Aux délices de la Torah

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"Et D. prononça toutes ces paroles : "Je suis Hachem, ton D., qui t'ai fait sortir du pays d'Égypte, d'une maison d'esclavage. Tu n'auras point d'autre dieu que moi" (Yitro 20,1-2)

-> Le Ohr ha'Haïm haKadoch commente :
Au don de la Torah, Hachem a parlé avec puissance tous les commandements en une seule parole.
[...]
Nos Sages (guémara Makot 24) ont dit que les deux premiers Commandements : "Je suis Hachem, Tu n'auras pas d'autre D."... les Bné Israël les ont entendu de la bouche d'Hachem, avec une voix puissante.
Donc lorsque D. a dit les 10 Commandements, il n'est sorti de Sa bouche qu'une seule Parole (qui comprenait tous les 10 Commandements), l'oreille humaine ne peut pas entendre toutes ces puissantes paroles et lorsque les Bné Israël les ont entendues, ils n'ont pu percevoir que les deux premiers Commandements.

Leur âmes (néchama) a quitté leur corps, et comme il est dit : "Mon âme est sortie en parlant" (Chir haChirim 5,6), et ils n'ont pas pu l'entendre et comprendre plus que cela.
Tous les 8 autres Commandements qui sont sortis de la Parole de D. comme des flambeaux, se sont posés sur le mont Sinaï, jusqu'à ce que l'âme des Bné Israël leur soit revenue (résurrection) grâce à une rosée de vie.
Alors toutes ces paroles divines se sont présentées à chacun des Bné Israël et leur ont dit tous les autres Commandements qu'ils n'avaient pas entendus de la bouche de D.

On peut comprendre maintenant la raison pour laquelle les deux premiers Commandements sont écrits tel que D. les a dits : "Je suis Hachem, ton D. qui t'a fait sortir d'Égypte", car c'est D. Lui-même qui parle aux enfants d'Israël!
Mais ensuite, c'est l'ange envoyé de D. qui a rapporté ses Paroles comme le verset l'écrit : "c'est Shabbat pour Hachem, ton D.", en souvenir de D. qui a créé le monde en six jours. C'est pour cela que Hachem l'a béni, et de même pour tous les autres Commandements.

La voix (l'envoyé de D.) ne peut mentir et dire c'est Mon Shabbat car J'ai créé le ciel et la terre ... puisque c'est l'ange envoyé de D. qui parle.
D'après cela, on peut comprendre ce que le verset dit : "Et Il a parlé (Elohim) toutes les Paroles" avec Sa puissante voix qui proviennent de ce Nom, Il les a prononcées toutes en une seule Parole, et aussi Il a donné de la puissance à Ses Paroles, de telle sorte qu'elles puissent parler elles-mêmes ensuite aux Bné Israël au moment voulu, comme il y a eu lieu.
Puisque les Bné Israël ne pouvaient plus les entendre toutes, de la bouche de Dieu, elles ont parlé elles-mêmes.

On peut aussi expliquer d'après ce que nous enseignent nos Sages dans le midrach (Tan'houma Toldot 7) que D. n'associe pas Son Nom à aucune créature de son vivant. D'après la raison du prophète : "même dans Ses saints, Il ne met pas Sa croyance" (Iyov 15,15).
Pour cette raison, Il n'a associé Son Nom à celui d'Avraham en disant : "Hachem Ton D.!" qu'après sa mort. C'est ce que veut dire le verset : "Et D. (Elohim) a parlé toutes ces choses-là" = c'est-à-dire d'une parole puissante.
C'est pour unir Son Nom sur chacun d'entre eux et dire : "Je suis Hachem, ton D."

Hachem s'est adressé à eux de cette manière (avec rigueur) afin de les éprouver, les raffiner et par cela enlever l'impureté qui était ancrée au fond d'eux et ils auraient alors le niveau requis pour qu'Il puisse leur dire : "Je suis Hachem, ton D."
D'après ce que nos Sages ont enseigné, que leur âme les a quittés.
=> Il se trouve qu'Hachem a uni Son Nom avec eux au moment-même où leur âme est sortie d'eux et tout de suite, Il dit à chacun d'entre eux : "Je suis Hachem ton D."

[Le Ohr ha'Haï ajoute : ] Je me dois d'expliquer la raison pour laquelle ce sont les deux premiers Commandements uniquement que les Bné Israël ont entendus de la bouche d'Hachem : "Je suis Hachem, ton D., qui t'ai fait sortir d'Egypte" et "Tu n'auras pas de dieux étrangers".
Il faut savoir que ces deux Commandements sont réellement les racines et les bases de toutes les autres mitsvot.
"Je suis Hachem" est la base et la racine des mitsvot positives, et "Tu n'auras pas de dieux étrangers" est la racine des mitsvot négatives.
=> C'est pour cela que D. a enraciné au fond d'eux ces deux Commandements. Ainsi la Torah restera profondément ancrée en nous, et ne nous quittera plus jamais pour toutes nos générations à venir.

