Aux délices de la Torah

Pâtisserie spirituelle depuis 5771 - b'h
 

Savoir déconnecter de la matérialité

"En ne poursuivant pas vos affaires et en ne prononçant pas de paroles, alors vous vous réjouirez auprès de Hachem" (Yéchayahou 58,13).

-> Le séfer Likouté Chochanim explique que si une personne est immergée dans ses affaires matérielles et physiques dans ce monde, au point d’y penser même lorsqu’elle est en train de prier pour Hachem, elle ne sera pas capable de parler correctement. L’envie de suivre ses désirs terrestres ne lui permettra pas de dire des mots de prière à Hachem.
Ces désirs empêcheront les mots de sortir de sa bouche. Même s’il dit les mots de prière, ils ne seront que machinalement prononcés et n’auront aucun sens réel.

Il ne pourra pas non plus goûter "la joie de Hachem". Il ne pourra pas ressentir la joie ressentie par les tsadikim lorsqu’ils servent Hachem, qui est bien meilleure que tout plaisir de ce monde.

Si quelqu’un veut être capable de parler correctement et de ressentir la joie d’être proche de Hachem, il doit se séparer des plaisirs et des désirs de ce monde.

En conséquence, le verset dit que lorsqu’on "ne poursuit pas ses affaires" et ne poursuit pas les désirs terrestres, on va se séparer de la joie de Hachem. alors il pourra "dire des paroles" de prière à Hachem et il pourra alors "se réjouir avec Hachem".

Lorsque nous nous engageons à travailler sur notre spiritualité et à ignorer les distractions inutiles, Hachem nous enverra des défis/épreuves pour vérifier si notre engagement est réel, mais une fois que nous aurons établi notre détermination inébranlable, nous réussirons.
['Hazon Ich]

[ l'adversité est le tremplin vers tout ce qui en vaut la peine. Rien n'est accompli sans lutte. Si nous voulons que quelque chose dure, nous devons faire les efforts nécessaires pour l'obtenir. (rabbanit Feldbrand)]

Toldot – Béndiction de Yaakov & les convertis

+ Toldot - Béndiction de Yaakov & les convertis :

-> "L'autre s'appellera du nom de Yaakov" (Yéchayahou 44,5).

-> Le midrach (Yalkout Chimoni - Yéchayahou 459) dit, que ce verset se réfère aux convertis justes qui sont désignés par le nom de Yaakov.

Le Zera Shimshon demande : pourquoi les convertis sont-ils associés à Yaakov Avinou plus qu'à n'importe quel autre Patriarche ou dirigeant spirituel juif?

Avant de répondre à cette question, le Zéra Shimshon souligne que, selon la halakha, les convertis sont en réalité davantage associés à Avraham Avinou (voir Rav, Michnayot Bikourim 1,4 au nom du Rambam).
Si tel est le cas, pourquoi le Yalkout soutient-il que les convertis sont associés à Yaakov plutôt qu'à Avraham?

Le Zéra Shimshon répond que la Torah nous ordonne à plusieurs reprises de ne pas faire souffrir un converti. La Torah donne une raison explicite à ce commandement. Puisque nous avons souffert en Egypte en tant qu'étrangers dans le pays, nous devrions comprendre ce que l'on ressent lorsqu'une personne vient d'un milieu différent et faire très attention à ne pas la faire souffrir de quelque manière que ce soit.

L'exil en Egypte a commencé avec la descente de Yaakov et c'est à cause de cet exil que les convertis ont obtenu cette protection spéciale de la Torah, ils sont appelés les enfants de Yaakov puisqu'ils ont bénéficié le plus de ce qui est arrivé à Yaakov.

Le Zera Shimshon propose une autre explication.
Rabbi Ména'hem Azaria Mipano (Assara Ma'amarot) écrit que tous les convertis sont en réalité des âmes juives qui ont été rejetées sur le côté à cause des malédictions qui se sont abattues sur le monde lorsque Adam a fauté, à cause de la ruse du serpent (au début des temps, toutes les âmes futures qui viendraient éventuellement dans ce monde étaient liées à Adam Harichon).

En d'autres termes, le serpent a trompé Adam en lui faisant manger de l'Arbre de la Connaissance (Eits Hadaat). En conséquence, Adam reçut de nombreuses malédictions qui affectèrent certaines âmes connectées à son âme globale. Par conséquent, ces âmes n'ont pas pu descendre dans ce monde correctement.

Yaakov fit exactement le contraire. Il "trompa" Its'hak et apporta la bénédiction à lui-même et à ses descendants. C'est alors que les âmes originelles qui avaient été imparfaites et incapables d'entrer dans ce monde correctement ont été capables d'entrer dans ce monde en tant que convertis, puisque Yaakov avait rectifié beaucoup de ces malédictions en apportant des bénédictions au monde par "ruse".
Sur cette base, il est tout à fait compréhensible que les convertis soient appelés en l'honneur de Yaakov Avinou.

Grandeur de Moché & mariage avec une convertie

+++ Grandeur de Moché & mariage avec une convertie :

"Le roi d'Égypte parla aux sages-femmes juives : l'une s'appelait Shifrah, l'autre Pouah" (Chémot 1,15)

-> Rachi commente :
Chifra = il s'agit de Yo'hévet, ainsi nommée parce qu’elle "embellissait" (mé'haperett) l’enfant [par les soins diligents qu’elle lui prodiguait] (guémara Sota 11b).
Pouah = c’est Miryam, ainsi nommée parce qu’elle "s’exclamait" à l’adresse du nouveau-né et lui "parlait", comme le font les femmes pour calmer un enfant qui pleure. Le mot pouah signifie : "émettre un cri", comme dans : "Je veux crier (éf'é - אֶפְעֶה) comme une femme en train d’enfanter" (Yéchayahou 42,14).

-> Le Maharal (Gour Aryé) nous explique :
La Torah a caché les véritables noms de Yo'hévet et Myriam, la mère et la sœur de Moché, afin d'éviter de mentionner les noms de la famille de Moché avant sa naissance. De même, la Torah a caché le nom d'Amram, le père de Moché, avant de mentionner la naissance de Moché. La Torah ne fait allusion à lui que comme "un homme... de la maison de Lévi" (Chémot 2,1).

[selon le Maharal : si la Torah avait dévoilé les noms, on aurait dit que ce sont Amram et Yo'hévet qui ont été la cause de la naissance de Moché. Mais la Torah vient nous dire qu'il n'en est pas ainsi. Car la cause de cette naissance a été le besoin de tout le peuple d'Israël et non le besoin de ses parents. Moché est né pour le peuple juif et non pas pour ses parents.
Seulement, Hachem a trouvé que Amram et Yokheved étaient aptes à engendrer Moché. Mais il n'est pas né pour eux. C'est pourquoi, le nom de ses parents n'est pas précisé. ]

La Torah ne mentionne le nom d'aucun membre de la famille de Moché avant sa naissance, afin d'éviter d'associer sa naissance à sa famille. La grandeur de Moché ne permettait pas de l'identifier à une famille particulière, même à une famille aussi importante que celle d'Amram et de Yo'hévet.
Amram était le plus grand tsadik de sa génération (guémara Sotah 12a), mais il n'était qu'un simple individu. [et ce même si la guémara (Shabbath 55a) rapporte qu'Amran fait partie des 4 personnes dans l'histoire du monde qui sont mortes sans n’avoir jamais fait de faute (avec Binyamin [fils de Yaakov], Yichaï [père du roi David] et Kilav [fils du roi David]). ]
En revanche, Moché était l'égal spirituel de la nation tout entière, comme l'indique le midrach (Mékhilta - Béchala'h) : " Une femme en Égypte a donné naissance à 600 000 enfants ".
En d'autres termes, lorsque Yo'hévet a donné naissance à Moché, c'est comme si elle avait donné naissance à une nation tout entière.

