Aux délices de la Torah

Pâtisserie spirituelle depuis 5771 - b'h
 

Tremper 2 fois pendant le Séder

"Ils prirent la tunique de Yossef, égorgèrent un bouc et trempèrent la tunique dans le sang" (Vayéchèv 37,31) <-> Pessa'h

Le Ben Ich 'Haï fait remarquer que dans toute la Torah, on trouve 2 fois la mention de "tremper" :

-> une 1ere fois : au sujet des frères de Yossef et de la manière dont ils ont trempé sa tunique dans le sang (cf. verset ci-dessus) ;

-> une 2e fois : paracha Bo (Chémot 12,2), il est écrit : "Vous prendrez un bouquet d'hysope, vous le tremperez dans le sang qui se trouve dans la coupe et vous toucherez le linteau et les 2 montants avec le sang qui se trouve dans la coupe".

Le Ben Ich 'Haï dit que la pratique de tremper 2 fois pendant le Séder de Pessa'h (cf. le ma nichtana où l'on pose la question : "Pourquoi trempe-t-on 2 fois alors, que les autres nuits, on ne trempe pas même une fois ?"), vient afin de faire un parallèle avec ces 2 mentions de "tremper" dans la Torah.

Il semble évident que la 2e mention est en lien avec Pessa'h.
Mais que vient faire le trempage de la tunique de Yossef dans le sang avec la fête de Pessa'h, au point où nous devons le commérer pendant le Séder?

Le Ben Ich 'Haï de donner la réponse suivante.
Les juifs ont terminé l'esclavage en Egypte (cf. la 2e mention dans la Torah), parce qu'il y a eu à l'origine de la haine et du lachon ara, dont le 1er trempage fait partie.

Ainsi, les 2 sont liés : le 1er (la tunique) a été un catalyseur entraînant l'arrivée de Yossef en Egypte, qui a entraîné ensuite celle de tout le peuple juif, et c'est cela qui a rendu possible le 2e : la délivrance.

A la fin de la Haggada de Pessa'h, lorsque nous souhaitons sincèrement : "l'année prochaine à Jérusalem" (léchana aba bé'Yérouchalayim), nous voulons qu'ait lieu la délivrance (guéoula - 2e trempage), mais pour que cela devienne une réalité, nous devons revenir à l'origine du 1er trempage : arrêter de dire du lachon ara et d'avoir de la haine entre nous.

En effet, les 2 étant liés, si nous désirons l'un, nous devons forcément vouloir l'autre, pour que cela se réalise.

<-------------------------------------------->

-> Le fait de devoir attacher plusieurs hysopes en une botte (cf. 2e trempage), est un symbole de l'unité du peuple juif, qui est une condition préalable à une libération de l'exil.

-> Selon le midrach, en Egypte, aucun juif n'a dit de lachon ara sur une autre personne, rectifiant par là la faute des frères de Yossef.

Rabbi Mattisyahou Salomon dit : "En faisant de même à notre époque, nous pouvons également espérer quitter l'exil actuel".

"Hachem lui dit [à Moché] : "Qu'est-ce que cela, dans ta main?"
Et il dit : "Un bâton".
Il dit : "Jette-le à terre!" ; il le jeta à terre et il devint un serpent. Moché s'enfuit devant lui.

Hachem dit à Moché : "Tends ta main et saisis sa queue".
Il tendit la main et le saisit fermement et il devint un bâton dans sa main. (Chémot 4,2-4)

-> Moché a dit à Hachem à propos du peuple d'Israël : "Mais ils ne me croiront pas et n'écouteront pas ma voix, car ils diront : 'Hachem ne t'est pas apparu'. " (Chémot 4,1)

-> Face à ces craintes de Moché, Hachem a voulu lui enseigner que les enfants d'Israël ont la nuque rude (kéché oréf), à cause de l'exil et de l'asservissement, mais qu'ils retrouveront leur foi solide et leur sainteté dès qu'ils seront revenus dans leur pays.

Cette idée est illustrée par 2 signes miraculeux montrés à Moché :
1°/ le bâton transformé en serpent après avoir été jeté à terre revint à son état initial quand Moché le remis à son endroit en le reprenant dans sa main.

2°/ De même, sa main devint lépreuse quand il la retira de son sein et elle fut guérie quand il la remit à sa place.

[dvar Torah du Abir Yaakov - rabbi Yaakov Abe’hssera - dans son Pitou’hé ‘Hotam]

<----------------------------------->

-> Le Sfat Emet fait le commentaire suivant à ce sujet.

Le bâton symbolise la direction et le pouvoir, il vient faire allusion au grand principe selon lequel c’est Hachem qui dirige le monde.