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-> "Je suis Hachem, ton D. (ani Hachem Elokékha - אָנֹכִי יְהוָה אֱלֹהֶיךָ), qui t'a fait sortir d'Égypte, de la maison d'esclavage" :
Ce commandement s'adresse à l'âme et au corps, "Je suis Hachem ton D." parle à la néchama (l'âme) puisqu'étant spirituelle, elle reconnaîtra la Divinité. C'est pour cette raison d'ailleurs que dès qu'elle a entendu Je suis Hachem, elle a quitté le corps, elle a reconnu son Créateur et venant du monde supérieur, du monde de l'Unicité, elle a voulu s'unir à Lui.

C'est aussi pour cela que, même dans le monde du bas le monde de la séparation (pluralité), le peuple d'Israël, étant sanctifié par son âme (néchama), est appelé "un peuple unique" et est comparé aux anges.
Le corps dont la vitalité ressemble à celle de l'animal (les besoins vitaux et matériels du corps) ne reconnaît pas la lumière spirituelle et merveilleuse de son Créateur. Au simple fait d'entendre la première Parole "Je suis Hachem", c'est pourquoi D. finit et dit "Qui t'a fait sortir d'Egypte", il se sensibilisera à ce bienfait matériel dont le créateur l'a comblé.

On peut expliquer également de cette manière, "Je suis Hachem, ton D." avant ta venue dans ce bas monde car tu es une partie de la lumière Divine comme une partie de Dieu Lui-même (Haazinou 32,9) et le verset continue "Qui t'a sorti d'Égypte", c'est-à-dire c'est la raison pour laquelle Je t'ai fait sortir d'Égypte, et celle aussi pour laquelle J'ai secoué la terre et tous ses habitants, le ciel et toutes les constellations (les astres) pour Israël, afin de le sortir d'Egypte.
Je ne pouvais pas ne pas sauver ces particules de sainteté, afin qu'ils deviennent mes serviteurs.

Ou encore on peut séparer le verset de telle manière "Je suis D." (יהוה - D. de miséricorde) aussi bien lorsque Je te comble de bienfaits Je suis ton Maitre, et même lorsque Je te mets à l'épreuve, et t'envoie des signes de remontrance, Je suis aussi "ton D. Eloké'ha" (אֱלֹהֶיךָ - D. de justice).

Egalement, d'après ce que nos Sages nous ont enseignés (guémara Béra'hot 60), un homme doit louer Dieu avec joie, aussi bien dans les bonnes circonstances que dans les mauvaises, car réellement les remontrances et les épreuves que Dieu nous envoie sont une bonté et un bienfait pour nous.
C'est ce que le verset dit : "Je suis D." (de miséricorde), même lorsque Je Me montre "ton Hachem" (justice) c'est-à-dire même lorsque Je t'éprouve.

-> "Qui t'a fait sortir d'Égypte de la maison d'esclaves" :
Ces 2 termes font allusion à 2 époques, la première est l'exil (galout) d'Égypte dont Il nous a sortis, et la deuxième de la maison d'esclavage, qui fait allusion à notre exil actuel. Exil où nous sommes asservis et humiliés par toutes les nations et par tous les peuples parmi lesquels nous nous trouvons. Hachem fait allusion, que même de celui-là, Il nous délivrera.

Ou encore cette répétition vient nous expliquer, car on peut se demander, pourquoi Hachem nous a-t-Il fait sortir d'Egypte, pourquoi ne nous a t'il pas comblé d'un plus grand bienfait? Il aurait pu nous laisser en Égypte où nous serions devenus les chefs, les gouverneurs de la terre.
Nous aurions pu ainsi dominer nos ennemis, et ceux qui nous avaient asservis seraient devenus nos serviteurs, de ce fait, les Bné Israël auraient été plus satisfaits et auraient prouvé au monde la puissance de D. et de Son pouvoir. Et tout le monde aurait reconnu qu'il y a un Dieu Qui juge.