Parce que Moché transcende les simples individus, il épouse Tsipora, fille d'un converti (Yitro).
La position unique de Moché en tant qu'égal spirituel de la nation entière l'empêchait d'épouser une femme juive en particulier. Une épouse est censée être une "ézer kénegdo", une personne ayant un statut égal à celui de son mari. Cependant, aucune femme juive n'aurait été l'égale de Moché, qui était l'égal de tout Israël réuni.
Tsipora était cependant une étrangère à la nation et ne s'identifiait donc pas comme un membre individuel du peuple juif.
Les convertis n'étaient pas inclus dans le décompte du peuple juif dans le désert, ils n'étaient même pas autorisés à entrer dans le camp d'Israël. Son statut d'étrangère faisait de Tsipora une partenaire plus appropriée pour Moché qu'une femme juive de naissance.

<--->

-> En résumé :
La droiture de Moché transcendait celle de tous les individus de la nation juive réunis. C'est pour cette raison qu'il a épousé Tsipora, une convertie, plutôt qu'une femme issue d'une famille juive importante.
Seule une convertie aurait pu être une épouse appropriée pour lui, parce qu'une convertie était à l'origine une étrangère à la nation et pouvait donc correspondre à sa grandeur spirituelle en tant que "ézer kénegdo" (une aide face à lui).

Le ayin ara

+ "Ceux-là sont les Pékoudé (comptes) du Michkan, Michkan du témoignage, qui ont été comptés sur ordre de Moché,...
Tout l'or, celui fait pour le travail, ... l'or de l'offrande balancée fut de 29 kikar et de 130 shékalim... Et l'argent (produit) du recensement de l'assemblée fut de 100 kikar et 1 775 Sh2kalim selon le shékel du Mikdach ...
[...]
Moché vit tout le travail et voici qu'ils le firent comme l'ordonna Hachem. Moché les bénit ... La nuée couvrit le Ohel moed et l'honneur d'Hachem remplit le Michkan. Et Moché ne put venir vers le Ohel Moed car la nuée résidait sur elle et l'honneur de Hachem remplissait le Michkan" (Pékoudé 38,21-28 ; 39,43 ; 40,34-35)

-> Rachi rapporte : "Ceux-là sont les comptes du Michkan" : ont été énumérés dans cette paracha les poids de toutes les offrandes pour le Michkan, en argent, en or et en cuivre et y sont énumérés tous les ustensiles servant à la avoda.

=> Nous avons donc devant nous une paracha qui traite essentiellement de calculs, de comptes, de dénombrements et qui s'achève sur la bénédiction de Moché souhaitant aux Bné Israël que la Ché'hina (présence divine) réside dans l'œuvre de leurs mains, et ce fut le cas.

-> Le Zohar hakadoch (Vayakel 225b) écrit :
"Comment est-ce possible que d'une paracha faite de comptes et de calculs, s'ensuive tant de bénédictions ; voici que la bénédiction ne réside que dans une chose comptée ou dénombrée".

En d'autres termes, notre paracha est une contradiction au célèbre principe de la guémara (Baba Métsia 42a) :
"Rabbi Itsh'aq a enseigné : la bénédiction ne se trouve que dans ce qui est caché de l'œil.
Rabbi Ichmaël enseigne dans une braïta : la bénédiction ne se trouve que dans les endroits où l'oeil n'a pas de chlita (domination/accès).
Une autre braïta [dans cette guémara] enseigne : lorsque l'homme va engranger sa récolte, qu'il dise : "Que ce soit Ta volonté Hachem que tu multiplies le fruit de mes actions" [c'est-à-dire que comme pour l'instant il n'a pas compté, Hachem peut multiplier la quantité de fruits miraculeusement] ; une fois qu'il a fini de compter cette prière deviendra une prière en vain (téfilat chav/lévatala), car la bénédiction ne peut plus se trouver dans ce tas, une fois qu'il a été compté".

-> Le Maharcha explique que le fait que la bénédiction n'existe que dans ce qui est caché de l'oeil et qui n'est pas compté est dû à l'impact du ayin ara qui empêche la bénédiction et donc la multiplication de la récolte.
Tant que l'oeil n'a pas compté, il est encore possible de prier afin qu'Hachem multiplie les fruits de nos actions.
Une fois que l'oeil, de qui que ce soit, s'est posé sur la récolte, la bénédiction ne peut plus résider.

=> Ainsi le Zohar fait remarquer que notre paracha qui parle ce comptes et de calculs ne devrait pas se conclure par les bénédictions de Moché [qui constitue la plus grande des bénédiction qui existe]. Ceci étant contradictoire d'après le principe de la guémara.
b'h, nous expliquerons cela ultérieurement dans la suite du dvar Torah.

<--->

-> Rachi, dans la paracha Michpatim écrit : "A chaque fois qu'il est écrit "VéElé" (et voici), cela vient marquer une association entre ce texte et le texte de la Torah qui précède. Lorsqu'il est écrit, par contre, "Elé" (voici) sans le Vav (et), cela vient marquer une rupture et une opposition avec ce qui a précédé".

-> Le Ohr ha'Haïm hakadoch demande :
"Sil en est ainsi, pourquoi notre paracha (Pékoudé) commence-t-elle par : "élé pékoudé haMichkan", sans le "vav" (et). Quelle est donc la rupture ou l'opposition qui est marquée par rapport aux parachiot précédentes (qui traitent des mêmes sujets).
[Il répond] : cela t'apprend que tous les comptes qui ont existé dans la Torah jusqu'alors ont empêché la bénédiction à cause du ayin ara (mauvais oeil), alors que le compte du Michkan, à l'inverse est vecteur de bénédiction car plus le compte sera grand et plus les mérites et les bénédictions seront importantes".

=> Ainsi, d'après le Ohr ha'Haïm haKadoch, l'effet du compte du Michkan est donc à l'inverse de tous les autres comptes de la Torah, ce qui explique la rupture faite au début de notre paracha : "élé pekoudé" sans le "ét".
b'h, nous développerons cela ultérieurement ci-dessous.

<--->

-> "Hachem a parlé à Moché en disant : lorsque tu compteras les Bné Israël selon leur nombre, chacun donnera une expiation pour son âme (un demi-shékel) afin de les dénombrer et ainsi il n'y aura pas de fléau lorsque tu les dénombreras.
Tous ceux qui passeront pour le dénombrement donneront : un demi-shékel, à 20 guéra par shékel, offrande pour
Hachem" (Ki Tissa 30,11-13).

-> Rachi explique : "et il n'y aura pas de fléau" : car le fait de dénombrer permet au ayin ara (mauvais œil) d'agir et cela entraine la peste ou d'autres fléaux, comme nous pouvons le voir à l'époque du roi David (d'où la nécessité de ne pas compter les Bné Israël eux-mêmes mais de ne compter que chaque demi-shékel donné pour le Michkan).

[en ce sens, la Guemara (Yoma 22) : "il est interdit de compter les Bné Israël, même pour les besoins d'une mitsva", comme par exemple pour un minyan. ]

<--->

=> Qu'est-ce que le mauvais oeil (ayin ara)?

-> Le Gaon de Vilna nous enseigne que lorsque l'on veut connaître la définition d'un principe, d'un mot ou d'un concept de la Torah, il suffit de regarder dans la Torah la manière dont ce mot est employé et d'après son contexte : expliquer l'essence du principe.
C'est dans la paracha Réé que la Torah nous parle explicitement du Ayin ara (mauvais cil).
Voici un extrait du texte (Réé 15,7-8-9):
"Lorsqu'il y aura dans ta ville un pauvre parmi tes frères ... N'affermis pas ton cœur et ne ferme pas ta main par rapport à ton frère pauvre ; ouvrir, tu ouvriras ta main et tu lui prêteras tout son besoin et ce qui lui manque. Prends garde qu'il n'y ait pas dans ton cœur une pensée hérétique en disant : l'année de la Chémita arrive et tu aurais un mauvais œil envers ton frère pauvre et tu ne lui donnerais pas (son besoin). Il appellera alors vers Hachem et Hachem te le comptera comme une faute (avéra). Donner, tu lui donneras, et tu n'auras pas un mauvais cœur en lui donnant car c'est à cause de ça qu'Hachem te bénira dons toutes tes actions et dans toutes tes entreprises".

