Aux délices de la Torah

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La jalousie envers autrui

+ La jalousie envers autrui :

-> Le rav Yonathan Eibshitz (Yaarot Dvach 1ere partie - drouch 5) explique la différence entre une faute envers son prochain (avéra ben adam la'makom) et une faute envers Hachem (avéra ben adam la'makom) en disant que lorsqu'on commet une faute contre Hachem, il est facile de regretter et de faire téchouva, mais lorsque l'on fait une faute envers son prochain, c'est beaucoup plus difficile.

Pour preuve, il note que si quelqu'un vient voir un Rav et lui dit qu'il a trouvé dans sa maison de la nourriture taréf (non cashère) ou du 'hametz à Pessa'h, et que le Rav lui dit qu'il doit s'en débarrasser immédiatement, il obéira à la décision, même s'il s'agit d'une perte monétaire importante. Il remerciera même le Rav de lui avoir évité une transgression.
Cependant, si une personne emmène son prochain à un din Torah et que les Dayanim décident qu'il doit payer 100 euros, elle n'appréciera pas cette décision et détestera les juges pour l'avoir fait payer.
Une personne n'est pas aussi bouleversée par le fait que de l'argent soit perdu que par le fait que de l'argent soit donné à son prochain, car elle deviendra jalouse de son prochain et lui en voudra pour l'argent.

Les Baalé Moussar écrivent que tel était l'état d'esprit d'Essav. Il ne se souciait pas vraiment des bénédictions qu'il avait perdus, et il aurait été satisfait de la bénédiction qu'il avait reçue de "vivre par l'épée" (Toldot 27,40). Mais : "Essav prit Yaakov en haine à cause de la bénédiction que son père lui avait donnée" (Toldot 27,41) = La seule raison pour laquelle il était contrarié était que Yaakov avait pris les bénédictions et qu'il était jaloux de lui.

On raconte que deux marchands vinrent un jour voir le rav 'Haïm Soloveitchik, le rav de Brisk, pour un din Torah. Après qu'ils eurent tous deux exposé leurs revendications, le rav de Brisk trancha en faveur de l'un d'entre eux, et l'autre marchand se mit en colère et cria que la décision était erronée.
Le rav de Brisk resta ferme et ordonna à l'homme de suivre sa décision. Après le départ de l'homme, rav 'Haïm demanda aux personnes présentes dans la salle : "Comment se fait-il que lorsqu'un rav décide qu'une vache valant des milliers de dollars est taréf, la décision est acceptée sans discussion, mais que lorsqu'un rav rend une décision contre quelqu'un dans un din Torah, même s'il ne s'agit que d'une petite somme d'argent, la décision n'est pas acceptée et la partie perdante pleure et se plaint?"

Personne n'ayant donné de réponse, le rav de Brisk dit : Je vais vous l'expliquer. La midda de la jalousie obscurcit l'esprit d'une personne. Une personne est prête à perdre des milliers de dollars tant que personne d'autre ne reçoit cet argent. Mais si quelqu'un d'autre prend son argent, il ne peut pas le supporter.

Il a utilisé cette idée pour expliquer le verset (Béréchit 4,6) qui dit qu'Hachem a demandé à Kayin : "Pourquoi es-tu contrarié?" Quelle était la question? Kayin était contrarié parce qu'Hachem n'avait pas accepté son korban. Que demandait Hachem?
La réponse est qu'Hachem demandait à Kayin s'il était vraiment contrarié que son offrande ait été rejetée, ou s'il était contrarié parce que celle de Hevel avait été acceptée.

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-> Rav Eliezer dit que la meilleure midda est d'avoir un "ayin tova" (Pirké Avot 2,12).

-> Rabbénou Yona explique que cela signifie le trait de générosité.
La raison pour laquelle il s'agit d'une si bonne midda est qu'une personne généreuse qui a un "bon œil" et voit le bien chez les autres sera digne d'acquérir toutes les autres bonnes middot.

"La téchouva, le retour vers Hachem, non seulement expie les fautes, mais encore transforme l'homme en une réalité différente : il devient un homme nouveau, il n'est plus le même."

[Le 'Hafets 'Haïm]

"J'ai fait un séjour auprès de Lavan" (Vayichla'h 32,5)

-> Rachi donne 2 explications sur "j'ai fait un séjour" (garti) :

1°/ ce mot est en lien avec "gèr" (un étranger).
Yaakov voulait dire à Essav : "Je ne suis devenu ni un prince, ni un notable, mais je suis resté un simple étranger. Tu n'as donc pas besoin de me haïr à cause de la bénédiction que mon père m'a donné ("Sois un chef pour tes frères" - Toldot 27,29), puisqu'elle ne s'est pas réalisée"

2°/ La valeur numérique de 'garti' (גרתי) est la même que : tariyag (תריג), soit 613.
Yaakov insinuait ceci : "Bien que "j'ai fait un séjour auprès de Lavan", j'ai observé (shamarti) les 613 commandements de D. (mitsvot), et je n'ai pas suivi ses voies corrompues".

-> Pourquoi Rachi a-t-il besoin de rapporter 2 explications? De plus quel est l’intérêt de dire à Essav qu’il a respecté les 613 mitsvot?

Le Noam Elimelekh donne la réponse suivante :
En fait, Yaakov a demandé aux anges qu'il a envoyés chez Essav, que quand il lui dira qu’il n’est resté qu’étranger et qu’il ne doit donc pas le haïr (1ère explication de Rachi), en même temps ils se tourneront vers Hachem et par le même mot (Garti), ils Lui adresseront un message selon lequel Yaakov a respecté les 613 mitsvot (2ème explication de Rachi) et qu’il mérite Son aide.

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-> "J’ai guerroyé" (tagri - תגרי) contre Lavan (je suis donc un homme de guerre duquel tu devrais avoir peur) [Baal Hatourim].

-> Lavan désigne le yétser ara. Yaakov a contraint son yétser ara à servir Hachem.
C’est l’allusion contenu dans les termes : עִם-לָבָן גַּרְתִּי (J’ai résidé dans le Service Divin avec ‘Lavan לבן ’ [l’impie נבל Naval - le yétser ara])" [Noam Elimélékh].

-> Yaakov voulait retirer du cœur d’Essav toute forme de jalousie et de haine. Il voulait lui indiquer que la bénédiction qu’il reçut de son père ne s’était pas réalisée.
Ainsi, lui dévoila-t-il qu’il avait accompli les "613 mitsvot" chez Lavan tout en lui envoyant de nombreux cadeaux. Il voulait ainsi lui signifier que sa Torah n’était pas Lichma (désintéressée), puisqu’il avait pu s’enrichir ; Essav n’avait donc pas à s’inquiéter, car seule la Torah Lichma pouvait rendre invincible Yaakov et lui assurer la bénédiction de son père.
[Maor Vachémech]

-> "Garti גַּרְתִּי (J’ai séjourné)" = c’est-à-dire, explique Rachi : "Je suis resté étranger גֵּר (Guer)», car pour Yaakov la réalité matérielle (le Monde de Lavan) n’est que superficielle. Mieux encore, on ne peut conférer de
véritable existence à ce Monde que par l’accomplissement des mitsvot (GaRTI = TaRIaG = 613).
Enfin, c’est par l’intermédiaire de l’accomplissement des "613 mitsvot" que l’on récupère les "étincelles de sainteté", cachées dans la matière, et considérées comme Guérim (convertis)
[Sfat Emet]

-> Rachi commente : "Tout en séjournant chez Lavan le racha, j’ai continué d’observer les 613 תַרְיָג Commandements et je n’ai pas suivi ses mauvais exemples". Yaakov s’est plaint : J’ai certes observé les "613 mitsvot" mais je n’ai pas appris de Lavan à accomplir les Commandements avec un enthousiasme et un dévouement semblable au sien lorsqu’il commet ses mauvaises actions.
[rabbi Meïr Shapiro de Lublin]

-> Yaakov craignait qu’Essav ne soit protégé par le mérite de la mitsva de résider en Erets Israël (Midrach).
Yaakov demanda donc que l’on dise à Essav: Il est vrai que toi tu as accompli la mitsva d’habiter en terre d'Israël mais moi, "J’ai séjourné chez Lavan" : J’ai constamment lutté contre Lavan pour éduquer mes enfants dans le respect du judaïsme authentique.
Contrairement à toi, je n’ai pas accompli une seule Mitsva mais "j’ai observé les 613 תַרְיָג Commandements".
J’ai implanté en mes enfants la Connaissance de D. et le désir d’observer toutes les mistvot de la Torah.
Il ne faut donc pas me reprocher d’avoir délaissé la mitsva d’habiter en terre d'Israël.
[Avné Ezel]

-> Yaakov a voulu transmettre à son frère le message suivant: "Ne croit pas Essav que nous allons disparaître en Galout (exil), et en particulier dans l’Exil d’Edom. Au contraire, tant que nous n’avons pas réparé nos fautes, l’Exil (Garti גַּרְתִּי – ‘je suis étranger’), et les mitsvot (Tariag – תַרְיָג 613) sont notre survie.
[Divré Yoël]

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-> Yaakov fait comprendre à son frère Essav : Le mot mitsva (מצוה) a la même guématria que le mot : mal'akhim (des anges - מלאכים), parce que du fait que j'ai observé les 613 mitsvot en me donnant du mal, je suis certain que tu ne peux rien contre moi.

[chaque mitsva créé un ange qui vient nous défendre, et plus notre réalisation de la mitsva est de qualité (avec de l'intention, de la joie, faite la loi juive le demande, ...), plus l'ange a une apparence qui est complète. Ainsi, les anges relatifs aux mitsvot qu'a pu faire Yaakov témoignent de la perfection des 613 mitsvot ("im Lavan garti") qu'il a pu accomplir!]

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+ Comment est-ce que Yaakov a-t-il pu accomplir toutes les mitsvot chez Lavan?
Certaines ne peuvent pas y être réalisées.
Par exemple : les mitsvot liées à l'agriculture en Israël (Yaakov étant en dehors du pays), le respect des parents (ayant quitté ses parents), celles liées au Temple (qui n'était alors pas construit), ...

-> Selon la guémara (Ména'hot 110a), si nous étudions les parties de la Torah discutant des korbanot, cela nous est considéré comme si nous avions amené des sacrifices.