A cela, D. dit que la raison est que la terre d'Egypte elle-même est une "maison d'esclavage", car lorsqu'il a partagé le monde en 70 parties, il a nommé des princes célestes qui seront les intermédiaires entre la nation de cette partie du monde et lui-même, ainsi en est-il dans le monde entier, à l'exception de la terre de Canaan, que D. a choisie pour la gloire de Son Nom.
"Les yeux de Dieu y sont portés du début de l'année jusqu'à la fin" = c'est à cela que fait allusion le verset de la maison d'esclavage, un endroit d'esclaves de D. (dominé par les princes célestes).
Hachem ne désire pas que l'on soit dominé par un prince, aussi céleste soit-il, si ce n'est par Lui-même, bénit soit-Il. C'est pour cela qu'Il nous a fait sortir d'Égypte un pays d'esclaves (les princes célestes dominent) afin de leur faire hériter de la terre qui est celle de la maison de D. uniquement.
[Ohr ha'Haïm haKadoch]

La tsédaka = téchouva & expiation des fautes

+ La tsédaka mène à la téchouva :

-> Le Noam Élimélé'h (parachat Vayéchev) écrit : "Certains hommes ont des actions corrompues. Cependant, comme ils ont naturellement bon cœur et une propension à aider les autres, ils sont attirés par la téchouva. C'est ce que dit le roi David : "Seuls le bien et la bonté ('hessed) me poursuivent tous les jours de ma vie, et je vivrai dans la maison de Hachem tout au long de mes jours" (Téhilim 23,6).
Cela signifie que même si l'on ne possède que la mida de la bonté, elle nous poursuivra toute notre vie et nous incitera à faire téchouva."

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+ La tsédaka expie les fautes :

-> Nous apprenons de cela que la tsédaka et le 'hessed (bonté) ont le pouvoir d'amener une personne à faire téchouva et à expier ses fautes. Cela ressort également du verset : "Et vos fautes seront rachetés par la tsédaka" (Daniel 4,24).

Le rabbi de Kretchnif affirme que cela est également évoqué dans la Michna (Zéva'him 5:8) qui stipule que le sang du Korban Pessa’h doit être placé "kénéged hayessod" (sur les fondations du Mizbéa'h).
Ceci suggère que la tsédaka peut même expier les fautes qui affectent les fondations du monde.

Shabbath Za’hor

+ Shabbath Zakhor :

-> Nos Sages ont institué de lire la paracha Zakhor le Shabbat qui précède la fête de Pourim. [guémara Méguila 30a]

-> Le 'Hidouché haRim explique que nos Sages ont institué de lire la paracha Zakhor durant la semaine qui précède Pourim car la sainteté du jour du Shabbat a la capacité particulière d'effacer Amalek.
On y trouve une allusion dans le verset : "Ce sera lorsque Hachem ton Dieu te donnera du repos sur tous tes ennemis aux alentours" (Ki Tétsé 25,19).

-> Il est écrit : "Hachem dit à Moché : écris ceci comme souvenir dans le livre et place-le aux oreilles de Yéhochoua : effacer, J'effacerai le souvenir d'Amalek de dessous les cieux" (Béchala'h 17,14).
Le midrach (Tan'houma Béchala'h 28) explique notre verset : "effacer, J'effacerai" = cela signifie qu'il sera effacé dans ce monde ici-bas et effacé dans le monde à venir.
[ainsi Amalek sera définitivement effacé par Hakadoch Baroukh Hou lui-même à l'avenir.]

-> Selon la guémara (Béra'hot 57b), le Shabbat est 1/60 du monde futur.
[ par conséquent, puisqu'il est déjà un certain goût d'une réalité sans Amalek (Satan, yetser ara), il est clair que le Shabbath a la capacité particulière de nous aider à accomplir la mitsva d'effacer Amalek déjà dans ce monde, c'est pour cela par exemple que nous lisons paracha Za'hot le Shabbath précédant Pourim. ]

-> Le Bné Yissa'har écrit :
Voici que Hachem nous a donné le jour du Shabbat, jour de sainteté pour l'assemblée comme il est écrit : "Vous observerez Mes Shabbat car c'est un signe entre Moi et vous pour vos générations pour savoir que Je suis Hachem qui vous sanctifie" (Ki Tissa 31,13).
Durant ce jour sacré l'âme est renforcée dans la sainteté et c'est le sens des paroles de nos Sages : "Hachem dit à Moché : J'ai un cadeau merveilleux dans Mon trésor, et Shabbat est son nom. Je souhaite le donner à Israël, à toi de leur faire savoir" (guémara Shabbath 10b).
Ainsi, le Shabbat étant le 7e jour de la semaine, il contient un supplément de sainteté qui a la propriété de pouvoir s'opposer à la force particulière du 7e nom du mauvais penchant [Tséfoni = le pire des 7 aspects du yétser ara] (guémara Soucca 52a) qui est incarné par Amalek.