=> Nous voyons donc que la première fois que la Torah emploie le terme "mauvais oeil" (ayin ara) cela ne concerne pas un cas de jalousie d'un homme envers un autre, car personne ne jalouse un pauvre!
Il s'agit plutôt d'un regard malveillant d'un homme qui ne veut pas aider son prochain.
La Torah nous enjoint alors, par de nombreux interdits déOraïta et par de nombreuses mitsvot assé de combler largement le besoin de notre frère pauvre avec un bon œil et avec un bon cœur.

-> Le Séfer ha'Ikarim écrit que lorsqu'Hachem nous promet la bénédiction en conséquence de cette tsédaka ce n'est pas en tant que récompense du don lui-même mais plutôt comme récompense du bon œil dont nous aurons fait preuve.
Comme il est écrit dans le verset de Michlé : "celui qui a un bon œil sera béni" (tov ayin ou yévora'h).
D'où l'intérêt d'apprendre ce qu'est le mauvais œil pour nous en éloigner le plus possible et mériter la bénédiction d'Hachem.

-> Rabbenou Yona (Chaaré Techouva 3,35) écrit :
"Dans ce passage de Réé (ci-dessus), la Torah nous interdit d'avoir un œil étroit mais au contraire Il faut donner avec un bon œil. A ce sujet, le verset : "celui qui a un bon œil sera béni", car il ne suffit pas de donner de l'argent, mais Hachem attend de nous que nous ancrions en nous la mida de générosité et de largesse".

-> Le Rambam (dans son livre des 613 Mitsvot) écrit :
"la Torah nous interdit dans ce passage d'avoir un mauvais œil envers le pauvre en lui donnant la tsédaka ; c'est-à-dire qu'il nous est interdit de considérer cet argent comme un manque pour nous. Au contraire, la tsédaka doit être considérée à nos yeux comme un mérite, un profit et une source de bénédictions dans notre argent".

-> Le Néfech Yéhoudi (Pékoudé 5779) ajoute :
Nous avons une nouvelle définition du ayin ara (mauvais œil). Il ne s'agit pas seulement d'un mauvais oeil envers le pauvre, mais plutôt de tout oeil qui est étroit.
La guémara (Pessa'him 50) enseigne d'ailleurs que celui qui dérange les autres, les énerve, ou abuse de leur patience réveille du ayin ara contre lui-même.
C'est là le principe : toute personne ou chose qui pourrait éveiller un œil étroit à son sujet, mérite d'être endommagé par ceux qui le "regardent mal".
[ la jalousie n'est donc qu'un exemple parmi tant d'autres : d'œil étroit contre l'autre ]

<--->

Le Néfech Yéhoudi (Pékoudé 5779) rapporte quelques exemples d'ayin ara dans la guémara :
- celui qui fait travailler son épouse dans une poste fatigant et mal rémunéré et la fait souffrir par-là, ne verra pas de bénédiction, à cause du ayin ara : soit le ayin ara de sa femme qui regarde son poste avec haine ou le mauvais œil des proches qui n'apprécient pas la démarche de ce mari et ne le regarde pas d'un bon œil.
- de même, le bucheron dont le métier serait de couper des bons arbres fruitiers, entraînant le mécontentement des
autres habitants de la ville n'aura pas non plus de bénédiction dans son bois, car l'œil en colère des autres citoyens endommagent sa production.
- aussi, celui qui s'arrange pour recevoir la meilleure part lorsqu'il a un partage et éveille par-là le mécontentement des autres, n'aura pas de bénédiction dans sa part.
- enfin, celui qui se fait remarquer parce qu'il possède une marchandise très voyante ou dérange les autres parce qu'elle est encombrante (du foin ou de lin) n'aura pas non plus de bénédiction dans son travail car il attire le regard des gens, voire le mécontentement. (guémara Pessanim 50)

<--->

-> Le rav Yérouh'am Lévovitz de Mir enseigne :
"La définition du Bien ne se résume pas à faire de bonnes actions ou à aider les autres, mais le Bien (Tov) en essence est ce qui est immensément grand (Gadol), béni, et à profusion. Être Bon avec les autres signifie être Grand avec eux, c'est-à-dire vouloir leur donner à l'infini sans aucune limite et sans aucun œil étroit.
C'est seulement lorsque nous touchons la dimension de grandeur et d'infini dans notre don aux autres que nous touchons à la notion de Bien ... comme nous le voyons dans la Torah lorsqu'elle nous dit : "que ton cœur ne soit pas mauvais, en donnant aux pauvres. La Torah définit donc que le "Mal" peut même se trouver chez celui qui donne la tsédaka à son prochain, si seulement il la réalise avec une certaine étroitesse ou avec une quelconque souffrance.
Le Bien n'existe donc que lorsqu'il est illimité et prodigué sans aucune étroitesse. Le Mal c'est au contraire la limite dans ce bien : l'étroitesse ou encore les empêcheurs de ce Bien".

-> Le Néféch Yéhoudi (Vayakel 5779) commente :
Nous voyons dans ces paroles que : le Mal n'est pas une entité en soi ou une force à part entière, mais c'est seulement une possibilité qu'Hachem a laissé dans le monde de limiter le Bien, de l'endommager, voire de l'empêcher totalement d'exister.
Aucune action n'est mauvaise en soi : manger peut être une mitsva comme une avéra ; tuer peut être une mitsva comme une avéra .... tout dépend du contexte de sa réalisation et de la place que nous avons laissée au Bien et à Hachem pour résider dans notre action.
Plus une action est vide de tout Bien et vide les autres de Bien, plus elle peut caractérisée comme mauvaise. Le yetser ara c'est donc le penchant pour le vide de Bien ou la destruction du Bien.

=> Ainsi, celui qui prodigue du Bien mais en laissant dans son cœur un manque de largesse ou encore qui met des limites à sa bonté ('hessed), n'est pas seulement quelqu'un qui n'est pas un grand tsaddik mais quelqu'un qui adopte un comportement qui a trait au domaine du mal, dans la mesure où le Mal n'est rien d'autre que la limite que l'on place au Bien.
On comprend mieux ce que la Torah nous dit à plusieurs reprises et notamment dans Nitsavim (30,15) : "Je place devant toi le Bien et le mal, la vie, la mort ... et tu choisiras la vie". Ce parallèle est tout à fait significatif : de même que la mort n'est rien d'autre que l'absence de vie, le mal aussi n'est rien d'autre qu'une absence de Bien, voire un manque, ou même une limite.

-> "Celui qui a un bon œil est béni" (tov ayin ou yévora'h - Michlé 22,9).
Le midrach dit : "Qui a un bon oeil? Ce verset s'applique (notamment) à Moché Rabbenou qui avait un bon œil envers tout le Klal Israel.
[Le midrach ajoute] : ne lis pas "ou yévora'h" (il est béni) mais "ou yévaré'h" ([celui qui a un bon œil] c'est lui qui bénira).
[c'est pourquoi Moché Rabénou a été choisi pour bénir le klal Israël dans la paracha Vézot habéra'ha (la dernière de la Torah)"
= c'est-à-dire qu'en plus de recevoir des bénédictions d'Hachem pour son bon œil, Hachem donne à cet homme la possibilité d'être une source de bénédictions.

-> Le rav Yérouh'am Lévovitz de Mir explique :
Hachem est Lui-même Tov, le bien à l'état pur, infiniment et absolument. Hachem a choisi que Sa Bonté et Ses bénédictions se répandent à l'infini dans le monde par l'intermédiaire de tuyaux qui seront les vecteurs de cette bénédiction pour eux-mêmes et pour le monde enter.
Qui pourra mériter d'être un tuyau des bontés d'Hachem?
Celui qui s'efforce de ressembler à Hachem dans sa qualité (mida) d'être Infiniment bon, sans aucune étroitesse et
sans aucune limite. C'est ce que dit le midrach : "celui qui a un bon œil c'est lui qui bénira'*
Le rav Yérouh'am Lévovitz ajoute que s'il n'y avait pas d'hommes Bons sur terre à l'image d'Hachem, alors les flux célestes s'arrêteraient immédiatement et le monde reviendrait au Tohou Bohou.

