Aux délices de la Torah

Pâtisserie spirituelle depuis 5771 - b'h
 

"Une personne humble parle avec douceur, évite les querelles et c’est un plaisir d’être en sa compagnie"

[Ram’hal - Messilat Yécharim]

"Et tout le peuple répondit à l'unisson : "Tout ce que D. ordonnera, nous le ferons" " (Michpatim 24,7)

La Torah comporte 613 mitsvot.
Certaines ne concernent que les Cohanim, d'autres dépendent de circonstances particulières (ex: le rachat du 1er né) et d'autres ne s'effectuent qu'en Israël et ne concernent donc pas les personnes qui vivent ailleurs.

=> Comment une personne peut-elle donc accomplir tous les commandements de D., puisque certaines mitsvot ne peuvent être observées par tout le monde?

Rabbi Méïr Sim'ha répondit :
"Lorsque l'on accomplit la mitsva de mettre les téfiline à son bras, le bras n'est pas seul à recevoir le mérite de la mitsva, mais l'ensemble de la personne qui forme un tout indissociable.

Lorsque les juifs sont reliés les uns aux autres pour ne former qu'une seule unité, chaque mitsva accomplie par l'un d'entre eux est créditée au bénéfice du peuple en son entier.

Le simple juif (le non Cohen) reçoit le mérite d'une mitsva accomplie par un Cohen, la personne dont le 1er né n'est pas de sexe masculin partage la mitsva de rachat du 1er né avec celui qui l'a accomplie, et celui qui vit en dehors d'Israël partage les mitsvot de ceux qui y vivent.

Personne ne peut former un tout à lui seul.
Nous dépendons tous les uns des autres."

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-> "Tous [les juifs] sont responsables les uns des autres."
(guémara Sanhédrin 27b -> chékoulam arévim zé bazé)

"Même les fœtus dans le ventre de leur mère ont entonné le cantique  [pendant la traversée] de la mer Rouge."

[guémara Béra'hot 50a]

Rabbi Shraga Feivel Mendelowitz commente qu'à la mer Rouge, les juifs ont atteint le niveau le plus élevé possible, au point où leur chant de louange en remerciement à Hachem ne passait pas uniquement pas leurs lèvres.
En effet, ce chant a atteint la plus grande intériorité de leur âme, et c'est pour cela que leurs sentiments profonds et forts en sont même venus à pénétrer leur ventre (l'utérus) et à en inspirer l'enfant qui va naître.

"Ceci est le décret de la Torah que l'Eternel a ordonné en disant: parle aux enfants d'Israël et qu'ils t'apportent une vache parfaitement rousse" ('Houkat 19,2)

-> Le guémara (Sanhédrin 31a) demande : Jusqu'à quel point doit-on honorer son père et sa mère?
Rabbi Eliézer répond : allez voir ce qu'un non juif appelé Dama ben Netina fit à Ashkelon.
Les Sages vinrent lui acheter des pierres pour l'Ephod pour une somme 600 000 dinars d'or mais la clé du coffre qui contenait les pierres était posée sous le coussin où son père dormait. Cependant, Dama ben Netina refusa l'offre car il ne voulut pas réveiller son père.
L'année suivante, Hachem le récompensa et une vache parfaitement rousse naquit dans son troupeau.
Les Sages d'Israël vinrent chez lui pour lui acheter la vache et Dama ben Netina leur dit : je vous connais, et je sais que si j'exigeais de vous tout l'argent du monde vous me le donneriez. Cependant, je ne vous demande que la somme d'argent que j'ai perdu pour avoir honoré mon père.
Rabbi 'Hanina a dit : si déjà celui qui accomplit un précepte sans en avoir reçu l'ordre reçoit une telle récompense, celui qui l'accomplit en ayant reçu l'ordre, quelle sera la taille de sa récompense?! Car celui qui accomplit un précepte en ayant reçu l'ordre de le faire est plus grand que celui qui accomplit un précepte sans en avoir reçu l'ordre.

=> Pour quelles raisons cet homme reçut-il précisément comme récompense de Hachem une vache rousse?

-> Le 'Hidouch haRim explique que la conduite irréprochable de ce non juif envers son père éveilla des accusations dans le Ciel contre Israël. Dans le but de faire taire ces accusations, Hachem lui donna précisément une vache rousse afin de donner des mérites inestimables au peuple d'Israël : en effet ce non juif perdit une fortune pour accomplir un acte qui est logique et rationnel, ne pas réveiller son père.
Les Bné Israël, quant à eux, furent prêts à perdre une fortune colossale pour réaliser une mitsva qu'ils ne comprenaient même pas!