Cette idée s'est appliquée à Yaakov : ayant étudié toute la Torah, qui discute de toutes les mitsvot, il a ainsi été considéré comme ayant accompli l'ensemble des 613 mitsvot.
[le Divré David]

De façon similaire, le 'Hida (Pné David) explique : Yaakov étudiait ce que dit la Torah pour chaque mitsva, or l'étude est considéré comme un acte, étant donné qu'il était prête à accomplir, il ne manquait que la réalité.
"J'ai observé les 613 mitsvot" = cela signifie : j'ai observé pour voir quand j'aurais l'occasion de faire chaque mitsva, afin de pouvoir alors l'accomplir. J'ai également appris les règles générales, les détails et les secrets de tout ce qui les concerne, et cela m'a été compté comme l'acte lui-même.

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-> On a pu voir que selon la 2e explication de Rachi, Yaakov insinuait à Essav : "Bien que "j'ai fait un séjour auprès de Lavan", j'ai observé les 613 commandements de D., et je n'ai pas suivi ses voies corrompues".

"et je n'ai pas suivi ses voies corrompues" se dit dans le verset : vélo lamadti mimaashav ara'im.
Le Arougat haBossem enseigne que nous pouvons également comprendre les paroles de Yaakov ainsi :
J'ai vécu auprès de Lavan et j'ai gardé les 613 mitsvot.
Néanmoins, j'ai peur d'Essav, du yétser ara, car "vélo lamadti" : je n'ai pas étudié assez de Torah, et ce en raison de "mimaashav ara'im" : des mauvais actes de Lavan.
En effet, Lavan trompait sans cesse Yaakov, ce qui impliquait que Yaakov travaillait plus longtemps et plus durement, qu'il n'avait pas un instant de répit, et il ne pouvait plus se consacrer à l'étude de la Torah comme il le désirait ...
Si ce n'était la malhonnêteté de Lavan, Yaakov aurait pu se dévouer à l'étude de la Torah, et il n'aurait pas eu besoin de tant s'humilier devant Essav, car lorsque la voix de Yaakov est entendue alors les mains d'Essav n'ont aucun pouvoir ...

-> Essav dit en son cœur : Puissent les jours de deuil de mon père approcher et je tuerai mon frère Yaakov" (Toldot 27,41)
Le Kli Yakar explique : "Un endeuillé ne doit pas étudier la Torah ... Essav dit qu'il souhaitait tuer Yaakov lorsque ce dernier serait en deuil pour son père, car alors il ne serait pas en train d'étudier la Torah. Puisque la Torah ne le protégera pas, il serait alors capable de le tuer."

Le Beit Israël précise que bien qu'un endeuillé peut étudier les lois liées au deuil, ce que Yaakov pouvait sûrement faire, mais cependant cela est une étude de Torah sans joie, et une telle Torah n'est pas suffisante pour protéger d'Essav.
En effet, ce n'est que lorsque nous étudions avec joie et d'un cœur heureux que nous sommes protégés de l'influence d'Essav et du yétser ara.

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-> Le 'Hatam Sofer fait remarquer que Rachi utilise : "shamarti" (j'ai observé), alors que le mot qui aurait été ici le plus approprié est : "kiyamti" (j'ai réalisé).

Que vient nous apprendre l'utilisation de ce terme?

Le mot : "shamarti", peut signifier également : "J'ai attendu".
Par exemple : "shamar ét adavar", que Rachi commente : "Yaakov a attendu [avec impatience] en espérant que [le rêve de Yossef] se réaliserait" (Vayéchev 37,11).

Le 'Hatam Sofer de dire que Yaakov a réalisé toutes les mitsvot qu'ils pouvaient faire chez Lavan, et pour les autres, il attendait avec une grande impatience de pouvoir les accomplir.
Par exemple, il était impatient de revenir en Israël afin d'honorer ses parents et afin d'accompdilir les mitsvot liées à cette terre.

=> Yaakov a prévenu son frère, que par son désir intense (shamar) de faire toutes les mitsvot, il était crédité du mérite des 613 mitsvot.

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Cet enseignement du 'Hatam Sofer, donne une nouvelle compréhension d'un : "shomer Shabbath".

Ce n'est pas seulement une personne qui observe les lois relatives à ce jour, c'est surtout un état d'esprit où l'on attend avec grande impatience son arrivée, et ce à tout moment de la semaine.

Il ne suffit pas d'être un bon juif techniquement, il faut aussi y mettre son cœur, au point d'attendre avec impatience l'accomplissement des mitsvot, la volonté de Hachem.
[shomer mitsvot]

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-> "J'ai observé (shamarti) les 613 commandements de D. (mitsvot), et je n'ai pas suivi ses voies corrompues" (Rachi - Vayichla'h 32,5)

Si Yaakov a observé les 613 mitsvot, c'est évident qu'il n'a pas suivi les voies de Lavan.
Pourquoi cette répétition de Rachi?

Une personne peut accomplir toutes les mitsvot de la Torah, mais peut en même temps baigner dans la culture non-juive environnante.
Certes, nous devons avoir une technicité extérieure juive, mais nous devons surtout avoir un état d'esprit, une vécu intérieur juif.
Il ne faut pas être un non-juif, qui s'habille en juif (des mitsvot en apparence)

A l'image de Yaakov, on doit se sentir étranger (guèr), comme de passage dans ce monde et ne pas donner une importance essentielle à la matérialité, comme si nous allions vivre pour l'éternité.
Il faut se sentir guèr, dans le sens où nous aspirons à la terre d'Israël, à l'époque de la venue du machia'h où nous pourrons alors pleinement accomplir toutes les mitsvot et bénéficier d'une énorme proximité avec Hachem.
A l'inverse, nous ne devons pas être étranger aux mitsvot, mais les aimer et les rechercher avidement d'un cœur entier.

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-> D'une façon similaire, le rav Mikaël Mouyal enseigne :
Le Service d'Hachem, ce n'est pas seulement l'accomplissement pratique des mitsvot, uniquement dans des actes. C'est aussi tout un état d'esprit et de ressentie. Servir Hachem, c'est tout d'abord savoir que l'essentiel du but d'un homme sur terre est de se rapprocher de Lui. Ce n'est pas de se plaire dans ce monde en recherchant confort, plaisir et honneurs. Un juif doit savoir que la seule occupation qui ait une véritable importance, c'est le service d'Hachem. Tout le reste est insignifiant en comparaison.
De plus, il s'agit aussi de savoir que Hachem est le Seul Dirigeant. Aucun événement sur terre ne vient par hasard, ni de façon naturelle, ou en conséquence de l'effort de l'homme. Tous ces paramètres ne sont là que pour masquer le miracle. Hachem "habille" Ses miracles par une apparence naturelle, mais en réalité, Seule Sa Volonté ne se réalise.
D'autre part, servir Hachem c'est aussi accomplir les mitsvot dans le but de s'attacher à Hachem et chercher à Lui faire plaisir de tous les moyens possibles. Il ne s'agit pas de se contenter d'accomplir les mitsvot pour s'acquitter de son devoir et avoir bonne conscience, ne rien avoir à se reprocher.
Le service d'Hachem exige de la profondeur, de l'amour et de la crainte d'Hachem et rechercher les mitsvot comme on se précipiterait au devant d'un trésor. Tout cet état d'esprit fait partie intégrante du Service d'Hachem.

Malheureusement, la vision du monde des non juifs, représentée par Lavan, va à l'encontre de toute cette approche. Ainsi, un juif peut tout à fait accomplir toutes les mitsvot dans le détail de la Halakha. Et en même temps, vivre avec l'état d'esprit et la vision de vie de Lavan et des peuples qui l'entourent.
Aussi, Yaakov a trouvé nécessaire de préciser qu'en plus d'avoir respecté les mitsvot, il a aussi réussi à se préserver de l'influence de Lavan ... "Je n'ai pas appris de ses mauvais comportements".

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-> Yaakov se plaint de ce que même en ayant habité avec Lavan, et ayant vu la "dévotion" et la "ferveur" qu'il mettait à commettre toutes les fautes possibles, il n'a pas appris de lui les mitsvot avec un enthousiasme semblable.

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-> Le rabbin Rav Zouché (cité dans Torat haRemez) cite également le Rachi selon lequel Yaakov a dit qu'il avait observé les 613 mitsvot et demande pourquoi il est nécessaire de dire cela.
Quelqu'un pourrait-il penser que Yaakov n'a pas observé toutes les mitsvot?

Il répond en citant une explication donnée au nom des élèves du Baal Chem Tov sur le verset : "De mes ennemis, je suis devenu sage en ce qui concerne Tes mitsvot" (Téhilim 119,98).
Ils expliquent que des ennemis de la Torah, on peut apprendre à servir Hachem. Nous pouvons voir comment ils courent après leurs désirs terrestres avec enthousiasme et excitation, et apprendre que nous devrions avoir la même quantité d'enthousiasme pour servir Hachem.
De plus, lorsque nous voyons les mauvaises choses qu'ils font, nous pouvons apprendre comment ne pas agir.

Yaakov, cependant, était à un tel niveau de spiritualité qu'il comprenait tout cela par lui-même. Il savait comment servir Hachem correctement et n'avait pas besoin d'apprendre des leçons de sources extérieures. Il n'avait pas besoin de voir les voies de Lavan pour comprendre les voies d'Hachem.

Le verset nous dit que Yaakov a vécu avec Lavan mais qu'il n'a pas eu besoin d'apprendre quoi que ce soit de lui parce qu'il était capable de tout voir à partir des mitsvot de la Torah elles-mêmes.

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-> "Im Lavan garti" (j'ai vécu avec Lavan - עִם לָבָן גַּרְתִּי) : les dernières lettres ont une guématria de 100, pour nous enseigner que Yaakov a veillé à prononcer 100 bénédictions par jour.

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-> Rachi : "J'ai habité avec Lavan, j'ai observé 613 mitsvot, et je n'ai pas appris de ses mauvaises actions".

=> Le Beit Its'hak demande : Yaakov fait passer à Essav un message disant qu'il a observé 613 mitsvot avec abnégation. Est-ce qu'Essav est le Grand rabbin? En quel sens lui fait-il part de cette information?

Il répond : Rachi dit que Yaakov s'était préparé à 3 choses : offrir des cadeaux, prier ou se battre.
Le cadeau signifie : Je veux trouver grâce à tes yeux. Je ne suis pas intéressé à combattre, j'ai des bœufs et des ânes et je peux t'en donner.
Mais Yaakov lui annonce : J'ai observé 613 mitsvot, et là-dessus je ne céderai rien, même pour trouver grâce à tes yeux. Si la paix dépend du fait que je cesse d'observer les mitsvot, alors il n'y aura pas de paix.