C'est dans cette mesure qu'Hachem a dit à Avraham : "tu seras toi-même une source de bénédictions" (véhéyé béra'ha) = car vu qu Avraham était Infiniment bon avec tout le monde, Il a mérité d'être le tuyau de la bénédiction et des bontés d'Hachem et d'avoir ainsi, entre les mains, le pouvoir de bénir.
Dans le midrach rabba (début de Vaéra), il est même enseigné que Hachem a decidé de dispenser toute sa bonté ('hessed) dans ce monde-ci par l'intermédiaire du mérite d'Avranam, comme la Torah le dit en allusion : "voici les engendrements du ciel et de la terre lorsqu'ils ont été créés" (élé toldot chamayim vaaréts béhibaréam) ; "Ne lis pas béhibaréam (בְּהִבָּרְאָם) mais plutôt : béAvraham (בְּאַבְרָהָם)" (constitué des mêmes lettres). [la bonté sera dispensée dans toute cette Création].

Le midrach (Berechit rabba 32l) enseigne que :
- celui qui s'approchait d'Avraham obtenait, seulement en le regardant, une guérison à toute maladie.
- celui qui empruntait une vache à Avraham s'enrichissait grâce à elle.
- les matelots lorsqu'ils étaient en danger au cours d'une tempête mentionnaient seulement le nom d'Avraham et cela suffisait pour qu'ils soient sauvés.
[ => C'est là un exemple magnifique de perfection dans ce domaine d'être bon à l'innfini et de devenir ainsi un vrai vecteur des bontés d'Hachem sur terre. ]

-> Dans la guémara (Béra'hot 17b) nous pouvons trouver un élément de plus pour définir le bon œil :
"(Hachem a dit) le monde entier ne se nourrit que par le mérite de 'Hanina, Mon fils, [qui est le "tuyau" de sa génération], mais lui ne mange qu'un kilo de carouble par semaine".

Le Néféch Yéhoudi (Vayakel 5779) explique :
En d'autres termes, Rabbi 'Hanina Ben Dossa nous enseigne que pour être un vrai tuyau de bénédiction il ne suffit pas de donner autour de soi, mais il faut aussi soi-même se suffire de peu. Plus nous ancrons en nous cette tendance à donner sans limite et effaçons de nous cette petitesse de vouloir toujours prendre pour nous-même, plus nous nous attachons a la mida de Tov (bonté) d'Hachem. C'est dans ces conditions que nous serons nous-mêmes vecteurs de ce bien, ne serait-ce que par notre regard.
Avraham lui aussi, dit le midrach raba, lorsqu'il servait des repas royaux à de simples bédouins, pour sa part ne mangeait rien, et même jeunait ; il avait compris que la perfection dans le Bien s'obtient lorsque l'on ressemble parfaitement à Hachem qui donne en permanence et Infiniment sans rien recevoir en échange.

-> "Celui qui possède 3 qualités est élève d'Avraham avinou : un bon oeil, un esprit humble et une âme peu désireuse ; et celui qui possède 3 défauts est élève de Bil'am : un mauvais œil, un esprit orgueilleux, et une âme désireuse" (Pirké Avot 5,19)
On pourrait croire qu'il s'agit de 3 qualités indépendantes, mais Rabbi 'Hanina ben Dossa e Avraham avinou lui-même nous enseigne l'inverse : seul celui qui est humble et qui n'est pas intéressé par les désirs matériels de ce monde peu acquérir la précieuse qualité de ayin tova (bon oeil) : secret pour véhiculer la bénédiction, et inversement : celui qui s'attache aux désirs et à la matière s'éloigne de cette "bonté infinie".
[ainsi la qualité de ayin ara est liée à un esprit orgueilleux, et à une âme désireuse! ]

<--->

-> b'h, sur la notion d'ayin tova : https://todahm.com/2023/04/13/39074

<--->

-> En se basant sur ce qu'on a pu voir précédemment, le Néféch Yéhoudi (Vayakel 5779) enseigne :
Le mauvais œil (ayin ara) c'est donc l'exact contraire de cette tendance à vouloir donner à l'infini, c'est "l'œil étroit" envers ceux qui gravitent autour de lui.
Quand bien même, un homme prodigue la tsédaka, vu qu'il est encore attaché à l'étroitesse d'esprit, au manque de compassion, et à l'égoïsme, il possède en lui des racines de mal (ra).

[Pour illustrer cela, on peut citer : ]
- Même envers notre propre personne, nous portons en nous une certaine étroitesse d'esprit ; en l'occurrence : si j'ai compté dans ma récolte 1 tonne de blé, je me dis que je ne pourrai pas vendre 2 tonnes, ni me nourrir de 2 tonnes. Cela est vrai d'après les principes de ce monde ci que nos yeux ont l'habitude de voir ; cependant, ces considérations humaines, ne tiennent pas compte de la potentielle intervention bienfaitrice d'Hachem.
Il n'en reste pas moins que puisque notre oeil a fixé ces limites, en comptant la quantité exacte que nous possédons, cela implique un certain "ayin ara" sur nous-mêmes qui empêchera la bénédiction de s'installer sur cette tonne. Tant que "nos yeux étroits" n'ont pas vu ou compté le blé, nous pouvons encore demander à Hachem qu'il multiplie notre récolte.

- la guémara (Baba Batra 2b) enseigne : "il est interdit de se tenir devant le champ de blé de son ami lorsque les épis sont beaux et à maturité. Pourquoi? Car cela aura comme effet d'endommager toute la récolte".
En d'autres termes, nous devons craindre le mal (le ra) qui est en nous-même et éviter de regarder la réussite de notre prochain, car même si nous ne sommes pas jaloux ou en colère cela entraînerait naturellement une limite de la bénédiction voire un dommage sur ses biens. Que nous le voulions ou non notre œil est (pour l'instant) étroit, et même par rapport à nos propres biens. Inversement, nous devons également être discrets de ne pas éveiller le regard des autres sur nous et surtout nous ne devons pas éveiller chez eux des sentiments de jalousie, d'envie, d'infériorité ou de désir de ce que nous possédons, car ce serait le plus grand vecteur de ayin ara.

Nous avons ici, par l'exemple de la récolte, un effet de "mauvais œil" assez subtile qui peut empêcher l'arrivée de la bénédiction de venir, même pour soi-même ; car l'œil en essence implique la limite et l'étroitesse. Cependant. l'œil peut devenir chez certain une vraie arme mortellement dangereuse.
En effet celui qui s'attache vraiment au mal (ra) devient lui aussi, inversement à Avraham avinou ou Moché rabbénou, un tuyau pour déverser le mal autour de lui et même son oeil devient endommager. Il déverse sur tout ce qu'il voit des "flux" d'étroitesse, de limites, voire de destruction qui sont l'expression de ce qu'il est intérieurement ou de ce qu'il ressent envers l'autre.

De même qu'une impureté peut rendre impurs tous les objets qui se trouvent dans la pièce (toumat ohel) ou tout ce
qu'elle touche (toumat maga), de même celui qui est mauvais (ra) entraîne des mauvais flux autrour de lui.
A ce sujet, nos Sages ont dit : "malheur à l'impie et malheur à son voisin" (oï la racha véoï lichkhéno)
sages ont dit : "Oi la racha véOï lichkhéno. Le rav Yérouh'am Lévovitz de Mir explique que le premier à
être endommagé par le Ra (mal) qui est dans un homme, c'est cet homme lui-même. Parallèlement, celui qui est Bon et devient un tuyau de bonté est également le premier à être béni.

Il est pourtant clair, dans les paroles de Nos sages, que ce n'est pas le mauvais œil qui tue mais bien la faute (avéra) qui tue, comme l'a déclaré Rabbi 'Hanina ben Dosa. En effet, la faute rend l'homme mauvais et le rapproche donc des souffrances et de la mort qui sont la conséquence naturelle du Mal qui a été réalisé (midrach raba - Ochéa).
Il n'en reste pas moins que Hachem est extrêmement patient et c'est pour cette raison que la faute ne tue pas
immédiatement sur le coup. L'entrée du Mal en nous ne fait pas les mêmes effets que le venin du boa quand bien même il est cent fois pire.
La faute attend patiemment à coté de nous, le jour où elle pourra laisser exprimer sa nocivité.

