc un total de 22 années écoulées.

Yaakov a subi ces 22 années de chagrin pour avoir négligé d'honorer ses propres parents pendant 22 ans.
Il avait séjourné 20 ans chez Lavan, 18 mois à Souccot, et 6 mois à Béthel, soit 22 ans en tout.
[les 14 années durant lesquelles il demeura à la yéchiva ne sont pas prises en compte car l'étude de la Torah prime sur les obligations filiales].

=> C'est pourquoi Yaakov dit à Lavan : "J'ai passé, moi, 22 années dans ta maison" (Vayétsé 31,41). Ces 22 ans furent pour moi comptées contre moi [à l'inverse de celles à la yéchiva]. Ces années vont me coûter très chères, elles m'ont empêché d'accomplir le commandement d'honorer mes parents."

De plus, Yaakov subit également ce châtiment pour la peine causée à Its'hak lorsqu'il s'attribua la bénédiction d'Essav, puisque la Torah souligne que "Its'hak fut saisi d'un frayeur extrême" (Toldot 27,33).
Or, Hachem exige des tsadikim la perfection.
Its'hak fut victime de la ruse de Yaakov grâce aux peaux de chèvres dont celui-ci s'était recouvert les bras. De la même façon, Yaakov devait lui aussi être abusé au moyen d'un chevreau ; ses fils tuèrent un chevreau, tempèrent le vêtement de Yossef dans le sang de celui-ci, et dirent qu'une bête sauvage avait dévoré leur frère (v.37,31).
Le châtiment est toujours en rapport avec le crime commis.
[Méam Loez - Vayéchev 37,34]

[selon le Maharam Shif (sur guémara Guittin 57b), c'est uniquement lorsque le sang d'un chevreau et du sang humain sont regardés ensemble qu'on peut voir la différence entre eux. Lorsqu'ils sont vus séparément, ils se ressemblent beaucoup.]

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+ "Tous ses fils et toutes ses filles se mirent en devoir de le consoler ; mais il refusa toute consolation et dit : "Non! Je rejoindrai, en pleurant, mon fils dans la tombe!" Et son père continua de le pleurer." (Vayéchev 37,35)

-> L'expression "son père" se réfère au père de Yaakov : Its'hak.
Lorsque Its'hak était en présence de son fils, il prenait le deuil avec lui, par respect pour ses sentiments.
Mais une fois seul, il abandonnait ce faux-semblant. En effet, Its'hak savait que Yossef était bel et bien vivant, mais il refusait de le révéler à Yaakov.
Il se disait : "Si D. lui-même ne souhaite pas le lui dévoiler par la voie prophétique, pourquoi le devrai-je?"

En principe, on ne doit pas prendre de position extrême. Quelle que soit la tragédie qui advienne, il faut faire preuve de patience. Dans cette optique, le comportement de Yaakov échappe à notre compréhension.
[...]

Yaakov demeura plongé dans un profond deuil jusqu'à ce que Yossef fut sorti de prison et occupa un rang très important en Egypte. Dès ce moment, son deuil s'allégea, car une intuition prophétique lui apporta une lueur d'espoir au sujet de son fils disparu. Il ignorait de quelle manière cela se concrétiserait, mais il savait seulement que tout se terminerait bien.
[Méam Loez - Vayéchev 37,35]

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-> Le Sifté Cohen explique que certes Its'hak savait par inspiration Divine que Yossef était vivant, mais Hachem a décidé de tenir Yaakov dans l'ignorance pour permettre à la trame des événements qui aboutiront à sa descente en Egypte de se mettre en place.

[d'une certaine façon, c'est une miséricorde Divine à l'égard de Yaakov, car normalement pour que le décret d'exil et de servitude se réalise, c'est chargé de chaînes et avec un collier d'esclave que Yaakov aurait dû être conduit en Egypte. Finalement, seul Yossef subira ce sort, tandis que Yaakov descendra en exil couvert d'honneurs, pour retrouver son fils devenu vice-roi d'Egypte.]

-> Its'hak, sachant qu'il était vivant, faisait mine de pleurer Yossef en présence de Yaakov, mais les larmes qu'il verse sont sincères car il sait qu'il ne reverra plus jamais son petit-fils.
Le midrach (Téhilim 15) rapporte que Binyamin savait également par prophétie que son frère est en vie, mais il respect le serment ('hérem) des frères de ne rien révéler ce qui a été fait à Yossef.