-> Le rabbi Moché Feinstein répond de manière similaire : Yaakov a dit en préambule à Essav : Je suis quelqu'un qui observe les mitsvot, si tu veux faire la paix avec moi à cette condition, c'est parfait, mais si pour toi la paix veut dire que nous fusionnons, il n'en est pas question.

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-> Quelle importance cela avait-il aux yeux d'Essav?
Le message indiquant son respect des 613 mitsvot étaient destiné aux anges, qui devaient l'apporter à l'ange gardien d'Essav. Ces anges devaient également prier D. qu'il protège Yaakov de son frère.
[...]

Yaakov envoya des anges pour une raison supplémentaire. Dans la paracha Toldot, on peut voir que Its'hak devint aveugle parce que les anges avaient pleuré quand il se trouvait attaché sur l'autel [de la Akéda Its'hak] et que leurs larmes étaient tombées dans ses yeux.
Essav n'aurait pu revendiquer les bénédictions sans cet incident. Yaakov aurait pu dire : "Si D. ne désirait pas que je reçoive les bénédictions, pourquoi a-t-il provoqué la cécité d'Its'hak?"
Mais Essav disposait d'un autre argument de poids : "Pourquoi m'as-tu devancé en apportant la nourriture à notre père? Alors que c'est à moi qu'il l'avait demandée!"
[C'est pourquoi] Yaakov envoya des anges au-devant de l'ange gardien d'Essav. Il s'agissait des mêmes anges qui avaient pleuré lors de la Akéda.
[Méam Loez - Vayétsé 32,5-6]

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-> "20 ans que je [Yaakov] suis avec toi [Lavan] ... j'étais le jour la chaleur torride me consumait, et le gel pendant la nuit" (Vayétsé 31,38-40)

-> Le Divré 'Haïm demande : pourquoi Yaakov n'est-il pas entré dans la maison de Lavan, et ainsi être protégé des éléments gênants : du grand chaud, du grand froid.

Il répond : Yaakov n'entrait jamais dans la maison de Lavan.
Certes il a travaillé pour Lavan pendant 20 années, certes il était son beau fils, mais il préférait souffrir plutôt que d'entrer dans la maison de Lavan, comme précaution pour ne pas être influencé par Lavan.

[on apprend de là l'importance de maintenir une distance de sécurité spirituelle avec les mauvaises influences, aucun que possible]

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-> "[Yaakov] nomma l'endroit El Beit El, car c'est là que D. s'était révélé à lui tandis qu'il fuyait devant son frère" (Vayichla'h 35,7)

Le verset souligne que Hachem s'est révélé à Yaakov lorsqu'il fuyait son frère Essav.
Le Beit Israël apprend de là qu'à chaque fois que nous fuyons le yétser ara et les mauvaises influences, alors nous méritons que Hachem se révèle à nous.

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+ "J'ai séjourné auprès de Lavan ... j'ai acquis bœufs et ânes, menu bétail, serviteurs et servantes" (Vayichl'ah 32,5-6)

-> Selon le Atéret Tsvi, Yaakov fait comprendre en allusion à Essav qu'il ne devrait pas essayer de lui nuire, car sinon il en sortira gagnant.
C'est ainsi que Lavan l'a beaucoup harcelé, et en conséquence des tourments il a obtenu une immense richesse : bœufs et ânes, menu bétail, ...
"Ainsi, si Essav, tu me déteste véritablement, il serait plus intelligent de ne pas me causer d'ennuis, car je ne ferai que gagner de mes soucis".

-> Une personne doit toujours être parmi ceux qui sont poursuivis (persécutés), et non parmi ceux qui poursuivent (persécutent).
[Rabbi Abahou - guémara Baba Kama 93a]

Cette règle est tellement forte que nos Sages (midrach Vayikra rabba 27,5) affirment que même si un tsadik pourchasse un racha, Hachem portera assistance au racha, par le fait que c’est lui qui est persécuté.
[ainsi on a beau avoir de très bonnes raisons, mais le fait de persécuter quelqu'un va mettre Hachem du côté opposé!]

=> Yaakov disait à Essav, plus tu fais de moi un persécuté, plus j'aurai Hachem de mon côté qui viendra m'aider et me couvrir de bénédictions. Alors, si vraiment tu me détestes, je te conseille de ne pas m'attaquer.

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-> "J'ai fait un séjour (garti) auprès de Lavan" (Vayichla'h 32,5)

-> Une explication de Rachi est : La valeur numérique de 'garti' (גרתי) est la même que : tariyag (תריג), soit 613.
Yaakov insinuait ceci : "Bien que "j'ai fait un séjour auprès de Lavan", j'ai observé (shamarti) les 613 commandements de D. (mitsvot), et je n'ai pas suivi ses voies corrompues".

-> Rabbi 'Haïm Vital (Chaaré Kédochim) dit que par l'intermédiaire des mitsvot positives, l'homme nourrit ses 248 membres de vitalité, tandis que par l'intermédiaire des 365 mitsvot négatives, l'homme nourrit ses 365 nerfs de vitalité.
Il se trouve donc que lorsque l'homme accomplit 613 mitsvot, il préserve et sauvegarde son corps.
Nos Sages (guémara Shabbath 49a) enseignent : "L'assemblée d'Israël est comparée à une colombe. De même que les ailes de la colombe la protègent, de même les Bné Israël sont protégés par les mitsvot qu'ils accomplissent".

=> C'est le sens des paroles de Yaakov à son frère Essav : "Tu ne peux pas m'atteindre car j'accomplis les 613 mitsvot qui me protègent, de plus je les ai observés dans la difficulté et dans l'épreuve car j'ai séjourné chez Lavan durant 20 ans" [ce qui en accroît bien davantage la valeur et la force de protection].

"Un homme lutta avec lui [Yaakov], jusqu'au lever de l'aube" (Vayichla'h 32,25)

-> Rachi explique : "il lutta" (וַיֵּאָבֵק), de 2 façons :

1°/ ce verbe se traduit par : "il souleva de la poussière", du mot avak ("poussière").
Car ils faisaient jaillir, par leurs mouvements, de la poussière sous leurs pieds.

2°/ ce verbe signifie : "il s’enlaça (dans un corps à corps)", comme en araméen : "après s’être attaché (avikou)" (Sanhèdrin 63b) ou bien : "il s’y fixa (véavik) comme avec un nœud" (Mena‘hot 42a).
Lorsque 2 personnes luttent à qui fera tomber l’autre, elles s’enlacent et se serrent dans les bras l’une de l’autre.

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-> Le 'Hatam Sofer dit que ces 2 explications correspondent aux 2 moyens qu'utilisent les goyim pour nous faire du mal.

Parfois, elles cherchent à faire du mal au peuple juif en utilisant une attaque physique, en cherchant à nous réduire en poussière.
A d'autres moments, les goyim vont chercher à nous nuire en nous enlaçant, afin que nous renonçons à notre sainteté, et que nous nous assimilions.
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-> "Sauve-moi, je t’en prie, des mains de mon frère, des mains d’Essav" (Vayichla'h 32,12)
=> Pourquoi cette redondance quand il parle d’Essav? Yaacov aurait dû dire "Sauve-moi des mains d’Essav", ou bien « Sauve-moi des mains de mon frère ». Pourquoi les deux éléments sont-ils nécessaires?

-> Le Beit haLévi explique que Yaakov redoutait deux dangers différents présentés par Essav. L’un en tant qu’Essav qui agit comme un ennemi et qui menace donc sa survie physique. Et l’autre était qu’Essav se comporte fraternellement à l’égard de Yaakov.
En quoi son amabilité est-elle nuisible? Yaakov ne voulait pas qu’Essav influence négativement les membres de sa famille à travers des relations amicales.

Pourquoi Essav est-il dénommé : "frère" et également "Essav"?
Car les juifs en exil devront affronter ces 2 faces d'Essav.
Dans certains exils, les nations nous traitent comme Essav, en voulant nous tuer.
Et dans d'autres, les nations viennent vers nous comme "frère", cherchant à nous attirer vers lui afin que nous nous assimilions.

-> "Yaacov eut peur et était anxieux" (Vayichla'h 32,8)
=> À quoi font référence ces deux expressions similaires?
Le Beit haLévi écrit que Yaakov craignait de la possibilité qu’Essav le tue et était bouleversé du risque d’une proximité avec Essav.

La menace représentée par Essav était donc autant, si ce n’est pas plus, sur le plan spirituel que physique.
Le Beit haLévi poursuit son développement et montre que le danger était très subtil et ne portait pas sur un éloignement total d’Hachem et de la Torah de la part de Yaakov et de ses descendants.
Quand les 2 frères se rencontrèrent, le cœur d’Essav s’adoucit et il proposa à Yaakov de faire la route ensemble. Le Midrach (midrach Béréchit Rabba 78,14) élabore sur l’offre d’Essav : "Essav lui dit [à Yaakov] qu’il devait créer un partenariat entre les 2 mondes : le Olam Hazé et le Olam Habae.
Le Beit haLévi précise qu’Essav proposait qu’ils s’unissent et que chacun transige modérément sur son mode de vie. Essav était prêt à subventionner les établissements de Torah et en échange Yaakov devait renoncer quelque peu à son centre d’intérêt (la spiritualité), et s’impliquer davantage dans les activités mondaines.
Ainsi, Essav ne souhaitait pas déraciner complètement Yaakov de la Torah, mais uniquement affadir sa piété et sa dévotion dans son service d'Hachem.

-> Dans la réponse de Yaakov, nous pouvons constater qu’il perçut la menace spirituelle, plus subtile et dommageable représentée par Essav. Il lui dit : "J’ai habité chez Lavan, le mauvais, et j’ai gardé les 613 Mitsvot et je n’ai pas appris de ses mauvais comportements". (Rachi - Vayichla'h 32,5).

Le rav Its'hak Hutner souligne une redondance dans la dernière partie du message de Yaakov, qui semble superflue. S’il a observé toutes les Mmtsvot, il semble évident qu’il n’ait pas reproduit les mauvais comportements de Lavan!
En réalité, il est possible de garder les mitsvot même sous l’influence d’un personnage comme Lavan, en ayant des valeurs qui ne sont pas basées sur la Torah, mais sur le monde extérieur. Ainsi, Yaakov disait à Essav que Lavan n’avait pas du tout réussi à "édulcorer" son service d'Hachem. Aussi, il prévenait implicitement Essav qu’il ne parviendrait pas non plus à l’influencer.