[le Maharcha (Soucca 52a) dit que les 7 noms du mauvais penchant correspondent aux 7 forces négatives qui correspondent elles-mêmes aux 7 jours de la semaine. (Shabbath ayant davantage de sainteté avec le supplément d'âme, il fait face à davantage d'impureté des forces du mal, et il peut donc davantage leur porter atteinte)]

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[le Séfer ha'Hinoukh dit que nous juxtaposons le Shabbath Za'hor (victoire sur Amalek) avec Pourim (victoire sur Haman) pour donner de la force aux juifs dans leur guerre contre leurs ennemis qui sont les descendants d'Amalek.
D'une certaine façon on peut dire que Shabbath est le moment où l'on a le temps d'apprécier notre situation de "fils" d'Hachem, d'être des juifs. Et par cette joie, fierté, cette émouna, alors nous avons davantage de puissance pour vaincre Amalek. (Hachem voyant à Shabbath notre véritable envie d'être proche de Lui (ex: en chantant, en étudiant à Shabbath), alors Il nous aide à l'être).]

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+ Shabbath Zakhor :

-> Le Shabbath précédant Pourim, c'est une mitsva d'y lire la paracha Zakhor (passage de Ki Tétsé 25,17-19).

-> Le Shabbat Za'hor se distingue par la mitsva propre à ce jour qui consiste à effacer le nom et le souvenir d'Amalek en acceptant sur soi le joug de la Torah et l'accomplissement des mitsvot.

-> Le Beit Aharon (Pourim 67) écrit à ce sujet :
"Tout ce que chaque juif fait, doit être accompli avec l'intention d'effacer le souvenir d'Amalek, et lorsqu'il veillera à cela, je suis certain que, très rapidement, il verra ses épreuves se résoudre".

-> Rabbi Tsadok de Lublin (Divré Sofrim 29) écrit :
"Il m’a été transmis que, lors de la lecture de la paracha Zakhor, au moment où l’on proclame à l'encontre d'Amalek : "tim'hé (efface - תמחה), une profusion de fertilité est suscitée d'office, en contrepartie, du côté de la sainteté".

Le rav Elimélé'h Biderman commente :
Cela peut s’expliquer à l’aide de l'enseignement de la guémara (Méguila 6a) sur le verset de Yé'hézkiel (26,2) : "Je comblerai la ruine" : "Si celle-ci est pleine, celle-ci sera détruite, et si c'est l'autre qui est pleine, c'est celle-ci qui sera détruite".
Cela signifie qu'il ne peut se produire que Yaakov et Essav soient, tous les deux, ensemble, au sommet de la réussite ; lorsque l'un monte, c'est que forcément l'autre descend.

=> C'est pourquoi, lorsque l'on mentionne l'effacement d'Amalek pendant ce Shabbat, et que l'on demande de diminuer et d'éradiquer complètement son souvenir, il en découle nécessairement que la descendance de Yaakov se multiplie en nombre, et que tous méritent de donner naissance à des garçons assidus dans l'étude de la Torah et dans l'accomplissement des mitsvot.

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-> b'h, voir également : https://todahm.com/2018/03/05/effacer-amalek-de-nos-jours

[Au sujet de la robe du Ephod : ] "Son ouverture au sommet (pi rocho) sera tournée vers l'intérieur ; son ouverture sera entourée d'une bordure" (Tétsavé 28,32)

-> Le Divré Israël dit que les mots "son ouverture au sommet sera tournée vers l'intérieur" (véaya pi rocho béto'ho) font allusion à la leçon selon laquelle il ne faut pas "penser une chose dans son cœur et en dire une autre de sa bouche", c'est-à-dire qu'une personne ne doit pas être hypocrite.

Le verset dit que la bouche d'une personne (son "ouverture au sommet" - pi rocho = bouche de sa tête) doit être tournée vers l'intérieur, ce qui signifie qu'elle doit être la même que son cœur.

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-> Le Divré Israël propose également une autre explication. Il dit que le verset fait allusion au rôle des dirigeants de la Torah qui guident le peuple juif et explique que leurs paroles émanent de leurs cœurs et qu'ils s'incluent eux-mêmes parmi tous les gens.

Les séfarim Hakedochim (voir Noam Elimélé'h - parchat Emor) expliquent le pasuk "reprends ton prochain" (okhéa'h tokhia'h ét aité'ha - Kédochim 19,17), comme signifiant "avec ton peuple" (amité'ha).
En d'autres termes, lorsque les dirigeants réprimandent le peuple, ils doivent également s'inclure eux-mêmes.