Comme l'explique le Tomer Dévorah :
"Chaque faute crée un ange destructeur. Cet ange monte devant Hachem et lui dit : voilà c'est Réouven qui ma créé. Il faut maintenant me nourrir, demande l'ange destructeur ; puis-je aller me nourrir de Réouven qui m'a crée?
Si Hachem le laissait, il descendrait immédiatement et entrainerait de grandes souffrances et destructions sur cet homme qui a fauté. Il recevrait sa punition immédiate pour sa faute jusqu'à ce que l'ange soit rassasié.
Que fait Hachem dans cette situation?

Il est "nossé avone vaFécha é'hataa = Il porte les fautes et les rebellions et erreurs [et il nourrit Lui-même les anges destructeurs, comme Il nourrit le monde entier.
Le Tomer Dévora ajoute : Hachem donne à ces anges destructeurs de Sa propre Présence Divine (Chékhina) afin de les apaiser et attend patiemment que Réouven fasse téchouva et qu'il répare lui-même toutes conséquences de ses fautes".

=> Ainsi, c'est le Mal qu'un homme porte en lui (par ses propres fautes) qui est la source de toute destruction, souffrance ou même de la mort, mais Hachem ne laisse pas ce Mal s exprimer parce qu'Il est longanime et attend de nous téchouva et réparations.
Cependant, le rav Yérouh'am Lévovitz explique que n'importe quelle intervention extérieure peut venir troubler cet équilibre. Si un homme Mauvais s'approche avec son œil mauvais et regarde son prochain qui porte du Mal en lui, Il a la possibilité de réveiller et d'attiser ce mal jusqu'à ce que l'homme perde sa protection qui lui venait de la patience d'Hachem et soit puni plus rapidement que prévu. C'est comme cela que fonctionne le ayin aya.

Cas d'école :
S'il a été décrété sur un homme à cause de différentes fautes de cruauté, ou de désir ... que sa voiture soit endommagée. Il est possible que pendant longtemps Hachem ne laisse pas l'ange de destruction intervenir et que sa voiture reste intacte en attenant patiemment la téchouva de cet homme. Cependant, si un autre homme qui est lui-même mauvais, se rapproche de cet nomme et regarde sa voiture avec un oeil mauvais, il est possible que cela attise le jugement qui existait déjà sur cette voiture et que le Din s'accomplisse plus rapidement que prévu.

-> Le rav Dessler explique que ce pouvoir [d'ayin ara] d'un juif sur un autre découle du fait que "kol Israël arévim" (tous les juifs sont dépendants et garants les uns des autres).
En d'autres termes : je suis responsable du Mal qui se trouve chez l'autre et inversement. Ainsi, le Mal qui se trouve chez l'un peut interagir avec le Mal qui se trouve chez l'autre et cela peut attiser le jugement et permettre à l'ange de destruction qui existait déjà d'intervenir plus rapidement que prévu.

Ainsi. lorsque Rav (guémara Baba Métsia 107b) nous dit : "je suis passé dans un cimetière et 99 hommes sur 100 ont été tués par le ayin ara, cela ne signifie pas que l'œil a tué qui que ce soit mais que l'œil d'un homme qui était mauvais a attisé le mal qui existait chez d'autres personnes qui étaient passibles de mort depuis bien longtemps, par exemple, et que la peine a été avancée.

[on peut rapprocher cela d'un enseignement sur : "Juge chaque personne favorablement" (Pirké Avot 1,6)
La mystique juive nous enseigne que le Satan ne peut accuser quelqu'un sans témoin et lorsque nous jugeons quelqu'un défavorablement, nous nous associons au Satan sans le savoir puisqu'il utilisera notre témoignage.
Le Baal Chem Tov écrit à ce sujet :
"Lorsque le Satan veut accuser un enfant d'Israël devant Hachem, D. le fait taire en demandant qu'il y ait 2 témoins.
Mais lorsqu'un juif interprète les actes de son ami négativement, ne serait-ce que par la pensée, il réjouit le Satan, car il a trouvé un témoin et son accusation sera acceptée.
Par cet acte, il s'associe au Satan pour accuser son ami".
(ainsi, d'une certaine façon en ayant une vision, une pensée de ayin ara sur autrui, nous donnons au Satan la possibilité de mettre en application un mauvais jugement qui était jusque là en attente sur cette personne.
Et d'une certaine façon, cela est valable quand on parle de nous-même!)]

<--->

+ Il y a différentes facettes :

-> De façon générale, lorsque nous parlons de yétser ara (le penchant vers le Mal) ou de Ra (mal) cela fait plutôt référence aux taavot (désirs du corps) qui nous attachent à la faute ; (comme la Torah nous le révèle au sujet des fils de Yéhouda : Ere et Onane, qui étaient "Ra" aux yeux d'Hachem et qui avaient fauté dans le domaine de zéra lévatala [perte de semence en vain]).
A priori cela contredit la définition précitée de ce qu'est le Mal. Quel rapport y a-t-il entre ce "mal" dont parle la Torah, et les limites de la Bonté ou l'étroitesse évoquées plus haut comme définition du Mal?
[voir les paroles du rav Lévovitz : "Le Bien n'existe donc que lorsqu'il est illimité et prodigué sans aucune étroitesse. Le Mal c'est au contraire la limite dans ce bien : l'étroitesse ou encore les empêcheurs de ce Bien" ]

Cependant il n'y a pas de contradiction, car comme nous l'avons vu plus haut, plus un homme s'attache à réaliser ses propres désirs et à combler son corps, plus il s'éloigne de la qualité d'infinie bonté et de grande générosité qu'il possède en potentiel.
En effet, dans le domaine de la matière tout ce que nous donnons à l'autre représente un manque pour nous ; tout le temps que nous consacrons à l'autre est du temps en moins pour nous. La qualité (mida) de bonté infinie ne peut donc se trouver que chez quelqu'un qui a fixé ses objectifs dans la spiritualité et qui maîtrise son penchant pour la matière.
Celui qui n'a pas compris que toutes les ambitions matérielles de ce monde sont vaines et que combler son corps ne mène à rien, ne pourra jamais atteindre le vrai Tov (bon), c'est-à-dire : à l'infini.
[plus nous avons une vision spirituelle de la vie, plus nous percevons que tous les juifs sont unis à un niveau spirituel, que nous avons tous les ressources/capacités/qualités nécessaires pour notre objectif propre de vie, que la vie est très très courte/éphémère et que l'essentiel est de se préparer pour notre mort, notre éternité à venir, ... avec des pensées similaires nous sommes capables de développer de déveloper notre ayin tov, et donc de diminuer notre tendance naturelle au ayin ara, et ainsi nous évitons d'amener des malédictions sur nous et autrui, et au contraire on fait descendre des bénédictions (tellement Hachem aime voir Ses enfants agir positivement entre eux) ]

Il est certain que l'effet naturel de l'œil d'un homme sur son prochain (ou sur ses biens) aura pour effet de limiter la bénédiction, à cause du ayin ara, car chacun personne porte en lui du mal et chaque regard porte une certaine étroitesse (même sur soi-même ou sur nos propres biens).
Mais, il n'en reste pas moins que lorsqu'à ce "regard neutre" s'ajoutent : jalousie, colère ou souffrance (que l'autre m'a fait), cela décuple l'effet du ayin ara explique le Sefer haAkéda (chaar61).
En effet, toutes ces mauvaises midot que sont : la jalousie, l'envie, la haine, la colère, le mécontentement ... ne font qu'agrandir la dimension de Mal qui existe dans l'œil de l'homme et de ce fait, cela aggrave les effets du ayin hara. D'où la grande nécessité de déraciner ces mauvaises midot et même de s'éloigner des personnes qui les possèdent.