Ainsi, chaque juif a le devoir d'accomplir les commandements d'Hachem et de suivre sa voie même lorsque si ces derniers dépassent notre entendement, comme celui de la vache rousse, du mélange de lin et de laine, ... car aux yeux de D., nous accomplissons Sa volonté et il est évident que nous avons reçu ce commandement pour notre bien même si nous ne le comprenons pas.
C'est la même chose pour un père qui demande à son jeune fils de ne pas s'approcher du feu par exemple. L'enfant inconscient du danger ne comprend pas pourquoi son père l'en empêche. Certains enfants s'en éloigneront par amour, d'autres par crainte, d'autres encore désobéiront et se brûleront. Ils comprendront alors que cet interdit leur fut donné par amour.
Cette parabole vient nous faire réaliser que nous ne devons pas faire de distinction entre les commandements qui nous paraissent logiques et ceux qui dépassent notre intellect mais nous devons les accomplir tous sans aucune distinction, uniquement parce que nous en avons reçu l'injonction par notre Créateur.

Il en est de même pour les nations du monde. Le Rambam a tranché la loi et écrit : "Tout celui qui accepte les 7 commandements de Noa'h et prend le soin de les accomplir est appelé "Juste des nations" et aura une part au monde futur. Cependant, il devra les accomplir uniquement parce que Hachem lui en a donné l'ordre dans la Torah qu'Il transmit à Moché. Par contre, s'il accomplit ces commandements suite à un raisonnement sans avoir conscience qu'il le fait parce que le Créateur Le souhaite, il n'aura pas le statut de "Juste des nations"." (Méla'him fin chap.8)

L'acte de profaner le Nom de D. ('hilloul Hachem) dépend du niveau spirituel de chacun. Plus une personne s'élève dans la spiritualité par l'étude de la Torah, plus elle doit veiller à ce que ses enseignements et ses actions ne profanent pas le Nom d'Hachem.

Cet érudit doit absolument éviter que les gens disent : "voyez comment un grand érudit de la Torah se comporte!"
Voici plusieurs exemples donnés par la guémara (Yoma 86a) : "Qu'est-ce que la profanation du Nom de D.? Rav dit : si quelqu'un comme moi prenait de la viande chez un boucher et ne le payait pas rapidement, cela constituerait une profanation du Nom de D. car le boucher pourrait penser qu'un érudit en Torah n'a pas l'intention de le payer ...
Rabbi Yo'hanan dit : si quelqu'un comme moi marchait quatre coudées sans étudier la Torah ou sans porter les téfiline, cela serait considéré comme une profanation du Nom de D."

"La Emouna se traduit par : une certitude de la proximité de D., et de la vérité de la Torah, dont les directives sont suivies fidèlement en toutes circonstances. "

[rav Wolbe]

"Et de là (au milieu de l’exil) tu chercheras D. et tu Le trouveras" (Dévarim - Réé 14,1)

Le Baal Chem Tov disait : "De là, signifie : d’où que tu puisses te trouver. "

Le Baal Chem Tov nous transmet le message que D. est partout, et peut être trouvé, quel que soit le niveau de la personne.

=> Quel que soit l’endroit ou le moment, vous Le trouverez, si seulement vous prenez la peine de Le chercher.

L’amour que D. a pour nous dépasse celui d’un père pour son enfant.
Il nous a promis de ne jamais nous abandonner.
Nous sommes toujours proches de Lui et Il nous est toujours accessible.

"Puisqu'ils haïssent la discorde et aiment la paix, le moment est venu que Je leur donne la Torah."

[traité Déré'h Erets Zouta]

+ Kora'h : avoir un minimum de reconnaissance ...

-> Le Midrach précise que durant 7 jours , Moché chercha à résister à l'ordre de D. en lui intimant de faire sortir Israël (tant était grande son humilité).
Après ce laps de temps, D. dut lui expliquer que, s'il n'y allait pas, nul autre n'irait à sa place et qu'Israël se perdrait en Egypte.

=> Aussi, Moché Rabbénou ne méritait-il pas un peu plus de reconnaissance de la part de son élève qui aurait été encore un esclave en Egypte sans son recours!?
[on peut rajouter toutes les interventions ultérieures de Moché auprès de D. pour défendre le peuple juif.]

-> De plus, le midrach nous enseigne que Kora'h était le plus riche de tous les enfants d'Israël, à tel point qu'il possédait 300 mules blanches pour porter les clés de ses trésors (guémara Pessa'him 119a ; guémara Sanhérin 110a).
Ces trésors avaient été accumulés par Yossef lors des ventes de blé, durant la grande famine de son époque.

Kora'h réussit à retrouver un tiers de ces immenses trésors grâce à Moché qui lui en indiqua le lieu de cachette.
Il lui expliqua également comment les récupérer.