-> Le rav Yehonathan Gefen ajoute :
Pour résumer, Essav ne menaçait pas seulement Yaakov d’une destruction physique, ni même d’un détachement total de la Torah. Il proposait "juste" d’affaiblir un peu son service divin, en infiltrant certaines valeurs extérieures à la Torah.
Le refus catégorique de Yaakov nous enseigne que de la même manière que nous devons nous efforcer de respecter toutes les mitsvot, nous devons également tenter de vivre selon des vertus parfaitement conformes à la Torah.

Cette leçon est particulièrement pertinente aujourd’hui, alors que la société occidentale menace tellement l’idéologie juive et la pratique des mitsvot. Chacun est confronté à un défi d’un niveau différent ...
De plus, souvent les valeurs prônées par la Torah prennent une seconde place dès qu’il s’agit de gagner de l’argent et de réussir dans les affaires ...

[notre yétser ara (Essav) nous fait croire qu'en diminuant légèrement notre pratique religieuse, il nous permettra de gagner bien davantage. Nous devons être vigilants à toujours mener notre vie selon les valeurs de Yaakov (représenté par nos Sages actuels), et non Essav (les valeurs de la société environnante, le tout le monde fait ça, ...).]

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-> Le Avnei Ezer trouve une 3e allusion à cette réalité, dans notre paracha.
La guémara ('Houlin 91a) enseigne que "l'homme" qui a combattu Yaakov, est apparu parfois comme un érudit en Torah (talmid 'hakham) ou parfois sous la forme d'un non-juif.

Le Avnei Ezer explique que cela représente les 2 moyens du yétser ara ou d'Essav, pour nous aborder.

Parfois, il va ouvertement essayer de nous faire trébucher et nous voler notre sainteté, tandis que d'autres fois, il va nous convaincre à trouver une explication rationnelle à notre comportement (frère, c'est pour ton bien!), au point qu'à nos yeux le mauvais devienne bon.

[on veut tous faire du bien (même les plus grands dictateurs), mais c'est seulement ce qui l'est en accord avec notre Torah, nos Sages, qui peut être considéré comme véritablement bon.

C'est pourquoi, le yétser ara essaie de se faire passer pour un rav reconnu : un érudit en Torah, et ce afin de nous proposer sa marchandise : sa définition du bien à lui.]

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-> "Vayar'ou otanou amitsrim" (Ki Tavo 26,6)

La traduction la plus fréquente est : 'Les égyptiens nous ont maltraités".

Cependant, le Alshich et ainsi que le 'Hatam Sofer remarquent que "vayar'ou" est lié au mot "ré'out", qui signifie : amical.

Les égyptiens savaient que l'amitié avec les juifs, en nous laissant rejoignent leur société est également une façon de :"nous maltraiter".

En effet, cela va avoir pour conséquence une attitude contraire à la Torah, qui va détruire notre spiritualité interne, éteindre notre attachement à Hachem, et conduire à une assimilation.

-> "Les égyptiens nous rendirent mauvais (vayaréou otanou hamitsrim) et nous affligèrent" (Ki Tavo 26,6)
Les égyptiens voulaient sciemment faire fauter les juifs pour les dépouiller de la protection Divine dont ces derniers jouissaient.
En effet, ils savaient que les juifs étaient invulnérables tant qu'ils observaient les lois de D.  [bénéficiant alors de sublimes mérites!]

[Kli 'Hemda (Bo) ; Kli Yakar (Chémot) - rapporté dans le Méam Loez Bo 10,1-2]

"la terre est devenue sèche" (yavcha aarets - Noa'h 8,14)

-> La valeur numérique de "yavcha aarets" (יָבְשָׁה הָאָרֶץ - la terre est devenue sèche) est de : 613.
La leçon à tirer de cela est que c'est par le mérite des 613 mitsvot, que les juifs étaient destinés à recevoir dans le futur, que la terre s'est asséchée.
[Nétsa'h Israël]

"2 à 2 ils vinrent vers Noa'h dans l'arche" (Noa'h 7,9)

-> Le midrach nous dit que ce verset fait allusion aux jours durant lesquels nous lisons le Hallel en entier, en dehors d'Israël.
Rabbi Shimshon d'Ostropoli explique :
2 (שְׁנַיִם) = les 2 premiers jours de Pessa'h ;
à 2 (שְׁנַיִם) = les 2 jours de Shavouot ;
ils vinrent (baou - בָּאוּ) = mot ayant une valeur de 9 = les 9 jours de Souccot ;
vers Noa'h (él Noa'h - אֶל נֹחַ) = valeur numérique de 89 = la guématria de 'Hanoucca (חנוכה).
[Likouté Bessamim]

"Un homme lutta avec lui [Yaakov], jusqu'au lever de l'aube.
Il vit qu'il ne pouvait le vaincre et frappa au creux de sa hanche ; le creux de la hanche se luxa tandis qu'il luttait avec lui"
(Vayichla'h 32,25-26)

-> Rachi explique que l'homme en question était l'ange gardien de Essav.

-> Nous trouvons dans le 'Hochma haTorah le divré Torah suivant.
"l'aube" : cela fait allusion au moment du don de la Torah, qui a été "l'aube" de l'arrivée de la lumière spirituelle dans le monde.

L'ange (le Satan) a combattu avec Yaakov, "jusqu'au lever de l'aube", signifiant qu'il a tout fait pour empêcher que les enfants de Yaakov reçoivent la Torah.

Lorsque le Satan réalisa que : "il ne pouvait le vaincre ", il a alors tout fait pour que le peuple juif faute après avoir reçu la Torah.

Comment a-t-il réalisé cela?

"Il [le] frappa au creux de sa hanche" : durant le combat, le Satan se connecta à Yaakov.
Cela entraîna qu'une partie du Satan a été implantée en Yaakov, et cela aura pour conséquence que le érev rav a suivi le peuple juif dans le désert.

C'est ce même érev rav qui a conduit ses descendants (les juifs), à être associés à de nombreuses fautes, comme celle du veau d'or.

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+ "C'est pourquoi les enfants d'Israël ne doivent pas manger aujourd'hui encore le tendon déplacé (guid anaché)" (Vayichla'h 32,33)

-> Selon le Zohar (Vayichla'h), ce verset vient "afin d'inclure le 9 Av".

Qu'est-ce que cela signifie?

Le Shach al haTorah rapporte l'idée de la guémara (Makot 23b), que les 365 interdictions de la Torah correspondent aux 365 jours de l'année solaire.

Le Zohar (Vayichla'h) et le Targoum Yonathan ben Ouziel (Béréchit 1,27), rapportent une autre explication, en suggérant que les 365 interdictions de la Torah correspondent aux 365 nerfs principaux du corps humain.

En rapprochant ces 2 explications, nous pouvons voir une équivalence entre les interdits de la Torah, un jour spécifique de l'année, et une partie du corps humain.

Le Shach (Rabbi Shabtaï haCohen) dit que la signification du Zohar cité ci-dessus, est que le guid anaché correspond au jour du 9 Av.

Ainsi, l'interdiction de le manger, correspond à ce nerf (sciatique) et également à ce jour particulier (le 9 Av).

On peut également déduire d'ici, qu'une personne qui mange durant le jeûne du 9 Av, est considérée comme si elle avait mangé du guid anaché.

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-> Le Rimzé Rabbénou Yoël fait remarquer que le mot : גִיד (guid) a :

- un guimel (3) : renvoyant au jeûne du 3 Tichri : celui de Guédalia ;

- un youd (10) : renvoie au jeûne du 10 Tévét ;

- un dalét (4) : c'est les 4 jeûnes hors ceux liés à des fêtes (Kippour et Pourim) : 9 Av, 17 Tamouz, Guédalia, 10 Tévét ;

-> le mot :גִיד a une valeur de : 17 , renvoyant au 17 Tamouz ;

De plus, il est écrit : אֶת גִּיד הַנָּשֶׁה, le mot ét (אֶת) fait allusion à Ticha bé'Av (תשעה באב - jeûne du 9 Av) ; et c'est l'acronyme de : Taanit Esther (תענית אסתר - le jeûne d'Esther).

Ainsi, tous nos jours spécifiques de jeûne liés à notre exil se retrouvent dans l'interdiction du guid anaché.

Qu'est-ce que cela peut nous apprendre?

Cela nous enseigne que toutes nos souffrances en exil, et les jours de jeûne que cela a pu générer, proviennent du coup (matériel et spirituel), qu'a reçu Yaakov par l'ange de Essav.

Toutes nos souffrances découlent de là.

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-> Une des conséquences de cette lutte entre Yaakov et l'ange est que les juifs ne peuvent pas manger ce tendon (en partie correspondant au nerf sciatique).

-> Le Zohar dit que ce tendon est appelé : guid anaché (גִיד הַנָּשֶׁה), dont le mot : הַנָּשֶׁה, est relié au mot : נָטַשְׁתָּ, qui signifie : un oubli, un abandon.

Qu'est-ce que cela vient nous apprendre?

Cela vient nous enseigner que l'orgueil cause à une personne d'oublier Hachem, comme le dit le verset : "Alors que ton cœur s'enorgueillisse et que tu oublies Hachem ton D." (Ekev 8,14)
Selon la guémara (Sotah 5a) ce verset nous alerte à être vigilant afin d'éviter l'orgueil.

Le yétser ara essaye de nous faire devenir arrogant, orgueilleux, afin que nous en venions à oublier Hachem, ce qui est son objectif ultime.

[le Béér Moché]

Lors du combat avec Yaakov, le Satan a pu le frapper au niveau du 'guid anaché', en y laissant une blessure éternelle à ses descendants.

=> Ainsi, l'interdit que chaque juif a d'en manger, signifie que nous devons rester à l'écart de l'arrogance, qui conduit à la pire des choses : nous détacher de Hachem.

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-> Pourquoi cet ange est-t-il dénommé dans le verset : "un homme"(ich - Vayichla'h 32,25) ?

Car il a exprimé de la jalousie au sujet de Yaakov.
Puisque la jalousie est un trait de caractère humain, cet ange a été appelé : un homme.

[Shémen Afarsimon]

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-> Selon nos Sages, cet "homme" que Yaakov a combattu, était le Satan, qui est le yétser ara et l'ange gardien de Essav.

Pourquoi ne s'est-il pas aussi attaqué à Avraham et Its'hak?

Hachem nous dit : "J’ai créé le yétser ara, et J’ai créé la Torah comme antidote. Si vous étudiez la Torah, vous ne serez pas livrés dans ses mains." [guémara Kidouchin 30b]

Quelque soit notre situation spirituelle, par la lumière de la Torah, nous avons la possibilité de revenir sur le droit chemin, celui qui mène au plus proche de Hachem.