-> Pour Yaakov, la perte de Yossef, c'était une tragédie d'autant plus grande que la disparition d'une des tribus empêcherait la création du peuple d'Israël.

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-> "Tous ses fils et toutes ses filles se mirent en devoir de le consoler"

=> Que vient nous apprendre l'utilisation de : "tous ... toutes"? On on aurait pu avoir simplement : "ses fils et ses filles se mirent en devoir de le consoler".

Rabbi Shalom Its'hak Lévitan explique qu'il est dit dans la guémara (Moéd Katan 27b) : "Celui qui souffre trop pour son mort, risque de pleurer pour un autre mort".
C'est pourquoi les tribus, quand ils ont vu que leur père Yaakov pleurait trop son fils et n'acceptait aucune consolation, se sont toutes rassemblées : les fils, les filles et les petits-enfants, y compris les bébés, sans aucune exception, et ils lui ont dit :
"Notre père, selon ce qu'on dit les Sages, que "celui qui souffre trop pour son mort risque de pleurer pour un autre mort", il semblerait qu'un membre de la famille risque de manquer. Tu as donc de là un preuve absolue que Yossef est encore vivant, sinon comme tu l'as trop pleuré, ainsi qu'il est écrit : "il pleura sur son fils de nombreux jours", quelqu'un d'autre de nos frères aurait dû mourir, or nous avons vu que personne d'entre nous en maque, et ce doit être pour toi la consolation de savoir qu'il est vivant."

=> C'est pourquoi le verset dit 2 fois : "tous ... toutes" = pour nous enseigner que tous les fils et toutes les filles sont venus, il ne manquait pas une seule personne, pour le consoler par le fait que s'ils se trouvaient devant lui, cela prouvait que Yossef était vivant.

"Lorsqu’un enfant dit : "Torah tsiva lanou Moché", même s’il ne comprend pas ce qu’il dit, les mots le pénètrent et ont une influence sur lui. A tel point que 30 ans plus tard, lorsqu'il rencontrera des problèmes dans son couple, il est fort probable que par l'effet des mots purs qu'il a seulement prononcé alors âgé de 3 ans, il se retiendra et ne répondra pas vulgairement à sa femme.

Le prophète Yirmiyahou a dit : "Mes paroles sont comparées au feu, a dit Hachem" (Yirmiyahou 23,29).
Les mitsvot sont comme du feu, et pas des moindres puisqu'un feu divin, une flamme sainte.

Chaque mot de Torah prononcé, chaque mitsva réalisée a une influence sur l'intériorité de l'être.
De la même façon que l’effet du médicament n'est pas immédiatement perceptible, ainsi il en est pour l’éducation : l’effet ne se fait pas sur le champ, mais il est certain qu’avec le temps il se fait ressentir."

[Rav Pinkous]

"Yéhouda s'approcha (vayigach) de lui [Yossef]" (Vayigach 44,18)

-> Selon le midrach (Béréchit rabba 93,7), lorsque Yéhouda s'est approché de Yossef afin d'essayer de libérer Binyamin, il est devenu en colère et a crié si fort, que son cri pouvait s'entendre à une distance de 400 parsot (environ 1800 km!), jusqu'à ce que 'Houchim ben Dan, qui était sourd, ait pu l'entendre.

A quel point son cri était fort?

Il était si puissant qu'il a été entendu à travers toute l'Egypte, et a entraîné la chute des dents de chaque personne qui l'a entendu.
C'est alors que 'Houchim est venu de Canaan, et il s'est joint aux cris de Yéhouda.

-> Le Avnei Azel explique que Binyamin, dans son état de captivité et de séparation de son père (Yaakov), symbolise les jeunes juifs arrachés à leur papa Hachem, à leur judaïsme.

La majorité des gens ne font rien en réponse à cela, mais il y a quelques rares "Yéhouda", qui ressentent une responsabilité personnelle envers cette situation, et ils crient.
Leurs cris réveillent alors les " 'Houchim", ces gens qui étaient au préalable "sourds" à cette situation difficile de l'assimilation des juifs, et ils se joignent alors aux "Yéhouda" pour crier.