La guémara (Sanhédrin 110a) de nous dire : "R. 'Hama bar 'Hanina a révélé : Yossef cacha 3 trésors en Egypte : l'un d'eux fut découvert par Kora'h, un autre par Antonin et le 3e est gardé en réserve pour les tsadikim du monde à venir."

Selon nos Maîtres, Kora'h avait soif de richesses.
Il était le trésorier de Pharaon et espérait vivement qu'après la rédemption, les juifs resteraient en Egypte, ce qui lui aurait permis d'entrer en possession du trésor royal.
Son avidité fut telle que D. lui accorda la possibilité de découvrir une partie de ce trésor.
Il faut savoir que ce que récupéra Kora'h correspondait à l'une des fortunes les plus immenses qui n'ait jamais existé.

Trop de richesse apporte beaucoup de force et d'assurance à l'homme, cependant ceci peut l'amener à en oublier sa véritable place, surtout vis-à-vis de son maître en Torah.

Kora'h pensait que sa richesse et son ascendance lui donnaient le droit d'accéder à un poste honorifique.
Cela l'entraîna à se rebeller contre son maître (qui lui permis d'avoir toute cette richesse!) et contre la Torah.
Mesure pour mesure, D. engloutit toute sa fortune avec lui.
C'est ainsi que ni lui, ni ses richesses n'eurent de place dans ce monde.

On peut se demander aussi si l'attitude de Kora'h n'était pas une façon de refuser d'assumer sa dette de gratitude vis-à-vis de Moché ...

[ Il n'est pas si facile d'avoir un regard plein de reconnaissance vis-à-vis d'autrui, et nous pouvons être tenté d'utiliser tout moyen pour effacer cette dette (dénigrer, banaliser, ...). ]

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-> A propos de la fortune colossale de Kora’h, la guémara (Pessa’him 119a) enseigne : "Yossef a caché 3 trésors en Egypte, l’un a été découvert par Kora’h, l’autre a été découvert par Antoninus fils d’Assuérus, et le dernier est resté caché pour les Tsaddikim dans l’avenir"

-> Le Ben Ich 'Haï (Ben Yéhoyada) explique qu’il existait 3 provenances bien distinctes de l’argent ayant servi à acheter le blé de Yossef : L’argent des idolâtres, l’argent des voleurs et l’argent de ceux qui respectaient les 7 lois des Bné Noa’h.
D. inspira Yossef, de façon miraculeuse, afin qu’il répartît ces 3 types de trésor en 3 lieux différents.
Kora’h découvrit le trésor relatif à l’argent des idolâtres, Antoninus découvrit le trésor relatif à l’argent des voleurs, celui relatif à l’argent des gens droits resta caché pour les temps futurs.

-> Pour donner une idée de l’ampleur de la richesse de Kora’h, la guémara (Pessa’him 119a) poursuit : "300 mules blanches portaient les clés des coffres-forts de Kora’h".
La guémara interprète le verset : "La richesse est gardée pour le malheur de celui qui la possède" (Kohélet 5,12) comme faisant référence à la richesse de Kora’h : "Parce qu’il s’enorgueillit de sa grande richesse (qu’il utilisa pour influencer ses futurs acolytes), il fut rejeté de ce Monde" [selon le Rachbam : sa fortune causa sa perte].

-> Pour mieux comprendre l’origine de la fortune de Kora’h et pourquoi celle-ci lui causa sa perte, on peut rapporter le midrache (Bamidbar rabba 18,15) suivant : Le verset : "S’empare-t-il des villes en ruines, de maisons qui ne sont pas habitables, étant destinées à ceux qui partent en exil. Il ne s’enrichira pas, sa fortune ne subsistera point" (Iyov 15,28-29) constitue une critique adressée à Kora’h qui s’est révolté contre les pouvoirs attribués par D. à Moché et à Aaron. En effet, Kora’h exerçait les fonctions de trésorier principal chez Pharaon et il accumula sa légendaire richesse en puisant dans les trésors de l’Égypte qui lui étaient confiés.