Puisque Yaakov est le Patriarche qui représente la Torah, le yéster ara n'a attaqué que lui, car il voulait retirer au peuple juif son arme la plus précieuse, la plus puissante : la Torah.

[Rav El'hanan Wasserman - Kovets Maamarim]

-> Son maître, le 'Hafets 'Haïm fait également un commentaire en ce sens.
Pourquoi est-ce que l'ange de Essav a combattu spécifiquement avec Yaakov? Pourquoi ne l'a-t-il pas fait auparavant avec Avraham ou Its'hak?

Avraham représente l'attribut de bonté (midda de 'hessed), Its'hak symbolise le service divin (la avoda), et Yaakov représente la Torah.
L'ange d'Essav pouvait tolérer la remarquable qualité de bonté, il pouvait supporter le service divin, mais il ne pouvait pas tolérer l'étude de la Torah.
Le 'Hafets 'Haïm conclut : "car la Torah est la fondation indispensable sur laquelle l'existence de la nation juive se repose. C'est pour cela que le yétser ara déclare constamment la guerre contre la Torah et ceux qui l'étudient.
Nous devons nous unir afin de mener cette guerre féroce contre lui et le vaincre!"

[comme dans toute construction, dès que les fondations sont affaiblies, tout l'édifice en paye le prix!]

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-> Le Zohar (I,171a) explique que la hanche symbolise ceux qui soutiennent la Torah. [à l'image de la hanche qui supporte tout le corps]
Quand l'ange d'Essav a compris qu'il ne pourrait pas atteindre ceux qui étudient la Torah (en faisant qu'ils délaissent leur étude), il a décidé de frapper ceux qui les soutiennent, ceux qui les aident.

[la Torah nous révèle ainsi l'immense mérite de ceux qui protègent et développent l'étude de la Torah. Ils défendent toute leur génération dans l'un des domaines où elle est le plus fragile : le seul où le yétser ara a pu frapper Yaakov.]

-> La hanche représente aussi la descendance : garante de la bonne transmission de la Torah et de nos valeurs.
C'est un domaine fragile, car malheureusement à cause de la proximité des descendants d'Essav, les juifs se laissent séduire et influencer par leur culture et leurs ambitions.
C'est ainsi que les nouvelles générations s'éloignent de l'étude de la Torah, ou du moins l'étudient avec beaucoup moins d'enthousiasme, de fierté, de joie, ...
Nous trouvons ce schéma dans la paracha : à force de proximité avec l'ange d'Essav, Yaakov reçut finalement un coup à la hanche, fragilisant ainsi une zone proche de l'endroit qui permet la descendance.
L'influence d'Essav sur les nouvelles générations (avec les avancées technologiques cette influence rentre fortement dans la maison, qui avant été un endroit préservé) est donc un autre point faible de notre génération pré-messianique.

-> Dans le Zohar (Vayichla'h 170a), nos Sages nous révèlent que l'arme qu'utilisa l'ange d'Essav (le yétser ara) pour affaiblir Yaakov est aussi cette fameuse poussière qui les entoura abondamment pendant la lutte, et qui finit par envahir le monde entier.
Le Zohar ajoute que cette poussière est différente de la terre qui peut donner des fruits : elle est plutôt comparable à de la cendre, qui n'a aucune propriété et aucune utilité.

Le Séfer miMaamakim explique que le but de l'ange d'Essav était de déstabiliser Yaakov dans son attachement aux valeurs spirituelles en essayant de l'influencer afin qu'il se rapproche de la matière. Il a tenté d'inverser les valeurs au sein du peuple juif qui allait naître de Yaakov ; il voulut donner de l'importance à tout ce qui se voit, à l'image de cette épaisse poussière, et rabaisser tout ce qui ne se voit pas, à commencer par l'effet bénéfique et constructeur de l'étude de la Torah.
En réalité, les voies d'Essav sont illusoires, et même sa précieuse poussière ne donne pas de fruit : c'est de la matière sans aucun avenir.

Cette poussière représente l'abondance matérielle, attire notre œil vers elle et nous empêche de soutenir plus intensément ceux qui étudient la Torah, car ils semblent être un investissement moins intéressant.
Nous perdons rapidement de vue que le monde ne se maintient à chaque seconde que par le souffle de ceux qui étudient, et que ceux qui les soutiennent financièrement partagent avec eux leurs mérites.
D'autre par, l'ange d'Essav s'efforce de convaincre les parents que la réussite de leurs enfants passe par l'accès à cette poussière (matérialité excessive), ce qui les éloigne finalement de l'étude de la Torah et de sa transmission.
[d'après le Néfech Yéhudi]

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-> Le corps humain est composé de 248 membres et 365 nerfs, qui correspondent aux 613 mitsvot de la Torah (248+365).

Chaque membre donne à une personne un certain niveau de force, qui dépend de la kédoucha de ce membre.
Par exemple, c'est la tête qui donne le plus de force, tandis que c'est le guid anaché qui en donne le moins.

Puisque les membres de Yaakov avaient un haut niveau de sainteté, le Satan n'a pas pu les atteindre, à l'exception du guid anaché, qui est le membre qui a le moins de kédoucha.

D'ailleurs, גִיד הַנָּשֶׁה a la même guématria que : עשו, car Essav règne sur ce membre.

[Rabbi Shalom Rokéa'h - le shar Shalom]

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-> Selon le Sforno : Tout comme Yaakov a été blessé, mais est finalement sorti vainqueur de cette lutte et capable d'accomplir des exploits encore plus grands, le peuple juif subira des défaites mais triomphera en fin de compte et inscrira à son actif des victoires et des bénédictions.

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-> A propos de l'interdiction de manger du gui hanaché (nerf sciatique), le Séfer ha'Hinoukhk écrit :
Entre autres choses, cette mitsva constitue une allusion pour les juifs que même si dans leur exil les nations et les descendants d'Essav leur infligent de nombreux tourments, ils doivent avoir confiance et ne pas se sentir perdus, car leur descendance et leur nom persistera à jamais, et viendra un sauveur qui les délivrera de la main des ennemis.
En ayant toujours cela présent à l'esprit, par la mitsva qui constituera un rappel, ils seront fermes à jamais dans leur foi et dans leur droiture.
On en trouve une allusion dans le fait que cet ange, qui a lutté avec notre père Yaakov, et qui était l'ange tutélaire d'Essav, a voulu éliminer Yaakov du monde, lui et sa descendance, et ne réussissant pas à le vaincre, il l'a blessé en lui touchant la hanche.

De même, la descendance d'Essav persécute la descendance de Yaakov, mais à la fin ils seront délivrés de leurs mains. Comme, finalement, le soleil s'est levé pour guérir Yaakov et le délivrer de la douleur, de même le soleil du machia'h se lèvera pour nous, nous guérira de nos malheurs et nous délivrera.

Le Séfer ha'Hinoukhk conclut : Cette mitsva demeure pour les juifs un rappel perpétuel de cette foi [qu'ils ne seront jamais perdus, qu'ils se maintiendront pour l'éternité, et qu'un libérateur viendra les délivrer de leurs persécuteurs].

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-> "Un homme lutta avec lui [Yaakov], jusqu'au lever de l'aube ... Il (l'ange) dit renvoie-moi car l'aube est montée"

-> Il (Yaakov) lui dit : Es-tu un voleur ou un joueur qui craint l'aube?
Il a répondu : "Je suis un ange, et depuis le jour où j'ai été créé, le moment n'était pas venu pour moi de dire le chant (chira) jusqu'à maintenant" [guémara 'Houlin 91b]

=> On apprend de là l'immense bonté de Hachem. En effet, depuis le jour où le monde a été créé, Il savait que l'ange d'Essav devrait dire la chira devant Lui uniquement ce jour-là, et ce jour-là même Il l'a fait descendre sur terre pour qu'il lutte avec Yaakov, afin de ne pas lui laisser le loisir de réfléchir avant de dire la chira, et ce afin qu'il n'aille pas accuser les juifs.
S'il avait pu réfléchir, il l'aurait certainement fait [développant et affinant un argumentaire à l'encontre des juifs].
Mais comme il est descendu, il n'a pas eu le loisir de se préparer et n'a rien pu dire du tout, parce qu'il n'avait pas bien sa prière en bouche, et ne pouvait dire que la chira.
[d'après un cours du rav David Pinto]

[combien nous devons être heureux et serein d'être entre les mains de Hachem, qui arrange en permanence tous les événements pour qu'ils nous soient le plus possible à notre avantage!
Le guid hanaché, coup du désespoir/dépit de l'ange vient symboliser et rappeler cela.]

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-> Selon Daat Zékénim miBaalé haTossefot, la raison de cette mitsva du guid hanaché, qui s'applique à l'arrière de la bête, est que les enfants de Yaakov ne se sont pas bien conduits pour avoir laissé aller seul Yaakov sans l'accompagner, et pour cette raison il a été blessé au nerf sciatique.
Hachem leur a donc interdit la consommation du nerf sciatique pour qu'ils fassent désormais attention à la mitsva.
Ainsi, nous ne devons laisser aucun juif partir seul en chemin à un moment de danger, mais l'accompagner jusqu'à un endroit où il n'y a plus de danger.

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-> Le Chla haKadoch dit que le Guid hanaché (nerf sciatique) a cette particularité d’être placé entre 5 embranchements de nerfs et artères à sa droite et 5 embranchements à sa gauche, à l’image du centre des forces du Mal (au niveau spirituel) qui est placé entre 5 ko'hot (forces) de droite et 5 ko'hot de gauche.

De plus, le nerf sciatique est proche de la brit mila car il tire sa force des taavot (désirs).
Selon le Ohr ha'Haïm hakadoch, le nerf sciatique n’a pas de goût, et il n’apporte pas de profit à l’homme.
[il est donc le symbole du yétser ara, et incarne le fait que le yétser ara est présent en nous-mêmes.]

-> Le Guid hanaché veut dire également : "le nerf qui fait oublier" (nachani ; chémot) car la présence du Mal en nous et de ses multiples propositions nous fait oublier Hachem et Sa Torah.
De plus : "naché" vient du mot nachim (les femmes) car le yetser ara utilise la taava (désir) pour nous faire croire qu’il va nous apporter du profit et nous faire oublier toute la joie que pourraient parfaitement nous apporter la Torah et les mitsvot.

