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Les agounot

Celui qui libère une agouna, lui permettant de se remarier, c’est comme s’il avait reconstruit l’une des ruines de Jérusalem.
[le Shout Ba’h ha'Hadachot - 64]

-> Le Shout Shevout Yaakov (1:14) [1670-1733] permet à un Beth Din de recevoir le témoignage, durant Chabbat, d’un individu dangereux (איש מסוכן) afin de libérer une agouna, sans même attendre la sortie de Shabbat.
En effet, il n’y a pas en effet de plus grande urgence et de circonstances atténuantes (שעת הדחק) que cela. Comme le pikoua’h nefech, il ne faut surtout pas prendre cela à la légère.

De même, le Beth Yossef (Shout Beth Yossef sur Even Ha-ezer, Dinei Goy Mésia’h Léfi Toumo, 10) considère la libération d’une agouna comme une question relevant des dinei néfachot.

-> Chaque année, la famille de rav Ovadia Yossef se rassemble pour rappeler la mémoire de leur mère le jour anniversaire de son décès. Une année, il ne vint pas, sans que nul ne sache pourquoi. Le frère de rav Ovadia, Rav Naim, le chercha le matin suivant et s’enquit de la raison de son absence lors de la hazkara de leur mère.
Le rav répondit qu’il cherchait par tous les moyens à libérer une agouna pour lui permettre de se remarier. Il resta éveillé toute la nuit pour trouver une solution qu’il découvrit à 4 heures du matin!
"Certainement, cela contribua à l’élévation de l’âme de notre mère bien plus que toute cérémonie mémorielle!"

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-> Après la 1ère guerre mondiale, rabbi Shlomo David Kahana (1869-1953) établit une section spéciale à Varsovie pour traiter des problèmes d’agounot, formant à cette fin, un vaste réseau d’informations dans les plus grandes villes européennes. Cela rendit possible le remariage de milliers d’agounot.

En 2019, un registre consignant les actes du Beth Din de Bergen-Belsen après la Libération, fut découvert. Ce registre, contenant plus de 100 pages d’une petite écriture manuscrite, fut le 1er document avec des témoignages de survivantes de l’Holocauste sur leurs époux, assassinés par les Nazis, afin d’être libérées de leur statut d’agounot.
Ce registre, intitulé “Protocole du Beth Din de Bergen-Belsen” fut écrit sur un feuillet ayant d’abord appartenu aux Nazis. Les Rabbanim listèrent les noms des survivants et des témoignages sur l’assassinat de leurs conjoints pendant l’ Holocauste. Le nom de chaque survivant de l’Holocauste avait sa propre page dans le registre, suivi par le témoignage au sujet de la mort de son époux, signé par le(s) témoin(s). Sous le témoignage, et sur la base de ces derniers, les Rabbanim écrivaient leur heter avec leurs signatures pour un remariage. Selon le registre, le Beth Din délivra 85 heterim permettant des remariages. Les Rabbanim de ce Beth Din étaient Rav Yoel Halperin, Rav Ysrael Aryeh Zalmanovitz, Rav Yssakhar Berish Rubin et Rav Yts’hak Glickman, tous survivants de l’Holocauste. Ils travaillèrent de concert avec Rav Shlomo David Kahana, extrêmement actif dans la libération d’agounot. Il rédigea un “heter agounot” standard pouvant servir dans la majorité des cas, et collecta des témoignages pour libérer les agounot après l’Holocauste. Il estima avoir délivré environ 3,000 héterim à des agounot après l’Holocauste sans jamais être pris à défaut par un mari qui aurait encore été vivant.

-> En 1973 eut lieu la tragique guerre de Yom Kippour. Plus de 960 corps restaient non identifiés, manquants ou non immédiatement récupérables.
[la halakha insiste sur le fait d’être capable d’identifier le corps dans les 3 jours suivant le décès afin de reconnaître le visage, or beaucoup de ces dépouilles furent trouvées et restituées seulement plus tard.]
En conséquence, leurs veuves étaient agounot et ne pouvaient se remarier faute d’identification du corps de leurs maris. Le Grand-Rabbin de l’Armée, Rav Mordé’khai Piron et son assistant Rav Gad Navon demandèrent à rav Ovadia Yossef un an de présidence d’un Beth Din ad hoc pour traiter de tous les cas de agounot suite à la guerre de Kippour, permettant aux jeunes femmes d’être libérées de ce statut et de refaire leur vie suite à la mort de leurs époux. (Yabia Omer, volume 6, Even Ha-ezer 3)
Rav Ovadia prit ce temps par dessus tous ses horaires d’études. Ce Beth Din spécialisé se rassembla tout au long de l’année 1974, passant au crible tous les dossiers. Certains cas étaient clairement tranchés, d’autres impliquaient de voyager à l’étranger, d’interroger les soldats; Dans de nombreux cas, il versa des larmes sur les dossiers. En dépit de sérieuses difficultés halakhiques, 2 ans plus tard, le Beth Din de rav Ovadia avait libéré toutes les veuves de guerre agounot.

-> En 1945, âge de 25 ans, Rav Ovadia Yossef fut nommé dayan par le Grand-Rabbin séfarade Rav Bentsion Ouziel. Sur les 9,000 agounot que Rav Ovadia autorisa à se remarier, aucun mari ne refit jamais surface.

-> Dans Yabia Omer 8, ‘Hochen Michpat 7 est une réponse halakhique de cette époque (datée du 2 Shevat 5734, 1974) à la question d’une communauté séfarade. Le rav Ovadia écrivit qu’il était trop occupé avec les agounot de la guerre de Yom Kippour pour répondre aux autres questions. Mais puisqu’ils l’avaient interrogé plusieurs fois et pour maintenir la paix entre les différentes factions du Peuple juif, il prendrait plus tard le temps de répondre.

De même, dans Yabia Omer 6, Yoré Déa 1, datant de l’année 1974, le rav Ovadia écrit au Chef rabbinique de la shekhita que les difficultés extrêmes de la guerre l’empêche de répondre dans les délais habituels.

-> Les responsa Yabia Omer volume 6, Even Ha-ezer 3 écrites en Janvier 1974 consacrent une explication halakhique des principes par lesquels Rav Ovadia libéra presque 1,000 agounot, se basant sur des preuves nombreuses et variées quant au décès de leur conjoint. Ce volume discute des composants halakhiques de cas dans lesquels des corps de soldats furent identifiés sur la base d’étiquettes d’identification, de documents et d’objets personnels, de photographies de corps ou d’empreintes digitales.

-> Il y a une approbation écrite de Rav Ovadia Yossef donnant la permission à une dame devenue aguona suite aux attaques terroristes des Tours Jumelles du 11 Septembre 2001, de se remarier (Yabia Omer, volume 10, Even Ha-ezer 18).

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