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La remontrance

+ La remontrance (par le Rabbi 'Haïm Chmoulevitch)

-> "Réprimande ton prochain et tu n'assumeras pas de péché à cause de lui" (Kédochim 19,17)

-> "Voici les paroles (de remontrances) que Moché adressa à tout le peuple d'Israël" (Dévarim 1,1)

Rachi sur ce verset : "Puisque ce sont des paroles de reproche, Moché a énuméré ici tous les endroits où les enfants d'Israël ont irrité Hachem et a dissimulé les faits reprochés en les rappelant par simple allusion, par égard pour le peuple d'Israël"

Moché prend soin de ne pas rappeler explicitement les fautes, dans un souci de ne pas offenser, déshonorer, tellement est important l'honneur dû à autrui.

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1°/ L'essence d'une remontrance :

Lorsque Yossef, 22 ans après avoir été vendu par ses frères, se fait reconnaître à eux, il est écrit :
-> "Il dit à ses frères : "Je suis Yossef" (Béréchit 45,3)
Rachi : "Ils étaient stupéfaits devant lui : de honte"

-> Rabbi Chimon ben Elazar dit : "Malheur à nous au jour du jugement (divin), malheur à nous au jour de la remontrance.

Si déjà les frères de Yossef n'ont pas pu répondre à leur jeune frère, tant ils étaient consternés (par sa réprimande), à plus forte raison pour chacun d'entre nous, lorsque D. viendra nous réprimander selon nos actions (au jour du jugement) seront-nous consternés"
[Yalkout Chimoni - Vayigach 152]

=> Faire une remontrance, ce n'est pas réprimander par des paroles sévères, c'est essentiellement placer le fauteur devant son erreur afin qu'il la reconnaisse et regrette son attitude.
C'est pourquoi, l'expression est concise : "Je suis Yossef".

-> "Hachem viendra réprimander chacun de nous selon ses actions"
[Yalkout Vayigach 152]

On peut imaginer notre réaction, lorsque dans le monde de vérité, tout nous apparaîtra clairement, et que nous seront placés face à nos erreurs de jugement et d'attitude.
Quelle souffrance énorme!

Lorsque Its'hak prend conscience de son erreur de jugement depuis de nombreuses années sur le caractère de Essav, il ressent une remontrance de D., un instant de vérité lui est révélé.
Il écrit : "Its'hak fut saisi d'une immense frayeur" (Béréchit 27,33)

Au point que nos Sages disent : "Cette frayeur était supérieure à celle qu'il avait ressentie lorsqu'il avait été lié sur l'autel" (midrach Béréchit rabba 7,2)

La frayeur de la remontrance est plus importante que celle face à sa mort, où attaché, il voyait les anges pleurer.

=> Il n'y a pas plus grande déception que de voir tout l'édifice et toute l'oeuvre d'une vie, basée sur des idées fausses, s'écrouler.

Se réprimander ou réprimander autrui, c'est donner une claque de vérité, et ça peut faire très mal!
On se doit de tout faire pour qu'il en résulte de la téchouva, une amélioration de la personne, et non l'effet contraire.

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2°/ Risque en cas de non écoute :

-> "Lorsque Elicha a réprimandé les enfants d'Israël et qu'ils ne se sont pas repentis de leur mauvaise voie, leurs ennemis vinrent les tuer et c'est comme si c'était lui (Elicha) qui les avait fait mourir, car ils furent davantage sanctionnés après qu'il les ait prévenus (réprimandés) que s'il ne les avait pas prévenus."
[le Radak - Méla'him I 19,17]

=> Faire une réprimande à une personne qui n'est pas prête à l'entendre lui cause du tort, car elle voit sa sanction aggravée.

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-> Yaakov lui dit : "Réouven mon fils, je vais te dire pourquoi je ne t'ai pas adressé de réprimande pendant toutes ces années (précédentes) : c'est que je craignais que tu me délaisses pour aller t'attacher à mon frère Essav" (Rachi - Dévarim 1,3)

Lorsqu'une personne est fortement perturbée et déçue, découragée ou désespérée, le yétser ara a le pouvoir de la faire basculer en un court instant, directement, depuis le sommet au fond du trou.

Si Réouven avait reçu la réprimande de son père juste après son action répréhensible, il aurait été fortement troublé et désemparé d'avoir perdu son monde futur.
Il aurait été alors en danger spirituel, et le yétser aurait pu accentuer ce désespoir et le faire basculer en un instant jusqu'à abandonner son père et ses valeurs pour s'attacher à Essav et son impiété.

=> Faire une réprimande, même par amour de l'autre, nécessite de peser ses mots et de savoir attendre la bonne occasion pour le faire.

A l'image d'un médicament, il faut mettre beaucoup de sucres (paroles positives) pour une faible dose de médicament amer (la réprimande), et s'assurer que la personne pourra l'avaler (parler au bon moment, garder l'honneur de l'autre intact, ...).

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+ Sur ce sujet, b"h, à lire aussi : https://todahm.com/2015/03/17/reprimander-autrui

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