Le yétser ara a attaqué Yaakov avec de la poussière nous dit la Torah (Vayéavek avak) et c’est d’ailleurs de cette manière qu’il nous attaque aussi en nous remplissant les yeux de poussière que l’on appellerait aujourd’hui : de la "poudre aux yeux" qui nous fait oublier le Emet (Vérité).
La plus grande arme du Mal : c’est le trouble, le mensonge, la diversité de la matière comparable à une tempête de poussière ; [la poussière provient de la terre et représente donc la matérialité].
Plus le Yetser arrive à disperser l’homme et à multiplier en lui toutes sortes de désirs ou d’ambitions plus il aura d’emprise sur lui.

Cependant, le yétser ara a vu qu’il ne pouvait rien contre Yaacov car le yétser ara est superficiel et Yaacov est un homme de profondeur (Gour Aryié).

-> Le Chla Hakadoch explique que puisque Yaakov a combattu l'ange qu’il a vaincu, il a alors permis de purifier le Mal de tout son vide, de tout son manque, de toute son impureté ... à tel point que le voilà prêt maintenant à dire un chant à Hachem, comme le font les anges du bien.
C’est là la force et la particularité du Klal Israël : non seulement ils peuvent rendre kadoch la matière à tel point que de petites cruches soient kodech kodachim et valent une fortune mais ils peuvent même élever le mal en le combattant et en l’affrontant jusqu’à ce que soit révélé que ce Mal lui-même n’était qu’une illusion créée par Hachem pour révéler le Bien qui est en nous, comme l’explique le Ram'hal (dans son Daat Tvounot).
Le Chla appelle cela : la klipa du Mal qui a été rendue kadoch peut s’inverser en Tov (Bien).

-> Le rav Yérou'ham Lévovitz écrit : "Rien n’est plus naturel pour les nations du monde qui incarnent cette couche de superficialité, que de détester le peuple qui doit incarner l’intériorité et le Bien.
Comme le dit la Guemara (Shabbat 89) : "Pourquoi cette montagne s’appelle Har Sinaï (qui vient du mot sin'a la haine) car depuis que la Torah est descendue, la haine contre les juifs est descendue."
Le Mal nous déteste depuis que nous avons reçu le Bien".

-> C’est pourquoi, c’est une halakha qu’Essav déteste Yaacov car l’essence de chacun d’eux est tout à fait opposée à l’autre mais il n’en reste pas moins qu’à cet instant où Yaakov a atteint la perfection et a vaincu et inversé le Mal et l’ange d’Essav, alors même Essav, ici bas, est devenu son ami et l’a embrassé de tout son cœur.
C’est là la vocation du klal Israël : révéler l’Unicité et le Bien absolu d’Hachem en montrant que la mal n’est qu’illusion et que la matière n’est qu’un kéli pour servir Hachem.
[compilation personnelle issue du Néfech Yéhoudi]

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-> "C'est pourquoi les Bné Israël ne mangent pas le nerf sciatique" (Vayichla'h 32,33)

Le 'Hizkouni commente : "Cette mitsva a été ordonnée aux juifs afin qu'ils se rappellent ce qui arriva à Yaakov lorsqu'il demeura seul après qu'il eut traversé le fleuve pour rechercher ses petites fioles. Car du fait que ses fils ne l'accompagnèrent pas, il revint en boitant, blessé à la cuisse.
Chacun en tirera une leçon afin d'être bienveillant envers son prochain, de lui prodiguer tous les bienfaits dont il a besoin tant dans le domaine spirituel que matériel."

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-> "C'est pourquoi les Bné Israël ne mangent pas le nerf sciatique jusqu'à ce jour, parce qu'il avait frappé la hanche de Yaakov, sur le nerf sciatique" (v.32,33)

=> Pourquoi la Torah ne nous demande-t-elle pas de se rappeler que Yaakov a gagné contre l'ange d'Essav? Pourquoi doit-on se souvenir spécifiquement qu'il a été blessé lors de cette bataille?

-> Les commentateurs répondent que cette mitsva nous enseigne que nous devons être prêts à perdre certains combats contre notre yétser ara. Nous ne devons pas attendre un taux de 100% de succès (le tout ou rien, qui conduit à désespérer de nous!).
Même Yaakov a été blessé dans sa lutte contre le yétser ara.
Cependant lorsque cela se produit nous devons continuer le combat, nous ne devons pas abandonner, et c'est cet état d'esprit qui est considéré comme une victoire face au yétser ara.
[rapporté par le rabbi Elimélé'h Biderman]

-> Il est écrit : "Yaakov ne sera plus désormais ton nom, mais bien Israël ; car tu as lutté (charita - שָׂרִיתָ) avec le Divin et avec les hommes et tu as triomphé (vatou'hal - וַתּוּכָל)" (Vayichla'h 32,29).
Yaakov a reçu le nom Israël (ישראל), car : "ki charita" (car tu as lutté - כִּי שָׂרִיתָ).
=> Pourquoi Yaakov n'a pas été nommé d'après le mot : "vatou'hal" (tu as triomphé). A priori c'est quelque chose de plus remarquable d'avoir gagné la bataille contre le yétser ara?

Rabbi Leibele Eiger répond qu'une personne ne peut gagner tout seul la guerre contre le yétser ara.
["le yétser ara de l’homme se dresse constamment contre lui, et si Hachem ne l’aidait pas, il ne pourrait pas le maîtriser" - guémara Soucca 52]
Lorsque nous gagnons la bataille c'est grâce à l'aide d'Hachem.
C'est pourquoi Yaakov a été appelé sur le fait d'être resté debout pendant tout le combat, car c'est la part que l'homme doit faire. [s'efforcer de toujours être actif au front de la guerre contre son yétser ara]

-> Le Zohar enseigne que chaque année à Yom Kippour, un grand débat a lieu au Ciel.
Hachem veut donner Sa bonté aux juifs, qui est Son peuple élu, mais les nations du monde protestent et affirment qu'ils ne la méritent pas.
Qui gagne alors la bataille?
Le Zohar dit qu'à Souccot nous prenons les 4 espèces, qui représentent des armes.
Le Zohar écrit : "Qui portent les armes? Celui qui a gagné la guerre".
C'est notre témoignage que nous avons gagné la guerre, et que nous serons inscrits pour une bonne année.

Les commentateurs s'interrogent : si nous avons gagné la guerre, pourquoi alors tenir toujours en mains les armes? Nous devrions les poser, symbole du fait de passer à autre chose, suite à notre victoire.

La réponse est que tant que nous combattons, nous sommes les vainqueurs.
C'est ainsi que se passe notre guerre contre le yétser ara : la victoire réside dans le fait de mener la bataille, et ainsi même si nous tombons, de toujours nous relever au plus vite et avec un maximum de motivation.

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+ "[L'homme/ange] vit qu'il ne pouvait le vaincre, et il le toucha à la hache. Et la cuisse de Yaakov se luxa tandis qu'il luttait [contre l'homme/ange]." (Vayichla'h 32,25)

-> L'ange vit que la Présence Divine secondait Yaakov et qu'il n'arriverait jamais à le vaincre ... Il frappa Yaakov à la hanche, et le coup qu'il porta était accidentel.
Certains disent qu'il le heurta si fort que l'os de la hanche de Yaakov se brisa, et que la fracture était visible.
D'autres affirment que sa hanche se déboîta.

Yaakov fut frappé de la sorte parce qu'il avait épousé 2 sœurs. Il fut donc atteint à l'endroit le plus proche de ses organes.

Selon une autre opinion, [l'ange ne fit que le toucher]. A cette époque, on avait coutume de transporter les documents importants en les attachants à la hanche. L'ange gardien d'Essav voulait s'emparer du contrat par lequel Essav avait vendu son droit d'aînesse. Il toucha donc Yaakov à la hanche, pour tenter de le détecter. Il désirait s'en saisir et le déchirer.
[le Kissé Ra'hamim écrit également en ce sens que Yaakov ne savait pas où pouvait-il cacher le contrat de vente qui avait été rédigé en bonne et due forme avec Essav. Qu'a-t-il fait? Il coupa sa chair entre sa jambe et sa hanche et déposa le contrat à l'intérieur, puis recousit sa peau qu'il enduit d'huile jusqu'à ce que la plaie soit complètement guérie. Cependant, l'ange protecteur d'Essav connaissait parfaitement la cachette de Yaakov. Ainsi il attaqua à la hanche de Yaakov afin de lui saisir le contrat. Yaakov se défendit et ne le laissa pas s'en emparer. L'ange d'Essav déversa des klipot (écorces d'impureté) sur la hanche de Yaakov, et jusqu'aujourd'hui, il est interdit pour le peuple d'Israël de manger le nerf sciatique.]

=> Ce récit peut paraître déconcertant. Comment un mortel peut-il vaincre un ange?

On peut le comprendre si l'on sait comment un ange se comporte lorsqu'il vient dans le monde physique.
Quand D. envoie un ange ici-bas, il doit prendre la forme d'un être humain, et dans ce cas, il est incapable de défier les lois de la nature.
[Il en va de même des hommes qui montent dans le monde spirituel.]
Ainsi lorsque Moché résida dans les cieux 40 jours et 40 nuits, il ne mangea ni ne dormit (Dévarim 9,9-18).
De même, quand les 3 anges vinrent rendre visite à Avraham, ils se joignirent à lui pour partager son repas (cf. paracha Vayéra).

Ici également, l'ange dut apparaître sous la forme d'un homme [dépourvu de tout pouvoir surnaturel]. Il combattit Yaakov toute la nuit.

[En principe, les anges vivent entre eux en parfaite harmonie.] Cependant, cette nuit-là, l'un d'entre eux reçut un pouvoir supérieur à tous les autres. Samaël, l'ange gardien d'Essav, triompha de tous les gardiens spirituels de toutes les autres nations. Il lutta alors contre Yaakov afin de l'assujettir également à son pouvoir. Mais le mérite de Yaakov était si grand que Samaël ne put le vaincre.

Toutes les armées célestes voulaient venir en aide à Yaakov et le sauver de Samaël. Hachem leur dit : "Ce n'est pas nécessaire. Son mérite est si grand que Samaël ne pourra le battre".
[...]

Pendant ce temps [où Yaakov luttait contre l'ange], Essav avançait avec ses hommes.
Quarante millions d'anges, venus au secours de Yaakov, l'attaquèrent sous la mannière d'une immense armée d'envahisseurs.
Certains étaient revêtus d'armures tandis que d'autres conduisaient de lourds chars de guerre. Tous étaient armées.