En conséquence, ce verset dit que les têtes des dirigeants (rocho) doivent être "tournées vers l'intérieur" (béto'ho). Lorsqu'ils dirigent le peuple et lui parlent, ils doivent également s'inclure eux-mêmes et se parler à eux-mêmes.

Servir Hachem avec crainte et joie, ce sont deux amis qui ne se séparent jamais.
En effet, la crainte sans la joie n'est que tristesse, et il n'est pas bon de souffrir sur comment servir Hachem ; il suffit d'être toujours joyeux.
[Baal Chem Tov - Tsivat HaRivach 13b ]

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-> Dans le monde matériel, là où il y a de la crainte, peur, il n'y a pas de joie, et là où il y a de la joie, il n'y a pas de crainte.
Mais au service d'Hachem, là où il y a la crainte, il y a l'amour.
[Toldot Yaakov Yossef - Bé'houkotaï - p.127b ]

-> J'ai appris de mon maître (le Baal Chem Tov) que lorsque quelqu'un demandait à Nachmanid: "Qu'est-ce qui est considéré comme le service de D. ?", il répondait : "Tout ce qui procure du plaisir et de la joie, combinés à de la crainte."
[Toldot Yaakov Yossef - Michpatim - p.70b ]

"Pourquoi [le Temple] s'appelle-t-il 'Lévanone'? Parce qu'il blanchit (lavane) les fautes d'Israël."

[guémara Yoma 39b]

Pour le prix d'un sacrifice, il était possible d'effacer toute trace du péché, d'être totalement pur!

"[Le manteau du Cohen gadol] aura une ouverture pour la tête au centre, et cette ouverture sera garnie, tout autour, d'une bordure tissée semblable à celle d'une cotte de maille" (Tétsavé 28,32)
Rabbi Bounim de Pechis'ha en déduisait que chaque juif a le devoir de mettre une bordure à sa bouche pour l'empêcher de prononcer toute parole interdite.
Il ajoutait que la michna (Tamid 1,1) dit que, dans les tunnels creusés sous le mont du Temple, il y avait des toilettes utilisées par les Cohanim qui s'appelaient "les toilettes d'honneur".
Quel était leur honneur?
Elles avaient un verrou : "si on les trouvait verrouillées, on savait qu'il y avait un homme dedans ; si elles étaient ouvertes, on savait qu'il n'y avait pas d'homme dedans".
L'homme est évalué par sa bouche.
Si sa bouche est 'verrouillée', s'il sait garder sa bouche et ne dit pas de propos interdits, c'est le signe qu'il y a un homme en lui.
Mais si la bouche est ouverte et que les mots s'en échappent sans aucun frein, on sait qu'il n'y a pas d'homme en lui ...

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"Tu feras une bordure inférieur de grenades en laine ... tout autour de sa bordure inférieure et des clochettes d'or entre elles" (Tétsavé 28,33)

-> Suspendues autour de la robe du Cohen Gadol, des petites boules en forme de grenade alternaient avec des clochettes d'or pourvues d'une pièce métallique à l'intérieure frappant la paroi.

Il y avait 72 clochettes et 72 grenades, une allusion aux 72 teintes de blanc susceptibles de révéler la tsaraat (selon Akav'ya ben Maalal'el - michna Négaïm 1,4).
En effet, comme la robe venait obtenir l'expiation pour la médisance, il convenait qu'elle rappelle la tsaraat (sorte de lèpre), maladie sanctionnant des propos de ce genre.
[Baal haTourim]

-> La guémara (Arakhin 16a) affirme que de même que ce manteau/robe du Cohen Gadol (le méil - מעיל) faisait du bruit, de même il permettait de faire expiation aux bruits produits par notre bouche dans la faute du lachon ara.

-> "Des clochettes d'or" : le mot "or" (zahav - זהר) possède 3 lettres, renvoyant aux 3 personnes impliquées dans du lachon ara.
Nos Sages (guémara Arakhin 15b) enseignent : "Prononcer de mauvaises paroles (lachon ara) est une faute très grave parce qu’elle tue 3 personnes : celui qui médit, celui qui écoute ces mauvaises paroles et celui dont on a médit."

[Le rav Mordé’haï Schwab dit que sans celui qui écoute, il n’y aurait pas de lachon hara, faisant que celui qui a commis la faute la plus grave est celui qui permet son existence (celui qui écoute).]