<--->

+ L'exemple de Yossef :

-> "Ben Porat Yossef, ben porat alé yaïn" (fils de la grâce : Yossef, fils de la multitude, au-dessus de l'œil)
Le Néfech Yéhoudi (Vayakel 5779) commente :
Nous vovons que la protection contre l'œil est synonyme de bénédiction et de multiplication, car seul l'œil
étroit empêche la bénédiction d'Hachem d'agir.
Comme l'explique la guémara Béra'hot, Yosset hatsaddik, lui et tous ses descendants, sont protèges du ayin ara.
=> Quelle était la particularité de Yossef pour qu'il mérite une telle bénédiction pour sa tribu?

Il est certainement l'un des personnages de la Torah qui s'est le plus éloigné d'avoir un œil étroit, même envers ses frères qui l'ont vendu comme esclave en Egypte et ont voulu "son Mal" (pour reprendre les termes de la Torah dans vayé'hi). Yossef, à de nombreuses reprises, leur a répété : tout ce qui s'est passé ne l'a été que pour le Bien et il n'y a donc aucun regret à avoir. Il a mérité d'ailleurs d'être le vecteur de la bénédiction pour sa famille, pour toute l'Egypte et même pour le monde entier (dit le midrach), pendant les 7 années de famines.
Rachi rapporte (sur place 49,22) que Yossef doit cette bénédiction à sa qualité (mida) de Tsiniout (décence, pudeur) dans laquelle il a excellé à différentes reprises dans la Torah.
Il est certain que celui qui fuit les taavot (attraits materiels) et qui est, de plus, tsanoua pudique/ discret) par rapport au regard des autres augmente énormément la dimension de Tov qui peut exister en lui et se forge un bouclier contre le Mal extérieur et contre l'œil.
Rachi mentionne notamment son mérite de s'être placé devant sa mère lors de la rencontre avec Essav afin que ce racha ne porte pas "ses yeux" sur elle (Rachi).
Le verset suivant mentionne aussi un autre mérite de Yossef dans le domaine de la Tsniout : son abnégation pour résister au harcèlement de la femme de Potifar; grâce à cette fuite du "Ra" (Mal) (tel que la Torah le définit avec les fils de Yéhouda), il est devenu porteur du Tov et a acquis une immunité contre l'œil.
C'est donc sa perfection dans la tsiniout et dans la honte de coeur (avec ses freres) qui a permis a Yossef d'obtenir une bénédiction d'imperméabilité au aiyn ara pour lui et sa descendance et de devenir ainsi le vecteur de la bénédiction pour toute l'Egypte.

<--->

+ Les comptes du Michkan & la bénédiction (explicaiton aux questions du début) :

=> Quel est le secret du Michkan et des comptes de notre paracha (Pékoudé) pour qu'y réside la bénédiction?

-> Le Zonar (225b) écrit :
"Dans tout endroit ou réside la sainteté même s'il y a un compte, la bénédiction y réside perpétuellement.
Comme on le voit ou maasser (le dixième de son salaire donné à la tsédaka) qui bien qu'il arrive après un comte entraîne aussi la bénédiction ; à plus forte raison le michkan qui est entièrement saint (kodech) et a été réalisé par les forces de la sainteté.
Cependant, pour toutes les autres affaires du monde, la bénédiction ne peut pas résider en même temps que le compte car les forces obscures s'emparent de tout ce qui est visible, publique et compte et la bénédiction ne peut donc résider sur elles, car la bénédiction ne réside pas là où il y a le Mal ou le mauvais oeil".

-> Le Nefech haH'aim (1.4) ajoute : L'une des premières particularités du Michkan ou du Temple est qu'ils étaient le vecteur principal de tous les flux de Bonté et de bénédiction matériels comme spirituels dans le monde entier ...
Celui qui prie pour la reconstruction du Temple prie donc aussi par conséquent pour la multiplication des bénédictions dans le monde ...
C'est déjà une première raison qui explique le fait que bien que le Michkan inclut de nombreux comptes, il soit
pourtant porteur de bénédiction : car par lui se déverse la bénédiction dans le monde.

Dans un deuxième temps, comme le disent nos sages, le Michkan est éternel car il a été construit par Moché, Betsalel, Haollav, ... et tous les sages de cœur qui ont fait preuve d'une bonté infinie et d'une pureté de cœur immense qui donna au Michkan ce caractère eternel (Storno).
Le Zohar dit à ce sujet (ailleurs) : "le compte amène le ayin ara mais le compte de Moché amène la bénédiction".
Le Michkan est donc l'exception qui confirme la règle : les comptes du Michkan établis par Moché, seront source de bénédiction car ils sont réalisés avec un bon œil en particulier, ils pourront recevoir la plus grande bénédiction qui existe : la descente sur terre de la Présence Divine (Chékhina).

-> Enfin la dernière raison pour laquelle les comptes du Michkan sont paradoxalement source de brakha est donnée par le Kédouchat Levi (Pékoudé) :
"L'œil a cette particularité à l'instar de l'œil de Bilam, de séparer un élément de sa source céleste qui est sa source de vie".
[ Hachem a tout créé "yech méayin" (ex-nihilo ou encore la matiere (yech) à partir du spirituel ayin). Ainsi tout celui qui regarde un élément matériel en occultant sa racine ou en le séparant de sa source divine le coupe, par son regard, de sa source de vie. Tout celui qui se focalise sur un objet matériel en oubliant d'où il vient entraine un dommage de ayin ara. ]

Le Kédouchat Lévi poursuit : "les Bné Israël ont la possibilité d'avoir un ayin tov (un oeil source de bénédition) sur chaque chose, comme il est écrit dans Chir haChirim : "tes yeux sont une bénédiction, (même) dans le compte, (même) dans la place publique" (éné'ha bér'not bé'hechbon bachaar bat rabim).
Comment cela?
Dans la mesure où l'oeil du juif
(ben Israël) voit la Présence d'Hachem qui se trouve dans la chose qu'il regarde.
Lorsqu'un homme attache par son oeil un élément à Hachem en se rappelant d'où il vient, il renforce alors ses racines vers sa source créatrice et sa source de vie à chaque instant.

C'est cela qu'il est écrit : "voici les comptes du Michkan" dans lesquels il y aura la bénédiction et la Présence Divine (chékhina) car tous les comptes ont été faits pour pouvoir accueillir la Présence d'Hachem et relier ces éléments matériels à leur source spirituelle. Ce sont donc des comptes qui sont exceptionnellement vecteurs de bon œil et de bénédiction".

Le Néfech Yéhoudi (Vayakel 5779) ajoute :
Celui qui est la jaloux de l'autre, notamment, entraine le ayin ara car il oublie que c'est Hachem qui a décidé pour le Bien que lui possède tant et que son voisin possède plus. Celui qui a un bon œil est l'homme, à l'instar de Moché Rabenou, qui arrive à voire la présence d'Hachem partout, en attachant chaque élément à sa source de vie.
On comprend mieux pourquoi Moché Rabenou dont la force était la crainte du ciel (yirat chamayim) [selon guémara Béra'hot], a pourtant cette qualité de "bon oeil qui à priori a trait à la qualité de 'hessed (qualité inverse) : en effet, par sa grande crainte du Ciel, Moché voyait Hachem dans chaque élément, ce qui renforçait la vie en lui.
[ira (crainte) vient du mot iré : il voit ]

La guémara dans Yoma dit qu'il est interdit de compter des juifs même pour les besoins d'une mitsva (minyan). C'est parce que l'œil est tellement dangereux que, même lorsque cela est nécessaire pour une mitsva, il eut endommager et entraîner l'étroitesse en séparant chaque élément compté de sa source [première] : Hachem.
C'est pourquoi il faut toujours être prudent, discret et limiter les comptes.

Mais le Michkan est l'exception qui confirme la règle : c'est un compte pour s'attacher à Hachem, pour faire descendre la Ché'hina et lier ciel et terre. C'est le seul compte où le regard et le calcul seront donc vecteurs de bénédiction.

==> Il est certain que, quand bien même nous devons toujours être prudents dans le regard que nous posons sur les autres, il est tout de même possible pour nous de nous attacher à cet exemple du Michkan, et à cette bonne qualité de Moché : de voir Hachem partout [on peut interpréter en ce sens les paroles du roi David : j'ai mis Hachem devant moi tout le temps (chiviti Hachem lénegdi tamid)]. On pourra ainsi s'efforcer d'acquérir la largesse de coeur d'Avraham qui voulait donner à l'infini, et s'inspirer du bon oeil de Yossef de n'en vouloir à personne car tout est pour le bien. C'est ainsi que nous pourrons nous rapprocher progressivement de ces grands hommes dont l'œil était vecteur de bénédiction.