Ces anges attaquèrent les hommes d'Essav qui s'écrièrent : "Épargnez-nous, au nom de notre maître Essav, le fils d'Its'hak".
Les anges n'arrêtaient pas leur attaque, et les combattants s'exclamaient alors : "Il est le petits-fils d'Avraham!". Puisque rien ne changeait, ils disaient enfin : "Il est le frère de Yaakov!".
L'attaque cessa immédiatement.

Ceci se produisit 4 fois, avec chaque troupe d'anges.
Essav chuta de son cheval et fut presque piétiné. Ce fut pour lui, une nuit effrayante.

[Méam Loez - Vayichla'h 32,25]

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-> Quand Essav a vu tout le mal que ces anges lui avaient fait, à lui et à ses hommes, il a eu très peur de son frère Yaakov, et il est allé l'accueillir en paix, ainsi qu'il est écrit : "Essav courut à sa rencontre et le serra dans ses bras" (Vayichla'h 33,4).
[midrach Tan'houma haKadoum]

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"Le soleil se leva pour lui alors qu'il passa Pénouel, il boitait alors à cause de sa hanche" (Vayichla'h 32,32)

-> Dans la paracha Vayétsé, le soleil s'est couché 2 heures plus tôt en l'honneur de Yaakov afin qu'il demeure sur le mont Moriah. Après sa lutte contre l'ange, le soleil se leva 2 heures plus tôt.
Ce lever du soleil prématuré intervint spécialement pour Yaakov, afin d'apaiser sa douleur alors qu'il boitait.
C'est pourquoi la Torah dit : "le soleil se leva pour lui" = bien que le soleil se lève pour le monde entier, ce jour-là il apparut plus tôt à l'intention de Yaakov, afin de calmer sa douleur.
Tandis que le soleil guérit les blessures des tsadikim, il brûle les hommes tels qu'Essav. En effet, même les descendants d'Essav seront frappés par le châtiment divin du fait de leur conduite indigne envers les juifs.
[Méam Loez - Vayichla'h 32,32]

-> Dans son commentaire sur le guid haNaché, le Séfer ha'Hinoukh termine par :
La descendance d’Essav persécute la descendance de Yaakov, mais à la fin ils seront délivrés de leurs mains. Comme, finalement, le soleil s’est levé pour guérir Yaakov et le délivrer de la douleur, de même le soleil du machia’h se lèvera pour nous, nous guérira de nos malheurs et nous délivrera.

-> "Yaakov arriva complet à la ville de Ché'hem" (Vayichla'h 33,18)
La Torah dit qu'il était : "complet" (shalem), afin que l'on ne pense pas qu'il était devenu infirme.

Rachi commente en effet : Complet dans son corps, car guéri de sa luxation. Complet dans sa fortune : le cadeau fastueux fait à son frère ne l’ayant fait manquer de rien [étant donné le développement prolifique de son bétail. Complet dans sa Torah : son séjour chez Lavan ne lui en ayant rien fait oublier

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-> "Le soleil éclaira pour lui (Yaacov)" (Vayichla'h 32,32)

=> Nos sages se demandent pourquoi il est dit que le soleil éclaira pour Yaakov, alors qu'il brille pour tout le monde

-> En fait, on peut l'expliquer d'après une guémara (Soucca 29a) qui dit que l'éclipse solaire peut être causée pour 4 raisons. L'une d'entre elles est quand 2 frères meurent le même jour.
Or, lors du combat entre Yaakov et l'ange, Yaakov était en grand danger et sa vie était menacée. Finalement, il a vaincu l'ange et est resté vivant. Mais, puisque comme cela a été dit plus haut, Yaakov et Essav étaient destinés à mourir le même jour, si l'ange avait tué Yaakov, Essav aussi serait mort ce jour là et il se serait avéré que 2 frères seraient morts le même jour.
Un tel événement peut être la cause (spirituelle) d'une éclipse solaire. Mais comme finalement, la vie de Yaakov a été sauvée, l'éclipse a pu être évitée. De ce fait, le soleil a pu continuer d'éclairer normalement.
Cela est en allusion dans ce verset. "Le soleil éclaira pour lui" = c'est-à-dire, du fait que Yaakov a été épargné de la mort.
[Divré Yaïr]

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+ Il vit qu'il ne pouvait le vaincre, et il le toucha à la hache.

-> Hachem a dit à l'ange Mi'haël : "En voilà des façons, de rendre mon Cohen infirme!"
Il a répondu : "Maître du monde, c'est moi qui suis ton Cohen!"
D. lui a dit : "Toi, tu es mon Cohen dans le Ciel, et lui est mon Cohen sur la terre".

Immédiatement, Mi'haël a appelé l'ange Raphaël et lui a dit : "Mon ami, je t'en prie, aide-moi dans cette difficulté, car tu es préposé à la guérison, descends et guéris-le!"
[midrach Avkir]

"Yaakov envoya des anges devant lui, vers Essav son frère, vers le pays de Séïr, le champ de Edom" (Vayichla'h 32,1-3)

-> Rachi dit que les messagers de Yaakov étaient véritablement des anges (מַלְאָכִים מַמָּשׁ).

On peut noter que le mot : מַמָּשׁ (mamach = véritablement), a chacune de ses lettres qui fait allusion aux 3 anges qui ont été envoyés (selon un avis) : Mickaël, Malkiel et Chanandiel.
Nous pouvons appuyer cette idée à travers un passage de la prière, dans les bénédictions du Shéma Israël du matin dans lesquelles nous disons : "עזרת אבותינו" (ezrat avoténou = l'aide de nos ancêtres), c'est-à-dire que ce sont les anges qui ont aidé Yaakov dans la guerre contre Essav. Et lorsqu'on observe le mot עזרת (aide), il a la même guématria que le nom des 3 anges : מיכאל מלכיאל שננדיאל.

-> Selon le midrach Tan'houma, cela nous enseigne que les justes sont supérieurs aux anges, puisque Yaakov, en recherche d'émissaires, s'est permis de mander des anges pour exécuter ses ordres.

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-> Rabbi Méïr de Prémichlan explique les mots de Rachi par la michna de Pirké Avot (4,11) : "Celui qui accomplit une mitsva s'acquiert un défenseur et celui qui commet une transgression s’acquiert un accusateur."
Lorsqu'une personne réalise une mitsva, elle créée un ange qui va parler favorablement d'elle au Ciel (et inversement pour une faute).
Ainsi, les anges que Yaakov a envoyé à Essav sont ceux créés par les mitsvot qu'il a pu faire.

D'ailleurs, le terme utilisé par Rachi : véritablement (מַמָּשׁ), est l'acronyme de : "mala'him mé'mitsvot ché'assa" (les anges provenant des mitsvot qu'il a réalisé).
D'autres disent : "mimaassé mitsvot ché'assa" (des bonnes actions qu'il a faites).

-> Nos Sages enseignent : "On amène l’homme dans le chemin dans lequel il veut aller" (guémara Makot 10b - bédéré'h chéAdam rotsé lalé'hét moli'hin oto).

Qui est celui qui va le conduire et l'aider sur ce chemin?
C'est Hachem.
Si c'est ainsi, il aurait dû être écrit : "On amène" en utilisant le singulier : "moli'h oto". Pourquoi est-il employé ici la forme plurielle : "moli'hin oto".

Le Maharcha répond à cette question de la manière suivante.
Au travers chacune des pensées, des mots et des actions que nous effectuons, nous créons des anges, qui sont bons ou mauvais, selon notre choix.
C'est ainsi que le résultat de notre libre arbitre est la création d'anges, d'influenceurs (pour le bien ou le mal) de notre vie future.
Par exemple rien qu'en ayant une pensée d'aspiration positive, une volonté de faire une bonne action, on va créer des anges qui vont nous aider à accomplir cette mitsva.
[et inversement pour de mauvaises pensées!]
C'est pour cela que la forme plurielle est ici employée.

Le Séfer Lev Israël explique par exemple que si l'on se prépare correctement à la prière (ex: joie et conscience d'être en face à face avec le Maître du monde, à qui nous devons tout, et qui peut tout pour nous!), rien que par cela nous avons la possibilité de créer des anges qui vont nous aider à mieux prier.
[on voit d'ici l'importance de réaliser les mitsvot avec un bon état d'esprit, plein d'aspirations et de joie, car cela va nous aider à agir au mieux, puisque nous serons alors soutenu par de nombreux anges positifs!]

Il ajoute que les termes : "amen" et "mala'h" (ange) ont la même guématria, pour nous signifier qu'à chaque fois que l'on dit à voix haute et avec intention : "amen", alors cela a la capacité de créer un bon ange [pour nous aider, pour nous défendre auprès de Hachem].

[Yaakov a envoyé ses anges à Essav, comme pour lui prouver que bien qu'ayant été chez Lavan, il a eu de très nombreuses bonnes pensées, actions, ... qui se tiennent près à intervenir pour le défendre au Ciel, ce qui impactera toute action hostile à son égard!]

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-> Il existe 2 types d'anges : ceux créés par Hachem au début de la Création, et ceux créés par la Torah et les mitsvot que l'on réalise.

Le Maguid de Mézéritch dit que lorsqu'une personne crée des anges par sa Torah et ses mitsvot, ces anges vont la suivre en permanence.

A l'inverse, les anges qui ont été créés à la création du monde, n'ont été vus que par de rares personnes d'exception, à certains moments de l'histoire.

Le verset dit : "et des anges de D. le rencontrèrent" (Vayétsé 32,2)

Puisque ces anges ont rencontré Yaakov uniquement à ce moment, ce n'était pas ceux qui sont avec lui en permanence, et c'était donc l'autre catégorie d'anges.

Yaakov a appelé cet endroit : "Ma'hanayim", qui signifie : "2 camps", car il y avait alors 2 camps d'anges avec lui : ceux créés par ses actions, et dans un autre camp : ceux que Hachem lui a envoyé.

[Yichma'h Moché]

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-> Le Métsoudat David demande pourquoi les anges ont dû être envoyés du Ciel. En fin de compte, le miracle s'est produit lorsque l'armée est devenue aveugle et a été conduite au roi de Yisroel. À quoi servaient les malachim ?

L'Alter de Slabodka dit qu'il existe un principe :
Pour qu'Hachem accomplisse un miracle et sauve les juifs d'un danger, il faut d'abord qu'ils soient calmes. Ils doivent avoir confiance en Hachem et ne pas ressentir de peur. Si une personne est hystérique ou si elle se sent désespérée, son salut ne peut pas lui être envoyé.