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-> "[D. dit à la langue : ] Je t'ai encerclée avec 2 murailles, l'une faite d'os [les dents] et la seconde de chair [les lèvres]" [destinées à empêcher la bouche de proférer des paroles malveillantes]
[midrach Yalkout Chimoni Vayikra 14]
[de même pour ce vêtement du Cohen Gadol (le Mé'il) : "l'ouverture à son sommet sera repliée à l'intérieur (allusion à la langue, replié derrière sa muraille de dents), son ouverture aura un ourlet tout autour en ouvrage tisserand, elle sera comme l'ouverture d'une cotte de mailles pour qu'elle ne se déchire pas (allusion aux lèves)" - v.28,32]

-> Selon le Alchikh haKadoch, les clochettes étaient composées d'un battant (un marteau intérieur) qui frappait leur contenant en forme de vase.
Ceci est à l'image de la langue, qui frappe et s'agite à l'intérieur de la bouche, et laisse échapper des sons à l'instar de ces cloches qui ornaient la robe.
Mais le bas de ce vêtement portait aussi des grenades, qui étaient semblables à des bouches closes dont ne s'échappe aucun son : le symbole du silence.
Il est écrit qu'il y avait alternativement une clochette et une grenade, mais qu'aux 2 extrémités il y avait une grenade (v.38,33). Cela nous indique qu'à chaque "parole", il convient d'imposer 2 "silences".

[les grenades en laine azur renvoient au Ciel, à la crainte d'Hachem. Elles vont limiter l'amplitude des mouvements des clochettes, à l'image de nos propos qui doivent être "calmés" par notre crainte d'Hachem (en fonction de la personne, du moment, ... tout ne doit pas être dit librement!). Entre ce que je souhaite dire, et ce que je peux dire, il existe un monde, mais c'est cela vivre en tant que juif!]

-> Le 'Hafets 'Haïm (Chmirat haLachon) enseigne qu'en quittant ce monde, l'homme sera confronté à toutes les paroles qu'il aura prononcées durant sa vie, comme le révèle le Zohar : "Pas un souffle qui s'échappe de la bouche de l'homme n'est perdu".

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-> Le 'Hafets 'Haïm (Chmirat haLachon 2,15) dit que les clochettes faisaient du bruit et symbolisent le fait de dire des mots de Torah, tandis que les grenades ne faisaient aucun bruit et représentaient l'importance de rester silencieux lorsque cela est nécessaire.

Pourquoi est-ce c'est tout particulièrement la grenade qui est utilisée pour illustrer cette idée?

Le rav Daniel Yéhouda Bloch (Yad Av) rapporte les paroles de nos Sages (guémara Béra'hot 57a) : "même le plus ignorant parmi vous [Israël], est rempli de mitsvot comme une grenade".
Le 'Hafets 'Haïm (Chmirat haLachon - Chaar haZé'hira 19) écrit que celui qui parle du lachon ara perd tous les mérites qu'il a pu accumuler, et ils sont alors transférés à la personne sur laquelle il a mal parlé.

=> La Torah utilise la grenade en allusion à l'importance de rester silencieux lorsque nécessaire, pour insinuer que seul celui qui se comporte ainsi va rester rempli de bonnes actions comme une grenade.

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-> Les Sages disent que le manteau, qui faisait entendre un bruit, expiait la faute du lachon hara, qui se manifeste par la voix.
Le gaon Hoenig de Breughel demande : s’il en est ainsi, pourquoi y a-t-il besoin des grenades qui assourdissent le bruit? Qu’il n’y ait que des clochettes.

Il répond que de même qu’il y a une faute de lachon hara qui se manifeste par la parole, il y a parfois une faute dans le silence. Quand quelqu’un a besoin d’un renseignement important pour le commerce ou des chidoukhim ou la Torah, ... qu’il est permis de donner et que c’est même une mitsva de donner pour que l’interlocuteur ne subisse aucun dommage, et qu’on se tait sous prétexte que "le lachon hara est interdit", cela aussi est une faute, et c’est cela que viennent expier les grenades qui étouffent le bruit.

[selon nos Sages de la même façon qu'on rendra des comptes sur le lachon ara qu'on aura pu dire, de la même façon on devra rendre des comptes sur les paroles qu'on aurait pu prononcer et que l'on a pas fait alors que cela aurait été tellement nécessaire à autrui (ex: mot d'encouragement, de valorisation, conseil, ...).]

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-> "Tu feras le Meil" (Tétsavé 28,31)

-> Le Meil était un des 8 habits du Cohen Gadol. Il avait la propriété de pardonner la faute de la médisance.