<------------->

-> Une ségoula contre le ayin ara : une mère qui prend ses enfants dans ses bras : https://todahm.com/2025/01/26/yaakov-voulait-sauver-ses-enfants-du-ayin-ara

"Il n'y avait pas de pain dans tout le pays, car la famine était très forte ; le pays d'Égypte et le pays de Canaan étaient épuisés par la famine" (Vayigach 47,13)

-> Rachi commente : "Dans ce verset, la Torah revient à la description du début de la famine".
Au final, la famine n'a pas duré les 7 années prévle vues par Yossef, car la Torah nous dit qu'ils préparaient déjà la terre pour les semailles la 3e année.
[la Torah nous rapporte que pendant la 2e année de famine, Yossef a fourni des graines pour ensemencer la terre d'Egypte - Vayigach 47,23]

Cependant, cela n'a pas remis en cause l'interprétation du rêve de Pharaon par Yossef. Il était universellement compris, même par les autres nations du monde, que les tsadiki (justes) ont le pouvoir d'annuler un décret céleste. C'est pourquoi nos Sages (guémara Baba Batra 116a) nous disent : "Un homme juste décrète, et Hachem exauce (son souhait)".
La fin de la famine a coïncidé avec l'arrivée de Yaakov, et il était donc évident que c'était son arrivée qui en était la cause. Les égyptiens étaient conscients que Yaakov était un homme de D. et que son arrivée leur apportait la bénédiction, comme le déclarent nos Sages : " La bénédiction suit le sillage d'une personne juste" (guémara Béra'hot42a).

En effet, la famine a été causée par la décrue des eaux du Nil, qui était la principale source d'eau (et donc de nourriture) en Égypte. Lorsque Yaakov bénit Pharaon pour que le Nil remonte vers lui (Rachi - v.47,10), ce qui se produisit immédiatement, la famine prit fin. Il est donc évident que Yaakov a contribué à mettre fin à la famine.

Yossef était conscient de la possibilité que le décret soit annulé par les prières des justes (tsadikim), et c'est pourquoi son interprétation du rêve de Pharaon était soigneusement formulée.
Lorsqu'il décrit les années de famine à Pharaon, il évite le mot "baou" (arrivera) et utilise plutôt "kamou" (surgira). Cela implique que l'arrivée de la famine n'est pas garantie.
À l'inverse, lorsque Yossef fait référence aux années d'abondance dans son interprétation, il utilise le mot "baou", ce qui implique que leur arrivée est certaine.
En effet, nos Sages nous disent qu'un décret céleste en faveur du bien n'est jamais annulé, et par conséquent, Yossef était convaincu que les années d'abondance arriveraient.
[d'après le Maharal - Gour Aryé]

<--->

-> En résumé :
La prédiction de Yossef concernant les 7 années de famine ne s'est pas entièrement réalisée car l'arrivée de Yaakov a apporté la bénédiction à l'Égypte.
Yossef savait qu'un décret d'Hachem peut être annulé par les prières des tsadikim ou par le repentir, et il en a tenu compte dans son interprétation du rêve.

Tous ses fils et toutes ses filles essayèrent de le consoler, mais il refusa d'être consolé et dit : "Car je descendrai dans la tombe en pleurant mon fils." Et son père (Its'hak) pleura sur lui. (Vayéchev 37,35)

-> Rachi commente : "Yaakov ne pouvait pas être consolé de la perte de Yosef, car on ne peut pas être consolé d'une personne vivante que l'on croit morte".

En effet, il existe un décret céleste selon lequel une personne décédée sera oubliée du cœur. Cependant, ce décret ne s'applique pas à une personne que l'on croit morte mais qui est en fait vivante.
Malgré son incapacité à être consolé, Yaakov n'a pas conclu que Yossef était réellement vivant. En effet, il n'existe pas de durée fixe pour l'oubli d'un défunt dans le cœur.
Tout le monde ne vit pas son deuil de la même manière. Certains ne se consolent pas facilement et restent dans le deuil pendant une longue période. Yaakov pensait qu'il faisait partie de ceux qui ne se consolent pas facilement et, par conséquent, son chagrin interminable ne lui prouvait pas que Yossef était toujours en vie.

Le fait de ne pas être facilement consolé découle du trait de caractère négatif qu'est l'obstination. Seules les personnes obstinées refusent d'accepter un décret d'Hachem avec amour et ne sont pas facilement consolées de la mort d'un parent.
Nos Sages qualifient Yaakov de "le meilleur" (de bé'hir) des Patriarches, et il n'avait certainement pas ce trait de caractère négatif.
Si Yossef était effectivement mort, Yaakov aurait accepté le décret d'Hachem avec joie, à l'instar des grands hommes de notre nation. Cependant, dans son humilité, Yaakov ne s'est pas considéré comme une personne juste (tsadik), et il a cru que c'était son obstination qui ne lui permettait pas d'être réconforté (alors qu'en fait, c'était parce que Yossef était encore en vie).

Une autre raison plausible pour laquelle Yaakov n'a pas conclu que Yossef était vivant (en vertu de son incapacité à être consolé) est qu'il était conscient, grâce au roua'h hakodech (inspiration Divine), qu'il ne connaîtrait pas le Guéhinam si tous ses enfants restaient en vie de son vivant.
Les 12 fils de Yaakov correspondaient aux 12 mois de l'année, et il avait la garantie que si aucun d'entre eux ne le précédait, il serait épargné des 12 mois du Guéhinam, qui est la peine maximale pour une personne racha (guémara Shabbath 33b). [en ce sens, on prend le deuil pendant une année, car même un racha au bout d'un an, est libéré de sa purification de ses fautes au Guéhinam. ]
Par conséquent, la mort perçue de Yossef était doublement dévastatrice pour Yaakov : il avait perdu à la fois son fils et cette garantie. Yaakov attribua donc son incapacité à trouver du réconfort à cette perte et non à la mort réelle.
C'est pourquoi il pensait qu'il ne pouvait pas être réconforté. Ce n'était certainement pas le cas, car Yossef était bel et bien vivant, et Yaakov ne sera finalement pas du tout puni dans le Guéhinam.
[d'après le Maharal - Gour Aryé]

<--->

-> En résumé :
Si Yaakov n'a pu être consolé de la mort de son fils Yossef, c'est parce que ce dernier était encore en vie. Cependant, Yaakov n'a pas tiré la conclusion que Yossef était toujours en vie, car il pensait que son trait de caractère négatif d'obstination ne lui permettait pas d'être consolé.
Ou encore, Yaakov pensait qu'il ne pouvait pas être consolé parce qu'il craignait que la mort de Yossef n'annonce son futur châtiment dans le Guéhinam.

Les allégations de Yossef

+++ Les allégations de Yossef :

"Voici les descendants de Yaakov : Yossef avait 17 ans ; il était avec ses frères qui gardaient les troupeaux, et il était jeune avec les fils de Bilha et de Zilpa, femmes de son père ; et Yossef apporta à leur père une mauvaise nouvelle à leur sujet" (Vayéchev 37,2)

-> Rachi commente que Yossef a rapporté tout ce qu'il a vu de négatif chez ses frères, les fils de Léa.
Il a rapporté que ses frères mangeaient des membres d'un animal vivant (du éver min ha'haï), qu'ils rabaissaient les fils des servantes en les appelant esclaves, et qu'ils étaient suspects dans l'interdiction des relations interdites (arayot).