On peut l'appliquer à notre paracha :
il est d'abord écrit (v.32:2-3) que Yaakov "se mit en route, et des anges d'Hachem vinrent à sa rencontre. En les voyant, Yaakov dit : 'Voici le camp d'Hachem', et il nomma l'endroit Ma'hanaïm".
Lorsque Yaakov se mit en route, il avait peur d'Essav ; Hachem ne pouvait donc pas lui envoyer un salut miraculeux. Hachem devait d'abord le calmer. Pour ce faire, Il lui montra un camp d'anges (mala'him) qui l'escortaient pendant qu'il marchait. Une fois que Yaakov a vu qu'il avait un entourage céleste, il a été réconforté. Il était désormais prêt à faire ce qu'il fallait pour affronter Essav et recevoir le salut d'Hachem.

[chacun selon son niveau spirituel, nous devons arriver à retirer nos craintes en mettant notre confiance en Hachem, et alors grâce cela on permet à Hachem de nous aider à se délivrer de notre difficulté. ]

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-> Pourquoi Yaakov a-t-il eu le mérite d'avoir cette 2e catégorie d'anges envoyée par Hachem?

Notre Patriarche Yaakov représente la Torah, et le mérite de la Torah lui a octroyé le fait d'avoir ces anges supplémentaires.

Cela nous enseigne que si une personne suit le chemin de Yaakov, et se dévoue entièrement à la Torah, elle méritera d'être gardées par des anges.

[Rav Yonathan Steif]

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-> Yaakov a prié pour être sauvé de Essav.

Les dernières lettres des mots : "הַצִּילֵנִי נָא מִיַּד" (Sauve-moi, de grâce, de la main [de mon frère] - atsilénina miyad - Vayichla'h 32,12) ont une guématria de 15.

Peut-être que cela fait allusion aux 15 années durant lesquelles Yaakov a étudié la Torah ensemble avec Avraham et Its'hak.

Ces 15 années de Torah, ont soutenu le monde, et Yaakov a alors prié d'être sauvé par leur mérite.

[Na’hal Kédoumim]

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+ "(Essav] dit : Qui sont ceux-là pour toi?
[Yaakov] répondit : Les enfants que D. a accordés à ton serviteur" (Vayichla'h 33,5)

-> A la vue des femmes et des enfants de Yaakov, il a demandé : "מִי אֵלֶּה לָּךְ" (Qui sont ceux-là pour toi?).

Les mots : "מִי אֵלֶּה" ont les mêmes lettres que le nom de D. : אֱלֹהִים (Elohim).

Essav faisait allusion à Yaakov, que tout ce qu'il a, provient de la bénédiction qu'il a reçu de Its'hak, dans laquelle Its'hak a dit : "וְיִתֶּן לְךָ הָאֱלֹהִים" (Que D. te donne [de la rosée des cieux et de l'abondance de la terre ...] - Toldot 27,28)

Yaakov lui a répondit que cela est faux, et que tout ce qu'il a pu obtenir n'est que cadeaux gratuits de Hachem, dans Son infinie bonté.
[il dit : "אֲשֶׁר חָנַן" : que D. m'a gracieusement accordé]

[Ben Ich 'Haï - Adéret Eliyahou]

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-> b"h, nous venons de voir que Essav a demandé à Yaakov de décliner l'identité des personnes qui étaient avec lui, et Yaakov a alors répondu : "[Ce sont] mes enfants que D. [m'] a accordés (achèr 'hanan - אֲשֶׁר חָנַן)".

On trouve un mot similaire dans la bénédiction des Cohanim : "וִיחֻנֶּךָּּ" (qu'Il te prenne en grâce).

Ce mot est exactement au milieu de cette bénédiction, avec 7 mots avant, et 7 mots après.
Cela fait allusion aux 7 années que Yaakov a travaillé pour chacune de ses femmes.

[malgré cela (14 années de travail!), Yaakov dit que s'il a pu se marier avec elles, c'est uniquement comme cadeau : par la bonté de D.

=> Combien nous devons en prendre exemple, et sans cesse remercier Hachem pour chaque petite/grande bonté dont Il nous comble.]

[le 'Hèn Tov]

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-> "Il (Yaacov) dit : ''Ce sont les enfants dont Hachem m'a gratifié''" (Vayichla'h 33,5)

=> Essav a interrogé Yaakov au sujet des femmes et des enfants. Pourquoi donc Yaacov ne parle-t-il que des enfants?

-> Le Imré Emet explique :
En fait, nos Sages disent que celui qui épouse une femme non pas pour son profit personnel mais uniquement pour le Service d'Hachem, la Torah considère comme s'il lui avait donné naissance.
Et comme Yaakov ne s'est marié que pour servir Hachem et fonder les 12 tribus, ainsi c'est comme s'il avait fait naître ses femmes, qui peuvent donc être considérées comme ses enfants.
En répondant à Essav : "Ce sont les enfants dont Hachem m'a gratifié", il incluait donc également ses épouses.

"Ils prirent Loth et ses biens, le fils du frère d'Avram, et partirent" (וַיִּקְחוּ אֶת-לוֹט וְאֶת-רְכֻשׁוֹ בֶּן-אֲחִי אַבְרָם וַיֵּלֵכוּ - Lé'h Lé'ha 14,12)

-> Le Arizal nous enseigne que ce verset vient nous enseigner que la néchama de Rava l'Amora était enfouie à l'intérieur de Nahama l'Amonite, fille de Loth.

En effet, d'après les paroles du Ari Hakadoch, la Torah a été d'une très grande précision : "רְכֻשׁוֹ בֶּן-אֲחִי אַבְרָם" (ré'houcho ben Avram): ce verset fait allusion à Rava = רבא qui était une sommité Talmudique, à l'époque des Amoraïm.

Le Mégalé Amoukot ajoute que de la même façon que le peuple d'Israël ne pouvait pas recevoir la Torah écrite tant que l'exil égyptien perdurait, de la même manière le peuple juif ne pouvait pas compléter la Torah orale tant que l'exil de Babel n'était pas terminé.
Ainsi Rav Achi acheva la compilation du Talmud durant la fin de l'exil de Babel.

Avraham notre patriarche descendit en Egypte uniquement pour préparer le futur don de la Torah écrite. Immédiatement après son retour d'Egypte, il entra en guerre contre les quatre puissants rois. Chacun de ces 4 rois représentait une destination d'exil pour le peuple juif. Leur défaite devant Avraham sera un signe annonciateur pour les délivrances à venir. Amrafel le roi de Babel en faisait partie.
Lorsqu'Avraham entendit que son neveu Loth qui renfermait les futures étincelles de l'âme du grand érudit Rava, fut retenu prisonnier par Amrafel, il n'hésita pas un seul instant à livrer bataille afin de préserver ces étincelles saintes. L'enjeu majeur de cette guerre n'était autre que de préserver la Torah orale qui naitra durant la période du Talmud de Rava et Abbayé.

-> Une fois, Rava interpréta un verset : "Je suis descendu dans le verger aux noyers, afin de voir les jeunes pousses de la rivière" (Chir Hachirim 8,11).
Quel est le sens de ce verset? (Ce passage est une description allégorique des érudits en Torah)
Rava demande : Pourquoi les érudits en Torah sont-ils comparés à un noyer? Pour t'apprendre que, de la même manière que la noix, qui même souillée de boue ou d'excrément, voit son contenu parfaitement préservé, ainsi en est-il de l'érudit en Torah, même s'il s'est dévoyé, sa Torah ne devient pas répugnante" (guémara 'Haguiga 15b).

Rava fait ici une allusion à lui-même : son âme étant enfouie chez Loth à Sodome, dont la conduite était répugnante ; malgré tout, son érudition et sa pureté n'en furent pas affectées, c'est pour cette raison qu'Avraham risqua sa vie pour sauver Loth, afin de sauver Rava qui allait descendre de Nahama, fille de Loth.

Le Zohar Hakadoch demande : "Que vit Avraham pour s'attacher à Loth?"
Le Zohar répond : "Avraham vit par prophétie, que David Hamelekh sortirait de Loth. C'est pour cela qu'il prit Loth avec lui et risqua sa vie, afin de protéger la future royauté d'Israël." [Zohar - Lé'h lé'ha 79a]

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-> Il est écrit dans le Zohar Hakadoch : "Que vit Avraham pour s'attacher à Loth?"
Le Zohar répond : "Avraham vit par prophétie, que David Hamelekh descendrait de Loth. C'est pour cela qu'il prit Loth avec lui et risqua sa vie, afin de protéger la future royauté d'Israël." [Zohar - Lé'h lé'ha 79a]

[De Loth sortirent 2 nations : Amone et Moav, Ruth était Moavite et se maria avec Boaz. De cette union naquit Oved, le père d'Ichaï. Ce dernier engendra David Hamelekh de qui sortira le Melekh Hamachia'h. ]

Les mitsvot n'ont été donnés que pour être accomplis en terre d'Israël.
Car l'essence de tous les préceptes est qu'ils soient accomplies dans le pays d'Hachem.
[Ramban - A'haré Mot 18,25]

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-> Les mitsvot ne revêtent leur véritable valeur qu'en terre d'Israël. A l'extérieur de cette terre, elles n'ont qu'une valeur éducative (pour savoir les faire lorsqu'on pourra venir y habiter).

-> Le rav Tsvi Yéhouda haCohen Kook (LiNétivot Olam - édition 5727 - 1ere partie, p.197), rapporte que le 'Hafets 'Haïm soutient que les mitsvot accomplies en dehors de la terre d'Israël n'ont que 1/20e de la valeur qu'elles recèlent en terre d'Israël.
[rapporté par le rav Tzvi Fishman - Lumières sur Orot - p.18 ]
[celui qui ne peut vraiment pas venir habiter en terre d'Israël (pour le moment), devra alors désirer sincèrement pouvoir y venir, et alors il sera comme étant en terre d'Israël. ]

-> Dans la terre d'Israël, nous sommes un peuple vivant. En diaspora, nous sommes comme des corps sans âme, une coquille extérieure d'un peuple sans vie intérieure.
[Likouté haGaon de Vilna - à la fin de Safra déTsniouta ]

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-> Selon le rav Avraham Kook, la sainteté de la terre ne résulte pas des mitsvot qui y sont accomplies. Ce sont plutôt les mitsvot particulières du pays qui dérivent de la sainteté inhérente à la terre d'Israël, d'où l'expression qui les désignent : "mitsvot qui dépendent de la terre".
La terre est en elle-même sainte (kodech).