Le 'Hafets 'Haïm rapporte l'anecdote suivante pour éveiller les consciences face à la gravité de la médisance :
Un jour, un homme fourbe rencontra un voyageur de passage dans la ville. Il l'aborda et lui proposa de lui faire visiter la ville. Il lui dit: "puisque tu es mon invité, je t'invite au restaurant". Ils rentrèrent dans un prestigieux restaurant. Le fourbe encouragea son invité à se servir de toutes les douceurs qu'il souhaitait, sans se priver. Heureux, l'invité suivit son conseil. Vers la fin du repas, le fourbe s'éclipsa discrètement. Laissant le visiteur seul qui devait payer les deux repas .
Il en va de même pour la médisance : un homme rencontre une connaissance dans la rue. Il lui raconte des ragots sur les uns, sur les autres. Il est écouté avec intérêt et l''oreille complaisante trouve cela agréable. A son tour, le voilà à raconter ses anecdotes personnelles ...
Mais après la vie sur terre, au moment du Grand Jugement, il se retrouvera seul à devoir rendre des comptes pour ce plaisir insignifiant. Et comment pourra-t-on supporter la peine ressentie à ce moment là? Il vaudrait mieux réfléchir à deux fois, avant de s'engager dans une discussion de médisance. Cela pourra nous éviter de grands tourments au moment du Grand Jugement.

"Avoir la foi, c'est avoir le courage de laisser D. prendre le contrôle."

Rabbi Na'hman de Breslev

"Le clan de Kora'h plongeait et descendait [indéfiniment] en enfer jusqu'à ce que 'Hanna prie pour eux"
[guémara Yérouchalmi Sanhédrin 10,4]
Rabbi 'Haïm Kanievsky fait remarquer que des centaines d'années ont passé depuis l'époque de Kora'h et son clan jusqu'à 'Hanna.
Pendant tout ce temps, Kora'h et son clan se trouvaient en chute libre dans les profondeurs insondables de l'enfer.
Sans la prière de 'Hanna qui a arrêté leur chute, ils auraient continué à descendre encore plus bas ...
Cela nous apprend combien l'enfer est profond, et comment peut être redoutable le jugement céleste.

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-> De son côté, rabbi David Pinto (la voie à suivre n°1091) écrit :
"Nos Sages (guémara Baba Batra 74a) affirment que, dans les temps messianiques, Kora’h méritera la vie du monde futur.
A travers les dernières lettres du verset : "Le juste fleurit comme le palmier" (צַדִּיק כַּתָּמָר יִפְרָח - Téhilim 92,13), formant le nom de Kora’h, le Arizal voit une allusion au fait que Kora'h se repentit lors de ses derniers instants.
Nous pouvons expliquer que, de même que ses fils ne moururent pas parce qu’ils se repentirent, Kora’h fit lui aussi repentance de manière ultime. Il est possible qu’à l’instant même où la terre s’ouvrit pour l’engloutir, il éprouva des pensées de contrition, mais il était alors déjà trop tard.

On peut présumer que celles-ci lui vinrent grâce à ses enfants. En effet, nos Sages affirment (midrach Yalkout Chimoni, Kora’h 752) : "Par quel mérite les fils de Kora’h furent-ils épargnés? Alors qu’ils étaient assis chez leur père, ils aperçurent soudain Moché et cachèrent immédiatement leur visage dans le sol, se disant : “Si nous nous levons devant notre Moché rabénou, nous humilierons notre père, alors que nous avons l’ordre de le respecter. Et si nous ne nous levons pas, nous enfreindrons l’ordre de la Torah de se lever devant une tête blanche (Vayikra 19,32). Il vaut mieux que nous nous levions devant Moché, quitte à humilier notre père.” A ce moment, leur cœur les poussa à se repentir et le roi David leur attribua le verset “Mon cœur agite un beau dessein.” (Téhilim 45,2)."

D’après ce Midrach, il semble clair que, si Kora’h se repentit de manière ultime, c’est sous l’influence de ses fils qu’il vit hésiter concernant la manière de se comporter et, finalement, opter pour rendre honneur à Moché. Leur exemple s’ancra en lui et éveilla, ultimement, des pensées de repentir. Il désira également se repentir, gêné par le dérekh érets témoigné par ses enfants, mais il lui fut trop difficile de surmonter son penchant pour la recherche des honneurs et la fierté qui l’animait.

Ce n’est qu’au moment où il constata que son sort avait été scellé et que sa fin était imminente que ses sentiments de contrition prirent le dessus. Mais il était trop tard et il fut englouti par la terre, à cause de la grande profanation du Nom divin qu’il avait causée.

En outre, Moché avait décrété à son encontre que D. le frapperait d’une punition tout à fait nouvelle afin que tous constatent qu’il était bien Son élu et n’agissait pas de sa propre initiative, contrairement à ce que Kora’h avait tenté de leur faire croire. Le Créateur devait donc immédiatement lui attribuer cette sanction afin de bien mettre les choses au clair.
Toutefois, dans les temps futurs, Hachem acceptera son repentir et lui donnera droit au monde futur. ‘Hanna le prophétisa en disant : "Hachem fait mourir et vivre ; Il précipite au tombeau et en retire" (Chmouel I 2,6)."