Le serpent incarne le mal et l’obscurité.
Or, ce serpent provient du bâton, signifiant que le bien et le mal s’oppose (en apparence) à D., mais il n’en reste pas moins que c’est Hachem qui le crée et lui donne l’existence.

Quand on se renforce et qu’on l’attrape, le serpent redevient le bâton.
Quand on se renforce dans la émouna (la foi) que même ce mal n’est qu’une apparence, qu’en vérité il ne provient que d’Hachem, et que l’on ne prête pas attention à son apparence extérieure de mal, alors le mal et l’obscurité de l’exil disparaissent, et la vérité apparaît.

On mérite alors de voir comment tout, et même ce mal, est inclut dans le projet Divin, et que Seul Hachem est le dirigeant.

Alors, le “serpent” redevint “bâton” ...

<----------------------------------->

-> Le mot : "mazé" (Qu'est-ce que cela - מזה) a la même valeur numérique que : "ben" (un fils - בן).
Cela insinue à celui qui a un fils qu'il doit l'éduquer en lui disant qu'il a un bâton à la main, comme le dit le roi Chlomo : "Celui qui néglige le bâton déteste son fils".
Mais si on jette le bâton, alors le fils risque de devenir un serpent (de mal tourner).
[Oneg Shabbath]

<----------------------------------->

-> Hachem enseigna à Moché une leçon importante : si une personne est bonne et maîtrise ses désirs, un serpent peut se transformer en bâton.
Mais si elle suit ses désirs, un bâton peut devenir un serpent venimeux.
Même l'objet le plus inoffensif peut devenir l'instrument de sa punition.
[Tikouné Zohar p.93]

-> En général, lorsqu'un serpent venimeux mord un individu, ce n'est pas le venin qui le tue mais son péché.
S'il était absolument innocent, le serpent le plus dangereux ne pourrait lui faire de mal.
La guémara (Béra’hot 33a) rapporte les paroles de rabbi 'Hanina ben Dossa : "Ce n’est pas le serpent qui tue, c’est la faute".

Le Yeffé Toar écrit que si une personne est parfaitement juste, un serpent ne peut lui faire de mal, et même le feu ne peut la brûler à moins que D. ne le désire.

<----------------------------------->

-> Moché a dit à Hachem à propos du peuple d'Israël : "Mais ils ne me croiront pas et n'écouteront pas ma voix, car ils diront : 'Hachem ne t'est pas apparu'. (v.4,1)
-> Il dit : "Jette-le [le bâton] à terre!" ; il le jeta à terre et il devint un serpent. Moché s'enfuit devant lui [le serpent]. (v.4,2)

Le Panim Yafot écrit :
Hachem demandait à Moché : Pourquoi as-tu peur d'un serpent? Qu'est-ce qui est arrivée à ta émouna?

La réponse est : Je te l'ai prise, et c'est pourquoi tu as eu peur des serpents.
Car tout est entre Mes mains, même la émouna.
Je donne la émouna au gens, et Je leur reprend.
C'est pourquoi ne dis pas : "ils ne me croiront pas ...", car si Je souhaite que le peuple juif croit, Je place de la émouna dans leur cœur, et ils croiront en Moi.

[ainsi, nous devons tout faire pour renforcer notre émouna et la demander à Hachem, car tout dépend de Lui]

"Pharaon ordonna à tout son peuple en disant : Tout fils qui naîtra, jetez-le dans le fleuve!" (Chémot 1,22)

Il existe de nombreux moyens pour tuer les enfants qui viennent de naître. Pourquoi par le biais de l'eau?

-> Rachi rapporte que les astrologues ont vu que le sauveur des juifs venait de naître, et qu'il sera frappé par l'eau. C'est pourquoi, Pharaon a promulgué ce jour-là un décret visant également les égyptiens (car ne sachant pas dans quelle famille il était né).

Ce qu'ils ne savaient pas, c'est que Moché sera un jour puni à cause des eaux de Mériva (Bamidbar 20,7-13) [et que celles du Nil vont au contraire aider Moché à pouvoir sauver les juifs]

<----------->

-> Le Kéhilat Its'hak apporte une autre explication.

Selon la Torah, il est clair que l'Egypte de l'époque était la capitale mondiale de la sorcellerie, de la magie noire et de l'illusion.
En souhaitant la mort des nouveaux nés, Pharaon avait peur que les juifs créent de faux bébés par la magie, qu'ils tueraient en les faisant passer pour des vrais.

Selon nos Sages (Sanhédrin 67b), une chose réalisée à partir de la magie retourne à son état d'origine, lorsqu'elle est placée dans de l'eau ou sur un plan d'eau.