-> Afin de comprendre en quoi consiste ce reproche qui lui est fait d’avoir ainsi "pioché" dans les trésors de cet infâme tyran, le Maggid de Doubno (Michlé Yaakov) nous raconte la parabole suivante: Un aubergiste s’aperçut qu’un homme bizarre se promenait dans sa taverne d’une table à l’autre, un comportement qui attira bien sûr son attention. Il se mit donc à le filer en tentant de n’éveiller auprès de lui aucun soupçon et il comprit qu’il s’agissait en fait d’un vulgaire voleur qui profitait de l’état d’ivresse des clients pour les démunir des quelques sous qu’ils avaient en leur possession! L’aubergiste l’attrapa donc par le cou en le secouant comme une paillasse et le traîna jusqu’à son bureau pour lui faire subir un interrogatoire en règle. Là, le larron essaya de plaider sa cause en arguant qu’il n’avait fait aucun mal à l’aubergiste lui-même puisqu’il ne s’en était pris qu’à ses clients ...
Le patron des lieux lui répliqua en ricanant : "Ceux qui viennent chez moi boire un verre ne quittent jamais l’auberge avant d’avoir dépensé tout leur argent! Voler de leur poche, cela équivaut à réduire mon propre gain"
Kora’h croyait justifier son appropriation des trésors égyptiens par le fait qu’ils étaient "voués à la perte". Or, ce faisant, il n’a pas pris en compte que les richesses égyptiennes avaient été justement promises au Peuple d’Israël lors de l’Alliance passée par D. avec Abraham Avinou [Alliance au cours de laquelle, Hachem lui annonça : "Après cela, ils (tes descendants) sortiront (d’Egypte) avec une grande richesse (Rékhouch Gadol)" - Lé'h Lé'ha 15,14)].
C’est pour cela qu’il est dit, à propos du châtiment de Kora’h : "La terre ouvrit son sein et les dévora, eux et leurs maisons, et tous les gens de Kora’h, et toute la richesse (qu’il s’était accaparé)".
Ainsi, chaque somme soustraite du trésor de Pharaon était-il en fait un détournement de fonds d’un argent qui revenait à ses propres frères hébreux.

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-> Nos Sages (interprétant le mot "Vayika’h" (Il prit - וַיִּקַּח) enseignent que Kora’h a fait une mauvaise acquisition (מקח רע - Méka’h Ra) pour lui-même, comme s’il avait pris (לָקַח - Laka’h) et volé de l’argent qui ne lui revenait pas
[«mauvaise acquisition (Méka’h Ra), car prenant aussi sa source dans l’idolâtrie (selon l’explication du Ben Yéhoyada) ou encore, comme l’explique le Arizal, parce que Kora’h "prit" le "mauvais côté" de Kaïn (le fils ainé d’Adam Harichone), à propos duquel, il est dit : "Elle conçut et enfanta Kaïn, en disant: “J’ai acquis (Kaniti (קָנִיתִי) – qui s’apparente au mot Kaïn - קַיִן) un homme, conjointement avec Hachem!" (Béréchit 4, 1), c’est-à-dire, que ‘Hava, sa mère, lui donna un nom (Kaïn - קַיִן) qui rappelle l’idée "d’acquisition" (Kiniyan - קנין) (proche de l’idée de richesse à laquelle Kaïn et Kora’h furent prédestinés) et aussi l’idée de "jalousie" (Kinah - קנאה) (que montra Kaïn envers son frère Abel, et plus tard, Kora’h envers Moché et Aaron) – Chem miChmouël].

"Kora'h a prit" (Kora'h 16,1)

Selon le Midrach Rabba (18,3), Kora'h a confronté Moché à la question suivante : "Est-il nécessaire de fixer une mézouza sur le montant de la porte, d'une pièce remplie de Séfer Torah?"

Moché lui a répondu positivement.

Pourquoi une pièce pleine de Sifrei Torah a-t-elle besoin à son extériorité d'une mézouza (de courts extraits issus d'un séfer Torah)?

Le slogan des 1ers réformistes était : "Yéhoudi bévété'ha vé'adam bétsété'ha" (Soit un véritable juif à la maison, mais à l'extérieur soit une personne comme tout le monde).

De la même manière, Kora'h a dit à propos des juifs : "Toute la communauté est sainte" (kol a'éda koulam kédochim) , "D. réside parmi eux" (ouvéto'ham Hachem - 18,3)
Il voulait dire par là que tous les juifs sont saints car ils ont tous D. qui résident dans leur cœur (béto'ham).
Pour Kora'h, il est suffisant d'être un bon juif à l'intérieur, sans le montrer à l'extérieur.

Moché a fermement exprimé son désaccord, et a insisté sur le fait que même si une maison ou une personne est pleine de Torah, il est impératif de l'être aussi à l'extérieur.

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-> Le fait que Kora'h ait précisément choisi de poser à Moché ces 2 questions a un sens symbolique.
Toutes 2 ont un rapport direct avec sa dispute fondamentale avec Moché et Aharon.
En effet, la mézouza représente Moché, par lequel la Torah a été donnée et par laquelle il a acquis sa supériorité.
La laine bleue, quant à elle, fait allusion à Aharon dont la suprématie provenait des vêtements de prêtrise.

En d'autres termes, Kora'h affirmait : puisque la communauté entière était sainte [depuis le Don de la Torah au Sinaï] et imprégnée de la Torah qui élève tous les hommes, qu'avait-on besoin de mézouza, c'est-à-dire de Moché, et de laine bleue, c'est-à-dire d'Aharon?
[Méam Loez - Kora'h 16,1]