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-> Rabbi David Pinto (la voie à suivre n°474) rapporte :
"Les kabbalistes ont écrit (voir les Likoutei Torah du Arizal sur la parachat Ki Tissa, et "Cha’ar HaPessoukim" sur Ye’hezkel 20) que dans l’avenir, Kora’h sera très important, et servira comme grand prêtre (Cohen Gadol) dans le 3e Temple.
Ils s’appuient sur le verset : "Le juste fleurira comme le palmier" (tsadik katamat yifra’h - Téhilim 92,13), dont les dernières lettres forment le mot Kora’h, ce qui nous enseigne que ce tsadik va encore fleurir comme le palmier."

"Rabbi 'Hana dit au nom de Rabbi Chimon 'Hassida : 'Tout jeûne auxquels ne participent pas des pécheurs d'Israël n'est pas un (véritable) jeûne, car le galbanum ('helbona) a une mauvaise odeur et pourtant elle est comptée parme les (onze) composants de l'encens (kétorét)'. "
[guémra Kéritout 6b]

Ainsi, lorsque les justes (tsadikim) et les non justes (réchaïm) jeûnent ensemble, cette association (ce klal) confère une puissance d'efficacité à ce jeûne public : c'est une condition pour être exaucés.

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L'ensemble des personnes présent à une prière s'appelle le : tsibour, dont les initiales renvoient à : tsadikim, bénonim et réchaïm.

Prier n'est pas une réunion d'élites, mais c'est une union de tout le peuple ensemble vers un but unique.

-> b'h, voir également : https://todahm.com/2017/09/27/5662-2

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-> Tout jeûne qui n'inclut pas les fauteurs n'est pas agréé par Hachem.
En effet, D. ne veut pas que les réchaïm soient détruits mais qu'ils se repentent.
Il leur donne donc une chance et leur accorde du temps pour changer leurs voies.
Lorsque les réchaïm se repentent, le nom Divin est grandi et sanctifié dans le monde.
Leur jeûne est donc très précieux aux yeux de D.
[rabbénou Bé'hayé]

Nous apprenons cela du fait que Hachem ordonna d'incorporer le galbanum à l'encens malgré son odeur désagréable. Si la personne qui mélange l'encens omet le galbanum, elle mérite la mort.

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-> Il existe une autre raison pour laquelle un jeûne ne rassemblant que des tradikim n'est pas accepté : les jeûnes sont décrétés à cause des malheurs qui s'abattent sur le monde.
Or ceux-ci ne surviennent qu'à cause des mauvaises actions des réchaïm.
Si seuls les tsadikim jeûnent et laissent les réchaïm commettre leurs fautes, à quoi cela sert-il?
Par contre, si les réchaïm sont inclus dans le jeûne communautaire et se repentent, Hachem a pitié du monde.

De plus, si le racha se trouve auprès du tsadik, les qualités de ce dernier seront d'autant plus visibles.
D'autre part, si le tsadik n'a auprès de lui que des personne supérieures à lui, on s'apercevra des qualités qui lui font défaut.
"Il n'y a pas de tsadik dans le monde qui fasse le bien et ne faute jamais" (Kohélét 7,20).
Par contre, quant une bonne personne se trouve aux côtés d'une mauvaise personne, ses mérites sont d'autant plus visibles.
[Méam Loez - Ki Tissa 30,36]

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-> Le Maté Moché fait remarquer une allusion à la nécessité de donner de la tsédaka particulièrement le jour d'un jeûne. Le mot "taanit" (jeûne - תענית) forme les lettres de : tét ani (תת עני - donner au pauvre).

Cela fait référence à la parole de nos Sages : "La récompense principale d’un jour de jeûne est déterminée par le montant de tsédaka donné" (guémara Béra’hot 6b). »

En jeûnant, nous minimisons notre matérialité pour laisser davantage s’exprimer notre spiritualité.
Par ailleurs, nous pouvons également y ressentir la mitsva de : Tu aimeras ton prochain comme toi-même.

De même, qu’il ne nous est pas agréable de devoir nous priver de nourriture, par le fait de devoir jeûner, on peut se rendre compte de la souffrance de nos frères qui sont dans cette situation au quotidien.

Aimer son prochain comme soi-même, c’est vivre son vécu, pour mieux comprendre, ressentir sa douleur physique et psychologique.
Comment alors ne pas donner à la tsédaka, alors que nos frères en sont contraints à quasiment jeûner tous les jours, faute de moyens suffisants?