La guémara rapporte l'histoire de rabbi Ziri, se déroulant 1700 années après notre esclavage en Egypte.
Il a acheté un âne dans la ville égyptienne d'Alexandrie, sans savoir qu'il avait été créé par le biais de la magie.
Lorsqu'il est arrivé à un point d'eau, afin de donner de l'eau à boire à son âne, celui-ci est redevenu une planche de bois sur laquelle avait été jetée un sort pour la transformer en un animal.

=> On comprend mieux le choix de Pharaon, dirigeant de la capitale mondiale de la sorcellerie, qui voulait être sûr à 100% de la mort des nouveaux-nés juifs.

<----------->

-> "Pharaon ordonna à tout son peuple en disant (lémor)" (1,22)

Le terme "lémor" (en disant - לֵאמֹר) nous enseigne que ce n’était pas aux égyptiens de jeter les enfants dans le Nil, mais qu’ils devaient donner l'ordre à chaque juif d'y jeter ses propres fils.
La raison en est que les astrologues égyptiens avaient vu que le sauveur des juifs serait frappé par l’eau, et par quelqu’un de son propre peuple.
C’est pourquoi Pharaon a décrété que les juifs devaient eux-mêmes le jeter dans le Nil.
C’est d’ailleurs ce qui s’est passé, qutand Yo'hévet y a jeté son fils Moché.
[Ohr ha'Haïm haKadoch]

<--->

-> "Tout garçon qui naîtrait, vous le jetterez dans le Nil, et toute fille vous la laisserez vivre" (Chémot 1,22)

=> On peut se demander pourquoi le fait de laisser vivre les filles, fait partie du décret (de tuer les garçons). Pourquoi dans l'énoncé, apparaissent les termes "et toute fille vous la laisserez vivre"? Si on ne tue pas les filles, elles vivront automatiquement.

En fait, les égyptiens ont fait le calcul suivant. Si on décrète de tuer les garçons et les filles, alors les juifs cesseront d'avoir des enfants, sachant qu'ils seraient fatalement jetés dans le Nil. Et si aucun enfant ne naissait, alors aucun ne serait tué.
C'est ainsi que les égyptiens ont décrété que les filles vivraient. Et les juifs continueraient à croître et à se multiplier, dans l'espoir de donner naissance à des filles. Forcément, des garçons naîtront aussi et ils pourront être tués.
Dans leur perversité, les égyptiens ont laissé vivre les filles dans le but de pouvoir tuer les garçons. Le fait d'épargner les filles est donc une partie intégrante de ce mauvais décret.
[Ben Ich 'Haï]

"Hachem a récompensé les sages-femmes et le peuple s’est multiplié" (Chémot 1,20)

En quoi le fait que le peuple se soit multiplié est une récompense pour les sages-femmes ? Est-ce que cela les concerne directement?

En fait, nos Sages disent que la récompense de la mitsva c’est la mitsva.
Cela signifie que quand un homme accomplie une mitsva, Hachem le récompense en lui donnant la possibilité de réaliser d’autres mitsvot qui lui ressemblent.

Ainsi, les sages-femmes ont accompli la mitsva de sauver les enfants juifs, et Hachem les a donc récompensées en multipliant le peuple pour qu'elles aient encore beaucoup d'opportunités d'accomplir cette grande mitsva de sauver les bébés juifs.

[le ‘Hatam Sofer]

<------------------------------>

-> Selon le Or ha'Haïm, une personne est récompensée non seulement pour la réalisation d'une bonne action, mais également pour les conséquences indirectes.
Ainsi, plus il y avait de naissances, plus il y a une descendance nombreuse grâce à elle, sur laquelle elles vont recevoir indirectement une récompense pour les bonnes actions réalisées dans le futur par toutes ces personnes.
-> Nos Sages (guémara Sotah 11a ; Sanhédrin 100b) disent que Hachem récompense 500 fois plus puissamment qu'Il ne punit.

Les élèves de Rabbi Méïr rapportent les propos d'Hachem : "Elle est méritoire la confiance qu'ils (les juifs) ont eu envers Moi, assurés que Je diviserai la mer pour eux.

Ils n'ont même pas demandé à Moché : "Comment pouvons-nous sortir vers le désert, sans nourriture pour la route?"
Mais ils ont eu confiance et ont suivi Moché."