=> b"h, que nous puissions faire partie de cette élite du peuple juif, qui ne reste pas insensible au fait que d'autres frères vivent une vie selon les standards non-juifs.

En criant par amour de voir nos frères perdre leur surdité au judaïsme, nous leur permettons de revenir parmi nous.

[ Au-delà des actions concrètes qui peuvent être menées, lorsque Hachem voit que nous crions en prières de tout notre cœur, afin que nos frères qui se sont éloignés puissent nous rejoindre autour de la Torah, Il va tout faire pour que la famille des juifs se retrouve au complet, très très bientôt b"h

Il est inenvisageable que nous ne soyons pas tous présents et le plus méritants, lors de la venue très très prochaine du machia'h!! ]

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-> "Les fils de Dan furent 'Houchim (חשים)" (Vayigach 46,23)
Bien que Dan n'eut qu'un seul enfant, le verset parle au pluriel "les fils de Dan", du fait de son importance particulière. En effet, le Machia'h Ben David sera, de par sa mère, descendant de 'Houchim fils de Dan.
C'est aussi pour cela que le nom חשים ('Houchim) est écrit sans la lettre Vav, de sorte qu'il compose les lettres du mot משיח (Machia'h).
Car la mère du Machia'h sera une de ses descendantes. C'est aussi pour cela que deux tribus sont comparées au lion, la tribu de Yéhouda et celle de Dan. Car ces 2 tribus sont en lien, le père du Machia'h descendra de Yéhouda et sa mère de Dan.
[Kanfé Yona]

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-> Selon le Yalkout Réouvéni, la voix des 2 frères était tellement élevée que l'intégralité des villes de Pitom et de Ramsès a été détruite.
C'est la raison pour laquelle, par la suite, les égyptiens ont insisté pour que les juifs soient responsables de leur reconstruction.

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-> "Que ton serviteur parle aux oreilles de mon maître" (Vayigach 44,18)
Yehouda demanda à Yossef le droit de pouvoir parler directement à ses oreilles, sans passer par l'interprète. Mais cela est étonnant, car Yéhouda parlait l'hébreu et ne connaissant pas la véritable identité du vice-roi, il ne savait pas qu'il comprenait l'hébreu. Comment veut-il parler à un homme une langue qu'il est censé ne pas connaître ?
La langue du coeur est comprise par tout le monde, en toute langue, et n'a pas besoin d'interprètes ni de traducteurs. De même, Yehouda voulait s'adresser directement à Yossef, sans interprète, il voulait lui parler avec
son coeur et ainsi le sensibiliser encore bien plus, même si l'homme face à lui ne comprendrait aucun mot de son discours.

"D. (Elohim) parla à Moché et lui dit : "Je suis Hachem". " (Vaéra 6,2)

Puisque Moché avait déjà parlé avec Hachem et connaissait son Créateur, pourquoi lui répéter maintenant : "Je suis Hachem"?

Le nom "Elohim" (אֱלֹהִים) est associé à l'attribut de Justice, et le Tétragramme (יְהוָה) à celui de la Miséricorde.

D. avait exercé contre les juifs l'attribut de Justice en les faisant descendre en Egypte et en les asservissant pendant 210 ans.
A présent, Il dit à Moché : dans le passé, J'ai agi en tant que D. de Justice, mais désormais "Je suis Hachem", plein de miséricorde envers Son peuple.

Lorsque l'on écrit en orthographe pleine : "Je suis Hachem" (אֲנִי יְהוָה : aléph lamed pé, noun vav noun, youd vav dalét, youd vav dalét, hé youd, vav alef vav, hé youd), on obtient une valeur numérique de : 300, qui est la même que : "avec miséricorde" (béra'hamim - ברחמים).

Cela renforce le passage d'un attribut à l'autre.

[dvar Torah du Abir Yaakov - rabbi Yaakov Abe’hssera - dans son Pitou’hé ‘Hotam]

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-> Le Nom : "Elokim" évoque l'Attribut de Rigueur, alors que le Tétragramme évoque l'Attribut de Miséricorde.
Certes, en Egypte, le peuple juif souffrait terriblement et était atteint par l'Attribut de Rigueur, au point que Moché se soit plaint à Hachem : "Pourquoi as-tu fait souffrir ce peuple?"