-> Le Maharal nous enseigne :
Yossef a été puni pour ces 3 accusations.
Pour avoir prétendu qu'ils avaient mangé du éver min ha'haï, ses frères l'ont vendu comme esclave et ont ensuite abattu une chèvre (Vayéchev 37,31). Cependant, ils n'ont pas mangé de ses membres alors qu'elle était encore en vie.
[il ne s'agit pas d'une punition au sens classique du terme. Cependant, le but d'une punition est de démontrer que le fauteur a commis une erreur. Le fait que les frères n'aient pas mangé du éver min ha'haï montre à Yossef que ses accusations étaient sans fondement. ]

Pour avoir dit qu'ils traitaient leurs frères d'esclaves, Yossef lui-même a été vendu comme esclave. (Téhilim 105,17)
Pour les avoir accusés d'avoir eu un comportement licencieux, il a été séduit par la femme de son maître, comme le dit la Torah : " La femme de son maître leva les yeux" (Vayéchev 39,7).

=> Pourquoi Yossef a-t-il été puni pour avoir dénoncé leur comportement répréhensible?
Après tout, l'interdiction de calomnier quelqu'un ne s'applique que lorsque cela n'est pas fait dans un but constructif. Il est permis (et c'est même une mitsva) de signaler un comportement immoral à une figure d'autorité comme Yaakov afin qu'il puisse les réprimander et les aider à changer leurs habitudes.
[bien qu'un témoignage en bonne et due forme dans un tribunal juif nécessite 2 témoins, le témoignage d'un seul témoin est suffisant pour la réprimande si cette personne bénéficie de la confiance implicite de la figure d'autorité.]

La réponse se trouve une étape avant le rapport. Yossef n'a pas été témoin de la transgression de ces actes interdits par ses frères, et en effet, les saints géniteurs de la nation juive étaient innocents de ses allégations. En fait, Yossef a seulement été témoin d'un comportement qui a fait naître le soupçon qu'ils ne s'étaient pas suffisamment éloignés de ces graves interdictions.
Yossef a été appelé "Yossef haTsadik", Yossef le juste, en raison de son niveau élevé. Il s'est éloigné du moindre comportement interdit. Parce qu'il était si scrupuleux, il trouvait déconcertant que ses frères soient moins vigilants dans leur prise de distance.
Néanmoins, parce qu'il n'avait pas été témoin d'actes interdits, il était interdit à Yossef de faire part de ses soupçons à son père.

=> Si Yossef n'a pas vu ses frères commettre de véritables actes interdits, qu'a-t-il rapporté à Yaakov?
Yossef signale que ses frères autorisent leurs esclaves à cuisiner pour eux, ce que Yossef considère comme interdit car on ne peut pas faire confiance aux esclaves pour éviter de cuisiner éver min ha'haï (guémara Guittin 67b).
Yossef rapporte également que ses frères, les fils de Léa, refusent de s'associer avec leurs frères de Bilha et de Zilpa. Yossef, dans sa grande droiture, considérait que cela revenait à les traiter d'esclaves.
Enfin, Yossef rapporta que ses frères ne détournaient pas suffisamment leur regard en présence de femmes, ce qui les entachait à ses yeux d'une trace de l'interdiction des relations interdites, car cela crée une ouverture pour le mauvais penchant.

Bien que la Torah ne précise pas les allégations de Yossef, nos Sages les déduisent des mots "dibatam ra'a" (rapports de mauvaise conduite) dans ce verset. Le mot "ra'a" désigne ces 3 allégations, car la Torah associe ce terme à 3 attributs négatifs : "yétser hara" (mauvais penchant), "ayin hara" (mauvais œil) et "lev hara" (mauvais cœur).
Le "yétser hara" pousse une personne vers des relations interdites, car il la séduit pour qu'elle suive ses désirs physiques au détriment de son intellect.
Le "ayin hara" est la source de l'envie, qui pousse une personne à se valoriser aux dépens d'une autre.
Le "lev hara" est la racine de tout comportement insensible, qui pousse une personne à agir avec cruauté envers les créatures d'Hachem, comme lorsqu'elle consomme les membres d'un animal qui ont été séparés lorsque l'animal était encore en vie.

Ces comportements conduisent une personne hors de ce monde, comme le déclare Rabbi Yéhochoua : "Le Ayin hara, le yétser hara et la haine insensée conduisent une personne hors de ce monde" (Pirké Avot 2,11). [la haine insensée est un des aspects du lev hara]
Cependant, comme les frères étaient innocents de ces allégations, Yossef a été puni pour les avoir accusés, comme nous le disent nos Sages : "Celui qui soupçonne l'innocent subira un préjudice physique."

<--->

-> En résumé :
Yossef a calomnié ses frères, les accusant de s'être engagés dans des comportements interdits. Il n'a pas prétendu qu'ils avaient commis des transgressions réelles, mais plutôt qu'ils ne s'étaient pas suffisamment éloignés d'elles.
Yossef était très strict sur ces questions et ne pouvait tolérer la moindre trace de ces interdictions chez ses frères.

Shabbath précédant le mariage

=> Qu'est-ce qui rend le Shabbath qui précède le mariage si spécial?

-> On nous enseigne que le Shabbath précédant Roch 'Hodech est : "Shabbath mévaré'him" (Shabbath où l'on bénit), on va introduire le nouveau mois et on en profite pour y faire des bénédictions car cela va imprégner le mois à venir de bénédictions. (voir rabbi Tsadok haCohen - Pri Tsadik - Roch 'Hodech Av 3)
Il en est de même lors du Shabbath qui précède un mariage. Ce Shabbath annonce la cérémonie à venir, et il sert de source de bénédictions pour le mariage à venir. (voir le Imré Pin'has - Inyanim Shonim 86)

D'où vient ce concept?
Le Zohar (Yitro 88a) nous enseigne que toutes les bénédictions adressées aux sphères célestes et terrestres pendant la semaine sont liées au Shabbath qui précédent.
[Darché 'Haïm véShalom 1045:2]

<------>

-> "[Le roi d'Israël] écrira pour son usage, dans un livre, une copie de cette Torah ... Elle sera avec lui et il y lira tous les jours de sa vie ... pour les accomplir" (Choftim 17,18-19).
Ainsi, un roi doit consulter la Torah pour être guidé pour que chacune de ses actions de sa vie soit en phase avec ce qui est écrit dans la Torah.

Par ailleurs, il est écrit : "Un 'hatan (le marié) est comme un roi" ('hatan domé lémélé'h - Pirké déRabbi Eliézer - chap.16).
Un 'hatan étant comparé à un roi, on a pris l'habitude de le faire monter à la Torah le Shabbath précédant le mariage, pour lui rappeler de construire son foyer sur ces fondations.

La Providence Divine leur fut révélée

+ La Providence Divine leur fut révélée :

"Hachem vit les Bné Israël et D. sut" (Chémot 2,25)

-> Rashi déclare : "Il mit son cœur sur eux, et ne leur détourna pas les yeux".

-> Le séfer Divré Israël note que ce verset semble inutile, car il est déjà dit juste avant (v.2,23-24) que Hachem entendit les cris du peuple juif et se souvint de Son alliance avec eux. Pourquoi faut-il répéter qu'Il ​​les a vus?

Il répond que l’exil en Egypte était un "galout hadaat", un exil de l’esprit (voir Pri Eitz 'Haïm - chaar Chag Hamatzos, 1). Cela signifie que parce que les égyptiens ont rendu aigris les juifs en les obligeant à effectuer des travaux pénibles, ils sont tombés à un niveau spirituel si bas qu’ils ont même oublié qu’il existe un D. qui gouverne le monde et traite chaque personne avec la Providence Divine.
Ils oublièrent le concept de Hachga'ha Pratit et pensèrent que toutes les souffrances qui leur étaient arrivées étaient simplement "naturelles".

Cela dura jusqu’à ce que Hachem se révèle à eux et leur envoie le message qu’Il ​​allait les délivrer. Il leur donna la compréhension (daat) pour reconnaître que tout ce qui se passe dans ce monde est contrôlé par Lui et que tout se produit pour une bonne raison.

Lorsque le verset dit que "Hachem vit les Bné Israël et D. sut" = cela signifie qu’ils en vinrent à comprendre qu’Il ​​contrôle le monde, comme le dit Rachi : "Il a mis Son cœur sur eux et ne leur a pas caché Son regard" = Il leur a donné le cœur pour comprendre que Ses yeux voient le monde entier et qu’Il ​​règne sur tous avec la Providence divine.