[midrach Yalkout Chimoni - Chémot 233]

<--------------------------------------------->

+ "Hachem dit à Moché : Pourquoi m'implores-tu? Ordonne aux enfants d'Israël de se mettre en marche." (Béchala'h 14,15)

-> Le rav 'Haïm de Volozhin (Néfech ha'Haïm Portique.1 chap.9) :
"Si les hommes se montrent à la hauteur de la émouna et de la confiance qu'on attend d'eux, s'ils se mettent en marche droit vers la mer sans crainte et en toute sérénité, la force de leur conviction que la mer peut s'ouvrir devant eux suscitera une réaction dans le Ciel, qui donnera corps au miracle et à l'ouverture de la mer"

=> Une confiance absolue en D. est le garant de l'accomplissement du miracle dans lequel l'homme place son espoir.

 

-> "Par quel mérite les juifs purent-ils assister aux miracles et chanter le Cantique de la Mer?
Par le mérite de la foi dont ils avaient auparavant fait preuve."
[midrach Chémot rabba 22,3]

Celui qui surmonte son yétser ara dans une épreuve impliquant des relations interdites verra briller au-dessus de sa tête une grande lumière qui, dans les générations précédentes, pouvait être vue par les personnes qui l'entouraient.
Cette lumière spirituelle n'est autre que la Chékhina d'Hachem reposant sur lui, en témoignage de sa grande réussite à survivre à une épreuve et à apporter une révélation d'Hachem dans le monde.
['Hafets 'Haïm - Nid'hé Israël - chap.23 - sur la guémara Sanhédrin 31b]

-> Cela explique également l'enseignement de nombreux Sages, selon lesquels si l'on a réussi à détourner le regard d'une femme mal habillée, ce moment est propice pour demander ce que l'on veut à Hachem et pour voir sa demande exaucée. Comme il vient d'accomplir le but pour lequel Hachem l'a créé, il est compréhensible qu'à ce moment-là, Hachem soit prêt à le récompenser en conséquence.

"Si les hommes connaissaient l'amour que porte D. au peuple d'Israël, ils Le chercheraient en rugissant comme des lions."

[Zohar - Chémot 5b]

"L'âme du peuple juif est sa sainte Torah, et son corps est la terre d'Israël.
[...]
La terre d'Israël sans Torah n'est qu'un bout de terrain, un corps sans âme ; seuls les 2 réunis en un, sont bons."

['Hafets 'Haïm al haTorah - paracha Bo]

"Si un juif n'a pas été vigilant, de son vivant, quant à ce que ses yeux regardaient et qu'il s'est autorisé à porter son regard sur ce que la Torah interdit, il doit savoir clairement que dans le monde futur il sera comme un aveugle et ne pourra contempler la lumière divine.
[...]
Nos Sages enseignent : si l'homme se sanctifie un peu, alors D. le sanctifie beaucoup ...
Lorsque Hachem voit qu'un homme fait un peu plier son yétser ara et tend légèrement vers la sainteté, Il lui envoie un abondant flux de sainteté.
[...]
Lorsque l'homme se sanctifie dans ce monde-ci, alors D. le sanctifie dans le monde futur : au moment où il monte au ciel et doit se tenir devant le trône divin, on le revêt des vêtements splendides et fastueux de la sainteté."

[le 'Hafets 'Haïm - Chmirat haLachon - 2e partie]

<---------------------->

-> Le 'Hafets 'Haïm ne portait pas de lunettes bien qu'il ait la vue basse, et il disait à ce sujet : "Que gagnerai-je à voir de loin?"

-> "Le roi David priait pour que ses yeux ne voient pas des choses vaines ...
Les pensées et les actes de l'homme sont influencés par ce que ses yeux voient, en bien ou en mal, car l’œil voit, le cœur désire et les membres commettent la faute.
[...]
A l'opposé, voir une bonne chose influence vers le bien, créé une envie de se calquer sur ce modèle ...
C'est la raison pour laquelle, en ce qui concerne l'accomplissement des mitsvot, nos Sages enjoignent : "C'est mon D. et je l'embellirai" (Béchala'h 15,2) : apporte un soin esthétique à leur réalisation, décore ta Soucca, procure-toi un beau Shofar, un beau Loulav, de beaux tsitsit, car tout ce qui ravit le regard influence la conduite de l'homme, en bien comme en mal."

[hé'Hafets 'Haïm 'hayav vépaolo]

"L'homme se définit comme un être en mouvement, car il doit continuellement s'élever d'un degré à l'autre.

Et s'il cesse de s'élever, il régressera fatalement, car il est impossible de stagner.
C'est en ce sens qu'il est dit :"Le chemin de la vie se dirige vers les hauteurs" (Michlé 15,24), car seul ce chemin permettre à l'homme d'éviter sa perte. "

[le Gaon de Vilna]

=> Contrairement à ce que l'on a tendance à croire, il n'y a pas de moment neutre dans notre vie : soit nous visons le Ciel (Hachem), soit nous tombons vers nos pires bassesses humaines.