Pour l'apaiser, Hachem lui dit qu'en réalité cette rigueur n'est qu'apparente, puisque : "Je suis Hachem (et non Elokim)" = empli de miséricorde. Car même quand des souffrances surviennent, il faut savoir qu'en réalité, la bonté Divine et Sa Miséricorde y sont cachées, et un grand bien finira par sortir de toutes les épreuves.
[ Likouté Hala'hot]

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-> "Elokim parla à Moché et lui dit : "Je suis Hachem"." (Vaéra 6,2)

=> Quelle est la signification de la phrase "Je suis Hachem", et qu’est-ce que le Créateur voulait-Il dire à Moché en l’utilisant?
De plus, il convient d’expliquer pourquoi le verset débute par Elokim qui représente la midat haDin (l'attribut Divin de rigueur) et se termine par Hachem qui suggère la midat haRa'hamim (l'attribut Divin de miséricorde).

-> Afin de répondre, le Yisma'h Israël (n°6) rapporte en introduction les paroles du midrach (Rabba 5,22) : "A ce même moment (où Moché dit à Hachem : "Pourquoi as-tu rendu ce peuple aussi misérable?"), la midat haDin voulut s'en prendre à Moché ; lorsque Hachem vit que son intention était entièrement motivée par le bien du peuple d'Israël, la midate haDin ne le toucha pas."

Le Yisma'h Israël explique : le véritable tsadik bien qu'il voit l'obscurité et la rigueur du décret Divin s'abattre sur lui, a cependant une confiance intègre dans le fait que "toutes les voies d'Hachem sont justice, c'est un D. fidèle et aucune faute ne lui est imputable".
L'inverse est aussi vrai : celui qui possède une foi intègre est qualifié de tsadik, comme il est écrit : "Le tsadik vivra par sa foi" ('Habakouk 2,4), verset que l'on peut comprendre ainsi : 'Qui est digne d'être appelé tsadik? Celui qui vit par sa foi.''

Dès lors, lorsque Moché dit à Hachem : "Pourquoi as-tu rendu ce peuple aussi misérable?", la midat haDin s'en prit à Moché en arguant qu'il n'acceptait pas le décret Divin avec amour. C'est pour cela qu'au début du verset, c'est le Nom Elokim qui est mentionné, puisque la midat haDin voulut le punir.
Néanmoins, Hachem, qui "sonde les reins et le cœur", vit que les paroles de Moché n'émanaient pas de sa souffrance personnelle, car de ce point de vue, Moché avait déjà accepté tout ce qui pourrait lui arriver. Mais, elles venaient de la souffrance des Bné Israël, qui n’ayant pas une foi ni un attachement au Créateur aussi forts que lui, auraient pu en être amenés à prononcer des paroles inconvenantes à l'encontre de la conduite d'Hachem.

D. fut alors rempli de miséricorde et dit à Moché : "Je suis Hachem", et c'est en utilisant le Nom désignant cet attribut, qu'il s'adressa à lui, en lui faisant l’injonction suivante : "Va faire savoir aux Bné Israël que toute Ma conduite, qui leur paraît comme rigoureuse et pleine de ténèbres, n'est en réalité que l'expression de la plus grande miséricorde. Car la délivrance ne peut se dérouler que de cette manière (comme on peut l'apprendre de la création du monde où les ténèbres précédèrent la lumière, ou du néant qui précède toujours l'existence, ou encore de l'écorce qui doit tomber pour laisser le fruit apparaître).
Renforce leur cœur afin qu'ils acceptent de supporter les ténèbres pour pouvoir recevoir ensuite la grande lumière, comme il est écrit (verset 6) : "C'est pourquoi dis aux Bné Israël : ‘Je suis Hachem’", à savoir : ‘(Dis-leur) que tout l'exil et la servitude tellement difficiles qu'ils endurent ne sont que miséricorde !’''"

"Mon fils est encore vivant, je vais aller le voir avant de mourir" (Vayigach 45,28)

Toutes les actions d’une personne laissent une trace sur leur visage.

Le Alchikh Hakadoch rapporte que Yaakov détenait la sagesse de lire dans les visages.

C'est pourquoi il voulait voir Yossef pour examiner son visage, et vérifier s’il était toujours vivant spirituellement parlant (si c'était un tsadik), malgré avoir passé 22 ans dans la grande impureté de l'Egypte.